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Stratégie de réduction de la vulnerabilité de l'agriculture face aux changements climatiques dans le village de Konedougou

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par Djo Michel BERI BI
ICS - Ingénieur en Gestion de Projet et Planification stratégique du Développement 2014
  

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CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE

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1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

La pertinence d'un travail de recherche réside en la justification de son choix. Dans cette optique, Le choix du sujet de tout travail scientifique doit être motivé essentiellement par trois raisons à savoir : d'abord par la motivation personnelle de l'auteur ; ensuite par la pertinence sociale et enfin par la pertinence scientifique du sujet.

1-1- Motivation personnelle

Le choix du sujet proposé tire sa justification dans la motivation personnelle du stagiaire, à savoir permettre à celui-ci de :

- maîtriser la méthodologie et les outils d'élaboration d'un projet/programme et la gestion axée sur les résultats, à partir d'un diagnostic participatif ;

- renforcer ses connaissances de base en matière des changements climatiques, aujourd'hui d'intérêt mondial.

1-2- Pertinence sociale

Dans le département de Soubré et à Konédougou en particulier, l'intérêt pour la pratique des cultures d'exportation entraîne la réduction des superficies cultivables disponibles. A cela, s'ajoutent les effets néfastes des changements climatiques, à savoir la hausse des températures et la baisse de la pluviométrie qui impactent négativement la productivité agricole vivrière au fil des années. Or, les crises alimentaires qui s'ensuivent

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entraînent des manifestations populaires et des morts d'hommes comme cela a été le cas en janvier 2002 en Côte d'Ivoire.

Cette étude pourrait être une réponse aux sollicitations des agriculteurs ciblés pour un appui dans la tentative d'augmentation de la productivité de leurs vivriers face aux changements climatiques.

1-3- Pertinence scientifique

L'instabilité du régime pluviométrique dans la zone de Soubré témoigne d'un changement du climat. Ce phénomène étant désormais d'ordre mondial, politiques et chercheurs s'accordent à lui trouver des mesures palliatives durables.

Ainsi, cette étude constitue-t-elle la contribution d'un concepteur de projet s'appuyant sur les méthodes d'analyse propres à la Planification de Projet par Objectif (PPO) dans le cadre de la recherche de solutions pouvant permettre aux agriculteurs de Konédougou de trouver des voies alternatives d'adaptation de leur pratique agricole à cette situation climatique.

2- DEFINITION DES NOTIONS

Le travail de recherche obéit à une règle universelle qui est la compréhension préalable du thème. Or cette compréhension n'est possible que lorsque les notions auxquelles il fait référence sont cernées. Dans ce cadre, les notions implicites et explicites qui se rapportent au thème de cette étude vont être définies.

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2-1- Notions explicites

Compte tenu du sujet à traiter, la définition des notions explicites va concerner : la stratégie, la vulnérabilité et les changements climatiques.

? La stratégie

Le concept `'stratégie» est défini diversement par plusieurs auteurs. Parmi ses définitions, deux (2) qui concourent à dire que la finalité d'une stratégie, c'est l'atteinte d'un objectif fixé, retiennent notre attention.

Pour C.W. Hofer, le mot « stratégie » dérive du grec `'strategia» signifiant l'art du général, celui qui mène les armées au combat6. Il fait savoir que le penseur le plus ancien en la matière est Sun Tse, un théoricien militaire qui vécut en Chine environ cinq ans avant Jésus Christ. Son oeuvre intitulée `'Art de la guerre» est considérée comme le premier ouvrage sur la stratégie et la guerre. Dans cet ouvrage, l'auteur donne un ensemble de règles et conseils allant des calculs préliminaires auxquels les généraux doivent se plier à l'utilisation d'agents secrets, en passant par les stratégies offensives et l'affrontement sur le terrain.

Il s'agit ici d'une stratégie pour gagner la `'guerre».

J-M, Tacka-Grah donne une définition certainement inspirée de celle de Hofer, mais adaptée à l'art du concepteur de projet. Pour lui, la stratégie est « un ensemble d'objectifs liés entre eux et qui concourent à la réalisation d'un objectif unique défini ou choisi parmi les objectifs existants sur le diagramme d'analyse des objectifs7. Elle est le choix de la meilleure option

6 C.W. Hofer et Al., Strategy Formulation: Analytical Concepts, St-Paul, West Publishing, 1978.

7 J-M, Tacka-Grah, Apprenez par vous-même La technique d'élaboration des projets, Méthodologie de montage de projet et études de cas, février 2010.

entre différentes options comparées, en réponse à une situation problématique donnée ».

Le souci ici est l'atteinte d'un objectif spécifique.

C'est en définitive cette dernière définition du concept de stratégie qui va guider cette étude.

? La vulnérabilité

Plusieurs auteurs cités par SOMDA et al8 définissent diversement le terme de vulnérabilité.

Suivant Kasperson et al, en matière de risques naturels, le terme (( vulnérabilité » signifie : le degré auquel une unité à risque est susceptible d'endurer l'exposition à une perturbation ou à une contrainte, et la capacité (ou l'impossibilité) de l'unité à risque de faire face, de s'en sortir ou de s'adapter de manière fondamentale (en devenant un nouveau système ou en disparaissant).

La littérature technique sur les catastrophes utilise le terme dans le sens de (( degré de perte (0 à100) résultant d'un phénomène potentiellement néfaste (glossaire UNOCHA, Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies) ».

En revanche, la littérature sur la pauvreté et le développement met l'accent sur les conditions sociales, économiques et politiques actuelles.

8 J.Somda., Faye, A. et N'Djafa Ouaga, H. Trousse à outil de planification et suivi-évaluation des capacités d'adaptation au changement climatique, Centre Régional AGRHYMET, Niamey, Niger, 2011.

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Pour Bohle et al, la vulnérabilité est une mesure globale du bien être humain qui intègre l'exposition d'ordre environnemental, social, économique et politique à un éventail de phénomènes néfastes.

Le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) pour sa part, recommande une définition de la vulnérabilité presque exclusivement reliée aux changements climatiques. Selon ce groupe de travail, la vulnérabilité est le degré selon lequel un système est susceptible, ou se révèle incapable, de faire face aux effets néfastes des changements climatiques, notamment à la variabilité du climat et aux conditions climatiques extrêmes. La vulnérabilité est fonction de la nature, de l'importance et du taux de variation climatique auxquels un système se trouve exposé de par sa sensibilité et sa capacité d'adaptation.

Ce sont ces deux dernières définitions qui correspondent à l'esprit de cette étude.

? Les changements climatiques

Le dictionnaire de l'environnement9 définit les changements climatiques comme étant l'ensemble des variations des caractéristiques climatiques en un endroit donné au cours du temps : réchauffement ou refroidissement. Certaines formes de pollution de l'air résultant d'activités humaines, menacent de modifier sensiblement le climat dans le sens d'un réchauffement global. Suivant le rapport de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), les « changements climatiques » sont des changements du climat attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la variabilité naturelle

9 www.dictionnaire-environnement.com

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du climat observée au cours de périodes comparables généralement échelonnées sur au moins une trentaine d'années10.

Il faut donc distinguer, la variabilité du climat qui s'observe sur de courtes périodes des changements climatiques qui sont des phénomènes extrêmes qui se manifestent sur des périodes plus longues avec des causes multiples à la fois naturelles et anthropiques.

2-2- Notions implicites

Dans ce sous chapitre, il va s'agir de la définition des concepts temps et climat, effet de serre, résilience, adaptation et atténuation ou mitigation.

? L'atmosphère, le temps, le climat et la variabilité du temps11

La terre est entourée par des gaz cardinaux tels que l'hydrogène (H2), l'azote (N2), l'oxygène (O2) et des gaz de petites quantités comme l'argon (Ar) et le dioxyde de carbone (CO2). Ces gaz forment ce qui est appelé l'atmosphère. Les propriétés de l'atmosphère comme la température, le vent, les précipitations et l'humidité de l'air changent à tout moment et à tout endroit. C'est cet état instable tous les jours et tous les ans différents qui est décrit par le temps.

Le climat est le temps moyen qu'il fait, décrit durant une longue période dont la normale est trente (30) ans. Le climat ne peut donc pas être perçu directement par l'homme, mais par des ordinateurs qui calculent ses propriétés à l'aide des statistiques et des mesures sur plusieurs années. Une période avec peu de pluies par exemple correspond à la variabilité naturelle du temps et n'exprime pas forcement un changement du climat.

10 Seconde Communication Nationale sous la convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, 2010

11 GTZ, Informations sur les changements climatiques, manuel à l'intension des praticiens, mars 2010

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C'est seulement quand les mesures sur plusieurs années montrent une diminution (ou une augmentation) durable du niveau des pluies et/ou des températures que l'on peut parler d'un changement climatique.

En somme il faut retenir que le climat, c'est ce que l'on attend et le temps, c'est ce que l'on reçoit.

? L'effet de serre et le réchauffement climatique

Selon C. Villeneuve, l'effet de serre est un phénomène naturel de rétention de la chaleur dans l'atmosphère par les gaz qui la composent. Les émissions des gaz à effet de serre (GES) dues à l'utilisation des combustibles fossiles par les hommes sont responsables pour une forte augmentation de l'effet de serre, appelé effet de serre additionnel ou anthropique12.

Les principaux GES sont : le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l'oxyde nitreux (N2O). Ces gaz retiennent en effet une partie de la chaleur du soleil sur terre. La température à la surface de la terre, qui est actuellement de +14°C en moyenne, serait de -19°C sans leur présence13. Ils sont donc essentiels à la vie sur terre. Or, le développement industriel qui a connu une croissance exponentielle, est fondé sur l'utilisation de plus en plus accrue d'énergie fossile (pétrole, charbon, gaz naturel) qui rejettent un fort taux de ces gaz dans l'atmosphère en particulier, le CO2 qui demeure le premier responsable du réchauffement global. Le cycle du carbone s'était auparavant équilibré de manière naturelle entre d'un côté les rejets dans l'atmosphère dus à la respiration et la fermentation et de l'autre, son absorption par la biomasse (photosynthèse) et les océans du fait de la solubilité du CO2. Un autre cycle emprisonne le carbone dans la croûte

12 C. Villeneuve, Vivre les changements climatiques. Sainte-Foy: Editions Multi Mondes, 2007

13 GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques : Rapport de synthèse, 2007

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terrestre (lithosphère) pour se transformer en pétrole, charbon et gaz après plusieurs millions d'années. L'extraction massive de ces derniers par l'homme et leur transformation en CO2 a donc modifié le cycle du carbone. En conséquence, la quantité de CO2 dégagée par l'activité humaine s'est ainsi élevée à 6,4 Gt par an durant les années 90, mais seule la moitié a pu être absorbée par la biomasse et les océans. Plus inquiétant encore, cette quantité a continué à s'augmenter durant la période 2000 - 2005 (7,2 Gt par an). La capacité d'absorption du CO2 par notre écosystème est donc largement dépassée. Il en résulte par conséquent, une concentration accrue de CO2 dans l'atmosphère14.

S'il apparaît urgent de réduire les émissions de GES, le problème ne serait pour autant pas résolu de manière immédiate. En effet, chaque GES reste présent dans l'atmosphère pour une durée variable que l'état actuel des recherches ne permet pas encore de déterminer avec précision. On estime cependant que le CO2 commence à être évacué de l'atmosphère après une durée de l'ordre de 100 ans. De ce fait, le CO2 émis aujourd'hui continuerait de participer à l'effet de serre jusqu'en 2114 ! Même si les émissions de CO2 atteignent un pic, puis décroissent fortement, le niveau des mers et la température continueront de s'augmenter.

Le réchauffement climatique est donc d'ores et déjà inévitable du fait des échelles de temps propres au processus climatique.

? Résilience

Pour M. Anaut, la résilience est un concept transdisciplinaire et s'est développée sous l'impulsion d'approches pluridisciplinaires. Ainsi le concept

14 C. BUFFET, IRIS : Institut de Relations Internationales et Stratégiques, Changement climatique : un nouveau contexte pour les OSI, Mémoire de Master 2 Relations Internationales, Septembre 2008

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de résilience s'appuie sur des assises relevant de disciplines variées comme : la psychologie, la sociologie, la médecine15...

Dans les pays anglo-saxons, des travaux sur le thème sont en cours depuis une trentaine d'années et ont donné lieu à des publications scientifiques reconnues depuis plus de 25 ans. En revanche, le concept a pris son essor en France et dans les pays francophones surtout depuis les années 1990. De nombreux auteurs et praticiens (souvent psychiatres ou pédopsychiatres) ont contribué à faire connaître ce concept et à développer ses contours théoriques autant que le champ de ses applications pratiques.

Le bulletin de synthèse16 « Souveraineté alimentaire », corrobore les affirmations d'Anaut en donnant pour sa part, quelques définitions du concept. Il stipule qu'au départ, le thème résilience est un concept de physique des matériaux « elle désigne la capacité de ceux-ci à reprendre leur forme initiale après un choc ». Mais le mot a connu une fortune particulière dans son application à la psychologie. Mis en évidence pour la première fois durant la deuxième guerre mondiale, il désigne alors la capacité des individus à se remettre d'un traumatisme grave. La notion a ensuite été introduite par analogie, dans la réduction des risques de catastrophe ; il s'agissait alors de décrire la réaction des populations et les mécanismes d'adaptation engendrés par les catastrophes naturelles comme par un cyclone, par des pluies diluviennes, etc.

La définition la plus largement reprise aujourd'hui est celle de l'United Nations International Strategy for Disaster Reduction (UNISDR), adoptée en 2009 : « La capacité d'un système, d'une communauté ou d'une société exposée aux risques de résister, d'absorber, d'accueillir et de corriger les

15 M. ANAUT, Le concept de résilience et ses applications cliniques, recherche en soins infirmiers, université Lyon2, septembre 2005

16 Inter-réseaux Développement rural, ONG SOS FAIM, La promotion de la résilience au Sahel : changement d'approche ou nouvelle mode ? Bulletin de synthèse, souveraineté alimentaire, janvier 2013

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effets d'un danger, en temps opportun et de manière efficace, notamment par la préservation et la restauration de ses structures essentielles et de ses fonctions de base ».

On note en définitive que la notion de résilience est plus « positive » dans la mesure où elle insiste sur les capacités des populations. En ce sens, elle va de pair avec la notion de « empowerment », souvent mise en exergue dans les documents stratégiques : donner la possibilité aux populations de résister par elles-mêmes aux chocs ou aux stress prolongés.

? Adaptation

Perthuis défini l'adaptation aux changements du climat comme étant l'ensemble des évolutions d'organisation, de localisation et de techniques que les sociétés devront opérer pour limiter les impacts négatifs de ces changements et maximiser leurs effets bénéfiques17.

Suivant le rapport du GIEC, l'adaptation est définie comme l'ajustement des systèmes naturels ou humains face à un environnement changeant ; elle peut être anticipée ou réactive, publique ou privée, autonome ou planifiée. Elle vise à réduire la vulnérabilité vis-à-vis des incidences des changements climatiques ou à se mettre en position de tirer avantage de leurs effets bénéfiques18.

Dans la même veine, Smit et al, cité par Marleau donne plus de précision à la définition des deux formes d'adaptation distinguées. L'adaptation réactive consiste à réagir ex post aux impacts adverses des changements climatiques, lorsqu'ils se produisent. L'adaptation anticipative, au contraire, consiste à agir avant que les impacts ne se produisent pour réduire la

17 Perthuis et al, Economie de l'adaptation au changement climatique, rapport 2009

18 GTZ, Informations sur les changements climatiques, manuel à l'intension des praticiens, mars 2010

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vulnérabilité à ces impacts et en limiter les conséquences adverses ou en tirer des bénéfices nouveaux19.

La distinction entre adaptation réactive et adaptation anticipative reste très importante du point de vue des politiques publiques car les motivations de ces deux formes d'adaptation sont différentes. L'adaptation anticipative utilise des ressources aujourd'hui pour prévenir des crises possibles dans le futur dues aux changements du climat. A l'inverse, l'adaptation réactive utilise des ressources pour faire face à des évènements au moment où ceux-ci se produisent. En pratique, des décisions de politiques publiques souvent couteuses sont plus faciles lorsque la crise s'est déjà manifestée, alors que des actions préventives peuvent s'avérer d'un coût largement plus faible que les coûts des actions réactives, même actualisées.

? Atténuation / mitigation

Selon le GIEC, l'atténuation ou mitigation est « la modification et substitution des techniques employées dans le but de réduire les ressources engagées et les émissions par une unité de production ».

Bien que certaines politiques sociales, économiques et technologiques puissent contribuer à réduire les émissions, du point de vue des changements climatiques, l'atténuation signifie la mise en oeuvre de politiques destinées à réduire les émissions de GES et à renforcer les puits de ces gaz.

Après avoir cerné les notions explicites et implicites du sujet d'étude, il s'agira alors de définir un ensemble de moyens et méthodes de réduction du

19 E. Marleau, adaptation aux changements climatiques dans les pays en développement : quelles pratiques pour une approche à base communautaire? Sherbrooke, Québec, Canada, 20 Février 2011

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degré d'incapacité ou de fragilité de l'agriculture à faire face aux variations des caractéristiques climatiques survenues dans la zone.

3- PROBLEME ET QUESTIONS DE RECHERCHE

3-1. Problème de recherche

Au terme des enquêtes réalisées, il ressort que le principal problème est la grande vulnérabilité de l'agriculture dans le village vis-à-vis des changements climatiques. Il s'agit là du problème central qui fera l'objet des investigations.

3-2. Questions de recherche

Les questions de recherche portent sur les solutions envisagées pour résoudre le problème de recherche, à savoir les trois questions suivantes :

- quels aménagements du milieu faut-il réaliser pour atténuer les effets des changements climatiques ?

- quelle conduite faut-il tenir pour la prise en compte de la faiblesse du niveau d'eau disponible pour l'irrigation des cultures ?

- quelles adaptations apporter aux pratiques culturales anciennes qui ne sont plus adaptées aux changements climatiques survenus ?

4- REVUE DE LITTERATURE

Dans ce chapitre, il s'est agi de consulter un ensemble de documents qui traitent la question des changements climatiques en Côte d'Ivoire et dans la zone de l'étude en faisant ressortir dans un premier temps la politique

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gouvernementale en la matière et dans un second temps les caractéristiques du secteur.

4-1- Documents de planification gouvernementaux

Les documents de planification gouvernementaux définis en matière de changements climatiques en Côte d'Ivoire reposent essentiellement sur les conventions internationales20 :

- la convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants a été adoptée et signée en mai 2001 ;

- la convention de Ramsar dont la Côte d'Ivoire est devenue partie contractante, le 27 juin 1996 ;

- la convention cadre des Nations Unie sur les changements climatiques signée en juin 1992 et ratifiée en novembre 1994 ;

- la convention sur le commerce international des espèces en danger (Washington, 1973) entrée en vigueur en Côte d'Ivoire en février 1993 ;

- le protocole de Montréal sur la réduction des chlorofluorocarbones (CFCS), signé en novembre 1992.

Par ailleurs, la Côte d'Ivoire est membre de la convention de Bâle (22 mars 1989) sur le contrôle de mouvements transfrontaliers des rejets toxiques et leur élimination depuis juin 1991.

Des initiatives législatives s'inscrivant dans les lignes directrices, des conventions internationales ont été entreprises pour promouvoir un développement durable, notamment à travers les programmes de renforcement du cadre institutionnel et législatif et des capacités nationales

20 M. Kouassi, Changements Climatiques besoins et priorités de la cote d'ivoire en matière de renforcement des capacités dans le domaine des changements, MINEF, PNUD, mars 2005.

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de gestion environnementale. Les aspects législatifs de référence sont les suivants :

- la loi cadre de l'environnement N° 96-766 du 03 octobre 1996 portant sur le cadre législatif et institutionnel de l'environnement. Cette loi inspirée par les principes fondamentaux de la législation internationale intègre des concepts tels que les principes « pollueur payeur, développement durable, zone protégée » ;

- le décret N° 96-894 de novembre 1996 déterminant les règles et les procédures applicables aux études d'Impact environnemental (EIE) des projets de développement ;

- l'arrêté N° 158 du 4 août 1992 portant création de la Commission Paysans-Forêts (CPF) définie comme un organe de concertation, de conciliation et de propositions quant aux actions à entreprendre pour atteindre les objectifs fixés en matière de réhabilitation et d'aménagement des forêts de l'Etat, dans l'optique d'une participation des populations locales à la gestion forestière ;

- l'arrêté N° 549 du 3 juin 1993 portant organisation de la CPF.

C'est depuis les années 1980, la Côte d'Ivoire a pris conscience de ce que son climat change et qu'il était indiqué de prendre des mesures pour faire face à ce phénomène mondial. Les efforts conjugués entre le gouvernement et les institutions intergouvernementales ont permis la mise en oeuvre d'un certain nombre de programmes, entre autres :

- le programme de maîtrise de l'énergie lancé dès 1986 comporte une série d'actions qui visent la réduction des consommations de combustibles fossiles par la recherche d'une efficacité énergétique accrue dans tous les secteurs d'activité (éclairage public, promotion du gaz butane, contrôle de la vétusté du parc automobile) ;

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- le programme de reboisement et les programmes de recours aux énergies renouvelables sur le moyen terme (hydro et solaire notamment) engagé dès la même année 1986.

Outre ces mesures d'atténuation, trois (3) études majeures ont été réalisées pour faire la situation de la contribution du pays aux émissions globales de gaz à effet de serre :

- la première étude financée par la coopération américaine à travers le programme « US Country Studies » s'est achevée en 1996. L'année de référence était 1990 pour les inventaires des gaz à effet de serre, leurs sources et leurs puits ;

- la deuxième étude financée par le Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) a débuté en 1994 et a connu son aboutissement par la publication en février 2001 de la « communication nationale initiale » permettant ainsi à la Côte d'Ivoire de concevoir et d'appliquer ses propres stratégies de lutte contre l'évolution climatique et ses effets désastreux ;

- la troisième étude a bénéficié d'un cofinancement du FEM et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour élaborer la seconde communication nationale sur les changements climatiques en 2010.

Ces études menées dans le cadre de l'inventaire national ont permis de prendre les initiatives suivantes :

- l'élaboration et la poursuite des programmes d'éducation, de formation scientifique et technique relatifs aux changements climatiques (en cours) ;

- l'éducation et la sensibilisation du public en assurant une promotion de l'importance des changements climatiques ;

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- la prise en compte des questions relatives aux différentes conventions dans les programmes d'enseignement.

Le programme de sensibilisation se rapporte aux axes stratégiques suivants :

- le renforcement des institutions et structures de recherche et la hiérarchisation des programmes thématiques ;

- le renforcement des institutions et des centres chargés de la formation en matière d'environnement et de GES ;

- le renforcement des structures de formation et d'animation en faveur des femmes et des jeunes sur les GES ;

- le renforcement des capacités des Organisations Non Gouvernementales (ONG) afin de permettre à celles-ci de remplir efficacement leur rôle d'encadrement et d'appui auprès des populations de base ;

- le développement des actions d'information et de sensibilisation des différentes régions administratives par l'utilisation appropriée des atouts socioculturels (langues locales, religions, etc.) et des médias ;

- la formation des agents et techniciens exerçant dans les installations classées pour une meilleure maîtrise des préoccupations environnementales au sein des entreprises ;

- l'intégration de la dimension environnementale, notamment les changements climatiques dans les programmes des différents cycles d'enseignement (préscolaire, scolaire, secondaire, universitaire).

Hormis ces études référées, plusieurs autres initiatives conformes aux exigences de l'Agenda-21 (rapport relatif à la mise en oeuvre des résolutions de la conférence de Rio de 1992 par chaque pays) ont été concrétisées.

27

4-2- Les caractéristiques climatiques en Côte d'Ivoire

Les caractéristiques en matière des changements climatiques seront présentées comme décrites ci-dessous d'une part au niveau national et d'autre part au niveau de la zone d'étude.

Les écarts de précipitations par rapport à la normale 1971-2000 (30 ans) sont négatifs depuis les années 1980 et révèlent la baisse générale des quantités annuelles de pluie à travers tout le pays21. Avant la décennie 1970 (1950-1969), le volume annuel moyen précipité est partout supérieur à 1.000 mm, avec des maxima annuels moyens largement supérieurs à 1.400 mm le long de la dorsale montagneuse guinéenne et à proximité du littoral. Cette situation contraste considérablement avec ce qui est observé ultérieurement (1970-1999) où la plupart des stations enregistrent des niveaux de précipitations plus faibles que par le passé. En effet, initialement confinée au quart Nord-est, la zone de précipitation inférieure à 1.200 mm atteint désormais le centre-sud (à la latitude Tiassalé) et le centre-Ouest (incluant les stations de Bouaflé, Daloa et Séguéla). C'est autour de Dabakala et Bouna que la situation est la plus préoccupante, avec les pluies annuelles généralement inférieures à 1.000 mm22, l'ambiance climatique y étant de plus en plus proche de celle des climats tropicaux secs.

Cette diminution brutale de la pluviométrie touche aussi les stations du Sud, notamment une partie du Sud-ouest à la limite de Soubré et Gagnoa ainsi que le littoral centre à Sassandra. Dans ces stations qui comptaient parmi les plus pluvieuses, les hauteurs d'eau ne dépassent plus les 1.400 mm. Quelques stations échappent à cette situation de baisse généralisée des quantités d'eau précipitée annuellement, en particulier celle de Tabou, la

21 CI2D, ASDI, Etude de l'impact des changements climatiques sur les ressources en eau : application a l'analyse du risque d'inondation dans le département de Sinfra.

22 T. BROU et al, La variabilité climatique en Côte d'Ivoire : entre perceptions sociales et réponses agricoles, Cahiers Agricultures vol. 14, n° 6, novembre-décembre 2005

28

plus arrosée du territoire où les hauteurs annuelles restent supérieures à 2.400 mm.

Les températures moyennes mensuelles de la Côte d'Ivoire qui étaient de 26,5° C dans les années 1960 à 1975 sont passées en 25 ans à 27,4° C relevés dès les années 2000 ; Soit une hausse d'environ 1° C.

Les températures annuelles les plus basses sont observées dans la zone montagneuse, à l'Ouest du pays autour de la station de Man. Les températures les plus fortes sont enregistrées dans l'extrême Nord à Korhogo, mais également dans le secteur Sud-est de la cuvette de Dimbokro. Les mois les plus chauds de l'année sont ceux de février, mars et avril où, à l'exception du quart Sud-ouest du pays, toutes les localités connaissent des températures mensuelles supérieures à 27° C. Le pays enregistre ses températures les plus basses en juillet et en août. Sur l'ensemble du pays, celles-ci descendent souvent à 23° C.

A côté de ces deux principaux facteurs du climat que sont la pluviométrie et la température, en matière de changements climatiques, il y a les émissions de gaz à effet de serre qu'il faut prendre en compte. Les principaux gaz à effet de serre sont : le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l'oxyde nitreux (N2O). Les émissions de ces gaz en Côte d'Ivoire en 2000 par secteurs d'activité (énergie, procédés industriels, solvants et autres produits, agriculture, utilisation et changement d'affectation des terres et foresterie, déchets) se présentent ci-après23 :

- les émissions de CO2 dans le secteur de l'énergie estimées à 60.370,72 Gg Eq-CO2 ; soit 100% des émissions totales de CO2, le secteur de la foresterie absorbant 19.703,84 Gg Eq-CO2 des émissions de CO2 ;

23 MINEF, Seconde Communication Nationale sous la convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, 2010

29

- les émissions de CH4 à partir des déchets estimées à 9.916,59 Gg-Eq-CO2, l'agriculture constituant la seconde principale source d'émission avec 9 032,32 Gg-Eq-CO2 ;

- les émissions de N2O avec 185.474,96 Gg-Eq-CO2 par les secteurs agricoles ;

- le reste des émissions étant quasiment nulles avec 295,58 Gg-Eq-CO2.

Au niveau de la zone d'étude, la sous région de Soubré, comme toute la zone Sud-ouest, est caractérisée par l'existence de deux saisons des pluies et de deux saisons sèches qui alternent24.

La première saison humide s'étend de mars à début juillet, avec un pic en juin. Cette saison des pluies est suivie par une brève saison sèche, le mois d'août où on enregistre tout de même quelques millimètres de pluies. Le niveau des pluies augmente de nouveau et celles-ci durent jusqu'à fin novembre avec un pic en octobre suivi de la grande saison sèche qui dure de novembre à fin février. Les deux saisons humides sont à peu près d'égale intensité et la saison sèche intermédiaire correspond simplement au mois le moins pluvieux de la période mars-octobre. La pluviométrie annuelle dans la région oscille selon l'année et le lieu entre 1.400 mm et 1.600 mm. L'année 1989 apparaît comme ayant été la plus humide dans le département, suivie de l'année 2001. L'année 1983 a été la plus sèche, tout le pays ayant été alors affecté.

La température moyenne annuelle de la région de Soubré est relativement basse. Les faibles valeurs en moyenne de 24,6° C s'observent pendant les mois de mai, juin, juillet, août et septembre, alors que les autres mois enregistrent des valeurs oscillant autour de 26° C.

24 T.Koffi Yao, hydrodynamisme dans les aquifères de socle cristallin et cristallophyllien du sud-ouest de la côte d'ivoire : cas du département de Soubré : apports de la télédétection, de la géomorphologie et de l'hydrogéochimie, 2009

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Le niveau de l'évapotranspiration dans la zone de Soubré trouve son explication dans la variabilité climatique qui contribue à réduire les ressources en eau de la région et affecte par ricochet la recharge de la nappe souterraine. Les valeurs de l'ETP oscillent de mai à septembre autour de 100 mm et d'octobre à avril autour de 150 mm. Pendant la période couvrant la petite saison sèche, le processus d'évapotranspiration est moins intense à cause de l'humidité relative élevée, des durées d'insolation courtes et de la température basse. Toutefois, le processus d'évapotranspiration est très actif pendant toute la grande saison sèche du fait de l'action conjuguée des fortes valeurs de température, d'insolation et des faibles valeurs de pluviométrie et de l'humidité relative.

L'humidité relative reste supérieure à 70% dans la région en période de saison sèche. Cette humidité relative augmente à partir du début de la grande saison des pluies pour atteindre des valeurs très élevées (98,9% en septembre) pendant la seconde saison des pluies.

L'insolation connaît des valeurs élevées d'octobre à avril couvrant presque toute la grande saison sèche avec une valeur moyenne mensuelle qui se situe autour de 160 heures. A partir du mois de mai, les valeurs des heures d'insolation connaissent une baisse importante pour atteindre une valeur de 93,5 heures en août. La période de mai à septembre enregistre des valeurs d'insolation faibles. Comparativement aux années 1977, 1983, 1992 et 1997 pendant lesquelles les durées d'insolation ont connu des fortunes diverses avec des valeurs faibles, les heures d'insolation dans la région de Soubré restent désormais supérieures à 1.600 heures, avec une moyenne de 1.921,2 heures.

5- OBJECTIFS DE RECHERCHE

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5-1- Objectif général

L'objectif général de cette étude est de contribuer au renforcement de la résilience de l'agriculture face aux changements climatiques dans le village de Konédougou.

5-2- Objectif spécifique

L'objectif spécifique de cette étude est de formuler une stratégie de réduction de la vulnérabilité de l'agriculture face aux changements climatiques dans le village de Konédougou.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe