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Mécanismes d'autoprotection des institutions démocratiquement établies

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par Philippe Tunamsifu Shirambere
Université libre des pays des grands lacs RDC - Licence 2009
  

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III. GARANTIE DE LA MISE EN °UVRE DES DROITS DE L'HOMME

Lorsqu'à l'intérieur d'un Etat le pouvoir est organisé de telle sorte que les Droits de l'Homme sont violés, des individus et peuples sont fondés à faire usage des droits dont ils disposent, c'est-à-dire, selon le droit international, à résister aux violations commises par le gouvernement. Le droit à la rébellion est donc une garantie, un mécanisme de mise en °uvre des Droits de l'Homme. Recours ultime où la victime agit à son instance, lorsque les

4 autres garanties se sont avérées inefficaces ou inexistantes7. Ces moyens sont également reconnus par la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples en ce sens qu'elle admet à son article 20 que :

1. Tout peuple a droit à l'existence. Tout peuple a un droit imprescriptible et inaliénable à l'autodétermination. Il détermine librement son statut politique et assure son développement économique et social selon la voie qu'il a librement choisie.

2. Les peuples colonisés ou opprimés ont le droit de se libérer de leur état de domination en recourant à tous moyens reconnus par la communauté internationale.

3. Tous les peuples ont droit à l'assistance des Etats parties à la présente Charte, dans leur lutte de libération contre la domination étrangère, qu'elle soit d'ordre politique ou culturel8.

La Charte leur donne le droit de prendre les armes pour se libérer de la domination étrangère, pourvu qu'ils observent les normes humanitaires internationales, notamment qu'ils s'abstiennent d'attaquer des civils désarmés.

Pour renchérir cette thèse, le droit international reconnaît le droit à la rébellion à des individus contre un régime oppressif. C'est pourquoi les Nations Unies admettent que la personne peut en ultime recours user de la révolte contre la tyrannie et c'est dans cet esprit que diverses résolutions reconnaissent aux peuples sous domination le droit de recourir à la force dans leur lutte pour l'autodétermination.

Sur le plan interne, ce moyen trouve également une légitimité ou mieux une consécration constitutionnelle en ce sens que la Constitution9 du 18 février 2006 dispose en son art 28 que nul n'est tenu d'exécuter un ordre manifestement ilégal. Tout individu, tout agent de l'Etat est délié du devoir d'obéissance, lorsque l'ordre reçu constitue une atteinte manifeste au respect des droits de l'homme et des libertés publiques et des bonnes mceurs.

IV. DIFFICULTES DE L'EFFECTIVITE DE MECANISMES PRECONISES

Les instruments juridiques internes et internationaux garantissent, nous l'avons dit supra, le droit à la rébellion contre un régime oppressif d'une part et d'autres part le droit de faire échec à une prise de pouvoir par la voie autocratique contre un régime démocratique.

Dans ce sens, il convient de retenir que les instruments juridiques sus évoqués comportent des dispositions divergentes d'autant plus que les unes consacrent le droit à la rébellion et les autres l'incriminent. C'est pourquoi il est bienséant de reconnaître que la garantie d'un droit est une chose et sa mise en °uvre en est une autre. Cela revient à dire que la reconnaissance des droits ne suffit pas car elle doit emporter la reconnaissance de mécanisme de protection y compris le droit à la rébellion.

7 A., NYALUMA et T., LWANGO, Art. Cit., p. 305

8 NATIONS UNIES, Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, New York, 1990, p. 10.

9 A son temps, la Constitution de Transition du 04 avril 2003 prévoyait la même matière à la différence qu'elle dispose en son article 25 que nul n'est tenu d'exécuter un ordre manifestement illégal, en particulier lorsque celui-ci porte atteinte aux libertés et aux droits fondamentaux de la personne humaine...

Devant cette situation, le juge, gardien des droits et libertés fondamentaux, est embarrassé dans la mesure où il est appelé à dire le droit en sanctionnant ou non la rébellion. Dans son abstention de sanctionner la rébellion, il lui serait logiquement reproché d'être en connivence avec les rebelles bien que ce droit soit garanti par les textes fondamentaux.

A ce sujet Aristidis enseigne que « si malgré des garanties établies dans l'ordre constitutionnel pour assurer le respect des droits il y a violation de ceux-ci ; on dit alors qu'il y a oppression contre laquelle la résistance est légitime. Lorsque le pouvoir refuse à l'homme les moyens de préserver ses droits, l'histoire répond par un mot : la révolution »10.

Dans tous les cas, le pouvoir légitime ou illégitime cherche à se maintenir en place en faisant régner l'ordre et faisant respecter ses décisions au besoins par la contrainte. Un tel pouvoir ne tolère jamais la désobéissance au point que l'individu ou groupe d'individu insoumis est passible des sanctions pénales étant donné que la violence devient la seule arme pour asseoir son autorité. Ce qui permet de réprimer les rebelles vaincus considérant le fait que la rébellion est une infraction au regard du Code pénal congolais qui prévoit11 :

Article 133 : Est qualifiée rébellion toute attaque, toute résistance avec violences ou menaces envers les dépositaires ou agents de l'autorité ou de la force publique, agissant pour l'exécution des lois, des ordres ou ordonnances de l'autorité publique, jugements ou autres actes exécutoires.

Article 134 : La rébellion commise par une seule personne est punie au maximum d'une servitude pénale d'un an et d'une amende de cent à cinq cents zaïres ou d'une de ces peines seulement.

Article 135 : Si la rébellion a été commise par plusieurs personnes et par suite d'un concert préalable, la servitude pénale peut être portée à cinq ans et l'amende est de deux cents à mille zaïres.

C'est pourquoi un tel pouvoir ne laisse impuni toute atteinte étant donné que le pouvoir de commandement de l'Etat qu'incarne les gouvernants ne peut coexister avec la reconnaissance d'un droit de désobéissance des gouvernés.

Abe Fortas estime que le rebelle sera puni à moins que la loi qu'il évince ne soit entachée d'invalidité dans son principe ou dans son application. Dans le cas contraire, c'est-à-dire lorsqu'il évince une loi valide ou s'insurge contre un ordre juste, lors même qu'il serait inspiré des principes philosophiques ou moraux soutenables, il n'échappera pas à la rigueur de la loi pénale12. Ce qui revient d'affirmer qu'est rébellion condamnable qui ne vise pas la protection des Droits de l'Homme, par contre ne le sera pas si elle est exercée dans l'intérêt de la mise en °uvre d'un ordre nécessaire à l'effectivité des Droits de l'Homme.

C'est pourquoi toute rébellion peut s'avérer légitime dans les hypothèses suivantes13 :

Régime autoritaire : privé du « génie invisible de la cité » qui se fait obéir sans contrainte, le gouvernement
n'a plus que la violence pour asseoir son autorité. C'est alors qu'il commet des violations graves de

10 C-S., ARISTIDIS, Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, Bruxelles, Bruylant, 1973, p. 242 cité par A., NYALUMA, et T., LWANGO, Art cit., p. 296.

11 Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais tel que modifié et complété à ce jour, Mis à jour au 30 novembre 2004, In Journal Officiel de la RDC., 45ème Année Numéro Spécial 30 novembre 2004

12 ABE FORTAS, De la contestation et de la désobéissance civique, Seine, France-Empire, 1968, p. 99 cité par A., NYALUKOMA, et T., LWANGO, Art cit., p. 304.

13 A., NYALUKOMA, et T., LWANGO, Art cit., p. 307.

6 l'autorité. C'est alors qu'il commet des violations graves par actions et par omission que seul le droit à la rébellion est en mesure de redresser.

Domination coloniale et occupation étrangère : la rébellion est le seul moyen de contraindre le processus d'occupation, de déraciner celle-ci et de lutter contre des violations multiples qu'elle comporte.

Coup d'Etat militaire : la rébellion est le moyen de lutter contre le renversement des institutions démocratiques par les auteurs de coup d'Etat.

Ordre post-révolutionnaire : après avoir renversé un régime autoritaire et répressif, si le nouveau régime viole à son tour les Droits de l'Homme, la rébellion est la voie privilégiée pour empêcher une nouvelle tyrannie.

Discrimination raciale : le droit à la rébellion est incontestable du fait du caractère systématique des violations des Droits de l'Homme.

Le droit à la rébellion a fait ses preuves au cours de l'histoire des Droits de l'Homme. Il se trouve légitimé, lorsqu'il est exercé comme mécanisme de protection des Droits de l'Homme, dans le strict respect de ses conditions de mise en °uvre, à défaut de quoi elle sera non seulement illégitime mais aussi illégale et répréhensible.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld