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Croissance et mutations du système financier au cameroun

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par Yves Lionel MEFO'O NGO'O
Université de Yaoundé II - Master Professionnel II en Relations Internationales 2012
  

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II.2-LES REFORMES FINANCIERES AU CAMEROUN

Les banques de la sous-région en général, et celles du Cameroun en particulier ont été profondément touchées par la crise économique qui a frappé les états au milieu des années quatre-vingt. A cet effet, même les banques de développement créées pour assurer la gestion des fonds venant de l'extérieur destinés au financement des projets nécessaires au développement économique n'ont pas résisté au désastre et se sont trouvées dans une situation de totale illiquidité (A. Lenoir, 1989).

Dans cette situation asphyxiante, les banques ne pouvaient plus assurer leur rôle d'intermédiation financière, compromettant ainsi le processus de croissance et de développement économique. Pour éradiquer cette crise financière, les pouvoirs publics en collaboration avec les bailleurs de fonds internationaux ; Banque Mondiale (BM), Fonds monétaire international (FMI) et la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC) ont mis en place des réformes financières. Elles peuvent être regroupées en trois catégories. D'abord la restructuration du système bancaire, ensuite la mise en oeuvre des mesures monétaires, et enfin les mesures juridico-institutionnelles.

II.2.1- Ra restructuration bancaire

Afin d'éviter l'effondrement du système bancaire camerounais, un plan de restructuration fut élaboré en 1989. Théoriquement, l'objectif de ces mesures financières était de résoudre les problèmes d'illiquidité et d'insolvabilité. La première tâche des experts fut de réécrire les bilans bancaires. Les créances douteuses égalant 253 milliards de FCFA au 30 juin 1988, selon les documents comptables produits par les banques, ont été réévaluées à 489 milliards. Par conséquent les 104 milliards de provision pour dépréciation ont dû être multipliés par trois. De ce fait, les créances saines à l'économie furent réduites de 823 à 588 milliards. La totalité des actifs bancaires

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

diminua passant de 1400 à 1150 milliards de FCFA31. Quant aux capitaux propres qui valent -26 milliards de FCFA selon les états fournis par les banques, représentaient en fait -282 milliards de FCFA. Le résultat net, déjà négatif selon les résultats fournis par les banques (-150 milliards de FCFA), a été revu à la baisse (-14.5 milliards de FCFA). Car les provisions ont augmenté et les intérêts fictifs n'ont plus été comptabilisés. En fonction de leur situation, les banques ont été recapitalisées, liquidées ou fusionnées. Pour récupérer les créances, le gouvernement créa en août 1989 la Société de Recouvrement des Créances (SRC) dont l'objet principal est la reprise de l'actif et du passif de la partie obérée de la Société Camerounaise de Banque32. Elle est également en charge du recouvrement des créances douteuses des banques liquidées et d'une partie des créances des banques restant en activité. Elle est aussi chargée d'indemniser les déposants. Pour ce, la SRC bénéficie du privilège du trésor. La nouvelle composition du bilan doit permettre d'assurer la stabilité financière de la banque. Pour cet objectif, les actions ont porté sur le passif et sur l'actif du bilan des banques ; toutefois, ces actions diffèrent selon que les banques sont dissoutes ou liquidées, ou que les banques sont réhabilitées.

Tableau 3: Créances transférées à la SRC (en millions de FCFA)

Banques Montants Dates

BIAOC 88 400 Avril 1991

BCCC 8 145 Juin 1992

BCD 40 300 Juin 1992

CAMBANK 31 030 Juin 1992

FONADER 16 400 Décembre 1992

PARIBAS 18 000 Juin 1992

SCB 164 000 Juin 1990

Transfert d'actifs compromis des banques
en activité (SGBC, BICIC)

76 900 Date non précisée

Total 443 175 Date non précisée

Source: Rapport d'activité 1993/1994 de la COBAC.

31Ces chiffres, issus des réévaluations des bilans, diffèrent des chiffres de la BEAC présentés en annexe. 32Cette banque a été scindée en deux et la partie saine a été reprise par le Crédit Lyonnais.

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a) Action sur le passif

Dans le cas des banques dissoutes, il était question d'épurer les engagements desdites institutions par l'indemnisation progressive des déposants. Cette indemnisation a été financée par trois mécanismes :

- L'abandon des dépôts et des créances du gouvernement et de certaines entreprises publiques33 ;

- De nouveaux prêts à l'image du prêt-relais du Crédit Lyonnais au gouvernement : 16 milliards de FCFA ;

- Le rééchelonnement de tous les engagements des banques dissoutes vis-à-vis de l'institut d'émission et des prêts garantis par l'État en faveur de la Société Camerounaise de Banque (SCB) et de la Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas).

Dans le cas des banques à réhabiliter, il a été question d'accroître des fonds propres, de stimuler les dépôts et de refinancer les dettes existantes. L'augmentation des fonds propres s'effectue suivant trois modalités :

- La capitalisation des bénéfices normaux pendant une période donnée (cas de la BICIC en 1988) ;

- L'accroissement du capital par souscription à l'émission obligatoire des nouvelles actions ;

- L'abandon des fonds propres et des créances publiques dont le montant est aujourd'hui estimé à 186 milliards de FCFA.

Pour stimuler les dépôts, les autorités monétaires ont opté pour une libéralisation des taux d'intérêt créditeurs à partir d'un certain seuil de 3 millions de FCFA. Il fallait également éviter les retraits massifs. L'État a contraint certains organismes parapublics à stabiliser leurs dépôts dans les établissements de crédit (Joseph A., 2000).

Concernant le refinancement des dettes existantes, il a été conseillé de procéder à leur allègement au moyen des concessions sur le taux d'intérêt ou de l'allongement des échéances. C'est en ce sens que la BEAC a rééchelonné ses créances sur une période de quinze ans avec un différé de

33Selon Tamba et al. Art .cit p825, 76 milliards de FCFA de dépôts divers aux banques liquides ont été abandonnés par la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) et la Société Nationale de Raffinage (SONARA).

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trois ans au taux de 3%. De même les créances en souffrance essentiellement des crédits de campagne de la BEAC ont été consolidées sur l'État à 3% sur quinze ans.

b) Action sur l'actif

Une banque en difficulté peut améliorer son portefeuille d'actif soit directement en échangeant ou en passant par pertes et profits des créances douteuses ou recouvrables, soit indirectement en aidant par exemple les entreprises débitrices à restructurer. Au Cameroun, l'amélioration du portefeuille d'actifs n'a pas été laissée à la seule initiative de la banque. En fait, l'État à travers la Société de Recouvrement des Créances (SRC) a repris le portefeuille non productif des banques sinistrées.

Les créances douteuses contentieuses et impayées (CDCI), reprises ainsi par la SRC sur l'ensemble des établissements financiers ont été importantes à tel point qu'en Décembre 1996, la SRC était devenue le premier établissement de crédit du pays avec 700 milliards de créances douteuses à recouvrir.

Vu l'ampleur de la crise financière observée au Cameroun, la restructuration des banques n'a été qu'un des éléments du programme de redressement qui devait comprendre également des mesures visant une mobilisation et une allocation efficace des ressources ; d'où les mesures sur les plans monétaire et juridico-institutionnel.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand