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Conséquences physiques et socio économiques de la dégradation de la forêt à  aboisso

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par Ohoueu Didier GBOCHO
Université Félix Houphouet Boigny de Cocody - Thèse unique de Doctorat 2015
  

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Introduction

Aboisso est une zone forestière qui est située à l'extrême Sud -Est de la Côte d'Ivoire, faisant frontière avec la République du Ghana. Il couvre plus de 4 542Km². Cette zone forestière est le théâtre d'une exploitation abusive des terres agricoles. En effet, les populations autochtones (Agni) installées entre le 16è et le 18è siècles ont à partir de leur village originel et profitant des pistes ouvertes dans la sylve par les exploitants forestiers, essaimé l'espace d'une multitude de campements de culture (Essan, 1986).

Par ailleurs, l'agriculture source des revenus importants, suscita un afflux massif des populations des zones des savanes du Nord et du Centre de la Côte d'Ivoire et même celles des pays comme le Burkina Faso et le Mali en direction de la zone forestière d'Aboisso. Cette forte immigration approfondie par l'intrusion massive de la bourgeoisie urbaine, singulièrement des cadres dans l'univers rural a occasionné une pression foncière considérable.

Sous l'effet de l'expansion agricole, particulièrement les cultures commerciales, les massifs forestiers ont cédé la place à de nouveaux paysages imprimés par de vastes étendues de cultures industrielles. Cette forte dégradation de la forêt s'accompagne de conséquences physiques et socio économiques importantes dans le département d'Aboisso.

Méthodologie

Pour atteindre nos résultats, nous avons procédé d'abord par la recherche documentaire. Plusieurs sources ont été exploitées : des ouvrages et articles généraux et spécialisés. Nous avons ensuite recouru à l'enquête de terrain qui a eu pour support un questionnaire adressé aux populations rurales et aux exploitants agricoles. Cette enquête a permis de cerner les problèmes de terres et de forêts posés dans la région d'Aboisso, les modes d'exploitation agricole, de gestion des massifs forestiers et les moyens de leur protection.

Les informations et données ainsi obtenues ont été complétées par des observations directes sur le terrain et des entretiens. Pour ces entretiens, des guides ont été élaborés et adressés aux responsables des structures de gestion des forêts, en particulier la SODEFOR et les Eaux et Forêts. Ils visent à vérifier l'authenticité de certaines données que nous avons pu obtenir à travers la recherche documentaire.

Résultats et Discussion

La dégradation des forêts, source de nombreux impacts physiques à Aboisso

La dégradation de la forêt d'Aboisso pose des problèmes considérables dans cette région ivoirienne. Elle engendre la baisse des hauteurs de pluies, la modification du régime pluviométrique, l'appauvrissement de la faune et de la flore et l'appauvrissement des sols

Des pluies de moins en moins abondantes à Aboisso

Le département d'Aboisso bénéficie d'un climat chaud et pluvieux de type équatorial (climat attiéen). Ce climat de type équatorial de transition qui est appelé communément climat « Attiéen » est à la fois chaud et pluvieux. Il se présente par une forte humidité atmosphérique (moyenne annuelle 85%), par des températures élevées mais pas excessives, constantes tout le long de l'année (avec une moyenne de 25°7) et par de faibles amplitudes thermiques inférieures à 5°C. La durée de l'ensoleillement varie en moyenne entre 1500 et 2000 h/an. Le régime pluviométrique est de type bimodal avec deux (2) périodes arrosées, insérant 2 périodes de faible pluviosité appelées saisons sèches.

Le climat est rythmé par 4 saisons de durées inégales : une grande saison sèche de Décembre à Février ; une grande saison pluvieuse de Mars à Juillet ; une petite saison sèche d'Août à Septembre ; une petite saison pluvieuse d'Octobre à Novembre. Il se caractérise par l'abondance des précipitations avec une hauteur moyenne d'environ 2 000 mm dans les années 1960 (ANAM, 1960).

A partir de 1970, les quantités de pluie qui tombent à Aboisso sont de moins en moins abondantes. En 1971, il est tombé à Aboisso, 1 286 mm de pluie, 1 484 mm l'année suivante avant d'atteindre 2 059 mm en 1978. Malgré cela, la moyenne décennale entre 1971 et 1980 reste insuffisante. Car au total, le département d'Aboisso a enregistré 1 789 mm de pluie (Tableau 1).

Tableau1 : Hauteurs annuelles de pluie de 1971 à 1980

Années

Hauteurs de pluie

1971

1 286

1972

1 484

1973

1 807

1974

1 952

1975

1 911

1976

1 891

1977

1 185

1978

2 059

1979

2 283

1980

2 031

Moyenne décennale

1 789

Source : ANAM, 1971 - 1980

Cette baisse des hauteurs de pluie s'est poursuivie au-delà de la décennie 1971- 1980. Elle s'est même manifestée de la façon la plus dramatique entre 1980 et 1989. A l'examen du Tableau suivant (Tableau 2), en dehors de l'année 1980 où il est tombé 2 031 mm de pluie, toutes les autres années qui ont suivi, ont connu des pluies moins denses. Les plus importantes sont celles des années 1982, 1987 et 1988 avec respectivement 1 718 mm, 1 842 mm et 1 639 mm tandis que les années.

Tableau2 : Hauteurs annuelles de pluie de 1980 à 1989

Années

Hauteurs de pluie

1980

2 031

1981

-

1982

1 718

1983

1 318

1984

 

- 1985

 

- 1986

1 316

1987

1 842

1988

1 639

1989

1 400

Moyenne décennale

1 609

Source : ANAM, 1980 - 1989

Contrairement à la décennie antérieure, la décennie 1980 - 1989, s'est montrée avec une moyenne décennale de 1 609 mm, la moins arrosée à Aboisso, mais plus abondante que la décennie 1990- 1999. En effet, au cours de cette période (Tableau 3), les hauteurs de pluies enregistrées à Aboisso n'ont pas atteint les niveaux antérieurs.

Tableau2 : Hauteurs annuelles de pluie de 1971 à 1980

Années

Hauteurs de pluie

1990

1 606

1991

1 441

1992

1 378

1993

1 756

1994

1 416

1995

1 244

1996

1 621

1997

1 871

1998

1 244

1999

-

Moyenne décennale

1 357

Source : ANAM, 1990 - 1999

Les pluies au cours des dernières décennies sont mêmes descendues jusqu'à moins 1 500 mm l'an et n'ont pu atteindre 2 000 mm comme par le passé. Les pluies les plus importantes sont celles de 1990, 1996 et 1997, années au cours desquelles les hauteurs de pluie ont atteint leur pic. Cette décennie est celle au cours de laquelle on a aussi enregistré les pluies très faibles en 1991, 1992, 1994, 1995 et 1998.

En somme, la dégradation de la forêt à Aboisso a eu des effets importants sur le niveau de pluie. Alors qu'il tombait entre 2 000 mm et 1 800 mm de pluie en moyenne de 1950 jusqu'en 1969 (Figure 1), les hauteurs de pluies sont passées à 1 789 mm en moyenne au cours de la décennie 1970/1979 ; 1 609 mm en 1980/1989 et sont descendues jusqu'à 1 357 mm en 1990/1999.

Figure 1: Impact de la dégradation sur les hauteurs de pluie à Aboisso

Par ailleurs, le régime pluviométrique a subi une modification profonde au cours de ces dernières années

Modification profonde du régime pluviométrique

Le climat est rythmé par 4 saisons de durées inégales à Aboisso. Le régime pluviométrique est de type bimodal avec deux (2) périodes arrosées, insérant 2 périodes de faible pluviosité appelées saisons sèches. Ce sont en ce qui concerne les périodes de pluie, le mois d'avril à juillet qui correspond à la grande période de pluie et le mois d'octobre à novembre pour la petite période sèche. Au niveau des périodes dites sèches, elle s'étale de décembre à mars pour la grande période sèche et d'août à septembre pour la petite période sèche.

De plus en plus, l'on est confronté à une perturbation du régime pluviométrique. Les pluies ne tombent presque plus au moment indiqué. Des fois, elles s'étalent sur toute l'année. Par fois, elles tombent au moment où les paysans s'apprêtent à défricher la terre. Quelques fois aussi, elles arrivent quand les paysans sont en train de labourer la terre.

Depuis plusieurs années, et ce surtout au cours des dernières années, les populations rurales qui sont occupées à la culture de la terre sont confrontées à un changement de temps à tel point qu'elles ne savent plus à quoi se tenir dans les travaux champêtres.

De ce fait, il est difficile aujourd'hui de parler de saisons des pluies et de saisons sèches dans cette région ivoirienne où la quasi-totalité de la forêt n'existe presque plus.

Des sols de plus en plus pauvres à Aboisso

Les sols de forêt tropicale une fois défrichés subissent des modifications notables de leurs propriétés physiques et chimiques. Fauck (1953) a constaté une diminution de 30% de la teneur en matière organique, une diminution de 70% de l'azote et une diminution de 60% de la teneur en humus colloïdal du sol dans les deux ans qui suivent le défrichage.

De même, Cuningham (1963) a signalé une diminution de la matière organique, de l'azote et du phosphore organique du sol due à des modifications de la température du sol après défrichage. A la suite du défrichage, les variations journalières de la température peuvent atteindre une amplitude de 20°C à 30°C. Se conjuguant avec la forte température du sol, la diminution de la teneur en matière organique rend le sol fragile dans sa structure et hautement vulnérable à l'érosion par éclaboussement. Car il est bien connu que le ruissellement est moins important sous un couvert forestier que sous un couvert cultivé ou graminéen. L'érosion du sol est pratiquement négligeable dans la forêt, mais peut être très forte sur les terres cultivées.

Siban (1972), en étudiant la diminution constante de la fertilité du sol sur plusieurs années de culture, avec une courte jachère dans une région qui reçoit 1 300 mm de pluie, est parvenu aux conclusions suivantes :

- d'abord, les nutriments enlevés de la couche superficielle du sol par les cultures annuelles et vivaces ne sont restitués au sol qu'en quantités bien inférieures à celles qui auraient été reconstituées après une longue jachère. Il se produit donc un prélèvement constant sur la fertilité du sol au long cycle successif de cultures et de jachères courtes qui conduit à un épuisement rapide de l'azote et du phosphore au début, de potassium et des oligo- éléments par la suite. Il se produit une baisse rapide de la teneur en matière organique du sol superficiel et, avec elle, de la capacité d'échange des bases.

- Ensuite, la repousse de la forêt est considérablement gênée et conduit à l'installation d'une savane artificielle.

- Enfin, par la suite de la médiocre croissance des cultures et de la dégradation progressive de la végétation naturelle, le sol devient de plus en plus exposé à l'érosion et au compactage.

Le fait de laisser une terre en jachère pendant de longues années (10 ans), favorise la reconstitution du sol. Dans les zones de forêt dense, il existe aussi bien sur les terres vierges que sur celles qui ont été mises en jachère pendant plus de dix à quinze ans, une forte accumulation de matière organique provenant de la litière et des résidus des racines fines de la végétation.

Parallèlement, le défrichage et le brûlage produisent des effets néfastes sur la qualité des sols. Certains nutriments en effet, emmagasinés dans la végétation sur pied et dans la litière passent dans le sol avec la cendre sous forme de silice. Pendant la combustion, la majeure partie du soufre azoté et du carbone contenus dans le couvert végétatif sont perdus sous forme de gaz, mais il n'en est pas de même de ceux qui se trouvent dans l'humus du sol. Il se produit une diminution initiale de la population microbiologique du sol à la suite du brûlage.

Pourtant ces pratiques sont les seuls moyens dont disposent les agriculteurs d'Aboisso pour incorporer aux sols une partie des nutriments accumulés dans le couvert végétatif pour nettoyer la terre et le préparer à la culture.

En outre la forte pression démographique qui s'abat sur les terres ainsi que l'influence combinée des cultures qui entrainent un raccourcissement de la période des jachères, le facteur clé de la productivité agricole produisent aussi des effets négatifs sur le sol. Il ressort de ces constats que les sols d'Aboisso se sont appauvris suite à la dégradation de la forêt et s'accompagne de conséquences importantes sur la production agricole.

La dégradation des forêts, source de baisse des productions vivrières, des revenus des paysans et d'insécurité alimentaire à Aboisso

Baisse importante des productions vivrières

Les productions agricoles sont de plus en plus faibles à Aboisso, particulièrement les productions des cultures vivrières.

Autrefois, le manioc frais, la banane plantain, l'igname et le taro étaient produits en quantités suffisantes dans la région d'Aboisso. Les superficies plantées de ces cultures couvraient plusieurs centaines d'hectares. Par exemple, en 1975, les exploitations de manioc couvraient 6000 ha, celles de la banane plantain s'étendaient sur 30 000 ha tandis que l'igname s'étalaient sur 1 200 ha. Au totale, ces cultures vivrières avaient une superficie de 37 200 ha (Statistiques agricoles, 1974). A partir de cette surface cultivée, c'était plusieurs milliers de tonnes qui ont été produits à Aboisso pour nourrir une population de moins de 100 000 ha (RGPH, 1975).

Or, la croissance et le rendement des cultures sont directement affectés par l'appauvrissement du sol en éléments nutritifs. La croissance des cultures est lente et les plants sont rabougris du fait de la détérioration de la structure du sol et de la perte de matière organique. Comme effet direct de la perte de la fertilité des sols, les tubercules de manioc qui sortent des terres ont perdu leur splendeur. A la place des gros tubercules de manioc qui provenaient autrefois des champs, ce sont la plupart, des petits tubercules de manioc qui sont tirés des terres d'Aboisso. Certaines boutures de manioc qui ne résistent pas au changement des conditions du milieu pourrissent dans la terre. A cause de la dégradation du sol, une bonne partie des champs de manioc ne produit pas suffisamment.

La banane plantain est produite en quantité insuffisante à Aboisso. 4 345 T de banane plantain ont été produites en 2012 et 3 227 T pour l'igname (ANADER, 2012).

Baisse subséquente des revenus des ménages

L'agriculture est la principale activité des populations rurales. Mieux, elle constitue l'essentiel de l'économie rurale car elle procure des revenus importants aux ménages ruraux qui leur permettent de mener une vie décente : amélioration de l'habitat et du cadre de vie, prise en charge des frais de santé, scolarisation des enfants, etc.

De nombreux planteurs à Aboisso ont ainsi réussi à construire des habitats modernes, de haut standing dont le cas du riche planteur Bléhoué AKA du village d'Adaou dans la sous préfecture d'Aboisso en est un bel exemple.

Par ailleurs, ce secteur économique a favorisé le développement économique de la Côte d'Ivoire de façon générale, mais aussi le département d'Aboisso de façon particulière. Les statistiques en supputent l'importance pour les cultures pérennes, café, cacao, pour ne citer que ces deux cultures pionnières.

En 1978 - 1979, les exportations de café et de cacao représentaient 8 931 800 000 milliards de francs CFA (statistiques agricoles de la campagne 1978 - 1979) dont 6 736 000 000 milliards pour les exportations de café et 2 995 800 000 francs CFA pour le cacao.

L'agriculture vivrière traditionnelle quoique ses avantages économiques soient faibles par rapport à ceux des cultures pérennes n'est pas une activité marginale. Elle constitue l'essentiel de l'économie des paysans. Car le manioc, l'igname, la banane plantain et le maïs fournissent des revenus nécessaires aux populations rurales qui ne possèdent pas d'exploitations industrielles.

Mais de plus en plus ces revenus tirés des exportations industrielles et vivrières subissent des baisses et non les moindres. Elles touchent aussi bien les cultures vivrières que les cultures pérennes. Dans certaines zones de production, 1ha de manioc procurait entre 180 000 F CFA et 200 000 F CFA quand dans d'autres, elle pouvait revenir entre 150 000 F CFA et 180 000 F CFA.

Le régime de banane subi également cette variation.

Aujourd'hui, 1ha ne peut procurer à l'exploitant que 300 000 F CFA comme revenu brut et 180 000 F CFA comme revenu net. Ce qui voudrait dire qu'il y a un manque à gagner par le producteur du vivrier dans certaines zones d'Aboisso. Pour relever les revenus du fait de la baisse du prix de vente, il faut disposer de plusieurs exploitations. Pourtant, il est donné de constater aujourd'hui que les terres ne suffisent pas pour favoriser la création de plusieurs exploitations.

Près de 90 % des ménages enquêtes soutiennent souffrir de la déforestation car les revenus tirés de certaines cultures notamment le manioc, la banane plantain et le maïs ne permettent plus de couvrir les dépenses engendrées par la création et l'entretien des plantations.

Risque d'insécurité alimentaire à Aboisso

La baisse de la production agricole occasionnée par la dégradation de la forêt qui a pour corolaire, l'insuffisance des terres cultivables et la réduction des superficies des cultures vivrières pose un autre problème à Aboisso. Les denrées alimentaires se font de plus en plus rares dans la région d'Aboisso. Dans les villages comme dans les villes d'Aboisso, les populations ont du mal à s'offrir les produits alimentaires de première nécessité. Les condiments, notamment, le piment, l'aubergine et le gombo manquent considérablement. Ceux qui sont vendus en ville proviennent d'Abidjan.

Les féculents à savoir le manioc, la banane plantain, l'igname qui sont très prisés à Aboisso, ne sont pas épargnés. Tandis que les tubercules de manioc sont essentiellement issus des exploitations villageoises, les régimes de banane plantain qu'on trouve sur les marchés locaux, proviennent la plupart d'Abidjan.

Par ailleurs, les prix de ces denrées alimentaires flambent continuellement. Comme conséquence, les populations d'Aboisso, surtout celles qui vivent dans les centres urbains éprouvent des difficultés pour se nourrir convenablement. Aujourd'hui, Aboisso est l'une des régions ivoiriennes où la cherté de la vie est une réalité incontestable.

Un véritable risque d'insécurité alimentaire plane sur toute la région d'Aboisso. Si, rien n'est fait pour remédier à cette situation, d'ici à l'an 2020, la région d'Aboisso connaitra une catastrophe alimentaire.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote