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Menaces sur la mangrove au Cameroun

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par Uilrich WAFFO
Université de Yaoundé 1 - Maitrise 2009
  

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INTRODUCTION GENERALE

Les mangroves, écosystèmes forestiers côtiers, essentiellement tropicaux, à évolution constante, sont généralement localisées aux environs des zones à forte densité de populations. Elles sont dominées par des palétuviers on les rencontre surtout dans les deltas, les baies et les estuaires des régions tropicales et sub-tropicales. C'est un écosystème particulier avec une biodiversité impressionnante qui a été classée parmi les zone humide par l'Organisation des Nation Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (F.A.O); 55% de la population mondiale vivent a ses dépend (FAO, 2003) elle est donc une ressource naturelle d'une importance majeure pour l'humanité. Malgré leurs potentialités remarquables, elles manquent de protection dans plusieurs régions tropicales où elles constituent paradoxalement une source importante de revenus pour les communautés côtières voisines (Spaninks and Beukering, 1997; Aijiki, 2000). Ainsi, les écosystèmes de mangrove subissent quasiment partout dans le monde, des dégradations anthropiques de toutes sortes et de diverses amplitudes (FAO 1994; Ellison and Farnsworth 1996; Valiela et al. 2001). Les superficies sont passées de 18,8 millions d'hectares en 1980 à 15,2 millions en 2005 soit un recul de près de 19% en 25 ans. Il s'agit là d'une vitesse de dégradation supérieure à celle des forêts. Dans plusieurs pays africains, les mangroves continuent à être gérées comme un écosystème forestier pauvre, dépourvu de bois d'oeuvre ou n'ayant pas suffisamment de qualités susceptibles d'intéresser les exploitants forestiers et augmenter le PIB. Ce désintéressement des décideurs fait croire que cet écosystème n'a aucune valeur économique et que les activités anthropiques traditionnelles n'ont pas de conséquences majeures sur sa structure, son fonctionnement ni sur son évolution (Landesmann 1994; Spaninks and van Beukering 1997; Black 2002). Les mangroves du Cameroun ne font pas exception à cette situation et leurs superficies ne cessent de décroître depuis plusieurs décennies à cause d'une exploitation abusive irrationnelle et incontrôlée de ses ressources. L'Etat est le seul administrateur des ressources naturelles la confusion dans la gestion favorise la dégradation à la suite d'une exploitation abusive et très souvent incontrôlée et frauduleuse. Vu l'ampleur de la situation, le géographe sénégalais Jean-Laurent Kaly affirmait sur les ondes d'une radio le 26 mars 2006 qu'il y a <<urgence écologique>>. Il se trouve ainsi posé le problème de la gestion durable des ressources naturelles au Cameroun notamment celle des mangroves. Se faisant, surgissent et se posent avec acuité les lancinantes questions de savoir : Où se trouvent les mangroves au Cameroun ? Quelle est leur valeur ? Quels sont les dangers auxquels elles sont exposées ? Quelles en sont les conséquences possibles? Comment les exploiter durablement ? Quels efforts sont faits pour leurs exploitations dans ce sens ? Ainsi, pour essayer d'apporter des éléments de réponses à ces questions, nous allons présenter la mangrove camerounaise et son importance d'une part, puis identifier les différentes menaces qui pèsent sur elle ainsi que ses répercussions potentielles d'autre part, il ne restera alors qu'a voir quelles peuvent être les stratégies d'action contre ces menaces.

I- PRESENTATION ET IMPORTANCE DE LA MANGROVE CAMEROUNAISE

A- PRESENTATION DE LA MANGROVE AU CAMEROUN

1- Localisation et étendue

Au Cameroun, les mangroves se localisent dans le golf de guinée entre 2° 45' - 4° 50' N de latitude et 8° 30' - 9° 00' E de longitude. Elles représentent 30% des 500 km de cote qui part d'Akwa yafé à la frontière avec le Nigeria au Rio Ntem à la frontière avec la guinée équatoriale. Elles couvrent une superficie totale de 400.000 hectares (250.000 ha avant la rétrocession par le Nigeria de la péninsule de Bakassi au Cameroun) c'est l'un des rares pays au monde avec une telle superficie de mangroves. Elles se repartissent suivant trois grands ensembles sur trois des dix régions administratives que comporte le pays ; on distingue la mangrove du Rio Del Rey qui se trouve dans la région du Sud Ouest à l'embouchure des fleuves Akpa, Yafe, Ndian et Meme ; elle a une superficie de 218.000 hectares c'est la deuxième plus grande mangrove en Afrique de l'Ouest de part son étendue et l'une des plus riches au monde de part sa biodiversité.

Source : Ndongo DIN, Daniel LACAZE et François BLASCO

Fig1. Étendue de la mangrove du Rio Del Rey

On a également la mangrove de l'estuaire du Cameroun qui se trouve dans la région du Littoral à l'embouchure des fleuves Bimbia, Mungo, Wouri et Dibamba couvrant une superficie de 180.000 hectares puis on a la mangrove de l'estuaire du Rio Ntem dans la région du Sud avec les fleuves Loukoundje Sanaga et Ntem sa superficie est de 2.000 hectares c'est la plus petite mangrove du pays.

2- Composition floristique et faunique

La biocénose de la mangrove camerounaise est très diverse sur le plan morphologique et sur le plan de la composition floristique et faunique La flore est faite essentiellement de palétuviers de type rhizophora. Il y a 6 espèces indigènes (Rhizophora racemosa, Rhizophora harrisonii, Rhizophora mangle (Rhizophoracée); Avicennia germinans (Avicenniacée); Lagunculacia racemosa, Conocarpus erectus (Combrétacée); et une espèce introduite Nypa fruticans (Aracée); soit 7 espèces appartenant à 4 grandes familles de plantes. Autres espèces sont associées dont les plus importantes sont : Drepanocarpus lunatus, Dalbergia ecastaphylum, Paspalum vaginatum, Hibiscus tilaceus, Phoenix reclinata, Acrostichum aureum, Pandanus candelabrun, Sesuvium portulacastrum, Alchornea cordifolia, Annona glaba, Elaeis guinensis, Athocleista vogeli, Bambusa vulgarus, Coco nucifera, Eremospatha wendlandiana, Guiborutia demensei, Raphia palma-pinus, etc. (Mbog, 1998). Les peuplements forestiers représentent plus de 72 % de la végétation des mangroves ; les peuplements arbustifs oscillent autour de 20 % et la végétation herbacée environ 8 %. Les Rhizophora racemosa occupe 90 à 95 pour cent  des mangroves de la zone des marées où cette espèce  peut atteindre 25 mètres de haut mais se limite plus souvent à quatre à huit mètres, plus à l'intérieur des terres. La composition faunique est très diverse avec la faune aquatique: mammifères, mollusques, crustacées, poissons ;  la faune terrestre: mammifères, reptiles et la faune aviaire: oiseaux d'eaux.

De part son immense richesse biologique et sa particularité écologique, la mangrove au Cameroun joue des rôles très importants et présente de grands enjeux dans plusieurs domaines.

Cliché WAFFO

Photo1 paysage de mangrove

B- IMPORTANCE DE LA MANGROVE CAMEROUNAISE

Les mangroves bondent de ressources et sont très importantes pas seulement à l'échelle des populations riveraines, mais aussi bien à l'échelle nationale que mondiale. Cette importance se dénote des fonctions qu'elles occupent dans la société et celles ci se classent en trois principaux domaines à savoir économique, scientifique et socioculturel.

1- Fonction économique de la mangrove au Cameroun

Les populations riveraines des mangroves du Cameroun pour la plupart originaires d'Afrique de l'Ouest notamment du Nigeria, du Bénin, du Ghana et autres ; sont les premiers témoins de la portée économique de ce milieu. En effet, la mangrove regorge d'énormes quantités de ressources halieutiques principalement les poissons et les crustacés qui est une véritable manne pour les populations. Des villages de pêcheurs se sont érigés tout au tour de cette zone à l'instar de Yoyo vers Limbé dans la mangrove du Rio Del Rey. Pour assurer la conservation des poissons pêchés, on les fume et pour ce faire, la mangrove est une fois de plus sollicitée pour le bois qu'il procure et qui est utilisé comme source d'énergie ou pour les services diverses tels que la construction des pirogues (le palétuvier rouge étant adapté) et des pagaies. Le poisson après être fumé est transporté vers les grands marchés du pays. Par ailleurs, de nombreux produits forestiers non ligneux (P.F.N.L) telles que les lianes et les rotins abondent dans la région et sont prisés dans l'artisanat.

Les mangroves du Cameroun regorgent d'importantes ressources pétrolières et gazières principalement dans le bassin du Rio Del Rey. D'ailleurs, la production pétrolière camerounaise est réalisée à partir de 49 champs offshores et le bassin du Rio Del Rey fournit 90% de la production nationale de pétrole brut. Enfin d'autres importance et non les moindres sont : les mangroves sont des destinations de prédilection pour l'écotourisme, le sable qui s'y dépose est de très bonne qualité et est recherché pour des constructions diverses des carrières de sables y abondent surtout dans l'estuaire du Cameroun aux environs de Douala.

2- Fonction scientifique de la mangrove au Cameroun

L'importance scientifique de la mangrove au Cameroun se situe à plusieurs niveaux surtout biologique et écologique.

Au plan biologique, mangrove camerounaise abonde de vies sa biodiversité est impressionnante. En plus des palétuviers, plusieurs autres végétaux trouvent dans les marécages de mangroves un milieu propice à leur développement à eux, s'ajoute une faunes aux espèces variés allant des bactéries jusqu'aux mammifères en passant par des rongeurs des reptiles et des insectes. Plus de 80% des espèces halieutiques pêchées en mer sont tributaires de ces mangroves.

Au plan écologique, la mangrove est très active dans la stabilisation des sols les limons qui y abondent fertilisent le sol tandis que le sable filtre l'eau et la végétation régule le microclimat. C'est une zone de frayère pour la reproduction halieutique. Feuilles, brindilles et écorces des arbres constituent les fondement d'un important réseau trophique avec à sa base les détritivores. Les mangroves offrent une protection contre les vents et la houle limitant de ce fait l'érosion littorale. L'abondante végétation de la mangrove contribue par ailleurs à la lutte contre le réchauffement climatique à l'échelle mondiale en piégeant une partie du carbone.

La mangrove est un milieu tellement particulier et complexe qui se prêtre à la recherche scientifique dans plusieurs domaines. Nombre de chercheurs lui ont d'ailleurs consacré plusieurs de leurs travaux à l'instar de Roger NGOUFO, Ndongo DIN, François BLASCO pour ne citer que ceux là.

3- Fonction socioculturelle de la mangrove camerounaise

Au Cameroun, les communautés voisines des mangroves dépendent étroitement d'elles pour leur alimentation mais aussi pour leur santé car ils y trouvent des plantes médicinales pour se soigner et se protéger. En outre, des liens culturels très serrés lient la mangrove et la population riveraine comme à Manoka près de Douala la mangrove est le sites des rites et autres pratiques traditionnelles, c'est là que se reposent les ancêtres et où vivent les dieux ; plusieurs autels y sont aménagés pour les sacrifices.

Outre le bois de feu et le charbon de bois, les communautés côtières dépendent aussi des mangroves pour le bois de construction des logements et des embarcations. De surcroît, les mangroves fournissent du chaume résistant à l'eau pour les toitures, ainsi que du fourrage pour les animaux domestiques. La mangrove a un rôle de protecteur pour les communautés voisines une protection contre les effets du vent, des vagues et des courant.

Ainsi, l'importance des la mangrove camerounaise n'est plus démontrer et toutes richesses devant être exploiter, les populations ne ménagent aucun effort pour le faire. Cependant, son exploitation est faite de façon irresponsable et abusive ce qui fait peser sur celle-ci de sérieuses menaces.

II- LA MANGROVE CAMEROUNAISE UN ECOSYSTEME EN DANGER

Malgré les caractéristiques et l'importance de cet écosystème fragile, les mangroves du Cameroun ont subi pendant près de 50 années des pressions énormes, suivies de dégradations importantes (voir graph. 2) consacrant ainsi la perte de plus de 30% de sa surface de mangrove (de 600 000 ha à 400 000 ha à ce jour). Cela est dû à beaucoup de facteurs surtout la déforestation pour le fumage de poisson (Ajonina et Usongo 2001 ; Ajonina et al 2005). Ces menaces ont des répercussions énormes à divers niveaux.

A- MENACES QUI PESENT SUR LA MANGROVE AU CAMEROUN

Plusieurs menaces de natures diverses pèsent sur les mangroves (voir tableau1). Les principales menaces de la mangrove ont pour origine la pauvreté et la croissance démographique pour facteur aggravant ces menaces sont nombreuses on distingue.

1- L'exploitation irresponsable des ressources de la mangrove et sa dynamique naturelle

L'exploitation des ressources de la mangrove est faite sans souci du lendemain. Associée à la dynamique naturelle des mangroves, elles contribuent à hauteur de près de 90% à la dégradation (voir graph. 1) ceci en partie être expliqué par l'explosion démographique dans les villes voisines des mangroves comme les villes de Limbé et de Douala or les ressources des mangroves ne sont pas inépuisables. On distingue :

a- La pêche et la chasse non conventionnelles

En effet, La pêche constitue l'activité principale des communautés côtières traditionnelles dans lesquelles elle est perçue d'abord comme une activité culturelle avant les besoins économiques. Malgré le rôle primordial que les mangroves et les systèmes connexes jouent dans les pêcheries (Robertson and Duke 1987; Primavera 1998). Les statistiques officielles estiment que chaque année, au Cameroun, 50 000 t de poisson sont pêchés dans les mangroves: bossu, bar, mulet, machoiron et surtout bonga (Ethmalosa dorsalis), l'espèce la plus demandée sur les marchés camerounais. De plus, au large des côtes du Cameroun, la  pêche industrielle est importante. Les autorités qui gèrent les pêches n'apportent pas beaucoup de solutions sur la protection et la conservation de ces écosystèmes. La chasse au fusil et par câble pratiquée dans les mangroves (Ngoufo 2002) à des fins de consommation ou de loisir contribue à l'extinction rapide de la faune terrestre et aviaire.

b- L'exploitation abusive du bois et PFNL

Le bois constitue la principale ressource des mangroves. En effet, Dans les campements de pêche de la zone littorale du Cameroun, le bois de mangrove est coupé à un rythme quotidien incessant et en quantité astronomique pour construire des baraques en planche de palétuvier, des pirogues mais surtout pour en faire du combustible à fumer le poisson (voir photo 1) et servir comme principal combustible dans les villes avoisinantes. Le droit de coupe de bois est facilement accordé à tous. Il n'y a que quelques bouteilles de liqueur et quelques billets de banque à fournir au chef des campements en guise de compensation comme c'est le cas dans le campement Yoruba Makollè. Une compensation assez mince compte tenu des dommages infligés à la mangrove. On estime à environ 60 000 m3 la quantité de bois qu'on sort par ans dans les mangroves au Cameroun. La demande des PFNL tels que le tannin, le vin et autres boissons distillées à partir du palmier nipa, la toiture, les décorations, les aliments et les médicaments devient de plus en plus croissante avec la croissance démographique ce qui commande des pressions plus acerbes sur la mangroves. Un autre facteur accélérateur fut la modernisation du matériel de coupe par introduction de tronçonneuses et parfois de grosses pirogues propulsées par des moteurs hors bord (Din and Blasco 1998).

Cliché WAFFO

Photo2 bois des mangroves pour combustible dans le Rio del Rey

c- L' exploitation du sable

De vastes étendues de mangroves au Cameroun ont été défrichés et reconverties en carrières de sable et l'exploitation est faite sans aucun souci dans la mangrove de Douala par exemple, l'on exploite environ 30 à 40 camions de sable par jour et la demande se fait de plus en plus croissante avec la modernisation de l'habitat et des infrastructures.

d- la dynamique naturelle des mangroves

La dynamique naturelle progressive des mangroves peut aboutir à l'obstruction des voies d'eau, perturbant ainsi la navigation et éloignant les zones de pêche en plus les espèces se livrent une compétition naturelle dans cet écosystème qui abouti souvent à la décadence des êtres les plus faibles qui sont pour la plupart les espèces pionnières favorisant de ce fait le recul des mangroves à une vitesse plus rapide.

2- L'expansion urbaine, les activités industrielles et agricoles

Cette expansion et ces activités sont fortement influencée par la croissance démographique urbaine et la dégradation du secteur moderne qui accentuent la pauvreté en augmentant non seulement le nombre de coupeurs de bois, mais aussi le nombre de consommateurs incapables de payer les sources d'énergie modernes (Nicole et al. 1994; Saenger and Bellan 1995; Din 2001).

a- L'expansion urbaine

A la fin du siècle dernier, le pays a été frappé par une grave crise économique qui a peuplé ses villes de nombreux chômeurs. Dans les villes côtières, le commerce du bois provenant des mangroves est apparu comme une activité florissante. La pression démographique provoque leur destruction et son influence s'accentue dans des zones non protégées, surtout aux voisinages des agglomérations où les problèmes fonciers et la pauvreté poussent les populations à occuper des espaces libres à faibles coûts on assiste donc à un développement d'habitats spontanées et anarchiques dans les mangrove jouxtant les grandes villes.

b- Les activités agricoles

Au Cameroun, les surfaces de mangroves cultivées sont négligeables (F.A.O 2005) car les riverains n'ont pas l'agriculture pour propension. Cependant, la mangrove est menacée par des pollutions diverses provenant des pesticides et des engrais des plantations côtières d'hévéas, de palmiers à huile et de bananiers à coté de cette pollution, il y'a l'invasion de la mangrove par des plantes envahissantes tels que la jacinthe d'eau douce provenant des activités agricoles en amont.

c- Les activités industrielles

Le gros des industries camerounaises se localise dans la zone côtière fortement urbanisée. a plupart de ces industries ont un matériel archaïque ce qui fait qu'elles produisent énormément de déchets qui sont évacuer dans la mangrove voisine jusqu'ici enclavée. Par ailleurs l'exploitation pétrolière off shore met aussi la mangrove en danger de part les pollutions qu'elle génère et aussi de part la surface de mangrove qui est détruit pour cela. Dès lors dans le bassin du Rio del Rey, plus de 143,36 km2 de mangrove sont concédées a l'association Dissoni (Snh / Pecten / Total E&P, opérateur) en plus des de 474 km2 concédées à Addax, opérateur.

Tableau1 récapitulatif des menaces sur la mangrove au Cameroun

menaces

La pêche et la chasse non conventionnelles

Exploitation abusive du bois et PFNL

Exploitation du sable

Exploitation du pétrole off-shore

Activités agricoles et industrielles

L'expansion urbaine

Dynamique naturelle

Estimation Proportion%

18

45

5

9

7

10

6

Source : enquêtes de terrain

Fig3 : estimation des proportions de chaque menace

Source : tableau1

A coté de toutes ces menaces, réside une autre quelque peu négligée mais somme toute importance. Il s'agit de l'absence de connaissances sur la superficie exacte des mangroves du pays. En effet plusieurs sources avancent des chiffres avec des écarts considérables au point où il devient assez difficile de savoir quel est l'état de dégradation exacte

Toute cette panoplie de menaces conduisent inéluctablement à la dégradation des mangroves et cette dégradation pourra entraîner de sérieuses et sévères conséquences.

B- IMPACTS POTENTIELS DE LA DEGRADATION DE LA MANGROVE AU CAMEROUN

Si l'exploitation abusives des ressources des mangroves, leurs pollutions par les déchets industriels ainsi que leurs reculs suite à l'expansion urbaine bref si la dégradation de la mangrove se poursuit, elle est successible d'entraîner une série de conséquences sur le plan environnemental et sur le plan socio économique. D'ailleurs, certaines de ces conséquences sont déjà perceptibles.

Années

1980

1990

2000

2005

Surface des mangroves en ha

272 000

256 300

251 500

250 000

Taux de dégradation en %

5,4

1,22

0.4

En attente

Tableau2 évolution de la superficie de la mangrove camerounaise dans le temps

Source : Atlas Mondial Des Mangroves F.A.O 2007 (données approximatives)

1- Impacts environnementaux de la dégradation des mangroves

L'utilisation de la mangrove demeure le problème fondamental sur le plan environnemental dans ce sens qu'elle provoque toujours des perturbations irréversibles et dans plusieurs cas, la destruction est totale.

a- La perte de la biodiversité et disparition de l'écosystème

L'exploitation abusive et irresponsable des ressources des mangroves caractérisée par des techniques de chasse de pêche et de coupes non conventionnelles ; couplées avec les pollutions diverses que subit les mangroves sont successibles de conduire à une extinction massives des espèces vivantes faunique et floristique rares et précieuses de ce milieu. Comme c'est déjà le cas avec certaines plantes médicinales et certaines espèces de poissons à Yoyo par Limbé. Dans la mangrove du Rio del Rey, des niches écologiques entières ont disparu suite à la création des puits de pétrole.

b- L'érosion littorale et les catastrophes naturelles

L'exploitation du sable ainsi que des palétuviers dénudent le sol des zone de mangroves et les rendent de ce faits aux actions de la houle des marées et des vents ce qui entraîne une érosion rapide et sévère du littoral et par ricochet le recul des côtes signe de l'avancée de la surface marine au détriment de la surface continentale. Suite à ces dégradations la zone côtière sera exposée aux inondations et aux vents violents qui seront très destructeurs.

c- Destruction de la couche d'ozone et réchauffement climatique

Les pertes dans l'exploitation du bois de mangrove dues essentiellement à l'abandon des houppiers sur le terrain sont de l'ordre de 50% au Cameroun (Din, 2001). Ces houppiers en pourrissants libèrent dans l'atmosphère une quantité importante de dioxyde de carbone qui une fois libérée s'attaque à la couche d'ozone.

La contribution de la flore de mangrove ainsi que le sol toujours humide au piégeage du carbone est non négligeable surtout avec sa situation à proximité de la zone industrielle ainsi, sa disparition accentuera l'effet de serre et dans la même lancée le réchauffement climatique les zones littorales étant déjà réputées pour leur climat très chaud.

2- Impacts socioéconomiques de la dégradation des mangroves

La destruction de la mangrove aura de conséquences socioéconomiques dramatiques sur les populations riveraines mais également pour l'ensemble du pays.

a- Impacts économiques

Les mangroves du Cameroun mettent dans le circuit commercial environ 60.000 tonnes de poissons fumés par an, environ 50.000 tonnes de bois utilisés comme principale source d'énergie dans plusieurs villes. Ces seul deux activités pour ne citer qu'elles font vivre plus de 2500 familles (Mbog 1998) des pêcheurs exploitants à ceux charger de fumer le poisson jusqu'aux multiples commerçants de gros et détails des différents marchés du pays. Ainsi une cessation de cette activité va induire des pertes sérieuses pour l'Etat en terme de taxes et autres redevances. De plus, après la grave crise économique des années 1990, beaucoup de personnes ont trouvé dans la mangrove une activité pour assurer sa survie ainsi que celle d'une famille nombreuse restée au village.

b- Impacts socioculturels

Au plan socioculturel, la destruction de la mangrove pourra entraîner des catastrophes naturelles comme les inondations en marrées hautes ou alors la stérilité des sols à cause de la sècheresse et de l'érosion. Ces aléas vont induire des crises sociales graves tels que les conflits fonciers, la faim, la sous nutrition, le chômage, et l'accentuation de la paupérisation des grandes métropoles voisines car envahies par de nombreux sans emploie en quête de travail cela va inéluctablement faire croître les maux urbains déjà criards dans ces villes comme le grand banditisme, la prostitution et la promiscuité

La mangrove à une valeur culturelle très importante dès lors si elle disparaissait, il y'aura perte de valeurs culturelles qui va conduire à l'acculturation voire à une disparition de la culture car la mangrove est un lieu de pratiques religieuses et traditionnelles des peuples qui en dépendent.

Ainsi, on comprend aisément l'impérieuse nécessité qu'il y'a à protéger les mangroves du moment où l'avenir de plusieurs groupes en dépend.

Fig4 : Tendances de dégradation de la mangrove au Cameroun entre 1980 et 2000 (données approximatives) Source : FAO 2003

III- INITIATIVES DE PRESERVATION POUR UNE GESTION DURABLE DES MANGROVES AU CAMEROUN

A- METHODES POUR GESTION DURABLE DES MANGROVES AU CAMEROUN

1- Stratégies d'actions

Le constat est clair il faut agir la protection et la réhabilitation des écosystèmes de mangrove constituent une préoccupation majeure et permanente à travers le monde et au Cameroun où il est question de trouver des stratégies d'actions pour freiner le massacre de nos mangroves.

La première des choses consiste à savoir l'étendue exacte des mangroves du pays on doit les recenser, les cartographier et recenser toutes les ressources qu'elles regorgent, les habitant qui les exploitent ainsi que les différents usages auxquels elles sont consacrées. Ainsi, on pourra savoir avec exactitude l'état de santé des mangroves et évaluer plus facilement les conséquences de sa dégradation afin de prendre les mesures qui s'imposent et les appliquer efficacement.

La vulnérabilité particulièrement prononcée des mangroves exige l'intervention d'experts d'horizons divers. La création d'un groupe constitué de tous les représentants des secteurs identifiés dans leur exploitation est indispensable à leur gestion. Les spécialistes préparent les documents qui servent de bases de discussions pour l'établissement d'un plan directeur. Cette approche participative doit être intégrée dans un programme global de gestion des écosystèmes marins et côtiers du pays qui est chargé d'élaborer un plan global de gestion des mangroves.

La gestion des mangroves, en tant qu'écosystème forestier, doit trouver son cadre juridique dans la politique forestière avec pour objectif général la pérennisation et le développement des fonctions économiques, écologiques et sociales de cet écosystème, dans un cadre de gestion intégrée qui assure de façon soutenue et durable la conservation et l'utilisation de ces ressources. L'implication et l'éducation des populations riveraines sont des actions indispensables pour la conservation et la réhabilitation des mangroves (ISME 1993; Hamilton and Snedaker 1994).

Une législation doit préciser le statut juridique de ces écosystèmes. Elle doit tenir compte de la protection de ses valeurs économiques de marché, et surtout des valeurs qui ne sont pas commercialisables. Elle doit expliquer les conditions d'exploitation en excluant toute possibilité d'activités industrielles qui sont difficiles à réprimer à cause du chantage éventuel sur l'augmentation du chômage. Elle doit transférer certains pouvoirs et prérogatives de gestion de l'environnement des ministères au comité.

Les ONG doivent avoir une place de choix dans l'organigramme du comité de gestion. La vulgarisation des textes et l'éducation environnementale doivent leur être confiées. Elles devront disposer d'un personnel relativement qualifié et le comité se chargera de la formation des formateurs par le biais de séminaires. Dans chaque campement elles devront identifier, parmi les populations, des leaders qui se chargeront du suivi au niveau local.

La coopération internationale devra être impliquée à travers les organisations des Nations Unies chargées de la protection de l'environnement et du développement. Les organisations comme la Banque Mondiale, l'union mondiale pour la nature (IUCN), l'organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), le World wide fund for nature (WWF), l'international waterfowl and wetlands research bureau (IWRB) et surtout l'international society for mangrove ecosystems (ISME) peuvent être sollicitées pour l'élaboration de programmes qui orientent les diverses activités mais surtout pour peser de tout leur poids et influencer les décisions gouvernementales vers la gestion durable des mangroves.

Après toutes ces concertations nationales et internationales, il convient de créer un comité de gestion qui est chargé de l'exécution et de l'application des résolutions sur le terrain en vue de la préservation des mangroves dans tous les sites actuels, quelle que soit la taille des peuplements. Il doit comprendre des agents permanents et des bénévoles à coopter pour leur passion dans la conservation et la réhabilitation des mangroves. Un cahier des charges doit être établi pour une évaluation périodique et efficiente. Des accords de collaboration avec des autorités administratives et du maintien de l'ordre doivent être prioritaires, surtout au début du fonctionnement effectif.

Ces stratégies proposées visent un certain nombre d'objectifs pour la conservation de la mangrove et sa gestion durable.

2- Objectifs visés

La détermination des potentialités réelles des mangroves Camerounaises et l'exploitation rationnelle des ressources passe par l'analyse de leur composition biologique, la compréhension de leur fonctionnement et leur évolution. Les principaux résultats à atteindre sont entre autres:

- l'identification des principales caractéristiques physico-chimiques et biologiques qui conditionnent la dynamique des mangroves;

- l'inventaire de la biodiversité dans les diverses stations de mangrove;

- la détermination des relations entre les paramètres physico-chimiques des sites et la variabilité globale de la végétation;

- la connaissance des affinités entre les espèces caractéristiques des mangroves et les espèces de forêts voisines qui envahissent l'espace mangrove lorsque la salinité et l'inondation le permettent;

- la détermination de l'amplitude de dégradation aux environs des agglomérations et le sens de l'évolution dans les autres peuplements;

- l'évaluation de l'impact des activités anthropiques sur l'évolution des écosystèmes côtiers et particulièrement sur les mangroves;

- l'identification des taxa ayant des potentialités morphologiques et écologiques en vue de la reforestation des espaces dégradés;

- l'évaluation des besoins des populations en relation avec une utilisation durable des ressources et la garantie des réserves adéquates destinées à la préservation;

- la détermination des zones d'utilisation, de conservation et de réhabilitation en fixant des critères ou normes d'exploitation;

- la définition des stratégies appropriées nécessaires à l'utilisation et la préservation des ressources des mangroves du pays.

Compte tenu de l'ampleur de la situation, le gouvernement camerounais et le peuple ne sont pas restés de marbres car ils ont fait des efforts notables en vue d'une protection efficiente des mangroves.

B- ACTIONS POUR LA GESTION DURABLE DES MANGROVES AU CAMEROUN

Les actions en faveur de la gestion durable des mangroves camerounaises sont l'oeuvre du gouvernement camerounais, de la société civile ainsi que des organismes internationaux.

1- Actions du gouvernement

Face à l'état de dégradation des mangroves du pays, le gouvernement a pris plusieurs initiatives tant sur le plan juridique que sur le plan politique et institutionnel afin pour remédier à cette situation.

a- Au plan juridique

Au Cameroun, l'Etat a pris des mesures visant à protéger la biodiversité. La loi No 94/01 du 20 Janvier 1994 portant Régime des Forêts, de la Faune et de la Pêche, le Décret No 95-466-PM du 20/07/95 fixant les modalités d'application du régime de la faune, le Décret No 95-531-PM du 23/08/95 fixant les modalités d'application du régime des forêts font partie des principaux textes régissant les ressources forestières et fauniques. Cette loi camerounaise reconnaît les mangroves comme zone écologique fragile donc qui doit être protégée elle stipule d'ailleurs que << la mangrove est une ressource protégée dont l'exploitation reste interdite>> En août 1999, l'autorisation de la coupe du bois de chauffe dans la mangrove a été suspendue. Désormais, les mangroves sont considérées comme des aires protégées au sein desquelles sont interdites un certain nombre de pratiques, à l'exemple de la coupe du bois. A coté de cela, plusieurs autres législations protègent la mangrove au Cameroun il s'agit de: La législation sur la forêt, la faune et la pêche ; la loi d'association de 1992 pour permettre aux camerounais de s'engager dans la gestion durable des ressources naturelles ; les procédures d'octroi des forêts communautaires.

b- Au plan politique et institutionnel

L'élite politique camerounaise s'est abondamment illustrée dans ce combat pour la préservation des mangroves à travers la signature de plusieurs traités et conventions liées directement ou indirectement à la mangrove parmi lesquelles la célèbre convention de RAMSAR sur les zones humides qui est un traité intergouvernemental qui offre un cadre d'action nationale et de coopération internationale pour la conservation et l'utilisation durable des terres humides, y compris les habitats de mangroves ; ratifiée par le président Paul BIYA le 26 janvier 2006. à coté de cela, plusieurs autres conventions ayant des liens proches ou lointains avec la mangrove ont été signé il s'agit de : la Convention sur le changement climatique, la Convention de la  biodiversité, la Convention du commerce des espèces en voie de disparition, la Convention sur l'Ozone.

Le gouvernement a également élaboré plusieurs plans d'action nationaux pour la mise en oeuvre effective de ces conventions et lois à savoir : le plan national sur la biodiversité et le plan national sur l'environnement.

Ces efforts de la part du gouvernement se heurtent sur le terrain au non respect ou la mauvaise application de ces législations. La société civile ainsi que des organismes internationaux prêtent main forte et essayent par de multiples moyens d'aider le gouvernement dans cette tâche.

2- Actions de la société civile camerounaise et des organismes internationaux

La société civile camerounaise et les organismes internationaux comme la F.A.O militent énormément pour la protection des mangroves. Ils ont à cet effet organisés et animés des campagnes et des séminaires ateliers de toutes sortes.

a- actions des organismes internationaux

la FAO a financé et continue de financer en collaboration avec des laboratoires de recherches et les universités étrangers et nationaux plusieurs travaux de recherche sur la mangrove au Cameroun ce qui à permis l'élaboration de l'atlas mondial de la mangrove avec des données assez fiables sur le Cameroun.

Par ailleurs, en 2006 elle lance et mène un projet baptisé gestion participative de la diversité biologique des écosystèmes de mangroves au Cameroun, a enseigné à un groupe de pêcheurs immigrants Nigérians qui vivent à Yoyo une autre façon de faire. Ils ont été sensibilisés aux dangers de la coupe indiscriminée des mangroves et utilisent désormais un type de fourneau pour le fumage du poisson plus économe en combustible, qui leur permet de transformer davantage de poisson tout en consommant moins de bois. Ce projet de la FAO a en outre incité les autorités camerounaises à affronter l'aménagement des mangroves au niveau des politiques en les aidant à élaborer des stratégies pour l'utilisation durable des mangroves en coopération avec les communautés qui en dépendent pour vivre.

Notons également les actions la Fondation Internationale pour la Science (FIS) qui a contribué à la réalisation de la carte thématique des mangroves de l'estuaire du Rio del Rey (Cameroun) par photo-interprétation et SIG en accordant des bourses de recherche à des chercheurs camerounais.

A coté de ces actions concrètes, se situent plusieurs autres menées par plusieurs autres organismes internationaux à l'instar de la Banque Mondiale, l'union mondiale pour la nature (IUCN), l'organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), le World wide fund for nature (WWF), l'international waterfowl and wetlands research bureau (IWRB) et l'international society for mangrove ecosystems (ISME) pour ne citer que ceux là.

b- Actions de la société civile Camerounaise

Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) nationales travers leurs différents programmes et projets de conservation et de gestion durable de la biodiversité, des ressources naturelles et de réduction de la pauvreté contribuent efficacement à protéger la mangrove. Quelques unes des actions des ONG sont

La Cameroon Environnemental Watch (C.E.W) qui a en 2007 mené un programme intitulé pleins feux sur la mangrove qui à consister en une sensibilisation en masse dans des lycées, des universités ainsi que sur le terrain sur une meilleure connaissance de l'écosystème mangrove et son importante. Il s'est également agit de mise en pépinières des propagules, fruits des palétuviers.

La Cameroon Wildlife Conservation Society » (CWCS), qui est chargée de la protection de la réserve naturelle de Douala-Edéa qui à collaboré avec la FAO dans le projet gestion participative de la diversité biologique des écosystèmes de mangroves au Cameroun au cours duquel elle a introduit à Yoyo des fours améliorés pour réduire la consommation du bois. À coté de celles-ci, plusieurs autres ONG veillent sur la mangrove au Cameroun à l'instar de l'Association pour la Protection des Ecosystèmes Marins, Côtiers et des zones humides (APEMC), l'Associations de Lutte Pour La Protection l'Environnement (ALPPE), l'Organisation des Droits de l'Homme et de la Protection de l'Environnement (ODHPE) et la liste est loin d'être exhaustive.

Ces ONG sont non seulement actives sur le terrain, mais elles tirent constamment la sonnette d'alarme pour signaler les abus et les dérives mais également pour rappeler le gouvernement à l'ordre en ce qui concerne l'application des lois. 

Afin de coordonner leurs actions, la société civile représentée par toutes les ONG qui s'intéressent de près ou de loin à la mangrove et les organes gouvernementales en charge des mangroves se sont retrouvés à Edéa le 25 janvier 2005 et Réseau Camerounais de la Mangrove (R.C.M) qui par la suite a adhérer au Réseau Africain de la Mangrove (R.A.M).ce réseau a pour objectif global la conservation, la gestion et l'exploitation durable des ressources floristiques et fauniques des mangroves en vue de répondre aux besoins locaux et nationaux des générations présentes et futures. A coté de cet objectif global, on trouve plusieurs objectifs spécifiques à savoir :

-Renforcer les capacités institutionnelles et techniques du réseau et de ses membres ;

-Promouvoir et valoriser la recherche dans les écosystèmes de mangrove;

-Renforcer les capacités des différentes parties prenantes impliquées aux pratiques de gestion durable ;

-Réhabiliter les écosystèmes de mangrove endommagés ;

-Former les membres des communautés locales cibles aux activités génératrices de revenus ;

-Créer et équiper un centre de ressources en mangrove;

-Entreprendre un lobbying actif pour la signature des conventions et la mise en place d'une législation appropriée pour une gestion durable des mangroves.

Au vu de tout ceci, force est de constater que la mangrove au Cameroun est sérieusement prise en compte et que son avenir préoccupe toute l'ensemble de la société camerounaise et c'est dans le souci de la préserver qu'est né le R.C.M

DISCUSSION

Il est clair que les mangroves sont profondément exploitées au Cameroun toutefois aucune utilisation sur large échelle ou conversion n'est actuellement en cours. Un défrichage localisé peut avoir lieu dans certaines zones (étangs salés, urbanisation, développement des infrastructures) qui ne cause pourtant pas de grosses dégradations (FAO 2007). Dans le bassin du Ndian et l'estuaire du Wouri, il existe des surfaces importantes de mangrove primaire ceci malgré la pression démographique. On remarque aussi que dans le temps les surfaces de mangroves au Cameroun n'ont pas subies de sérieuses régressions. D'après les chiffres de la FAO, les superficies de mangroves au Cameroun sont passées de 272.000 ha en 1980 à 250.000 ha en 2005 soit une dégradation de 8,09% en 25 ans ce qui est loin de la moyenne mondiale de 19%. Sans compter que l'absence d'utilisation des ressources peut aussi devenir un inconvénient. En effet, la dégradation de la mangrove au Cameroun à ralenti considérablement après 1990(voir tableau 2) période à la quelle l'exploitation s'est intensifiée l'évolution de la dégradation est presque constante après 1990 (voir graph. 3) c'est donc dire que la préservation des mangroves ne signifie pas forcément une protection intégrale exempte de toute activité anthropique.

Les superficies des mangroves sont mal connues celles-ci varient en fonction des sources. On a pas de données fixes et certaines y relatives de même qu'un inventaire de ses ressources n'a jamais été fait dans un tel contexte, il est difficile d'évaluer avec certitude les menaces et donc de mesurer l'impact de ceux-ci afin de mieux comprendre leurs rythmes de dégradation.

Source FAO 2007

Fig5 : variation de l'étendue des zones de mangroves entre 1980 et 2005

CONCLUSION GENERALE

En somme, parvenus au terme de notre travail qui portait sur les menaces sur la mangrove au Cameroun, au cours du quel il s'est agit de faire une présentation générale des mangroves du pays, d'identifier l'ensemble des menaces qui mettent en péril ces mangroves, puis de proposer les stratégies pour une gestion soutenable de ces mangroves et enfin d'évaluer les efforts de toutes les parties prenantes dans la lutte pour la préservation de celles ci. Il en ressort que les mangroves occupent une superficie importante dans le pays et de part leurs fonctions économique scientifique et socioculturelle ont une importance inestimable et de ce fait elles subissent de nombreux assauts anthropiques qui conduisent à leur dégradation notamment l'exploitation irrationnelle et incontrôlés de ses ressources, que sont le bois le poisson le sable et les P.F.N.L ; ainsi que les activités humaines de natures industrielles, agricoles et l'expansion démographique. Cette dégradation entraîne des conséquences fâcheuses tant sur le plan environnemental que sur le plan socioéconomique. La question de trouver les stratégies pour gérer notre mangrove largement dégradée au point de risquer l'extinction de cet écosystème très rare, fragile et important n'est plus négociable. Le gouvernement camerounais l'a compris et fourni des efforts dans le sens d'une gestion durable de cet écosystème par la mise en place d'un arsenal juridique et institutionnel y relatif appréciable. Le rôle de la société civile, y compris, des organisations internationales pour soutenir les efforts du gouvernement n'est plus à démontrer. Le Cameroun dispose déjà d'un réseau de mangrove né des initiatives et enthousiasmes des membres des associations et ONG de base. Notons cependant que s'il est vrai que beaucoup d'efforts sont fournies jusqu'ici pour sauver la mangrove au Cameroun, force est de constater que beaucoup reste encore à faire surtout en ce qui concerne l'application des textes sur le terrain. Il est clair qu'il faut régénérer la mangrove, la remplacer et la préserver mais il faut à la fois qu'elle soit utile aux populations riveraines ainsi qu'au peuple camerounais tout entier. Trouver le juste équilibre est alors le défi qui interpelle toutes les parties engagées dans la lutte pour la gestion durable de la mangrove au Cameroun à l'occurrence le RCM.

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4-






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