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Croissance et mutations du système financier au cameroun

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par Yves Lionel MEFO'O NGO'O
Université de Yaoundé II - Master Professionnel II en Relations Internationales 2012
  

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I.2- UN SYSTÈME BANCAIRE INTERNATIONALISÉ:

Une des conséquences de la globalisation des marchés est l'intégration financière. Cette globalisation a entraîné un vaste marché financier mondial dont les parties sont solidaires et interdépendantes. La finance s'étant globalisée, le mouvement va se répercuter dans les systèmes bancaires. C'est dans cette optique que le système bancaire camerounais s'est également internationalisé. Cette internationalisation peut s'apprécier à travers deux critères principaux. Il y a, d'une part, l'implantation bancaire étrangère au Cameroun, et d'autre part, le développement de l'activité bancaire à l'étranger.

I.2.1- L'implantation bancaire étrangère au Cameroun:

La présence des banques étrangères au Cameroun est très ancienne et remonte à la période coloniale. Les premières banques à s'installer étaient la Banque d'Afrique Occidentale (BAO) et la Banque Commerciale Africaine (BCA). Les banques étaient pour la plupart françaises, et leur rôle était de prendre en main le développement des échanges commerciaux avec la métropole. C'est du développement de ces échanges que dépendra le rythme d'installation des banques qui n'étaient que des filiales des banques étrangères. Au moment où le Cameroun accède à la reconnaissance internationale, on s'attendait à ce que cette logique soit infléchie ou alors totalement renversée ; mais il n'en ait rien été parce que, la structure de l'économie des colonies n'avait pas elle-même changé. Dans la période d'euphorie qui a suivie les indépendances, notamment à partir du milieu des années 1970, avec le boom des prix des matières premières (pétrole, cacao, café), les banques américaines, italiennes, espagnoles, vont également s'implanter. Une majorité se retirera progressivement par la suite au moment où, le Cameroun rentre dans une phase de récession à partir du milieu des années 1980.

MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 91 ~

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

Aujourd'hui, après les restructurations et les mutations qu'il a connu depuis le début des années 1990 et le retour à la croissance qui a suivi, on observe un léger mouvement de retour des banques étrangères vers le Cameroun à travers une prise de participation dans le capital social de plusieurs banques en activités.

I.2.2- L'implantation des banques camerounaises à l'étranger:

Pour ce qui concerne l'implantation des banques camerounaises à l'étranger, deux banques en effet sont concernées par ce mouvement. Il s'agit d'Afriland First Bank48 et de la Commercial Bank of Cameroon. La première est la plus dynamique dans cette stratégie. Elle a en effet ouvert à la fin des années 1990 deux agences bancaires en Guinée-équatoriale et en France, puis en 2002, une succursale dans le port Congolais de Pointe Noire, ainsi qu'à Sao Tomé et Principe. Cette stratégie s'est poursuivie en 2003, par une prise de participation dans le capital de la banque omnifinance en Côte d'Ivoire. Bien plus, des nouveaux partenariats ont été mis en place dans trois pays d'Afrique. Il s'agit de la Banque de Développement du Tchad, de la Société Marocaine de Dépôts et de Crédit et enfin de la First Bank of South Africa. Ainsi, après la France, puis la Chine plusieurs autres partenariats lui assurent une représentation en Amérique et en Europe Occidentale (Avom, 2004).

La deuxième est beaucoup plus timide, et n'est présente qu'en République Centrafricaine à travers l'ouverture d'une agence.

Au total, l'internationalisation se traduit par une présence moins importante de l'Etat dans le capital social des banques (contrairement à la période précédent la crise où sa participation excédait 35%).

Dans l'ensemble du système bancaire, l'État n'est présent que dans trois banques, dont la BICEC où l'État est représenté à hauteur de 80% dans le capital ; c'est la participation la plus importante.

Les données du tableau 14 ci-après amènent deux observations importantes. Elles permettent d'apprécier l'important recul de l'État dans le capital social des banques et la forte présence du

48Ancienne caisse commune d'épargne et d'investissement (CCEI) qui devient Afriland First Bank en 2002.

MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 92 ~

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

capital privé national et étranger. Il apparaît que l'État49 représente désormais en moyenne 20.31% contre 31.20% pour les privés nationaux et 46.49% pour les privés étrangers.

Tableau 16 : Répartition du capital social des banques en activité au Cameroun (en %)

Banques

Amity B

Bicec

Cbc

Citi Ba

Cl

Ecobk

Sgbc

Hcb

Std bk

Afbk

État

0

80

0

0

35

0

25.6

0

0

0

Privé N*

53.28

20

100

0

0

0

16.1

100

0

75

Privé E*

46.72

0

0

10

65

100

58.3

0

100

25

Source : Rapport d'activité COBAC, 1998/1999, P. 73
N* = Nationaux, E* = Étrangers.

I.3- INSUFFISANCE DE PROFONDEUR ET D'INNOVATIONS FINANCIÈRES :
I.3.1- La faible profondeur financière :

Le terme profondeur financière renvoie généralement à la taille du secteur financier. Ainsi, l'appréciation de la taille du secteur bancaire dans une économie se fait à travers le ratio M2 / PIB en raison de sa simplicité, et sans qu'il soit l'indicateur le plus approprié50. Ce ratio mesure le pourcentage de la masse monétaire dans la richesse totale dans l'économie. L'interprétation de ce ratio est cependant biaisée par l'importance de la thésaurisation. En effet, dans la plupart des pays sous-développés, une partie non négligeable de la quantité de monnaie en circulation échappe au circuit bancaire.

Le système bancaire camerounais malgré la restructuration est demeuré « frileux » et très peu développé du fait notamment de la répression financière, et du renforcement du dualisme financier. Cette faiblesse de la taille, peut être appréciée en observant l'évolution du ratio M2/PIB. Il ressort que le ratio M2/PIB est resté relativement stable et faible entre 1970 et 1975. Il a ensuite connu une évolution progressive jusqu'en 1985, consécutive au rythme de croissance de l'économie qui s'emballait pour atteindre les 24%, avant de connaître une baisse progressive, accélérée par la

49Il important de signaler que cette présence demeure importante dans les autres pays de la CEMAC en raison du retard, pris dans le processus de libéralisation et de privatisation. Par exemple, au Congo, l'État est présent dan trois banques sur quatre en activité, avec une part moyenne de 84.30% (COBAC, 1999)

50D'autres indicateurs sont aussi utilisés pour mesurer la profondeur financière. On peut citer M1 / PIB, (M2 - M1) / PIB, M3 / / PIB.

MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 93 ~

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

crise économique pour se situer en dessous de 20% en 1987 année officielle d'entrée du Cameroun dans la crise. Il y a, cependant, une reprise entre 1987 et 1989 portant le ratio au-dessus de 20%,suite à un léger choc d'une hausse défavorable des prix des matières premières qui est resté très peu perceptible, à cause de l'ampleur de la crise dans laquelle se trouvait l'économie camerounaise. Après cette période, le ratio va connaître une évolution en dents de scie et relativement faible jusqu'en 1996. Une reprise relativement plus importante s'observera l'année d'après, pour atteindre le niveau jamais égalé en 2002. Cela peut s'expliquer par l'émergence de la microfinance qui s'est institutionnalisée et réduisant par là même la thésaurisation.

Mais paradoxalement le Cameroun reste encore un peu en marge de l'évolution des systèmes financiers internationaux, car l'intermédiation financière donne l'impression au Cameroun de ramer à contre-courant, pour rechercher la petite taille et limiter le développement des opérations (Bekolo-Ebé, 1998).

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry