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Ségrégation et dynamiques multiculturelles à  Séville:le cas du quartier "El Cerezo"

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par Matthieu Bouchet-Wacogne
Université de Poitiers - Master 1 migrations internationales 2010
  

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Chapitre III : Représentations et pratiques liées à

l'immigration dans le quartier d'El Cerezo

En connaissance du poids de l'immigration dans le quartier El Cerezo et des acteurs locaux qui interviennent sur le plan de la multiculturalité dans cette zone, nous allons pouvoir nous intéresser aux pratiques des habitants dans leur quartier ainsi qu'à leur représentations. Ceci devrait nous permettre de savoir si les immigrés sont victimes ou non de mise à l'écart et dans quelle mesure. Il sera donc possible de déterminer s'il s'agit d'une vraie multiculturalité ou de ségrégation sans interaction entre communauté ethnique. De plus nous devrions être amené à savoir si les conflits s'estompent ou non avec la connaissance de "l'autre".

A/ Effets de la multiculturalité pour El Cerezo

La majorité des magasins du quartier sont fermés l'après midi entre 14h30 et 17-18h comme le veut la coutume espagnole à l'heure de la sieste. Durant ce laps de temps, les rues du quartier sont "désertes" tout comme le sont les rues commerçantes du centre ville. C'est le moment où ceux qui ne font pas la sieste ont davantage de temps pour discuter, ce fût donc un temps adapté pour effectuer quelques entrevues ainsi que pour proposer aux habitants et employés des quelques commerces restés ouverts, de remplir un questionnaire.

1/ Le point de vue des habitants dans leur choix et leur représentation du quartier El Cerezo

Choisir un espace de vie se fait en fonction de critères variés (économiques, familiaux, etc.). Ensuite, connaître son quartier et le décrire, dépend de l'utilisation que chaque individu en fait. "Une formulation unanime de l'habiter n'existe pas pour les différentes disciplines qui abordent la notion : philosophie, géographie, sociologie, anthropologie, psychosociologie, psychologie environnementale, architecture. Chacun en fait usage à son gré, l'entendant selon ses méthodes et ses objets" (HEROUARD, 2007, p.159). Ainsi, l'espace de vie des habitants d'un quartier va se construire en lien avec leur manière de l'habiter, c'est-à-dire la façon dont ils vont utiliser cet endroit, les interactions qu'ils auront ou encore les déplacements qu'ils réaliseront dans cette zone. Tout cela va permettre de se forger une opinion personnelle d'El Cerezo et de leur propre espace de vie.

a/ Les raisons de la venue des habitants dans le quartier

Venir vivre dans un quartier n'est pas neutre, les raisons sont variées. L'une d'elles serait le profil économique de ces espaces, quartiers anciennement ouvriers de classe moyenne. De plus, "beaucoup d'anciens résidents ont opté pour un meilleur logement mettant leur ancienne résidence en location" (HUETE, 2011, p.22) ce qui a libéré des logements les rendant ainsi disponibles. Depuis plusieurs années, dans divers quartiers du district de la Macarena, "les propriétaires essayent de louer ces logements à des étudiants, situation qui ne les oblige pas à réaliser des rénovations trop importantes(...) au détriment de la qualité de ces immeubles". La dégradation des logements aurait généré une baisse "de l'offre résidentielle étudiante (...) en favorisant l'ouverture de ce marché pour un autre secteur demandeur : les immigrés"(HUETE, 2011, p.23). Les étudiants recherchent des appartements convenables, c'est-à-dire conforment à leurs attentes en matière d'hygiène et de propreté. Les propriétaires refusant de faire des travaux de rénovation dans des habitations où cela semble nécessaire, ils doivent à présent trouver des locataires moins exigeants comme peuvent l'être certains immigrés.

Lors d'un diagnostic sur la population immigrée résidant à Séville (HUETE, 2008), un questionnaire a été complété par des habitants immigrés de certains quartiers dont celui d'El Cerezo. Les résultats ont révélé que les principaux motifs de la venue des immigrés en Espagne et à Séville plus particulièrement, sont d'ordre économique et socioculturel (retrouver leurs famille ou amis) : 61% de ces immigrés se sont installés dans tel ou tel quartier par rapport au coût immobilier « accessible » et 73% d'entre eux expriment que leur choix a été motivé par la présence d'un proche dans ce quartier. "Pour établir domicile en un lieu, les citoyens prennent en compte le réseau d'appui sur lequel ils vont pouvoir compter, qui dans le cas des personnes immigrées pourrait être des personnes du même pays d'origine" (HUETE, 2011, p.20).

Les résultats obtenus suite au questionnaire que nous avons réalisé en mars 2011 auprès de personnes du quartier El Cerezo27 sont similaires. Les réponses des autochtones interrogés correspondent principalement à des choix professionnels, familiaux et économiques (prix des logements et des loyers). Par ailleurs, en ce qui concerne les immigrés, leurs raisons sont analogues, bien que le nombre de commerces ethniques ainsi que le phénomène de

27 Question 11 du questionnaire disponible en annexe p. 114 : Pour quelles raisons avez-vous décidé de

vivre dans ce quartier?

mutation urbaine lié au développement économique28 soient également à prendre en considération. "La communauté étrangère montre, par l'importance de sa présence dans cette zone, la nécessité de maintenir un contact avec d'autres membres de son groupe ethnique. Cette situation permet l'accès à l'information, le partage de ressources et la possibilité ou la facilité de trouver un emploi." (HUETE, 2011, p.23) Nous pouvons alors parler d'agrégation qui comme nous l'avons vu dans le chapitre I, peut s'avérer être un élément positif dans l'intégration de population dans un nouvel espace urbain.

Par ailleurs, l'enquête de la chercheuse, Maria-Angeles Huete, met également en évidence le fait que les immigrés perçoivent l'Espagne comme une société d'accueil. Malgré cela, ils disent se sentir discriminés lorsqu'il s'agit d'obtenir un logement ou de trouver un emploi. Ces résultats correspondent aux réponses obtenues lors de notre enquête. De plus, la présence de nombreux commerces spécialisés dans le quartier El Cerezo mais également dans le district de la Macarena est également un argument pour venir vivre dans cette zone, bien qu'il soit d'ordre secondaire. "J'aime le fait de vivre ici car je peux manger de la nourriture de différents pays" (Angelines, espagnole). "Si je n'ai pas le temps de manger je peux m'acheter un kebab, en centre ville il y en a quasiment pas" (Zico, marocain). L'accès à certains types de nourriture constitue ainsi un avantage pour les habitants leur permettant en partis de s'approprier le quartier.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery