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Trajectoire et (im)mobilités dans les circulations internationales, regard sur les nord-africain-e-s àągé-e-s et isolé-e-s vivant à  Montpellier

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par Yacine Alahyane
Université Montpellier 3 - Master 1 2014
  

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ANNEXES

Annexe A

Grille d'entretien

QUESTIONS ELEMENTS RECHERCHES

Pouvez-vous me décrire votre situation dans votre pays d'origine ?

Repérer les motivations de la migration ; les difficultés rencontrées ; les contraintes et les priorités personnelles et familiales ; les catégories sociales d'appartenance.

Pouvez-vous me décrire les conditions de votre arrivée en France ?

Date d'arrivée, statut pour l'entrée en France ; rôle du réseau familial et/ou villageois ; le trajet ; l'existence d'un point de chute ou non ; les premières impressions et difficultés en France.

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Quelles sont les villes où vous avez vécu ?

Quels sont les métiers que vous avez exercés ? Dans les villes citées

précédemment ? Dans quelles
conditions ? Avec quelles répercussions sur la santé ?

Point de chute ou non ; rapport entre mobilité et travail ; durée de résidence dans chaque ville ; rôle du réseau familial et/ou villageois

Rôle du réseau familial et/ou villageois pour trouver ce travail ; rapport entre mobilité et travail ; Les conditions de travail ; La duré des contrats ; les périodes de chômage ; les difficultés principales ; l'accès au droit ; les accidents de travail ; les conséquences sur la

santé ; repérage des sentiments
d'humiliation, de dévalorisation.

Où logiez- vous à chaque étape ?

Pourquoi n'avez-vous pas fait de regroupement familial?

Parcours résidentiel, rapport entre travail et logement; logement chez patron ; conditions de logement.

Les raisons : non conformité aux conditions imposées ; choix personnel et/ou familial ; Autre.

Quels ont été vos liens avec votre famille pendant les périodes de travail ? Et actuellement une fois à la retraite ?

Durée et fréquence des retours au pays ; envoi d'argent ; de cadeaux ; pressions liées au fait d'être loin de sa famille en cas de maladie, de revenus insuffisants, etc.

Quels sont actuellement vos revenus ?

Que pensez-vous de la condition de résidence pour la perception de l'ASPA ? Et pour le droit à la CMU ou autre type de couverture maladie ?

Et des administrations ?

Montant ; organismes dont dépendent ces revenus ; conditions de perception de ces revenus.

Repérage des sentiments de mise en indignité ; perception du cadre politique ; conséquences sur la personne, sur son rapport à l'espace ; organisation des séjours au pays et gestion des situations d'urgence (ex : un proche gravement malade).

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Pouvez-vous me décrire vos journées ou vos semaines ?

Rapport à l'espace : (im)mobilités

quotidiennes ; motifs et fréquences des

déplacements dans la ville ; lieux de
déplacement ; relations sociales.

Quels sont vos projets d'avenir ?

Etat de la projection ; effets de la précarité ; état de santé ; retour au pays.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

 

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Annexe B
Entretien 1

Entretien 1 : Mi Milouda, effectué le 06.05.2014

Née le 01.01.1940 à Béni Mellal, Maroc

Entrée en France : 03/2007 (après l'arrivée au pouvoir de Sarkozy)

Je suis née à Béni Mellal, mais j'ai grandi à Meknès, j'y suis venue à 2 ans, à peine Je n'ai connu mon pays que quand j'ai eu mes enfants.

Pourriez-vous me décrire votre situation dans votre pays d'origine ?

Je n'ai jamais travaillé, j'ai travaillé pour mes enfants. J'étais femme au foyer. Avant de venir en France, mon mari était commerçant, il vendait des ustensiles de cuisine, des couverts, des verres, des choses comme ça.

Pourriez-vous me décrire les conditions de votre arrivée en France ?

Avant j'allais et je venais avec les visas. A l'époque où Sarkozy est devenu président je suis restée ici. Quand ma mère est morte j'ai « brûlé »68 le visa. C'est quand ma mère est morte, avant j'allais et je venais pour 52000 rials le billet aller. Je venais, je restais 20 jours, je rentrais, je restais 2 mois puis je retournais à Fès au consulat pour le visa et je revenais ici ; il fallait quand même pointer au consulat. C'était dur pour moi.

La première fois, ils m'ont donné 2 ans de visa. Ce n'était pas 2 ans à faire d'affilé, je devais venir au maximum 2 mois et repartir 2 ou 3 mois là-bas et revenir. Il fallait répartir les 2 ans de visa. Moi, je venais 20 jours-1 mois ici et je repartais. Je revenais au Maroc, je m'occupais de mes enfants qui étaient encore à l'école et de ma mère qui était malade.

Quand votre mari est-il venu en France ?

Mon mari est venu en France au moment où mon dernier fils - qui est en Italie maintenant -

68 « Brûler le visa » signifie ne pas respecter les délais de séjour qu'il impose sur le territoire français.

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n'avait même pas 40 jours. Il me l'a laissé il n'avait même pas 40 jours. J'ai 4 enfants, et avec lui ça fait 5 enfants. Pour la période, qu'est-ce que tu veux que je te dise, el haj quand il est tombé malade, il a tout laissé tomber, il a laissé tous ses papiers, il a laissé la maison meublée. Il en a eu assez avec la maladie, la solitude...

Ma fille est venue le voir. Il lui a dit : « regarde ma fille, je n'ai plus envie de rester dans ce pays, j'en ai assez de ce pays. Maintenant, je m'en vais. ». Et il est rentré au Maroc. Il était en arrêt maladie, il était vraiment malade, avec la poussière et tout ça, il a eu des problèmes aux poumons, ses bronches se sont bouchées. Il travaillait dans le bâtiment, la construction. Il ramenait du bois, lui et ses collègues, ils se chauffaient avec parce que les maisons étaient en bois. Ça faisait de la fumée, ça rajoutait à la poussière du travail, et la solitude, le pauvre, il est tombé malade ! Là où il était, il y avait de la neige.

Il était où ?

Dans le 43, au Puy, Le Puy En Velay. Ce n'est pas très loin de St Étienne. St Étienne, c'est leur grand centre dans cette région. St Etienne, c'est le grand marché, tous ceux qui font des légumes dans la région vont les vendre là-bas. Là-bas, il y a les gens d'Agadir, de Marrakech. Celui qui veut faire des achats de ce qui vient du Maroc, il va à St Etienne.

Savez-vous comment votre mari est venu en France ?

Il est venu avec le contrat, il est passé par la route de Aïn Borja. Il est passé devant ceux qui cherchent et vérifient la force et la santé, les yeux et tout...

Même ce contrat, il ne l'a pas ramené. Le dossier est resté chez le patron dans le 43. Vas savoir si le patron est toujours vivant. Je ne peux pas aller le chercher moi, depuis que je suis venue, je m'occupe de lui, je ne peux pas le laisser.

Là-bas dans le 43, il y a les Rifains, des amis à mon mari. Ce sont des gens très bien, quand mon fils qui est en Italie est venu voir son père dans le 43, ils l'ont très bien accueilli. Ils lui ont trouvé un logement au chaud, ils l'ont nourri, ils l'ont accompagné. Mon mari avait fait une opération pour son oeil, et mon fils est parti le voir.

Tout ça parce que mon mari est une bonne personne, lui aussi, il a pris soin d'eux quand ils venaient juste d'arriver et qu'ils n'avaient rien. Maintenant, ils ont tous des maisons, des enfants et tout... Deux d'entre eux sont venus nous voir ici, à Montpellier.

Mon mari est resté dans le 43 jusqu'à sa maladie.

Et qu'est-ce qui vous a amené à Montpellier ?

Ce sont des gens qu'on connaît. Et ma fille vient les voir.

Votre fille vit en France ?

Non, elle vit au Maroc. Les gens dont je parle, je les connais, ils sont ici à Montpellier, on est resté chez eux pendant 1 an. La dame a préparé la chambre de l'un de ses enfants, et elle m'a dit : « tiens la chambre ! » Tu vois ça, qui ferait ça ? Les gens de la famille et ils ne feraient pas ça ! Elle, elle a fait ça alors qu'on n'est même pas de la même famille, on connaissait juste son mari.

Vous veniez voir votre mari à l'époque où il était à St Etienne ?

Non, je n'étais jamais venue le voir, avec les enfants en bas âge, comment voulais-tu que je fasse ?

J'ai une fille qui travaille au tribunal, dans la commission judiciaire. J'ai un fils qui travaille en Italie, un autre qui est instituteur, un autre qui est ouvrier dans l'usine de lait (La Centrale Laitière), et l'autre qui a un pick-up et qui travaille avec. Ils sont tous à Meknès.

Quand mon mari travaillait, il passait avec nous 25 jours pas an et il revenait ici, en France pour travailler. Il est toujours resté dans le 43.

Arrivé à la retraite, il n'a pas pu rentrer définitivement parce que sinon il lui prenait l'argent de sa retraite. Quand il a commencé à tomber malade, il venait au Maroc pendant l'année, et notre fille le ramenait en France pendant l'été, pour voir les médecins et tout... Elle aussi, elle avait droit au visa.

Ma fille vient encore nous voir quand elle a des vacances, elle n'a qu'un mois. Elle pourrait rester plus parce que à force de faire des visas au consulat, sans jamais les « brûler », le

consulat lui a donné 2 ans sans obligation de venir pointer. Elle peut rentrer quand elle veut et sortir quand elle veut mais son travail ne le lui permet pas.

Quand la maladie de mon mari s'est aggravée, le médecin lui a dit de choisir : soit il reste ici, soit il rentre au Maroc, mais pas de va-et-vient !

Donc racontez-moi votre venue à Montpellier ? Où est-ce que vous avez logé ?

On est resté un an chez la dame dont je t'ai parlé, on a mis un an avant d'avoir ce logement. A cette époque comme je te l'ai dit, j'allais et je revenais avec le visa. J'emmenais mon mari au Maroc, je devais revenir au Maroc parce qu'à l'époque, j'avais ma mère qui était malade. Quand ma mère est morte, on est revenu en France avec mon mari, et j'ai « brûlé » le visa. Quand le visa était encore valable, j'ai déposé le dossier à la préfecture pour la résidence, Ils me l'ont refusée. J'ai redéposé un autre dossier, ils me l'ont encore refusé. Je suis restée 3 ans sans papiers. Alors, j'ai pris un avocat.

Mon mari a essayé de faire le regroupement familial pour moi, mais ils lui ont dit qu'il ne touchait pas assez d'argent. Ils lui ont dit qu'il faut toucher plus que 1000 euros. Mon mari voulait me ramener par la route de Aïn Borja mais ça ne s'est pas fait.

Est-ce que votre mari avait fait la demande de regroupement familial quand il travaillait ?

Non, non, il n'a pas voulu le faire, si au moins il avait ramené les garçons ! Je lui ai dit, que ce n'était pas la peine de me prendre moi, « moi je reste avec ma mère, prends au moins l'aîné, et après les autres ! ». Mais il n'a pas voulu, il disait que les enfants vont devenir mauvais et qu'ils vont faire ceci et cela... Mais c'étaient des paroles en l'air tout ça !

Pourquoi il n'a pas voulu ?

Demande-lui. Il disait que les garçons vont se marier avec des Françaises et qu'ils vont rester ici perdus. Comme si on est bien là ! Qu'est-ce que tu veux mon garçon, mon mari a une mentalité bizarre ! Il ne voulait pas. Je lui ai dit : « regarde-les maintenant, ils n'ont pas fait d'études ! ».

C'est moi qui en ai souffert, ce n'est pas lui ! Tu vois tes fils à 20 ans, 25 ans, ils n'ont rien à

faire, à part : manger, dormir et c'est tout, ils ne trouvent rien à faire !

Qu'est-ce que tu veux ! Les études ça aurait été bien ! J'en ai un, il est sorti de l'école en 5ème, il ne voulait pas étudier. Mais lui ça va, il s'est débrouillé, il est en Italie, il travaille et il est indépendant.

Et voilà ! Qu'est-ce que tu veux que je te dise ! Après à l'époque où j'ai fait le visa pour venir ici, il a fait la demande de regroupement mais ils lui ont dit qu'il était déjà à la retraite et qu'il ne touchait pas assez.

Je voudrais vous demander ce que vous pensez des administrations ? Quelles sont les difficultés que vous rencontrez, ou bien les choses qui se passent bien ?

J'ai rencontré des problèmes avec les gens du conseil général pour l'aide aux personnes âgées, au niveau du dossier qu'on a rempli toi et moi. Pour la CARSAT, ce qu'ils ont calculé, ils le donnent. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Je suis partie les voir, je leur ai dit : « regardez le monsieur est malade et dépendant physiquement, il nous faut quelqu'un pour le sortir au moins ! ». Mais ici au moins, ils répondent à tes courriers. Mais les nôtres, tu leur écris une lettre, ils ne te répondent pas. Même si tu leur écris le journal de l'année, ils ne te répondent pas !

Et si les revenus que vous avez maintenant étaient totalement versés au Maroc, Qu'est-ce que vous feriez ?

Oui, mais là, on touche 1000 euros, si on part au Maroc, ils ne vont pas nous verser 1000 euros. Ils ne vont pas les verser. Et puis, il y a les médicaments, les médecins, l'ambulance, tout ça, qui va te le payer au Maroc ? Tu vois, il y a des dépenses. Si tu appelles l'ambulance pour aller à l'hôpital, l'aller et le retour. Qui va te la payer ? Si tu appelles le médecin, pour combien il va faire le déplacement et venir à la maison? L'autre médecin lui aussi, pour combien il va venir à la maison ?

Ici, il y a deux médecins qu'on n'a pas à payer. Il y a le médecin pour les poumons, et l'autre, pour le coeur qui viennent ici à la maison. Tout ça, ils vont te le payer au Maroc ? Pourquoi tu crois que je suis ici moi ? Je suis là pour lui !

Ici quand même, quand il y a une urgence, je les appelle, y en 10 qui viennent : un qui tient

par là, l'autre, par là, un qui lui met ceci, l'autre qui lui met cela... Il est tombé au Maroc, on a appelé l'ambulance, ils ne sont venus qu'une fois que mon mari a commencé à suffoquer, tellement il a attendu. On aurait dit qu'ils allaient venir d'un autre pays, pas de la ville où toi tu es !

Quand vous êtes venue en France, c'était la première fois que vous veniez à l'étranger ?

Oui, c'était la première fois, je suis venue pour mon mari.

Et vos enfants, à part votre fille, qui vient vous voir, est-ce qu'ils sont allés dans un autre pays ? Et votre fils qui est en Italie ?

Mon fils qui est en Italie, il est venu d'abord en France. Il est allé chez son père. Son père a voulu le ramener au Maroc. Mais il lui a dit qu'il ne voulait pas y retourner. On lui a dit de lui trouver une formation dans le 43 parce qu'il a arrêté l'école en 5ème, au Maroc, il ne voulait plus étudier. Il l'aurait mis dans une formation, ça aurait été bien ! Mais il n'a pas voulu. Les gens lui ont rempli le cerveau, ils lui ont dit « laisse ton fils retourner chez sa mère qu'il finisse l'école ! ». Mon fils n'a pas voulu. Même s'il était très jeune, il était débrouillard. Il est parti en Italie. Il a fait ses papiers là-bas, en ce moment il fait des démarches pour la nationalité. Il travaille et il a deux petites filles

Retournez-vous dans votre maison de Meknès ?

Cela fait environ trois ans qu'on n'y est pas parti. La dernière fois qu'on y est parti, on a passé 4 mois. Le médecin nous avait dit de ne pas dépasser 3 mois, mais bon !

Pouvez-vous me décrire vos déplacements, les raisons de ces déplacements ?

Si je reçois des papiers, je sors, si je ne reçois rien, pas de papiers à faire, je ne sors pas. S'il y a quelque chose qui est liée aux médicaments, au médecin, à l'hôpital, alors je sors régler ça. Sinon, je ne vais pas me balader alors que je n'ai rien à faire.

Comme hier, je suis sortie le matin je ne suis revenue qu'à 12h30. Je suis sortie pour un papier. Je suis allé à Plan Cabane, j'ai trouvé un monde fou chez Bouchra, celle qui remplit les

papiers. Elle nous remplit les papiers, nous qui ne savons rien du Français. Elle est là-bas le Mercredi. Elle arrange bien les gens, hier il y avait chez elle au moins 30 personnes. Elle fait ça à Plan-Cabane et à la maison, pour tout le monde, ceux du Petit Bar et ici chez nous à La Paillade.

Pouvez-vous me décrire vos journées ?

Je change mon mari, je le lave, je lui rase le visage, je prépare le petit déjeuner, je lui mets le masque pour la respiration, je lui branche l'oxygène, et après tout ça je sors. S'il y a des papiers à faire, je sors sinon, je fais ce que j'ai à faire, je fais le ménage, je lave le linge, je range la maison et voilà ! Pour les courses, ce n'est pas un problème, il y a tout ici, il y a le marchand de légumes. On ne prépare pas de gros plats avec sauce et tout, juste une petite salade, des fruits et c'est tout !

Et vous avez des relations avec le voisinage ?

Non je n'ai pas de relation. Là j'ai une voisine, son père est mort récemment, je ne suis même pas encore allée pour les condoléances. Les gens sortent ici, ils emmènent leurs enfants à la piscine, mais moi, non Je n'ai pas avec qui faire ça ! Ici, il y a des familles. Les Chleuhs sont entre eux, les Sahraouis sont entre eux. C'est mieux de ne voir personne et que personne ne te voit. Si je sors, je sors pour mes affaires et pour mes papiers et voilà !

Mais il y a des gens de Meknès ici ?

Il y a des gens de tous les pays, mais des gens valables, ils n'y en a pas. Toi, t'as des amis ici ?

Oui un peu, ça dépend !

Tu vois ça dépend ! Ça dépend les liens, il faut les entretenir. Il faut que la personne soit comme toi, quelle pense comme toi, qu'elle marche comme toi et beaucoup de choses encore.

Et comment voyez-vous l'avenir ?

C'est maintenant que je vais voir l'avenir ? Je ne vois plus que la mort !

Dîtes-moi quels sont vos souhaits, par exemple vous parlez de la mort, est-ce que vous aimeriez finir vos jours à Meknès ou bien préfèreriez-vous rester ici ?

La dernière fois que je suis allée à la maison elle était dans un sale état, il y avait de l'eau sur le toit qui est restée là-bas et voilà c'est comme ça ! Qu'es-ce que je vais faire ? Là, je suis ici, si je rentre avec l'argent de la retraite, on va le perdre chez les médecins, et il n'y aura pas de résultats. C'est vrai ou pas ? Toi, tu as grandi au Maroc, tu sais comment c'est. Alors comment trouves-tu le Maroc par rapport à la France ?

Sans parler des médecins, là-bas si tu vas dans une administration, que tu as besoin d'un papier ou de quelque chose d'autre, ils te répondent comme ici ? Ils sont polis comme ici ? Ils te respectent comme ici ? Hein, dis-moi ! C'est notre pays, hein ? Ce n'est pas je ne sais pas où, mais ils ne te donnent pas de respect, ils ne te donnent pas de considération, même pas pour ta parole.

Ici, quand l'assistante est passée69, elle ne m'a pas laissé parler. Elle me disait « NON, NON, NON, Madame ! » Elle m'a énervée, je lui ai dit « va au diable ! va ! ». Comme si elle allait me donner je ne sais pas quoi. Le pain j'en mange, je n'ai pas besoin d'elle pour ça !

Si la situation au Maroc était meilleure, qu'il y avait des médicaments, des médecins qui te traitent bien et tout et tout, là il n'y aurait pas de problème ! Si la personne meurt, au moins elle meurt dans son pays !

Non franchement, toi tu es encore jeune, tu n'as pas les nerfs quant tu pars dans ton pays ? Non, dit-moi est-ce que ça te fait monter les nerfs ou ça ne te fait pas monter les nerfs ? Si tu veux juste un papier, tu pars chez eux juste pour parler, avoir un conseil. Ils vont te parler ? Ici ils t'attrapent, ils te parlent, ils te disent : « Oui d'accord ! » Ils t'écoutent. Même s'ils ne veulent rien te donner. Ils t'écoutent et ils te donnent un moment. Nous, rien que notre

69 Ici, l'assistance sociale est venue diagnostiquer la dépendance physique du mari pour la perception (ou non) de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) qui est destinée à couvrir en partie les dépenses de toute nature concourant à l'autonomie des personnes âgées ayant besoin d'aides pour accomplir des actes essentiels de la vie ou dont l'état nécessite une surveillance régulière.

consulat, ça n'a rien à voir avec la préfecture !

Il y a quelques temps, je n'avais pas reçu mon titre de séjour, alors que le récépissé était périmé depuis 25 jours. Je suis allée à la préfecture, j'ai dit à la dame qui travaille au guichet : « Madame, je n'ai toujours rien reçu, comment ça se fait ? ». Elle m'a dit : « attendez madame ! », elle m'a apporté une lettre et elle m'a dit qu'ils me l'avaient envoyée en recommandé, et que le facteur a dû la rapporter à la préfecture. Je lui ai dit : « moi je suis encore là, et j'habite toujours à la même adresse. ». Donc, elle m'a demandé mon récépissé, et elle m'a donné ma carte. Elle m'a dit : « regarde le courrier comme ça tu ne dis pas qu'on ne t'a rien envoyé ! ».

Les nôtres, ils font comme ça ? Ils te répondent comme ça ? Ils te donnent ce temps-là ? C'est ça ce qu'il y a de mauvais chez nous ! Ici en France, il y a la politesse. Même s'ils ne nous aiment pas. Ils te disent bonjour, même s'ils n'en n'ont pas envie. Tu sens qu'ils n'ont pas envie.

Et quand j'ai vu le facteur, je lui ai dit : « Monsieur, pourquoi as-tu retourné le papier à la préfecture et tu n'es pas passé chez moi ? » Je lui ai dit : « pourquoi ? Regarde la boîte aux lettres est ici avec notre nom de famille ! ». Il m'a dit : Oh, madame pardon, pardon ! Je lui ai dit : « Là ça va pas ! ».

(Lui il fume de l'herbe). Je lui ai dit : « c'est toi qui étais là pour ce courrier ? ». Il m'a dit : « oui c'est moi ! ».

Maintenant à chaque fois qu'il me voit, il me dit : « bonjour madame, bonjour ! »

Je lui réponds : « Bonjour ! ». Ils reconnaissent eux, s'ils font une faute, ils la reconnaissent. Les nôtres non ! Ils t'envoient balader et ils nient.

110

Annexe C
Entretien 2

Entretien 2 : Oulaidi : effectué le 20.05.2014

Je suis né en 1946, je suis marocain, de la région de Guerouane, du Douar Aït Ikkou.

Quel était votre métier au Maroc ?

J'étais dans l'agriculture, paysan, « fellah », et quand je suis venu ici, « fellah » aussi. Ici, aussi je n'ai travaillé que dans l'agriculture.

Quand êtes-vous venu en France pour le première fois ?

Je suis rentré en France le 7 Juin 1973, euh non 1972 ! Je ne me rappelle plus ! La première fois, c'est mon beau frère qui m'a amené, il m'a amené à Cavaillon avec le contrat d'un an. A Cavaillon, j'ai travaillé 14 jours et le gaouri m'a mis en arrêt de travail. Il m'a dit : « trop tard ! », parce que je suis arrivé trop tard. Il voulait ne plus me faire venir travailler là-bas au pays mais mon beau frère lui a demandé de me laisser juste venir avec le contrat et que lui s'occuperait de me trouver où travailler.

Je suis rentré en France, j'ai travaillé 7 et 7 : 14 jours, puis le travail s'est terminé. Je suis allé à Orange, c'est là-bas que travaillait mon beau frère. J'ai refait un contrat d'un an, là-bas toujours dans l'agriculture.

J'ai travaillé là-bas pendant 2 ans avant de pouvoir retourner au pays. J'ai attendu d'avoir mon récépissé et je suis parti au pays en vacances ; j'y ai passé 1 mois et je suis revenu. J'ai retrouvé mon beau frère qui m'a dit que mes papiers étaient prêts et je les ai récupérés et j'ai continué le travail. Quand j'ai fini chez ce gaouri, j'avais passé chez lui 3 ou 4 ans et j'ai changé pour un autre endroit.

On est resté comme ça en allant à gauche et à droite jusqu'à l'âge de la retraite.

Où êtes-vous allé après Orange ?

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Je ne sais plus, je ne peux pas te dire, je suis allé vers Salon, Salon-de-Provence toujours dans l'agriculture toujours, toujours dans l'agriculture, il n'y a pas d'usine !

L'agriculture, c'est-à-dire ?

Oui l'agriculture, les fruitiers : les poires, les pommes, les tomates, les légumes, de tout !... On travaillait 1 an, 2 ans, 3 ans chez chaque patron, on ne s'arrêtait pas beaucoup ce qu'on avait comme vacances on descendait au Maroc 1 mois, 2 mois ce qu'il y avait comme vacances et on retournait au travail jusqu'à ce qu'on arrive à notre retraite.

J'ai tout travaillé déclaré, je n'ai jamais travaillé au noir.

A votre arrivée à la retraite, vous avez peu de cotisations, comment expliquez-vous cela ?

C'est l'agriculture, ça ne donne pas beaucoup. On a travaillé, travaillé beaucoup mais l'agriculture, ça ne donne pas beaucoup, si tu veux une bonne retraite, il faut que t'ailles dans le bâtiment ou à l'usine. Je me suis fait avoir à cette époque, mais quand j'ai eu mes papiers, j'aurais dû me sauver, chercher une usine ou du bâtiment, j'aurait dû aller à Saint-Etienne, aller à Lyon, aller à Paris, mais je ne connaissais ni le parlé ni rien, je demandais juste aux patrons, à celui-là à celui-ci et voilà !

Depuis que vous êtes arrivé en France, où avez-vous logé ?

Quand je suis rentré par contrat chez le guaouri, j'ai passé 15 jours, y avait plus de travail chez lui, je suis allé à Orange, j'ai habité chez le gaouri dans le mas, il nous a donné un logement, mais il avait beaucoup de travailleurs, on était dans les 70 à travailler dans ce même mas chez le même patron. Le logement c'était un logement de zoufri70 et c'est tout !

C'était comment ? Des lits superposés, comment ?

70 Ouvrier célibataire sans attaches familiales, vivant seul, par extension : menant une vie dissolue.

112

Non, non ! Qui se souciait de toi, toi qui connais juste le contrat et c'est tout ! Quel lit ! Il nous a donné un hangar beaucoup plus grand que cette pièce, avec deux garages, un où on avait installé des paillasses et l'autre où on cuisinait et on y mangeait, puis on allait dormir à coté. Je suis resté 5 ou 6 ans chez ce patron et dans ce logement.

Et après à Salon-de-Provence ?

Après, je suis allé à Salon. J'ai travaillé là-bas 2 ans. Là-bas aussi le logement, c'était pareil. Les patrons, y en a qui te donnent un hangar, y en a qui te donnent un vieux logement. Ils ont toujours donné des logements, même si c'étaient de mauvais logements mais qu'est-ce que tu veux faire les Arabes, c'est ça !

Comment ça ?

Les patrons, ils s'en fichent des Arabes, des Arabes... Ils te donnent du travail et ils te disent : « tiens, fais comme tu veux ici et habites ! ».

Et après Salon-de-Provence, où est-ce que vous êtes allé ?

Après Salon-de-Provence, je suis allé dans le 04 à Manosque, j'ai travaillé là-bas 4 ans chez un gaouri71. Il avait un contremaître tunisien, quand il y avait du travail difficile, ils appelaient les Arabes, ils donnaient des travaux agricoles.

Une fois, j'ai travaillé sur le tracteur, ça faisait à peu près 1 an que je travaillais sur ce tracteur, je n'en descendais pas. Du labour au défrichage, du défrichage au bois, etc. Un jour, le contremaître a ramené un Espagnol de chez eux, il l'a ramené là-bas, il ne savait pas faire ce boulot. Le contremaître est venu et il m'a appelé moi. Il m'a dit : « laisse le tracteur ici et viens, il y a du travail ». Je lui ai dit : « comment ? Le tracteur, je l'ai toujours conduit, c'est le gaouri qui me l'a laissé ». Il m'a répondu que c'était lui qui commande et pas le gaouri : « toi tu travailles ici et l'Espagnol prend le tracteur ! ». Je lui ai demandé pourquoi. Il m'a dit : « parce que ce travail, lui, il ne sait pas le faire, et toi, l'Arabe, tu l'aimes ». Je lui ai alors dit :

71 « Gaouri » veut dire étranger blanc en langage courant d'Afrique du Nord. Ce mot, héritage de la colonisation s'emploie souvent pour désigner les Européens en général.

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« je vais aller à mon tracteur, si le patron me dit d'aller à l'autre travail j'irai mais toi, mêle-toi de tes affaires ! ». Il a insisté et je lui ai dit non, j'ai pris un bâton et j'ai commencé à le frapper. Je l'ai frappé mais heureusement je ne l'ai pas tué. Et je suis retourné à mon tracteur et j'ai continué à travailler.

Il est parti comme ça avec son sang chez le patron, il lui a raconté l'histoire. Le patron lui a dit que c'était lui qui était fautif et qu'il n'avait pas à me parler, que ça faisait des années que j'étais sur ce tracteur, qu'il n'avait pas à venir chez moi... Le patron m'a laissé travailler jusqu'à l'été, moment où le travail agricole était fini. J'ai dit au gaouri : « je vais partir en vacances et je reviens » et il m'a dit : « Ok ! ». Je suis parti, lui, il m'a envoyé une lettre de licenciement ; il m'a dit : « quand tu reviendras, il n'y aura plus ton travail. ». Vois la politique de ce bâtard ! Il a attendu que je rentre au Maroc pour m'envoyer une lettre. Je suis revenu en France dans le 04, j'ai vu qu'il n'y avait plus de travail. Je suis alors allé en chercher jusqu'à ce que j'en trouve. Je suis allé à Marseille, après, je suis allé à Nîmes.

Comment trouviez-vous du travail ?

Je passais dans les fermes. Sinon, pour Marseille, je connaissais des gens de chez moi, je suis allé chez eux pour le travail. Ils ont demandé à leur patron et ils m'ont fait travailler avec eux là-bas, jusqu'a ce que le travail soit fini. Et j'ai cherché encore, je suis venu chez des gens de chez moi, aussi là-bas à Nîmes. J'ai trouvé un travail chez eux. Des connaissances du pays. Et voilà comme ça, étape par étape, jusqu'à la retraite !

Je suis resté à Nîmes puis j'ai travaillé ici à Montpellier, et encore, quand le travail s'est fini, je suis retourné à Nîmes, jusqu'à la retraite.

A chaque fois, vous changiez de patron ?

Oui ! Qu'est-ce que tu veux faire, celui qui a des enfants, c'est ça hein ! Y en a je restais chez eux 1 an, d'autres 2, d'autres 3 ans et j'ai enchaîné comme ça jusqu'à la retraite. De temps en temps, j'étais au chômage et voilà !

A Marseille et à Nîmes, où est-ce que vous habitiez ?

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J'étais chez les patrons, c'est juste à Nîmes que le patron m'a dit : « va te trouver un logement ! ». Alors, je me suis trouvé un logement à Nîmes, chez un gaouri qui m'a fait une location à St-Gilles, jusqu'à ma retraite. C'était un logement qui prenait le froid et la brise. Plusieurs fois je me suis plaint au propriétaire mais il ne voulait pas faire de travaux. Quand j'ai eu ma retraite, j'en ai eu assez, ce que je touchais de la MSA, ça n'était pas terrible. Je suis allé chez eux, j'en ai eu assez, je leur ai dit : « je vais rentrer définitivement au pays. Voilà les papiers ! Transférez-moi l'argent de ma retraite au pays ! ». Ils m'ont dit : « on va te couper l'ASPA ! ». Je leur ai dit : « c'est combien ? ». Ils m'ont dit : « 300€ ». Je leur ai dit : « coupez-la ! Combien j'aurai de retraite ? ». Ils m'ont dit : « t'auras tant... ». Je leur ai dit : « ça y est, donnez-moi ma retraite et le complément de retraite ! ». A l'époque, le complément de retraite était versé tous les trois mois, c'était 450€ tous les trois mois, maintenant tu touches 150€ par mois.

Est-ce que vous pensez que les conditions de travail et de logement ont eu des répercussions sur votre santé ?

Il n'y a plus de santé. Nous avons été détruits dans notre santé. J'ai fait deux opérations, et ils ne m'ont pas donné mon droit. Deux fois. J'ai fait une opération à Salon, j'étais chez un gaouri où on travaillait moi et un maçon, à l'intérieur de la maison et je suis tombé. Et j'ai eu une blessure au dos.

Vous avez travaillé en maçonnerie ?

Non, j'ai travaillé avec le maçon, je l'aidais !

Vous n'étiez pas déclaré ?

Si, j'étais déclaré mais pour des travaux agricoles, pas pour la maçonnerie !

Je suis allé à l'hôpital à Salon, j'y ai dormi et le lendemain j'ai eu l'opération du dos. Je suis sorti, ils ne m'ont rien donné. J'ai commencé à aller mieux, je suis retourné au travail. Ils m'ont payé mon mois de convalescence, mais je n'ai pas eu le droit à l'invalidité. Je me suis dit si je reste comme ça sans travailler, mes enfants ne vont pas vivre et tout et tout.., ils n'auront rien à manger donc je dois retourner travailler. Ils ne m'ont rien donné, je suis

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retourné travailler avec la douleur jusqu'à ce que j'en finisse avec ce patron. Après, je suis allé travailler à Nîmes où j'ai fait un autre accident du travail, dans la vigne.

C'est la même blessure au dos. Je me suis baissé comme ça, quand j'ai voulu me relever, j'ai entendu un je ne sais quoi dans mon dos. Je suis tombé sur place. Ils sont venus m'emmener à l'hôpital où ils m'ont opéré. Et là aussi je n'ai rien touché, pas un centime ! J'étais déclaré.

Vous avez fait les démarches pour l'accident de travail ? Vu les prudhommes ?

Oui j'ai fait la demande mais ils ne m'ont rien donné.

Pourquoi ?

Je ne sais pas. Moi je ne sais pas lire. Je ne sais pas, ils ne m'ont rien donné.

En parlant de l'administration, que pensez-vous de cette administration ?

Ils ne m'ont rien donné. Je pense qu'ils n'aiment pas les Arabes. Les médecins et ceux qui travaillent à la caisse, ils n'aiment pas les Arabes. Parce que celui qui fait deux opérations du dos n'a pas droit à l'accident de travail ! Ils savent que je ne sais pas lire et que je ne sais même pas quoi dire. Il fallait qu'ils me donnent mon droit même si je ne sais pas parler. Mais qui va leur dire ça, tu vois ? Si c'était l'un des leurs, ils lui auraient donné son droit, parce que eux ils savent parler, et en plus ils ont leur lieu où habiter, manger et boire, jusqu'à ce qu'ils aient leurs droits. Moi, j'ai laissé mes enfants au pays, je ne sais pas s'ils ont mangé, s'ils ont bu ou je ne sais quoi. Et je ne sais pas ici ce que je vais leur dire, je ne suis ni lettré ni rien. Je me dis, c'est mieux si je meure, c'est mieux !

Que pensez-vous de l'ASPA, de la condition de résidence en France et de cette politique ?

Ils veulent qu'on reste ici jusqu'à ce qu'on meure. Non, juste attends, toi qui es lettré comme eux, toi qui comprends ce qu'ils disent et tout ça, est-ce que tu ne comprends pas que cette politique est faite pour eux ? Comment peux-tu rester là 6 mois sans travailler, ni rien ? Tu

restes là tu ne vois pas tes enfants ni rien. Et toi t'es là tu restes là. Pourquoi ? Pour que tu gaspilles leur argent ici même. Mais pour que tu le gaspilles avec tes enfants, non ! Tu vois ? Toi, tu es lettré tu sais.

Si je travaillais, d'accord ! Je partirais, je laisserais le travail 1 mois ou 2 et j'irais chez mes enfants et je reviendrais travailler. Nous, on travaillait entre un congé et un autre. Maintenant qu'on a vieilli, on ne va pas aller se poser avec nos enfants ? On reste ici jusqu'à qu'ils viennent nous prendre pour la morgue. Ce n'est pas possible ! Ça aussi il faut que vous les lettrés, vous en parliez.

Regarde, depuis que je suis jeune, depuis 1972, je suis en France. Là on est en 2014 et ils veulent encore que je reste là. Mange ou ne mange pas, habite ou n'habite pas, dors ou ne dors pas, tes enfants là- bas et toi ici ! Ce n'est pas possible ça !

Combien de temps passiez-vous avec votre famille quand vous travailliez ?

Je ne dépassais pas un mois par an. Si j'avais dépassé le mois le patron me disait de partir. En novembre, il fallait être là, pour les vignes, pour le débroussaillage, etc. Si tu tardais le patron te disait : « tu es parti, j'ai trouvé un autre travailleur. ». Le patron, il cherche le moindre petit truc pour te virer.

Vous touchiez des allocations pour vos enfants restés au Maroc ?

Oui j'en touchais quand je travaillais mais ce n'était rien comparé à ce que touchent les parents en France. C'était versé au Maroc en dirhams.

Pourquoi n'y a-t-il pas eu de regroupement familial ?

Je n'ai pas pu le faire, je n'arrivais pas à trouver de travail stable. Quand je travaillais 2 ou 3 mois chez un patron, que je sentais que c'était une personne bien, je lui demandais : « Monsieur, faîtes- moi un plaisir, je voudrais ramener ma famille. ». Il me répondait : « Non, non, non, non, non, il te faut un bon logement, il te faut, si ! Il te faut ça, l'Etat ne va pas te laisser ! ». Et dans le mois je me faisais virer, on me disait que « ça y est, il n'y a plus de

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travail ! ». Et pour les patrons d'après, c'était la même chose. Je voulais faire le regroupement familial, mais rien ! Au bout d'un moment, je me suis fatigué et j'en ai eu assez.

Où est votre famille ?

Ma famille est toujours à Meknès.

Avant de venir en France, je vivais à la campagne où j'étais paysan. Après être venu en France, je me suis marié, on a habité en ville, à Meknès où mes enfants sont nés. Je me suis fatigué en essayant de les ramener mais en vain ! Maintenant, ils ont grandi. Tu vois, la situation n'est pas terrible !

Depuis que vous êtes à la retraite, combien de temps passez-vous avec votre famille sur une année ?

Je passe avec eux 2 ou 3 mois, c'est juste cette année que j'ai passé 5 mois. Le reste de l'année, je suis ici. C'est juste cette année, quand je leur ai dit que je voulais rentrer définitivement : « donnez-moi ma retraite là-bas ! », qu'alors j'ai passé 5 mois. Mais avant, je ne passais pas tout ce temps, juste 2 ou 3 mois et je revenais.

Quand vous êtes revenu du Maroc, cette année, vous êtes allé habiter en foyer, c'était la première fois que vous habitiez en foyer ?

Oui cette année c'est la première fois depuis que je suis en France.

Pourquoi le foyer, pourquoi Montpellier, alors que vous viviez à Nîmes ?

Ils m'ont dit qu'il me faillait une résidence en France. J'en avais assez, quand je suis parti au Maroc, je ne recevais pas ma retraite, alors je suis revenu ici. J'ai de la famille ici. Les enfants de ma tante sont tous les deux ici. Je me suis dit que si je trouve un logement ici sur Montpellier, je me pose ici. Je suis resté 3 ou 4 jours chez eux, j'ai vu que je n'étais pas vraiment le bienvenu, alors je suis parti. J'ai commencé à chercher un logement. Ça a mis plus d'un mois ou 2. En attendant, je logeais à Aigues-Mortes, j'ai ma belle-soeur là-bas. Ils m'ont dit par téléphone de venir prendre les clefs. Le soir même je suis venu au foyer.

Que pensez-vous de ce logement ?

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On est comme des cochons dans une porcherie et c'est tout, n'est-ce pas ? J'habite seul, même s'il y a du monde au foyer, je ne connais personne. Je rentre dans ma chambre juste pour dormir et le matin je sors. Je ne connais personne là-bas.

Donc vous rentrez le soir et vous sortez le matin ?

Oui je sors le matin, je reviens à midi ou bien des fois je reste à Plan-Cabane jusqu'à l'après-midi et je rentre. Je reste sur Plan-Cabane à regarder et c'est tout. Pour passer la journée et après je prends le bus, je rentre.

Vous avez des amis comme Driss par exemple ?

Driss, il n'est pas disponible, il est malade, des fois, il doit aller chez le médecin, des fois, il doit aller à ... chacun selon ce qu'il a à faire...

Et au foyer, vous cuisinez ?

Des fois, je cuisine là-bas, des fois, je mange quelque chose ici, à Plan-Cabane et je vais dormir. C'est tout ! Le matin je me lève, je vais prendre une douche, me faire un café dans la cuisine, je retourne dans ma chambre pour m'habiller et je sors pour venir ici à Plan-Cabane. Je n'ai pas de relations dans le foyer, je viens juste d'y habiter. En plus, ils viennent tous de partir au pays. Les Algériens aussi. Là juste avant hier il y a un monsieur de Tinghir, du Sahara qui est parti lui aussi.

Là cela fait 4 mois que vous êtes à Montpellier, vous y étiez déjà venu auparavant ?

Oui j'y étais venu travailler, sinon, de temps en temps je venais pour les marchés le samedi ou le dimanche. Avant je travaillais, mais maintenant ce n'est pas comme avant.

Comment voyez-vous l'avenir ?

Je n'ai plus d'avenir. L'avenir c'est ton travail qui le dira. S'ils ne me règlent pas mon problème, je vais rentrer chez moi chez mes enfants. Oui, qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Que je reste là jusqu'à ce que je meure ?

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Et s'ils vous rendent L'ASPA ?

Je verrais, là au moins si je vais au pays, je ne tarde pas trop, je reste 2 mois ou 3 mois et je reviens en gardant le logement ici. Quand j'en ai assez, je retourne au pays, j'y reste un mois et je reviens, je reste ici 3 ou 4 mois et je retourne et ainsi de suite.

En plus, le médecin m'a dit que si je voulais vivre je ne devais pas partir au Maroc, si j'y vais je ne dois pas tarder. Hier, je suis allé chez mon médecin, je lui ai dit que j'allais au Maroc, elle m'a dit de ne pas tarder, et de faire attention pour que les médicaments ne se finissent pas là-bas. Elle est médecin, elle aussi elle ne veut pas que tu dépasses 2 ou 3 mois.

Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?

La seule chose que je vais ajouter c'est qu'il faut qu'il me rende L'ASPA pour que je puisse survivre. Mes enfants, avant quand je travaillais, et même à la retraite, quand je touchais tous mes droits, je leur envoyais toujours 400 ou 500 euros. Maintenant, je ne leur envoie que 300€, c'est quoi 300€, il y a le loyer de la maison au Maroc. J'ai juste un fils qui travaille, je ne sais même pas s'il donne de l'argent à sa mère ou pas, les 3 autres enfants ne travaillent pas.

Avant je leur envoyais de l'argent, maintenant je ne trouve pas quoi leur envoyer. 300€, avec ça il faut choisir entre manger, louer la maison, payer l'électricité et l'eau. Et moi ici, il ne me reste rien. Je touche 600€, j'envoie à mes enfants 300€, il me reste 300€. Et voilà, il n'y a rien, je n'ai même pas assez d'argent pour aller voir ma famille !

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Annexe D Entretien 3

Entretien 3 : Driss, effectué le 25.05.2014

Né le : 01.01.1950, de nationalité marocaine Région d'origine : région de Meknès

Pourriez-vous me décrire votre situation dans votre pays d'origine, avant votre venue en France ?

J'étais agriculteur. Non ! déjà, j'étais étudiant, j'ai eu mon bac en 1971. J'ai été ensuite infirmier pendant même pas un an. En 1972 je suis venu ici jusqu'en 1979. De 1979 à 1989, j'ai pratiqué l'agriculture au Maroc.

Pour quelle raison êtes-vous venu en France ?

En 1972, je suis venu par contrat de travail de l'Office National d'Immigration. Ce sont les amis et les copains qui m'ont poussé à venir en France.

Où êtes-vous arrivé lors de votre première venue en France ?

Dans la région d'Aigues-Mortes, je travaillais dans l'agriculture. De 1972 à 1979, je logeais gratuitement, dans le domaine agricole, chez le patron. On vivait à 4 ou 5 dans un F2.

Donc de 1972 à 1979, vous étiez dans le même domaine ?

Dans le même domaine, mais je ne travaillais pas beaucoup : je restais 4 mois, 5 mois et je partais au Maroc. Je revenais pour les asperges, après je repartais et je revenais pendant les vendanges. Le type de contrat, c'était les contrats de 6 mois.

Et donc ensuite vous êtes retourné au Maroc pendant 10 ans ?

10 ans, jusqu'en 89, j'ai exercé l'agriculture dans ma région d'origine.

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Et pour quelle raison êtes-vous revenu en France ?

La sécheresse ! En 85, 86, 87, il y avait la sécheresse au Maroc. C'était donc pour des raisons économiques. J'avais à ce moment-là 3 enfants, qui sont nés en 73, 82 et 84.

Et vous êtes revenu dans quelle région ?

C'était à Lyon, je suis resté un petit peu à Lyon, après je suis parti dans l'Ain, dans le 01, à Oyonnax. Là-bas, j'ai exercé un métier de transformation de matière en plastique.

A Lyon, j'étais dans le bâtiment, pas beaucoup je suis resté un an.

Et après ?

Après, je suis allé dans le 01, je suis resté là-bas 1 an. Après, je suis retourné dans le Vaucluse à Cavaillon où je suis resté jusqu'en 94. En 94, à Saintes-Maries-de-la-Mer, dans la riziculture, jusqu'à 60 ans, jusqu'à ma maladie professionnelle.

Et vous travailliez dans quoi, dans le Vaucluse ?

A Cavaillon j'étais dans l'industrie, une très grande entreprise de bâtiment.

Et vous logiez où depuis que vous étiez revenu du Maroc, à Lyon et dans les autres villes où vous étiez ?

A Lyon j'étais chez ma soeur, à Oyonnax dans l'Ain, j'étais en F1 privé. A Cavaillon c'était au foyer SONACOTRA, jusqu'en 94, je suis venu à Saintes-Maries-de-la-Mer où j'ai eu un logement de fonction, c'était un F3 dans le domaine.

Dans le foyer Sonacotra, je suis resté de 91 à 94, On demandait un contrat CDI, j'étais en CDI, il y avait moins de monde à l'époque, j'ai eu un studio avec balcon et douche à l'intérieur et tout le reste.

Expliquez-moi le système de contrat avec lequel vous êtes venu ?

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C'étaient des contrats de 6 mois renouvelables toutes les années, 6 mois de travail par an. Donc je travaillais 6 mois et je rentrais au Maroc pendant 6 mois, je pratiquais la chasse à l'époque et les randonnées, j'ai fait tout le Maroc.

Quand vous êtes revenu en 1989, c'était par quel moyen ?

A l'époque, j'avais les papiers de 10 ans, il me restait 2 mois sur mes papiers et j'ai renouvelé mes papiers.

En 1972, comment ça ce passait avec les contrats ?

Pour venir en France, à chaque contrat c'est l'OMI, à chaque contrat c'est l'Office National d'Immigration et le bureau est à Casablanca à Aïn Borja, tout le Maroc passe par Aïn Borja , tout le Maroc, de El Hoceima, de Nador, Du Sahara, tout le monde passe par Aïn Borja.

Si tu as quelqu'un en France, il t'envoie un contrat, sinon les patrons envoient les contrats à l'OMI au Maroc et l'OMI les distribuent aux caïdats72. Tu pars chez eux au bureau, au caïdat dont tu dépends, et dès que tu tiens ton contrat tu pars à Aïn Borja.

C'étaient des contrats de 6 mois renouvelables chaque année, tu restes en France 6 mois puis tu rentres au Maroc pendant 6 mois et l'année d'après tu fais la même chose ; pour chaque contrat il fallait passer par Aïn Borja pour la visite médicale, une visite pire que celle de l'armée. Si c'est bon, ils te donnent un billet gratuit pour venir en France, là où tu es recruté. A la gare de Casablanca, il y avait des gens, les pauvres, qui étaient perdus, les patrons venaient les chercher à la gare !

Et c'était comment pour les titres de séjour, pour les visas ?

A cette époque, il n'y avait ni récépissé, ni visa, ni carte de séjour, c'était le contrat qui servait de papier et les 6 mois renouvelables chaque année qu'il ne fallait pas dépasser.

72 Échelon local de la division administrative de l'organisation administrative marocaine. Il s'agit de l'échelon juste au dessus de la municipalité ou de la commune rurale.

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Et combien de temps avez-vous mis avant d'avoir le titre de séjour ou la carte de résident de 10 ans ?

Si tu t'arrangerais avec le patron, et qu'il te rajoutait 6 autres mois, là tu faisais tes papiers, il fallait au minimum 1an de travail consécutif et tu avais droit à tes papiers, ce n'était pas la carte de résidence de 10 ans, c'était une carte de séjour de 1 an d'une part, et une carte de travail d'autre part. Moi, j'avais une carte de travail pour travailler dans l'agriculture dans le Gard.

Après, quand vous avez eu votre carte de 10 ans, à quel rythme travailliez-vous et avec quel type de contrat ?

A chaque fois, j'ai surtout fait des CDI, uniquement des CDI. Quand ça ne me convenait pas ou que ce n'était pas stable, je trouvais un autre travail et je m'en allais.

Est-ce que vous pensez que les métiers que vous avez exercés ont eu une influence sur votre santé ?

Non ! Dans la riziculture, il y a un peu de produits chimiques pour les traitements et tout ça, dans l'industrie plastique aussi. Mais ce n'est pas ça qui a provoqué ma maladie, ma maladie, d'après les médecins, c'est la cigarette. Même si on appliquait les traitements, on le faisait par hélicoptère.

On parlait tout à l'heure des contrats, mais aussi des administrations chargées des retraites, que pensez-vous de tout ça ?

Hé bien, les administrations, la CARSAT, tu as bien vu. Tu leur envoies des courriers recommandés, elles ne répondent pas. Même pour répondre, elles ne le font pas. Si au moins, elles répondaient par un oui ou par un non ! Ou bien qu'elles nous disent de patienter ou quelque chose comme ça. Mais là, elles ne disent rein, pas de réponse du tout ! Ou bien encore le truc de la préfecture où on demande aux gens de prouver leur présence en France depuis 10 ans pour toucher l'ASPA. Ils demandent ça à des gens qui sont à la retraite ! S'il est à la retraite, c'est qu'il a existé depuis plus de 10 ans ici ! Pourquoi lui demander un papier de

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la préfecture comme quoi il est là depuis 10 ans ? Les gens qui sont à la retraite, ils ont plus de 30 ans de présence en France. En plus, c'est écrit sur les cartes de séjour, « entrée en France depuis... ». Ce genre de chose, ils ne doivent plus le demander !

Et il faut, comme je t'ai dit, qu'ils répondent aux gens, quelle que soit la réponse, un oui ou un non ! Avoir droit à une réponse quelle qu'elle soit !

Donc pour vous il y a des organismes auxquels vous n'avez pas accès ?

Voila, c'est cela même ! Il faut qu'ils nous disent ce qu'il manque comme pièce au dossier si c'est le cas. Là, tu ne reçois rien du tout ! On leur a écrit toi et moi, tu vois bien. C'est fatigant, tu écris un recommandé, le recommandé te revient, il n'y a ni réponse, ni rien !

Et que pensez-vous de la condition de résidence pour toucher l'ASPA ?

Il n'y a personne pour parler de ça, si les gens faisaient des revendications pour ça...Les gens en Hollande et en Belgique parlent de ce genre de chose, mais ici en France, il n'y a personne qui en parle. Les plaintes et tout ça viennent de Hollande et de Belgique et nous ici les gens de France, on ne fait que suivre. Les Marocains de Hollande et de Belgique se font entendre dès qu'ils ont un souci, pour les voitures, pour tout. Mais ici en France, on ne fait que les suivre, s'il y a une avancée, on en profite, sinon rien ! C'est-à-dire qu'on ne les aide pas, nous.

Où est votre famille ?

J'ai un enfant à Tanger, et les deux autres à Meknès, ma femme aussi est à Meknès.

Quand vous travailliez, combien de temps passiez-vous avec votre faille ?

5 semaines de vacances.

Et maintenant que vous êtes à la retraite ?

A chaque fois, je vais, je viens ! A chaque fois, je vais, je viens ! Même maintenant qu'on est à la retraite, on n'a pas le droit de dépasser 6 mois parce que sinon, c'est l'ASPA qui est

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supprimée. Donc je reviens à cause de ces papiers, tout le monde revient à cause de ces papiers.

Alors, comment organisez-vous votre année ?

Je fais moitié-moitié. L'essentiel, c'est que je ne dépasse pas 6 mois de l'année. Donc je passe 2 mois ici, et je pars 2 mois là-bas. Je fais des va-et-vient quoi ! Et dès que j'arrive à 6 mois passés hors de France, je ne bouge plus, jusqu'à ce que vienne l'année d'après.

Et comment rentrez-vous au Maroc ?

Quand je pouvais conduire, je prenais la voiture, maintenant que la santé ne suit plus, je pars en avion.

Pourquoi il n'y a pas eu de regroupement familial ?

En 1979, mon père est mort. J'ai ma mère qui est toujours vivante jusqu'à maintenant, je ne pouvais pas la laisser toute seule. C'était la seule raison. Ma femme, mes enfants et ma mère vivent ensemble jusqu'à présent.

Pourquoi ne pas avoir fait venir votre mère ?

Non, on n'allait pas non plus tous laisser tomber là-bas ! Il y a un peu de terre, il y a un peu d'olives, il y a un peu de têtes de bétail. Quand je pratiquais l'agriculture jusqu'en 89, j'avais deux tracteurs, j'avais une moissonneuse, j'avais deux presses à paille, tout ça avant la sécheresse. J'avais beaucoup de matériel.

Vous étiez à Saintes-Maries-de-la-Mer, quand vous êtes venu à Montpellier, où habitiez-vous ?

Là où j'habite actuellement, Chez ACM à l'Aiguelongue. Je suis le seul marocain, le seul à ne pas vivre en foyer. C'est un F2 j'y vis depuis 2007.

Décrivez-moi une journée-type chez vous !

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Je me lève le matin, je pars, je reviens à midi, je repars vers 16h-17h et je reviens vers 19h.

Pour quel motif sortez-vous ?

Pour voir les amis, les rencontrer et voir aussi les autres personnes qui connaissent un peu le fonctionnement de l'administration, etc. comme ce qu'on est en train de faire maintenant.

Comment voyez-vous l'avenir, si votre problème d'ASPA se règle, ou bien supposons que l'ASPA soit reversée au Maroc sans condition de résidence, que feriez vous ? Est-ce que vous rentreriez définitivement ?

L'ASPA ne sera jamais versée au Maroc.

Supposons que l'ASPA soit reversée au Maroc sans condition de résidence, que feriez vous ? Est-ce que vous rentreriez définitivement ?

Non, je continuerais à venir, déjà parce que j'ai des hospitalisations pour des problèmes de santé. Au Maroc, il n'y a rien. Moi, j'ai des problèmes de santé,

Votre médecin est ici ?

Ce n'est même pas une question de médecin, c'est l'hôpital, j'ai un défibrillateur, avec une pile, ici je suis suivi, un suivi médical en cardiologie et en pneumologie, les deux.

Au Maroc, pour les mêmes soucis de santé, il faudrait payer, n'est-ce pas ?

Ah, oui ! Je suis obligé de revenir à chaque fois. Chaque fois que je ne me sens pas bien, je reviens. Je ne pars pas d'ici avant d'avoir pris mes rendez-vous. Et tous les vieux que tu vois ici ne reviennent que pour leurs problèmes de santé, sinon ils n'ont rien à faire ici.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo