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Croissance et mutations du système financier au cameroun

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par Yves Lionel MEFO'O NGO'O
Université de Yaoundé II - Master Professionnel II en Relations Internationales 2012
  

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Conclusion

L'objet de ce chapitre était d'apprécier la libéralisation et la répression financières sur le financement de l'économie. Pour cela, il a fallu d'abord mesurer la solidité du système bancaire, ensuite évaluer la politique de crédit mise en oeuvre avant et après les reformes.

Au terme de notre analyse, il apparaît un paradoxe. Celui d'un système bancaire liquide et d'une économie non financée. En effet, les réformes financières au Cameroun ont permis au système bancaire de présenter un degré de solidité financière satisfaisant. Les normes de solvabilité et de liquidité sont de plus en plus respectées. Les banques parviennent à maîtriser leurs charges d'exploitation, leurs frais généraux et à présenter de meilleurs soldes de gestion et des coefficients de rentabilité plus encourageants. Seulement les banques ne se sont pas impliquées activement dans le financement de l'économie. Elles se caractérisent à ce niveau, par une défaillance et, ne s'adaptent pas au besoin des investisseurs et des populations. Cette défaillance se traduit par une réticence des banques en matière d'octroi des crédits et s'explique entre autre par la volatilité de l'épargne, mais aussi par l'aversion aux risques des banques.

Cette situation permet de vérifier l'importance relative des mutations financières sur l'évolution des circuits de financements.

MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 82 ~

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

CHAPITRE IV :

INNOVATIONS FINANCIERES ET
CROISSANCE ECONOMIQUE DU
CAMEROUN

Introduction

L'appréciation de l'influence de l'évolution des intermédiaires financiers sur les économies camerounaises, a conduit à un paradoxe au chapitre précédent. Celui d'un système bancaire liquide et quasi assaini et l'absence de financement de l'économie. Il est à noter que, le système financier camerounais, à la suite des mesures d'ajustements financiers, s'est révélé assaini. Mais cet assainissement ne permet cependant pas de conclure à la capacité des banques à relever les défis de la mondialisation et de la globalisation financière, et des problèmes auxquels elles restent confrontées. La diversité d'évolution ainsi observée n'a pas entraîné une déconnexion des banques de leurs activités traditionnelles et, à l'aptitude à soutenir une véritable concurrence. Il s'agit d'une inadéquation du système financier aux impératifs de développement.

La période précédent la crise se caractérise par des institutions bancaires et, financières tributaires de celles de la métropole qui, avaient des structures déjà bien organisées. Ces institutions sont donc apparues en avance par rapport aux structures économiques et à leur niveau de développement ; et ont été imposées sans tenir compte des réalités culturelles et sociales. En effet, l'objectif déclaré de la politique de crédit en cette période était le financement du développement. C'est pourquoi, des niveaux plus élevés de crédits ont été observés. Seulement, ces crédits étaient octroyés par « clientélisme46» et parfois même sans garanties et, destinés plus aux secteurs de transport, transit, commerce et services, activités agricoles. La crise ayant profondément touché les banques, l'objectif prioritaire pour les autorités est devenu l'assainissement de l'environnement financier. Il s'est donc développé à côté du système financier formel, d'autres circuits de financement plus adaptés aux besoins des populations analphabètes et faisant concurrence aux banques, les incitant même à diversifier les instruments financiers. Aussi, la création de la bourse de valeurs dont les activités démarrent encore timidement a reçu une grande adhésion, l'alternative des banques de développement ayant été écartée. Le système financier camerounais, malgré les

46Se sont des crédits de faveur octroyés sans garanties et dont on sait que le remboursement ne sera pas effectué.

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Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

mutations ne s'est pas adapté aux grands défis de la mondialisation. Il est resté peu dynamique et en déphase avec les besoins de l'économie.

Après avoir présenté les caractéristiques actuelles du système financier (section I), une analyse des institutions concurrentes aux banques sera faite (section II).

SECTION I : LES CARACTERISTIQUES ACTUELLES DEL'INTERMEDIATION
BANCAIRE AU CAMEROUN.

A la suite des réformes, il devait s'opérer des regroupements, des fusions et alliances stratégiques importants, permettant non seulement de renforcer la fonction d'intermédiation, mais aussi d'accroître les marges et taux de profitabilité. Aussi le nombre de banques du système bancaire est passé à 10 au 31 Décembre 2003 contre 12 dans les années précédent immédiatement la dévaluation. Ainsi que le relève Avom (2004), le système bancaire compte également huit établissements de crédit auxquels il convient d'ajouter les sociétés d'assurance dont le rôle dans le financement de l'économie va considérablement se développer dans les prochaines années, car elles se présenteront comme des concurrentes sérieuses des établissements de crédit, notamment dans la collecte de l'épargne. A côté de ce secteur officiel, il se développe la microfinance, dont la progression a été remarquable au cours de la dernière décennie malgré sa disparité (Lelart M., 2002).

A cet effet, le système bancaire et financier camerounais présente actuellement plusieurs caractéristiques dont, trois paraissent pertinentes pour qu'elles soient évoquées pour notre propos. Il s'agit d'abord de sa trop forte concentration qui débouche sur sa surliquidité (1), ensuite de la très forte présence du capital privé dans le capital social des banques, dont une part importante est d'origine étrangère (internationalisation) (2), et enfin de la faiblesse de profondeur et d'innovations financières (3).

I.1- UN SYSTEME BANCAIRE CONCENTRE ET LE PARADOXE DE LA
SURLIQUIDITE BANCAIRE :

Le paradoxe de la surliquidité se manifeste par une concomitance entre une surliquidité persistante et une insuffisance de financement du secteur réel. C'est le cas actuellement de la zone CEMAC. En effet, l'économie réelle de la zone CEMAC est en manque de moyens de financement externe, alors que le secteur bancaire dispose de liquidités excédentaires qu'il ne parvient pas à

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Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

employer. Par sa persistance, le paradoxe de la surliquidité bancaire de la zone CEMAC dépasse un simple phénomène conjoncturel, laissant à penser que le problème de financement est celui de l'intermédiation financière et qu'il puise sa source dans l'histoire institutionnelle de la zone FCFA. Les tentatives d'explications de ce paradoxe avancées jusqu'à présent ne tiennent pas compte de cet aspect fondamental. Elles sont principalement de trois ordres. La première tiendrait à la non-coïncidence dans les temporalités de l'offre et de la demande. En effet, les banques de la zone CEMAC disposent essentiellement de ressources à court terme, alors que le secteur non-financier recherche principalement le financement à plus long terme. Traumatisé par une très forte incertitude inhérente à la crise de la fin de la décennie quatre-vingt, le système financier de la zone CEMAC s'avère actuellement incapable d'assurer une transformation effective des ressources.

Dans la deuxième explication, ce paradoxe serait lié à la conjoncture économique. Ainsi, lorsque la conjoncture économique est favorable, les perspectives de rentabilité des entreprises s'améliorent. Ceci se traduit d'une part par une plus forte bancabilité des projets et une augmentation de la rémunération des ménages. La capacité d'épargne de l'économie augmente et vient augmenter les dépôts bancaires. Ce mécanisme peut durer jusqu'au tarissement des projets bancables. Si par ailleurs les ménages ne sollicitent pas de crédit, les dépôts bancaires se transforment en surliquidité. A cet instant, la banque a le choix entre un placement rémunéré auprès de la banque centrale ou une constitution de réserves obligatoires.

Enfin ce paradoxe découlerait à la fois de la dimension spatiale des déséquilibres de financement et de l'absence d'un véritable marché interbancaire dans la zone CEMAC. Jusqu'à présent, le marché financier dans la zone CEMAC est encore embryonnaire avec l'existence de deux places boursières (BVMAC et DSX dont nous en parlerons plus loin). Les prêts entre les banques se font en blanc. L'absence de support (garantie) ne permet pas la couverture des risques supportés par les banques sur le marché interbancaire.

D'autres explications plus anecdotiques ont été proposées: le faible taux de bancarisation de la population47, la prédominance de la monnaie fiduciaire, l'inadaptation de l'environnement juridique, l'importance du secteur informel, ...Même si ces faisceaux d'explications semblent fondés en ce qui concerne les banques commerciales, il convient de constater qu'ils n'abordent pas la cause profonde du paradoxe de surliquidité dans la zone CEMAC. En effet, la surliquidité touche non seulement les banques commerciales de la zone CEMAC, mais aussi

47 Le taux de bancarisation moyen est de 4% en Afrique centrale. Au Cameroun, moins de 10% de la population est bancarisée.

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Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

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la BEAC. Par conséquent, une analyse de ce paradoxe qui ne prend pas en compte la situation de surliquidité de la BEAC demeure partielle. Pour saisir l'intégralité de ce phénomène, il est nécessaire de revenir sur le concept la libéralisation financière de la décennie quatre-vingt-dix et son inscription dans un régime de répression monétaire.

L'analyse de la concentration dans l'industrie bancaire permet de mettre en évidence les inégalités de taille entre établissements de crédit, mais également les tendances oligopolistiques qui se manifestent au sein de ce secteur. Au Cameroun, la concentration s'est traduite par deux mesures :

? Une concentration géographique: celle-ci se caractérise par la réduction du nombre de banques (fusion et acquisition et liquidation) ;

? Une concentration économique: il s'agit à ce niveau d'une concentration de l'activité bancaire en termes de dépôts / crédits et de part de marché.

I.1.1- Évaluation de la concentration économique:

La diversité des produits ne permettant pas la définition d'une incidence composite de concentration dans le cas des banques, la concentration sera évaluée d'une part par les parts de marché, puis par le nombre de banques et d'agences.

a) La concentration par les parts de marché:

Il sera évalué ici la concentration des dépôts et la concentration des crédits. A chaque fois, il sera dressé un tableau des parts de marché pour faire le calcul du taux de concentration pour l'année 2004. Il existe de nombreux indicateurs de concentration. Pour notre étude, il sera utilisé, l'indice de Hirchman-Herfindhal. Il est égal à la somme des carrés des parts de marché de toutes les firmes de la branche ou de l'industrie. Formellement, cet indice s'écrit comme suit : H = (qi/Q) 2 = i2qi représente la production de la firme i et Q la production totale de l'industrie. Il peut dès lors être évalué ces différentes concentrations.

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a1) La concentration des dépôts bancaires: Tableau 12 : Part de marché des dépôts 2004

Banques

Montant en millions de FCFA

Part en % simple

Part en % cumulé

SGBC

250780

22.92

22.92

BICEC

220301

20.14

43.06

SCBCL

161757

14.80

57.85

AFB

136257

12.46

70.31

SCBK

107814

9.86

80.16

CBC

95390

8.72

88.88

CITI BANK

45270

4.14

93.02

AMITY BK

25440

2.33

95.35

ECO BANK

36221

3.31

98.66

UNION BK

14674

1.34

100

TOTAL

1093301

100

/

Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2004

Le tableau souligne une forte concentration des dépôts. En effet, sur les dix banques en activité, deux à savoir, la SGBC et la BICEC contrôlent 43.06% des dépôts, alors que La moitié du système bancaire, constituée des cinq premières banques à savoir, la SGBC, la SCB-CL, la BICEC, la CCEI et la Standard, contrôle à elle seule 80.16% des dépôts. A partir de ces résultats, il peut être calculé l'indice H de concentration. Soit :

H = (0.22922 + 0.20142 + 0.14802 + 0.12462 + 0.09862 + 0.08722 + 0.04142 + 0.02332 + 0.03312 +

0.01342) = 0.15.

En comparant cet indice à celui qui traduit l'égalité de tailles, qui est égal ici à, soit 0.1, il est claire que ces deux indices sont différents ; ce qui traduit alors les inégalités de tailles dans cette industrie. Puisque lorsque les firmes sont de tailles identiques, ces deux indices devraient être égaux. Cette inégalité de tailles traduit bien la concentration de cette industrie.

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a2) La concentration des crédits:

La concentration des établissements des crédits peut être également évaluée à partir de l'activité de prêt. Le tableau ci-après permet de calculer le degré de concentration en 2004.

Tableau 13 : Part de marché de crédit 2004

Banques

Montant en millions de FCFA

Part en % simple

Part en % cumulé

SGBC

186575

22.00

22.00

BICEC

175177

20.67

42.67

SCBCL

116007

13.68

56.35

SCBK

102093

12.04

68.39

CBC

87265

10.29

78.68

AFB

79788

9.4

88.08

CITI

34042

4.01

92.09

ECO BANK

30698

3.62

95.71

AMITY

25998

3.07

98.78

UNION BANK

10244

1.21

100

TOTAL

847887

100

/

Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2004

Ce tableau souligne une forte concentration des établissements de crédit. Les deux premières banques à savoir la SGBC et la BICEC, contrôlent à elles seules 42.67%. Bien plus, en ajoutant la SCB-CL, la Standard Chartered Bank et la CBC, la moitié du système bancaire distribue 78.68% de crédit. Il convient de remarquer que la Société Générale et la BICEC contrôlent le marché du crédit à hauteur de 42.67%. Il peut donc être calculé l'indice H.

H = (0.222 + 0.20672 + 0.13682 + 0.12042 + 0.10292 + 0.0942 + 0.04012 + 0.03622

+0.03072+0.01212) = 0.14.

En comparant cet indice à celui qui traduit l'égalité de tailles, qui est égal ici approximativement à 0.1; il y a bien inégalité de tailles, puisque ces deux indices sont différents.

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

b) La concentration par le nombre de banques et d'agences:

Le degré de concentration bancaire peut également être mesuré par le nombre de banques et d'agences. Plus ce nombre sera réduit, plus la concentration sera élevée. Cet aspect peut être apprécié à partir du tableau ci-après.

Tableau 14 : Évolution du nombre de banques et d'agences

Années

Nombre de banques

Nombres d'agences

1975

4

88

1980

11

143

1987

7

186

1992

11

84

1996

8

74

1999

8

74

2002

10

85

Source : Rapport annuel du Conseil National du Crédit

La lecture de ce tableau montre bien la concentration du système bancaire. En effet, sur l'ensemble de la période étudiée, on observe non seulement qu'il y a un petit nombre de banques en activité, ce nombre qui tourne autour de 8 banques avec une augmentation plus importante en 1980, mais également, de période en période, on constate aussi une réduction des agences ; la réduction ainsi constatée commence après 1987, à cause peut être de la crise économique qui a affecté le système bancaire. Une reprise sera observée après 1999 avec l'entrée de deux nouvelles banques à savoir ECOBANK et Union Bank dans le système bancaire.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon