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Le rôle des sociétés multinationales dans les guerres en Afrique: RDC

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par MUSHABISA MUSHAGALUSA
Université Officielle de Bukavu - Licence 2014
  

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CHAPITRE DEUXIEME : LES CONFLITS ARMES EN AFRIQUE

D'entrée de jeu, il est impératif d'éclaircir le concept de conflit armé avant d'entrer dans le vif du sujet. Cela va nous amener à aborder la question de conflit armé par le modèle du Comité Internationale de la Croix Rouge (CICR) en se focalisant sur la distinction qu'il a établi. Le CICR distingue deux sortes50 des conflits armés : Le conflit armé international qui oppose deux États ou plus, et le conflit armé non international qui oppose les forces gouvernementales à des groupes armés non gouvernementaux, ou des groupes armés entre eux.

Les traités de droit international humanitaire font également une distinction entre le conflit armé non international au sens de l'article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949, et celui qui relève de la définition figurant à l'article 1 du Protocole additionnel II.

a) Le conflit armé international

D'après la convention de Genève51, les conflits armés internationaux sont ceux qui se déroulent entre "Hautes Parties contractantes", c'est-à-dire entre États. On parle donc de conflit armé international lorsqu'un ou plusieurs États ont recours à la force armée contre un autre État, quelles que soient les raisons ou l'intensité de cet affrontement.

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a proposé une définition52 générale du conflit armé international. Dans l'affaire Tadic, le Tribunal a stipulé qu'un conflit armé existe chaque fois qu'il y a recours à la force armée entre États. Depuis lors, cette définition a été adoptée par d'autres instances internationales.

50 CICR, Comment le terme « conflit armé » est-il défini en droit international humanitaire ?, Mars 2008, P.1.

51 L'art. 2 commun aux Conventions de Genève de 1949 dispose qu'en dehors des dispositions qui doivent entrer en vigueur dès le temps de paix, la présente Convention s'appliquera en cas de guerre déclarée ou de tout autre conflit armé surgissant entre deux ou plusieurs des Hautes Parties contractantes, même si l'état de guerre n'est pas reconnu par l'une d'elles. La Convention s'appliquera également dans tous les cas d'occupation de tout ou partie du territoire d'une Haute Partie contractante, même si cette occupation ne rencontre aucune résistance militaire.

52 J. PICTET, Commentaire de la Convention de Genève pour l'amélioration du sort des blessés et des Malades dans les forces armées en campagne, CICR, Genève, 1952, p. 34.

Travail réalisé par Olivier MUSHAGALUSA licencié en Relations Internationales.

Mail : olimushagam@yahoo.fr, NQ Tel : +243994309872.

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b) Le conflit armé non international

Selon H.-P. Gasser53, il est généralement admis que « les conflits armés non internationaux sont des affrontements armés qui se produisent sur le territoire d'un État, entre le gouvernement d'une part, et des groupes d'insurgés d'autre part. Un autre cas est celui où le gouvernement perd toute autorité dans le pays, ce qui incite divers groupes à se battre pour prendre le pouvoir»

Quant au CICR54, Un conflit armé non international est un affrontement armé prolongé qui oppose les forces armées gouvernementales aux forces d'un ou de plusieurs groupes armés, ou de tels groupes armés entre eux, et qui se produit sur le territoire d'un État [partie aux Conventions de Genève]. Cet affrontement armé doit atteindre un niveau minimal d'intensité et les parties impliquées dans le conflit doivent faire preuve d'un minimum d'organisation.

Dans ce travail, il est important de signaler que malgré cette distinction, nous ne seront pas limité par aucune de ces catégories car la thématique dont nous traitons peut faire recours à toutes les deux. Ainsi pour se faire, après que nous ayons placé un mot sur le concept « conflit armé », il est opportun de brosser l'historique des conflits armés en Afrique dans la première section, placer un accent sur les causes et les conséquences qui motivent ces conflits armés dans la deuxième section et pour finir nous dégagerons le rapport entre ces conflits armés et les sociétés multinationales dans la dernière section.

53 H.P. Gasser, International Humanitarian Law: an Introduction, in: Humanity for All: the International Red Cross and Red Crescent Movement. , Berne, H. Haug (éd), 1993, p. 555.

54 CICR, Comment le terme « conflit armé » est-il défini en droit international humanitaire ?, op. cit., p.3.

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Section première : Bref historique des conflits armés en Afrique

Bernard Lugan55 considère que l'Afrique d'«avant les Blancs», était sous l'impulsion des Jihads, tout l'arc sahélien, depuis le Sénégal jusqu'au Soudan, avait subi une profonde mutation, la guerre religieuse servant de paravent aux sultanats nordistes qui s'étendirent aux dépens des États et royaumes animistes. En Afrique centrale et australe, la guerre fut créatrice d'empires, qu'il s'agisse des royaumes Luba, Lunda, Shona ou Zulu. En Afrique orientale, l'impérialisme guerrier et commercial zanzibarite précéda l'expansion européenne et il s'étendit vers l'Ouest, jusqu'au centre de la forêt congolaise, bouleversant les rapports de force et entraînant la mutation de sociétés. Avec la conquête coloniale, les Afriques furent confrontées à la modernité européenne. À l'exception de l'échec italien en Éthiopie, les guerres y tournèrent toutes à l'avantage des colonisateurs, même si, ici ou là, des batailles retardatrices furent occasionnellement remportées par les Africains.

Durant la période coloniale, l'Afrique connut les deux conflits mondiaux. La parenthèse impériale fut ensuite refermée sans affrontements majeurs, sans ces combats de grande intensité qui ravagèrent l'Indochine56. Les guérillas nationalistes n'y furent jamais en mesure de l'emporter sur le terrain, pas plus en Algérie que dans le domaine portugais à l'exception peut-être de la Guinée-Bissau, ou encore en Rhodésie. Partout, la décolonisation fut un choix politique métropolitain; elle ne fut nulle part imposée sur le terrain.

Après 1960, l'Afrique fut ravagée par de multiples conflits qui firent des millions de morts et des dizaines de millions de déplacés. Alors que jusque-là le coeur de la confrontation entre les deux blocs avait été l'Asie (Chine, guerre de Corée, guerre d'Indochine puis du Vietnam, etc.), l'Afrique

55 Bernard Lugan est un universitaire et professeur à l'Ecole de Guerre à Paris, il enseigne aux Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il est conférencier à l'IHEDN et expert auprès du TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda-ONU). Cfr B. LUGAN, les guerres d'Afrique : de l'origine à nos jours, Paris, Editions du rocher, 2013. 56Péninsule située entre l'Inde et la Chine, comprenant la Birmanie, la Thaïlande, la péninsule de Malacca, le Cambodge, le Laos et le Viêt Nam. Dans un sens plus restreint, le mot Indochine ne désigne que le Cambodge, le Laos et le Viêt Nam qui, entre 1893 et 1954, furent réunis sous le nom d'Indochine française.

Travail réalisé par Olivier MUSHAGALUSA licencié en Relations Internationales.

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devint à son tour une zone disputée, tant au Congo que dans la Corne ou dans le cône sud. Considérés comme des mouvements révolutionnaires, progressistes, ils furent tout naturellement des alliés du bloc de l'Est et du mouvement ouvrier international, qui les armaient, finançaient, l'internationalisme prolétarien obligeant.

L'autre camp de l'Occident était celui du « monde libre », qui estimait qu'il était de son devoir de mener une guerre préventive contre « l'expansionnisme soviétique ». Il justifiait ainsi sa participation par des interventions militaires musclées aux côtés des dictateurs africains au pouvoir pour réprimer tout mouvement révolutionnaire qualifié de « mouvement communiste » ou de « la subversion communiste ». Beaucoup des patriotes, nationalistes, progressistes et révolutionnaires africains ont perdu ainsi leurs vies dans cette rivalité Est-Ouest comme Patrice Lumumba, Barthélemy Boganda, Amical Cabral, Mario de Andrade, Um Nyombé, Ernest Ouandié, Ibrahim Abatcha, Robenate, Outel Bono... D'autres ont survécu et occupent aujourd'hui des postes clés dans les appareils d'Etat mais n'ont retenu aucune leçon de l'histoire. Sur les décombres du matérialisme dialectique, force est de constater des présidences à vie, exception faite des dirigeants de l'ANC, qui ont réussi à faire émerger la démocratie en Afrique du Sud57.

Nous comprenons ici que la situation des conflits en Afrique ne s'était pas apaisée avec l'indépendance de celle-ci mais elle s'est dégradée. D'une part, parce que les métropoles avaient accordées une indépendance avec les yeux braqués aux ex-colonies et d'autre part, parce que les indépendants africains avaient du mal à s'entendre dans la gestion de leurs pays.

Jean-Pierre, lui ne cesse pas de soutenir qu'après la «guerre froide», l'Afrique est devenue l'actrice de sa propre histoire. Tous les placages idéologiques et politiques qui lui avaient été imposés depuis des décennies volèrent alors en éclats et le continent s'embrasa. Durant la décennie 2000-

57 J.P. BOULADA, conflits armés en Afrique : classifications, causes et alternatives, Laltchad, 2003.en ligne sur le www.laltchad.com en avril 2014.

Travail réalisé par Olivier MUSHAGALUSA licencié en Relations Internationales.

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2010, 70% des décisions de l'ONU et 45% des séances du Conseil de sécurité furent consacrées aux conflits africains58. Dans un souci de préserver la paix sur le continent, l'Organisation de l'unité africaine a été créée en 1963, puis remplacée en 2002 par l'Union africaine. En 2008, sur 88 000 casques bleus de l'ONU déployés dans le monde, 61 000 sont engagés en Afrique dans huit conflits ouverts ou larvés. Pour les Nations unies, la facture militaire africaine atteint 5,5 milliards de dollars sur un total mondial de 7,2 milliards. D'aucuns pensent que le bilan de cette organisation régionale reste toujours mitigé vu que les guerres, les terrorismes et d'autres conflits armés ne cessent de déchirer l'Afrique59.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon