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Analyse des impacts économiques, sociologiques et écologiques de la chasse sportive dans la région du nord-Cameroun

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par Ngalié MAHA
Université de Liège - Master complémentaire en gestion des ressources animales et végétales en milieux tropicaux 2013
  

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V-4-2- Menaces sur les populations humaines locales

Plusieurs conflits sont à signaler entre les populations humaines vivant aux alentours du PNB et les Hippopotames. Les pertes sont autant matérielles qu'humaines. Suivant le tableau XIV, la population de l'espèce a augmenté de 9% entre 1975 et 1988. S'en est suivie une baisse de 12,5 % 10 ans plus tard (1998). Baisse qui s'est poursuivie sur plusieurs années (jusqu'en 2012) durant lesquelles aucune étude n'a été menée sur l'évolution numérique des Hippopotames au PNB. Un peu plus de 48% de la population de cette espèce a disparu. Une des raisons de cette baisse drastique n'est autre que le braconnage (selon les responsables en charge de la faune dans la zone).

Les spéculations préférentielles des Hippopotames sont le maïs, le riz et le sorgho. Dibloni et al (2009) affirment que les prairies aquatiques et les champs de cultures céréalières situés près des berges seraient les principales aires de pâture des Hippopotames pendant la saison de pluies. Les populations riveraines participent à la conservation de l'espèce, non pas parce qu'elles lui trouvent une certaine utilité, mais plutôt par soucis de ne pas être réprimandées si elles enfreignaient la loi. Ces conflits Homme-Hippopotames sont fréquents dans de nombreux pays tel qu'au Burkina-Faso (bassins de la Volta et de la Comoé) où Kabré et al (2006) affirment l'implantation des champs vivriers au niveau des berges et dans des cuvettes, lieux par excellence des Hippopotames. La saison culturale 2012 a vu ainsi 30 ha de champs de riz dévastés dans la périphérie du PNB. Ceci était causé principalement par l'installation des villages à proximité des aires de pâturage des Hippopotames. Les pêcheurs également

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installent leurs campements à une distance négligeable des bordures du fleuve. Cette proximité est à l'origine du décès en 2012, d'un pécheur attaqué dans son hameau par un Hippopotame dans la localité de Kebawa.

Les populations soulignent le fait que la période où les cultures sont le plus dévastées par les Hippopotames est la saison sèche. En effet, lors de la saison sèche, les animaux parcourent de plus grandes distances à la recherche de pâturage. D'où de fréquentes rencontres avec l'Homme, même pour celui qui habite loin du fleuve. Les préférences du riz par ces animaux pourraient s'expliquer par le fait que depuis 1987, la riziculture s'est développée dans la vallée de la Bénoué à partir du barrage de Lagdo (Fondjo et al, 2001), alors que dans l'Extrême-Nord elle se fait depuis 1971. L'activité aurait drainé l'installation des populations le plus près du fleuve, d'où une occupation des terres qui constituaient autrefois des aires de pâturage pour les Hippopotames.

S'agissant des conflits Hommes-carnivores, l'installation des enclos à bétail tel que mis en place dans le village de Badadaye dans l'Extrême-Nord Cameroun, aux environs du parc national de Waza par le « Projet Lion » pourrait donner de bons résultats (figure 18). Le principe est d'associer plusieurs troupeaux et les mettre dans un enclos financé et suivi par le LCI et le CEDC22. Concernant les attaques au niveau des mares et rivières, l'installation de points d'eau alternatifs pour éviter les contacts entre les carnivores et les populations humaines pourrait porter ses fruits.

Les conflits Homme-Faune ne sauraientt arriver à terme s'il n'y a pas de gestion du facteur humain. Il s'agit de sensibiliser les communautés. Aussi, les populations pourraient bénéficier de formations pratiques afin d'acquérir des connaissances sur la façon d'aborder les animaux dangereux et les différentes méthodes de refoulement face à des espèces précises.

Dans les zones à fortes tensions, l'Etat pourrait envisager le déplacement volontaire des communautés vers des zones présentant des avantages réels (terres fertiles, présence de points d'eau...). Treves et Karanth (2003) précisent en effet que ces programmes de déplacement volontaire ne peuvent fonctionner que si les populations y trouvent des avantages substantiels (meilleur accès aux ressources) et avec moins de risques de conflits avec la faune sauvage.

La gestion des productions est nécessaire aussi. A l'instar de l'intensification de la surveillance des champs car, la présence des humains décourage les animaux sauvages à y commettre des dégâts (FAO, 2013). Dans notre zone d'enquête couvrant les villages de Kabawa, Ouro-kessoum et Boulel, 1, 72% des enquêtés font de la surveillance et du refoulement face aux incursions des hippopotames (figure 19), 28% ne font rien car ne disposant pas de moyens financiers(pour recruter un gardien) ou de temps nécessaires( pour le faire eux même) afin d'assurer le gardiennage des champs.

22 Centre d'Etude de l'Environnement et du Développement au Cameroun.

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Conover (2002) propose la mise en place des champs de diversion afin de diminuer les dévastations de cultures. Cette méthode a donné des résultats probants aux Etats-Unis et en Europe mais semble être difficilement applicable dans le contexte africain où la priorité est de satisfaire d'abord les besoins alimentaires des populations humaines.

La solution idéale à ces conflits serait, selon Muruthi (2005), l'aménagement du territoire qui consiste à long terme, de manière préventive, à mettre en place des paysages où populations humaines et faune coexisteraient avec le minimum d'impacts négatifs sur l'un comme sur l'autre. Ces mesures d'aménagement consisteraient à transférer les champs agricoles loin de l'habitat de la faune sauvage et aussi, réduire l'installation humaine sur les corridors de passage de la faune sauvage et dans les aires protégées. Il est évident que « les bénéfices de l'utilisation légitimée des ressources naturelles influencent les attitudes et les perceptions des populations rurales » (Sekhar, 1998).

Figure 15: Vue du campement touristique du Buffle noir (PNB).

Figure 13: Vues du campement touristique de Bouba-Ndjidda.

Figure 14: Mirador rénové pour tourisme de vision au Parc de la Benoué. MAHA (2012)

Figure 16: Situation des permis miniers autour des parcs nationaux de la Bénoué et de Bouba-
Ndjidda(WWF, 2012)

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Figure 17 (a) et (b) : Carcasses d'Hippopotames collectées dans le PNB et ses environs

72%

Moyens de protection des cultures

28%

Surveillance+refoulemen t

rien

Figure 20 : Moyens de protection des cultures face aux attaques des Hippopotames.

Figure 18: Illustration de la proximité des habitations des pêcheurs du lit du fleuve Bénoué.

Figure 19 : Enclos à bétail à gestion communautaire à Badabaye (Extrême-Nord Cameroun)

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault