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Croissance et mutations du système financier au cameroun

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par Yves Lionel MEFO'O NGO'O
Université de Yaoundé II - Master Professionnel II en Relations Internationales 2012
  

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II.2.3- Les mesures juridico-institutionnelles

Une fonction essentielle des banques est de contrôler le comportement des emprunteurs. Mais qui contrôle le contrôleur ? Les déposants n'en ont pas la compétence. C'est pourquoi la fonction de contrôle doit être déléguée à un organisme supra national.

La réglementation et la supervision des banques sont considérées comme les deux instruments fondamentaux pour prévenir ou tout au moins limiter les dommages qu'entraîne une mauvaise gestion de ces instruments. La réglementation bancaire définit les « règles du jeu » tandis que la supervision permet de s'assurer du respect de ces règles.

Ces réformes ont à ce niveau, consisté à faire le toilettage des textes de base, en particulier, les divers textes qui, dans les pays de la CEMAC, fixent les conditions d'exercice de la profession bancaire et le fonctionnement des établissements de crédits (Bekolo-Ebé, 2001, P12). De nouveaux seuils minima ont été fixés, s'agissant du capital minimum requis pour la création d'une banque. Dans la réglementation bancaire, le capital social des banques au Cameroun a été relevé à un minimum de 1 milliard contre 300 millions par le passé, pour permettre aux banques de posséder un niveau de fonds propres appréciables.

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

Concernant la supervision bancaire, sa nécessité tient au fait qu'elle commande l'efficacité de la réglementation bancaire. La supervision des banques a pour objectif de faire en sorte que les institutions financières gèrent leurs prêts et leurs bilans de manière prudente. Cette volonté de supervision a consacré la création le 16 Octobre 1990 de la Commission bancaire d'Afrique Centrale (COBAC) dont les attributions sont de quatre sortes :

- Attribution administrative : elle délivre les agréments aux établissements de crédit ;

- Attribution normative : elle définit les procédures comptables et les règles prudentielles ;

- Attribution de contrôle : elle contrôle les établissements assujettis ;

- Attributions juridictionnelle : elle peut retirer les agréments aux établissements de crédit et prendre des sanctions contre les dirigeants des banques et les commissaires aux comptes.

La COBAC est opérationnelle depuis 1992, et elle s'est dotée en Mars 1993 de deux instruments ; des normes de solvabilité et des normes de liquidité34. La solvabilité s'entendant comme l'aptitude d'un établissement de crédit à faire face en toutes circonstances à ses engagements au moyen de ses ressources propres. Tandis que la liquidité d'un établissement de crédit est sa capacité à honorer ses engagements à vue ou à très court terme. Ainsi une banque doit être en mesure de restituer à la première demande les dépôts de la clientèle (rapport d'activité 1992/1993 de la COBAC).

La plupart des études théoriques menées sur le développement financier depuis Goldsmith (1969) portent à croire que celui-ci constitue une variable déterminante dans l'explication de la croissance économique. Dans le cadre du Cameroun, très peu d'études ont essayé de valider ou d'invalider cette assertion. Une analyse graphique conjointe des deux phénomènes dans ce pays nous permettra probablement d'émettre quelques hypothèses quant à l'existence d'un lien de corrélation entre les deux types de variables.

A la suite des deux chocs pétroliers, les pays en développement lourdement endettés voient leur service de la dette extérieure augmenter de façon exponentielle en raison de la mise en oeuvre

34Ces normes remplacent les ratios suivants : -le coefficient de liquidité, c'est-à-dire le rapport des actifs mobilisables aux exigibilités à court terme (fixé à un minimum de 70%) ;

-le ratio des fonds propres c'est-à-dire le rapport entre le montant minimum des fonds propres et l'encours des crédits réescomptables (tous les deux fixés à 5%).

MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 55 ~

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

de la nouvelle politique anti-inflationniste américaine. La chute des cours des produits de base vient s'ajouter à cette situation déjà déplorable pour un pays comme le Cameroun. Le début des années 1980 est marqué par une allocation totale des fruits de la croissance au remboursement du service de la dette. A partir de 1983, l'État réduit ses avoirs bancaires et augmente son endettement intérieur et ceci jusqu'en 1987, date à laquelle le gouvernement camerounais décrète de façon officielle la crise économique. A cette date, l'État est asphyxié et n'arrive plus à honorer ses engagements.

Le retrait des fonds publics et l'accumulation des créances compromises déstabilisent le système financier déjà très fragilisé par la fermeture de quelques grandes banques commerciales et des petites banques financièrement peu structurées qui survient quelques années avant la crise systémique de 1989. Cette crise est caractérisée par une généralisation dans le système d'une mauvaise position bilancielle bancaire. Ainsi, sur les 7 banques encore en activité en 1989, seules les grandes multinationales à savoir SGBC, BIAO, BICIC et SCB Crédit Lyonnais subissent des restructurations, toutes les autres sont liquidées. La crise du système bancaire est à l'origine de la création de la SCR (Société Camerounaise de Recouvrement) dont la mission principale est le recouvrement des créances douteuses et dans une moindre mesure la liquidation des banques en difficulté.

La crise du système bancaire qui survient au lendemain de la récession économique démontre bien combien le système financier camerounais est fragile et instable. Cette instabilité se perçoit aussi bien à travers les effets positifs et négatifs que peuvent avoir les chocs extérieurs sur l'évolution des agrégats du développement financier.

Tout comme la crise économique influence le système financier, les politiques libérales mises en oeuvre à la suite de la dépression survenue dans le système affectent son évolution. Au lendemain de la libéralisation et surtout à l'issue de la restructuration, le système financier camerounais s'est enrichi. Les dépôts et les placements bancaires ont tous augmenté ; et ceci conformément à une évolution positive du PIB. Au total, l'évaluation du développement financier mesuré par le ratio, crédit au secteur privé sur PIB, n'est pas corrélée à la croissance économique. Ce résultat empirique souffre quelque peu de robustesse. Pour cette raison, cette analyse doit être complétée par une étude plus approfondie sur la causalité entre l'amélioration du système financier et le développement de l'activité réelle dans notre troisième chapitre. Cette étude nous permettra de vérifier de façon statistique et empirique les résultats de nos observations.

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Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

A l'inverse, le développement financier mesuré par le taux de liquidité de l'économie est négativement corrélé avec la croissance du produit par tête. Il faut néanmoins noter que ce résultat est donné « ceteris paribus ». En effet, l'analyse de la corrélation n'intègre pas la simultanéité de l'évolution des variables considérées. Tout se passe comme si seul le PIB à l'instant « t » se modifie. Son incidence est par la suite mesurée sur le taux de liquidité et vice-versa.

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