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Intégration des marchés céréaliers dans l'UEMOA. Une analyse par les prix

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par Salissou MALAM SOULEY
Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée - Ingénieur statisticien économiste 2007
  

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INTEGRATION DES MARCHES CEREALIERS DANS L'UEMOA, UNE ANALYSE PAR LES PRIX

Par MALAM SOULEY Salissou, Ingénieur Statisticien-Economiste

1. INTRODUCTION GENERALE

1.1. Contexte et justification

Bien que le siècle dernier ait connu d'énormes triomphes scientifiques et technologiques, vaincre l'insécurité alimentaire1(*) reste encore l'un des défis majeurs pour les pays du sud. A l'instar d'autres sous-régions de l'Afrique subsaharienne, les pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) subissent des épisodes des pénuries alimentaires y compris ceux qui sont relativement favorisés du point de vue des conditions climatiques (Catherine et al., 2005). La croissance démographique, le retard technologique, la concurrence internationale, les conflits politiques, les déficits pluviométriques et autres aléas climatiques, les erreurs de gestion et de planification, l'absence des dotations en capital quantitativement et qualitativement suffisantes, etc., sont autant des facteurs couramment tenus pour responsables de ce fléau.

Aujourd'hui, tout laisse croire que c'est à travers des rapprochements des politiques macroéconomiques et sectorielles à l'échelle sous-régionale que la bataille contre l'insécurité alimentaire dans l'UEMOA aux moyen et long termes sera gagnée ou perdue. En effet, la nécessité d'une intégration plus renforcée au sein de la zone est nettement visible aussi bien dans des discours politiques que dans des discussions d'intellectuels. Le 19 décembre 2001, la Conférence des chefs d'Etats et de Gouvernement des pays membres de l'UEMOA a ratifié par Acte Additionnel n°03/2001 la Politique Agricole de l'UEMOA (PAU) dont l'axe transversal à tous les objectifs est la sécurité alimentaire. Mieux encore, selon les conclusions d'un atelier du Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles (ROPPA) tenu du 2 au 4 novembre 2001 à Ouagadougou sur la PAU, dans ce contexte défavorable pour les producteurs ouest africains, l'intégration régionale constitue un espoir, l'espoir d'une société plus juste et d'une économie plus efficace. Le premier défi majeur est celui de nourrir convenablement une population ouest africaine de plus en plus nombreuse et fortement urbanisée. La politique agricole communautaire opte prioritairement pour l'augmentation de l'offre régionale pour satisfaire les besoins alimentaires.  L'idée sous-jacente est de  réduire la dépendance vis-à-vis des importations en accordant la priorité aux productions alimentaires ainsi qu'à leur transformation, par la valorisation et l'exploitation des complémentarités et des avantages comparatifs au sein de la région tout en tenant compte des spécificités liées au caractère insulaire ou enclavé de certains pays. Egalement, la Commission de l'UEMOA et le fonds des nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) s'accordent sur le fait que l'intégration est l'une des réponses adéquates à l'insécurité alimentaire2(*). Dans un cadre plus global, lors de la Conférence Chefs d'État et de Gouvernement de l'Union africaine à Maputo, en juillet 2003, les pays de l'UEMOA ont pris, à l'instar des autres pays de l'Union Africaine, l'engagement d'allouer au moins 10 % des budgets d'investissements nationaux au développement du secteur agricole afin d'améliorer la productivité et de réduire l'insécurité alimentaire 

Des idées tirées des théories dites de la zone monétaire optimale insistent sur l'intégration économique comme une étape préalable à la compatibilité des objectifs communs pour deux ou plusieurs pays désirant coordonner leurs politiques. L'accent est mis sur des critères tels que la mobilité des facteurs de production (Mundell, 1961), le degré d'ouverture des économies (Mackinnon, 1963), la nature de la spécialisation des économies (Kenen, 1969), le degré d'intégration financière et fiscale (Ingram et Johnson, 1969) ou l'homogénéité des préférences (Cooper, 1977 et Kindleberger, 1986).

Analysant l'intégration des pays africains de la Zone Franc à la lumière de ces théories, Biao (1998) a montré que quels que soient les critères adoptés, l'UEMOA n'était pas jusqu'alors une zone monétaire optimale. Pourtant, des recherches relativement récentes portant sur l'intégration agricole en Afrique de l'Ouest ont indiqué que cette sous-région (UEMOA) dispose de nombreuses potentialités à commercialiser ses produits de façon compétitive au-delà des frontières nationales (Salinger et Stryker, 1994 et Metzel et Cook, 1994). Pendant la décennie 1990, des idées, selon lesquelles la mise en place des régimes préférentiels d'échanges intra-UEMOA pourraient permettre de mettre en valeur ces potentialités, se sont progressivement développées (Soulé, 1992 ; Lutz, 1994).

Au courant de ces dernières années, des efforts considérables ont été fournis dans ce sens. Citons entre autres la mise en place d'un marché financier commun (BRVM pour Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l'Afrique de l'Ouest) en 1998, l'adoption des politiques sectorielles communes et d'un pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres en 1999, la mise en oeuvre d'un tarif extérieur commun (TEC) en 2000, etc. L'objectif de ces mesures (que nous qualifierons par la suite de "reformes préférentielles") était, selon le rapport final de l'UEMOA (2005) sur l'enseignement supérieur, de concrétiser la volonté politique des Etats membres à impulser les changements souhaités

Mais, quand on considère le rythme et la profondeur de l'insécurité alimentaire dans l'UEMOA, il semble légitime de se poser cette question : les réformes préférentielles intervenues au courant de ces dernières années ont-elles réussi à renforcer les liens économiques des pays de la zone ? Cette question est fondamentale compte tenu de la nécessité de se soucier de la rentabilité de ces reformes notamment en matière d'intensification des échanges et de l'amélioration des conditions de la croissance. En outre, des évènements, susceptibles d'engendre des effets néfastes (nous pensons en particulier à la crise ivoirienne3(*)) se sont produits dans la zone. Ont-ils influé sur le niveau d'intégration de la sous-région ? Ce sont ces deux questions capitales qui justifient l'importance de notre thème.

1.2. Objectifs de l'étude et aspects méthodologiques

La question de la stabilité macroéconomique et de la convergence dans l'espace UEMOA a intéressé beaucoup de chercheurs. L'essentiel des études abordent le problème en termes des quantités. Elles mettent ainsi l'accent sur l'impact de l'offre locale des produits vivriers sur les prix (Badiane et al., 1997 ; Diallo, 2003) ou sur les déterminants des échanges et les calculs des potentialités commerciales (Gbetnkom et Avom, 2005) ou encore sur les effets des réductions tarifaires sur les volumes des échanges (Adegbid et al., 2003). Pourtant, une approche par les prix nous paraît digne d'intérêt compte tenu de l'influence des variations des prix sur les comportements des agents économiques (investissement, production, épargne, consommation, etc.). De plus, les analyses en termes de quantités consacrées aux pays de l'UEMOA rencontrent un certain nombre d'incohérences. Il s'agit entre autres:

- de l'absence des données sur les quantités de bon nombre des transactions bilatérales (Gbetnkom et Avom, 2005).

- de l'absence d'unités standard de mesure sur les marchés qui conduit souvent à un problème de transparence des unités utilisées (Lutz, 1994).

- du poids du secteur informel dans le commerce des biens et corrélativement de l'absence des statistiques fiables. Par exemple, au Mali en 1999, on estime à seulement 34,8% la part des exportations officiellement enregistrées (Honfoga et al., 2005)..

Ce travail poursuit deux objectifs. Le premier est d'analyser le niveau d'intégration des pays de l'UEMOA. Le second est d'évaluer l'impact des reformes préférentielles que les Etats membres de l'UEMOA ont entreprises depuis 1998 sur leur intégration.

Plus spécifiquement, nous nous restreignons aux marchés céréaliers et à une analyse par les prix. Les principaux points à traiter au cours de ce rapport sont:les suivants :

- mesure de l'intégration des marchés céréaliers de l'UEMOA à partir des séries de prix moyens céréales des principales agglomérations (capitales politiques ou économiques) des pays de l'union. Ces données ont une fréquence mensuelle et couvrent la période allant de janvier 1998 à juin 2006.

- Evaluation de l'impact des mesures préférentielles.

- Mesure de l'impact de la crise ivoirienne sur le degré d'intégration des pays de l'UEMOA.

- Proposition de recommandations

Le choix des marchés céréaliers s'appuie sur deux raisons essentielles. La première est que la sécurité alimentaire dans les pays de l'Afrique de l'ouest en général et ceux de l'UEMOA en particulier est principalement assurée par la disponibilité en céréales telles que mil, maïs, sorgho, riz, etc. (Commission Européenne, 2006). De ce point de vue, le commerce transfrontalier des céréales joue un rôle fondamental dans la facilitation des approvisionnements et donc la réduction de l'insécurité alimentaire d'origine quantitative. La seconde raison qui fonde ce choix vient du fait que de fortes hausses des prix des céréales constituent avec la baisse de prix du bétail les traditionnels signes annonciateurs de la crise alimentaire dans l'espace UEMOA4(*).

Quant au choix de la période de 1998 à aujourd'hui , il s'appuie sur le fait qu'à partir de l'année 1998, les méthodes d'élaboration des indices des prix ont été harmonisées dans l'UEMOA. Ce qui assure la comparabilité de ces indices.

1.3. Hypothèses

Les trois hypothèses suivantes sont postulées:

H1 : Les marchés des céréales échangeables entre les pays membres de l'UEMOA se caractérisent par la similarité de leur évolution des prix.

H2 : Les mesures préférentielles ont entraîné un effet baissier sur l'évolution des prix des céréales échangeables entre les pays de l'UEMOA.

H3 : La crise ivoirienne a eu un effet haussier sur l'évolution des prix des céréales échangeables entre les pays de l'espace UEMOA.

Après avoir développé la méthodologie dont elles s'inspirent, ces hypothèses seront testées économétriquement. Les outils privilégiés sont les techniques de l'analyse des séries temporelles. Ainsi, des modèles vectoriels à correction d'erreurs et/ou des modèles à effets de seuil pourront être utilisés.

1.4. Limites de l'étude

Il aurait été plus pertinent de mener une comparaison spatio-temporelle. Comparaison spatiale, car celle-ci aura l'avantage de vérifier si oui ou non les pays de l'UEMOA sont économiquement plus liés entre eux qu'avec les pays tiers. Comparaison temporelle, car au cas où les marchés sont intégrés pendant la période de notre étude rien ne garantit a priori qu'ils ne l'étaient pas avant. Ainsi, il est difficile d'attribuer sans équivoque l'éventuelle amélioration du niveau d'intégration de ces marchés à des aspects qui caractérisent leur évolution récente et dont nous souhaitons évaluer l'impact. En deuxième lieu, il faut noter que l'approche en terme des prix contient en elle-même quelles limites. En effet, les prix agrègent de l'information sur un certain nombre de variables notamment les anticipations des agents. Si ces derniers sont mal informés, ce qui souvent le cas dans les pays en développement, les prix ne traduiraient pas pertinemment l'évolution des marchés. De plus, la concurrence se joue sur plusieurs paramètres (délai de livraison, délai de règlement, distance, état des infrastructures, etc.). Il est impossible ou difficile que les prix reflètent tous ces aspects. En dernier lieu, une diversification de la méthode aurait l'avantage de garantir la fiabilité des résultats(en utilisant un panel par exemple).

1.5. Ebauche du plan

Le travail est structuré en deux parties. La première partie donnera un aperçu général et théorique. La définition de quelques concepts dont la compréhension nous semble utile et la présentation du cadre de l'étude (chapitre1) retiendront d'abord notre attention. Ensuite, il est fait une revue de littérature (chapitre2) consacrée, d'une part, aux travaux empiriques traitant des problèmes spécifiques des marchés céréaliers et, d'autre part, à la présentation de principales méthodes d'estimation dont ces travaux se sont servis. La seconde partie abordera dans son premier chapitre le cadre méthodologique (données et leurs sources, spécification et mise en oeuvre de méthode d'estimation. L'interprétation des résultats et la proposition des recommandations feront l'objet du dernier chapitre.

2. GENERALITES

Traiter de l'intégration entre deux ou plusieurs pays, c'est avant tout montrer l'intérêt que celle-ci procure à ces pays. Dans cet ordre d'idées, nous présenterons dans ce chapitre les effets attendus d'une intégration économique avant de nous pencher sur le cadre de l'étude. Au préalable de ces développements, certains termes pivots méritent d'être mieux explicités.

2.1. Définition de quelques concepts

Cette section vise à définir les termes qui structurent notre sujet ainsi que certaines notions connexes.

2.1.1. Concept d'intégration économique régionale

Phénomène multidimensionnel, l'intégration régionale présente divers contours comme l'a souligné Koulakoumouna (2000). C'est ainsi que dans la littérature économique, plusieurs qualificatifs lui ont été attribués: intégration politique, intégration institutionnelle, intégration volontariste, etc. Par exemple, l'intégration volontariste consiste en la formation d'une coalition du pouvoir de négociation, d'industrialisation et de complémentarité entre pays. Elle nécessite la création des institutions et autorités régionales, la protection de l'espace régional vis-à-vis des pays tiers, l'accroissement des investissements publics et des échanges régionaux, le développement des infrastructures régionales, etc. C'était ce type d'intégration qui régissait les rapports économiques des ex-républiques socialistes soviétiques. Cette conception a été également défendue par la Commission Economique de l'Afrique (CEA) notamment lors du plan de Lagos de 1980.

Une conception plus libérale de l'intégration économique est le régionalisme ouvert dont les objectifs sont entre autres la libre circulation des personnes et des biens, l'amélioration du bien-être des consommateurs et l'impulsion des économies d'échelle Il implique la mise en place de certains accords commerciaux comme zone de libre échange, union douanière, etc. (nous y reviendrons dans les lignes qui suivent).5(*)

Malgré la pluralité des formes que revêt cette notion d'intégration économique, on retrouve certains aspects communs à ses différentes définitions. Ainsi, de façon synthétique, le dictionnaire Le Petit Larousse illustré en 2006 a défini l'intégration économique comme étant « l'ensemble des procédés par lesquels deux ou plusieurs pays créent un espace économique commun ». En des termes plus spécialisés, Balassa identifie, dans le processus d'intégration économique entre deux ou plusieurs pays, cinq degrés6(*) définis par emboîtements successifs (théorie des unions). Le premier correspond à la zone de libre-échange ou d'accord commercial préférentiel. A cette étape, les pays membres suppriment les droits de douane et les restrictions quantitatives à l'entrée et à la sortie des marchandises originaires de la zone. Toutefois, chaque pays reste autonome quant à sa politique douanière à l'égard des pays tiers. L'élimination des quotas et des tarifs douaniers peut porter sur l'ensemble des échanges ou sur certains secteurs spécifiques. Le deuxième degré d'intégration économique est l'union douanière. Il s'agit d'une étape supérieure de la zone de libre-échange dans laquelle un tarif extérieur commun (TEC) est institué. Le TEC impose l'application des mêmes droits de douane sur les produits provenant d'un pays extérieur à la zone et ce, quel que soit le pays par lequel ces produits entrent dans l'union. Appelé marché commun, le troisième degré constitue l'étape où l'union douanière est accompagnée de la libre circulation des personnes et des capitaux. L'union économique (quatrième degré) englobe toutes les caractéristiques du marché commun auxquelles s'ajoute l'harmonisation des politiques économiques nationales aussi bien conjoncturelles que structurelles. Enfin, le dernier degré est l'intégration économique totale ou l'union monétaire qui correspond à la phase où, en plus de l'union économique, les politiques monétaires fiscales et sociales sont unifiées.

Tableau n°1: Résumé des étapes de l'intégration économique

Etape

Caractéristiques

Zone de libre-échange (ZLE)

Suppression des droits de douanes

et des restrictions quantitatives

Union douanière (UD)

ZLE + TEC

Marché commun (MC)

UD + libre circulation des personnes

et des capitaux.

Union économique (UE)

MC + harmonisation des politiques

nationales

Union économique totale

UE + Unification des politiques monétaires,

fiscales et sociales.

Source: M. Holden, 2003, p.2.

La théorie des unions a fourni un cadre de référence sur la base duquel plusieurs systèmes régionaux se sont construits. Mais, au regard du traité de Maastricht7(*) et de l'avènement des communautés économiques et monétaires dans la zone franc, une union peut être désirée sans que certaines conditions définies par cette théorie ne soient satisfaites (Biao, 1998). Ainsi, la tendance commune de l'évolution de certains indicateurs ou critères de convergence est de plus en plus considérée comme une opportunité d'une coordination économique ou monétaire.

2.1.2. Critères de convergence

Ces critères portent sur certains indicateurs clés qu'on appelle quelquefois déterminants. Il s'agit en général du taux d'inflation, du déficit public, du déficit extérieur, de la productivité, du niveau du salaire réel, etc.

Par exemple, pour les pays de l'UEMOA, les critères de convergence ont été initialement définis dans l'Acte Additionnel n°04/99 portant sur le pacte de convergence, de stabilité, de croissance économique et de solidarité entre Etats membres de l'union. Cet Acte a été adopté sur recommandation du Conseil des Ministres de l'UEMOA lors de sa réunion du 27 janvier 2003. Les critères de convergence se répartissent en critères de premier rang et critères de second rang (article 17).

Les critères de premier rang sont ceux dont le non respect entraîne la formulation explicite des directives par le Conseil demandant à l'Etat membre concerné d'élaborer et de mettre en oeuvre un programme de mesures restrictives (article 1). Ils sont au nombre de quatre (article 18)  à savoir : le solde budgétaire devrait être positif en 2005 (critère clé), le taux d'inflation doit être maintenu à 3% maximum par an, le ratio de l'encours de la dette intérieure et extérieure rapporté au PIB nominal ne devrait pas excéder 70% à l'an 2005 et enfin la non accumulation des arriérés de paiement intérieur et extérieur sur la gestion de la période courante.

Les critères de second rang sont traités comme des repères structurels indicatifs qui font l'objet d'un suivi rigoureux mais dont le non respect ne fait pas l'objet des recommandations (article1). Ils sont également au nombre de quatre (article 19) à savoir : le ratio de la masse salariale sur les recettes fiscales ne devrait pas excéder 35%, le ratio des investissements publics financés sur ressources internes rapportés aux recettes fiscales devrait atteindre au moins 20%, le ratio du solde extérieur courant hors transferts publics par rapport au PIB nominal devrait être supérieur ou égal à -5 % et enfin le taux de pression fiscale ( rapport entre les recettes fiscales et le PIB nominal) devrait être supérieur ou égal à 17 %.

Pour assurer la convergence de ces indicateurs, certains rôles ont été attribués au processus de libéralisation des économies visant principalement l'intégration des marchés. L'idée est que, en tissant des relations économiques plus intenses par le biais d'un accroissement des échanges et des investissements internationaux, on peut arriver à garantir des prix bas aux consommateurs et compétitifs aux producteurs. C'est pourquoi, on a vu se développer une analyse d'intégration économique donnant un rôle capital aux prix. Connue sous le nom de l'intégration spatiale, cette approche clame les vertus d'une élimination des obstacles aux échanges internes.

2.1.3. Notion d'intégration spatiale

L'analyse de l'intégration spatiale est une approche plus axée sur les prix. Précisons d'abord que quand les économistes parlent des prix, en fait, ils parlent de plusieurs choses à la fois. Le taux de salaire nominal est le prix du travail. Le taux de change nominal est le prix d'une monnaie en termes d'une autre. Le taux d'intérêt nominal est le prix de la renonciation à la liquidité. Ce sont là quelques-uns des exemples qui reflètent le caractère polysémique du terme.

Dans cette présentation, cette notion est utilisée dans son sens étroit désignant le nombre d'unités monétaires nécessaires pour obtenir un bien ou un service à un moment donné dans un lieu donné et pour une qualité spécifique précise8(*)

Ceci dit, deux ou plusieurs marchés sont dits spatialement intégrés dès qu'il existe des échanges entre eux. Sous l'hypothèse que les obstacles majeurs aux échanges sont éliminés notamment grâce à l'institution d'une monnaie unique ou d'un régime de changes fixes, cette définition appelle deux commentaires. Premièrement, elle sous-entend que la loi de prix unique - selon laquelle le prix d'un bien homogène est partout le même à quelques frais (coûts de transport et autres ) près, si on le convertit dans une même monnaie - s'applique. Les écarts des prix entre les pays coéchangistes ne tiennent qu'aux coûts de transaction. Les arbitrages ne portent que sur le différentiel des prix. Ainsi, par exemple, les échanges ne nécessitent aucune opération de couverture de risque de change. En achetant les produits là où ils sont moins chers et en les revendant là où ils coûtent plus cher, les commerçants profitent du différentiel des prix pour réaliser des bénéfices.. Bien évidemment, cette opération n'est rentable que si les marges bénéficiaires qu'elle procure couvrent au moins les coûts qu'elle induit (en termes de recherche de l'information, transfert du bien, publicité, etc.). Si ce n'est pas le cas, alors les échanges n'auraient pas lieu car aucun commerçant rationnel ne peut s'investir dans des transactions qui lui coûtent plus cher qu'elles ne lui rapportent. Mais, en réalité, il est possible que les marges bénéficiaires ne couvrent pas les coûts de transaction surtout dans les pays en voie de développement du fait de l'importance de coûts de transports, du non respect des règles communes etc. Dans ce cas, les marchés sont dits segmentés. Définie ainsi par l'absence des échanges entre les marchés, la segmentation peut être source de pénuries alimentaires localisées surtout quand elle s'inscrit dans la logique zones excédentaires/zones déficitaires..

Deuxièmement, cette définition renoue indirectement avec la théorie de l'égalisation spatiale des prix des facteurs, selon laquelle, en même temps que deux ou plusieurs pays s'ouvrent aux échanges des biens, ils s'échangent indirectement les facteurs de production incorporés dans la production de ces biens. Ainsi, on assiste à la séquence suivante : échanges des biens ? convergence des prix relatifs des biens ? convergence des prix relatifs des facteurs ? égalisation spatiale des prix des facteurs (capital, travail, terre).

De façon formelle, si nous considérons un produit quelconque, le problème de l'intégration spatiale des marchés i et j de ce produit revient à comparer et. (respectivement) désigne le prix du produit sur le marché i (respectivement sur le marché j) à la date t et représente le coût induit par le transfert de ce produit du marché i vers le marché j à la date t.

Si <. les échanges ne sont pas profitables car le gain commercial marginal est négatif. Dans ce cas, les marchés sont segmentés et les prix qui y sont observés évoluent indépendamment.

En revanche, si >, les arbitrages sont défaillants car il existe des gains marginaux positifs non exploités. Pour Catherine et al. (2005), il ne s'agit que d'une situation de déséquilibre transitoire due à l'imperfection de l'information, aux délais de transport, etc.

Finalement, les marchés sont intégrés lorsque l'égalité = est vérifiée. Les opérateurs sont alors indifférents entre commercer et ne pas commercer.

Cette formulation dérive de l'analyse proposée par Parsley et Wei (2002). Selon ces derniers, les coûts de transactions imposent les deux contraintes suivantes: et. . Le symbole est mis pour logarithme népérien. De ces deux inégalités, résulte ce que ces auteurs ont appelé "bande de non-arbitrage" définie par l'encadrement suivant : . De façon équivalente, cette relation s'écrit: ou encore . Le premier membre de cette dernière relation représente la déviation par rapport à la loi de prix unique. L'idée défendue par Parsley et Wei est que l'existence de coûts d'arbitrage ne détermine pas une valeur particulière des prix relatifs mais définit plutôt une fourchette dans laquelle ils s'établissent.

Du point de vue statistique, cette analyse se ramène à une étude de la similarité des mouvements (co-intégration) des prix. Bien que cette conception ait été critiquée, elle reste d'une utilisation fréquente. L'idée sous-jacente est que la co-intégration des prix résulte de l'action des commerçants cherchant à profiter du différentiel des prix pour réaliser des bénéfices. De ce fait, ce n'est pas tant l'existence des échanges qui importe que leur intensité.

En résumé, les coûts de transactions sont au coeur de l'analyse de l'intégration spatiale des marchés. Il est donc intéressant de dire un mot sur ce qu'ils signifient.

2.1.4. Coûts de transactions

En se référant à un agent fictif (commissaire-priseur walrasien) dont le rôle est d'annoncer gratuitement les prix, l'analyse néoclassique postule que l'information est parfaite. Chaque agent économique (offreur ou demandeur) peut donc formuler ses offres et ses demandes sans aucun coût en ne faisant que respecter sa contrainte budgétaire. Mais, en réalité, la mise en contact des agents (offreurs et demandeurs) et l'échange effectif entre eux impliquent un certain nombre d'opérations coûteuses (obtention de l'information, transport, vérification de la qualité des produits, négociation des contrats, risques divers, etc.). Ce sont les coûts de transactions.

On peut donc définir les coûts de transaction comme étant l'ensemble des coûts induits par la mise en place et le suivi de l'exécution des contrats d'achats et de ventes des marchandises. Adegbid et al. (2003) en distinguent trois types: les coûts de transfert, les coûts de transformation et les coûts de commercialisation. Selon eux, les coûts de transfert sont « des coûts de terre, du travail, du capital et de la connaissance entrepreneuriale nécessaires pour transférer les droits de propriété d'un individu à l'autre ». Quant aux coûts de transformation, ils englobent « des coûts de terre, du travail, du capital et de la connaissance entrepreneuriale nécessaires pour transformer physiquement les inputs en outputs». Enfin, les coûts de commercialisation «incluent tous les coûts supportés par les opérateurs dans le circuit de commercialisation depuis la production du bien jusqu'à sa livraison au consommateur». Dans cette optique, les coûts de transport, du stockage et du traitement sont considérés comme des coûts de transformation dans la mesure où ils changent l'attribut physique des biens (espace, temps, forme). Les coûts dus à la collecte de l'information, la distribution et la promotion des produits, le financement et l'exécution des échanges, etc., sont des coûts de commercialisation. Tous les autres coûts (risques divers, transfert du droit de propriété, etc.) sont considérés comme des coûts de transfert

Au-delà de ce distinguo, il y a lieu de souligner que les coûts de transactions sont en général inconnus. Toutefois, leur liaison avec certaines variables, dont la distance est l'exemple le plus illustratif, semble naturelle. Ainsi, comme nous le verrons plus tard dans la présentation des modèles de gravité, bon nombre de travaux utilisent la distance (réelle ou à vol d'oiseau) comme un proxy pour les coûts de transactions.

Certes la pluralité des facteurs susceptibles d'influer sur les coûts de transactions oblige à recourir à des restrictions mais, ne tenir compte que de la distance semble a priori être une simplification assez abusive.

Ainsi d'autres paramètres sont de plus en plus pris en compte. Plus généralement, Combes et al. (2005) ont énoncé quatre types de barrières aux échanges. Tout d'abord, il existe des barrières naturelles relevant de la géographie physique (distance, montagne, enclavement, etc.). Les coûts que ces obstacles naturels font supporter sont regroupés dans les coûts de transports (désignons par les coûts de transport entre deux localités r et s). Ensuite, on distingue les coûts liés aux politiques commerciales (quotas à l'importation, droits de douanes, frais de change pour les pays ne disposant pas d'une même monnaie, etc.) qui sont ici désignés par. Enfin, les coûts informationnels () et ceux liés aux variables culturelles () sont également indiqués.

Il est souvent malaisé de définir les mécanismes par lesquels ces coûts interviennent. Dans les modèles dits DSK (des noms de leurs auteurs Dixit, Stiglitz et Krugman), on considère que ces différents coûts produisent des effets log-séparables si bien que les coûts de transactions entre r et s () peuvent être spécifiés de la façon suivante: . Les coûts dus aux facteurs culturels (partage d'une même langue ou contiguïté des pays par exemple) sont pris en compte à travers le coefficient de préférence des consommateurs () défini par .

Au total, les transactions impliquent des coûts aux dépens des annonces gratuites du commissaire-priseur walrasien. Cela est particulièrement le cas des pays africains. Dès lors, il convient de considérer ces coûts au même titre que les coûts de production. La question qui se pose immédiatement est alors de savoir comment les minimiser. C'est de l'intégration économique qu'on attend cela et bien d'autres avantages.

2.2. Avantages attendus de l'intégration économique

Il serait superflu de s'étaler ici sur les théories du commerce international pour présenter les avantages attendus. On se contentera d'en évoquer une vue synthétique.

Le miracle de l'échange, c'est qu'il est créateur de valeur (Salin, 1991). En effet, dans l'acte de l'échange, chacun obtient un bien qui a plus de valeur pour lui que le bien qu'il cède en contrepartie. Il existe donc des avantages liés au schéma de libéralisation des échanges. Ces avantages résultent, du moins théoriquement, de la combinaison de trois effets : un effet de dimension, un effet de diversification et un effet de concurrence.

Quand deux ou plusieurs pays s'ouvrent au commerce international, l'un des premiers soucis de chacun est de créer ou d'améliorer les conditions de la compétitivité des entreprises domestiques notamment en terme de coûts. Cette préoccupation se traduit souvent par le non gaspillage des facteurs c'est-à-dire par le fait de ne pas utiliser des facteurs plus qu'on en a besoin alors que des demandes insatisfaites existent chez ses partenaires. Ainsi, chacun des pays coéchangistes cherche à n'utiliser les facteurs de production que dans les secteurs où ils sont relativement plus productifs. La production dans ces secteurs se fera donc à une échelle plus grande (effet de dimension) car les firmes saisissent l'opportunité d'accroître leurs parts de marchés tant par le développement de leurs exportations que par l'intensification de leurs investissements internes et externes. Ce qui leur occasionne des avantages (comparatifs ou absolus) sur leurs partenaires commerciaux. Ce raisonnement trouve ses origines dans la théorie des avantages absolus (d'Adam Smith) ou comparatifs avancée par David Ricardo et reprise dans le théorème de Hecksher-Ohlin-Samuelson (HOS).

En ce qui concerne les produits agricoles africains, les avantages absolus tiennent plus aux données naturelles qu'aux effets de l'échange. Ils découlent essentiellement de la nature et de la fertilité des sols, des facteurs topographiques, de la différence des climats, etc. Ainsi, il est évident que la Côte d'Ivoire dispose des avantages absolus dans la production des bananes et des ananas sur le Niger ou le Sénégal.

L'analyse des échanges fondés sur les avantages absolus passe sous silence la question suivante: les échanges sont-ils possibles entre deux pays si l'un a des avantages absolus sur l'autre dans la production de tous les biens? C'est à cette question que s'attaque la théorie des avantages comparatifs. Dans son approche ricardienne, la théorie des avantages comparatifs retient le travail comme le seul facteur de production et les rendements d'échelle sont considérés constants. Un pays a un avantage comparatif si la productivité du travail est plus élevée et les coûts salariaux sont plus faibles chez lui que chez ses partenaires commerciaux. Le modèle HOS pousse l'analyse en prenant en compte d'autres facteurs de production (capital, terre). IL soutient que les avantages comparatifs peuvent également provenir de la proportion des dotations factorielles. Ainsi, si les cultivateurs ivoiriens produisent plus des bananes que leurs collègues sénégalais, il n'y a ,a priori, aucune raison de croire que les premiers ont plus d'ardeur au travail que les seconds.

Toutes ces analyses prônent que chaque pays gagnerait s'il s'emploie à produire les biens dans la production desquels il dispose d'un avantage (absolu ou comparatif) et à acheter chez ses partenaires les biens qui lui coûtent plus cher à produire qu'à acheter. Elles clament ainsi les vertus du libre-échange: convertibilité des monnaies, suppression des barrières tarifaires ou non, etc. On attribue à ce libre-échange le rôle d'être une source d'économies d'échelles en terme de réduction de coûts unitaires ou d'apprentissage.

L'effet de diversification profite à la fois aux producteurs et aux consommateurs.. En effet, selon Krugman et Obstfeld (2001), l'ouverture donne la possibilité à tout consommateur de faire des choix dans un ensemble suffisamment varié des produits pour satisfaire un même besoin. De même, tout producteur a la possibilité de diversifier ses choix entre divers biens de production.

Enfin, du fait que les marchés nationaux se caractérisent généralement par une certaine dose du monopole (naturel ou de droit), l'effet de concurrence peut améliorer le bien-être collectif. En effet, la théorie microéconomique nous montre que comparativement à la concurrence, le monopole induit un niveau de prix élevé et un niveau de production faible. Il est préjudiciable aux consommateurs et à l'économie dans son ensemble bien qu'il avantage les entreprises. Avec l'ouverture des économies, les défaillances des marchés (pour celles dues aux aspects asymétriques de l'information, voir encadré n°1) qui empêchent des transactions d'être mutuellement bénéfiques tendent à être corrigées. Par exemple, avec l'existence des transactions qui s'inscrivent dans une longue durée, les acheteurs capitalisent de plus en plus de l'information sur les vendeurs car, comme le souligne Laffont (1985), ces derniers transmettent involontairement une partie de leur information privée. De plus, des systèmes d'informations sur le marché ont été mis en place. Leur rôle est non seulement de collecter les informations notamment sur les prix auprès des acteurs du marché. Ces informations sont centralisées, triées et diffusées à travers les médias (radio, journaux, télévision, etc.) le plus rapidement possible.

Encadré n°1: Asymétrie de l'information dans l' échange des produits agricoles en Afrique.

Dans un échange bilatéral entre deux agent (ou deux groupes d'agents), on parle de l'asymétrie de l'information lorsque l'un de ces agents (ou des groupes d'agents) dispose de plus d'information ou d'une information plus complète que l'autre. Dans le cas des marchés agricoles africains, l'asymétrie de l'information ne porte pas seulement sur la qualité des biens mais aussi sur la connaissance des prix des marchés: de petits producteurs isolés ayant un accès restreint à l'information sur les prix moyens sont en situation d'infériorité vis-à-vis des commerçants et grossistes. Un des objectifs des systèmes d'information sur les marchés (SIM) est de limiter les asymétries d'information entre les différents acteurs des filières et les acheteurs.

Lorsque les acheteurs observent imparfaitement la qualité des produits qu'ils désirent acquérir, les vendeurs ont intérêt à surestimer la qualité de leurs produits afin de les vendre au prix le plus élevé possible. Les acheteurs ne peuvent donc ni avoir confiance aux vendeurs ni déduire qu'un prix élevé signifie une bonne qualité. Dans un tel cadre, les vendeurs des biens de qualité qui valent effectivement un prix élevé peuvent être dans l'impossibilité de vendre leurs produits à leur véritable prix dans la mesure où les acheteurs doutent de leur qualité. Le prix n'est plus un parfait signal de la valeur d'un bien puisque pour un même prix, il est possible d'obtenir des biens de qualités différentes. On risque d'aboutir à une situation de moindre efficience, dans laquelle il n'y a pas d'échange effectif, alors qu'en information parfaite, un prix d'équilibre satisfaisant le vendeur et l'acheteur existe.

(Ce texte est extrait de l'analyse économique des filières agricoles en Afrique sub-saharienne, une étude financée en 2000 par la direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID) du Ministère des affaires étrangères de la France).

Au total, sur un point de vue théorique, plusieurs effets vertueux sont attribués à l'intégration économique régionale. C'est en espérant ces vertus que la plupart des schémas de libéralisation des échanges intracommunautaires se sont élaborés. Dans une perspective à la fois historique et exploratoire, le cas précis de l'UEMOA fera l'objet de la section suivante.

2.3. Schéma de libéralisation des échanges dans l'UEMOA.

On peut dire que la zone franc est née en 1939 lorsque les autorités françaises ont déclaré l'inconvertibilité du franc et ont décidé de délimiter un espace géographique à l'intérieur duquel les monnaies resteront convertibles et le change sera contrôlé vis-à-vis de l'extérieur. Cependant, ce n'est qu'en 1945 que les francs coloniaux ont été crées (FCFA, FCFP)9(*). Avec leur accession à l'indépendance, les anciennes colonies françaises ont maintenu cette coopération monétaire dans le cadre de certains accords dont le Traité de l'UMOA de 1962. Il faut signaler que le Mali refusait de ratifier ce Traité tout en décidant de la création de sa propre monnaie (le franc central malien) et il a fallu 1984 pour qu'il rejoigne définitivement l'union. Quant à la Mauritanie, bien qu'elle soit signataire de cet accord, elle a décidé de rompre son adhésion en 1973 et de créer une monnaie nationale (ouguiya).

L'héritage colonial d'une monnaie unique dans les pays de l'UMOA s'est renforcé avec les efforts d'intégration économique dont l'aboutissement actuel est l'UEMOA. A sa naissance officielle lors du Traité signé à Dakar le 10 janvier 1994, cet espace économique regroupait le Bénin, le Burkina, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo (voir carte de l'UEMOA reproduite ci-après). En mai 1997, la Guinée-Bissau, un pays non francophone, a fait son entrée dans l'union. Ainsi, l'UEMOA est aujourd'hui une aire économique et monétaire composée de huit pays. Elle couvre une superficie d'environ 3 509 610 km2. Sa population et son PIB exprimé aux prix constants de 1996 sont estimés respectivement à 78,5 millions d'habitants et à 22184,1 milliards de FCFA en 2004.

Graphique n°1: Carte de l'UEMOA

Source: site Internet: http//www.uemoa.int/index.htm

Les principaux objectifs qui ont été assignés à l'UEMOA, tels qu'ils sont définis par l'article 4 du Traité de 1994, sont de:.

- renforcer la compétitivité des activités économiques et financières des Etats membres dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement juridique rationalisé et harmonisé ;

- assurer la convergence des performances et des politiques économiques des Etats membres par l'institution d'une procédure de surveillance multilatérale ;

- créer entre les Etats membres un marché commun basé sur la libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit d'établissement des personnes exerçant une activité indépendante ou salariée, ainsi que sur un tarif extérieur commun et une politique commerciale commune ;

- instituer une coordination des politiques sectorielles nationales, par la mise en oeuvre d'actions communes et éventuellement de politiques communes notamment dans les domaines suivants : ressources humaines, aménagement du territoire, transports et télécommunications, environnement, agriculture, énergie, industrie et mines ;

- harmoniser, dans la mesure nécessaire au bon fonctionnement du marché commun, les législations des Etats membres et particulièrement le régime de la fiscalité.

Le développement des échanges intracommunautaires constitue le socle sur lequel reposent ces objectifs. Or, jusqu'à récemment, les échanges internes étaient faibles dans l'espace UEMOA. Pour les stimuler, la réponse des instances de l'union est la libéralisation des échanges dont les conditions de réalisation ont été précisées dans l'article 76 du Traité de 1994. Elles consistent en :

- l'élimination, sur les échanges entre les pays membres, des droits de douane, des restrictions quantitatives à l'entrée et à la sortie, des taxes d'effet équivalent et de toutes autres mesures d'effet équivalent susceptibles d'affecter lesdites transactions, sous réserve du respect des règles d'origine de l'Union qui seront précisées par voie de protocole additionnel,

- l'établissement d'un TEC ;

- l'institution de règles communes de concurrence applicables aux entreprises publiques et privées ainsi qu'aux aides publiques ;

- la mise en oeuvre des principes de liberté de circulation des personnes, d'établissement et de prestations de services ainsi que de celui de liberté de mouvements des capitaux requis pour le développement du marché financier régional ;

- l'harmonisation et la reconnaissance mutuelle des normes techniques ainsi que des procédures d'homologation et de certification du contrôle de leur observation.

Ce schéma de libéralisation vise d'abord un plan de convergence d'une durée d'un an et demi avant l'entrée en vigueur du TEC. Depuis le 1er janvier 1996, l'initialisation en a été faite par l'Acte Additionnel 04/1996 exonérant tous les produits de cru des droits d'entrée et de toute autre taxe d'effet équivalent et instituant un abattement de 30% sur certains produits originaires de la zone. En 1997, les réductions tarifaires sur les produits industriels originaires de la zone sont passées à 60% et un calendrier les fixant à 80% puis à 100% respectivement à compter du 1er janvier 1999 et 1er janvier 2000 a été établi. Selon un rapport de la Commission de l'UEMOA sur l'union douanière, ce calendrier a été respecté par tous les Etats membres.

Parallèlement, il a été mis en place un système temporaire de compensations financières de moins-values de recettes douanières que certains Etats auront enregistrées du fait des tarifs préférentiels (article 58 du Traité de l'UEMOA). Suivant ce programme, les pertes dues à l'abandon des droits de douane dans les échanges internes seront compensées à hauteur de :

- 100% pour les années 2000, 2001 et 2002.

- 80% pour l'année 2003.

- 60% pour l'année 2004.

- 30% pour l'année 2005.

Les sommes versées à cette fin durant la période totale du programme (1er juillet 1996-31 décembre 2005) s'élèvent à 126 milliards de FCFA soit 60% du montant total des prélèvements communautaires de solidarité10(*).

S'agissant du TEC, dès son entrée en vigueur le 1er janvier 2000, il a classifié les produits en quatre groupes suivant leur degré de transformation et leur caractère social. La catégorie 0 regroupe les biens sociaux. On y trouve des produits tels que les médicaments et préservatifs, les livres et journaux, les chaises roulantes pour les handicapés, etc. Cette catégorie est exempte de tout droit de douane11(*). La catégorie1 inclut les biens de première nécessité (céréales par exemple), les matières premières de base, les biens d'équipements et certains intrants spécifiques. Ces biens sont taxés à hauteur de 5%. Les autres intrants ainsi que les biens intermédiaires sont classés dans la catégorie 2 où une taxe de 10% s'applique. Enfin, la catégorie 3 englobe tous les biens de consommation finale et les autres produits non cités dans les catégories précédentes. Une taxe de 20% est prévue pour cette dernière catégorie.

Le TEC prévoit également des taxes à caractère temporaire. Il s'agit de la Taxe Dégressive de Protection (TDP) et de la Taxe Conjoncturelle à l'Importation (TCI). La TDP est perçue au niveau national sur les produits importés des pays tiers. Ses taux initiaux étaient de 20% et 10% selon les produits en 1999 et ont été revus à la baisse. Ils ont été fixés à 5% et 2,5% en 2002, dernière année de son application. Ces taux ont été maintenus en 2003 puis prorogés jusqu'au 31 décembre 2006. A partir de cette date, la mise en place d'un autre système de protection des unités de production domestiques est prévue. Destinée à lutter contre les variations erratiques des prix mondiaux dues par exemple aux effets de dumping ou des subventions à l'exportation, la TCI n'est applicable que sur les produits de l'agriculture, de l'agro-industrie, de l'élevage et de la pêche importés des pays tiers.. Elle vise donc à améliorer la compétitivité des producteurs primaires c'est-à-dire leur aptitude à faire face à la concurrence.

En outre, en vue d'assurer un développement équilibré, les pays de l'UEMOA se sont engagés dans des politiques sectorielles dont l'objectif ultime est l'émergence des entreprises performantes aptes à satisfaire la demande intérieure à des conditions compétitives, à affronter la concurrence internationale et à impulser le progrès social. Ces politiques concernent des domaines aussi divers que l'industrie, les mines, l'artisanat, les transports, l'agriculture, l'énergie et l'aménagement du territoire communautaire. La mise en oeuvre de ces mesures se fait progressivement en concertation avec les Etats membres.

On peut dire que le schéma de libéralisation des économies de l'espace UEMOA constitue ou est censé constituer un cadre propice pour le renforcement des liens économiques plus dynamiques et plus compétitifs à la lumière des éléments théoriques évoqués. Toutefois, compte tenu des hypothèses très scolaires sur la base desquelles ces théories ont été élaborées, il convient de se référer aux travaux empiriques traitant des aspects spécifiques des échanges dans l'UEMOA. Cela aura l'intérêt non seulement de permettre d'avoir une image réelle des ces échanges (atouts et faiblesses) mais aussi d'identifier les principales méthodes qui ont été utilisées.

3. REVUE DE LA LITTERATURE

Cette revue de littérature est consacrée d'abord aux études empiriques traitant des problèmes spécifiques des échanges céréaliers (I) tout en mettant un accent particulier sur celles qui concernent les pays de l'UEMOA. Ce qui nous permettra ensuite d'identifier et de présenter les principales méthodes d'estimation utilisées dans le cadre de ces travaux.(II).

3.1. Survol des travaux empiriques

La littérature empirique au sujet de l'intégration des marchés en général et celle des marchés céréaliers en particulier est assez dense. Le problème est abordé sous plusieurs approches allant des tests de corrélations simples aux modèles à seuil en passant par les modèles de gravité et la théorie de la co-intégration.12(*).

Ainsi, des recherches récentes au sujet de l'incidence des effets frontières et du degré d'intégration ou de fragmentation des économies ont utilisé des modèles de gravité. Elles ont débouché sur des résultats empiriques fort concluants. Dans leur quasi-totalité, ces travaux établissent que les frontières exercent des effets négatifs sur les liens économiques internationaux. Un vaste ensemble de facteurs pourrait expliquer ces résultats dont notamment l'utilisation des monnaies différentes, les coûts des transactions transfrontalières et les barrières commerciales (réglementaires ou non).

En 1995, s'intéressant aux échanges des provinces canadiennes avec les Etats américains, McCallum a obtenu des résultats qui ont étonné beaucoup d'autres chercheurs. Il a abouti à la conclusion que les échanges entre les provinces canadiennes sont 22 fois plus étroits que les échanges entre ces mêmes provinces et les Etats Américains. En réponse aux critiques sur la non prise en compte des effets de la taille (P.I.B et population) et de l'éloignement, il a donné l'exemple célèbre de l'Etat de Californie (Etats-Unis) et de la province de Colombie-Britannique (Canada). Selon lui, bien que ces deux régions soient à peu près équidistantes d'Ontario (une autre province canadienne) et que la Californie ait une population et un PIB d'environ dix fois supérieurs à ceux de la Colombie-Britannique, Ontario entretient avec cette dernière des échanges dont l'intensité est plus de deux fois supérieure à celle des échanges qu'il entretient avec la Californie. Toutefois, selon la Revue de la Banque du Canada (Printemps, 2005), des travaux plus récents prenant en compte, d'une part, les effets de la taille et de l'éloignement des localités et, d'autre part, l'accord de libre-échange entre les provinces canadiennes et les Etats-Unis (ALE), ont abouti à des résultats moins prononcés. Toujours s'agissant des échanges commerciaux entre ces mêmes régions, Engel et Rogers (1996) ont étudié l'intégration des marchés de quatorze catégories des biens et services à partir des données mensuelles sur l'indice des prix à la consommation couvrant la période 1978-1994. Ils ont mis en évidence que les prix des villes canadiennes évoluent de façon quasiment indépendante de ceux des Etats américains. Ce qui fait dire à certains auteurs que le processus de mondialisation n'est pas si accéléré qu'on le croit.

Il convient de souligner, avec les travaux de Helliwell (1998) employant une version multilatérale des modèles de gravité, que les incidences des effets frontières s'accroissent quand on introduit des pays sous-développés dans l'étude. De ce fait, certains pensent que les accords de libre-échange entre pays développés et les pays en voie de développement à l'image de l'ALENA13(*) ne sont qu'une forme de l'échange inégal. Guèye (2006) en évoque quelques-unes des raisons en ces termes : « l'impact du commerce international sur les petits producteurs africains a été dramatique au cours des 10 dernières années. Les problèmes découlent en grande partie de la violation des règles du commerce par les pays européens et les Etats-Unis dont les subventions accordées à leurs producteurs rendent les produits agricoles africains non compétitifs ».

En ce qui concerne les pays de l'UEMOA, des études récentes utilisant des techniques des séries temporelles insistent sur le rôle majeur des coûts des transactions comme freins au développement du commerce intra-régional.. Ces coûts se situent principalement à deux niveaux. Ils sont, en premier lieu, imputables à une facture de transport très élevée à cause notamment de l'insuffisance et du mauvais état des infrastructures routières, de l'envolée des coûts du carburant et de l'éloignement des marchés. En second lieu, les "intermédiaires non fonctionnels" qui, selon Honfoga et al. (2005), se caractérisent par des prélèvements illicites en nature et en espèces aux multiples postes sur les trajets et l'immobilisation prolongée des véhicules due aux contrôles excessifs et lents surtout aux frontières, sont aussi évoqués. Dans le contexte ivoirien par exemple, Zéhia et al. (1997) et Aka (2001) ont même souligné que la part des coûts des transactions due aux intermédiaires non fonctionnels est énorme. Ils sont, par exemple, en moyenne de 30,4 FCFA par kilomètre sur les quelque1400 kilomètres qui séparent Abidjan et Niamey (Honfoga et al., 2005).. Ces mêmes auteurs ont constaté que dans le cas des pays de la SADAOC14(*), les études empiriques accusent souvent à tort les coûts de transport. Pour eux, l'importance des coûts tient, d'une part, à un manque de transparence des marchés qui conduit à des comportements opportunistes et, d'autre part, aux intermédiaires non fonctionnels qui occasionnent indûment de faux frais, gonflant les coûts de commercialisation et corrélativement les prix à la consommation. L'évolution de la part de coûts de transport dans les coûts de commercialisation des céréales dans la SADAOC, est reportée dans le tableau ci-dessus.

Tableau n°2 : Part moyenne de transport (%) dans les coûts de commercialisation des céréales dans la SADAOC de 1995 à 2000.

Produits

Burkina

Mali

Ghana

Togo

SADAOC (Côte d'Ivoire exclue)

Riz

42,3

19,6

23,3

11,2

24,1

Maïs

54,4

17,6

18,8

36,5

31,8

Mil

58,8

18,4

32

5,5

28,7

Sorgho

64,2

20,6

 

14,8

33,2

Céréales

54,9

19,1

24,7

17

29,5

Source :Honfoga et al. (2005), p.14.

On constate, à partir de ce tableau, les coûts de transport ne prennent pas en général la plus large part des coûts de transaction des céréales. Cela peut aussi être imputable à la détention des céréales sèches par certains commerçants à des fins spéculatives plutôt qu'arbitragistes. L'efficacité des systèmes d'information sur les marchés (SIM) a cependant été signalée notamment pour le cas du Burkina. Ce qui pourrait dissuader certains commerçants de profiter de l'asymétrie de l'information existant entre eux et les consommateurs pour adopter des comportements opportunistes notamment en exigeant des marges commerciales excessives tout en se drapant derrière les coûts de transport.

L'importance de différents coûts (transports ou faux frais) est telle que certains arbitrages inter-marchés ne sont pas possibles En effet, si les coûts des transactions excèdent le différentiel des prix entre les marchés, les échanges sont du coup bloqués car les commerçants ne gagneraient rien à opérer. Néanmoins, certains auteurs mentionnent que depuis la libéralisation des marchés céréaliers dans les pays membres du CILSS (Comité permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse au Sahel) et des échanges dans les pays de l'UEMOA et de la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), les opérateurs privés du secteur céréalier ont réussi à accroître les échanges dans ces sous-ensembles. Le rapport final du CILSS (2002) a indiqué des résultats importants en termes d'interconnexion des marchés céréaliers entre le Burkina, le Mali et le Niger. Ce dernier, qui d'ordinaire importe des céréales pour couvrir ses besoins alimentaires y compris pendant les années de bonne production vivrière, pourrait ainsi facilement s'approvisionner au Mali ou au Burkina. Selon ce même rapport, il existe un marché céréalier régional qui se construit progressivement et qui va bien au-delà de la logique pays déficitaires-pays excédentaires.

Une étude réalisée par la direction générale des affaires économiques du Bénin a révélé que la mise en place du TEC a entraîné une amplification des échanges du pays avec ses pairs de l'UEMOA. Les importations béninoises en provenance des autres pays de l'union sont passées de 40,3 milliards de FCFA en 1999 (un an avant la reforme) à 49,6 milliards en 2000 puis à 59,9 milliards en 2001 avec des taux d'accroissement annuels respectifs de 23% et 21%. Les exportations ont cependant connu une baisse assez considérable. Elles sont passées de 7541,1 millions de FCFA en 1999 à 7184,2 millions en 2000. Ces résultats ne font qu'entériner ceux obtenus par Adegbid et al. (2003) en se servant des modèles vectoriels à correction d'erreurs pour analyser l'échange céréalier. Ces résultats vont également de pair avec les recommandations de Lutz (1994) dans son étude sur le fonctionnement du marché du maïs au Bénin.

Dans une étude portant sur l'impact de l'offre locale de produits vivriers sur les prix dans l'UEMOA, Diallo (2003) a quant à lui observé que le secteur vivrier de la sous-région est cloisonné en deux compartiments.. Le premier englobe les marchés des pays sahéliens. Dans ce compartiment, tout choc affectant ce sous-secteur risque de dévier l'inflation de son sentier de long terme. Composé des pays côtiers, le second compartiment présente une caractéristique inverse. Les échanges entre ces deux compartiments sont cependant possibles du fait que les prix des produits vivriers sont relativement plus élevés dans les pays sahéliens que dans les pays côtiers.

Dans certains pays, c'est plutôt les déficits céréaliers chroniques et la faiblesse de revenus ruraux qui sont la cause première de la faiblesse des échanges céréaliers en favorisant les cultures destinées à l'autoconsommation. Par exemple au Niger, pendant la décennie 1992-2001, sur les 10 campagnes agricoles, 7 ont été déficitaires (Aboubacar, 2003) alors que, selon le document de la stratégie de la lutte contre la pauvreté (DSRP), 63% de la population vivent en deçà du seuil de la pauvreté.

Constatant certaines limites des modèles linéaires, Catherine et al. (2005) ont utilisé un modèle à effets de seuil pour étudier l'impact de la dévaluation du FCFA de 1994 sur le commerce du bétail au Burkina. Ces auteurs ont abouti à la conclusion que cet ajustement monétaire a conduit à une réduction des coûts des transactions et corrélativement à une amélioration du niveau d'intégration des marchés.

Grosso modo, le commerce céréalier dans les pays de l'UEMOA a fait l'objet d'une littérature empirique assez abondante. De ce bref aperçu, il ressort que plusieurs facteurs, les uns activant ou amortissant les autres, jouent un rôle déterminant dans l'intégration ou la fragmentation des marchés. L'importance des coûts de transactions et des intermédiaires non fonctionnels a été particulièrement soulignée.. Celle-ci tient principalement à la faiblesse des infrastructures routières, du système d'information sur les prix et au non respect des règles communes. Dans la section suivante, nous nous proposons de passer en revue les principales méthodes d'estimation qui ont été utilisées dans l'élaboration de ces travaux

3.2. Présentation des principales méthodes d'estimation

Les principales méthodes utilisées dans le cadre des recherches empiriques sur le commerce céréalier dans les pays de l'UEMOA sont : le modèle de gravité, la théorie de la co-intégration et les modèles linéaires à effets de seuil. Le cadre théorique ainsi que les avantages et inconvénients de chacune de ces principales méthodes seront tour à tour exposés dans cette section afin de choisir un modèle qui puisse s'ajuster au mieux à nos données.

3.2.1. Modèles de gravité

L'origine du modèle de gravité remonte au phénomène d'attraction terrestre de la physique newtonienne. Le modèle gravitationnel de Newton stipule que l'attraction entre deux corps est directement proportionnelle aux masses de ces deux corps et inversement proportionnelle à leur éloignement.

En économie, l'utilisation de ce type de modélisation trouve ses racines dans l'intuition de Tinbergen (1961) à assimiler le phénomène physique d'attraction entre deux corps à l'intensité des échanges commerciaux entre deux pays. Il assimile également les masses de deux corps aux PIB de deux pays et l'éloignement de deux corps à la distance qui sépare deux pays.. Ainsi, en considérant deux pays i et j, nous pouvons écrire : avec, et. désigne les flux des exportations du pays i vers le pays j à la date t. (respectivement ) représente le PIB du pays i (respectivement du pays j) à la date t. est la distance qui sépare les deux pays.

Le problème qui se pose est le choix de la forme fonctionnelle de f. Il est souvent utilisé la spécification simple suivante : (1) où a, b et c sont des paramètres à estimer et K est une constante strictement positive. La forme logarithmique de (1) s `écrit : (2). Un signe théorique positif est attendu de tous les paramètres a, b et c.

Les travaux empiriques utilisant cette forme simple aboutissent à des résultats remarquables (Luo, 2001). Néanmoins, il convient de reconnaître que le modèle est d'une simplification assez abusive en ce sens qu'il néglige plusieurs facteurs susceptibles d'influer sur les échanges internationaux. Parmi ces facteurs, on distingue principalement l'usage des monnaies différentes, les habitudes commerciales, l'état des infrastructures routières, l'imperfection de l'information, la taille de la population, etc.

Pour corriger cette faiblesse, certains travaux utilisent un vecteur plus large des variables explicatives en remplaçant les variables et par les vecteurs ???et ???représentant respectivement les caractéristiques des pays i et j. Ces vecteurs peuvent par exemple contenir des variables telles que l'influence de la qualité des infrastructures sur les coûts de transport (Limao et Venables, 2000) ou l'effet de l'importance des ces coûts de transport sur les échanges (Obstfeld et Rogoff, 2000). On peut ainsi réécrire (2) de la manière suivante :  (3). Dans cette dernière relation, les sont les m composantes du vecteur ?? et les sont les n composantes du vecteur ??.? L'équation (3) est souvent estimée par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO).

Les modèles de gravité présentent l'avantage de donner de bonnes estimations et d'être simples. Mais, à côté de ces avantages, ils présentent tout aussi des limites. On en distingue deux principalement.. La première se rapporte à la mesure de la distance. La plupart des études qui utilisent les modèles de gravité se servent de la distance à vol d'oiseau entre les capitales des pays partenaires, pour approximer la distance qui sépare ces derniers. Or cette distance est une mesure biaisée car elle ne correspond pas au trajet réel (voie maritime ou terrestre) par lequel les marchandises sont transportées. Ce qui risque de faire perdre certaines informations utiles comme différence de coûts selon la voie maritime ou terrestre, état des routes ou des obstacles naturels dus à des facteurs géodésiques. Par exemple, pour une distance identique, le coût unitaire de transport est en général plus faible sur la voie maritime comparativement à la voie terrestre ou ferroviaire. La seconde limite principale réside dans le fait que rien ne garantit l'absence des corrélations fallacieuses dues par exemple à la non prise en compte des variables pertinentes.

Face à ces problèmes majeurs et avec le développement des techniques de l'économétrie des séries temporelles, le recours à la théorie de la co-intégration devient de plus en plus fréquent.

3.2.2. Méthode de Co-intégration

La stationnarité du second ordre (constance dans le temps des moments des premier et second ordres) est l'hypothèse fondamentale qui régit l'économétrie traditionnelle héritée de l'approche de Box et Jenkins. Dans la réalité, nombreuses sont les séries dont les moments empiriques ne convergent pas vers des constantes mais plutôt vers des variables aléatoires du fait de la présence des racines unitaires et/ou tendances stochastiques et/ou déterministes15(*).

Les variables présentant ces effets perturbateurs ne se prêtent pas aux modélisations à la Box-Jenkins au risque d'assister à des «spurious regressions» pour reprendre l'expression par laquelle Granger et Newbold (1974) ont désigné les régressions fallacieuses (relations entre les tendances et non entre les variables).

A partir des travaux précurseurs de Granger (1980 et 1981), il est désormais possible d'éviter ces corrélations fortuites en trouvant des transformations stationnaires des chroniques. C'est ainsi, il est d'usage d'appliquer aux séries des filtres aux différences pour déterminer leur ordre d'intégration et étudier leur liaison éventuelle au moyen de la théorie de la co-intégration.

Une série est dite intégrée d'ordre d () s'il est nécessaire de la différencier d fois pour la rendre stationnaire. Le cas des séries I(1) est particulièrement intéressant dans la mesure où la plupart des grandeurs macroéconomiques et financières possèdent cette propreté.

Pour deux séries () et () respectivement et , , la combinaison linéaire + est intégrée d'ordre .Si et que l'inégalité précédente est stricte, on dit que les séries () et () sont co-intégrées. Concrètement, cela signifie que même si ces séries ont des évolutions divergentes à court terme, elles se caractérisent par une tendance commune de long terme.

La définition précédente de la co-intégration se généralise. Soit un vecteur aléatoire colonne ayant n composantes. Les composantes de sont dites co-intégrées d'ordre ( avec) si  elles sont toutes et qu' désigne la transposée du vecteur . est appelé vecteur co-intégrant ou vecteur de co-intégration. Le nombre des vecteurs co-intégrants est au plus égal à n-1. Si de plus, r () vecteurs co-intégrants linéairement indépendants, on dit que est co-intégré de rang r.

Selon Bresson et Pirotte (1995), l'éventuelle pluralité des vecteurs co-intégrants traduit le fait qu'il peut y avoir plusieurs relations d'équilibre qui gouvernent l'évolution des comportements des variables. Le nombre de ces relations est appelé rang de co-intégration du vecteur. Il correspond au rang de la matrice A =de format à laquelle on donne le nom de matrice de co-intégration du vecteur.

Statistiquement, l'existence d'éventuelles relations de co-intégration entre un ensemble des variables est testée à l'aide de certains procédés. Les plus utilisés dans l'étude de l'intégration des marchés sont la méthode d'Engle et Granger (1987) et l'approche multivariée de Johansen (1988).

Considérons deux variables aléatoires et intégrées d'ordre 1. Supposons, à travers un test de causalité ou en se basant sur une théorie, que soit la variable à expliquer. La procédure d'Engle et Granger consiste à estimer par les MCO la relation (relation de long terme) et à récupérer le résidu. On applique un test de stationnarité sur cette série des résidus de la relation de long terme. Les deux séries ne sont co-intégrées que si ces résidus sont stationnaires16(*).

L'approche d'Engle et Granger a l'inconvénient de ne s'appliquer qu'au cas d'une seule relation de co-intégration et qu'à des séries intégrées d'ordre 1. Pour un ensemble large des variables, il peut exister plusieurs relations de co-intégration dont la connaissance est utile particulièrement dans l'étude de l'intégration des marchés. Pour cette raison, il est fréquent de recourir à l'approche multivariée de Johansen. Pour présenter la démarche de ce test, plaçons-nous dans le cas des séries I (1). Considérons un vecteur aléatoire à n composantes ayant toutes la propriété. Ce processus admet une représentation s'il peut s'écrire sous la forme suivante: . Dans cette écriture, est le vecteur des exogènes (supposées stationnaires) du nombre desquelles peuvent éventuellement figurer des variables binaires; , est une matrice carrée d'ordre n; est un vecteur d'impulsions et c est le vecteur des constantes. Sous forme d'un modèle vectoriel à correction d'erreurs (VECM), l'équation précédente s'écrit:: (5) où désigne l'opérateur différence première et ,avec matrice unité d'ordre n.

Remarquons que le premier membre de (5) est stationnaire puisque toutes les composantes du vecteur sont par hypothèse. De même, en dehors de qui est, toutes les variables figurant dans le second membre sont stationnaires. Pour qu'il n'y ait pas déséquilibre entre les deux membres, il faudrait donc nécessairement quesoit stationnaire c'est-à-dire que . La matrice , jouant le rôle de matrice A définie ci-dessus, capte la dynamique de long terme et les matrices captent la dynamique de court terme.

Le principe du test multivarié de Johansen est finalement de déterminer le rang de la matrice ou le nombre de ses valeurs propres non nulles distinctes qui désigne le nombre de relations de co-intégration. Ainsi, à partir des valeurs propres de cette matrice, on construit la statistique suivante: où N est le nombre total d'observations, r est le nombre des relations de co-intégration à tester, est l'estimation de la valeur propre maximale. Appelée statistique de trace, suit une loi de probabilité tabulée par Johansen et Juselius (1990).

En pratique, le test se fait de façon séquentielle. On teste d'abord contre : (test de l'absence de co-intégration contre l'existence d'au moins une relation de co-intégration). Si est acceptée, alors la procédure s'arrête et on conclut qu'il n'y a aucune relation de co-intégration. Sinon, à l'étape suivante, on teste contre (test de l'existence d'une seule relation de co-intégration contre l'existe d'au moins deux relations). Si est acceptée, la procédure s'arrête et la conclusion est qu'il existe une seule relation de co-intégration. Sinon, on continue. Ainsi de suite, jusqu'au premier rejet de..

En somme, l'utilisation de la méthode de co-intégration dans l'analyse de l'intégration des marchés présente principalement trois intérêts. Le premier est qu'elle s'applique aussi bien à des séries des prix qu'à des séries de quantités contrairement aux modèles de gravité. Le deuxième intérêt de cette méthode est de tenir compte et de corriger les problèmes de non stationnarité des séries. Ce qui permet d'éviter des corrélations artificielles. Enfin, la méthode de co-intégration présente l'intérêt de prendre en compte la dynamique de transmission des chocs en distinguant les effets de court terme de ceux de long terme. Toutefois, l'approche se heurte à quelques limites. Premièrement, elle est implicitement basée sur l'hypothèse de la stationnarité des coûts de transactions qui, en général, ne sont pas connus. Or, il est probable que cette hypothèse ne soit pas vérifiée. Dans ce cas, la similarité de mouvements des prix de certains marchés n'implique pas nécessairement l'intégration de ces marchés et vice versa. Ainsi co-intégration des prix n'est ni une condition nécessaire ni suffisante pour l'intégration des marchés. Pour (Adegbidi et al., 2003), cela tient au fait que l'intégration économique est un concept multidimensionnel englobant même les habitudes commerciales et la standardisation des mesures. Deuxièmement, cette méthode ne prend pas en compte le changement de régime (intégré ou fragmenté) dus à des effets de seuil (nous y reviendrons dans la section suivante). Enfin, on reproche à la méthode de co-intégration le fait de ne pouvoir capter que des relations linéaires. Elle est donc sujette à des erreurs de spécification. Ces limites ont conduit à un regain d'intérêt dans l'analyse de l'intégration des marchés avec le développement des modèles dits à effets de seuil.

3.2.3. Modèles à effets de seuil

Les modèles à effets de seuil sont des prolongements des modèles auto-régressifs linéaires. Ils permettent de mettre en évidence l'existence des ruptures de grandes ampleurs dans l'évolution des chroniques. Dans les études de l'intégration des marchés, ils sont utilisés pour tenir compte de la non stationnarité des coûts de transports. Les formes les plus répandues sont les modèles SETAR (Self-Exciting Threshold AutoRegressive ou modèles à transmission brutale) et les modèles STAR (Smooth Transition AutoRegressive ou modèles à transmission douce)17(*).

3.2.3.1. Modèles SETAR

Les jalons de ce type de modélisations remontent aux travaux de Tong (1977a, 1977b, 1978 et 1980). Mais , il a fallu 1980 avec les travaux conjoints de Tong et Lim pour qu'une véritable formalisation en soit proposée. Les modèles SETAR se fondent sur l'idée qu'une relation peut être linéaire sur des sous-périodes sans qu'elle ne le soit sur la période globale. L'exemple de Caner et Hansen (2001), selon lequel un processus peut suivre une marche aléatoire dans la zone centrale et avoir un comportement stable dans les zones extrêmes, en est assez illustratif.

D'une manière générale, l'écriture sous forme SETAR d'un processus est la suivante :

est le vecteur des variables explicatives. Il contient des valeurs retardées de l'endogène et d'autres variables. On peut ainsi noter où les (i = 1, 2, ...,p) sont les valeurs retardées de la variable à expliquer et les sont des variables explicatives autres que les valeurs retardées de l'endogène. . Les sont des bruits blancs. non corrélés et les sont des vecteurs colonnes à coefficients réels., on a:, certains de ces coefficients pouvant éventuellement être nuls. désignent les constantes du modèles et la transposée du vecteur , . Les   () sont les paramètres de seuil et la variable de transition.

Il existe une version simplifiée de ces modèles qui n'introduit que les valeurs retardées de l'endogène comme variables explicatives. Dans ce cas, on dit qu'un processus suit un modèle lorsqu'il peut s'écrire sous la forme:

Tout comme précédemment, lessont des bruits blancs indépendants. Les sont des valeurs retardées de la variable et sont des paramètres réels. Le système ci-dessus indique qu'il y a plusieurs phases (régimes) dans l'évolution du processus . Le paramètre désigne le nombre de ces régimes Chaque régime est défini par un modèle auto-régressif linéaire (AR) à un certain ordre. Par exemple la équation du système montre que le régime n est caractérisé par . Le passage d'un régime à un autre dépend des paramètres de seuil,   () et de la valeur de la variable de transition,. ou variable de seuil. On entend par variable de transition le processus qui déclenche le passage d'un régime à un autre. est le délai du déclenchement de ce processus.

Si, , le modèlese ramène à un cas particulier connu sous le nom des modèles TAR (Threshold AutoRegressive ou modèles auto-régressifs à seuil) d'ordre p à k régimes. Si de plus k=1, on obtient un modèle auto-régressif usuel d'ordre p, AR(p).

La modélisation SETAR suppose que la transmission est brutale .Mais, en réalité, il existe des phénomènes cycliques dans lesquels le passage d'un régime à l'autre ne se fait pas brutalement. Ce qui a conduit au développement des modèles STAR.

3.2.3.2. Modèles STAR

La forme générale des modèles STAR est semblable à celle des modèles TAR à deux régimes. Cependant, il existe principalement deux dissemblances entre les deux. La première est que la modélisation STAR utilise non pas une variable de transition mais plutôt une fonction de celle-ci. La seconde dissemblance entre ces deux types de modélisation vient du fait que, contrairement aux modèles TAR dont le passage d'un régime à un autre est brutal, le mode de transition des modèles STAR est « douce ».

Formellement, l'écriture d'un processus sous une forme STAR d'ordre p est la suivante: . Où, et sont des constantes, , , . F est la fonction de transition.

F est une fonction bornée par 0 et 1. On retient souvent les deux formes suivantes proposées par Terasvirta et Anderson (1992): et avec .

est une fonction logistique. Pour cette raison les modèles STAR qui l'utilisent sont appelés modèles STAR logistiques (LSTAR).Selon Bresson et Pirotte (op.cit), ce type de modèles décrit une situation où les phases de contraction et d'expansion du cycle d'affaires peuvent avoir des dynamiques différentes mais la transition entre les deux phases n'est pas brutale. Remarquons que quand , devient une fonction en escaliers et on a:

Dans ce cas, on retrouve la forme . Si , . On se ramène alors à un usuel.

est une forme exponentielle et les modèles STAR qui l'utilisent s'appellent modèles STAR exponentiels (ESTAR). Ils sont généralement utilisés pour modéliser des processus dont l'évolution est caractérisée par des phases semblables mais d'intensités différentes. Quand , les deviennent des modèles auto-régressifs linéaires.

3.2.3.3. Estimation des modèles à effets de seuil

Le principal problème qu'on rencontre dans l'estimation des modèles à effets de seuil est le choix de la variable de transition et de ses valeurs seuils.. Selon Tong (1990) et Craner et Hansen (2001), cette variable ne doit pas être une des variables explicatives. Cependant, se basant sur des raisonnements thématiques (en s'inspirant de la théorie économique par exemple) ou sur des tests statistiques, certains travaux choisissent une des variables explicatives comme étant la variable de seuil.

Statistiquement, le choix de la variable de transition se fait au moyen des tests de linéarité18(*) notamment le test de Tsay (1989). Le principe du test de Tsay est de savoir si un modèle SETAR ou STAR est plus adéquat qu'un modèle auto-régressif linéaire au vu des données observées. L'idée est donc de détecter d'éventuelles périodes de ruptures On l'applique sur les valeurs retardées de l'endogène dans l'objectif de choisir la variable pour laquelle la rupture est la plus prononcée. Le nombre de retards d correspondant est le délai de transition. Ce test revient donc à déterminer le paramètre d.

Pour décrire la procédure du test, nous allons considérer un à deux régimes. Sous l'hypothèse de linéarité, l'évolution de ce processus est gouvernée par une seule dynamique décrite par l'écriture AR(p) suivante: On teste donc l'hypothèse contre

Tester équivaut à tester . Le test s'exécute en quatre étapes. A la première étape, on estime par les MCO le modèle AR(p) et on se donne un ensemble des valeurs que peut prendre le paramètre d.. A la deuxième étape, pour chaque valeur du paramètre d, on ordonne les observation selon les valeurs croissantes de la variable de seuil correspondante; On obtient ainsi deux régimes, le premier est associé aux r premières observations et le second aux autres observations. On estime de façon récursive tous les modèles correspondant aux différentes valeurs de d. Ce qui permet de déterminer la statistique Q de Tsay définie par: où T est le nombre total d'observations, k est le nombre d'observations utilisées pour initialiser les estimations récursives (Tsay conseille de prendre), sont les résidus normalisés, sont les résidus de la régressions de sur les variables explicatives (y compris la constante). Sous , . Si est acceptée alors le modèle TAR est rejeté. Sinon, on retient comme valeur de d celle qui maximise Q(p) ou, ce qui revient au même, qui minimise la probabilité associée à cette statistique. La troisième étape consiste à déterminer la valeur seuil à travers une analyse graphique en portant en abscisses les valeurs ordonnées de la variable de seuil et en ordonnées les t de Student des coefficients auto-régressifs estimés récursivement. La valeur seuil correspond à la première rupture observée. Une fois cette valeur déterminée, à la dernière étape, on estime le modèle TAR par les MCO.

Les modèles à effets de seuil présentent quelques avantages dans l'analyse de l'intégration spatiale des marchés. Ils permettent non seulement de prendre en compte la non stationnarité des coûts de transactions (un des éléments saillants de l'arbitrage spatial) mais aussi la non linéarité dans le processus d'intégration qui peut être imputable à d'éventuels évènements majeurs.

Les principaux inconvénients de ces modèles résident dans la complexité de leurs méthodes d'estimation. De plus, la méthode de Tsay, qui semble la plus simple relativement, est beaucoup critiquée du fait notamment de l'utilisation de l'analyse graphique. En effet, le graphique de bon nombre de séries ne se présentant pas sous une forme assez lisible, cette méthode n'est qu'approximative. De ce fait, malgré leurs bonnes propriétés, on leur préfère souvent les modèles vectoriels à correction d'erreurs.

Au total, la littérature empirique appréhende le problème spécifique du commerce transfrontalier des céréales dans l'espace UEMOA sous divers aspects dont les pivots sont les coûts de transports, la mauvaise qualité des infrastructures routières et le non respect des règles communes. Au chapitre suivant, nous essaierons, ces différents facteurs aidant, de spécifier un modèle en tenant compte des données disponibles et des principales méthodes d'estimation utilisées dans les travaux antérieurs.

4. PRESENTATION ET MISE EN OEUVRE DE LA METHODE D'ESTIMATION

Dans ce chapitre, nous commencerons par présenter les données ainsi que les notations qui seront utilisées (II) avant de spécifier et de mettre en oeuvre la méthode d'estimation (II).

4.1. Données et notations

Après avoir présenté les données et leurs sources, il sera fait un inventaire des variables.

4.1.1. Données et leurs sources

Les céréales concernées par cette étude sont le maïs, le mil, le riz importé, le riz local et le sorgho. Pour chacune d'entre elles, nous disposons des données mensuelles des prix moyens au kilogramme de principales agglomérations (capitales politiques ou économiques) de chacun des sept pays de l'UEMOA (la Guinée-Bissau exclue). Ces données couvrent la période allant de janvier 1998 à décembre 2005 soit 96 observations. Le choix de ces cinq céréales tient compte à la fois du fait que les pays concernés par l'étude les commercialisent et de la disponibilité des données. Pour le maïs et le mil, les données de tous les pays sont disponibles soit donc sept marchés à étudier pour chacune de ces céréales. En ce qui concerne le riz, les données du Mali, Niger et Burkina se calculent sans aucune distinction entre riz local et riz importé. De ce fait, ces trois pays sont exclus de l'étude du riz. Enfin, il semble que la Côte d'Ivoire et le Sénégal ne suivent pas les données des prix moyens du sorgho.

Par ailleurs, nous disposons des données sur les indices de coûts de transport de tous les pays concernés ainsi que sur le cours international du riz . Ces données ont également une fréquence mensuelle et couvrent la même période que les prix des céréales.

Quant au choix des prix des capitales politiques ou économiques des pays concernés, il se fonde sur l'idée que les principales agglomérations sont généralement des points d'attraction de divers acteurs des marchés nationaux. En plus, compte tenu du mauvais état des infrastructures routières ces centres se présentent souvent comme des points de passage obligé. De ce fait, les prix qui s'y forment sont censés converger vers la moyenne nationale et donc être représentatifs.

La Guinée-Bissau a été exclue de l'étude, du fait de la fréquence des données manquantes pour certaines céréales et de l'indisponibilité totale d'observations pour certaines d'autres. A titre d'exemple, pour les riz importé et local, nous ne disposons que de quatre observations concernant ce pays et pour le maïs, nous n'en disposons d'aucune.

Disponibles à AFRISTAT, ces données proviennent des organismes de Statistique des pays concernés: Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) pour le Bénin, Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) pour le Burkina, Institut National de la Statistique (INS) pour la Côte d'Ivoire et le Niger, Direction Nationale de la Statistique et de l'Informatique (DNSI) pour le Mali, Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) pour le Sénégal et la Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (DGSCN) pour le Togo. Les statistiques du transport du Mali proviennent du ministère de l'équipement et des transports plus précisément de la direction nationale des transports terrestres , maritimes et fluviaux. Les prix internationaux du riz proviennent des relevés de la Banque Mondiale. Il s'agit en fait des prix à l'exportation FAB (franco à bord qui désigne le prix d'un produit à la frontière du pays exportateur) à Bangkok du riz thaïlandais A1 spécial.

4.1.2. Inventaire des variables

Les procédures adoptées pour les notations de différentes variables consistent à faire correspondre un chiffre à chacune des céréales concernées par l'étude (voir tableau ci-dessous). La série de prix moyen de chaque céréale de la principale agglomération d'un pays quelconque de l'UEMOA sera notée en faisant suivre les deux premières lettres du nom du pays par le chiffre correspondant à la céréale. Par exemple la série de prix moyen de sorgho du Sénégal sera notée SE5, celle de prix moyen du mil de la Côte d'Ivoire CO2 et celle du maïs du Bénin BE1. L' indice des coûts de transport de chaque pays sera noté en faisant précéder les deux premières lettres du nom du pays par un T. Par exemple, la série des indices des coûts de transport du Niger sera notée TNI. La série du prix international du riz sera simplement notée COURS.

Céréale

Maïs

Mil

Riz importé

Riz local

Sorgho

Chiffe correspondant

1

2

3

4

5

Par ailleurs, les variables binaires suivantes seront utilisées:

- IVOIRIENNE pour capter l'incidence de la crise ivoirienne

- CONVERGE et STABILITE pour évaluer respectivement l'impact de la première phase (plan de convergence) et la seconde phase (pacte de stabilité) du tarif extérieur commun (TEC).

- COMPENSE qui désigne le système de compensations financières de moins-values mis en oeuvre par les autorités de l'UEMOA pour aider les pays qui souffrent de leur appartenance à l'union à développer leur industrie.

- SECTORIEL pour évaluer les politiques sectorielles communes pour lesquelles ont opté les pays de la zone.

Chacune des indicatrices introduites pour une mesure à caractère permanent prend la valeur 0 avant la mise en oeuvre de cette politique et 1 à partir de la date de sa mise en oeuvre. (pour celles qui sont permanentes)de sa mise en oeuvre à son achèvement Chaque indicatrice correspondante à une mesure à caractère temporaire prend la valeur 1 dans l'intervalle temporel couvrant qui s'intercale entre le début de la mise en oeuvre et l'achèvement de la mesure; et prend la valeur 0 partout ailleurs. Quant à la variable IVOIRIENNE, elle vaut 0 avant le mois de décembre 2002 et 1 à partir de ce mois.

4.2. Présentation et application de la méthode d'estimation

Le choix de méthode d'estimation tient compte à la fois de la nature de nos données et des éléments issus de notre littérature empirique. Il sied d'exposer la procédure avant de la mettre en oeuvre.

4.2.1. Présentation de la procédure d'estimation

Notre démarche se fonde sur l'utilisation des modèles linaires à correction d'erreur. Une attention particulière sera portée à la question des coûts de transaction.

Dans un premier temps, nous utiliserons l'approche proposée par Gonzalez-Rivera et Helmand, (2001). Il s'agit d'une approche basée sur des tests de co-intégration simples. L'idée est de rechercher l'existence d'une évolution commune de long terme des prix observés pour chacun des produits homogènes échangeables entre les marchés. C'est une démarche générale d'analyse de l'intégration de n marchés (n = 2) d'un bien homogène dans un espace donné selon laquelle pour que n marchés soient intégrés, il suffit d'avoir exactement n-1 vecteurs de co-intégration. En effet, l'existence de n-1 vecteurs de co-intégration, disaient Gonzalez-Rivera et Helmand, assure que les n marchés soient intégrés deux à deux et que toutes les séries de prix aient une tendance stochastique commune.

La démarche s'exécute en deux étapes. La première étape consiste à étudier la stationnarité des séries des prix. A la seconde étape, on cherche d'abord à déterminer pour chacun des produits le nombre des marchés intégrés. Ce nombre correspond au rang de la matrice de co-intégration augmenté de 1. Ensuite, si les marchés ne sont pas tous intégrés, on identifie un noyau des marchés intégrés. Ce noyau définit un espace économique intégré. On procède à des tests d'ajout séquentiel d'autres marchés au noyau identifié précédemment. A chaque fois qu'un marché est ajouté, on vérifie, à travers un test multivarié de Johansen, si son ajout augmente le nombre des vecteurs de co-intégration ou non. Si l'ajout du marché concerné accroît le nombre des vecteurs de co-intégration, alors ce marché appartient à l'espace économique défini par ce noyau. Au cas contraire, ce marché n'est pas de cet espace économique.

Au chapitre précédent, certaines limites de cette approche ont été relevées notamment l'hypothèse implicite de la stationnarité des coûts de transaction. Pour au moins atténuer cette lacune, les coûts de transactions seront approximés par les indices des coûts de transport qui sont eux observables. La stationnarité des coûts de transactions ne sera donc plus présumée mais plutôt testée. Ces indices caperont les effets dus aux obstacles naturels et, dans une certaine mesure, l'impact des investissements en infrastructures routières (comme la réhabilitation de la route Ouagadougou-Niamey) réalisés dans le cadre de rapprochement des politiques des Etats membres de l'union. Les effets de la crise ivoirienne et de différentes mesures commerciales intracommunautaires seront évaluées à partir des variables dummies définies plus haut. Les différences culturelles telles barrières linguistiques ou religieuses seront négligées du fait que, pour l'essentiel, les pays concernés partagent une même langue officielle et, pour l'essentiel, les mêmes croyances (animisme, christianisme, islam). Il faudrait tout de même reconnaître que l'hypothèse est quelque peu critiquable dans la mesure où, par exemple, la langue officielle est souvent différente des langues commerciales.

Dans un second temps, des estimations seront faites. Pour une présentation générale de celles-ci, il sera supposé que chacune des variables endogènes est stationnaire ou intégrée d'ordre 1. On peut donc regrouper les variables endogènes en deux catégories. La première catégorie contient toutes les variables co-intégrées et la seconde catégorie inclut les variables stationnaires et les différences premières des variables intégrées d'ordre 1 mais qui ne sont pas co-intégrées. Dans ce cas, le vecteur des endogènes (différentes séries de prix regroupées par céréale) peut s'écrire .

- est formé des variables intégrées d'ordre 1 et qui sont co-intégrées.

- contient toutes les variables stationnaires à niveau et les différences premières des variables intégrées d'ordre 1 si celles-ci ne sont pas co-intégrées.

Cinq cas de figure sont envisageables :

- toutes les variables sont stationnaires. La composante est alors nulle et la méthode d'estimation appropriée est un VAR (Vector AutoRegressive) ordinaire.

- Toutes les variables sont stationnaires sauf une seule. Cette variable intégrée d'ordre 1 sera stationnarisée et modélisée avec les autres selon une approche VAR

- Toutes les séries sont co-intégrées. La composante est donc nulle et la méthode d'estimation appropriée est un modèle à correction d'erreur (vectoriel ou non en fonction du nombre de relations de co-intégration).

- Le sous-vecteur est réduit à une seule variable. Cette variable ne sera omise pas considérée et les autres seront estimées suivant un modèle à correction d'erreur.

- Chacune des deux composantes du vecteur contient au moins deux variables. Dans ce cas un modèle VAR et modèle à correction d'erreur seront combinés.

De façon formelle, la spécification générale est donc la suivante :

- et varient en fonction de la céréale étudiée.

- est le vecteur des exogènes. Il est composé, dans tous les cas, de différentes indicatrices, les séries des indices des coûts de transport (des transformations les rendant stationnaires seront utilisées au cas où elles ne le sont pas) et éventuellement des termes déterministes.

Il faut noter que les indices de coûts de transport sont des indices nationaux. En ce sens, ils ne reflètent pas des coûts de transport entre les pays. Pour pallier à cette lacune, ces indices sont considérés comme étant des coûts au kilomètre. Ainsi, pour avoir une idée sur les coûts de transport entre de la principale agglomération d'un pays i vers celle d'un pays j, on multiplie l'indice de coûts du pays i par un indice de distance qui sépare les deux agglomérations. Cet indice de distance est construit en prenant deux villes de référence, disons, Abidjan et Bamako. La distance entre ces deux villes est d'environ 1250 kilomètres. L'indice de distance entre deux villes V1 et V2 est égal à la distance qui sépare ces deux villes divisée par 1250. Ainsi l'indice de distance entre Bamako et Abidjan est 1. L'indice de distance entre Niamey et Abidjan est de 1,12, la distance séparant ces deux villes étant d'environ 1400 kilomètres.

Remarquons que cet indice est constant dans le temps. Ce qui signifie qu'il ne peut jouer sur les indices de prix qu'un effet de dimension. Or, une des propriétés des modèles linéaires est que l'effet de dimension affecte la valeur des coefficients tout en laissant invariante leur significativité. Ainsi, par la suite, ces indices seront-ils abandonnés.

- le symbole est mis pour la différence première

- les matrices sont les matrices de coefficients de court terme.

- La matrice est la matrice des coefficients de long terme.

- Les matrices contiennent les coefficients associés aux différentes variables exogènes.

- Les matrices Egalement aucun signe particulier n `est attendu des coefficients de cette matrice.

- Les éléments des matrices sont les coefficients de liaison entre les variables endogènes (de la seconde catégorie) et leurs valeurs retardées.

- et sont des vecteurs d'impulsions non corrélées.

- et sont des vecteurs de constantes.

Pour tous les coefficients des matrices et , aucun signe particulier n'est attendu, les prix de différents pays pouvant s'influencer positivement ou négativement aussi bien à court terme qu'à long terme.

En revanche, pour ce qui est des matrices, un signe positif est attendu de tous les coefficients associés aux indicatrices introduites pour capter l'incidence de la crise ivoirienne et l'impact des coûts de transactions (approchés ici par les indices de coûts de transport). En effet, les coûts de transports étant une composante de coûts de transactions, s'ils sont très élevés, on attend à ce que certains échanges n'aient pas lieu compte tenu de la règle d'arbitrage spatial. De même, des évènements comme la crise ivoirienne handicapent la libre circulation des personnes et des biens. Tous ces facteurs peuvent créer des pénuries localisées et renchérir les prix, faute de pouvoir s'approvisionner facilement dans d'autres marchés.

On attend par contre un signe négatif de tous les coefficients associés aux variables introduites pour capter les effets de différentes mesures préférentielles puisque ces mesures sont censées garantir des prix bas aux consommateurs et compétitifs aux producteurs.

La constante figurera dans toutes les estimations, dès lors qu'il existe au moins un coefficient associée à celle-ci qui est significatif. Celle-ci jouera le rôle des distances qui sont des constantes. On attend alors que ces constantes soient positives à cause de la relation positive entre la distance et les coûts de transports qui sont une composante des coûts de transactions.

4.2.2. Mise en oeuvre de la méthode d'estimation

Comme indiqué plus haut, la démarche de Gonzalez-Rivera consiste d'abord à étudier la stationnarité des séries et appliquer de façon séquentielle un test de co-intégration multivarié de Johansen. Par ailleurs, pour évaluer l'impact de différentes mesures de libéralisation, des modèles VAR ou à correction d'erreur seront estimés. Une approche par céréale est adoptée. Compte tenu du fait que de coûts de transaction ne seront pas supposés stationnaires mais plutôt approchés à partir des indices de coûts de transport utilisés comme proxies, il est préalablement intéressant de tester la stationnarité de ces indices. Ainsi, l'hypothèse très critiquée de la stationnarité des coûts de transactions est levée.

4.2.2.1. Etude de la stationnarité des coûts de transport

Les coûts de transaction ont une place primordiale dans l'analyse de l'intégration des marchés en ce sens où leur non stationnarité implique que la co-intégration n'est ni une condition nécessaire ni suffisante de l'intégration des marchés. Compte tenu cette importance de coûts de transactions, il sera procédé à l'étude de la stationnarité des coûts de transports qui en sont les proxies.

Nous commençons par une analyse graphique, dans la mesure où celle-ci peut déjà permettre d'en faire une idée. Le graphique ci-dessous indique une tendance globale à la hausse en même temps qu'une certaine similitude dans les mouvements de différentes chroniques. Les indices du Togo et du Bénin se démarquent par leurs niveaux qui sont en général les plus élevés. Même si de comportements saisonniers ne se font pas clairement remarquer, la tendance de ces variables laisse présager qu'elles ne sont pas stationnaires.

Graphique n°2: Evolution des coûts de transports mil dans les pays de l'UEMOA de janvier 1998 à décembre 2005

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EXCEL

L'intuition précédente est soutenue par l'analyse des fonctions d'autocorrélation. En effet, les corrélélogrammes et corrélélogrammes partiels (cf. annexes II) indiquent l'existence des coefficients qui sortent de leur bande de nullité et ce, même à des ordres relativement grands. Ce qui caractérise souvent des séries non stationnaires. Cependant, les représentations graphiques des fonctions d'autocorrélation des séries en différence première ne comportent plus ces structures. Elles semblent indiquer que les séries sont intégrées d'ordre 1.

Nous chercherons à vérifier ces conjectures aux moyens de tests de stationnarité. Pour assurer la fiabilité des résultats, il sera appliqué des tests de saisonnalité (Analyse de la variance et CensusX12) et des tests de racine unitaire non saisonnière de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) et de Phillips-Perron (PP).

Test de saisonnalité

Les résultats du test de l'analyse de la variance (reportés en annexe III) indiquent que toutes les séries ont une tendance, la statistique (définie dans l'encadré ci-dessous) étant supérieure à sa valeur critique pour toutes les séries étudiées. En plus, on relève une saisonnalité sur certaines variables quoique celle-ci se trouve moins prononcée. Cette présence des effets saisonniers a été confirmée et corrigée par l'utilisation de la méthode CensusX12.

Tests de racine unitaire non saisonnière

Les tests ADF et PP appliquées aux séries corrigées des variations saisonnières (CVS) (cf. tableau n°3 ci-dessous). Dans ce tableau, chaque valeur qui se trouve entre parenthèses désigne la valeur critique de Mckinnon au seuil de 5% qu'on comparera à la statistique de test qui la précède immédiatement. Ces valeurs théoriques varient selon le modèle choisi. Le choix des modèles a été fait en suivant la démarche séquentielle d'Engle et Granger et en se servant des valeurs tabulées de Dickey-Fuller (les statistiques classiques de Student n'étant pas opérationnelles dans le cas précis). Certaines cases sont laissées vides pour indiquer que les tests correspondants ne sont pas nécessaires. Les résultats de ces tests indiquent unanimement qu'aucune de celles-ci n'est stationnaire à niveau à 5% Cependant, les tests en différence première permettent d'accepter que ces séries sont intégrées d'ordre 1 à ce même seuil (voir tableau n°3 également). Les séries CVS seront notées en faisant suivre le non des variables par "_SA".

Encadré n°2 Table de Buys-Ballot et test de l'analyse de la variance

La table de Buys-Ballot est un tableau à double entrée dans lequel sont reportées les observations selon leurs fréquences (mois, trimestres) et les années qu'elles couvrent. Si, nous considérons des données mensuelles, ce tableau est construit en mettant les années en lignes et les mois en colonnes. La table de Buys-Ballot sert à détecter s'il existe des mois de fortes activités quelque soit l'année. Dans l'affirmative, on peut d'ores et déjà mettre en évidence la présence des effets saisonniers. Mais tout comme l'analyse graphique (observation des courbes et des corrélélogrammes et corrélélogrammes partiels des séries), la table de Buys-Ballot a l'inconvénient de ne pouvoir pas toujours détecter avec exactitude la présence des effets saisonniers. En vue d'affiner l'analyse, on s'en sert pour procéder au test de l'analyse de la variance.

Les différentes variances s'obtiennent respectivement par les formules suivantes :

On calcule ainsi deux statistiques FA et FM définies comme suit :

Ces deux statistiques suivent respectivement une loi de Fisher à N-1 et (N-1) (p-1) degrés de liberté et une loi de Fisher à p-1 et (N-1) (p-1) degrés de liberté. La statistique FA (respectivement FM) permet de tester l'existence d'une tendance (respectivement d'une saisonnalité). Pour FA (respectivement FM), l'hypothèse nulle est celle de l'absence de tendance (respectivement de saisonnalité). On décide de l'existence d'une tendance (respectivement d'une saisonnalité) si FA (respectivement FM) est supérieure à la valeur critique de la loi de Fisher aux nombres de degrés de liberté correspondants et à un seuil qu'on s'est donné (généralement 5%).

Le test de l'analyse de la variance a l'inconvénient majeur de ne pas être puissant en cas de forte tendance ou saisonnalité.

Les séries de coûts de transports seront introduites en différence première pour toute utilisation qu'on en fera pour éviter les problèmes qui découlent de la non stationnarité de coûts de transaction. La différence première de chacune des séries de coûts de transport sera notée en faisant précéder le nom de la série d'un "D".

Tableau n°3 : Tests ADF et PP sur les séries des indices de coûts de transports

Test de stationnarité

A niveau

En différence première

Variable

ADF

. PP

ADF

PP

TBE_SA

1,76(-1,94)

1,98 (-1,94)

-10,34(-1,94)

-10,35 (-1,94)

TBU_SA

-2,91(-3,46)

-2,95 (-3,46)

-9,38 (-1,94)

-9,39(-1,94)

TCO_SA

2,62 (-1,94)

2,76 (-1,94)

-7,93 (-1,94)

-7,95(-1,94)

TMA_SA

3,02 (-1,94)

2,75 (-1,94)

-6,98 (-1,94)

-6,94(-1,94)

TNI_SA

1,98(-1,94)

1,86 (-1,94)

-7,18(-1,94)

-7,13(-1,94)

TSE_SA

1,94(-1,94)

1,6 (-1,94)

-7,24(-1,94)

-7,23(-1,94)

TTO_SA

2,71 (-1,94)

2,73 (-1,94)

-8,24 (-1,94)

-8,24(-1,94)

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

4.2.2.2. Etude des marchés du mil

Les deux étapes de la méthodologie de Gonzalez-Rivera et Helmand (2001) seront respectivement exécutées.

ü Première étape: Etude de la stationnarité des variables

Il peut être fructueux de procéder par une analyse graphique avant de passer au test de stationnarité en temps que tel dans la mesure où celle-ci peut en donner une première idée. Ainsi, l'évolution des prix moyens du mil (cf. graphique ci-dessous) laisse présumer l'existence d'une tendance commune entre les pays sahéliens de la zone c'est-à-dire le Burkina, le Mali, le Niger et le Sénégal. On observe par ailleurs une évolution sporadique au Togo tandis que le Bénin se distingue, en général, par les niveaux de prix les plus élevés. Au vu de ce graphique, les différentes séries ne semblent présenter aucun effet saisonnier. Cependant, les corrélélogrammes et corrélélogrammes partiels (Annexe II) aidant, d'autres paramètres de non stationnarité semblent subsister. En effet, on remarque l'existence des autocorrélations et autocorrélations partielles qui sortent de leur bande de nullité. Toutefois, à travers leurs corrélélogrammes et corrélélogrammes partiels (Annexe II également), les séries différenciées une seule fois semblent être stationnaires.

Graphique n°3: Evolution des prix moyens du mil dans les pays de l'UEMOA de janvier 1998 à décembre 2005

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EXCEL

Mais, du fait que les graphiques ne se présentent pas toujours sous une forme lisible, il convient de vérifier ces présomptions à travers de test de stationnarité. Ainsi le test de saisonnalité et les tests de racine unitaire non saisonnière seront successivement abordés.

Test de saisonnalité

La saisonnalité est l'une de principales sources de la non stationnarité. De plus, la présence des effets saisonniers amoindrit la puissance des tests de racine unitaire non saisonnière. Il convient dès lors de s'assurer que les séries sont dépourvues des effets saisonniers ou, du moins, que ceux-ci sont amoindris. Pour cela, un test d'analyse de la variance est effectué. Les résultats de ce test (cf. annexes III) indiquent que toutes les séries présentent une variation intra-annuelle significative au seuil de 5%, la statistique FA (voir encadré n°2) étant supérieure à la valeur théorique de la loi de Fisher à 7 et 77 degrés de liberté au risque de 5% pour toutes les séries. En plus, pour les séries des prix de la Côte d'Ivoire, Niger, Sénégal et Togo ; une variabilité intra-mensuelle a été détectée. En effet, la valeur calculée de la statistique FM (voir encadré ci-dessus également) est supérieure à la valeur critique de la loi de Fisher à 11 et 77 degrés de liberté au seuil de 5% pour ces séries indiquant ainsi la présence des effets saisonniers à ce seuil.

Ces résultats nous obligent à recourir aux techniques de désaisonnalisation. Pour toutes les séries, la méthode censusX12 a été utilisée afin de se débarrasser de ces effets perturbateurs. Ce test a également détecté et corrigé la présence des effets saisonniers. Un test de racine unitaire non saisonnière sera appliqué aux séries corrigées des variations saisonnières (CVS). Celles-ci seront nommées en faisant suivre les séries initiales par "_SA".

Test de racine unitaire non saisonnière

Il sera fait recours de façon complémentaire aux tests ADF et PP. Les résultats obtenus en s'aidant de ces deux tests sont résumés dans le tableau n°5. De façon unanime, les deux tests permettent de conclure que, sauf les prix du Bénin, toutes les séries ne sont pas stationnaires à niveau à 5% mais que leurs différences premières sont stationnaires à ce même seuil. On conclut donc que ces séries sont intégrées d'ordre 1. Quant à la série des prix du Bénin, le test ADF indique qu'elle est stationnaire à niveau alors que le test de PP permet de conclure qu'elle est plutôt intégrée d'ordre 1. Pour départager les deux, les critères d'information d'Akaïke et de Schwartz ont été utilisés (cf. tableau n°4 ci-dessous). Ces critères sont tous plus petits pour les résultats obtenus avec le test ADF comparativement à ceux obtenus avec le test PP. Ils plaident ainsi en la faveur de la stationnarité de la variable.

Tableau n°4: Critères d'information pour la série du mil du Bénin

 

Tests de racine unitaire sur la série BU2_SA

Critères d'information

ADF à niveau

PP en différence première

Akaïke

8,49

8,56

Schwartz

8,58

8,59

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Tableau n°5 Tests ADF et PP sur les séries du mil

Test de stationnarité

A niveau

En différence première

Variable

ADF

. PP

ADF

PP

BE2_SA

-3,28(-2,89)

-2,63 (-2,89)

 

-6,55 (-1,94)

BU2_SA

-0,22 (-1,94)

-0,25 (-1,94

-8,81 (-1,94)

-8,81(-1,94)

CO2_SA

-2,68 (-2,89)

0,1 (-1,94)

-6,91 (-1,94)

-6,5(-1,94)

MA2_SA

-0,39 (-1,94)

-0,43 (-1,94)

-8,46 (-1,94)

-8,46(-1,94)

NI2_SA

-0,45(-1,94)

-0,42 (-1,94)

-8,03(-1,94)

-8,01(-1,94)

SE2_SA

-0,19(-1,94)

-0,2 (-1,94)

-7,41(-1,94)

-7,41(-1,94)

TO2_SA

-0,29 (-1,94)

-0,26 (-1,94)

-10,64 (-1,94)

-10,6 (-1,94)

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Au total, parmi les sept séries, six sont intégrées d'ordre 1 et la seule série restante est stationnaire à niveau. Celle-ci ne peut donc être co-intégrée aux autres. Le test de co-intégration ne concernera donc que les six séries intégrées en différence première.

ü Deuxième étape: Test de co-intégration

Le test de co-intégration est la seconde étape de la démarche de Gonzalez-Rivera. Avant d'appliquer la démarche séquentielle telle qu'elle a été décrite plus haut, il est important, au préalable, d'appliquer le test sur l'ensemble des séries pour chercher à savoir si toutes les séries sont intégrées ou non. Du fait que le test de co-intégration à la Johansen est fondé sur une estimation d'un modèle VAR par la méthode de maximum de vraisemblance, un premier problème crucial est alors la détermination du nombre de retards optimal à y inclure. En effet, on sait que le nombre à inclure dans un modèle VAR doit être suffisant pour éviter l'autocorrélation et tous les problèmes qu'elle engendre. De même, non seulement l'introduction d'un nombre élevé des retards épuise le nombre de degrés de liberté mais aussi renchérit le rang de la matrice de co-intégration en surestimant des effets purement transitoires. Pour éviter ces deux problèmes à la fois, les critères d'information d'Akaike (AIC), de Schwartz (SC) et de Hannan-Quinn (HQ) ont été utilisés (cf. tableau n°6). Le principe de tous ces critères est de choisir un nombre de retards qui minimise une fonction dans l'expression de laquelle interviennent le nombre de décalages temporels, la taille de l'échantillon, le nombre de variables et le déterminant de la matrice de variances-covariances.

Le tableau n°6 ci-dessus indique que ces critères donnent des nombres de retards tous différents. Un critère supplémentaire a été alors utilisé comme appoint: le ratio de vraisemblance (LR). Ce dernier supporte le critère d'Akaike qui sélectionne quatre retards.

Tableau n°6 Détermination du nombre optimal des retards

retards

LR

AIC

SC

HQ

0

-

53,13

55,10

53,92

1

429,69

48,10

51,06*

49,30

2

93,55

47,51

51,46

49,10*

3

50,77

47,47

52,41

49,46

4

54,52*

47,28*

53,20

49.67

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

* indique le nombre de retards optimal sélectionné par le critère.

Au vu des résultats ainsi obtenus, on peut inclure quatre retards dans l'application du test de co-intégration de Johansen.

Encadré n°3: Les différentes spécifications dans l'approche multivariéé de Johansen

Le logiciel EVIEWS en propose 5. Celles-ci diffèrent en fonction des paramètres déterministes (constante et trend). Pour le choix d'un type de spécification, on peut recourir aux résultats de tests de stationnarité des variables.

Modèle [1] Il n'existe ni constante ni trend dans le modèle à correction d'erreur et dans l'espace co-intégrant. Ce modèle convient au cas où toutes les séries n'ont aucune tendance déterministes aussi bien à niveau qu'en différence première.

Modèle [2] Le modèle à correction d'erreur n'a aucun terme déterministe mais l'espace co-intégrant comporte une constante. Ce modèle convient quand aucune série n'est affectée d'un trend linéaire.

Modèle [3] Le modèle à correction d'erreur et l'espace co-intégrant contiennent une tendance seulement. Ce modèle correspond au cas où les différences de certaines séries comportent une constante.

Modèle [4]Les deux composantes déterministes apparaissent dans l'espace co-intégrant tandis que le modèle à correction d'erreur ne comporte que la constante. Ce modèle s'utilise quand certaines variables comportent un trend linéaire et que la relation de long terme est stable autour d'une tendance.

Modèle [5] Les deux composantes déterministes apparaissent aussi bien dans l'espace co-intégrant que dans le modèle à correction d'erreur. On emploie ce type de modèle dans le cas où les différences premières de certaines variables comportent à la fois un trend linéaire et une constante.

En utilisant la statistique de la trace dont une brève description a été faite au point II-2 du chapitre 2 et en utilisant la spécification [2] (voir encadré n°3) en conformité avec les résultats des tests de racine unitaire, on obtient 3 relations de co-intégration aux seuils de 5% et 1% (cf. tableau n° ci-dessous). En effet, la première fois que l'hypothèse nulle est acceptée correspond au cas ou le nombre de relations de co-intégration (r) est inférieur ou égal à trois. Comme l'hypothèse que est précédemment rejetée, on conclut à l'existence d'exactement trois relations de co-intégration. Ce qui signifie que, parmi les six marchés, quatre sont intégrés.

Tableau n°7:Test de co-intégration sur les séries du mil

Hypothèse nulle

Statistique de la trace

Valeur calculée

Valeur critique (5%)

Valeur critique (1%)

 

169,76

102,14

111,01

 

108,83

76,07

84,45

 

61,63

53,12

60,16

 

29,87

34,91

41,07

 

9,11

19,96

24,60

 

3,42

9,24

12.97

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Ces quatre marchés constituent un espace économique intégré que la démarche de Gonzalez-Rivera et Helmand permettra d'expliciter. Concrètement, cette méthode séquentielle s'applique sous forme d'une sorte de diagramme arborescent Considérons à titre illustratif la série BE2. On teste d'abord l'existence d'une relation de co-intégration entre elle et la série BU2 par exemple (le critère que nous utiliserons est celui de la statistique de la trace). Deux cas sont envisageables. Soit les deux ne sont pas co-intégrées auquel cas, on exclut la variable BU2 et on effectue le test de co-intégration de BE2 avec une des séries restantes. Ou bien les variables BE2 et BU2 sont co-intégrées auquel cas, on teste l'ajout d'une troisième variable. Si cet ajout n'a pas augmenté le nombre des vecteurs co-intégrants alors cette troisième variable est exclue et on en cherche une autre. Au cas où le nombre de vecteurs co-intégrants a augmenté, les trois variables forment un noyau intégré on teste alors l'ajout d'une quatrième variable. Cette procédure est réitérée jusqu'à ce que le nombre total des variables soit épuisé. On change la variable initiale et on répète la démarche ainsi de suite. Lorsque tous les cas possibles ont été examinés, plusieurs sous espaces seront formés. Parmi eux, ceux qui sont redondants sont éliminés.

L'application de cette méthode, en utilisant toujours la statistique de la trace et en prenant soin à chaque fois de sélectionner le nombre optimal de retards VAR à travers les critères habituels de l'information, a conduit à l'obtention des trois sous espaces suivants :

- 1er sous espace : Burkina, Côte d'Ivoire, Mali et Niger

- 2ème sous espace : Côte d'Ivoire, Mali, Niger et Togo.

- 3ème sous espace: Burkina, Sénégal, Togo et Mali.

Comme il existe des relations de co-intégration entre elles, ces six variables peuvent être modélisées sous forme d'un modèle vectoriel à correction d'erreur (théorème de représentation de Granger). Nous essaierons d'utiliser cette forme de modélisation pour évaluer l'impact des mesures de libéralisation entreprises par les pays membres de l'UEMOA ainsi qu'une éventuelle incidence de la crise ivoirienne. Ainsi, nous nous proposons d'estimer le modèle suivant:

(6)

Le vecteur des endogènes () et le vecteur des exogènes () sont tels que:

Le symbole est mis pour la différence première. c et désignent respectivement le vecteur des termes constants et le vecteur d'impulsions non corrélées. Les matrices, et captent la dynamique de court terme tandis que la matrice capte la dynamique de long terme. Enfin, est introduit pour représenter la matrice des coefficients associés aux variables exogènes.

Les résultats de l'estimation du modèle sont reportés en annexe IV. Une normalisation par rapport aux prix du Sénégal a été faite. Ces indiquent qu'à long terme les prix du Sénégal dépendent positivement de ceux de la Côte d'Ivoire et du Togo, et négativement de ceux des autres pays. Cependant, les prix du Niger et de la Côte d'Ivoire n'ont pas d'impact significatif.

Les coefficients de court terme indiquent que le coefficient de la force de rappel associé à l'endogène est bien négatif, inférieur à 1 en valeur absolue et significatif au seuil de 5%., première condition de la validité du modèle. Par ailleurs, les coefficients de rappel associés aux prix de tous les autres pays ne sont pas significatifs indiquant l'absence de possibilité d'ajustement de court terme en cas de déviation par rapport à la relation d'équilibre. La plupart des variables apparaissent avec leur signe attendu toutefois la non significativité de plusieurs coefficients de court terme a été relevée. Ce qui ne remet pas en cause la validité globale du modèle. Enfin les résidus de toutes les équations du modèle ont les propriétés d'un bruit blanc (non autocorrélation et homoscédasticité) d'après le test de Ljung-Box et ceux de White et de Breush-Godfrey.

4.2.2.3. Etude des marchés du riz importé

Tout comme précédemment, les deux étapes de la méthodologie de Gonzalez-Rivera et Helmand (2001) seront successivement abordées.

ü Première étape : Etude de la stationnarité des variables

Bien qu'il soit malaisé de mettre en évidence l'existence des mouvements saisonniers à partir du graphique ci-dessous, une tendance globale à la baisse s'y observe. Contrairement au cas du marché du mil, cette tendance ne semble plus opposer les pays côtiers aux pays sahéliens. Cependant, on peut distinguer des séries qui présentent des fluctuations remarquables laissant croire que des paramètres perturbateurs persistent (Togo, Sénégal) opposées à celles qui semblent être stationnaires (Côte d'Ivoire, Burkina). Ce même constat ressort des corrélélogrammes et corrélélogrammes partiels de différentes séries (Annexes II).

Cependant, les corrélélogrammes et corrélélogrammes partiels des séries différenciées une seule fois (annexe II) ne présentent plus de structures particulières. Les séries sont vraisemblablement au plus intégrées d'ordre 1.

Graphique n°4: Evolution des prix moyens du riz importé dans les pays de l'UEMOA de janvier 1998 à décembre 2005

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Mais du fait qu'il faut souvent craindre de tirer une conclusion définitive à partir de l'observation graphique, nous procéderons respectivement au test de saisonnalité et au test de racine unitaire non saisonnière.

Test de saisonnalité

Il a été effectué un test de l'analyse de la variance dont les résultats sont consignés en annexe III. Ce test confirme largement des intuitions données par les graphiques. En effet, seules les données du Mali sont affectées des facteurs saisonniers mais toutes les séries ont une tendance. Dans l'objectif de retirer ce trend, une régression sur le temps a été faite. Les séries ainsi désaisonnalisées sont soumises aux tests de racine unitaire non saisonnière. Leurs notations conservent celles des séries initiales suivies de "_SA".

Tests de racine unitaire non saisonnière

Dans ce type de modélisation, une importance capitale est accordée à l'ordre d'intégration des séries. Afin d'assurer la fiabilité des résultats, les tests ADF et PP sont combinés. Comme le rappelle le tableau ci-dessous, ces deux types de tests ont conduit exactement aux mêmes conclusions: les séries CVS des prix du riz importé du Bénin, Burkina et de la Côte d'Ivoire sont stationnaires en différence première tandis que celles du Mali, Niger, Sénégal et Togo le sont déjà à niveau au seuil de 5%. Par ailleurs la série de cours international du riz notée COURS est intégrée d'ordre après être désaisonnalisée comme toutes les autres. Sa différence première, DCOURS, sera par la suite utilisée.

Tableau n°8; Tests ADF et PP sur les séries du riz importé

Test de stationnarité

A niveau

En différence première

Variable

ADF

. PP

ADF

PP

BE3_SA

-0,42(-1,94)

-0,39 (-1,94)

-8,3 (-1,94)

-8,31(-1,94)

BU3_SA

0,34 (-1,94)

0,34 (-1,94

-10,53 (-1,94)

-10,49(-1,94)

CO3_SA

-0,33 (-1,94)

-0,35 (-1,94)

-10,81(-1,94)

-10,97(-1,94)

SE3_SA

-2,95(-2,89)

-2,96 (-2,89)

 
 

TO3_SA

-4,54(-3,46)

-4,41 (-3,46)

 
 

COURS_SA

-0,51 (-1,94)

-0,53 (-1,94)

-7,08 (-1,94)

-6,48 (-1,94)

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Les séries stationnaires ne pouvant être co-intégrées avec les séries intégrées d'ordre 1, seules ces dernières seront étudiées au moyen de la théorie de la co-intégration. Les autres seront modélisées selon une approche VAR.

ü Deuxième étape: Test de co-intégration

Pour des raisons déjà évoquées, la recherche du nombre optimal des retards à introduire dans le modèle VAR est le premier point auquel on doit accorder un intérêt vital dans le test de co-intégration multivarié de Johansen. Les critères traditionnels d'information (cf. tableau ci-après) permettent de ne retenir qu'un seul retard.

Tableau n°9: Détermination du nombre de retards optimal

Retard

LR

AIC

SC

HQ

0

-

32,53

33,74

33,02

1

74,76*

31,91*

33,56*

32,57*

2

12,78

32,08

34,17

32,92

3

15,10

32,21

34,73

33,23

4

18,66

32,27

35,23

33.47

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Le nombre de retards étant ainsi choisi, le problème est maintenant de choisir le type de spécification. En invoquant les tests de l'ordre d'intégration des séries, le modèle [1] est retenu. La statistique de la trace indique l'existence de deux relations de co-intégration aux seuils de 5% et 1% entre les trois variables.

Tableau n°10: Test de co-intégration des séries du riz importé

 

Statistique de la trace

Hypothèse nulle

Valeur calculée

Valeur critique (5%)

Valeur critique (1%)

 

56,87

34,91

41,07

 

25,29

19.96

24,6

 

8,04

9.24

12,97

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Il en résulte que les marchés du riz importé du Bénin, Burkina et Côte d'Ivoire sont tous intégrés conformément à la démarche de Gonzalez-Rivera et Helmand. Ces trois pays constituent donc un espace économique intégré.

Toutefois, avec l'introduction de la différence première du cours international du riz comme variable exogène supplémentaire, ces trois marchés se trouvent plutôt fragmentés. En effet, le tableau suivant, dans lequel sont résumés les résultats de test de la trace, indique l'existence de trois relations de co-intégration entre les trois variables. Ce qui signifie que l'hypothèse de co-intégration est rejetée.

Tableau n°11: Tests de co-intégration entre les séries du riz importé en tenant compte du cours international du riz.

 

Statistique de la trace

Hypothèse nulle

Valeur calculée

Valeur critique (5%)

Valeur critique (1%)

 

71,71

34,91

41,07

 

33,24

19,96

24,6

 

14,15

9,24

12,97

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Le cours international du riz apparaît donc comme étant le facteur de désintégration des marchés.

Pour évaluer l'impact de différentes politiques économiques ainsi que l'incidence de la crise ivoirienne, le modèle vectoriel à correction d'erreur suivant sera estimé ou la variable cours international du riz (facteur de désintégration) sera omise.

. (7)

Le vecteur des endogènes () et le vecteur des exogènes () sont tels que:

Le symbole est mis pour la différence première. c et désignent respectivement le vecteur des termes constants et le vecteur d'impulsions non corrélées. La matrice des coefficients de court terme et celle des coefficients de long terme sont respectivement symbolisées paret tandis que est introduit pour représenter la matrice des coefficients associés aux variables exogènes.

Les résultats de l'estimation sont reportés en annexes IV. Le terme de rappel associé à la variable endogène est bien négatif, inférieur à l'unité en valeur absolue et significativement différent de 0 au seuil de 5%. La condition première de validité du modèle est donc satisfaite. Le coefficient d'ajustement de court terme des prix du Burkina admet certes le signe théorique attendu mais n'est pas statistiquement significatif. Ce qui indique l'absence d'une dynamique d'ajustement de courte période. Quant à la composante de la force de rappel associée aux prix du riz importé de la Côte d'Ivoire, elle est affectée du mauvais signe et est statistiquement non nulle. Les tests de Ljung-Box, White et Breush-Godfrey appliqués aux résidus de différentes équations du système indiquent que ceux-ci sont non autocorrélés et homocédastiques.

L'analyse des séries du Sénégal est du Togo sera menée au moyen d'un VAR dont le tableau suivant donne les critères de détermination du nombre optimal de retards. On y observe que tous les critères utilisés sélectionnent un seul retard. En conséquence, on peut supposer que ce nombre est représentatif.

Tableau n°12: Détermination du nombre de retards optimal

Retard

LR

AIC

SC

HQ

0

-

17,58

18,07

17,78

1

50,93*

17,04*

17,64*

17,28*

2

3,21

17,09

17,8

17,37

3

4,13

17,12

17,94

17,45

4

5,1

17,14

18,07

17,51

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Le modèle spécifié est donc le suivant:

-

-

- c et représentent respectivement le vecteur de termes constants et le vecteur d'impulsions non corrélées.

Les résultats de l'estimation de ce modèle sont présentés en annexes IV.

4.2.2.4. Etude des marchés du maïs

Nous examinerons tour à tour les deux étapes définies dans l'approche de Gonzalez-Rivera et Helmand.

ü Première étape: Etude de la stationnarité des variables

Examinons les séries d'abord graphiquement. Au vu du graphique n°5 ci-dessous, toutes les séries semblent avoir une tendance commune en dépit de quelques déviations constatées par rapport à celle-ci. Le Sénégal se démarque de cette évolution globale par une plus grande stabilité. Il faut en plus remarquer qu'au cours de la période allant de mai à août 2005 caractérisée par une grave crise alimentaire au Niger, les prix ont soudainement grimpé sur tous les sept marchés matérialisant ainsi leur niveau 'interdépendance. Les seuils planchers s'observent, pour l'essentiel, au Togo. Globalement, il est difficile de se prononcer sur l'existence des effets saisonniers ou leur inexistence à partir de cette lecture graphique.

Graphique n°5: Evolution des prix moyens du maïs dans les pays de l'UEMOA de janvier 1998 à décembre 2005

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EXCEL

En se servant des représentations graphiques de leurs fonctions d'autocorrélation et autocorrélation partielle (cf. annexes II), les séries brutes paraissent cependant être affectées par des effets perturbateurs insinuant qu'elles ne sont pas stationnaires. Toutefois, l'application du filtre de différence première a vraisemblablement éliminé ces paramètres parasites, les corrélélogrammes et corrélélogrammes partiels des séries en différence première (annexe II) ne présentant plus de structure particulière.

Si l'analyse graphique est une étape souvent indispensable, elle reste néanmoins limitée à écarter complètement le doute sur les caractéristiques réelles des chroniques. C'est pourquoi, les différentes appréhensions qu'elle suggère seront vérifiées par des tests de saisonnalité et de racine unitaire non saisonnière.

Test de saisonnalité

Afin de s'assurer que les séries ne sont affectées par des structures saisonnières ou, au cas contraire de corriger celles-ci, le test de l'analyse de la variance et la technique CensusX12 ont été utilisées. Seuls les résultats de l'analyse de la variance sont reportés en annexes III. Ils détectent la présence des effets saisonniers confirmée et corrigée par la technique CensusX12. Les séries CVS feront l'objet du test de racine unitaire.

Tests de racine unitaire non saisonnière

Les résultats du test ADF et du test PP appliqués aux séries désaisonnalisées sont résumés dans le tableau ci-dessous. Ils indiquent que, en dehors des prix de la Côte d'Ivoire qui sont stationnaires à niveau, toutes les séries sont intégrées d'ordre 1.

Tableau n°13: Tests de racine unitaire non saisonnière sur les séries du maïs

Test de stationnarité

A niveau

En différence première

Variable

ADF

. PP

ADF

PP

BE1_SA

0,09(-1,94)

0,14 (-1,94)

-8,89 (-1,94)

-9,91(-1,94)

BU1_SA

-0,49 (-1,94)

-0,48 (-1,94)

-10,54 (-1,94)

-10,54(-1,94)

CO1_SA

-3,33 (-2,89)

-3,18 (-2,89)

 
 

MA1_SA

-0,29 (-1,94)

-0,33 (-1,94)

-8,41 (-1,94)

-8,42(-1,94)

NI1_SA

-0,5(-1,94)

-0,47 (-1,94)

-8,81(-1,94)

-9,85(-1,94)

SE1_SA

-2,64(-1,94)

-2,46 (-2,89)

-11,82(-1,94)

-11,62(-1,94)

TO1_SA

-0,46 (-1,94)

-2,56 (-2,89)

-10,06(-1,94)

-10,09 (-1,94)

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

ü Deuxième étape: Test de co-intégration

Le test de co-intégration de Johansen étant fondé sur l'estimation d'un modèle VAR, il est nécessaire de s'interroger préalablement sur le nombre optimal de retards à y inclure. Pour se faire, un recours a été fait aux critères d'information (voir tableau ci-après). SC et HQ sont sélectionnent un seul retard et AIC en sélectionne quatre. Mais, compte tenu des résultats donnés par le LR et le FPE soutenant le AIC, il paraît plus vraisemblable d'introduire jusqu'à quatre retards.

Tableau n°14 Détermination du nombre de retards VAR optimal

Retard

LR

FPE

AIC

SC

HQ

0

-

7,60E+12

46,68

48,65

47,47

1

264,05

4,79E+11

43,89

46,85*

45,09*

2

69,95

3,91E+11

43,65

47,59

45,24

3

63,2

3,32E+11

43,41

48,34

45,4

4

59,6*

2,82E+11*

43,13*

49,05

45,52

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Pour réaliser le test, les règles de décisions basées sur la statistique de la trace servent de référence. Le test a été effectué dans le modèle [2]. Consignés dans le tableau suivant, les résultats du test indiquent l'existence de cinq relations de co-intégration entre les six variables au seuil de 5%. Le nombre de ces relations se limite à quatre au seuil de 1%. Avec une marge d'erreur de 5%, on conclut donc que tous les six marchés sont intégrés et forment un espace économique commun.

Tableau n°15: Test de co-intégration sur les séries du maïs

Hypothèse nulle

Statistique de la trace

Valeur calculée

Valeur critique (5%)

Valeur critique (1%)

 

232,72

94,15

103,18

 

161,8

68,52

76,07

 

101,23

47,21

54,46

 

51,1

29,68

35,65

 

18,96

15,41

20,04

 

3,06

3,76

6.65

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Il reste à aborder la question relative à l'évaluation de l'impact des mesures de libéralisation et de l'incidence de la crise ivoirienne. Le modèle en servira de base:

(8)

Avec, ,

La signification de tous les autres facteurs reste identique que dans (6).

Les résultats de l'estimation du modèle sont reportés en annexes IV. On remarque que le coefficient de rappel associé à l'endogène a satisfait à toutes les propriétés requises (il est appartient à l'intervalle ]0, -1] et est statistiquement différent de 0). Ensuite, les coefficients de rappel des prix du Niger, Mali et Togo remplissent ces mêmes conditions. Il existe donc pour ces séries des mécanismes régulateurs qui assurent le retour à l'équilibre en cas de choc affectant la relation de long terme. Pour le Bénin (respectivement le Burkina), le coefficient de rappel est positif (respectivement négatif) mais non significatif. Enfin, les tests d'autocorrélation de Ljung-Box et d'homoscédasticité de White assurent que les résidus sont blancs.

4.2.2.5. Etude des marchés du sorgho

Conformément à la démarche de Gonzalez-Rivera et Helmand, la stationnarité des variables sera étudiée avant de procéder à un test séquentiel de co-intégration.

ü Première étape: Etude de la stationnarité des variables

Un survol du graphique ci-dessous, décrivant l'évolution des différentes chroniques, permet de remarquer que les prix du Burkina, Mali et Niger ont une évolution très semblable caractérisée notamment par une plus grande stabilité et des niveaux planchers comparativement aux autres séries bien que leur tendance soit plutôt à la hausse. En revanche, les prix pratiqués au Togo et au Bénin se démarquent leur niveau relativement élevé avec des fluctuations d'intensité certes variable.

Graphique n°6: Evolution des prix moyens du sorgho dans les pays de l'UEMOA de janvier 1998 à décembre 2005

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

L'analyse des fonctions d'autocorrélation (dont les représentations graphiques sont reportées en annexe II) indique l'existence des coefficients de corrélations significatifs même à des ordres relativement grands. Toutefois, on remarque que ces coefficients d'autocorrélation (respectivement d'autocorrélation partielle) significatifs s'accompagnent d'une décroissance exponentielle ou sinusoïdale de la fonction d'autocorrélation partielle (respectivement d'autocorrélation). Ce qui est souvent indicatif des processus de type SARIMA. Enfin, l'application du filtre de différence première semble avoir éliminé tout effet perturbateur.

Les tests de racine unitaire (ADF et PP, cf. tableau ci-après) corroborent largement les idées qui découlent de l'observation graphique.

Tableau n°16 Test de racine unitaire sur les séries du sorgho

Test de stationnarité

A niveau

En différence première

Variable

ADF

. PP

ADF

PP

BE5_SA

-3,57(-2,89)

0,43 (-1,94)

 

-5,63 (-1,94)

BU5_SA

-0,34 (-1,94)

-0,34 (-1,94)

-9,14(-1,94)

-9,14(-1,94)

MA5_SA

-0,11 (-1,94)

-0,21 (-1,94)

-7,88 (-1,94)

-7,88 (-1,94)

NI5_SA

-0,21(-1,94)

-0,29 (-1,94)

-9,08 (-1,94)

-9,15 (-1,94)

TO5_SA

-0,63 (-1,94)

-0,65(-1,94)

-9,68 (-1,94)

-9,72 (-1,94)

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Mis à part les prix du Bénin, ces tests indiquent unanimement que toutes les séries sont stationnaires en différence première. Quant à la série du Bénin, les conclusions de ces deux tests ont été divergentes. ADF conclut qu'elle est stationnaire à niveau tandis que PP exige qu'elle soit différenciée une seule fois pour être stationnaire. Cette seconde option a été rejetée par les critères d'information d'Akaike et de Schwartz qui sont minimums pour les résultats obtenus avec le test ADF comme l'indique le tableau suivant.

Tableau n°17: Critères d'information pour la série du sorgho du Bénin

 

Tests de racine unitaire sur la série BE5_SA

Critères d'information

ADF à niveau

PP en différence première

Akaïke

8,21

8,3

Schwartz

8,29

8,33

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Finalement, nous acceptons que cette série soit stationnaire à niveau. Le test de co-intégration ne se portera donc que sur les quatre autres chroniques

ü Deuxième étape: Test de co-intégration

Pour le besoin de réaliser ce test, on peut introduire deux retards comme l'indiquent les critères d'information d'Akaike (AIC) et de Hannan-Quinn (HQ) bien que le critère de Schwartz (SC) opte plutôt pour l'introduction d'un seul retard.

Tableau n°18: Détermination du nombre de retards optimal

Retard

LR

AIC

SC

HQ

0

-

36,34

37,44

36,78

1

290,39

32,97

34,5*

33,59

2

45,4

32,7*

34,67

33,5*

3

9,66

32,91

35,32

33,88

4

27,1*

32,85

35,7

34

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Nous retenons le modèle [2] également. Les résultats de ce test indiquent l'existence de trois relations de co-intégration entre les quatre séries intégrées d'ordre 1 au seuil de 5% contre deux au seuil de 1%. Par conséquent, avec un risque d'erreur de 5%, tous les quatre marchés ainsi étudiés sont intégrés et forment un espace économique commun.

Tableau n°19: Test de co-intégration sur les séries du sorgho

Hypothèse nulle

Statistique de la trace

Valeur calculée

Valeur critique (5%)

Valeur critique (1%)

 

65,33

39,89

45,58

 

30,37

24,31

29,75

 

15,51

12,53

16,31

 

3,26

3,84

6.51

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Etant donné qu'il existe de relation de co-intégration entre ces quatre variables, il est possible de les modéliser sous une forme VECM. Nous proposons le modèle suivant aux fins d'évaluation des effets des mesures préférentielles et l'incidence de la crise ivoirienne.

(9)

Avec, ,

.

Les différents paramètres gardent la signification qui leur est donnée dans (7).

Les résultats de l'estimation sont présentés en annexes IV. La relation de long terme a été normalisée par rapport aux prix du Niger. Elle indique qu'à long terme, les prix du Niger dépendent négativement de ceux du Niger, l'influence des autres séries étant négligeable. Les conditions requises sur le coefficient de la force de rappel de la variable endogène remplit sont toutes vérifiées. Mais, ce coefficient est le seul à les remplir, les autres étant non significatifs. L'hypothèse de la blancheur des résidus est confirmée par le test de Ljung-Box , Breush-Godfrey et White. Le test de Jarque-Béra indique quant à lui que les résidus sont normaux autorisant ainsi tout test fondé sur cette hypothèse.

4.2.2.6. Marchés du riz local

Comme tous les marchés étudiés précédemment, l'analyse en deux étapes de Gonzalez-Rivera et Helmand sera menée.

ü Première étape: Test de stationnarité

Il sera préalablement procéder à un examen visuel des séries. Quand, on se réfère à la

Graphique n°7: Evolution des prix moyens du riz local dans les pays de l'UEMOA de janvier 1998 à décembre 2005

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

figure ci-dessus, on observe que les prix du riz local ont une évolution globale à la baisse comparable à celle du riz importé. Toutefois, suivant les pays, on note des variations parfois importantes que divers facteurs peuvent expliquer (choc d'offre, décision politique, etc.). Ainsi, des hausses notoires sont observables pendant le premier semestre de l'année 2000 au Togo. Plus remarquables sont l'ampleur et le maintien de l'envolée des prix de cette céréale à la Côte d'Ivoire durant l'année 2003 et le premier trimestre de l'année 2004. Il convient également de souligner, à l'instar des séries de toutes les autres céréales, l'augmentation quasi-simultanée des prix pendant la période allant de mai à octobre 2005 correspondant la période de soudure accompagnée d'une insécurité alimentaire manifeste au Niger. Cette flambée des prix apparaît comme un phénomène purement spéculatif en principe conjoncturel. En effet, la production céréalière était globalement moins bonne au Sahel en 2005. Les commerçants, fidèles à leur objectif de réalisation des profits, achètent et stockent des céréales en anticipant des hausses conséquentes des prix. Il se crée ainsi un choc d'offre traduit par la rareté de certaines denrées courantes. En ce qui concerne le sorgho, les prix observés à Cotonou sont plus élevés que ceux pratiqués dans le groupe sahélien et ce, même pendant la période de soudure de 2005 où les prix plafonds sont observés au Niger pour toutes les autres céréales. Le Niger, Burkina et Mali se caractérisent par une évolution similaire de leurs prix du sorgho. L'évolution de prix au Togo suit une dynamique singulière par son extrême variabilité relativement aux autres.

Les présomptions précédentes peuvent paraître non plausibles. En effet, dans le fait, les prix des céréales augmentent assez régulièrement entre la période de récolte et la période de soudure avant de revenir à un bas niveau avec l'arrivée sur les marchés d'une nouvelle récolte. Il est donc nécessaire de procéder aux tests afin de confirmer ou d'infirmer les différentes intuitions.

Tests de saisonnalité

Tout comme le test de l'analyse de la variance, la méthode CensusX12 indique que ces séries sont saisonnières. Cette dernière méthode (CensusX12) a été utilisée pour corriger ces variations saisonnières. Les séries CVS seront notées en faisant suivre les séries initiales de "_SA". Nous procédons ensuite à un test de racine unitaire sur celles-ci.

Tests de racine unitaire non saisonnière

Les résultats des tests ADF et PP résumés dans le tableau ci-après indiquent que, exceptée la série de la Côte d'Ivoire qui est intégrée d'ordre 1, toutes les autres sont stationnaires à niveau.

Tableau n°20: Résultats des tests ADF et PP sur les séries du riz local.

Test de stationnarité

A niveau

En différence première

Variable

ADF

. PP

ADF

PP

BE4_SA

-3,75(-3,46)

-3,54 (-3,46)

 
 

CO4_SA

-0,55 (-1,94)

-0,55 (-1,94)

-9,48(-1,94)

-9,48(-1,94)

SE4_SA

-2,95 (-2,89)

-2,96 (-2,89)

 
 

TO4_SA

-3,51 (-2,89)

-3,41(-2,89)

 
 

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Ainsi, la série de la Côte d'Ivoire est stationnarisée et utilisée avec les autres variables pour procéder à l'estimation d'un modèle VAR dont le tableau suivant synthétise les résultats relatifs à la détermination du nombre optimal des retards.

Tableau n°21: Détermination du nombre optimal de retards VAR

Retard

LR

AIC

SC

HQ

0

-

36,64

37,85

37,13

1

147

35,06*

36,71*

35,72*

2

19,95

35,13

37,23

35,98

3

16,22

35,24

37,78

36,27

4

30,35*

35,12

38,1

36.32

Source: A partir des données brutes et à l'aide du logiciel EVIEWS

Les trois critères d'information utilisés (AIC, SC et HQ) sont tous favorables à l'introduction d'un seul retard. Bien que le LR sélectionne plutôt quatre retards, on peut considérer qu'un seul retard est représentatif.

Le modèle à estimé est donc de la forme suivante:

et désignent respectivement la matrice des coefficients associés aux valeurs retardées des endogènes et la matrice des coefficients associés aux exogènes. et désignent respectivement le vecteur des constantes et le vecteur d'impulsions non corrélées.

Les résultats de l'estimation du modèle sont reportés en annexes IV. Les tests de Breush-Godfrey et de Ljung-Box montrent que les résidus ne sont pas autocorrélés tandis que le test de White indique l'absence d'autocorrélation de résidus.

5. INTERPRETATION DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS

L'objectif de ce chapitre est de présenter succinctement les résultats issus de différentes estimations et de dégager leur implication en terme de politique afin de proposer des recommandations.

5.1. Interprétation des résultats

Les résultats visant à étudier la similarité des mouvements des prix dans l'espace UEMOA seront présentés séparément de ceux dont l'objectif est d'évaluer l'impact de la crise ivoirienne et des reformes préférentielles.

5.1.1. Analyse de l'intégration des marchés

Il ressort de différentes analyses que le secteur céréalier de l'UEMOA n'est pas exclusivement formé des marchés intégrés. Il est plutôt fragmenté en sous espaces intégrés. L'importance et la structure de ces sous espaces varient selon les céréales comme le rappelle le tableau ci-dessous dans lequel "oui" désigne que le marché est intégré et "non" désigne le contraire.

Tableau n°22: Résumé des résultats sur l'intégration des marchés

 

Bénin

Burkina

Côte d'Ivoire

Mali

Niger

Sénégal

Togo

Maïs

oui

oui

non

oui

oui

oui

oui

Mil espace 1

non

oui

oui

oui

oui

non

non

Mil espace 2

non

non

oui

oui

oui

non

oui

Mil espace 3

non

oui

non

oui

non

oui

oui

Riz importé

oui

oui

oui

 
 

oui

oui

Riz local

non

 

non

 
 

non

non

Sorgho

non

oui

 

oui

oui

 

oui

Source: Nous-même

Mis à part le marché d'Abidjan, le secteur de commercialisation du maïs des pays concernés forme un ensemble économique intégré. Le fait que le marché d'Abidjan n'appartient pas à cet espace est une conséquence probable de l'importance des flux migratoires. En effet, les jeunes ruraux des pays sahéliens se dirigent généralement vers les grands centres urbains des pays côtiers (principalement Abidjan pour les pays de l'UEMOA) à la recherche d'une occupation complémentaire. Ils emportent avec eux leurs habitudes alimentaires dont les céréales sont la base essentielle. Ainsi les besoins en céréales s'accroissent dans ces villes côtières surtout lors des évènements socioculturels (baptêmes, mariages, Ramadan, Tabaski, Noël, etc.). Ce qui implique une demande plus vigoureuse et des prix plus élevés des céréales dans la production desquelles ces pays semblent avoir des avantages sur leurs pairs sahéliens (cas du maïs). Du coup, les différentiels des prix ne sont plus suffisamment importants pour couvrir les coûts de transactions et les échanges sont de facto bloqués. Il y a cependant lieu de relativiser cette perception des choses car les investigations menées par l'OMA et le FEWS/NET ainsi que certaines études comme celle de Traoré et al. (2002) ont indiqué non seulement l'existence mais aussi et surtout l'importance des échanges de cette céréale entre la Côte d'Ivoire et ses voisins. C'est le cas surtout du Mali. En effet, il a été constaté que les commerçants maliens exportent du mil vers la Côte d'Ivoire pour répondre à une demande de ce produit certainement à un prix plus rémunérateur surtout durant le mois de Ramadan et en retour, ils importent du maïs qui est moins cher. Et ce, malgré les récents évènements malheureux survenus en Côte d'Ivoire imposant une certaine prime de risque aux commerçants due par exemple à d'éventuels blocages de marchandises.

Les marchés du mil sont plutôt compartimentés en trois sous espaces. Les deux premiers sous espaces présentent des caractéristiques qui ne sont pas nettement différentes du fait qu'ils sont identiques à un marché près (le premier étant composé du Burkina, Mali, Niger et Côte d'Ivoire; et le deuxième du Mali, Niger, Côte d'Ivoire et Togo). Pour l'essentiel, ces pays sont tributaires de la Côte d'Ivoire. Leurs liens économiques semblent être historiques impliquant une plus grande efficacité des arbitrages spatiaux. En effet les échanges sont un vecteur important de la mise en relation des populations de diverses entités nationales et régionales. Sans prétendre à des analyses sociologiques, cela est gage des brassages socioculturels. Ce qui limite les coûts de transactions liés à des facteurs culturels (langue, religion) en élaguant des égoïsmes, des préjugés et des clivages primaires. Cette dimension historique est importante bien qu'elle soit fortement influencée par quelque vingt ans de politiques d'encadrement instaurées dans les pays sahéliens depuis le milieu des années 1960 et conduisant à la mise en place des organismes dont l'objectif est de maîtriser la production et la commercialisation des céréales. Dans cet ordre d'idées, on peut citer l'Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM), l'Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) et l'Office national des céréales du Burkina (OFNACER) crées respectivement en 1965, 1970 et 1971. Ces offices achetaient des céréales pendant la période de récolte pour les revendre à des prix relativement faibles en vue de contrecarrer les comportements spéculatifs des commerçants qui se manifestent généralement pendant la période de "soudure" Fortement influencés par cet encadrement, les opérateurs du secteur céréalier ont eu du mal à renouer les liens existants entre eux et leurs collègues de la sous-région. Mais, déjà avec les mesures unilatérales de libéralisation du secteur vivrier entreprises par ces Etats en 1980 pour le Mali et au cours des années 1990 pour les autres, les échanges intra-UEMOA ne cessent de s'intensifier (Traoré et al., 2002). Les récentes mesures préférentielles viennent fortifier l'intensité de ces liens économiques. Un autre élément qu'il faut encore souligner est l'importance des mécanismes mis en oeuvre par la SADAOC dont la Côte d'Ivoire, le Burkina et le Mali sont membres. Ces sous espaces s'apparentent également à la classification établie par le CILSS et ses partenaires au courant les années 1990 distinguant trois blocs d'échanges en Afrique de l'ouest dont le bloc central composé du Burkina, Côte d'Ivoire, Ghana, Mali, Niger et Togo.

Composé du Mali, Togo, Sénégal et Burkina; le dernier sous espace intégré des marchés du mil semble devoir sa formation à un effet combiné de proximité et de corridor. Le Mali est un pays qui produit plus de céréales que les autres pays sahéliens de la zone comme l'indique le tableau 22 ci-dessous. De ce fait, ses voisins s'y approvisionnent régulièrement. Ces approvisionnements ont été facilité par le chemin de fer Bamako-Dakar et le corridor Bamako-Ouagadougou-Accra. Le Ghana joue également un rôle prépondérant tant de par la fréquence de contacts avec ces pays que de par son voisinage avec certains d'entre eux (Togo et Burkina).

Tableau n°23 : Evolution comparée de la production céréalière par habitant des pays sahéliens de l'UEMOA.

 

Production céréalière par habitant (en kilogrammes)

Campagne agricole

 

Pays

1997/1998

1998/1999

1999/2000

2000/2001

2001/2002

Moyenne

Burkina

186

243

240

198

295

226

Mali

227

255

283

221

241

245

Niger

180

304

285

205

291

253

Sénégal

91

83

106

109

101

98

Source :Extrait de CILSS/ AGRHYMET, MARS 2003

Les marchés du riz local sont tous segmentés. Cela n'est pas surprenant dans la mesure où l'utilisation des techniques similaires (essentiellement basées sur un système d'irrigation utilisant les motopompes) conduit les pays à produire à des coûts assez voisins (le Sénégal est une exception du fait de la mise en place des mécanismes de production à grandes échelles à travers l'aménagement de deux grands barrages sur la vallée du Sénégal permettant au riz local d'être vendu dans des conditions assez compétitives). La bande du différentiel de prix devient donc étroite. Ce qui constitue une contrainte majeure pouvant rendre les marchés inopérants car les marchés sont très restreints et indifférenciés si bien qu'ils n'offrent pas une forte incitation à la diversification et à l'augmentation de la productivité. . Il convient de noter par ailleurs qu'il existe un déséquilibre structurel au niveau local dans la production du riz. Ce déséquilibre est caractérisé par une insuffisance de l'offre par rapport à la demande se traduisant non seulement par le fait que la quasi-totalité de la production locale du riz est autoconsommée mais aussi et surtout par la forte subordination aux importations de cette céréale aux fins de combler des déficits alimentaires. Cette forte dépendance alimentaire a créé des habitudes alimentaires que l'agriculture locale est incapable de satisfaire à son stade actuel. Par exemple au Burkina où le riz occupe le quatrième rang dans la production locale des céréales après le sorgho, le mil et le maïs, les besoins en cette céréale s'accroissent rapidement si bien que le Comité Interprofessionnel du Riz du Burkina (CIR-B) estime qu'ils passeront de 4,5kg par personne et par an en 2002 à 19 kg par personne et par an en 2010. Or, de fortes importations des produits alimentaires poussent les prix à la baisse et ont tendance à stimuler la consommation de ces produits alors que les producteurs locaux ont besoin des niveaux de prix plus élevés pour couvrir au moins leurs coûts de production. Les politiques de libéralisation ont ainsi instauré les conditions d'une perte de souveraineté alimentaire c'est-à-dire le droit reconnu à chaque Etat, ou groupe d'Etats, de définir comme il l'entend sa politique agricole et les types de soutien agricole (protection à l'importation et soutiens internes) appropriés dès lors qu'il s'interdit toute forme de dumping (OMC). Evincés de leur marché intérieur, les producteurs locaux se tournent vers des cultures d'exportations (dont ils sont preneurs de prix) pour faire face aux dépenses courantes : santé, éducation, obligations sociales, etc.

Les marchés du sorgho, dont l'analyse n'a concerné que cinq pays (Bénin, Burkina, Mali, Niger et Togo), sont tous intégrés mis à part celui du Bénin. Il faut remarquer que l"espace économique ainsi formé comprend le Burkina et ses voisins. Le sorgho occupe la première place dans la production céréalière du Burkina. De ce fait, ce dernier dégage régulièrement des surplus exportables dont les premières destinations sont les pays limitrophes (notamment sahéliens dont les céréales sont les aliments de base) à travers le commerce transfrontalier. De plus la proximité est un facteur intégrateur dans la mesure où les coûts d'accès aux marchés (transport, information, négociation des contrats, etc.) sont généralement indiqués comme la cause première de l'isolement de régions pauvres par rapport aux grands courants d'échanges.

Quant à l'analyse de l'intégration des marchés du riz importé, il convient de rappeler que, faute de disponibilité globale des données, elle a été restreinte aux cinq pays suivants: Bénin, Burkina, Côte d'Ivoire, Sénégal et Togo. Seuls les marchés des trois premiers pays sont intégrés et suivent donc une dynamique commune de long terme. Ce qui est inattendu et difficile à interpréter, c'est l'absence du Togo dans cet espace bien que ce pays soit voisin commun du Bénin et du Burkina et que le port de Lomé joue un grand rôle dans le ravitaillement en riz importé (essentiellement thaïlandais et chinois). Excepté ce paradoxe, l'intégration des marchés du riz importé semble avoir donné à la proximité et à la variable prix une importance prépondérante. Les importations du riz dans l'espace UEMOA transitent généralement par le port d'Abidjan, de Lomé et de Cotonou. Le Burkina profite à la fois de sa proximité avec ses pays et de l'existence des voies routières (cas du Bénin) ou ferroviaires (cas de la Côte d'Ivoire) assez viables par lesquelles d'importantes quantités du riz importé se transportent. Les livraisons se font dans des conditions concurrentielles du fait de la diversification des sources d'approvisionnements. Ce qui permet aux consommateurs et aux producteurs de choisir les prestations adéquates.

5.1.2. Impact de la crise ivoirienne et des reformes préférentielles

A ce niveau, il convient de noter que les différents modèles estimés sont d'une qualité globale assez bonne (le coefficient de détermination ajusté allant de 0,4 à 0,89) indiquant ainsi qu'une part importante de la variabilité a été cernée par les variables introduites malgré l'existence d'un nombre important des coefficients individuellement non significatifs. La plupart des coefficients apparaissent généralement avec leur signe théorique attendu. Globalement, on peut dire sauf dans des rares exceptions, les différentes mesures préférentielles ont été plutôt décevantes. Par contre la crise ivoirienne a souvent provoqué une hausse des prix surtout pour la Côte d'Ivoire, le Burkina, le Mali et le Niger confirmant une fois de plus le degré de dépendance de ces trois derniers pays vis-à-vis du premier.

5.1.3. Marchés du maïs

L'évolution de prix du maïs révèle l'existence d'une relation de long terme stable entre les pays de l'UEMOA (Côte d'Ivoire exclue) au delà de leurs mouvements sporadiques de court terme. Cette relation indique que les prix du Sénégal dépendent positivement de ceux du Mali, du Niger et du Togo mais négativement de ceux du Burkina et du Bénin. Ainsi, à long terme, toute hausse des prix du maïs au Mali, Togo ou Niger est préjudiciable aux consommateurs sénégalais. En effet, le Sénégal est un pays à climat essentiellement septentrional. Du fait de cette position climatique, il enregistre régulièrement des déficits en céréales notamment le maïs dont le terrain de prédilection est la zone humide. Les approvisionnements du Sénégal se font en conséquence à travers des flux d'importations à travers des opérations d'arbitrages spatiaux. Ce qui pourrait expliquer la sensibilité des prix du Sénégal par rapport à ceux des autres pays, les convoitises à la recherche de cette céréale devenant rudes en période de rareté. Ces mêmes constats sont corroborés par la dynamique de court terme.

La crise ivoirienne a eu comme effet haussier sur prix de tous les pays toutefois l'influence n'est significative que sur l'évolution de court terme de ceux du Niger et du Mali. Ce qui traduit le degré d'interdépendance de ces économies. En ce qui concerne les mesures préférentielles, aucune d'entre elles n'a eu un impact significatif, conséquence probable de l'appartenance de ces pays à une zone de libre-échange plus vaste qu'est la CEDEAO. En effet, plusieurs études ont montré que l'analyse des échanges céréaliers dans l'UEMOA nécessitent une vue plus globale en tenant compte notamment des autres pays de la CEDEAO et de ceux du CILSS dans la mesure où les échanges de certains pays de l'UEMOA avec des pays tiers (Ghana et Nigeria surtout) sont plus actifs que leurs échanges intracommunautaires. C'est le cas du Niger, pays dont les déficits alimentaires sont généralement comblés par des importations provenant essentiellement du Nigeria. Par exemple, au cours de la période 2000-2001, les importations en céréales du Niger provenaient du Nigeria à hauteur de 75%, 81% et 21% respectivement pour le mil, le sorgho et le maïs. Toutefois, le degré d'incertitude sur l'évolution des prix au Nigeria dû à l'instabilité de la Naira (monnaie du Nigeria) conduit de fois les commerçants nigériens à retourner vers d'autres pays comme le Bénin et Burkina.

Les prix du maïs pratiqués au Burkina ne subissent qu'une influence positive de ceux du Togo (avec un retard de trois mois) et du Mali (avec un retard d'un seul mois). La contiguïté semble avoir pleinement joué son rôle. Les prix du Niger dépendent non seulement de ceux du Mali et du Togo retardés d'un à quatre mois mais aussi de leurs propres valeurs décalées sur une période de quatre mois. Comme l'a fait remarquer Aboubacar (2003), le Niger est un pays qui importe des céréales même pendant les campagnes jugées bonnes. Dans l'espace UEMOA, ses principaux fournisseurs en maïs sont le Bénin, le Mali et le Togo. Il est tout à fait logique de constater un lien entre les prix de ces derniers et ceux du Niger. Le fait que les prix du Niger suivent un processus autorégressif ayant quatre mois de retards renvoie directement à des phénomènes purement spéculatifs dont les manifestations les plus explicites apparaissent subséquemment aux années de mauvaises récoltes où une période de soudure sévit. La rigueur de celle-ci est souvent atténuée par des importations en maïs et en gari provenant d'autres pays.

Les prix du Togo ne dépendent pas de leur propre passé. En revanche, ils dépendent positivement de ceux du Burkina et négativement de ceux des autres pays avec un délai pouvant aller jusqu'à trois mois. Les habitudes alimentaires du Togo (tout comme dans les autres pays côtiers) combinent les céréales avec d'autres appoints alimentaires (bananes plantains, patates douces, manioc, vouandzou, etc.). ce qui lui permet de dégager d'importants excédents échangeables dont les prix s'imposent aux producteurs nationaux sur le marché régional. Cela semble être le cas du Bénin dont les prix ne subissent que l'influence négative de ceux du Niger (avec un délai d'un mois) et du Togo (avec un délai de trois mois). Le Niger est le principal importateur des produits béninois parmi les pays de l'UEMOA (Direction des affaires économiques du Bénin, 2004).

5.1.4. Marchés du mil

La normalisation est également faite par rapport aux prix du Sénégal. Alors qu'à court terme les prix du Togo et du Mali n'exercent aucune influence sur ceux du Sénégal, à long terme, deux effets contradictoires apparaissent: une influence négative des prix du Mali et une influence positive de ceux du Togo ( la première étant plus prononcée que la seconde). Ce qui voudrait dire qu'il existe une relation de long terme bien que ces prix évoluent indépendamment sur une courte période.

Les résultats de l'estimation ont également fait ressortir une interconnexion des marchés des pays sahéliens avec de fois des effets asymétriques. Ce qui débouche sur un double constat. Premièrement, ils rejoignent l'idée selon laquelle les échanges ne se limitent plus à la traditionnelle dynamique où les flux ont le sens univoque pays excédentaires-pays déficitaires, des pays déficitaires pouvant échanger entre eux. On peut attribuer cette cela aux efforts fournis par les systèmes d'information sur les marchés dont le principal objectif était de réduire les asymétries informationnelles tant entre les vendeurs et les acheteurs que entre les divers marchés.

Deuxième, ces résultats permettent d'entrevoir que les évolutions divergentes de court terme soldées essentiellement sur des effets asymétriques entre les marchés de divers pays vont laisser place à une relation stable à long terme. Par exemple, alors que l'évolution des prix sur les marchés maliens va de pair avec celle des marchés sénégalais sur le court terme, à long terme une relation inverse s'observe. Ce qui fait dire que toute baisse des prix du mil sur les marchés maliens n'est profitable aux consommateurs sénégalais qu'à court terme. La justification probable en est que l'augmentation des prix des produits locaux donne occasion aux pays industrialisés d'écouler plus facilement leurs excédents en biens identiques ou substituables. Ce qui conduit à l'instabilité des sources d'approvisionnements dans le temps. Or , comme le soulignent Azoulay et Dillon (1993), l'importation de ces produits alimentaires par les pays africains déficitaires constitue une menace de la désorganisation de la production locale notamment en créant de nouvelles habitudes alimentaires. Ces nouvelles habitudes affaiblissent la demande des individus en produits locaux. Les opérateurs privés, dont les coûts de transactions sont énormes, sont ainsi découragés et par voie de conséquence les marchés ne se développent pas. « Nous produisons un coton de haute qualité parfois à un prix cinq fois moins inférieur que celui de l'Europe et des Etats-Unis, nous devons le vendre à un prix d'or mais à cause des subventions qui cassent les prix, nous ne pouvons pas. Cela devient un désastre pour nos populations et sème la désolation dans nos pays », pour reprendre les termes par lesquels l'ambassadeur du Bénin à l'OMC, Samuel Améhou, dénonce les vagues de marginalisations qui pèsent sur les producteurs ouest-africains. Plus préoccupant est que ces pays industrialisés exercent des pressions sur les pays économiquement moins avancés qu'ils réduisent le degré de protection de leurs économies. Par exemple, bien que la protection de la farine soit de 50 €/t dans l'UEMOA contre 174 €/t dans l'Union Européenne, le Syndicat français de la meunerie d'exportation a exercé des pressions sur l'UEMOA fin 2001 pour réduire de 20% à 10% son droit de douane, sous prétexte que celui sur le blé n'est que de 5%, en disant : "on ne peut pas dire que protéger un moulin...c'est agir pour le développement"!(Berthelot , 2005). Pourtant, nous ne cultivons pratiquement pas le blé et donc la farine de blé est un concurrent étranger de taille pour nos céréales locales. Or, la place prépondérante de l'agriculture dans l'économie ouest-africaine et le rôle d'entraînement que son développement est susceptible d'exercer sur les autres secteurs économiques imposent qu'un intérêt vital soit porté à ce secteur.

Les prix pratiqués sur les marchés des pays côtiers réagissent eux aussi aux variations des prix des pays sahéliens mais avec un délai de trois ou quatre mois. A titre d'exemple, l'évolution des prix sur les marchés ivoiriens va de pair avec celle des valeurs retardées de quatre période des prix au Mali. De même les prix des marchés ivoiriens évoluent dans un sens inverse de celui des valeurs retardées de quatre mois des prix pratiqués sur les marchés sénégalais. L'importance de ce délai peut être due à des évènements réguliers (Noël, Tabaski, Ramadan) qui impliquent une demande plus vigoureuse en céréales. Toujours est-il que ces résultats laissent présager qu'un marché régional est en train de se construire progressivement.

L'impact de la crise ivoirienne se manifeste à travers le renchérissement des prix en Côte d'Ivoire et au Mali. Ce résultat rejoint la conclusion de Lutz (1994) selon laquelle, en absence des entraves au commerce, on observerait des flux intenses de céréales sèches transhumer du sud du Mali vers le nord de la Côte d'Ivoire. Source de divers gains en bien-être notamment l'impulsion de bas prix aux consommateurs à travers l'apprentissage collectif la création des économies d'échelles, cette étroitesse des liens économiques peut être handicapée par des évènements aussi majeurs que de la crise ivoirienne.

Les seules mesures préférentielles ayant eu d'impact sur l'évolution de différentes chroniques sont les politiques sectorielles (renchérissement des prix au Sénégal) et le deuxième volet du TEC qu'est le plan de stabilité (réduction des prix à la Côte d'Ivoire).

5.1.5. Marchés du riz importé

Un VECM et un VAR ordinaire (les séries n'étant pas toutes intégrées) ont été utilisés respectivement pour les séries intégrées d'ordre 1 (puisqu'elles sont co-intégrées) et pour les séries stationnaires. Le VECM (respectivement le VAR) concerne le Bénin, le Burkina et la Côte d'Ivoire (respectivement le Sénégal et le Togo).

Pour ce qui est du VECM, la relation de co-intégration a été normalisée sur les prix du Bénin. Cette relation de long terme indique que les prix du Bénin et ceux de la Côte d'Ivoire évoluent en sens inverses et que l'influence des prix du Burkina n'est significative. Les évolutions de court terme s'inscrivent également dans cette dynamique. En effet, à court terme, outre l'impact négatif des prix de la Côte d'Ivoire sur ceux du Bénin, aucune autre influence n'a été relevée.

Pratiquement, les mesures préférentielles n'ont eu influence affecté que sur l'évolution des prix du riz importé de la Côte d'Ivoire: les politiques sectorielles (impact négatif), le plan de convergence (impact négatif) et le système des compensations financières des moins-values (impact positif). La Côte d'Ivoire étant le plus grand pays de la zone tant du point de vue du P.I.B que de celui de la population, à court terme, les mesures de libéralisation la favorisent relativement aux autres pays y compris ceux qui disposent aussi d'un port. En effet, les analyses utilisant les modèles de gravité ont montré que l'importance des flux commerciaux dépend positivement de la puissance économique des pays (P.I.B et population). Forts de ce fait, certains analystes se plaisent d'affirmer que le libéralisme est l'arme du plus puissant ou comme le dit Vandana Shiva "le libre-échange n'est pas l'anti-protectionnisme. C'est le protectionnisme des puissants".

Mais, très étonnant est que les prix du Burkina et ceux de la Côte d'Ivoire évoluent indépendamment alors que l'analyse de l'intégration a montré que le Burkina, le Bénin et la Côte d'Ivoire forment un sous ensemble intégré en ce qui concerne la commercialisation du riz importé. Cela peut s'expliquer par l'effet de détournement de flux intervenu après la fermeture du chemin de fer entre le Burkina et la Côte d'Ivoire. Les opérateurs de ces deux pays ayant de difficultés à nouer des contrats, ils se tournent vers d'autres partenaires.

Quant à l'approche VAR, elle montre que les prix du riz importé sur les marchés du Sénégal ne dépendent que de leurs propres niveaux au mois précédent et d'une constante pouvant s'interpréter en terme de distance (tous les deux tirant les prix à la hausse) tandis que les prix au Togo dépendent non seulement de leurs valeurs au mois précédent et des termes déterministes(constante et tendance) mais aussi du cours international du riz. Cette indépendance totale des prix du riz importé entre les marchés du Togo et du Sénégal peut s'expliquer par le fait que chacun de ces deux pays disposent d'un port par lequel il s'approvisionne. Le fait que les prix du Sénégal soient indépendants du cours international du riz tient probablement à l'importance de la production locale de cette céréale. Enfin, de façon inattendue, le système de compensation de moins-values dues au désarmement tarifaire a eu un effet haussier sur les prix du Togo, un conséquence probable de la situation politique du pays qui n'était pas reluisante.

5.1.6. Marchés du riz local

Les séries des prix du riz local étaient stationnaires à niveau , exceptée celle de la Côte d'Ivoire dont l'ordre d'intégration est 1. Par conséquent leur analyse a été menée au moyen d'un VAR ordinaire sur la différence première des prix de la Côte d'Ivoire et les niveaux des autres variables. Les résultats obtenus (cf. annexes IV) indiquent que les prix de chacun de pays concernés ne dépendent que de leurs propres valeurs passées, exception faite pour les prix du Mali et du Sénégal qui s'exercent une influence négative réciproque. Ce qui confirme largement l'idée évoquée plus haut selon laquelle les prix du riz local évoluent indépendamment et par conséquent les marchés sont segmentés.

Mis à part le fait que le système de compensations financières des moins-values aurait tiré les prix de la Côte d'Ivoire à la hausse, ce qui n'est pas surprenant (ses effets vertueux pouvant être neutralisés par la crise), les mesures préférentielles (autres le système de pacte de stabilité ) entreprises dans le cadre des rapprochements intra-régionaux ont été favorables à une réduction des prix dans tous les pays étudiés conformément à nos attentes. Quoi qu'on doive y émettre de réserves, on peut penser que ces politiques sont de nature à améliorer la compétitivité-coût des entreprises domestiques existantes et les conditions d'émergence de novelles entreprises nationales.

5.1.7. Marchés du Sorgho

Il convient de rappeler que l'analyse des marchés du sorgho ne concerne pas le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Bénin, les deux premiers en raison de l'indisponibilité des données et le dernier du fait que sa série est stationnaire en niveau et donc ne peut être co-intégrée aux autres qui sont intégrées d'ordre 1.

Une normalisation par rapport aux prix du Niger a été retenue dans la relation de long terme. Cette dernière indique que les prix du Niger dépendent de positivement de ceux du Burkina , l'influence des autres prix étant négligeable.

Dans ce cas aussi, la crise ivoirienne entraîne une hausse des prix mais qui n'affecte significativement que le Niger. Contrairement à ce qui est attendu, les politiques sectorielles et le pacte de convergence ont été favorables à une hausse de prix dont la teneur affecte tous les pays tandis que les autres politiques restent sans effet. Ces mesures ont été très libérales, il n"est donc pas étonnant qu'elles ne puissent pas garantir des prix compétitifs aux producteurs ruraux. Les prix du sorgho au Mali et au Burkina ne dépendent d'aucune variable retenue y compris leurs propres valeurs retardées. Tout en étant indépendants de leur passé, les prix au Niger vont de pair avec ceux du Mali avec un retard d'un mois. Quant aux prix du sorgho sur les marchés du Togo, ils ne sont sujets qu'à leur évolution pendant le mois précédent et celle des coûts de transports au Burkina. Le Burkina et le Mali jouent donc un rôle moteur dans la commercialisation du Sorgho. On peut avancer l'hypothèse explicative de l'effet corridor qui aurait amoindri les coûts monétaires d'un déplacement mais aussi le coût d'opportunité du temps consacré aux voyages. En effet, la réhabilitation du corridor Bamako-Ouagadougou-Accra a permis aux pays enclavés de la zone (Burkina, Mali et Niger) de joindre plus facilement la ville de Tema (Ghana). Selon un rapport de l'UEMOA, ce corridor traite actuellement près de 30% du trafic des pays dits d'Interland (Mali, Burkina et Niger).

5.2. Simulations des chocs

Traditionnellement, pour analyser les effets d'un choc sur une variable exogène, on étudie les effets (statiques ou dynamiques) d'une variation d'une ou plusieurs variables exogènes. Or, dans une modélisation VAR, toutes les variables ont le statut d'endogènes. Simuler un choc revient à considérer les innovations (les parts de la variabilité des variables que le modèle ne permet pas d'expliquer) comme étant des variables exogènes et d'en analyser les effets sur les variables du modèle. Ces innovations peuvent donc subir des modifications exogènes au modèle (non anticipées) pouvant dévier les chroniques des valeurs qu'elles auraient prises selon les informations disponibles. Les outils d'analyse utilisés à cet effet sont les fonctions de réponse impulsionnelle et la décomposition de la variance sur un horizon temporel donné.

5.2.1. Fonctions de réponse impulsionnelle

La fonction de réponse impulsionnelle d'une variable X suite à un choc sur les résidus d'une autre variable Y (éventuellement sur les propres résidus de X elle-même ) mesure la sensibilité de X face aux chocs exogènes affectant Y (éventuellement affectant X elle-même).

Les graphiques symbolisant les fonctions de réponse de différentes variables sur un horizon temporel de dix mois sont fournis en annexes V.

Un choc négatif (modification exogène à la baisse) sur les prix peut être interprété comme étant par exemple un effet d'une politique de lutte contre l'inflation. De même un choc positif (modification exogène à la hausse) peut par exemple être imputable à une politique de lutte contre le chômage (sous l'hypothèse que la Courbe de Phillips tient).

Les fonctions de réponses impulsionnelles des prix du maïs et du mil indiquent que, de façon générale, les prix de chaque pays s'ajustent à la hausse suite à un choc positif affectant l'évolution des prix dans un autre pays. Non seulement ce choc est permanent mais aussi et surtout il va en croissant sur une période de 10 mois. Toute hausse non anticipée sur un marché risque de dévier les autres de leur sentier de long terme. Tout se passe comme s'il existait des mécanismes amplificateurs des écarts.

En revanche, les prix du riz local de chaque pays ne réagissent qu'aux chocs affectant les marchés domestiques. L'impact est haussier mais temps à disparaître à partir du cinquième mois. Il y a cependant lieu de noter que les prix de la Côte d'Ivoire et du Sénégal réagissent de façon asymétrique les uns suite aux chocs affectant les autres. Ce même constat est fait entre les prix du riz importé du Bénin et de la Côte d'Ivoire sur les cinq premiers mois avant d'avoir des effets symétriques à partir du sixième mois. L'évolution des prix du riz importé sur les marchés burkinabé ne serait perturbée que par des modifications exogènes entamant les prix domestiques. En cas de la réalisation d'une telle éventualité, le choc affectant les prix à la hausse produirait un impact haussier stable tout au long de l'horizon temporel choisi. Par contre, quand les prix sur les marchés ivoiriens et burkinabé connaissent des hausses non anticipées, celles-ci se répercutent sur les marchés ivoiriens mais avec des effets diamétralement opposés. D'éventuels chocs sur les prix des marchés sénégalais (respectivement togolais) du riz importé ne pourraient affecter que leur propre évolution. Un choc positif sur les prix du Sénégal ou du Togo produirait un impact haussier sur les prix domestiques. La teneur de cet impact s'estompe avec le temps et disparaîtra complètement au bout d'un semestre.

Enfin, les réponses impulsionnelles des prix du sorgho montrent que toute hausse non anticipée sur les prix au niveau d'un marché quelconque se traduit par une augmentation des prix aussi bien sur les marchés domestiques que sur les autres. Cet impact pourrait être entretenu par des mécanismes dynamiques le rendant permanent. L'impact du choc peut même s'accumuler et aller en croissant. C'est ce qu'on observe sur les réponses des prix sur les marchés nigériens suite aux chocs affectant les prix des autres pays.

5.2.2. Décomposition de la variance

La décomposition de la variance est d'une importance capitale car elle permet d'identifier les variables qui affectent plus significativement l'évolution globale des chroniques en jeu. Son objectif est de calculer la contribution sur les innovations des variables à la variance de l'erreur de prévision de chacune de ces variables. Une chronique X est d'autant plus sensible aux chocs affectant une autre chronique Y que la contribution des innovations sur Y à la variance de l'erreur de prévision de X est forte.

Pour toutes les séries, les résultats de la décomposition de la variance sont reportés en annexes V.

La décomposition de la variance de l'erreur de prévision des prix du mil fait d'abord remarquer que les innovations sur les prix de la Côte d'Ivoire n'influencent pratiquement que la variance de l'erreur de prévision des prix du Mali. Inversement, la variance de l'erreur de prévision des prix de la Côte d'Ivoire n'est due qu'à leurs propres innovations (75,6% à 99,75%) et, dans une moindre mesure, les innovations sur les prix du Mali (avec une contribution maximale de 13,34%). Ce renvoie à l'idée de l'existence d'une réciprocité des échanges entre ces deux pays tant évoquée par Traoré et al. (2002). Ensuite, la décomposition de la variance des prix du mil met en évidence une interconnexion plus accrue entre les pays sahéliens. Les pays dont les innovations des prix contribuent le plus à la variance de l'erreur de prévision des autres pays sont le Mali et le Burkina. Tout choc affectant les prix sur les marchés de ces deux pays risque de faire dévier le sentier de long terme.

Quant aux marchés du sorgho, la décomposition de la variance indique que la variance de l'erreur de prévision des prix de chaque pays est certes principalement due à leurs propres innovations mais elle est également due à celles des prix des autres pays. Le cas le plus illustratif est celui du Burkina dont l'erreur de prévision des prix est plus expliquée par les innovations sur les prix du Niger (38,29% à 41% selon les périodes) que par les innovations sur les prix domestiques (34 que par les innovations sur les prix domestiques (34% à 37% selon les périodes, exception faite pour le premier mois de l'horizon temporel choisi où cette contribution était de 57%). On peut ainsi dire que les prix du sorgho sur les marchés burkinabé sont plus sensibles aux chocs affectant les prix du Niger qu'aux chocs affectant les prix domestiques. Réciproquement, la variance de l'erreur de prévision de prix sur les marchés nigériens est due aux innovations sur les prix du Burkina (avec une contribution allant de 16,5% à 32,78% suivant les périodes) et sur les prix du Mali (avec une contribution de 6,52% à 20,32%). Les prix du Mali sont aussi fortement influencés non seulement par des chocs les affectant mais aussi par des chocs affectant les prix du Niger et du Burkina. Il faut souligner qu'un choc sur l'évolution des prix sur les marchés togolais n'exercerait pratiquement aucune influence sur les prix des autres pays (la contribution de leurs innovations sur les prix des autres pays étant voisine de 0). La réciproque est également vraie. On peut donc résumer l'analyse de la décomposition de la variance des prix du sorgho en disant qu'elle révèle une forte interconnexion entre les marchés du Burkina, Mali et Niger. Ce qui est tout à fait attendu eu égard à ce qui a été dit précédemment.

En ce qui concerne les marchés du riz (importé et local), on peut noter que la variance de l'erreur de prévision des prix de chaque pays est quasi-totalement imputable à leurs propres innovations tout au long de l'horizon temporel (avec une contribution allant de 79% à 99%). Ainsi l'évolution des prix de ces céréales dans chaque pays n'est pratiquement entamée que par les chocs affectant les prix sur les marchés domestiques. Ce constat ajoute foi à l'idée de la fragmentation de ces marchés.

Enfin, les innovations sur les prix du maïs du Niger et du Togo ne contribuent quasiment pas à la variance des erreurs de prévision des prix des autres pays. Excepté cela, les marchés du maïs semblent être les plus interdépendants, les innovations sur les prix de chaque pays ayant un poids important dans la variance de l'erreur de prévision de chaque autre pays. Toutefois, il faut noter que les pays dont l'influence des prix sur les autres est la plus prononcée sont le Bénin et le Burkina. D'éventuels chocs sur les prix du maïs sur les marchés de ces deux pays affecteraient les prix des autres pays de façon sensible.

5.3. Recommandations

Nous sommes convaincu que réaliser une intégration économique plus harmonieuse et lutter contre l'insécurité alimentaire, gage de développement, ne sont pas hors de la portée d'un espace économique aussi prospère que l'UEMOA s'il on s'emploie à mettre en place et d'exécuter des dispositifs nécessaires. En ce sens et nous formulons les recommandations suivantes :

Recommandation 1: Suivi et évaluation des interactions entre l'évolution des marchés et la vulnérabilité.

A la lumière de notre analyse, il ressort que les producteurs locaux des céréales sont vulnérables à l'évolution des prix sur les marchés internationaux. Les prix mondiaux sont très fluctuants et la volatilité des termes de l'échange accentue ces fluctuations comme l'indique Berthelot (2005). Il est donc capital de chercher à comprendre comment les producteurs locaux dépendent des marchés afin de définir des actions communautaires susceptibles de rendre les produits de la zone plus compétitifs tout en tenant compte de l'environnement international. Cela passe d'abord par une amélioration des systèmes statistiques dans la mesure où le manque d'information sur les flux transfrontaliers des céréales est un problème crucial qui compromet la compréhension du fonctionnement des marchés régionaux de ce secteur ainsi que la formation des prix. Corrélativement, ce problème rend moins efficace l'action communautaire du fait d'une mauvaise capacité de prévision. Rien que la crise alimentaire de l'année 2004-2005 a été largement imprévue laissant perplexes tous les experts de la sécurité alimentaire (Commission Européenne, 2006) Pour les pays sahéliens, il faut noter que, vers la fin de l'année 2005, les instances du CILSS ont entamé des discussions avec leurs partenaires allant dans le sens de mettre en place des organes de suivi des stocks nationaux et des flux transfrontaliers mais il serait préférable que le suivi soit étendu aux pays côtiers dans la mesure où l'ouverture au marché régional impose la prise en compte de complémentarités entre différents pays..

Ensuite, une meilleure analyse économique tant conceptuelle que pragmatique de la sécurité alimentaire est nécessaire pour mieux cerner le fonctionnement des marchés céréaliers. Dans cet ordre d'idées, nous suggérons que les autorités l'UEMOA avec l'appui de ses partenaires financent des programmes d'études des marchés céréaliers d'abord au niveau national avant de s'intéresser au marché communautaire. Ces études devraient renforcer les analyses de terrain déjà entreprises par des ONG comme Afrique Verte (cas du Burkina, Mali et Niger) et des systèmes d'information tels que le FEWSNET et l'OMA (au Mali).

Recommandation 2: Promouvoir et Assurer la paix.

De nombreuses études ont montré l'existence d'une forte corrélation entre le couple (paix, stabilité) d'une part et le couple (développement, intégration économique) de l'autre (Dicko, 2005). En effet les instabilités et crises de quelque nature qu'elles soient sont symptômes des récessions car loin de favoriser les conditions de la croissance (en attirant les investissements nationaux et internationaux dans divers secteurs), elles conduisent à des vagues de délocalisations des entreprises exposant un nombre croissant d'individus au chômage et à la misère. L'exemple de la crise ivoirienne est l'un de plus illustratifs pour le cas de l'UEMOA. Un intérêt vital doit être porté à la paix au plan communautaire pour renforcer le schéma de l'intégration économique de nos économies et concrétiser un avenir meilleur. Promouvoir la paix suppose avant tout le respect de valeurs essentielles de la démocratie, des droits de l'homme et de la bonne gouvernance. Pour cela, le rôle de la Cour de Justice et de la Cour des Comptes, principaux organismes de contrôle sur la bonne gestion et la transparence au niveau communautaire, doit être renforcé et étendu dans la mesure où l'une des causes officielles des conflits les plus fréquemment évoquées en Afrique est la mauvaise gestion (corruption, manque de transparence dans les systèmes de passation des marchés, clientélisme, etc.).

Recommandation 3: Développer les liaisons routières et ferroviaires et améliorer la libre circulation des personnes et de biens entre Etats membres

Les économies de l'UEMOA se caractérisent par l'étroitesse de leurs marchés. Le transport routier est un véritable catalyseur des relations économiques. Ainsi, pour élargir les marchés et accroître les capacités productives, la création d'un réseau routier intégré viable et durable est d'une importance primordiale. Fort malheureusement, comme l'ont noté des études récentes citées plus haut (cf. chapitre II, section I), les coûts de transport et l'existence des intermédiaires non fonctionnels (c'est-à-dire les frais indûment exigés et diverses tracasseries non formelles) sont en premier lieu le facteur de blocage des échanges des produits vivriers dans l'UEMOA. Il résulte la nécessité de fournir des efforts au niveau communautaire pour mettre en place des infrastructures par lesquelles d'importantes quantités de biens se transporteraient plus facilement. Certes des efforts considérables ont déjà été fournis notamment avec le Programme d'Actions Communautaires des Infrastructures et du Transport Routier (PACITR), qui vise la réhabilitation des sections du corridor Bamako-Ouagadougou-Accra, mais beaucoup reste à faire.

Une autre dimension importante dans le processus de l'intégration économique est la libre circulation des personnes et de leurs biens. En effet, si deux ou plusieurs pays acceptent de coordonner leurs actions, c'est parce qu'ils estiment cette coordination a plus d'avantages que d'inconvénients. Ces avantages s'accroissent avec le degré de mobilité des facteurs (Mundell, 1961). L'idée est une forte mobilité des facteurs s'accompagne de ce qu'on appelle « effet de contagion » c'est-à-dire le transfert de technologies et de connaissances entrepreneuriales. Cela nécessite le renforcement du contrôle multilatéral ainsi que la mise en oeuvre et l'extension de diverses actions de facilitation de transport et de transit routier entre Etats membres prévues dans le cadre du PACITR .

6. CONCLUSION GENERALE

Multiples sont les espoirs portés à l'intégration économique des pays membres de l'UEMOA notamment en vue de combattre efficacement l'insécurité alimentaire et de créer ou d'améliorer les conditions d'une croissance durable. Dans ces directions, des efforts ont été fournis et continuent d'être fournis. L'objectif de ce rapport était de procéder à une analyse d'un volet des plus sensibles de cette intégration: l'intégration des marchés céréaliers. Les céréales retenues sont le maïs, mil, riz importé, riz local et sorgho. Il s'agissait en fait de savoir si les marchés de ces produits alimentaires se sont structurés en donnant naissance à des marchés sous-régionaux ou si, au contraire, ils ne sont jusque là que des marchés locaux fragmentés. L'objectif du travail était aussi d'évaluer l'impact des réformes préférentielles dans lesquelles ces pays se sont engagés pendant ces dernières années ainsi que l'incidence des évènements malsains dont la crise ivoirienne sur l'évolution des prix dans ces filières céréalières..

Une approche par les prix a été retenue. L'idée de base est que les prix sont des indicateurs qui agrègent de l'information sur de nombreuses variables. De ce fait, ils doivent être de bons signaux de l'évolution des marchés tant du point de vue de l'offre que de celui de la demande. Sans doute, l'approche n'est pas exempte de limites et ce, pour deux raisons essentielles. La première est que les anticipations des agents sont une partie intégrante de l'information agrégée par les prix. Or, la formation des anticipations des agents dépend de leur niveau d'information et des paramètres de risque ou d'incertitude. Si les agents ne sont pas bien informés ou évaluent très mal les risques, les prix jouent peu ou pas ce rôle de signal.

La seconde raison pour laquelle les analyses en termes des prix comportent des limites réside dans le fait que les prix ne sont pas la seule variable sur laquelle joue la concurrence. En effet, les règles des arbitrages spatiaux, surtout dans les pays en développement, prennent en compte plusieurs autres paramètres tels que qualité, délai de livraison, délai de paiement, éloignement, etc. Il est donc parfois nécessaire de "nourrir les prix" d'autres variables complémentaires.

Au delà de tous ces facteurs, des indices mensuels des prix moyens des céréales couvrant la période allant de janvier 1998 à décembre 2005 et issus des publications des organismes de la Statistique des pays de la zone (Guinée-Bissau exclue faute de disponibilité de ces données) ont été utilisés. La méthode d'analyse privilégiée est la théorie de la co-intégration.

La conclusion qui ressort de nos estimations, conduites par la méthode multivariée de Johansen, est que seuls les marchés du sorgho sont globalement intégrés pour tous les pays pour lesquels ils ont été étudiés. Toutefois, pour certaines céréales des marchés des sous espaces plus ou moins étendus sont unifiés. Par exemple la Côte d'Ivoire est le seul pays à ne pas appartenir à l'espace intégré des marchés du maïs. De même, les marchés du mil sont fragmentés mais en trois sous espaces intégrés d'une étendue de quatre pays (exception faite pour le Bénin n'appartient à aucun de ces sous espaces) dont le Mali et la Côte d'Ivoire semblent être les pivots.

La formation de ces sous espaces met en évidence l'existence d'un lien de complémentarité entre ces pays. Elle laisse également penser que les mesures de libéralisation entreprises par les autorités de l'UEMOA pour promouvoir l'intégration économique de la zone ont eu l'effet attendu qui est celui de fortifier les liens économiques intracommunautaires. Cependant, les effets de ces mesures sont plutôt décevants quant à leur impact sur l'évolution des prix des céréales sauf pour la Côte d'Ivoire qui enregistre souvent un effet baissier sur ses prix dû au tarif extérieur commun et un effet haussier dû au système de compensations des moins-values. Toutefois, il serait prématuré de porter un jugement définitif sur ces politiques en raison notamment de nombreux facteurs exogènes qui pèsent sur leur issue notamment la concurrence internationale et l'absence de diversification de l'appareil productif. Ce qui revoie à la question des contraintes financières qui limitent les possibilités de réaliser les investissements nécessaires notamment en terme de liaisons ferroviaires et routières, usines de production, etc.

Quant à la crise ivoirienne, ses effets se manifestent à travers le renchérissement des prix dans pratiquement tous les pays avec de degrés certes variables. Les pays pour lesquels l'influence est la plus prononcée sont la Côte d'Ivoire et les pays de l'Interland (Burkina, Mali et Niger) dont la dépendance vis-à-vis de la Côte d'Ivoire est certaine compte tenu de leur enclavement et de leur faible niveau d'industrialisation. Ces niveaux de prix plus élevés de céréales accroissent les difficultés d'accès à la nourriture aux ménages les plus démunis provoquant ainsi une dégradation accrue de leur situation alimentaire même si les marchés sont suffisamment approvisionnés du fait de la faiblesse de leur pouvoir d'achat. Ainsi, rechercher l'intégration économique dans l'UEMOA sans s'employer à juguler la crise ivoirienne ne serait-il pas vain espoir?

* 1 La sécurité alimentaire, selon la FAO, "est concrétisée lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. La sécurité alimentaire repose sur les quatre piliers que sont la disponibilité, la stabilité de l'approvisionnement, l'accès et l'utilisation".

* 2 En août 1999, la commission de l'UEMOA en collaboration avec la FAO a élaboré et adopté le Programme Spécial Régional pour la Sécurité Alimentaire (PSRSA). Les objectifs principaux de ce dernier étaient d'augmenter le revenu des communautés rurales, de promouvoir des échanges et l'intégration dans l'espace UEMOA.

* 3 Selon le Rapport d'Exécution de la Surveillance Multilatérale de l'UEMOA de décembre 2002, les prévisions optimistes indiquant un taux de croissance annuel moyen de 4,4% contre 1,9% en 2001et un taux d'inflation de 2,7% contre 4,1% en 2001 ont été compromises par la crise ivoirienne. L'estimation du taux de croissance a été revue à 2,7% et celle du taux d'inflation à 2,9%. Cela est probablement dû au fait que la Côte d'Ivoire est la plus grande économie de l'union tant du point de vue du PIB que de celui de la population.

* 4 Dans une étude financée par la commission européenne, l'organisation des échanges céréaliers dans les pays de la région Ouest africaine a été décrite comme une toile d'araignée avec des connections convergentes puis divergentes où tout part des commerçants grossistes. Ces derniers déploient leur toile (somme d'argent) vers les zones rurales pour collecter les céréales et autres produits agricoles sur les marchés locaux grâce à leurs collaborateurs sur place. Une fois collectés, ces produits sont stockés et il faut une période de soudure pour qu'ils soient redéployés à prix très élevés soit vers les zones déficitaires du pays soit vers les pays limitrophes. Cette même idée est reprise dans Bulletin d'information de la Banque Mondiale paru en date de 23 août 2006.

* 5 De crainte d'alourdir démesurément le travail, certaines de ces formes d'intégration économique ne seront pas exposées ici. Toutefois,, tout lecteur qui s'y intéresserait pourrait se reporter à Dicko Hamaciré (2005), "le marché commun de l'UEMOA: réalités et perspectives", Mémoire de Master en administration publique, Université Louis Pasteur de Strasbourg. Le document est disponible sur Internet.

* 6 Pour la distinction de ces différentes étapes, nous nous inspirons du dictionnaire des sciences économiques et sociales de Brémond et Gélédan, op.cit et du lexique d'économie de Silem et al. paru à Paris chez DALLOZ en 2002.

* 7 Ce traité a été signé le 7 février 1992. Il s'agit du deuxième acte fondamental du processus de construction de l'union européenne, le premier étant le traité de Rome signé le 27 mars 1957. Le traité de Maastricht est enté en vigueur le 1er novembre 1993.

* 8 Cette définition est proche de celle donnée par J. Brémond et A. Gélédan, Dictionnaire des sciences économiques et sociales, BELIN, Paris, 2002,p. 456.

* 9 A l'origine, les sigles FCFA et FCFP désignent respectivement franc des colonies françaises de l'Afrique et franc des colonies françaises du Pacifique.

* 10 Ces chiffres proviennent du rapport de la réunion des ministres des finances de la zone franc tenue à Paris les 11 et 12 septembre 2006. Par ailleurs, notons que le Prélèvement Communautaire de Solidarité (PCS) est l'unique source de financement des moins-values découlant de l'institution des tarifs préférentiels.

* 11 Il faut cependant souligner l'existence d'une redevance statistique de 1% surtout les produits même exonérés et le prélèvement de 1% pour alimenter les ressources du PCS.

* 12 Nous reviendrons sur la signification de ces types de modèles dans la section suivante.

* 13 L'ALENA ou Accord de libre-échange nord-américain est un traité créant une zone de libre-échange entre trois pays de l'Amérique du nord : le Mexique, les Etats-Unis et le Canada. Il est entré en vigueur le 1er janvier 1994. Il s'agit d'un prolongement de l'ALE.

* 14 La SADAOC signifie Sécurité Alimentaire Des Etats de l'Afrique de l'Ouest Centrale. C'est une communauté qui regroupe les 5 pays suivants: le Mali, le Burkina, le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Togo.

* 15 Pour un souci de simplification, dans cette partie, nous négligerons les effets saisonniers

* 16 Il convient de noter que dans le cas précis, les valeurs critiques de Dickey-Fuller simple ou augmentées ne sont pas opérationnelles. On se sert plutôt des valeurs critiques tabulées par Engle et Yoo (1987) ou celles tabulées par McKinnon (1991).

* 17 En dehors de SETAR et STAR, il existe beaucoup d'autres types de modèles à effets de seuils. Nous pouvons citer par exemple les modèles SETARMA, les MA symétriques et les MA non linéaires. Mais nous nous limiterons aux modèles SETAR et STAR pour la simple raison qu'ils sont les plus utilisés dans les études portant sur les échanges internationaux de façon générale et sur l'intégration des marchés en particulier.

* 18 Il existe plusieurs tests de linéarité parmi lesquels nous pouvons citer le test de Newbold et Granger (1976), Tong et Lim (1980), Keenan (1985), Hansen (1996), etc. Mais le dénominateur commun à tous ces tests est qu'ils sont complexes. Le test de Tsay est généralement présenté comme une alternative.






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