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Déterminants de l'amélioration de l'étuvage du riz à  Bagré au Burkina Faso

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par Rigobert GUENGANE
Centre agricole polyvalent de Matourkou Bobo-Dioulasso - Diplôme d'ingénieur en agriculture 2011
  

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1.2 Problématique

1.2.1 Les contraintes de production du riz étuvé

Ces dernières années, la production rizicole de notre pays connait une amélioration positive de ses indicateurs, fruit des différents efforts et appuis consentis pour l'augmentation de la production. Mais malgré cette avancée, la demande nationale est couverte à 70% par les importations, soit environ 2/3 des besoins nationaux correspondant à 270 000 tonnes de riz décortiqué qui coûte environ 40 milliards de F.CFA par an au Burkina (ONAC, 2008). Pourtant, des atouts et des opportunités avérés permettant le développement de la culture sur le plan

1 « La qualité dans le domaine agro-alimentaire », rapport de P.Mainguy, 1989.

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national existent: i) la disponibilité d'importantes superficies aménageables et irrigables, ii) l'existence de variétés améliorées et de paquets technologiques, iii) l'existence d'une part de marché sûr et durable et iv) l'évolution positive d'autre part de l'engouement des consommateurs pour le riz local (FAO, 2011). Seulement, des contraintes réelles de la filière situées en amont, au niveau de la production et en aval étouffent ces faveurs et entravent son développement (Kaboré et al, 2007) et notamment celles liées à la transformation qui rendent fragile notre produit dans un contexte mondial de compétition. Et, en dépit des efforts fournis depuis des décennies pour le développement de la filière, cette situation expose notre riz à la concurrence déloyale qu'il mène face au riz importé des pays asiatiques surtout. Malgré donc les apports appréciables des innovations technologiques, l'on constate la persistance des contraintes techniques et socio économiques dont les plus importantes sont:

· l'irrégularité de l'approvisionnement des acteurs de la filière, liée à la saisonnalité de l'offre de produits frais et la qualité relative du riz paddy;

· l'insuffisance de maîtrise des techniques de transformation par les actrices qui reste préoccupante (MAHRH, 2008);

· les qualités diverses du riz étuvé sur le marché, notamment la disparité de couleur et l'hétérogénéité qui ne lui permettent pas de concurrencer les riz importés par le manque de stabilité de ses caractéristiques marchandes et culinaires;

· les difficultés pour les transformatrices à s'approprier les innovations technologiques à cause de leurs coûts élevés, du manque d'infrastructures et d'appuis divers;

· la faible performance des nouvelles technologies en cours de vulgarisation;

· la faible mise en oeuvre d'actions pour une meilleure visibilité du riz local à l'intention des consommateurs.

La recherche de l'amélioration de la qualité du riz étuvé est une urgence pour les pays africains dont le Burkina Faso, pour prémunir leurs économies fragiles et sauvegarder leur souveraineté alimentaire. Pour ce qui est des innovations technologiques, elles se sont traduites à travers des programmes de recherches entreprises dont les principaux résultats sont constitués d'avancées technologiques faites par anticipation et ce par les institutions de recherche et mises en oeuvre dans notre pays par l'IRSAT (Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologies) et l'APIPAC (Association des Professionnels de l'Irrigation Privée et Activités Connexes). Mais, celles-ci sont restées insuffisantes (MAHRH, 2008) et leur état dans le domaine de l'étuvage du riz pourrait se résumer de la façon suivante: d'abord l'introduction en 2001/2002, par un atelier

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de mécanique burkinabè (TOMODJEMA) à l'image d'un dispositif similaire d'autres pays de la sous région (Ghana et Guinée) du fût d'étuvage. Il est constitué d'un fût de 200 litres auquel est fixé en dessous un foyer amélioré, le tout solidaire d'un battis qui permet de faire basculer le fût. Une grille qui sert de tamis est fixée à l'intérieur pour retenir le riz à étuver. Le fond du fût est le réservoir d'eau dont la vapeur à l'ébullition monte dans la masse de riz placé du au-dessus. Un couvercle muni d'un voyant permet le contrôle du niveau de vapeur au niveau du riz et un robinet fixé à la base du fût permet les vidanges d'eau (ABC Burkina, 2010). Certes le fût possède des avantages comme la séparation du paddy avec l'eau, la cuisson à la vapeur, l'étuvage de grandes quantités de paddy par rapport aux marmites, une économie de temps et d'énergie par la réduction de la quantité de bois mais il n'a pas bénéficié d'un engouement fort de la part des femmes à cause de son coût élevé (175 000 francs CFA l'unité). De plus, son exigence en main d'oeuvre, son entretien difficile à cause d'attaques de la rouille, sa relative courte durée de `'vie`' par rapport aux marmites et la persistance de la question énergétique ont été des motifs de son rejet (Guenguéré, 2009). Ensuite, devant la non adoption du fût par les femmes et conscient du fait que l'étuvage du riz en contact avec l'eau ne permet pas d'obtenir du riz de bonne qualité, un nouveau dispositif fut mis au point par le Programme de Technologie Agricole et Alimentaire (PTAA) de l'Institut National des Recherches Agricoles du Benin (INRAB), appelé `' dispositif amélioré». C'est un bac du type couscoussier composé de deux parties essentielles:

· un bac d'étuvage de forme tronconique dont le tiers (1/3) inférieur et la petite base circulaire (fermée) sont minutieusement perforés;

· une marmite en alliage aluminium dans laquelle s'insère la partie inférieure perforée du

bac lors de l'étuvage.

Ce dispositif existe en deux modèles et qui peuvent étuver respectivement 25 kg et 45 kg. Il comporte des avantages certains tels la résistance à la rouille, la diminution de pertes à l'étuvage, le séchage rapide, le bon rendement au décorticage, l'économie d'énergie et de temps, la bonne qualité du riz étuvé, la montée uniforme de la vapeur et enfin l'usage multiple. Mais des fuites de vapeurs, qui peuvent porter atteinte à ses performances, sont signalées au niveau de son couvercle et au point de jonction entre la marmite et le bac (Lawing, 2006) et (Zoundji, 2008).

Photo 1: Une étuveuse TOMODJEMA (1) et Photo 2 : Etuvage traditionnel (2)

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Photo ABC Burkina (1) Photo ABC Burkina (2)

Photo 3: Système du Bac d'étuvage

Photo Zoundji (2005)

Enfin, en réponse à la question énergétique, très importante pour un pays sahélien comme le nôtre, la conception et la mise en oeuvre par les techniciens du Groupe de Coopération de l'Université de Sherbrooke de Suisse (GCIUS) d'un foyer à balles de riz, résidus de transformation du riz, dernière innovation dans le domaine fut salutaire. Son coût à l'achat (35 000 FCFA l'unité) est vite amorti en 24 jours d'activités par une économie journalière en bois de 1500 FCFA, équivalent de 0,11m3 de bois. Il contribue ainsi à la lutte contre la déforestation, la désertification et la préservation de l'environnement.

Photo 4: Ensemble foyer à balle- marmite

= 1,20m

Photo Guengané (2011)

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Si l'introduction du bac est appréciée pour la qualité du produit fini et celle du foyer à balles salutaire pour la question énergétique, la question de compatibilité des deux innovations laisse entrevoir à l'orée des contraintes probables. En effet, l'ensemble du dispositif constitué du foyer à balles, de la marmite et du bac d'étuvage a une hauteur de 1,70 mètres, ce qui rend difficile le maniement au cours de l'opération d'étuvage par les transformatrices, à cause de sa taille.

De notre constat, tous ces efforts et innovations semblent avoir eu peu d'impacts positifs sur l'activité d'étuvage du riz à Bagré et ce malgré l'existence d'énormes potentiels favorables à Bagré :

· existence du potentiel de production de plus de 3.500 ha d'aménagés pour la riziculture pour les prochaines années;

· existence d'un centre d'étuvage équipé qui constitue un épicentre de diffusion des technologies;

· volonté manifeste des acteurs et particulièrement des femmes pour le développement de l'activité d'étuvage du riz.

La conséquence de cette situation, nonobstant les efforts consentis tant au niveau institutionnel qu'organisationnel, est que la plaine de Bagré connait la persistance des contraintes citées plus haut. En effet, en dépit de l'introduction des innovations techniques en matière d'étuvage de riz depuis 2002 (étuveuse TOMODJEMA) et la vulgarisation récente du bac d'étuvage, les pratiques des transformatrices dans l'activité d'étuvage du riz ont très peu changé:

·

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elles restent artisanales avec seulement l'introduction de quelques matériels nouveaux comme le foyer à balles de riz, les marmites en aluminium, les décortiqueuses mécaniques;

· il n'existe pas de diagramme unique adopté par les transformatrices:

- elles continuent, au sein de leur unité individuelle, à mener l'activité avec le bois comme source d'énergie;

- la pré-cuisson du paddy se fait toujours en contact de l'eau;

- la réception du paddy, qui est la vérification de la qualité avant la transformation, n'est pas d'actualité;

- les temps des opérations importantes comme la pré-cuisson et la réhydratation ne sont pas harmonisés et vont de 12 à 24 heures pour la réhydratation, selon les transformatrices;

- le conditionnement du riz est fait en fonction du client, soit en sac ou soit en vrac.

La résultante constatée de ces actes est que les commandes des institutions telles la SONAGESS et les ONG, honorées par la mise en commun des différentes productions issues de processus divers de transformations, se trouvent entachées par le manque d'homogénéité se traduisant par les conséquences évidentes qui sont les diverses plaintes des consommateurs.

Primo, c'est ici donc pour nous l'utilité d'élaborer des outils d'aide à l'application et l'adoption des innovations technologiques en matière d'étuvage du riz pour la plaine de Bagré. Ils pourraient constituer un concours à la résolution des contraintes de valorisation du riz paddy par l'amélioration de la qualité du riz étuvé. Et secundo, la nécessité de contribuer à l'élaboration d'ébauches de labels pour le riz étuvé. Il y a également lieu de noter ici, que notre étude est en parfaite symbiose avec les politiques nationales en matière de développement de l'agriculture au Burkina Faso et spécifiquement la Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture (SNDR). Elle s'accorde avec son objectif spécifique n° 2 ayant trait à la fourniture du marché en riz de façon qualitative et quantitative et s'intègre dans l'axe 3 de la valorisation de la production rizicole, où elle pourrait contribuer à la mise en oeuvre de cette stratégie. Ce sont donc ces raisons qui nous ont guidés dans le choix du présent thème.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo