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Pastoralisme et organisation de l'espace au Niger oriental: cas de la communauté Toubou Téda de la commune de Tesker

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par Kabirou SOULEY
Université Abdou Moumouni de Niamey - Diplôme d'études approfondies en géographie 2005
  

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II.3.3. Réflexion sur les « concepts » pastoraux

Le terme « concept », recoupant un processus scientifique ayant un mode d'application universel (ex : territoire, territorialité,...), nous semble peu approprié à nos termes de réflexion. Nous préférons dans le cas présent parler de dénomination pastorale. La dénomination est spécifique à un lieu donné, voir à une communauté bien déterminée. La conception du terroir d'attache d'une communauté pastorale vivant dans une zone agro-pastorale n'est pas la même que celle d'une communauté pastorale située dans une zone strictement pastorale.

v' Espace pastoral :

« L'espace pastoral désigne l'entité spatiale utilisée pour mener à bien l'activité pastorale » (Gerard Ciparisse, 1999, p50). Chez les pasteurs Toubou Teda l'espace pastoral désigne, le puits de saison sèche, les lieux de pâturages de saison des pluies et de la période froide et aussi les points d'eau partagés des zones de repli au sud et des zones de transhumance de saison froide au nord. Le puits de saison sèche et ces aires de pâturages sont reliés par le terrain de parcours. Le terrain de parcours est défini comme étant l'itinéraire qu'emprunte le berger pour se rendre à un lieu de pâturage donné. La particularité de cet itinéraire est qu'il assure le besoin alimentaire des bêtes durant le trajet.

Le recueil des textes du code rural (2004) définit le terroir d'attache comme étant « l'unité territoriale déterminée et reconnue par les coutumes et/ou les textes en vigueur à l'intérieur de laquelle vivent habituellement pendant la majeure partie de l'année des pasteurs, unité territoriale à laquelle ils restent attachés lorsqu'ils se déplacent que ce soit à l'occasion de la transhumance, du nomadisme ou des migrations ».

Le terme « terroir » semble ici peu adapté au contexte de la zone. En effet, le terroir
est défini par un espace caractérisé par des conditions agro métriques spécifiques, il

correspond ainsi plus à une portion d'espace agricole qu'à un espace à caractère pastoral. Un terroir est avant tout une étendue de terre considérée du point de vue de ses aptitudes agricoles qui lui viennent de ses qualités originelles ou acquises par des aménagements humains (Larousse agricole, 1981).

Pour notre zone d'étude, nous privilégions la dénomination puits d'attache parce que correspondant mieux à la réalité du milieu. L'accès au puits répond à l'usage prioritaire mais le pâturage est d'accès libre pour toutes les communautés qui ont une alliance (ou une autorisation) avec la communauté autochtone. Le contrôle de l'accès au puits prend toute son importance pendant la saison sèche et chaude.

1' Puits d'attache ou « Damour » :

C'est le lieu où est fixé le campement de base (permanent) et le puits de saison sèche (puits d'attache). C'est un espace qui est circonscrit autour du puits d'abreuvement sur un rayon d'environ 10km. Les animaux pâturent dans cet espace en toute sécurité (protection contre le vol) avec un aller-retour au puits pour l'abreuvement. Les dromadaires passent en première position en privilégiant les laitières et en suite les petits ruminants Le puits d'attache comprend en plus des habitations et du puits l'aire de pâturage qui le circonscrit. Cet espace est un espace sentimental pour la population qui l'habite et qui plus a un lien de parenté avec le clan dit « propriétaire ». Ce puits de saison sèche prend toute son importance pendant la saison chaude et sèche. Quelque soit la distance qui sépare l'animal de son puits, quand il a soif c'est là qu'il vient pour s'abreuver « durant la saison chaude, l'animal est toujours le médiateur de l'éleveurs dixit Hassan Kamil( entretien 2005), un chameau appartenant à un habitant de Sidinga fut vendu à un Teda habitant Bilma, arrivé à la palmerais, le chameau déjouant l'attention de son nouveau maître reparti pour son puits de saison sèche (El Barkama Abdoulaye, entretien 2005). C'est ainsi que le chameau fut retrouvé au puits de Sidinga ». L'animal reste attaché à son puits de saison sèche. Le schéma ci-dessous illustre le puits d'attache.

Figure N°4 : Le puits d'attache

Va et vient des animaux pour l'abreuvement

Puits de saison sèche

Aire de pâturage circonscrite au puits de saison sèche

Les tentes (habitations)

v' L'aire de pâturage de saison des pluies ou « Dogo Gnélé » ou zone de repli : C'est le lieu où les animaux pâturent pendant l'hivernage durant une période allant de 2 à 3 mois. Il est constitué du pâturage de parcours et du pâturage au niveau des zones de replie. Cette aire de pâturage ne connaît pas de limites. Par ailleurs, elle est susceptible d'être changée d'une année à l'autre, au gré de la répartition des pluies, qui commande la disponibilité et la qualité des ressources fourragères. Ce parcours dépend notamment du choix que fait le berger par rapport à la composition du troupeau (en type et en nombre). Ces aires de pâturage sont localisées plus au sud de notre zone d'étude. Ce Choix du sud s'explique par la précocité des pluies du au balancement du Front Intertropical (FIT). Cette zone est soumise notamment à des alliances existantes entre la communauté mobile et la communauté d'accueil.

v' L'aire de pâturage de saison sèche et froide ou « Dogo Dosso » :

C'est le lieu de pâturage en saison sèche et froide. Il se situe au nord (Termit nord ). Le choix est lié aux présences des herbacées très appétées (Moltkiopsis Ciliata, Cornulaca Monocantha, Sesamum Alatum,...) par les dromadaires (octobre à février), qui leur permet une alimentation suffisante et un besoin en eau limité. Les bergers restent cinq à six mois dans cette aire.

1' Usage prioritaire

L'usage prioritaire n'existe pas en Tedaga (langue des Teda).

Les espaces aménagés par les pouvoirs (aires de pâturage, fourrage, puits cimentés) dans une zone pastorale sont entretenus par la communauté bénéficiaire. Ceci leur donne un droit d'usage prioritaire, sans pour dire autant un droit d'appropriation au sens strict. Ces ressources sont en effet, en théorie, susceptibles d'être utilisées par tous les autres pasteurs.

Dans les zones strictement pastorales les aires de pâturage sont d'accès théoriquement libre. Un conflit entre deux communautés peut entraîner la non cohabitation (privatisation) temporaire sur une même aire de pâturage. Les points d'eau appropriés, c'est-à-dire les puits financés par une communauté, sont à usage strictement prioritaire. L'abreuvement au puits de Sidinga par une autre communauté (les caravaniers, les peuls, les arabes et les Azza) nécessite une autorisation préalable prise auprès des propriétaires (chefs de campement et comité de sages). L'autorisation se traduit sous forme d'alliance (bon voisinage, réciprocité, affinité,...), tout en respectant le principe d'usage prioritaire pour l'abreuvement qu'a la communauté autochtone (Cf Figure N°5 conditions d'accès au puits).

Figure N°5 : Les conditions d'accès au puits

Bon voisinage

Réciprocité

Affinité

Parenté

Puits

Propriétaire

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