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Média, support, temporalité : le cas des pure-players de presse.

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par Colin FAY
Université Rennes 2 - Master Information et Communication 2014
  

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1.1.1. Les signes passeurs

Dans l'économie de l'attention, il devient fondamental de faire converger les lecteurs au sein du territoire, de capter leur attention et de la garder, i.e. faire venir le lecteur dans le territoire et l'y conserver en le faisant naviguer entre les différents espaces d'écriture du territoire. Capter et garder l'attention i.e. initier des parcours de lecture d'une temporalité maximale à l'intérieur du territoire relève des dynamiques d'une nouvelle forme de signes : le signe passeur. Un signe passeur est un « signe outils, (...) qui donne accès aux multiples modalités du texte » (Souchier,2003:23), signe d'une importance cruciale dans le territoire, puisque ce sont des « signes pleins (É) qui permettent de représenter dans un texte actuel un texte virtuel, (É) intégr(és) à une construction et à un contexte, indépendamment desquels ils n'ont aucun sens. » (Davallon & Jeanneret,2004:50) Ce sont les signes qui permettent de passer d'un texte à un autre, d'un écrit à un autre, de gestualiser par clic29 le parcours dans le territoire, en suggérant dans un parcours actuel la virtualité d'un autre parcours accessible30. Ils sont la manifestation du « virtuel (É) comme stricte partie de l'objet réel » (Deleuze, 1968:269). Ils s'inscrivent dans une construction et un contexte ; ce sont des signes dans une double dynamique lors de leur production, et sont accord tacite entre le scripteur et le lecteur : ce sont à la fois des traces d'usage et des usages anticipés (Davallon & Jeanneret,2004) qui permettent de matérialiser dans l'écrit « le passé et le futur dans le présent, par le biais de la mémoire et de l'attente » (Ricoeur, 1983:26), la mémoire étant la trace d'usage et l'attente l'usage anticipé. En effet, les signes passeurs signifient que le scripteur a fait l'usage du parcours, qu'il y est lui-même passé, il est une trace du mouvement du scripteur lors de la construction. En même temps, ils sont suggestion, anticipation, virtualisation du parcours de lecture, et ne se révèlent qu'en contexte, lors de la lecture.

Ce sont ces signes qui opèrent la virtualisation de l'écrit. Ce sont eux qui font se manifester l'autre texte en tant que puissance d'existence. Avec le numérique, le texte n'est plus « ici, sur le papier, occupant une portion assignée de l'espace physique » (Lévy,2007:5), mais une virtualisation du parcours, une actualisation en puissance contenue dans le signe passeur. Le texte est devenu virtuel, en puissance, entièrement déterritorialisé, « hors-là ». C'est seulement l'utilisateur qui va, en cliquant sur les signes passeurs, « produire ici et là des

29 « Le geste de cliquer (É) est une lecture qui n'est ni simplement intériorisée, ni oralisée, mais gestualisée » (Jeanneret,2007:42)

Ainsi la lecture devient-elle active puisque c'est le lecteur qui s'investit, en cliquant, dans la construction de son propre parcours.

30 Il ne faut en effet pas concevoir le virtuel comme l'irréel, mais bien comme la potentialité d'actualisation. Le virtuel est l'actuel en puissance, en d'autres termes, dans notre cas, le signe passeur fait naître la possibilité d'actualisation d'un texte dans le texte actuel, l'autre texte est virtuellement contenu dans le texte présent par le signe passeur.

« Le virtuel ne s'oppose pas au réel, mais seulement à l'actuel. Le virtuel possède une pleine réalité, en tant que virtuel. » (Deleuze,1968:269)

« Le virtuel, (É) n'a que peu d'affinité avec le faux, l'illusoire ou l'imaginaire. Le virtuel n'est pas du tout l'opposé du réel. C'est au contraire un mode d'être fécond et puissant, qui donne du jeu aux processus de création, ouvre des avenirs, creuse des puits de sens sous la platitude de la présence physique immédiate. » (Levy,2007:2)

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Colin FAY

événements d'actualisation textuelle, de navigation et de lecture. Seuls ces événements sont véritablement situés. » (Lévy,2007:5) Ces événements situés sont l'actualisation, la mise en visibilité par le lecteur sur son propre support du texte virtualisé par les scripteurs du média.

Ces signes passeurs ont un caractère particulier : ils sont à la fois des signes en tant que tels, porteurs d'une volonté de signification, mais en même temps ils interagissent avec d'autres espaces en ce sens qu'ils virtualisent ces derniers, permettant le mouvement d'un espace à l'autre par clic. Ils sont reconnaissables parce qu'ils sont mis en relief au sein de l'écriture : couleur différente, statut différent saillance par construction technique ou tout simplement conventionnellement reconnus comme étant des signes permettant de passer saillance sémantique (par exemple, une adresse url est conventionnellement reconnue comme telle, même si celle-ci n'est pas mise en avant en tant que telle dans le texte. Également, faire référence à un autre lieu du territoire, voir à un autre média / site indique une trace d'usage et une anticipation d'usage). En d'autres termes, ils manifestent une « conjonction (É) entre le sémiotique et le technique » (Davallon & Jeanneret,2004:52)

Ils se rencontrent également dans l'architexte numérique : barres de menus, barres d'adresse, favoris, historique, etc., inhérents au navigateur mais aussi au système informatique utilisé : menus, barre des tâches, boutons pour réduire ou fermer le navigateur, indicateurs de performance de la machine, etc. Ainsi nombre d'actions se présentent comme parcours virtuel, même en dehors du territoire du média. Le territoire du média, bien que construit par ses actants, s'entoure d'un nombre de signes passeurs qui ne dépendent pas de lui mais qui peuvent influer sur les parcours : le lecteur souhaitant ne plus prêter attention à l'écrit possède sur la même surface de support la possibilité d'accès à de nombreux autres espaces, personnalisés et personnalisables, et de fait indépendants de la construction du scripteur du média (retour en arrière, clique sur un favori ou fermeture de la fenêtre, etc.). Ainsi la possibilité de combinatoire de parcours est partiellement l'oeuvre de la matrice laissée par le scripteur, mais elle est aussi indépendante de la construction du territoire du média.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore