UNIVERSITE MARIEN NGOUABI
Travail * Progrès * Humanité
Brazzaville
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FACULTE DES LETTRES ET DES
SCIENCES HUMAINES
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DEPARTEMENT D'HISTOIRE
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LES CROYANCES TRADITIONNELLES DES TEGE ALIMA ET LE
CHRISTIANISME (1880-1960)
MEMOIRE
Pour l'obtention de la Maîtrise ès
Lettres
Option : Histoire précoloniale
Présenté et soutenu publiquement par :
Sous la direction de :
Louis Praxitèle NGANGA
Michel-Alain-MOMBO
Maître-assistant Cames
Année académique :
2011-2012
DEDICACE
Nous dédions ce travail
À :
- nos parents NGANGA Moïse et OKANAKIRA Brigitte,
- notre oncle NGOULOU OKOURANDO et sa famille.
REMERCIEMENTS
Ce travail a été accompli grâce au soutien
et à l'aide multiforme de nombreuses personnes de bonne volonté.
Le devoir nous incombe et la reconnaissance nous oblige de les remercier. A
travers ces mots, nous voulons ainsi manifester notre gratitude envers tous
ceux et toutes celles qui ont fait que nous arrivions jusqu'à la fin de
nos recherches. Que chacun trouve dans ces pages le fruit de son sacrifice qui
n'a pas été vain.
En premier lieu nous pensons principalement à monsieur
Michel-Alain MOMBO pour avoir dirigé ce travail. A madame Ntary Nkouka
Rose pour son soutien et tous le corps professoral du département
d'histoire de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines, pour la
formation reçue.
. Notre plus grande et profonde reconnaissance va à
l'endroit de toutes ces personnes qui nous ont aidé durant notre
parcours universitaire. Nous pensons à l'Honorable Michel Ondzoki,
à maman Wamina Judith et Ankiele Rachelle Léocadie, pour leur
soutien moral et financier. Nous disons aussi merci à NGANGA Christian,
TABAKA Edouard qui a fait la saisie de ce mémoire. Nous pensons ainsi
à notre grand père NGANGA Louis pour son héritage de la
connaissance du monde Tege, et à notre ami ANGOUONO Michaël, que la
terre leur soit légère.
AVERTISSEMENT
Pour une bonne compréhension de ce document historique,
les termes étrangers à la langue française sont en
italique. Ceux-ci ont leurs indications dans l'index. Ce document est un essai
de la connaissance du monde Tege que nous proposons, afin de comprendre le Tege
Alima dans toute sa dimension socioculturelle. A travers la recherche
documentaire, l'observation et les enquêtes réalisées vous
trouverez quelques pistes de compréhension de ladite culture.
INTRODUCTION GENERALE
« Il n'y a pas de peuple sans
culture » disait C. L. Strauss. De même « il
n'y a pas de peuple sans religion, parce que la religion est ce qui unit les
vivants et les morts dans un seul et même peuple1(*) ». A l'instar de
tous les peuples, le Tégué Alima sa culture et ses croyances. Une
culture qu'il considère comme un patrimoine à conserver
jalousement. Elle est l'héritage des ancêtres, transmise de
générations en générations au travers de
l'oralité.
Notre travail de recherche se propose d'appréhender les
grands faits historiques de la civilisation Tégué
Alima et sa tradition religieuse au contact du christianisme. Le
peuple Tégué Alima qui constitue l'un des sous-groupes du peuple
téké, fait partie du grand ensemble Bantu. Il constitue l'un des
anciens rameaux de ce groupe à s'est installé dans cette partie
d'Afrique centrale qu'est la République du Congo,
précisément dans les régions des plateaux et des deux
Cuvettes. Cette installation remonte aux trois premiers siècles de notre
ère qui ont vu l'émergence du royaume téké.
Les Tégué Alima accordent une grande importance
aux traditions. C'est un peuple très croyant dont les actes
de la vie quotidienne reposent sur les différentes formes de ses
croyances traditionnelles telles que le Ndjombi, Anduku,
Ongala, etc. En contact avec d'autres peuples du Congo et
d'ailleurs2(*), les Tege ont
eux aussi subi le phénomène sociologique du choc des cultures.
Les européens sont arrivés en Afrique subsaharienne en
deux vagues et se sont appliqués à imposer leur culture dont le
christianisme demeure la face religieuse.
L'histoire des missionnaires européens dans
cette partie du continent se subdivise, pour la plupart des
historiens, en trois périodes.
- La première phase est celle des découvertes et
de l'exploration de la sous région appelée parfois la missia
antiqua. (XVème siècle)
- La deuxième dite de l'époque coloniale
c'est-à-dire de la pénétration missionnaire dans
l'intérieur : c'est la plantatio ecclesiae.
- La troisième phase est celle de la
naissance des églises locales avec la formation d'un clergé
« indigène ». C'est la missio nova.3(*)
Ces trois étapes du christianisme en Afrique noire vont
de paire avec l'arrivée des premiers explorateurs ou colonisateurs.
Au Congo, la première période coïncide avec la
découverte de l'embouchure du fleuve Congo en 1482 par le
navigateur portugais Diego Cao.
C'est au cours de cette période que l'on assiste aux
premières tentatives d'évangélisation de cette partie de
l'Afrique Centrale. Le royaume Kongo fut particulièrement ce grand champ
d'expérimentation évangélique débouche sur le
baptême du roi Nzinga Kwuvu, la première
personnalité de la cours royale. Mais l'Evangile
n'était annoncé que sur les côtes.
La deuxième étape, s'étend de la seconde
moitié du XIXe siècle à
l'indépendance des pays colonisés, particulièrement les
années 1960. Cette période dite
de l'Indigénisation de l'Eglise africaine se
caractérise par l'éveil des Eglises africaines. Elle correspond
aussi et surtout à l'installation des grandes puissances coloniales en
Afrique.
L'évangélisation des peuples africains passait
des côtes à l'intérieur du pays, avec la création de
plusieurs églises dont celle de Lekety et Boundji en 1897 et en 1900 en
pays Tégué et Mbochi. Cette christianisation, culture
gréco-romaine, suscite un choc de culture par sa rencontre avec les
valeurs traditionnelles des Tégué Alima. Mais dans ce contact de
civilisation où souvent la culture du plus fort (et non la
plus forte culture) triomphe sur le plus faible, la culture tégué
trébuche et la présence européenne se fait effective. La
troisième étape est celle qui va de 1960 à nos jours. Elle
révèle au grand jour, le développement de la
chrétienté en terre africaine. Le christianisme intègre
les traditions africaines et inversement.
Par ailleurs, nous savons que toute recherche vise un but
précis et mène vers un objectif fixé. Antoine
PROST ne disait-il pas que « l'historien ne
lance pas son chalut au hasard pour voir s'il prendra les
poissons... »4(*) ? En choisissant ce thème de recherche
notre préoccupation majeure est de mettre en exergue
l'histoire d'un peuple (les Tégués Alima) ; d'apporter notre
contribution à la connaissance des peuples du
Congo Brazzaville et surtout le royaume téké qui est
l'un des plus anciens en Afrique Centrale. Le peuple tégué alima
a une brillante civilisation, mais qui reste peu connue du monde scientifique.
C'est pour cela que nous nous proposons de la
révéler dans quelques aspects de sa diversité religieuse,
ainsi que de son contact avec les peuples étrangers porteurs de la
culture chrétienne.
Dans le but de mieux cerner notre sujet, nous avons retenu la
fourchette chronologique allant de 1880 à 1960. 1880, nous le savons,
marque le début de l'action colonisatrice française, par le
contact de P. S. de Brazza avec la société téké. Ce
contact a forcément influencé les structures sociopolitiques en
présence. Quant à l'année 1960, elle est celle qui voit
s'achever la colonisation et ouvre les voies à la naissance du Congo en
tant qu'Etat indépendant. Cette année confirme aussi
l'enracinement des pratiques culturelles européennes dans le Congo en
général et chez les Tégué Alima en particulier.
C'est en nous penchant sur ces réalités
socio-historiques que nous allons, pour une meilleure
appréhension de ces contacts de cultures et leurs effets, nous poser des
questions suivantes, véritables articulations de l'architecture de notre
travail :
- D'où viennent les Tégué Alima ?
- Quelles furent leurs différentes pratiques
religieuses ?
- Etaient - ils des monothéistes ou des
polythéistes ?
- Qu'est ce que le christianisme ?
- Comment est il structuré ? Quels sont ses
débuts en pays tege?
- Quel a été l'impact de la religion catholique
sur le monde tege et sur ses pratiques religieuses ?
- Existe-t-il des points de convergence et de divergence entre
les deux cultures religieuses ?
Pour entreprendre ce travail et le porter à bon terme,
il nous faut suivre une certaine méthodologie liée à la
rigueur du savoir historique. René Descartes disais à juste
titre : Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le
principal est de l'appliquer bien5(*) . En effet, tout travail scientifique dans
ce domaine oblige le chercheur d'aller puiser aux sources : sources
écrites d'abord étant la première source d'information et
les sources orales (non écrites) par la suite. Mais il faut aussi faire
recours à d'autres sources complémentaires comme les sources
visuelles, monumentales et archéologiques, etc. Dans notre cas et
surtout dans l'élaboration de ce sujet, nous nous sommes limites
à deux sources à savoir les sources écrites
(imprimées et non inédites) et les sources orales. Tenant compte
de la complexité de ce thème et son importance, ce travail sera
accompli grâce à l'usage de nombreuses sources. S'agissant des
sources écrites, nous avons utilisé comme les documents de
base : E.DOUSSELJE le tégué de l'alima, Congo
français, Anvers, 1990; l'Abbé Beaudoin-Ngouona le
Ndjobi et attitude chrétienne ICES, Paris 2011 ; C.Kinita
.la formation du clergé indigène au Congo français de
1875 - 1960, l'Harmattan, Paris 2004. Pour le christianisme, nous avons
fait recours à quelques documents écrits dont les plus
déterminants sont : les spiritains au Congo ; le
père Adolph JEANJEAN (missionnaire au Congo) par Michel
le Grain. Ces documents consultés nous ont apporté beaucoup de
choses qui nous ont permis de réaliser ce travail si précieux,
mail ils nous donnent pas toutes les informations sur ce monde
tégué. Concernant les sources orales, nous avons pris à
coeur la théorie de Polibio, historien grec, disait qu'un travail
historique digne de ce nom ne peut se faire seulement dans les
bibliothèques mais il faut aller sur le terrain. Sur ce, malgré
l'éloignement et les difficultés matérielles, nous sommes
allés à plusieurs reprises dans le pays
tégué voir les lieux des fondations missionnaires et de
rentrer en contact avec ce peuple afin d'interroger les personnes qui ont
vécu a peu près à cette période, ceci dans le but
d'élaborer quelques pistes de compréhension de la culture
tégué, de sa vie religieuse et de l'apport du christianisme dans
ses comportements religieux.
Cette approche nous a permis de dresser un plan de travail en
deux grandes parties comportant chacune des chapitres et des subdivisions
internes. La première partie est intitulée Le monde
Tégué Alima. Elle comprend deux chapitres qui explorent le
contexte géographique, les aspects humains et socio-historiques du monde
Tégué. Quant à la deuxième partie de notre
mémoire, elle comprend aussi deux chapitres. Elle a pour titre Les
religions traditionnelles et le christianisme. C'est le coeur de notre
étude. Cette partie apporte des précisions
détaillées sur les contacts entre les pratiques religieuses des
tege alima et la religion chrétienne. Tel est, dans ses grands axes, le
plan que les sources nous inspirent.
PREMIERE
PARTIE :
LE MONDE TEGUE ALIMA
CHAPITRE I :
LE PAYS TEGE ALIMA
.
I - Situation et limites
Le pays tégué alima correspond, de nos jours,
dans la partie congolaise, aux districts d'Okoyo, Ewo, Abala et
Boundji. Il est limité au nord par la zone de partage des eaux
du Kouyou et de la Likouala. Au sud, la zone
tégué s'étale jusqu'à la plaine comprise entre
l'Alima et la Mpama. Il est limité à l'ouest
par le Gabon et à l'est par les terres Okouessé -
Ondingui, Mvouyi, Nziê dans le district de Boundji et
Ngoko.
II - Relief
Il est très modeste. Les altitudes varient entre 400 et
500m. Le point le plus élevé est le mont AMAYA MOKINI
qui culmine à près de 700m. Plus à l'est, la ligne qui va
d'Okouessé en passant par Engana, Tsongo,
Ibonga avant d'atteindre plus au nord d'Endeké sur le
Kouyou et Abela (axe Etoumbi Makoua) marque
la fin de la zone des collines. Au-delà, le relief devient moins
accidenté et les points comme Otsenié, Ekami,
Oyendzé, commencent à apparaitre les plaines
semi-marécageuses. Cette ligne marque non seulement un changement
morphologique, mais aussi et surtout le début d'une autre civilisation
Bantou, celle des Mbochi. Elle frappe aussi par sa double
curiosité :
- La première, naturelle, est
caractérisée par l'utilisation de celle-ci par les animaux pour
atteindre les salines de Mboko.
- La deuxième, historique, symbolisée par
l'utilisation de cette voie par P. S. De Brazza en 1878 avant d'atteindre
Nzali Ongoua (le fleuve du sel, les salines) après son attaque
par les Bapfourou sur l'Alima6(*).
III- Climat
Le climat est alternativement chaud et humide. Les
températures sont très variables. Elles
atteignent parfois 35° avec des chaleurs torrides pendant la
saison des pluies. Le Tégué a une parfaite connaissance
des phénomènes atmosphériques. Il divise son
temps non seulement en année, mois, semaines, jours, mais aussi en
saisons.
La période qui va d'une saison quelconque à la
même saison suivante correspond à une année. Le
Tégué Alima reconnait pendant cet écart de temps quatre
saisons. Aussi distingue t-il :
- Mtuubi : (septembre, octobre, novembre) la
grande saison des pluies
- Lekuli : (décembre, janvier,
février) la petite saison sèche
- Lekâ : (mars, avril, mai) la
petite saison des pluies
- Kessu : (juin, juillet, août) la grande
saison sèche7(*).
Chez le Tege Alima, tout est lié au temps. Il ne peut
se mettre à l'oeuvre que si le temps est favorable. Il arrive quelque
fois chez le tégué, dans le souci de terminer ou de parfaire son
oeuvre, voire d'arriver à temps à destination, qu'il tente de
ralentir la course du soleil en plaçant une termitière
sur un arbre. Il redoute, suivant les circonstances, la nuit et la pluie qui
pour lui sont des agents perturbateur du travail. Toutes ces données
cosmographiques influencent énormément la vie du
tégué et toutes ses activités socioéconomiques en
dépendent étroitement.
Quand on demande au tégué les raisons du cette
répartition saisonnière, il donne pour chaque saison une raison
spécifique. La grande saison de pluie connue sous le nom de
LEKAA est annoncée par la floraison d'un arbre appelé
OKA et des oiseaux migrateurs dénommés ANKUMI.
Cette saison réputée par des pluies torrentielles reçoit
l'appellation de L'EKA L'A MWANDZA `'lekâ des foudres'' entre
lekâ et kessû, Fungu constitue la petite
saison intermédiaire. Pendant celle -ci, les levers de jour sont
marqués par des brouillards épais résultat de puissantes
vaporisations signes précurseurs de la saison sèche
kessû.
Kessû ou la saison sèche est
annoncés aussi par les belles notes d'un oiseau carnassier le
NGUESSION et c'est selon le tégué l'origine de cette
dénomination.
Après trois mois kessû, succède
le Ntubi dès le mi - septembre. Tubaâ,
Letubaâ signifie arroser abondamment, mouiller. Le nom de cette
saison proviendrait certainement de cet apport linguistique.
- Lekuli l'ébabi (lekuli des chenilles)
désigné ainsi par l'abondance des chenilles dans les
forêts. Le tégué en raffole. Cette saison se divise en
deux : lekuli l'ayu (des pauvres, des paresseux) la
première et lekuli l'abayi (de ceux qui trouve, des
travailleurs) la deuxième. Elle est la période favorite des
nasses. Les nasses étant l'oeuvre des hommes, ne peut manger le poisson
pendant cette période que celui qui travaille qui a des rapports
fraternels avec un homme capable ce confectionner ces pièges à
poissons. Pendant cette saison okuli (essence de grand
diamètre) dont elle tire son nom, porte des feuilles rouges. Par
frottement entre eux, deux coupes taillées de cet arbre donnent une
patte de couleur rouge (ongouli) utilisé comme crème de
beauté ou dans beaucoup de compositions chimiques fétichistes.
Plusieurs phénomènes permettent alors au Tege de
reconnaître les différentes saisons ; soit par la floraison
ou la tombée des feuilles de certains arbres, soit par la
présence ou les cris des oiseaux indicateurs annonciateurs ou soit enfin
par la position de certains astres dans le cosmos.
Les quatre saisons constituèrent ainsi une
année, qui elle est divisée en mois linéaire (durée
du mois linéaire = 29 jours 12H - 44). La lune a ainsi pour dire
influencé toute la vie du tege. La semaine compte quatre jours (la
quatrelle) à savoir okila, odoua, owoyo (tsono) mpéa.
Ici les féticheurs des pluies présents presque
dans tous les villages, sont très vénérés
.L'arc-en-ciel pour le tégué est l'oeuvre des féticheurs
pour prédire la fin prochaine de la pluie son apparition explique soit
la fin de la pluie ou le fait qu'il ne pleuvra pas.
IV- Végétation
Deux formations végétales dominent les pays
tégué, la forêt et la savane.
- La forêt est constituée par plusieurs
forêts galeries et de nombreux bosquets, la plupart sont les sites des
anciens villages. Dans ces forêts galeries coulent des puissants marigots
qui se jettent dans de grandes rivières comme l'Alima. Par
contre dans ces bosquets situés sur les collines, on rencontre beaucoup
de palmiers, de milletia, de nombreuses lianes à fruits comestibles et
productrices du caoutchouc. L'ananas y pousse en quantité abondante et
constitue le meilleur agent protecteur de ces bois contre les feux de
brousse.
- Des savanes occidentales, aux plantes sérophiles dont
les espèces les plus vivaces sont l'amome (ololo),
l'hyménocarpies acide (ongala), etc... et qui sont
supplantées plus à l'Est par les plaines
semi-marécageuses, zone de contact entre les peuples
Mbochi et les Tégué.
Cette variété végétale explique la
multitude d'espèces de chenilles qui foisonnent dans ce pays et dont les
tégué raffolent.
La végétation est très
vénérée par le tégué. Selon le
tégué, elle possède ses dieux. Le tégué
s'arrange toujours à quitter la forêt avant la tombée du
jour du jour afin de permettre aux « propriétaires »
de celle-ci de mener leurs activités.
La forêt constitue un milieu sûr de conservation
de secrets. C'est dans celle-ci qu'on rencontre de nombreux Nkobê,
Oyuê, Nkouômi qui sont tous les lieux sacrés et
d'initiation pour telle ou telle tradition religieuse. Plusieurs forêts
ont gardé des noms sacrés dus à la
célébrité religieuse ou au fétichisme de la zone.
C'est le cas de Mpini (fétiche), forêt de la
terre Kempini dans le district d'Okoyo.
V- Hydrographie
Le pays des tégué Alima constitue un
véritable château d'eau, d'où partent de nombreux cours
d'eau qui dans leur cours inferieur forment de puissantes rivières,
comme l'Alima, la Ngoko, le Kouyou et la Mpama.
- L'alima : elle est formée par
la Diélé et la Lekety. La Dielé
prend sa source à 750m d'altitude et reçoit dans sa suite de
nombreux affluents. A 378m, au village Lekety, la Dielé et
la Lekety se conjuguent et forment l'alima qui réceptionne plus
bas de grands marigots comme Lekoubou, sur sa rive droite, et
reçoit dans les environs de Mabirou, la rivière
Mpama. Le réseau hydrographique de l'Alima est aussi
alimenté par de nombreux lacs aux origines quelque peu
mystérieuses selon la tradition orale8(*). On peut citer le lac Mbila aux
sources de la Mbomo, affluent de la Gampo,
Gabili,Guessé et bien d'autres.
- La Ngoko : l'arbre hydrographique de
la Ngoko est formé en amont par plusieurs ruisseaux qui prennent source
au pied du mont Amaya. A 402m d'altitude, au site de Kébouya sur la
route Okoyo - Ewo, la Ngoko devient plus puissant réceptionnent plus bas
en terre Mvouyi, le célèbre Ngalekili, tant loué
dans les chansons populaires pour ses grands services rendus en terre
Andellys.
- Le Kouyou : il prend sa source
à Vaga (terre Lécouna, Ewo) à 610m d'altitude. Il
reçoit aussitôt le Ngalebili, alima, Douma avant de
traverser les terres Bombo à Ewo. La Lembessi se jette aussi dans le
Kouyou au point 352m d'altitude9(*).
- CHAPITRE II : ASPECTS
HUMAINS ET SOCIOCULTURELS DU MONDE TEGUE
ALIMA
I-ASPECTS HUMAINS :
1- Caractéristiques de l'être
tégué
Avant d'élaborer une étude analytique entre les
religions traditionnelles tégué et le Christianisme, il nous a
paru utile de ressortir quelques éléments dominants de l'homme
tégué alima.
Tous les humains sont des hommes, mais certains aspects
distinctifs font la différence entre les différents groupes
sociaux. Ces éléments nous permettent de distinguer au sein du
même groupe, Bantou soit - il, le tégué du Mbochi, ou
d'autres peuples de la même souche.
A la question, qui es - tu ? Le tégué
répondra, je suis tégué alima. Non il l'est par simple
réponse verbale mais il l'est aussi par certains aspects distinctifs.
Les premiers blancs de la période coloniale au contact
avec les tégué alima en ont fait plusieurs observations. La
population de ces immenses prairies disait ELSO DUSSELJE est en
général d'un taille inférieure à la moyenne, mais
le corps est fort et bien proportionné.
Aussi poursuit - il :
J'ai vu des femmes mères de quelques enfants, d'une
taille de 1,30m ; c'était de véritable naines ; tel est
le cas des riverains de l'alima10(*).
Il poursuit,
Sur les hauts plateaux bassin de la Mpassa et Leconi, les
hommes sont très maigres mais de stature très
élevée ; ce sont des vrais échassiers. Les
tégué de l'alima appellent ces autres tégué ASSI
NKIGA (littéralement : habitants des monts) et prétendent
que Dieu leur longue jambes pour grimper plus facilement sur les
montagnes11(*).
Ces populations de nos jours se retrouvent, une partie dans le
territoire gabonais et une autre au Congo ; dans les terres Ndjabis
dont ils portent le nom dans le district d'Okoyo et Lecouna,
Ebankaya dans celui d'Ewo.
Méfiant, le tégué l'est. Dans ses
rapports avec ses voisins ou avec l'européen il ne se livre pas
tellement. Difficilement il nous dit qu'il connait même s'il sait. C'est
finalement à l'oeuvre qu'on le découvre. Très nerveux et
résistant à la fatigue, il a une peau souvent foncé. A ce
propos sa peau ne présente pas ces vilains boutons appelé
NKANA dont leurs voisins sont en très grands nombre
affligés observe E. DUSSELJE. Malheureusement conclu t-il
l'Etat de santé aujourd'hui n'est plus la même qu'au début
de la colonisation.
Beaucoup d'eau ont coulé sous le pont, le
tégué dans ses contacts avec ses voisins s'étant
exposé à plusieurs mélodies d'origine extérieure
comme la syphilis (ADINGA, mot d'origine MBAMBA). Le
tégué est aussi très patient et obéissant. Tant que
le gibier abattu est encore entier et tant que le chef n'a pas encore
donné l'ordre de le dépecer, il peut rester quelques jours au
milieu de la brousse sans gardien. Personne n'y touchera.
Grand chasseur, c'est un véritable carnassier. Il aime
la viande faisandée même d'un animal mort depuis cinq à six
jours. Et quand on le lui le reproche de le faire, il répond, est ce
qu'on mange l'odeur ? De part ce comportement, il est l'objet de moquerie
de ses voisins de l'Est, qui lui reproche aussi de manger le chien.
A ce propos, Michel LEGRAIN rapporte :
Mbochi et Batéké se fréquentent
cependant, et éventuellement s'épousent, sans pour autant oublier
les traditionnelles moqueries. Un jour soir, à une veillée on se
trouvait des membres de ces deux ethnies, j'ai entendu ce court
échange : comment, toi, tégué, tu n'as pas honte de
tuer et de manger ton chien qui est venu manger chaque jour dans ta main ?
Mon chien, je ne le mange jamais ; je le donne au voisin qui se
débrouille avec, et lui me donne le sien. Personne ne mange son propre
chien12(*) .
Dans sa vie conjugale, le Tegue est très
réservé. Jamais il ne caressera, ni n'adressera un mot aimable
à sa femme en présence d'un tiers, même devant leurs
enfants. Une femme ne peut s'asseoir à côté de son mari en
présence d'une autre personne. Le Tegue est jaloux comme un tigre. Il a
un respect sacré pour sa belle mère, qu'il évite
même de voir. En cas de force majeur les deux se placent chacun en bout
de la case différent de l'autre ou séparer par une petite brousse
parsemée d'arbre. Les premiers blancs ont reconnu en ces nègres,
un peuple travailleur.
2-Origine du peuple Tegue
Les Tegue font partie du grand groupe téké,
d'origine Bantou. Aujourd'hui, le terme téké est consacré
à l'usage. Mais il existe très peu de traces du mot
téké dans les notes des européens du
15e siècle. Les seigneurs kongo, loango, kakongo ont
fait retenir aux premiers européens les termes suivants :
Anzique, Anzicho, Anzichi, Anzicana. Ces termes s'approchent de aux
expressions A Nseke (peuple de l'intérieur) Ba nsi
Nseke (ceux qui habitent savane). Ce terme est aussi très proche
d'Anziku, Anzinziu, Anziu (autour de Djambala)13(*). Aussi, se demande-t-on, si ce
nom leur a été attribué par leur voisin Kongo. Curieuse
coïncidence, les peuples Ngala, leurs voisins de la Cuvette congolaise,
appellent les actuels téké par un terme aussi proche :
Anzikini, terme qui n'est guère apprécié par le
Tegue14(*).
2-1- Les migrations Tégué
1-Les causes
Avant de parler de cette nouvelle configuration Tege
résultat d'un déplacement humain, il sied d'abord de s'interroger
sur les causes qui aboutirent à la recherche de cet environnement
nouveau. De tout temps, les hommes se son déplacés pour multiples
motifs d'ordre naturel et socio-économique.
-La recherche de la nourriture
Le goût d'une alimentation carnassière,
halieutique pourraient être. Parmi tant de raisins qui motivèrent
le déplacement de ces Tégués.
-La chasse
Elle fut et resté très pratiquée dans ce
pays Tégués dans l'une de ses terres, celle de Ndoumbi,
il est dit que le malade de cette entité ne peut mourir qu'à la
chasse.
A la recherche continuelle du gibier, le tégué
abandonna d'abord temporairement, puis définitivement l'ancien site pour
s'installer un peu plus loin sur les terres nouvelles plus giboyeuses. Le
gibier se refugiant de plus en plus en forêt attiré par
magnétisme, le Tegué vers ces zones sylvestres. Homme des
collines, le Tégué possède une parfaite connaissances de
la forêt dans laquelle il est insaisissable.
-La pêche
Elle aura été aussi l'une des multitudes causes
des déplacements des tégués. Cette soif très
poussée pour la pêche, favorisa ces déplacements
tégués des amonts vers les avals des différents cours
d'eau. Dans ce cas précis, on se réfère souvent à
la terre Nziê(Ngoko) dont les habitants (Tégué)
auraient subi l'attraction des zones poissonneuses. Au village Okia,
on retrouve les descendants des lignages dont les terres familiales se
retrouveraient en terre Andeli avec prolongement en terre
Kémpini. L'on se demande aussi, si Ossâh nom
d'un village n'était pas une transplantation de Mossaka,
Ossâh de part l'abondance du secteur en poissons. Les mouvements
liés à la pêche ont favorisé leur infiltration dans
les terres lointaines. Plusieurs campements le long de l'Alima, du
fleuve Congo(le couloir) en profondeur dans les pays Mbochi actuel
témoignent de la présence Tégué vers l'Est à
la conquête des zones poisson
-L'abandon d'un sol ingrat
L'agriculteur de naissance, le Tégué serait
toujours à la recherche des terres fertiles. Cette attitude le poussa
à délaisser d'anciens sites pour les nouveaux offrant plus de
potentialités agricoles. De tant d'exemples connus, on peut citer, la
séparation des deux villages Mvagui et Ondingui, le
dernier étant attiré par la fertilité du sol du site
actuel en culture arachidière.
- Les guerres intergroupes
Les menaces guerrières
furent toujours présentes en milieu tégué. Le
tégué était toujours en conflit perpétuel avec ses
voisins. Cette attitude aurait causé le déplacement de nombreux
villages. L'emplacement de certains villages tégué le long des
rivières, pourrait trouver une des explications par la promptitude
d'être toujours sur ses gardes, prêt à traverser celle-ci en
pirogue en cas d'attaque par le groupe voisin plus puissant. Une division
venait encore de naître : le tegué de la rivière et
celui de la montagne. Cette volonté de guerre poussait le Tegué
à abandonner l'ancien site devenu trop ombragé limitant sa vue
pour des élévations afin de jouir d'une observation plus large
sur la plaine.
-L'explosion démographique
Un espace peut devenir limiter, restreint et causé par
conséquent le déplacement d'une portion de la population. Le
milieu Tégué n'aurait pas semble t-il échappé
à cette règle. L'éclatement de la maison commune dite
Olembé suite à un accroissement démographique
peut servir d'hypothèse de base. Le village Tégué
comprenait les hommes, les femmes et les enfants, les hommes libres et les
esclaves. La grandeur de celui-ci se faisait valoir aussi par le nombre
d'Olembé (hangar conçu pour les causeries, les
réceptions, les repas collectifs et le règlement des palabres).
L'Olembé est dit en pays Mbochi kandza et en pays
Kongo Mbongui. Il peut porter un nom selon la volonté des ses
adhérents. Celui de Léguangui au village Mvagui par
exemple s'appelait Lekombini (déformation certainement des mots
commune ou combine).
L'Olembé pouvait appartenir à une ou
plusieurs groupes lignagers d'une même origine, devenait ainsi dans ce
dernier cas un groupe lignager villageois dynamique appelé
Kenkon. Cet élargissement du cercle, mettait certains dans des
difficultés de pouvoir fréquenter l'Olembé devenu
populeux. Dans la crainte de tomber dans l'individualisme, l'isolement, la
nécessité de construire un autre Olembé devenait
inévitable.
Le déplacement d'un Olembé ou la
construction d'un nouveau correspondait souvent d'un autre hameau ou village
proche ou loin du premier site.
- Les méfaits de la sorcellerie
Un Tégué, assailli dans son village par de
nombreuses maladies, l'abandonne sous prétexte que les ennemis l'ont
jeté un fétiche. Ces cas furent très fréquents.
Selon certaines sources orales, l'ancien village Mpini qui signifie
d'ailleurs fétiche et qui aurait donné naissance à
l'actuelle terre de KEMPINI(Okoyo) se serait disloquer à la
suite de ces méfaits fétichistes. Les trois villages
BoulinguI, Kemouami, Assingui seraient issus de cette
mésaventure.
Le premier Boulingui ou Boulii
c'est-à-dire qui n'a rien, se serait désolidarisé du noyau
initial Mpini se disant les mains propres, en s'installant ainsi sur
l'emplacement actuel.
Le deuxième Kemouami, Amouami signifiant se
faire des sales idées, se retirer aussi, suite aux mauvaises intentions
fétichistes dont le groupe fut l'objet, d'où création du
village actuel dont les habitants se réclament souvent petits fils
d'Assigui.
Enfin le troisième serait donc Assigui, Assiri
ce qui veut dire les restants, dont les habitants contre vent marée
gardaient le foyer ancestral.
-Les contraintes extérieures
L'émergence 'une puissante
organisation voisine pouvait être à l'origine de multiples
déplacements que connurent les peuples dans le temps. Les incursions des
peuples nouveaux n'en constituèrent pas moins un élément
négligeable de ces mouvements de population.Pour ce cas précis
des Tege, les pesanteurs des Mbeti, des peuples Mbochi et autres sur les
frontières tege furent l'une des causes de plusieurs déplacements
internes des Tege.
L'impact de la traite négrière sur ces
mouvements serait aussi très considérable. Fuyant les chasseurs
d'esclaves, de nombreuses populations durent se refugier dans des zones
à tendance accessible. C'est de cette source, que certains sembleraient
situés le déplacement des Teké des terres du Sud-ouest
d'Ewo vers les Plateaux Koukouya actuels.
Le regroupement des villages, l'ouverture des axes routiers
inter circonscriptions administratives pendant la période coloniale
donnèrent le coup de grâce au foyer initial d'Amaya qui ne reste
qu'un simple vestige historique.
L'ouverture de la route Okoyo-Ewo en 1930,
déplaça immédiatement les villages des terres Oyoa,
Andelys de leur premier site pour les emplacements actuels. Ces
différentes données montrent à suffisance la multitude des
facteurs qui poussèrent les Tege à se déplacer. Et l'on
peut être amené à se demander d'où viennent les
Teké.
De ces migrations téké, plusieurs
hypothèses sont posées. La première soutenue par les
auteurs comme R. Tonnoir, indique que les Téké marchent toujours
de l'est vers l'ouest ou du nord-est vers le sud-ouest sans jamais atteindre la
côte. Le professeur Alianga écrit que les Téké
semblent être sur ces plateaux depuis une date lointaine.
Citant la tradition, il rapporte :
Les Tégué ou les Téké
avaient leur habitat primitif dans le Zaïre (R.D.C). Peuple
nombreux, il est à cheval sur trois pays, la R.D.C, le Congo et le
Gabon. La fraction gabonaise a dû passer par l'embouchure de l'Alima,
qu'elle a remontée jusqu'à la lisière des
plateaux15(*).
La deuxième hypothèse, celles des auteurs
Belges16(*), fait partir
les Tégué de l'ouest vers l'est. De ces différentes
thèses, certaines impressions se dégagent. D'abord, ce qui
paraît certain, c'est l'appartenance des Téké au groupe
bantu. Enfin, les différents mouvements subis par les Téké
vers l'ouest ou l'est, le sud ou le nord. Après avoir contourné
la grande forêt équatoriale, ils se sont installés sur les
plateaux qui portent leur nom.
Cette thèse d'est en ouest par l'embouchure de l'Alima
jusqu'à la dispersion à la lisière des plateaux, de part
et d'autre de ce cours d'eau, pourrait faire penser à l'occupation de
toute la zone de Boundji avec ses noms comme la forêt d'Oyoua, en passant
par des forêts sèches comme Etili, Epüma
(Okouessé) Ondolo, Essami (zone Kempini), Ambou
(Mvouyi ) et tant d'autres encore vers Andelli,
Oyoua.
La thèse du mouvement tégué d'ouest en
est, est symbolisée par le foyer de peuplement Amaya Mokini
vers les terres actuelles d'Andelli, Oyoua, Kempini,
Mvouyi... Cela paraît vraisemblable, mais elle ne l'est qu'à
une petite échelle soit à l'intérieur du Congo.
Par ailleurs, quelques indications sur les Mbede ou
Ombamba pourraient nous permettre d'avoir un petit éclairage
sur les migrations tégué. Les Mbede seraient originaires
du Cameroun (région de Kribi) et auraient gagné la région
de Mbalmayo, avant d'atteindre le Congo à Abolo, près de
Kellé17(*). Des combats avec les Mbochis (la bataille
d'Abolo restée très célèbre) seraient
à l'origine de leurs déplacements vers le sud-ouest congolais et
le sud-est gabonais (Zanaga, Moanda) avant d'être arrêtés
par les Français.
A propos de ces Ombamba, M.L. Perrois
révèle que leur véritable nom serait Ambamba
(Ombama, singulier). Ils sont nombreux au Congo et sont
désignés sous les noms de Mbéti,Mbété,
Ambété, Ambédé, Ambiri18(*).
De ces nombreux heurts, affrontements, échanges et
surtout brassages qui se sont produits entre les Tégués et ces
peuples, quelques traces sont restées perceptibles à travers les
noms comme Lebala, Otogo, Ampini, Abolo, Longa, etc.
Concernant l'installation des tégués Alima dans
leur zone actuelle, il est certain en tenant compte du mouvement migratoire
global téké, qu'elle soit très ancienne. Elle est
intimement liée aux nombreux remue-ménages qui affectèrent
le monde téké, à savoir, le phénomène
migratoire original symbolisé par le parcours est-ouest ou
ouest-est ; l'émergence du royaume Kongo au sud, le grand contact
avec les Mbede ou Bambamba, la pression des peuples Kota,
Kwele, Mbochi, Likouala, etc. Au nord et à
l'est, sans oublier les grands mouvements occasionnés par les
méfaits de la traite négrière et la colonisation. Les
déplacements qui se sont déroulés au niveau des villages
et des clans et ceci dans toutes les directions, constituent des facteurs
déterminants de cette installation des tégués sur les
sites actuels.
Les tégué Alima, constituent la frange
septentrionale de l'ancien royaume téké. Elle est
considérée comme l'une
des « anarchies » du royaume. Pourquoi
anarchie ? Certainement par la distance séparant cette
région à la capitale actuelle Mbé. Probablement
encore, par la position prise par celle-ci par rapport au pouvoir central,
position acquise par sa situation de zone d'échanges inter tribus,
renforcée encore par la traite négrière. Mais, une vision
paraît aussi certaine bien que contraire à la première,
c'est surtout l'attachement du tégués à la cellule, comme
le témoigne la survivance de nombreux faits de civilisation.
Les plateaux Amaya Mokini sont l'un des grands
foyers de dispersion de plusieurs groupes teke .Ces plateaux symbolisent
aujourd'hui un arbre, duquel plusieurs rameaux téké ou
tégué prirent naissance avant leur déplacement vers les
nouvelles terres comme le témoignent ces nombreuses observations.
M. Bonafe, dans ses travaux sur le pouvoir politique chez les
Koukouya, révèle des parentés
insoupçonnées entre les tégué et les
Koukouya19(*).
Dans la même lancée, la tradition orale Koukouya fait
partir Moubié, leur ancêtre fondateur, des rochers
Melokion entre Ewo et Okoyo. Les Koukouya et les
tégué Alima s'interpellent Mwa Mpu
(frère du même village), qualificatif qui ne s'applique
pour tant pas entre les Tégués et les
Mbéti20(*)
par exemple.
Pour ces différents cas, l'on se demande à
quelle date se situerait la séparation entre les deux groupes. Avant ou
après la traite négrière ?. Ces populations ont
dû vivre sur un habitat commun avant de s'engager dans une nouvelle vague
de migration.
3- Divisions du monde tégué
Dans leurs multiples déplacements, les
Tégué se seraient ramifiés en plusieurs sous-groupes
à caractère clanique et lignager. En citant la tradition, les
Tégués se réparties en trois ensembles. A
Tégué a Ndjabi, a Tégué a Mbali,
a Tégué Oyoua. Cette source est très ancienne
certes, mais elle ne fait mention qu'aux Tégué situés dans
l'actuel district d'Okoyo. De nos jours, on distingue plusieurs sous-groupes
tégué à savoir :
- Assi Lecouna : ce sont les Tégué des
villages Ebou, Mbou, Mbouli, Akou, Vaga, Nkori, Okounda,
Opigui, Youlokoyo, dans le district d'Ewo.
- Assi Ebankaya autour des villages Kebili,
Oloua, Okogo, Ossele, Oyendze, Bia, Ngami, toujours le district d'Ewo.
- Assi Ebongue : ils se regroupent autour des
villages : Ekeyi, Ntchouo, Kassala, encore dans le district
d'Ewo.
- Assi Bombo : le centre Ewo se situerait en
pleine terre Bombo sur sa rive gauche de la rivière Kouyou. Il s'agit
des villages Ekeri, Oka, Letoumbou, Aleme, Oyou, Kebouya, Obili,
Ngayi, et Oboko21(*).
Cette division clanique utilisée par la colonisation,
est un phénomène précolonial. Plusieurs
éléments permettent de distinguer ces différents
sous-groupes.
- L'expression : la langue tege reste dans son ensemble
la même mais on sent une certaine variation d'un sous groupe à
l'autre. Sur le flanc est, elle est plus lente, modérée,
cependant vers l'ouest, zone de colline et plateaux, l'expression est plus dure
et saccadée.
Les Tégués de l'est appellent ceux de
l'occident, les `'ASSI NKIGA'' (ceux d'haut), qualificatif lié
au relief plus accidenté et élevé de cette partie.
- L'appartenance pure : comme chez les autres peuples, la
conscience d'appartenir au même groupe est très manifeste chez
tous membres. Ainsi constate t - on dans ce milieu tégué, cet
esprit d'authentiques représentants et qui repoussent les faux. Ainsi
`'les faux NDJABI'' sont considérés par les vrais comme
les ASSI MBALI ; les faux ASSI MBALI des ASSI
OYOUA, les faux ASSI OYOUA des ASSI KEMPINI ou MBOCHI,
ainsi vis versa.
II- ASPECTS SOCIOCUTUREL DU MONDE TEGUE ALIMA
II- 1- Le nom en pays Tégué
Alima
Par définition le nom est le mot ou groupe de mots qui
sert à désigner un être ou un objet pour le distinguer des
autres êtres ou des autres objets, soit de la même espèce,
soit d'un même ensemble plus vaste.
Tout chez les Tégué porte un nom. Chez
les humains comme dans la nature, on trouve une multitude de noms : de
guerre, de commerce, de danse, de chasse, de pêche,
d'élégance voire même de sorcellerie et bien d'autres
encore. Ici, l'individu c'est le nom ou vice versa. Il se définit
par celui-ci. Ainsi, le nom rattache l'être
tégué à son ascendance ou descendance. Un homme sans nom
serait isolé et ne pourrait bénéficier d'une protection de
ses ancêtres. Le nom est profondément polysémique en milieu
tégué. Il est attribué ou s'attribue sans
cérémonie extravagante. Il s'agit d'une simple convenance
personnelle, des parents, des amis ou des adversaires. Beaucoup
d'éléments interviennent dans le choix du nom parmi
lesquels :
- Les événements heureux ou
malheureux survenus dans la famille : Ontsiribira (le
dernier), Mvoulassouma (le racheté).
- Le rang social des parents : Ngouakoumou (la
mère des nobles), Minangô (les dents de la
panthère, signe de noblesse).
- L'élément distinctif de l'enfant,
Ossouala (le beau),Mvoulou okouna (le gros).
- Le comportement, les attitudes, ovema Tsu (bon par
jour), Apala (le brutale), Obolo (le paresseux) .
- L'objet qui retient l'attention de l'enfant, Olangui
(bouteille).Okia (filet)
- Le lieu de naissance : Aboulo tsé, Aboulo
ngo (ne en savane)
- Les allégories Akouloto (l'abandonne)
Mbele mvoulou(la haine de la personne)
- Les Jumeaux et tous ceux qui les suivent portent les noms
particulier : Koumou, Mpea
Ndila.
A l'âge de la vie active, l'individu reçoit ou
s'attribue un deuxième ou troisième nom selon l'activité
qui confirme ses capacités ou ses maladresses. Un grand buveur de
l'alcool peut s'appeler Ndzouhi (l'abeille), un grand pêcheur
ossoho (pêcheur), kempini kaanda obé (kempini
des mauvais).Ainsi donc, le groupe tegue comme tous les autres groupes humains
portent un nom, celui-ci, est une volonté interne de s'attribuer ou une
appellation des peuples voisins.
II-2- Origine de l'appellation Tégué
Le terme tégué n'est pas loin de
téké, tout juste une simple gymnastique linguistique. En usage de
nos jours, les traces de ce terme sont très peu trouvables
dans les notes européennes de la première vague (XVe
siècle). De nos jours, on retrouve les populations qui portaient
des appellations voisines des : Antse Ntseyi, Anzikou. Dans la
partie septentrionale, zone de contact avec les Mbochi, le terme
Anzikini est utilisé par ces derniers pour désigner les
Tegue Alima. Dans le milieu téké, le terme
téké ou tegue renvoie au
verbe« vendre »22(*). Cette communauté se serait-elle
appelée ainsi par les voisins du nord et du sud, à cause de son
rôle de commerçant pendant la traite
négrière ? Surtout qu'avant cette période, les traces
de ce nom paraissent introuvables. Ce caractère commercial paraît
plus raisonnable, comme le témoigne certaines observations des premiers
européens de la deuxième vague. Dusselje disait du Tegue, qu'il
était commerçant dans l'âme et qu'il avait vu
dans l'Européen non un ennemi, mais un commerçant qui lui payait
des produits plus cher que son frère Balali23(*).
Bobéchon rapporte qu'au début du siècle
des commerçants tégué désirant se procurer de
l'ivoire, empruntaient encore la piste Okoyo - Mboko24(*). Quant à Mgr Adam, il
rapporte que le nom tégué viendrait du verbe
Otegue (acheter, vendre)25(*)
P. S. de Brazza appréciait tant les
Tégués Alima qu'il les jugeait particulièrement
aptes aux activités commerciales à la faveur des quelles il
voulait civiliser l'Afrique26(*).De nombreuses pistes commerciales traversaient le
pays tégués du nord au sud et de l'est à l'ouest. De
Brazza aurait même emprunté l'une d'elles en direction du nord en
1878 après sa bataille contre les Bafourous sur l'Alima en
187527(*).
Dans ce même cadre commercial, un autre constat
s'impose. Du grand groupe téké, seuls quelques sous groupes ont
gardé le nom du groupe mère, parmi lesquels les
Téké d'Empila, et Tégué Alima. Tous ces
deux groupes, de par leur position géographique, occupent des points
commerciaux stratégiques dont le rôle joué dans ce commerce
post colonial fut très important.
Les Téké d'Impila dans la zone du
Stanley Pool, lieu de rupture de charge sur le fleuve Congo et point de
départ de la piste des caravanes vers l'atlantique.
Les Tégué Alima dans la haute Alima,
lieu privilégié pour atteindre la côte gabonaise par
l'Ogoué, après réception des produits des pays Mbochi,
Mboko, Bakota..., ou en empruntant la piste de Lekana avant d'atteindre
les pays du Niari.
Si cette source commerciale liée à l'Europe
paraît plausible, l'on se demande comment s'appelaient les Tege
avant la traite négrière, surtout que les traces de leur nom
ne se retrouvent presque pas dans les notes des européens de la
première vague. Au tant de questions qui méritent des
études plus approfondies. Mais en tout état de cause, le commerce
n'est pas seulement le fruit de l'Européen comme en témoignent
plusieurs traces des relations commerciales avec ses voisins des quatre points
cardinaux. Une autre hypothèse est celle qui rapproche le nom tege de
tagui, Atangui, (la fesse, les fesses), dans le sens de lignage.
Exemple la phrase suivante : « Tagué l'Awè,
l'Ema » ? (de quel lignage es-tu ?). Les Tege
auraient-ils conservé ce nom pour marquer leur attachement au grand
lignage téké ? La question mérite d'être
posée.
II- 3-Les autres appellations des Tege
- Le Terme Djikini : les
différentes hypothèses
Ce terme est beaucoup utilisé par les Mbochi
pour désigner leurs voisins Tégué Alima ou
téké. Simple gouaille ou nom réel ? Selon Mgr Adam,
les Andjinigui pourraient bien avoir conservé le nom des
anciens Téké Anzika28(*).Si physiquement, les Tégué Alima
sont différents des Nzikou de Djambala, ils ont
néanmoins des moeurs et des coutumes, identiques, remarque DUSSELJE
ELSO29(*).
.Une autre source révèle que le terme
Djikini dériverait des mots (Djii =
témérité, esprit guerrier). Comme le reconnaît E.
Dusselje, le Tégué reste toujours sur ses gardes et ne
quitte jamais ses couteaux et lances. Dans le domaine des transactions
commerciales, le Tégué a eu beaucoup de contacts avec
ces voisins de tous les horizons. Avec les pays Mbochi, les
termes Okwa30(*) sacré en Mbochi qui
désigne le Nta pagne de raphia tégué prouvent les
liens commerciaux étroits entre ces deux peuples. Chez les
Tégué, le terme Djii désigne aussi
monnaie et Nkini signifie « peu ».
Djiikini veut dire peu de monnaie, donc moins cher31(*).
Ces deux termes furent très usuels dans les relations
commerciales des Teke avec ses voisins de l'est. Le terme Djiikini
aurait paru très fréquent, très employé par
l'acheteur - vendeur qu'était le Tégué. Avec la
civilisation moderne, s'ébranlait ce négoce qui plaçait le
Tégué en position privilégié. Le
Djiikini, tant utilisé par le Tégué, fut
certainement retourné contre lui en signe de raillerie, stigmatisant par
ce fait sa barbarie, sa sauvagerie32(*).Ce dernier revirement ne fut guère
appréciée par le Tégué qui
jusque-là ne cesse de marmonner chaque fois qu'il est traité
ainsi par ces voisins.
Mais, on s'interroge aussi sur l'inexistence de ce mot dans
les rapports commerciaux entre les Likuba et les
Tégué .Somme toute, le nom, qu'il soit
attribué ou donné, apparaît dans la majorité des
cas, comme une expression conjuguée d'une image quelconque. Une chose
est certaine, de nos jours, aucun groupe tégué ne se dit
Djikini.
DEUXIEME PARTIE :
LES CROYANCES TRADITIONNELLES TEGE ALIMA ET LE
CHRISTIANISME
CHAPITRE III : DEFINITION DES CONCEPTS
I- Les croyances traditionnelles
Tégué
D'après le dictionnaire, le petit Larousse 2001, le mot
croyance est un mot qui se définit comme le fait de croire à une
vérité ou à l'existence de quelque chose. C'est faire
confiance à un être plus puissant, surnaturel.
Une autre source33(*), définit la croyance comme avoir foi à
l'existence d'un être (ou d'un principe) supérieur réglant
la destinée du monde en général et de chaque individu en
particulier.
Il existe dans le monde tégué un grand nombre de
croyances donc de systèmes de pratiques résultant chacun d'une
conception particulière de la divinité et unissant ses
adeptes : exemple : le Djobi, l'Ongala, l'Andoukou, etc.
-La tradition
D'origine latine traditio de tradere
(livrer), la tradition se définit comme étant la
transmission des doctrines, des légendes, de coutumes sur une longue
période. Elle constitue un lien entre le présent et le
passé et se transmet ainsi de génération en
génération d'une façon orale ou écrite. L'ensemble
de ces témoignages oraux ou écrits à savoir
légende, mémoire, chronique, intéressent l'historien.
Les croyances et pratiques religieuses traditionnelles
occupent une place très importante dans la société
traditionnelle tégué Alima surtout dans les villages où
la vie moderne est moins influente. D'emblée, avant l'arrivée des
missionnaires, c'est-à-dire, avant que les missionnaire
pénètrent le sol congolais pour annoncer la Bonne Nouvelle de
Dieu, le monde tégué avais ces croyances et pratiques religieuses
dites traditionnelles34(*).Aux centre de ces pratiques religieuses figurent le
Ndjobi, le Culte des Ancêtres, l'Ongala, l'Andoukou, etc, c'est
sur quoi nous essayerons d'aborder.
1- Le Ndjobi
En raison de sa dimension ésotérique voire
sécrète, l'histoire du Ndjobi est difficile à
relater exhaustivement. Certaines sources expliquent les origines du
Ndjobi par la déliquescence des premières
sociétés initiatiques et sécrètes35(*). Pour d'autres par contre, le
Ndjobi fut la réponse des colonisés Mberé,
Tégué à l'administration coloniale et
religieuse36(*).C'est pour
cette raison que sa création était un secret en raison des
pressions coloniales et missionnaires.
D'origine Mberé et le Djobi est
importé en pays tégué Alima qui en ont fait
une tradition religieuse. L'initiation au Ndjobi est très
sélective. La décision, le choix et l'obligation sont les trois
critères d'initiation. La discrimination des femmes et des jeunes gens
jugés immatures était la conséquence de la rigidité
des lois du Ndjobi. Dans le Ndjobi moderne, l'initiation est une
adhésion libre et constitue pour l'adhérent l'affirmation d'une
charge sociale. Le respect des principes est strict. Par contre,
l'adhésion peut avoir un caractère obligatoire si les causes
d'une agression ne trouvent pas d'explications précises.
Dans ces sociétés secrètes, l'initiation
des femmes n'est pas autorisée. En effet, la femme est
considérée comme « dangereuse »37(*), car jugée
détentrice des puissances nuisibles. C'est ainsi qu'elle n'est pas
acceptée dans cette caste des initiés. Selon eux, elle
possède des pouvoirs d'anéantissements certains. Sur le fait,
Martin ALIHANGA38(*)
(1976), souligne deux raisons fondamentales du refus des femmes dans ces
sociétés secrètes :
- La symbolique des menstrues dans les pratiques rituelles et
le rôle des femmes dans les sociétés agraires et
matrilinéaires.
- La non admission des femmes se rapporte à la
volonté des hommes afin de prouver leur virilité par les faits
surnaturels et culturels et de préserver cette force
remarquable.
En cas d'interdit par la femme, la règle de
remplacement est appliquée. La femme est remplacée par son fils,
« la tante par son neveu, la soeur par son frère quel que soit
son âge39(*).
Dans cette tradition religieuse, la vie humaine est
sacrée et respectée. Ce principe s'oppose au sacrifice humain,
aux attaques contre l'intégrité de l'individu. Il repose sur la
protection surnaturelle de la contrée tege. Par contre, ce même
principe vise à anéantir sans merci le déviant. Deux
principes sont observables pour le respect de la vie humaine.
-L'égalité de tous, devant le Ndjobi et
la rigueur de la sanction du déviant.
-Ainsi, un homicide et une atteinte à
l'intégrité de l'homme sont passibles de mort40(*).
- La neutralité du Ndjobi
Contrairement à la vengeance qui solutionne un homicide
volontaire par une « violence institutionnalisée »,
la neutralité harmonise les attitudes entre les initiés et les
non initiés. La neutralité au sein du Ndjobi comporte
les concepts suivants : la sentence, l'impartialité dans
l'évolution des cas sociaux et des attitudes humaines, et surtout au
prorata de la punition. Elle se présente dans cette perspective comme
une assurance de supériorité surnaturelle. Elle établit
aussi la règle de l'égalité entre les personnes sans
discrimination devant le Ndjobi. Sa responsabilité sociale
place en évidence l'intérêt de l'assistance mutuelle entre
les membres d'un clan et leur fonction dans la maîtrise de l'unité
sociale. Voilà pourquoi l'individualisme est considéré
comme un mal social qui ne peut pas s'harmoniser avec la culture tege ou
africaine de façon générale. La responsabilité
sociale provient de la solidarité entre les membres d'un lignage dans
toutes les peines de l'existence. A titre d'exemple, un homme remplace une
femme pour une initiation au Ndjobi.
Tout comme les autres religions ou pratiques, le Ndjobi est
doté d'un ensemble de préceptes, d'interdits, de
précautions et de sanctions circonscrivant le champ de son usage par les
types de rapports entre l'initié et le néophyte. Le
Ndjobi a ses interdits et se base sur des commandements qui se
présentent de la manière suivante :
1- Tu n'auras pas d'autres « pouvoirs »
à côté du Ndjobi
2- Tu ne prononceras pas le nom du Ndjobi en vain, si
non des conséquences graves et immédiates s'en suivent.
3- Honore tes parents.
4- Tu ne tueras point, ni par sorcellerie, ni par coup de
sagaie.
5- Tu ne commettras point d'adultère.
6- Tu ne connaitras point ta femme en brousse sur le sol.
7- Tu ne déroberas point.
8- Tu ne maudiras pas ton prochain.
9- Tu ne mentiras point.
10- Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain, ni sa
femme, ni son abri41(*).
Ces commandements sont complétés par quelques
observances : il est interdit à un non-initié de manger la
viande sacrifiée par le Ndjobi, excepté celle du
cabri42(*).
Ces commandements sont ils un simple calque des règles
bibliques ! Étaient-ils présents dans les
sociétés tégué précoloniales ? Est-il
que le bien et le mal étaient bien ressentis dans les traditions
culturelles tégué? La civilisation Tégué
était marquée par les vertus et les vices. L'existence des bons
et des mauvais dans cette société est une preuve non
négligeable ; la justice tégué en fait foi.
Selon W. RAPONDA, Dieu est considéré par la
population Ndjobiste comme l'unique Etre et Suprême, Grand architecte de
l'univers, Créateur et Maître de toutes les choses. Ils situent
Dieu en dehors de ce que l'on appelle habituellement le monde visible et
invisible des humains. Sur un plan totalement différent de celui des
esprits et infiniment plus élevé43(*).Dieu est le contenant suprême alors que les
esprits ne sont que des contenus. Dieu est une réalité aussi
indiscutable que sa propre existence. Mais une réalité que nul
n'aurait l'idée d'anthropomorphiser. C'est la loi éternelle
régissant tous les phénomènes de l'univers44(*).
Les Ndjobistes Tégué ne s'adressent qu'aux
ancêtres qui sont les intermédiaires entre Dieu et les hommes.
Dans la langue tégué, il ya un terme spécial pour
désigner Dieu : Ndzami. Ce dernier n'est jamais
responsable d'un malheur. On ne lui rend pas culte parce qu'il n'a pas besoin
d'offrandes des hommes. Il possède tout et est le maître de
l'univers : du ciel et de la terre45(*).
Les Tégués honorent les esprits des
Ancêtres pour obtenir leur faveur et se mettre à l'abri de leurs
« mauvais coups ». Ils considèrent que c'est
Ndzami qui charge ces esprits de pourvoir aux besoins particuliers des
humains ; ils pensent que l'intervention de Dieu est partout sous-jacente
à tout acte de culte rendu aux âmes désincarnées.
Les Ancêtres intercèdent auprès des divinités au
profit des hommes. Selon B.NANTEL, ils sont :
Les fondateurs des institutions et les
protecteurs de la société46(*).
- L'attrait du Ndjobi
Des gens déboussolés et avides de protection
sont souvent attirés par la renommée de la puissance du
Ndjobi et de la beauté de sa danse nocturne et ses chansons.
C''est un moyen pour eux de se faire admirer en dansant afin de gagner une
certaine renommée. Des gens y adhèrent pour être
soignés de toutes les maladies et pour protéger leur vie contre
les sorciers. Ils sont attirés aussi par la sécurité et le
pouvoir que procure le Ndjobi face aux mauvais esprits.
Par ailleurs, L'accueil chaleureux, le courage des
initiés, les guérisons réalisées par la
société attirent beaucoup de familles. Si l'on veut
connaître le responsable des décès dans la famille, les
membres éprouvés consultent le Ndjobi, afin. Et si le
présumé coupable infirme le verdict, la grande messe est dite par
les grands initiés contre cet inconnu, porteur de malheur.
Le Ndjobi concerne autant la socialisation, la lutte
contre la sorcellerie, le contrôle social que le
règlement des conflits, les relations entre les individus. Il
existe d'autres pratiques traditionnelles et religieuses très proches
sinon identiques au Ndjobi. Il s'agit de : Ongala, Ngaabie, Bounigui,
Andoukou. Elles sont toutes d'origine forestière et c'est dans les
forêts que sont placés leurs lieux de culte. Ces lieux sont
appelés par les Tégué Kouyi ou
Nkobe.
La situation géographique de ces lieux cultuels par
rapport au village est symbolique et révélatrice du rôle
que leur confère le système institutionnel tégué.
En effet les lieux cultuels sont toujours situés en dehors du village
à 800m ou 2km dans un bosquet ou dans la forêt. Cette distance
avec le coeur du village donne l'impression d'une institution exclusivement
dangereuse et sectaire, renforçant son caractère
ésotérique. Elle lui confère surtout un caractère
transcendant comme si les sociétés initiatiques et
secrètes étaient des créations divines. D'où une
certaine appréhension de ces lieux cultuels, même inusités,
de la part des non-initiés.
Ces Engaa essoula (pratiques forestières) dont
certaines sont inaccessibles aux femmes et jeunes (Andoukou, Bounigui)
de par la rigidité de leurs lois, réglementent la vie des
Tege47(*). Cette
rigidité assure à la fois protection et représailles. Les
biens de Nga Ndjobi ou autres sont piégés.
Ils ne peuvent faire l'objet d'une utilisation quelconque sans l'autorisation
du propriétaire. Des habits aux biens matériels, voire la femme,
tout est piégé. L'infortuné peut tomber malade. Et l'on
peut le reconnaître par le ballonnement de son ventre, l'enflure de ses
pieds. Le traitement se fait grâce aux plantes de la forêt et au
sacrifice du cabri pour le Ndjobi et le poulet pour les
autres.
- Le culte des ancêtres
Le culte est l'ensemble des cérémonies par
lesquelles les fidèles d'une religion déterminée rendent
hommage à Dieu et, éventuellement aux Saints. Ici en pays tege,
l'hommage aux ancêtres est caractérisé par les offrandes
qui leur sont destinées. Il assure la communion permanente avec les
esprits ancestraux et permet de maîtriser, de consolider les liens du
clan dans le système lignager. Cet hommage aux ancêtres est rendu
dans plusieurs domaines de la vie du tégué alima. Il est rendu
par les vivants aux ancêtres défunts par des rites
appropriés et parfois par des sacrifices : libation,
dépôt de vin, des habits derrières les maisons ou sur les
tombes.
A ce propos R. LUNEAU écrit :
Presque partout en brousse africaine, on ne boit jamais
de vin de palme ou de bière de mil sans verser quelques gouttes à
terre pour les défunts, on n'évite de jeter de l'eau chaude sur
le sol de la case pour ne pas brûler les âmes des défunts
favorables48(*).
Il convient de signaler que certains rites accomplis, comme
libations sont des symboles de solidarité, de communion, de souvenir, de
respect envers les aïeux, mais aussi un moyen de se procurer une
fortune auprès d'eux. L'oubli des ancêtres peut avoir
des conséquences néfastes dans la vie ordinaire du
tege. Malheur, malchance, infécondité, insuccès dans les
affaires peuvent affectés l'oublieux. Chaque famille ou clan à
traditionnellement des personnes pour accomplir ces rites.
Selon les besoins de chacun ou de la contrée, ces
cultes permettent aux vivants d'obtenir toutes sortes de grâces. Dans ces
pays tégué, l'assemblée générale
dite Omouoni Kemouoni était un moment favorable pour
demander aux ancêtres les belles récoltes, la bonne floraison des
arbres fruitiers ou des belles saisons de chenilles.
Les ancêtres peuvent, parfois, par le canal d'un
`'voyant'' du village nécessiter aux vivants ce dont ils ont besoins. Le
non observation d'une telle demande où d'offrir un tel sacrifice peut
entrainer à des conséquences négatives. Et l'on peut
assister à des cas d'envoûtement, de stérilité ou de
grandes épidémies qui s'abattent sur la contrée.
Certains auteurs ont vu dans ce culte, des analogies avec les
dévotions envers les saints. C'est ainsi que les ancêtres sont
considérés comme les « Saints de nos
famille »49(*).
Le Pape Benoît XVI a lui aussi comparé ce culte des
ancêtres au culte des saints :
L'Eglise Catholique, souligne a beaucoup de choses en
commun avec les religions traditionnelles africaines. Disons que le culte des
ancêtres trouve sa réponse dans la communion des saints, dans le
purgatoire. Les saints ne sont pas seulement canonisés, ce sont tous
nos morts50(*).
Autant les prénoms des chrétiens sont des
saints, les noms des Tégué sont de leurs ancêtres. Le lien
est très étroit entre les vivants tégué et les
morts qui sont à la fois leurs intercesseurs, protecteurs et Anges
gardiens. C'est ainsi que le culte n'est rendue qu'aux ancêtres qui ont
eu une vie exemplaire sur cette terre. Ils méritent de l'être
vénérés et d'être considérer comme des morts
- vivants. Un sorcier ne peut pas faire partie de la catégorie des
ancêtres, tandis qu'un bon Nganga, Ngâa (féticheur
ou guérisseur) est invoqué pour solliciter ses services
salutaires.
Le fétichisme
Le mot fétiche vient du portugais feitiço
ou fetisso qui signifie « artificiel » par
extension « sortilège » étant lui-même
issu du latin facticus qui a donné le mot français
factice. En fait le terme feitiço désigne en portugais
le fétiche l'envoûtement, le sortilège. C'est de la
même famille qu'appartiennent feiticisme qui signifie
fétichisme, et feicista qui désigne ainsi l'ensemble des
croyances des pays du sud Sahara51(*).
Amadou Hampate Ba, lors de la rencontre internationale de
Bouake (Côte-d'Ivoire) sur les religions traditionnelles africaines a dit
ce qui suit :
Les diverses formes de croyances des africains au sud de
Sahara ont été dénommées par des missionnaires des
confessions révélées ou parades sociologues et des
ethnologues occidentaux, de totémisme, fétichisme, paganisme
voire polythéisme. Ces qualifications de plus en plus décadentes
sont remplacées par un substantif plus propre et c'est
l'animisme52(*).
Le féticheur dans la société
traditionnelle joue un rôle important. Il est à la fois
prêtre et médecin. Comme prêtre, il joue d'intercesseur
auprès des ancêtres afin d'obtenir quelques grâces. En
réalité le féticheur a plusieurs rôles :
- D'abord celui d'intercéder auprès des
ancêtres afin d'obtenir pour les vivants une faveur quelconque ou la
réponse à un problème.
- Ensuite celui de soigner ou de guérir une personne
malade ou de la délivrer des envoûtements et mauvais sorts.
- En outre celui de détecter l'avenir des individus et
celui de désigner le coupable (le causeur du mal) en cas de
malheur dans une famille ou dans un village.
Comme médecin, il soigne et guérit certains maux
à base des éléments naturels (plantes,
herbes...). C'est un homme doué d'un certain savoir. C'est pour ces
multiples raisons que le prêtre est appelé dans la
mentalité populaire congolaise Nganga Nzambe,
(le guérisseur de Dieu). Autrement dit, celui qui agit au nom de Dieu.
Cette distinction a pour but de différencier (le ministère de
Christ) du simple Nganga (féticheur) ou prêtre
traditionnel53(*).
A ce propos, L. Ngomo Okitembo écrit :
Dans un univers aussi religieux que le notre, peuple
d'ancêtres et d'esprits, où les hommes dans leurs multiples
tourments, cherchent des solutions concrètes, l'image du
prêtre guérisseur, exorciste, rencontre une attente impatiente de
la population54(*).
Ces Nganga étaient beaucoup
fréquentés. Les Tégué Alima, très
croyants ont une considération très distinguée de ces
Ngâa. Le Tégué ne meurt pas de bonne mort, c'est
une croyance absolue. Sa mort s'explique toujours par les pratiques d'un
sorcier. C'est pour ces raisons que la fréquentation de ces
Ngâa était très régulière.
On y allait soit pour se consoler d'un mal, pour se soulager
des différents problèmes de la vie, (songes, malheur) ou pour se
soigner. C'était la religion la plus répandue en pays
tégué et ils croyaient fortement. Le Tege assailli dans son
village par de nombreuses maladies, l'abandonne sous prétexte que ses
ennemis lui ont fait l'Ongâa (le fétiche).Tous les
problèmes de la nature sinon de l'univers y trouvent leurs explications
dans cette religion. C'est ainsi qu'on y rencontrait plusieurs
spécialistes dans des domaines divers (la pluie, la chasse,
la pêche...).
Ils sont très vénérés et occupent
une place de choix dans cette société. Ils pouvaient être
consultés à domicile, comme se déplacés dans des
lointains villages sous invitation des populations concernées. Plus
près de nous, dans les années 1958, un certain Alphonse
appelé par les indigènes de l'alima Tsaka-tsaka avait
acquis une grande renommée pour ses pratiques de protection des
villages.
- La sorcellerie
Quelques mots sur la sorcellerie pour montrer la
diversité de la culture tégué. Elle se définit
comme le pouvoir supposé de mettre en oeuvre des puissances
occultes, notamment en usant les maléfices, les sortilèges.
La sorcellerie, Oloho en tege alima, signifie aussi
mauvaise foi. Elle est considérée dans la société
comme une déviance et un danger social. Pour le Tégué
Alima, le sorcier, est un homme en apparence semblable aux autres mais
secrètement doté de pouvoirs extrahumains et responsable de
malheurs qui frappent ses proches.
C'est un phénomène répandu auquel les
indigènes tégué y croient fermement, malgré
l'incroyance des blancs missionnaires. Cette pratique magique peut se faire
tant durant le jour que la nuit. Appelé sorcier, il a deux
rôles dans la tradition religieuse tégué :
- « Il protège les hommes et le village
contre tout danger de terre, des eaux, de l'air dont il devient
désormais le maître »55(*).
- « Il guérit plus qu'il ne
tue ».
On devient sorcier soit par initiation, soit par transmission
héréditaire. Les sorciers sont
généralement les mauvais féticheurs au sens négatif
du terme parce qu'ils sont craints.
- L'Onkira
L'Onkira vient de Nkira, le génie des
eaux. Ainsi se définit-elle comme étant la croyance à
ce génie. Elle est aussi, la pratique
traditionnelle tégué du culte rendu aux jumeaux. L'onkira, culte
du génie des eaux ou des ancêtres .Ces deux pratiques sont
très répandues dans le monde tégué et restent
encore très vivaces de nos jours malgré la présence de
plusieurs églises à tradition occidentale.
De certaines sources56(*), la tradition onkira est très ancienne et
serait de souche téké. Elle aurait pu atteindre les
Tégué Alima par le canal des peuples Baboma et Antsi - Ntseyi eux
aussi téké. Comment se pratiquait son culte et comment devenait -
on adeptes ?
Comme plusieurs pratiques ancestrales tégué,
l'onkira est constituée des lois et mystères liées aux
respects des ancêtres.
L'adhésion ici n'est pas volontaire. Elle est le plus
souvent la conséquence d'une forte maladie qui secoue l'individu. Se
débattant dans la recherche de sa guérison,
l'intéressé bénéficie du secours de ses
ancêtres qui non contents de la probable mort prématurée
de leur parent, réagissent en détournant cette maladie en onkira.
Le `'malade'' devient très agité, parfois
comparable au malade mental, poussant des cris semblable aux aboiements des
chiens. Il rentre en transe et autour de lui apparait l'ectoplasme grâce
à la quelle les Esprits peuvent se manifester en lui.
Il se refuge dans sa case et creuse un trou assez profond dans
lequel il séjournera pendant plusieurs semaines voire des mois.
Dans cet état, on dit vulgairement qu'il est
rentré dans Oloumou. Son langage se déforme et
l'expression devient plus compliquée. Il s'exprime dans un langage plus
proche du Baboma. Le Nga Nkekira, c'est comme ça
qu'on l'appelle, il s'habille de tissus de raphia orné de la tête
aux pieds des morceaux de tissus rouges vifs attachés autour.
Dans la majorité des cas, il devient un voyant. De par
cette position, il est très consulté pour connaître
l'origine de certains phénomènes malsains. Dans ce culte, on
trouve plus de femmes que des hommes. Les hommes qui pratiquent ce culte sont
soit des guérisseurs ou des grands joueurs du Gombi cithare
traditionnelle, très utilisé dans la danse d'onkira. Le malade
ayant passé plusieurs semaines dans cet d'isolement, est
libéré après avoir remplis toutes les conditions. Il
arrive que certaines espèces de cauris d'origine maritime soient
enlevées du sous - sol du malade. Les origines de ces cauris sont
attribuées aux ancêtres et au génie des eaux. C'est
là une des formes pour devenir adepte ou malade de l'onkira. L'on peut
devenir aussi adepte de l'onkira par déperdition dans la forêt
pendant plusieurs jours et rentré ensuite à la maison dans un
état de transe avant de rentrer dans l'oloumou57(*).
L'onkira est aussi, le rituel réservé
à la célébration des jumeaux. En pays tégué,
la naissance des jumeaux passe pour un bonheur mais un bonheur redouté.
Leur entretien est entouré de plusieurs cérémonies. Ils
sont appelés aussi Ayara (pluriel) et Yara (singulier)
et leur culte Oyara58(*).
Aussitôt arrivés au monde, l'on se contente de construire un
enclos spécial, où les jumeaux seront parqués
jusqu'à ce qu'ils sachent marcher.
Durant tout ce temps, le respect strict de plusieurs lois tant
naturelles qu'humaines est observé par les parents et les autres
individus. Par exemple, quand on parle aux jumeaux, il faut s'adresser aux
deux, ou alors, si l'on veut d'un, il faut demander des excuses à
l'autre. Pas de cadeau à un seul des deux, jamais un habit
différent jusqu'à l'âge de 15 ans. Les parents des jumeaux
sont très respectés dans la société. Ce sont les
Tara Ayara (pères des jumeaux) et Ngou Ayara
(mères des jumeaux). La danse de célébration du rituel des
jumeaux s'appelle Oyara. Cette danse est considérée comme la
mère de toutes les danses. Et c'est elle qui a donné naissance
à la célèbre danse tégué Olama, au village
Mvagui dans le district d'Okoyo.
Le caractère sacré des jumeaux, son culte s'est
considérablement manifesté par la multitude des naissances
observées. Cet état de considération a abouti à la
constitution d'une confrère mixte pour faire face aux problèmes
posés par les jumeaux à savoir, la maîtrise de certains
aspects liés à leur vécu comme l'interprétation des
rêves, la phytothérapie inhérente aux maladies qui leur
sont attribués (maladies des yeux, des jambes), leur pouvoir magique
(protection des parents, grands donateurs des biens).
Ainsi se constitue progressivement toute institution des
connaisseurs de l'onkira tégué auquel appartenaient les jumeaux
et leurs parents. Aussi naquit dans cette vénération des jumeaux,
un calendrier et l'attribution des noms. Okwoyo et leur jour. Tous
ceux qui appartenaient à l'onkira, cette nouvelle confrérie
devaient observer un repos obligatoire. Rien est absolument rien ne devrait
s'exécuter sous peine d'attirer des méchancetés ou des
malchances cruelles.
Bien que supprimé par les missionnaires
chrétiens au profit de dimanche jour de Dieu, ce jour Okwoyo
est resté très vivace dans la tradition tégué
auquel s'ajoutait le véritable jour de repos pour tous
Odoua.
L'attribution des noms on la part de ceux - ci permet de les
distinguer des autres, de reconnaître le premier né qui est
Nkoumou et Mpea le second. Celui qui suit les jumeaux dans
l'ordre de naissance est appelé Ndzilla.
II- Le monothéisme
Créateur et le pilier du
monde. Il domine sur tout. Dieu est donc à la fois
« transcendant » et
« immanent ».Contrairement au polythéisme, le
monothéisme est la doctrine qui n'admet qu'un seul Dieu. La
société tégué alima traditionnelle est
fondée sur une vision particulière : Dieu est
essentiellement Esprit. Il est le
Le Tégué Alima appelle Dieu par le terme
Nzami59(*). Il est au dessus de tout. Sous lui il
y a les esprits ; d'abord ceux des ancêtres, puis des
divinités, ensuite les puissances mystiques agents de la sorcellerie, la
magie. Enfin il y a des charmes, les gris-gris, les amulettes, les talismans.
Dans ce monde, l'homme appartient à la société et pour
cela participe aux croyances, cérémonies et rituelles ; car
c'est dans cette communion collective que le Tégué trouve son
refuge.
Le Tégué Alima reconnaît certes
Nzami, le Dieu supérieur, mais dans ses pratiques, ses rituels,
il émet plus l'accent sur les esprits des ancêtres, les
divinités, les puissances mystérieuses, les génies
(Nkira, déesse des eaux et des montagnes). Pour cette raison,
son monothéisme paraît difficilement perceptible.
1- Le Christianisme
Le christianisme, comme nous l'enseigne l'histoire,
c'est une religion qui se fonde sur la personne et l'enseignement de
Jésus Christ. Le christianisme se base donc sur la
révélation divine inaugurée par l'ancien testament et
pleinement manifestée dans l'enseignement (la bonne nouvelle) de
Jésus Christ, Fils de Dieu et sauveur du monde. Progressivement, le
christianisme élabore une foi commune centrée sur la
trinité, l'incarnation et la rédemption. Agité par de
nombreuses crises doctrinales aux IVe -
Ve siècle, il connu de profondes divisions. Les Eglises
orientales (XIe siècle) puis protestantes
(XVIe siècle) se détachèrent de l'Eglise
romaine. Le XXe siècle est marqué par des
tentatives d'union des chrétiens dit (oecuménisme).Cette religion
planétaire n'a pas épargné les terres africaines.
- Les débuts du christianisme au
Congo
Les débuts du christianisme ou mieux de
l'évangélisation au Congo remonte au XVème siècle
jusqu'à la première moitie du XVIIIème siècle pour
la première phase .C'est l'époque des premières
contacts entre le royaume kongo et le monde occidental. C'est au cours de cette
époque que l'Evangile est annoncé par les premiers missionnaires
dans les contrées situées le long de la cote Atlantique et
Indienne. Ces années n'étaient que des tentatives
d'évangélisation et non l'évangélisation proprement
dite. La période qui va de 1880 à 1960 qui marque le début
et la fin de la colonisation est l'époque dite de
l'évangélisation du Congo. A cela nous commencerons par
l'évangélisation du royaume kongo ensuite du Congo.
- Evangélisation du royaume Kongo
Lé royaume Kongo fut fondé par Nimi Lukeni, le
premier roi historiquement connu du royaume. La célébrité
de ce grand royaume atteint son apogée avec la pénétration
portugaise au XVe siècle. Mais le royaume s'était
déjà constitué autour du
XIIIe siècle selon les informations données par
certains historiens60(*).
D'autres ; par contre ; situent la fondation du
royaume vers la deuxième moitié du
XIVe siècle. En dépit de ces contradictions le
royaume Kongo est le plus connu de tous les royaumes des pays du sud Sahara. Le
royaume Kongo qui avait pour capitale Mbandza Kongo avait pour chef
Mani Kongo. Le royaume était bien organisé, bien
structuré. Il était divisé en six provinces à
savoir : Mpemba, Mbata,Soyo, Mbamba, Nsundi, Mpangu. Chaque
province avait à sa tête un chef, représentant du Mani
kongo. Le roi dans sa cour avait un gouvernement61(*).
Le royaume comprenait l'espace de trois pays actuels issus de
la conférence de Berlin (1884 - 1885) : le Congo Brazzaville, le
Congo belge (la RDC) et le Congo portugais (l'Angola). Il se situait sue les
deux rives du fleuve Congo : au nord par une ligne joignant le Kongo au
Stanley pool et le long de la vallée Kouilou Niari, au sud par la
rivière Kwango, à l'ouest par l'océan Atlantique,
autrement dit une longue façade maritime vers laquelle se dirigeront les
voies de troc et de la traite.
En 1482(1483) le navigateur portugais Diego Cao
découvrait l'embouchure du Congo ouvrant ainsi le chemin aux
missionnaires dans ce vaste champ jusqu'à l'inconnu du reste du monde.
Dès 1480, la caravane portugaise remontait le fleuve Congo avec une
forte équipe, mais aussi de missionnaires. Cette descente portugaise
coïncide ainsi avec le début et la première phase de
l'évangélisation dans cette partie littorale située au
bord de l'océan Atlantique que formait le royaume Kongo. Ace propos, G.
Balandier rapporte :
Sous l'impulsion de Jean II du Portugal, une
véritable expédition missionnaire fut organisée au cours
de l'année 1490, huit ans après la découverte. Elle
embarqua le 19 décembre sous le commandement de Gonsalves de Sousa. .
Cette expédition elle comprenait des missionnaires-prêtres,
séculiers, moines franciscains ou dominicains, chanoines de Saint Jean
l'Evangéliste, des soldats en armes, des paysans et des artisans,
maçons et charpentiers pourvu de leurs outils et quelques femmes. Elle
devait renforcer une implantation qui n'était que ponctuelle mais qui
avait suffi à apprendre aux portugais « que le commerce avec
les kongolais était fort avantageux62(*).
Le premier résultat de cette
évangélisation c'est la conversion du roi Nzinga Nkuwu,
cinquième successeur de Nimi Lukeni. Après son baptême, il
prit le nom de Joao 1er (Jean I) en souvenir de son homologue
portugais. Son entourage fut aussi baptisé. Mais bien avant Nzinga Nkuwu
le gouverneur de Soyo était le premier à s'ouvrir au
Christianisme. Cette ouverture du roi Nzinga Nkuwu (Joao I) aux missionnaires
favorisa l'implantation du christianisme. Il fut largement répandu dans
ce royaume. Cette conversion fut très courte car en peu de temps le roi
avait repris ses fétiches puis abandonné la religion. Cela
était dû aux problèmes internes que connaissait le
royaume.
Après la mort du roi Nzinga Nkuwu, son fils Afonso
s'empare du pouvoir après une guerre avec son frère Mpanzu
NZinga.Sous le règne d'Afonso, le royaume fut aussi
évangélisé (1506 - 1543). Il fut le vrai roi le plus
chrétien des rois Kongo. Pendant son règne plusieurs jeunes
furent envoyés à l'étranger pour étudier.
Malheureusement cette évangélisation fut de courte durée
car interrompue par la traite négrière.
2- Evangélisation du Congo Français et
des pays Alima
Les premières traces de cette
évangélisation remontent à la fin du 19ème
siècle à Loango. En 1865, la mission fut confiée aux
Pères du Saint Esprit. Jusqu'en 1881, la religion n'était
présente qu'à Loango et dont R.P. Carrie avait juridiction sans
limite vers l'intérieur du pays, avec pour ambition la fondation de
plusieurs missions catholiques.
En 1883, la mission de Linzolo fut fondée et
l'année 1886 marquait la date l'érection du Vicariat apostolique
du Bas-Congo qui, en 1907, prit le nom de Loango et celui du Haut Congo avec
Mgr Augouard comme premier titulaire. Le vicariat du Haut Congo fut
modifié sous le nom de l'Oubangui le 15 janvier 1894.Le 8 mai 1909, le
nord du Haut Congo se détacha et prit le nom de la Préfecture
apostolique de l'Oubangui Chari.
Le 21 juin 1922, le vicariat apostolique du Congo devint le
vicariat apostolique de Brazzaville. En 1949, le vicariat de Loango prit le nom
de vicariat apostolique de Pointe Noire et le 21 décembre 1950, le
vicariat de Fort Rousset fut crée. Le 19 septembre 1955, les nouvelles
appellations prirent corps à savoir les Diocèses
de Pointe Noire et de Fort Rousset.
A la tête de l'Archidiocèse de Brazzaville se
succédèrent des personnalités religieuses comme :
Monseigneur Prosper AUGOUARD 1890 - 1921
Monseigneur Firmin
Guichard 1922
- 1935
Monseigneur BIECHY 1936
- 1954
Monseigneur Michel
BERNARAL 1954 - 1955
Monseigneur Théophile MBEMBA de
1961........63(*)
Dès les débuts, l'oeuvre de
l'évangélisation fut très efficace et le nombre des
catholiques et catéchumènes croissait chaque année.
Année
|
Catholiques
|
Catéchumènes
|
Prêtres
|
Frères
|
Soeurs
|
1895
1905
1910
1920
1930
1940
|
650
2093
3948
9788
36628
79600
|
-
2500
4122
12088
12071
12582
|
10
22
16
23
22
29 + 2
|
5
14
10
10
10 + 4
-
|
4
7
7
12
23
-
|
Source : Les
spiritains au Congo
Quelques références de la
création des églises
Dans le Diocèse de Fort Rousse, elle comprenait en
1950, les préfectures de l'Alima-Lefini, la Likouala-Mossaka, la Sangha
et la Likouala. Ce tableau montre la croissance des adeptes,
prêtres, frères et soeurs.
Année
|
Catholique
|
Catéchumènes
|
Prêtres
|
Frères
|
Soeurs
|
E
|
A
|
E
|
A
|
E
|
A
|
1951
1955
1960
|
33182
47216
50129
|
5114
7676
6058
|
13
21
24
|
02
02
06
|
03
03
09
|
03
02
01
|
06
12
19
|
-
01
02
|
Source : Idem
En 1930, à côté de 10 Frères
Européens, on comptait 4 Frères Africains.
En 1940, on notait la présence de 2 Prêtres
Africains.
- E=
Européen
- A= Africain
- L'expansion dans le Congo Alima
Le long de l'alima et sur sa rive gauche se sont
développées d'illustres églises
catholiques dont l'oeuvre réalisée reste encore
très vivaces. De notre Dame de Lekety à St François Xavier
de Boundji, on compte près de 90 km et de cette
dernière à Ste Radegonde près de 110km.
Toutes ces missions se situeraient à 450 km de
l'évêché de Brazzaville au sud, à 250 km de Saint
Louis de Liranga à l'Est, à 180 km de la mission de Franceville
au Gabon à l'Ouest Au nord celle de Ouesso, est située presque
à égale distance de Brazzaville.
- Fondation des trois missions de l'Alima
La religion fut l'un des meilleurs instruments utilisés
par les Européens pour pacifier le Congo Français. Ce fut
dans cette perspective que les dernières années du
19è siècle furent marquées dans l'Alima par la fondation
de trois missions catholiques à savoir, celle de Lekety, Boundji et
Sainte Radegonde.
- La mission de Lekety
Après l'évacuation des postes de Dielé et
Lekety par l'administration française, postes qu'ils avaient
crées en 1882 et 1883 ; le 27 juin 1897, monseigneur AUGOUARD
accompagné de P. QUINAKA, F. ELIE et 17 travailleurs partirent de
Brazzaville pour Lekety. En 1897, sur les ruines de l'ancien poste de Lekety,
Monseigneur AUGOUARD fonda l'Eglise Notre Dame de Lekety. Il obtint de
l'administration française, l'utilisation du matériel de l'ancien
poste de Dielé. Quelques instants après, l'influence de
l'église se fut sentir par le rapprochement de certains
indigènes. Ce rapprochement permis de former quelques catéchistes
afin d'agrandir la communauté chrétienne.
Plus tard on assiste à l'arrivée des soeurs
franciscaines missionnaires de Marie, en vue de la formation des jeunes filles.
Malgré quelques difficultés, la christianisation de la
contrée prit corps, des bords de l'Alima jusqu'aux terres
Tégués et Mbeti d'Ewo. Cette propagation de l'évangile en
pays tege se singularisa aussi par la création de la mission catholique
de Franceville le 14 octobre 1897. De 1899 à 1906. La mission
Sacré Coeur de Franceville fut placée sous la juridiction de
Monseigneur AUGOUARD pour des raisons pratiques d'accès et de
ravitaillement par l'Alima et Lekety. Elle sera appelée
quelques temps plus tard Saint Hilaire.
- La mission de Sainte Radegonde
En 1899, après la débâcle du bateau
Léon XIII, les missionnaires de Bolobo prêtèrent à
Monseigneur Augouard le bateau LE PEACE. Il lui permit de continuer sa mission
dans la basse Alima. Une tornade l'obligea à s'arrêter
à Tsambitso. U ne mission est créée en ces
lieux le 15 janvier 1899 et qui prit le nom de
Ste Radegonde.
- La mission de Boundji
Par deux fois, le projet d'installation d'une mission à
Boundji échoua. Il fallu attendre le 6 janvier 1900 quand les
révérends pères Colombet, Manger, le frère
Stanislas, débarquèrent en ces lieux, et après
négociation, avec les chefs locaux obtinrent le site de la future
mission. Elle connu sa réalisation grâce à la
générosité d'un prêtre canadien qui avait fait un
don de 75000 frs. L'implantation de ces églises, favorisa
l'épanouissement du christianisme dans cette région. Cette gloire
de l'évangile sur ces terres est l'oeuvre des catholiques car les autres
doctrines comme le Kimbanguisme, le Salutisme et le Protestantisme
étaient confrontés à plusieurs difficultés.
L'évangélisation de l'Alima voire des
Tégués Alima s'inscrit donc dans le cadre de l'expansion de la
civilisation coloniale par l'évangélisation. Dans cette
étude de l'évangélisation des Tégué Alima,
les trois missions nous intéressent car plusieurs Tégué
Alima ont été baptisés à Boundji et par
conséquent ont eu des contacts permanents avec les Chrétiens de
Ste Radegonde surtout après sa fermeture en mars 1911.
Quelques références des missions des
pays de l'Alima
Nom de la Mission
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Date de Fondation
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Fondateurs
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Notre Dame de Lekety
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27 juin 1897
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Mgr Augouard
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St François Xavier de Boundji
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6 janvier 1900
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Mgr Augouard
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Ste Radegonde de Tsambitso
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15 janvier 1899
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Mgr Augouard
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St Jean Marie Vianney d'Ewo
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Octobre 1956
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Père Raymond Grymonpré
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St Georges d'Okoyo
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1978
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Père Jules Ernoult
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Source : Les Spiritains au Congo
III- Les difficultés
rencontrées
Une mission d'une telle envergure ne pouvait être
réalisée sans difficultés. Ainsi les premières
difficultés furent celles liées au climat.
- L'âpreté du climat :
Les difficultés d'adaptation au climat fut un grand
handicap. Elle eut pour conséquence directe l'état de
santé aléatoire de plusieurs missionnaires. Dans les
années 1902 et 1903, les premiers prêtres succombèrent
presque tous. De ce fait, la mission de Boundji fut même fermée en
1903, puis recouverte le 30 septembre 1904. A propos, le père Manger
avait dit qu'il considérait la mission St François Xavier comme
le pénitencier de l'Alima et qu'il serait désolé qu'elle
en devînt le cimetière64(*). Cette diminution des effectifs des missionnaires
aboutit dans les années suivantes, celles de 1911 à la fermeture
de l'Eglise Ste Radegonde Tsambitso.
- Hostilités des populations :
Dès les premières heures
d'évangélisation, la réticence des populations
indigènes était perceptible.
- Les nobles (Nkoumou)
Ces grands de la société traditionnelle
ont trouvé en cette période Européenne, une forme de
déstabilisation de leur culture ancestrale. A Lekety, le Mwene
(Nkoumou) d'Oyanaga menaça de sortilèges les
missionnaires de cette église. Cette mission Notre DAME de Lekety,
située non loin des terres des grands résistants comme
Opandi, Apili ; Nkabi ne connu pas une tranquillité
profonde que celle de Boundji.
Si le climat était le véritable adversaire des
missionnaires ; les maladies tropicale pour l'ennemi de leur santé,
ces grands traditionnels gardiens du culte des ancêtres étaient
leur obstacle pour l'évangélisation des pays Tege65(*).
- Le Peuple
Toujours obéissant aux notables, les indigènes
de l'Alima ne laissèrent pas le champ libre à l'Eglise de se
développer à sa guise. Dans les années 1900, on signale
déjà qu'a la mission de Boundji, les indigènes
incendièrent les cases des travailleurs de la mission et le frère
Stanislas fut obligé de tirer des coups de fusils pour se
dégager. A Lekety, outre le refus des Tegué de ravitailler la
mission en vivres, ils poussèrent leur opposition jusqu'a interdire
leurs enfants de fréquenter l'église. Face à cet
état d'esprit qu'affichèrent les Tegué, certains
missionnaires se résolurent d'adopter comme attitude de quitter les
lieux.
Cette réticence s'expliquait aussi par les souvenirs
des mauvais traitements de la période d'occupation des postes de
Dielé et Lekety. Mais au-delà de toutes les tracasseries
l'église chrétienne s'implanta en pays Tege et vécu
même si l'attachement au culte ancestral ne s'était pas totalement
ébranlé.
A ce propos, le départ de certains grands prêtres
donna l'occasion à la plupart des chrétiens de revenir sur le
culte des ancêtres. Ainsi il fallu alors qu'un
éphémère prophète de passage, du nom de
Tsaka-Tsaka Alphonse exigea que les villageois se défassent de
leurs fétiches pour que les prêtres mesurent l'emprise de ces
pratiques sur ces populations.
- L'oeuvre des missionnaires
Dans une nature ingrate, au milieu d'une population
indigène plus ou moins hostile à l'oeuvre
d'évangélisation, les missionnaires de l'Alima
commencèrent leur pénible existence. D'une façon
générale, l'action de l'Eglise en direction de la population
concernait tant des vieux que les jeunes. Mais peu à peu l'action
s'orienta vers les jeunes. Dans cette optique, les missionnaires
créèrent en 1904 la première école de l'Alima
à Lekety qui dès ses débuts compta 66 enfants. En novembre
1905 celle de Boundji ouvrit ses portes.
Apprendre à connaître autrui, c'est faire un pas
dans sa direction. Dans cette volonté de marquer ce pas, le
révérend Père BELZIC commença en 1905 la
rédaction du catéchisme en langue Tegué. Toujours dans ce
souci de coexistence de civilisation, une autre préoccupation s'imposa
celle des mariages chrétiens. C'est ainsi que fut créée
à Boundji une oeuvre de filles forte de 15 pensionnaires contre 46
garçons en 1905.En février 1912, cette oeuvre connu une
évolution significative. Elle comptabilisait 96 filles contre 92
garçons. La mission Notre Dame de Lekety ne suivit l'exemple que trois
ans plus tard, grâce aux deux jeunes filles Mbochi rachetées par
la mission et autour duquel ; se groupaient les jeunes Tegué,
filles des chrétiens. Les résultats obtenus en 1909
plaçaient la mission de Boundji toujours en avance.
En 1920, on comptait 334 enfants à Boundji contre 157
à Lekety. De l'installation des postes des catéchumènes en
brousse ; elle commença dès les années 1904. Mais
elle prit de l'ampleur courant les années 1913.
Chapitre IV : LES RELIGIONS TEGE ALIMA FACE
AU CHRISTIANISME
1 : Le peuple Tégué Alima et le
Christianisme
Les relations des peuples Tégué Alima et les
missionnaires qui ont apporté le christianisme, furent aux
départs très difficiles. Un peuple enraciné dans sa
tradition ancestrale, trouve dans cette nouvelle religion qu'est le
christianisme, une pratique qui les éloignerait de leurs traditions et
pratiques ancestrales. Ainsi les premiers missionnaires furent
confrontés à plusieurs problèmes.
Au-delà leur caractère hospitalier, le Tégué n'a
pas adhéré facilement au christianisme66(*). Il fallait une
méthodologie missionnaire afin de ramener le Tégué
à la connaissance du christianisme.
- Méthodologie des missionnaires
Le contact avec les chefs locaux était le passage
obligé de tous les missionnaires. Pour s'installer sur un territoire ou
pour avoir l'autorisation d'ouvrir une mission, les missionnaires une fois
arrivés dans un village, cherchaient à prendre d'abord contact
avec les autorités locales c'est-à-dire les MFumu. La
rencontre commençait par le dialogue et la précision du
but de leur mission. Pour être bien accueillis ou
pour gagner leur confiance les missionnaires apportaient des
cadeaux. C'était l'un des moyens adoptés pour acquérir un
espace et s'installer. Ces présents étaient exigés par les
chefs. Ils étaient composés des étoffes, de sel, de fusils
et souvent accompagnés d'une bonne somme d'argent. C'est après
cette étape de négociations ou de corruption que les
missionnaires avaient l'autorisation de choisir un terrain pour l'emplacement
de leur mission afin de commencer leur évangélisation. C'est le
cas lors de l'ouverture de la mission de Boundji quand le Diata avec son
à bord Monseigneur Augouard accostait le 10 janvier 1900 à
Otsese, petit village d'un Likouba nommé Ofemba.
- A Lekety par contre, les missionnaires
bénéficièrent des terres déjà
négociées par les administrateurs.
- Ce rapprochement des chefs locaux favorise l'ouverture des
écoles et l'éducation des enfants tégué
Alima67(*).
2- Le Christianisme et les valeurs
ancestrales
La société traditionnelle avait ses valeurs qui
régissaient la vie des membres de la communauté. Parmi ces
valeurs l'on peut citer la solidarité, l'hospitalité, le respect
de la personne mais surtout du plus âgé ou de l'ancien, la
résolution des conflits (la justice ou la correction fraternelle
appelée), le respect de la vie, l'amour de la progéniture et bien
d'autres valeurs comme le respect du sacré, la piété et la
crainte de Dieu. Ces valeurs considérées comme pré requis
favorisèrent dans une certaine mesure l'insertion du christianisme et
l'établissement des missionnaires dans le monde Tégué. Les
blancs missionnaires avaient trouvé dans ces valeurs un terrain
favorable pour jeter le grain de l'évangile. Au coeur de
l'évangéliste, l'on trouve plus ou moins ces mêmes valeurs
(et bien d'autres) mais avec un sens qui va au bien au-delà du naturel
et revêt un sens surnaturel.68(*)
Jean Paul II dans l'exhortation apostolique Ecclésia in
Africa reconnaissait que :
L'Afrique est dotée d'une vaste gamme de valeurs
culturelles et qualités inestimables qu'elle peut offrir aux
églises et toute l'humanité.69(*)
Il a continué en soulignant quelques unes de ces
valeurs dont, le sens du sacré et le sens religieux, le rôle de la
famille, la génération des ancêtres, le respect des
anciens, la solidarité de la vie communautaire. Parlant par exemple du
respect de l'ancien et de la valeur de la solidarité, Jean Paul II
précise :
Les Africains manifestent leur respect pour la vie
jusqu'à terme naturel et, au sein de la famille, ils gardent une place
aux anciens et aux parents70(*)
Puis il ajoute :
Les cultures africaines ont un sens aigu de la
solidarité et de la vie communautaire. On ne conçoit pas en
Afrique une fête sans partage avec tout le village. De fait, la vie
communautaire dans les sociétés africaines est une expression de
la famille élargie. C'est avec un ardent désir que je prie et
demande des prières pour que l'Afrique préserve toujours ce
précieux héritage culturel et pour qu'elle ne succombe jamais
à la tentation de l'individualisme, si étranger à ses
meilleures traditions.71(*)
Cependant avec l'oeuvre missionnaire, on voit apparaitre des
valeurs religieuses fondées bien évidemment sur
l'évangile. A partir de cette rencontre, les valeurs traditionnelles
vont assumer un sens nouveau, sans doute plus riche et plus profond, car au
centre elles acquièrent une dimension christologique,
c'est-à-dire, le nom du Christ qui est donné comme exemple et
modèle.
En effet, bien avant l'arrivée des missionnaires, les
êtres enracinés dans la tradition avaient le respect de ces
valeurs, ils avaient la notion de l'hospitalité ou de la
solidarité d'après ce que véhicule l'enseignement des
ancêtres mais avec l'avènement de l'évangile ces valeurs
vont être vécues au nom de Jésus. Les choses ne sont plus
faites par simple philanthropie ou par loi naturelle mais par la charité
chrétienne révélée par Jésus-Christ dans
l'évangile. En un mot, ces valeurs traditionnelles seront
transformées petit à petit par le message du Christ centre de
toute initiative missionnaire. Ainsi les Tégué convertis au
christianisme rencontrent d'autres valeurs comparables aux premiers mais avec
une nouvelle connotation, ils vivront selon ces valeurs en les conformant
à l'enseignement de l'évangile et à ses exigences.
Comme le Christianisme, les religions Tégués ont
aussi au dessus de tout un Dieu créateur de tout ce qui vit dans le
monde. C'est l'intouchable, car il est le sacré, il est tout. Il n'a pas
besoin des hommes pour être Dieu. Le Tégué n'est pas
polythéiste mais plutôt monothéiste. Il croit en seul Dieu.
Le culte aux ancêtres, aux génies et aux autres sont les canaux
par lesquels émettent en direction du créateur.
3- Impact du Christianisme sur la religion
traditionnelle Tégué Alima.
3.1- Le changement de vie et de
mentalité
A première vue, l'implantation du christianisme au
Congo en général, dans l'Alima tégué en
particulier, a apporté aussi de grands changements dans la
manière de vivre des Tégué, cela peut se vérifier
sur tous les plans. En effet, à travers l'évangélisation
c'était aussi la culture occidentale qui faisait son entrée,
entrainant ainsi, un nouveau style de vie, disons tout simplement un style de
vie de manière occidentale : socialement ; spirituellement. Cet «
affrontement culturel » engendra généralement la perte de
certaines réalités liées à sa propre culture,
religion et du coup de son identité. C'est ainsi que l'ordre
socioreligieux préétabli sera bouleversé, sinon
changé par l'apport ou l'influence de la nouvelle culture, religion
apportée par les missionnaires.
Les jeunes tégué qui ont fréquenté
les écoles missionnaires ont vécu ce choc de culture de religion.
En eux cohabitaient dorénavant deux types de culture à savoir la
culture locale ancestrale et celle nouvelle des missionnaires. D'où un
nouveau style de vie qui s'instaure chez les nouvelles
générations qui, à force de vivre avec les missionnaires,
vont devenir « les petits blancs à la peau noire ».
Cet aspect est bien souligné dans le roman de Cheik Hamadou
Kane72(*). De son
côté F. SUTTON écrit :
Même là où l'on s'efforçait
d'enseigner la doctrine chrétienne dans les langues africaines, l'accent
était mis sur les normes de comportement et de moralité du monde
européen.73(*)
3.2- La diminution de la polygamie et
l'émergence de la monogamie
Le deuxième élément qui faire voire
l'impact du christianisme sur la religion traditionnelle est bel et bien celui
de l'émergence de la monogamie (fruit du mariage chrétien) et du
coup la diminution de la polygamie. En effet, la polygamie, nous l'avons
constaté, fait partie des éléments essentiels de la
société et la religion traditionnelle. Elle est signe de
puissance, d'autorité et de richesse chez les Tégué Alima.
Cependant avec l'implantation du christianisme, la monogamie sera exigée
des adeptes de la religion catholique. Autrement dit, ne peut recevoir les
sacrements ou ne peut devenir chrétien que celui qui est marié ou
se marier à une seule femme.
Pour le polygame, la condition était de renoncer
à d'autres épouses pour n'en conserver qu'une seule (la
première). Les missionnaires de l'époque, comme ceux de nos
jours, restent fidèles à l'enseignement et la doctrine de
l'église sur le mariage, conçu comme l'union de deux conjoints.
C'est ainsi qu'à force d'insister et d'inculquer aux néo
chrétiens les valeurs matrimoniales chrétiennes que la culture de
la polygamie a disparu petit à petit au profit de la monogamie surtout
dans les milieux catholiques.
La monogamie, nous devons le dire, est une nouveauté
dans la culture congolaise en général, Tégué en
particulier. Un homme dans la société traditionnelle où
avant l'arrivée du christianisme ne pouvait se limiter à une
seule femme, sauf quelques rares exceptions. La grandeur d'un homme se mesurait
par la pluralité des femmes. Le fait de voire un Tégué se
marier avec une femme religieusement c'est une véritable conversion.
3.3- La disparition du culte des ancêtres et de
certains rites
Le troisième élément justifiant l'impact
significatif du christianisme sur la religion traditionnelle
Tégué Alima est la disparition du culte des ancêtres et de
certains rites traditionnels. En effet, un constat général nous
pousse à dire avec conviction qu'avec l'évangélisation,
certains éléments de la religion traditionnelle ont disparu et
disparaissent petit à petit au profit de la nouvelle religion
catholique. Sur ce, Jean-Michel ELELAGHE écrit :
Le christianisme se présente comme une machine
implacable pour la destruction de la religion traditionnelle et des assises
philosophiques de la société (...) Dans les écoles, on
apprend aux jeunes à mépriser les pratiques sauvages de leurs
parents et de leurs ancêtres. L'administration et la mission conjuguent
leurs efforts pour la destruction des organisations politico-militaires et du
culte des ancêtres, les missionnaires sur leur terrain s'attaquent plus
spécialement à ce dernier.74(*)
Dans cette situation nouvelle, de nombreux chrétiens
ayant connu le Christ comme sauveur, n'accordent plus assez d'importance au
culte des ancêtres. Ils connaissent Jésus fils de Dieu et
développent en eux de multiples dévotions envers les saints. Les
chrétiens s'adressent directement au Christ dans leur prière et
témoignent par eux-mêmes de l'efficacité de leur
prière.
Cependant, dans une autre vision des choses où mieux
dans une vision théologique plus profonde (de la théologie
africaine proprement parlant), Jésus est considéré comme
(ancêtre et ainé) dit François Kabaselé ; il est
l'ancêtre par excellence, « le proto-ancêtre » ou «
l'ancêtre primordial ». Bref, Jésus est
considéré comme l'unique médiateur auprès du
père éternel, il est la porte du salut et est lui-même le
salut.
A ce propos un théologien africain Nkongol Wa Mbiye
affirme :
Jésus Christ est donc au dessus de tous les
esprits. Il est notre esprit (ancêtre) à nous par ce que nous
sommes (...) le grand esprit (ancêtre) reste toujours le Christ, l'enfant
de Dieu mort et ressuscité. Il est le premier né d'entre les
morts.75(*)
En outre, les nganga ou féticheurs de la religion
traditionnelle sont de moins en moins fréquentés, ils ont perdu,
pour ainsi dire leurs clientèles. Le nouveau chrétien s'adresse
à Jésus et trouve en lui les grâces dont il a besoin. Il
fréquente l'église et par nécessité se confie au
prêtre. Dans cette optique, certains rites traditionnels comme les
libations, le sacrifice de tels ou tels animaux aux profits des anciens sont
accomplis encore par une petite minorité non chrétienne, mais de
moins en moins.
3.4- Les prénoms chrétiens chez les
tégué alima
Nous le disions, l'évangélisation dans ses
débuts s'intéressaient tant aux âgés qu'aux jeunes.
Mais au fil des temps l'oeuvre s'orienta majoritairement vers la jeunesse
appelée les Enfants que les vieux tégué aimaient
affectueusement aux `'LESSAFA''. Cette oeuvre prit surtout de l'ampleur avec
l'installation de catéchistes en milieu rural et qui attira
énormément les enfants de ces centres des
catéchumènes installés quelques fois à plusieurs
dizaines de kilomètres de la mission de lékéty ou de
Boundji partirent ces dits Enfants pour le baptême à la paroisse.
A ce propos, le Révérend Père JEANJEAN en 1934,
écrivait
Nous avons des groupements de chrétiens qui sont
à 200km de la mission.76(*)
Le chiffre des catéchumènes instruits à
Boundji indique de flux puis le reflux du développement de la mission.
Ainsi en 1920 : 452 ;
1940 : 946 ;
1950 : 785 catéchumènes77(*).
Toute cette grande oeuvre s'achèverait par des
baptêmes symbolisé par l'obtention d'un prénom. A son
arrivée à Boundji, le Père Raymond GRYMOMPRE, rapporte la
manière curieuse dont en 1947, se faisait l'attribution des
prénoms chrétiens au moment des séries des baptêmes.
Le père suivait la liste des noms des saints tels qu'ils se
présentaient par ordre alphabétique. Si la série
précédente des baptêmes s'était arrêtée
à Privat, le premier de la nouvelle série s'appellerait Prosper.
Puis on suivait : Quentin, Raoul, Rigobert... jusqu'à Zozimo, puis on
recommençait par Abraham.
De retour dans son village d'origine, ces enfants devenus
chrétiens par baptême et portent un prénom chrétien
qu'arborait leur chapelet au cou, constituèrent une sorte de nouveau
monde. Ils ne s'appelaient que par leur prénom : Louis, Emmanuel,
Damase, Philippe, Fidele, Mathieu... De part leur vie communautaire à la
mission, ils gagnèrent en comportement positif. Ils devenaient
très gentils, modérés, tolérants, certains
tombèrent même dans une bondieuserie extrême. Ils se
distinguèrent des autres enfants non baptisés et seront pour la
plupart attirés par ce fait à la vie moderne. Et c'est dans cette
jeunesse que naquirent les prénoms maçons, cuisiniers,
charpentiers et autres de la contrée tégué.
3.5-La création des deuxièmes
cimetières
L'impact de l'évangélisation fut très
considérable chez les tégué alima. Certes elle ne
détruisit pas totalement les valeurs ancestrales mais il
s'établit une sorte de dualité dans la vie, les comportements de
ses populations. Ainsi vivant dans les mêmes villages, on assista a une
cohabitation de la culture. Si dans les grands centres, on assista à la
création des villages ou quartiers chrétiens, le cas de Saint
Benoît de Boundji, dans les petits villages cependant la cohabitation
étant maintenu. L'on pouvait voir un chrétien construire sa
demeure à côté d'un païen mais les comportements, les
modes de vie et de conception étant sensiblement différentes.
Cette différence du mode de vie de ces communautés était
très sensible. Elle ne concevait plus la vie de la même
manière. La conception du monde se différenciait. Aussi, la
manière de voir la vie après la mort n'était plus la
même. Pour le chrétien, il fallait respecter les dix commandements
de Dieu pour prétendre avoir accès au Paradis. De cette
différence de conception et de vie, les chrétiens des villages,
à l'image des grands centres, créèrent leur
cimetière. Ne pourrait être inhumé dans celui - ci qu'un
chrétien. A Mvagui au village de mon grand père dans le district
d'Okoyo, le cimetière d'Ossimba fut exclusivement réservé
aux chrétiens et celui de Nkoua aux païens.
3.6- La création des villages
chrétiens
Avec l'installation des missionnaires sur les bords de
l'alima avec la création des églises de Lekety ; Boundji et de
Sainte Radegonde, naquit évidement une nouvelle civilisation. La
civilisation chrétienne soit donc corps avec toutes modifications
sociale qui s'en suivrent. Les baptêmes et les mariages des religieux
donnèrent naissance à une nouvelle stratification sociale. On se
retrouve ainsi en présence de deux types de trois types de mariages ; le
mariage traditionnel le plus ancien, le mariage à l'Etat civile avec
l'administration coloniale et enfin le mariage religieux avec les
missionnaires. Ces nouvelles couches sociales, aux comportements et
idéaux différents tentèrent de cohabiter mais dans une
méfiance prudente. Les uns s'enracinant dans leurs sources ancestrales
et évitant d'être engloutis par les nouvelles cultures. Les autres
s'étant métamorphosés à la culture occidentale dite
moderne évitant eux aussi de retomber dans une sorte de vie
rétrograde. A la mission de Boundji, dans le souci de préserver
les ménages issus des premiers mariages célébrés en
1906 et 1908, les missionnaires décidèrent de créer un
village chrétien. Le père Prat chargea ainsi le père
JEANJEAN en 1909 d'installer ce petit village chrétien et qui prit le
nom de Saint Benoît. Ce village hébergera donc les ménages
chrétiens qui après leur baptêmes et mariages ne
repartirent plus dans leurs anciens villages. Regorgeant à la fois les
ménages chrétiens et les ouvriers, il fut le premier village
à payer l'impôt de capitation. A Lekety fut presque identique.
Lekety fut un village presque exclusivement chrétien. Il a reçu
les enfants en provenance des villages lointains des districts d'Ewo et Mbama.
De ces villages chrétiens, l'on se pose la question suivante : pourquoi
s'appelleraient - ils Ebongo ? On retrouve ce nom Ebongo dans ces quartiers
chrétiens de Saint Benoît (Boundji), à Lekety, à
Lekana et à Makoua ? Serait - il une création géographique
des missionnaires afin de différencier les quartiers, villages
chrétiens aux quartiers non chrétiens.
3.7-Les revers de la foi ardente du
Tégué
Nous le disions plus haut, le tégué est
très pieux. Les questionnements sur son environnement trouvent des
réponses dans Dieu le Créateur à travers ses génies
qu'il a placés près de Lui pour faire le trait d'union. Avec la
présence des missionnaires catholiques, le tégué une fois
converti, observait scrupuleusement la conduite religieuse catholique. Il
parcourait des dizaines de kilomètres pour se rendre au centre religieux
lors des grandes cérémonies afin de respecter ses engagements.
Cette foi ardente de tégué lui a valu quelques fois des grandes
peines voire des sacrifices suprêmes de la part de ses voisins
restés incrédules ou de l'administration coloniale. Plusieurs cas
de mauvais traitements furent enregistrés pendant cette période.
Certains administrateurs coloniaux ne regardaient pas d'un bon oeil les
habitants du village chrétien de Saint Benoît, en partie parce que
ce beau village extra - coutumier faisait honneur aux méthodes
missionnaires. Ces habitants, se prévalant aussi de leur situation
particulière refusaient aussi à l'administration les prestations
en travail et en nature exigées de l'ensemble des congolais. Le cas le
plus flagrant fut celui du chrétien AKIAKO, tégué alima de
la famille ODEBI au village Mvagui, neveu de NKOULA qui s'était
installé à OLONGONE à quelques encablures de Saint
Benoît. En octobre 1927, les pères missionnaires rapportent, qu'un
administrateur nommé BEGOU avait fait emmener à la prison de Fort
Rousset un chrétien AKYEAKE de son vrai nom AKIAKO, du village OLONGONE
travaillant comme chasseur par la mission.
Pour simple motif de foi, en allant saluer Monseigneur de
passage à la mission plutôt que de participer aux prestations
officielles requises ce jour là pour son village, ce chrétien
paya sa vie. Comme ce chrétien refusait de chasser pour cet
administrateur, il fut frapper mortellement et perdait sa vie. Ces genres de
situations furent très nombreuses surtout vis-à-vis du leurs
propres frères tégué. Le refus catégorique de
revenir aux pratiques ancestrales aboutit aux nombreux cas fâcheux. Seule
la foi gardaient ces chrétiens, les préservaient pour ce
départ mérité au paradis.
3.8- La présence d'un nouvel
habitat
L'oeuvre bienfaisante de l'église catholique fut
très éloquente. Elle perceptible, non seulement au niveau des
changements des mentalités avec l'introduction des oeuvres scolaires
mais aussi à travers la modernisation des structures de base comme
l'habitat. L'église avait concouru énormément à
l'installation des nouveaux villages avec des maisons ou des cases
alignées. Bien avant l'arrivée des missionnaires, les
tégué vivaient dans des jadis dont la seule issue d'entrée
et de sortie n'était que la porte. Les matériaux de construction
étaient issus de la forêt et de la savane. La paille et les
feuilles du palmier Bambou constituaient les principales pièces pour
couvrir les murs et les toits. La case comprenait deux pièces un selon
et une chambre à coucher. Une cloison séparait les deux
pièces. Ces habitations n'avaient pas de fenêtres. Le manque des
fenêtres s'expliquait semble t-il par la peur des sorciers et surtout des
animaux féroces qui favorisaient rage en pays tégué.
L'inquiétude était toujours grande malgré les
pièges tendus pour empêcher les crimes de ces carnivores. Il fallu
attendre les années 1927 pour que suite au voyage pédestre du
Père JEANJEAN de Boundji à Brazzaville, l'on assiste à la
première maison en pisé à Boundji. Ce fut en effet, un
certain OFIA Alexandre de Boundji qui eut l'étrenne de cette oeuvre dans
le secteur. Après avoir observé et copié le modèle
de maison en pisé chez les Batéké de Brazzaville, Monsieur
Alexandre en ramena les schémas et en construisais une, une fois
arrivé à Boundji. Et l'on rapporte que la curiosité fut
grande autant que la moquerie. Pourquoi n'est - il pas mort et doit - il dans
la terre disaient certains ? Et quelle mouche maçonne répliquant
d'autre! Est-il l'histoire de la petite case en pise fer son chemin et peu
à peu les braves chrétiens MBOCHI et TEGUE l'adoptèrent.
Cette nouvelle maison eut le mérite d'être plus précieuse
avec plus d'ouverture la rendant plus airée. La petite maison en pise,
l'objet d'hier de l'émaillerie devint ainsi l'ancêtre d'un nouvel
habitat, plus conforme et commode, adapte à la vie moderne. La mobilier
en bois, l'oeuvre des chrétiens devenus menuisiers trouvera aux
fumées des foyers Tégué dont la braise ne
s'éteignait point.
4- L'inculturation
L'inculturation de l'évangile reste un défi pour
le christianisme en Afrique en général, au Congo en particulier
précisément dans le pays tégué alima. On ne peut
plus à nos jours parler de l'évangélisation ou du
christianisme sans associer ce concept clé et incontournable.
Il est écrit à cet effet dans l'instrumentum
laboris du Synode des Evêques d'Afrique :
Les Eglises particulière constatent que le
défi de l'inculturation est plus que jamais crucial pour nos
sociétés africaines dont les cultures sont
menacées.78(*)
L'inculturation est pour ainsi dire la clé ou le
passage obligé de l'annonce de l'évangile dans le monde en
général et en terre congolaise en particulier. L'instrumentum
laboris ajoute :
L'Eglise ne peut former d'authentique chrétiens
qu'en prenant sérieusement en main l'enracinement culturel du message
évangélique.79(*)
En effet, les congolais, les tégué ne doivent
plus accueillir le christianisme comme une dynamite ou une bombe qui vient
détruire leur patrimoine culturel. Mais comme un des leurs biens plus
encore comme un hôte qu'on accueille pour perfectionner leur culture, les
christianiser et les rendre plus humains. Comme disaient les Evêques du
Congo en 1972 :
Nos Eglises soeurs d'occident nous ont apporté
l'évangile qui est parole de Dieu pour tous les hommes. Cet
évangile a pris racine chez nous et maintenant il germe et il fructifie
à partir de nous-mêmes. Il ne détruit pas les valeurs
propres de notre peuple mais leur donne une dimension et un sens nouveau...
nous pouvons donc être authentiquement congolais et
chrétiens.80(*)
Le champ de l'inculturation est très vaste dans
l'expansion du christianisme. En dehors de l'évangile, elle intervient
aussi sur la liturgie. L'accent doit être sur la
célébration de la messe des cultes en langues locales. En outre
l'usage des instruments traditionnels comme le tam-tam, le Ngongi, enrichissent
la liturgie. Tous ces éléments rendent belle la
célébration et contribuent à une plus grande
participation. De même, l'insertion de la danse dans une
célébration liturgique est un élément important.
Ainsi que la pastorale, doit prendre en compte les réalités
actuelles des peuples. Mais sur le plan théologique, un grand effort est
encore à faire car une réflexion théologique basée
sur la culture congolaise en générale et tégué en
particulier s'avère nécessaire à l'heure actuelle.
Extérieurement, les églises en pays tégué donne une
impression de persévérance et de fidélité,
particulièrement à travers des pratiques culturelles. Les
dimanches et les jours de fête rassemblent énormément les
adeptes et la participation est active et dynamique. Dans les années 60,
cette attitude était observable particulièrement dans les grands
centres religieux de Lekety et Boundji. Dans les villages cet engouement
devenait au fil de temps moindre. Est - il que les écoles catholiques
installées dans quelques villages, servaient encore de creuset pour
l'église. Certes, outre ces jeunes écoliers
catéchumènes on assistait peu au mouvement des foules vers ces
grands centres religieux, mais la dynamique restait très forte dans ces
centres de Boundji et Lekety. Mais au delà des rassemblements
liturgiques et paraliturgiques que reste-t-il des comportements
évangéliques au coeur de la vie sociale, familiale et conjugale ?
Les missionnaires encourage t-ils les chrétiens à oeuvrer pour
une société plus juste et plus fraternelle ? Consacrent-ils
seulement le gros de leur temps au bon fonctionnement des structures et
pratiques établies ? Le Pape Jean Paul II, lors de sa première
visite au Cameroun, avait fait éloge des missionnaires du passé
qui apportèrent la foi avec une `'sincérité et une
générosité que personne ne peut mettre en doute'', message
qu'ils `'ont forcement présenté dans le langage qui était
leur'', et cela, `'c'est déjà une grâce inouïe''. Et
c'est à vous, laïcs et prêtres africains, qu'il appartient
maintenant de faire que cette graine produise un fruit original,
authentiquement africain ; de permettre au levain de faire lever toute la
pâte chez vous. C'est tout l'enjeu de la seconde
évangélisation qui est entre vos mains. Ces fruits
représentent une nouvelle richesse pour notre pays comme pour
l'église entière qui atteint de grand coeur pour être
toujours catholique.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de ce travail, il nous paraît pertinent de
revoir le chemin parcours jusqu'ici pour avoir une vision plus claire des
arguments traités. D'emblée nous avons commencé (dans la
première partie de ce sujet) par une présentation
générale du monde tégué alima. Nous avons
parlé de la situation géographique du monde tégué,
en limitant son espace comme nous l'avons décrit dans les lignes
précédentes.
Du nom, on a explicité les origines du peuple
tégué alima, en les situant dans les migrations bantoues. Nous
avons souligné aussi quelques aspects sur l'appellation du terme
tégué. La deuxième partie de ce travail a
été consacrée sur les religions traditionnelles
tégué alima et le christianisme. Dans le premier chapitre nous
avons défini des concepts tradition et christianisme, ensuite des
religions traditionnelles tégué alima et les différentes
formes. Dans ces différentes formes nous avons décrit le Ndjobi
qui est l'une des formes de la religion traditionnelle tégué
alima, la sorcellerie et autres.
Du christianisme, nous avons dit ce qu'on entendait de cette
religion, ces débuts dans le Congo d'abord puis dans le pays
tégué, ensuite nous avons accentué notre propos sur
l'implantation du christianisme au Congo jusqu'au pays alima en
commençant par l'évangélisation du royaume Kongo (XV -
XIX). Nous montrions que la zone côtière du Golf de Guinée
avait déjà eu dans le passé des missionnaires qui venaient
pour la plupart du Portugal. Après ces premiers missionnaires portugais,
il eut les capucins italiens, les dominicains, les jésuites et bien
d'autres missionnaires français dans le royaume Loango. Le premier
résultat de cette évangélisation fut la conversion au
christianisme du roi Joao I (Nzinga Nkuwu) et du coup tout le royaume.
Après le départ des derniers capucins, il fallait attendre
l'arrivée des spiritains en 1865 pour relancer l'activité
missionnaire. Cette phase sera décisive dans l'histoire des missions en
Afrique et au Congo en particulier. D'où on assista à la
création du vicariat apostolique du Congo français en 1886
à Loango.
C'est de là que partit l'expansion du christianisme au
Congo. C'est à partir de cette période que les pays
tégué alima seront évangélisés. Cette
évangélisation qui aboutira à la fondation des missions de
Lekety en 1897 et autres. Nous avons parlé dans cette même partie
des religions traditionnelles et le christianisme (le contact du peuple
tégué avec les missionnaires « christianisme »). Ainsi
du rapport entre les deux religions, nous avons parlé de l'impact du
christianisme sur la société traditionnelle avec une
actualisation du sujet. Nous avons pris à titre d'exemple du changement
de la mentalité avec l'introduction de la religion occidentale, de la
polygamie... Ainsi nous avons terminé par l'inculturation pour
l'évangélisation.
A la fin de ce travail, qui nous a permis de retracer les
grandes étapes de l'évangélisation des pays
tégué et de comprendre ses traditions religieuses, conscients de
nos limites humaines, nous ne prétendons pas avoir traité le
sujet de manière exhaustive. Le champ d'action reste encore très
vaste et beaucoup de choses sont encore à découvrir et à
approfondir.
SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
I- REFERENCES BIBLIOGRAPHIES
Ouvrages généraux
- F. SUTTON Education and the marking of modern nation in
J.Coleman, Education and political development, Princeton University press,
Princeton 1965
C. hamidou kane, l'aventure ambigüe, Paris,
julliard ,1961
Ouvrages Spécifiques
- Les spiritains au Congo
- Le NDJOBI et attitudes chrétiennes (Abbé
NGOUNO Beaudoin)
- Douze leçons sur l'histoire. Seuil Paris 1996
- E. DUSSELJE, les tégués de l'alima, Congo
français, Anvers, 1910.
- L.V. THOMAS - R. LUNEAU. La Terre africaine et ses
religions, l'Harmattan, Paris 2004
- A. HAMPATE BA : animisme en savane africaine in AA.VV. Les
religions africaines traditionnelles éd du Seuil, Paris 1965
- C. KINATA. La formation du clergé indigène au
Congo français 1875 - 1960, l'Harmattan Paris 2004
- L. NGOMO.O, l'image du prêtre africain, le cas du
Zaïre, maîtrise de théologie Strasbourg oct. 1989.
- PIGAFEHA. La vie quotidienne au royaume du Kongo du XVI au
XVII siècle, Hachette. Paris 1965.
- NKONGOL WA MBIYE Le culte des Esprits, Kinshasa éd
centre d'études pastorales 1974. - Ecclésia in Africa,
l'exhortation apostolique Jean Paul II
ARCHIVES MANUSCRITES
- Contribution à la connaissance du monde
tégué. NGANGA Moïse
SOURCES PUBLIEES
- L'OBSERVATORE ROMAMO Jeudi 19 Mars 2009
- L. BOKA DIMPASSI : les ancêtres médiateurs, in
TELEMA N°83 - 84 Juillet - Décembre
- R. GOYENDZI : la société initiatique Ndjobi,
dynamique et implication socio - politique au Congo, 1972 - 1992
SOURCES ORALES
Noms et prénoms
|
Date
|
Lieu
|
Age
|
Professions
|
KEDZOULA André
|
8/1/1943
|
Mvagui
|
69 ans
|
Paysan
|
ELOUMBOU Micheline
|
31/6/1930
|
Mvagui
|
82ans
|
Paysanne
|
NGANGA Moïse
|
15/9/1953
|
Mvagui
|
59ans
|
Enseignant
|
NGOULOU OKOURANDO
|
2/1/1958
|
Okouéssé
|
54ans
|
Enseignant
|
NDZILA Adolph
|
8/2/1940
|
Ossimba
|
72ans
|
Retraité
|
APOLI Daniel
|
12/10/1941
|
Nkoua
|
71ans
|
Paysan
|
OLOUAMBRI Christoph
|
31/4/1945
|
Mvagui
|
67ans
|
Paysan
|
QUESTIONS D'ENQUETES :
1- Quelle est l'origine des peuples tégué alima
?
2- Pourquoi n'ont - ils pas conservé le nom
téké ?
3- Quelles sont les limites de l'habitat tégué
alima ?
4- Pourquoi sont - ils appelés les Anzikini par les
peuples voisins ?
5- Quel est le mode de vie de tégué alima ?
6- Etaient - ils polythéistes ou monothéistes ?
7- Quelle est la signification du mot tégué ?
8- Comment est subdivisé le monde tégué
?
9- Quelles furent leurs pratiques traditionnelles et
religieuses ?
10- Quelle est la figure de proue de la religion
traditionnelle tégué
Alima ?
11- Quel est le rôle des ancêtres, dans la
religion traditionnelle tégué ?
12- Existe combien de pratiques religieuses traditionnelle
tégué alima ?
13- Pourquoi le Ndjobi est pratiqué sur tous les
territoires tégué alima ?
14- Existe un rapprochement rituel entre les
différentes pratiques religieuses tégué alima ?
15- Les occidentaux ont - ils montré la notion de Dieu
Suprême au tégué alima ?
16- Quelles sont les conséquences du contact des
religions traditionnelle tégué alima et le christianisme ?
17- Peut - on parler d'inculturation dans la culture
tégué alima ?
ANNEXE : LEXIQUE
- Le Ndjobi : 1, 25, 26, 29, 30, 31, 33, 34
- Anduku : 1
- Ongala : 1
- Okouéssé : 6, 13
- Ondingui : 6
- Mvouyi : 6, 9, 13
- Nzié : 6, 32
- Amaya Mokini : 6
- Nzali ongoua : 6
- Nkobé : 8
- Oyué : 8
- Nkouoni : 8
- Kempini : 9
- Mpini : 9
- Ololo : 8
- Ongala : 8
- Mtuubi : 7
- Lekuki : 7
- Leka : 7
- Kessu : 7
- Ngalekili : 9
- Andellys : 9 ; 13
- Lekouna : 9
- Ontsiribira : 11
- Mvoulassouma : 11
- Ngouakoumou : 11
- Minango : 11
- Anzique : 12 ; 16
- Anzicho : 12 ; 16
- Anzichi : 12
- Anzicana : 12 ; 16
- A. Nseke : 12 ; 16
- Ba Nsi Nseke : 12 ; 16
- Anziku : 12
- Anzinziu : 12
- Anziu : 12
- Anzini : 12
- Tswa : 12
- Epuma : 13
- Ondolo : 13
- Essami : 13
- Ambou : 13
- Ambou : 13
- Oyoua : 13
- Etili : 13
- Mbede : 13
- Ombamba : 13
- Lebala : 14
- Otogo : 14
- Abolo : 14
- Longa : 14
- Ampini : 14
- Mwa mpu : 15
- Antse Ntseyi : 16 ; 40
- Anzikou : 16
- Tagui ; Atagui : 17
- Awè : 17
- Ema : 17
- Anzika : 17
- Nta : 17
- Okwa : 17
- Djikini : 17 ; 19
- Tonini : 26
- Mbounigui : 26
- Ossene Awani : 27
- Onkani : 27
- Nzami : 28 ; 32 ; 42
- Nkira : 28
- Youlou : 32
- Nkouyi : 33
- Engaa : 33
- Essoula : 33
- Ngaa : 34 ; 38
- Omouni : 35
- Kemouoni : 35
- Nganga : 37
- Nzambe : 37
- Ongaa : 38
- Onkira : 39 ; 40
- Oloho : 39
- Oloumou : 40
- Nga Nkekira : 40
- Gombi : 41
- Ayara : 41
- Yara : 41
- Tara ; 41
- Ngou : 41
- Olama : 42
- Nkoumou : 52
- Opandi : 53
- Apili : 53
- Nkabi : 53
TABLE DES MATIERES
DEDICACE :
----------------------------------------------------------------------------
REMERCIEMENTS :
------------------------------------------------------------------
AVERTISSEMENT :
-------------------------------------------------------------------
INTRODUCTION :
---------------------------------------------------------------------
PREMIERE PARTIE : LE MONDE TEGUE :
------------------------------------
Chapitre I : LE CADRE GEOGRAPHIQUE :
-------------------------------------
I-1 : SITUATION ET LIMITES :
-----------------------------------------------------
I-2: RELIEF:
-----------------------------------------------------------------------------
I-3 : CLIMAT:
---------------------------------------------------------------------------
I-4 : VEGETATION:
-----------------------------------------------------------------
I-5 : HYDROGRAPHIE :
-------------------------------------------------------------
Chapitre II : LES ASPECTS HUMAINS ET SOCIO
- CULTURES DU MONDE TEGUE :
---------------------------------------------
II-1 : LE NOM EN PAYS TEGUE :
------------------------------------------------
II-2 : L'ORIGINE DU PEUPLE ET L'APPELATION TEGUE :
------------
II-2-1 : ORIGINE :
---------------------------------------------------------------------
II.2.2 : LES MIGRATIONS TEGUE
-----------------------------------------------
a) LA RECHERCHE DE LA NOURRITURE
------------------------------------
b) LES GUERRES INTER GROUPE
-----------------------------------------------
c) L'EXPLOSION DEMOGRAPHIQUE
------------------------------------------
d) LES MEFAITS DE LA SORCELLERIE
---------------------------------------.
e) LES CONTRAINTES EXTERIEURE
------------------------------------------
II-2-3 : ORIGINE DE L'APPELATION TEGUE :
-------------------------------
II-2-2: LES AUTRES APPELATIONS TEGUE :
--------------------------------
II-3 : DIVISION DU MONDE TEGUE :
-------------------------------------------
II.4 : CARACTERISTIQUE DE L'ETRE TEGUE
--------------------------------
DEUXIEME PARTIE : LES RELIGIONS TRADITIONNELLES ET LE
CHRISTIANISME :
-------------------------------------------------------------------
Chapitre III : DEFINITIONS DES CONCEPTS :
------------------------------
III-1 : LES RELIGIONS TRADITIONNELLES TEGUE ALIMA :
-----------
III-1-1 : NOTION DE TRADITION :
----------------------------------------------
III-1-2 : LE POLYTHEISME TEGUE:
--------------------------------------------
a) LE DJOBI :
--------------------------------------------------------------------------
a-1) NEUTRALITE DE NDJOBI :
--------------------------------------------------
a-2) ATTRAIT DE NDJOBI :
-------------------------------------------------------
b) LE CULTE DES ANCÊTRES :
-------------------------------------------------
c) LE FETICHISME :
-----------------------------------------------------------------
d) LA SORCELLERIE :
-------------------------------------------------------------
e) L'ONKIRA :
------------------------------------------------------------------------
III-1-3 : LE MONOTHEISME :
----------------------------------------------------
III-2 : LE CHRISTIANISME :
------------------------------------------------------
III-2-1 : LES DEBUTS DU CHRISTIANISME AU CONGO :
-------------
a) L'EVANGELISATION DU ROYAUME KONGO :
-----------------------
b) EVANGELISATION DU CONGO FRANÇAIS ET DES PAYS ALIMA
:
-----------------------------------------------------------------------------------------------
c) L'EXPANSION DANS LE CONGO ALIMA :
-------------------------------
c-1) FONDATION DES TROIS MISSIONS DE L'ALIMA :
----------------
c-2) LA MISSION DE LEKETY :
---------------------------------------------------
c-3) LA MISSION DE SAINTE RADEGONDE :
-------------------------------
c-4) LA MISSION DE BOUNDJI :
-------------------------------------------------
c-5) DES DIFFICULTES RENCONTRES :
---------------------------------------
c-6) L'OEUVRE DES MISSIONNAIRES :
----------------------------------------
Chapitre IV : LES RELIGIONS TEGUE ALIMA ET LE CHRISTIANISME :
-----------------------------------------------------------------------------------------------
IV -1 : PEUPLE TEGUE ALIMA ET LE CHRISTIANISME : ----------------
IV-2 : LES RAPPORTS DU CHRISTIANISME AVEC LES RELIGIONS TEGUE
ALIMA : ----------------------------------------------------------------------
IV-3 : IMPACT DU CHRISTIANISME SUR LA RELIGION TRADITIONNELLE
TEGUE ALIMA : -------------------------------------------
IV-3-1 : LE CHANGEMENT DE VIE ET DE MENTALITE :
-------------
IV-3-2 : LA DIMINUTION DE LA POLYGAMIE ET L'EMERGER DE LA
POLYGAMIE :
------------------------------------------------------------------------
IV- 3-3 : LA DISPARITION DU CULTE DES ANCETRES ET DE CERTAINS
RITES : ------------------------------------------------------------------
IV-3-4 : LES PRENOMS CHRETIENS CHEZ LES TEGUE ALIMA : ---
IV-3-5 : LA CREATION DU DEUXIEME CIMITIERE :
---------------------
IV-3-6 : LA CREATION DES VILLAGES CHRETIENS :
-------------------
IV.3.7 : LES REVERS DE LA FOI ARDENTE DU TEGUE
----------------
IV.3.8 : LA PRESENCE D'UN NOUVEL HABITAT
-------------------------
IV-4 : L'INCULTURATION :
-------------------------------------------------------
CONCLUSION GENERALE :
------------------------------------------------------
BIBLIOGRAPHIE :
-------------------------------------------------------------------
SOURCES ET REFERENCES :
----------------------------------------------------
ANNEXE :
-----------------------------------------------------------------------------
TABLE DE MATIERES :
-----------------------------------------------------------
* 1E. Ortigues, Religions du
livre et Religion de la coutume, Le Sycomore, Paris 1981, p .3
* 2En l'occurrence les
Européens qui apportèrent le christianisme.
* 3 Cf.
.A.Fliche-V. Martin, storia della chiesa, Dalle Missioni alle
Chiese locali (1846-1965), XXIV, (a cura di J .Metzler), S.Paolo,
Cinisello Balsamo 1988; F.Gonzalez-Fernandez, Daniel Comboni e la
regenerazione dell'africa. Piano, Postulatum, Regole, Urbaniana University
Press, Città del Vaticano 2003.
* 4A. Prost, Douze
leçons sur l'histoire, Paris, éditions du Seuil, 1996.
p.35.
* 5 R.Descartes, Discours de
la méthode, Librairie Générale Française,
Paris 2000, p.67
* 6 NGANGA Moïse La
connaissance du monde tégué alima
* 7 Id
* 8 KEDZOULA André
Enquête orale n° 1 le 24/08/2012
* 9 NGANGA Moïse La
connaissance du monde tégué alima
* 10E. DUSSELJE, les
tégué alima, Congo français Anvers 1910
* 11 Idem
* 12Michel LEGRAIN Le
père JEANJEAN missionnaire au Congo
* 13NGANGA Moïse La
connaissance du monde tégué alima
* 14Idem
* 15 NGANGA Moïse
La connaissance du monde tégué alima
* 16Idem
* 17Ibidem
* 18NGANGA Moïse La
connaissance du monde tégué alima
* 19 Idem
* 20 NGANGA Moïse
Enquête orale n° 3 le 20 /09 /2012
* 21 NGANGA Moïse
La connaissance du monde tégué alima
* 22 NGANGA Moïse
La connaissance du monde tégué alima
* 23Idem
* 24Idem
* 25Idem
* 26NGANGA Moïse La
connaissance du monde tégué alima
* 27Idem
* 28Jean Ernoult Les
spiritains au Congo de 1865 de nos jours
* 29E. DUSSELJE, les
tégué alima, Congo français Anvers 1910
* 30Idem
* 31Idem
* 32 NGOULOU OKOURANDO
Enquête orale n° 4 le 06/06/2012
* 33 R. GOYENDZI :
La société initiatique Ndjobi, dynamique et implication socio
- politique au Congo 1972 - 1992, p. 47.
* 34 J .Itoua, les
Mbosi au Congo : Peuple et civilisation, L'Harmattan, Paris
2007,p.108
* 35L'Abbé Beaudoin,
Le Ndjobi et attitude chrétienne
* 36Idem
* 37Mbou Elise Enquête
orale n° 8 le 23/12/2012
* 38 M. Alihanga,
Structures communautaires traditionnelles et perspectives
coopératives dans la société Altogoveenne,
Thèse pour le doctorat d'anthropologie, Université Pontificale
grégorienne, Rome, Italie 1976.
* 39 R. Goyendzi, op.
cit., p. 121.
* 40 R. Goyendzi, op.
cit., p. 23.
* 41L'Abbé Beaudoin
le Ndjobi et attitude chrétienne, op. Cite. p. 78.
* 42Salemo André
Enquête orale n° 10.le 15/11/2012
* 43W. Raponda, André
et Sillans, Roger, (1962), Rites et croyances des peuples du Gabon,
Paris, Présence africaine, 377pages
* 44Idem s
* 45D'où les
formule : Ndzami a ntsiè, Ndzami a youlou.
* 46 B. Nantel, Afrique,
les mots clés, Paris, 1992, p .200.
* 47L'Abbé Beaudoin
le Ndjobi et attitude chrétienne, op. Cité. p.
89.
* 48L.V. THOMAS et R.LUNEAU,
La terre africaine et ses religions, Paris, L'Harmattan, 2004, p.
104.
* 49Benoît XVI,
L'observatore Romano du jeudi 19.3.2009, voyage au Cameroun et en
Angola, p.12
* 50Idem.
* 51 L. Boka Dimpassi,
« Les ancêtres médiateurs », in
TELEMA n°83 - 84 juillet - décembre, 3-4 /1995 p.
55-61
* 52A. Hampate BA,
« Animisme en savane africaine » in AA.V.V les
religions africaines traditionnelles, éditions du Seuil, Paris,
1965, p. 33.
* 53 C. Kinata, La
formation du clergé indigène au Congo français 1875 -
1960, Paris, L'Harmattan, 2004, p. 61.
* 54 L. Ngomo Okitembo,
L'image du prêtre africain. Le cas du Zaïre, Maîtrise
de théologie, Strasbourg, 1989 p. 23 -24.
* 55 Mbou Elise
Enquête orale n°8. le 23/12/2012
* 56 NGANGA Moïse
enquete orale no3. le 20 /09 /2012
* 57 Nganga Moïse,
enquete orale n03 le 20 /09 /2012
* 58Idem.
* 59Cf.
Abbé Armand Brice Ibombo Implantation du
christianisme au Congo-Brazzaville et son impact sur la société
traditionnelle De la plantatio ecclesiae a la nouvelle
évangélisation (1883 -1955)
* 60Idem.
* 61 Ibidem.
* 62 Selon une formule de
Pigafeta. In G. Balandier, La vie quotidienne au royaume du Kongo du
XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 1965,
p. 29.
* 63 Le père JEANJEAN,
missionnaire au Congo, par Michel Legrain Paris, Hatier, 1980
* 64 Salemon Andre
enquête orale n° 10.Le 12/12/2012
* 65J. Enould, Les
Spiritains au Congode 1865 à nos jours
* 66J. Ernould Les
Spiritains au Congo de 1865 à nos jours
* 67Idem
* 68 Jn PAUL II, Exhortation
apostolique Ecclesia in Africa n.42
* 69 Idem.n.43
* 70 Ibidem.
* 71 Idem
* 72 C. hamidou kane,
l'aventure ambigüe, Paris, julliard ,1961
* 73 J. Coleman, education
and the marking of modern nation. In education and political
development, Princeton University, Press, Princeton,1965,p.65
* 74 Cf. Genèse 2,24
* 75 J.M. ElElaghe Cité
par l'abbé Beaudoin
* 76 Michel LEGRAIN Le
père JEANJEAN missionnaire au Congo
* 77 Idem
* 78 « Synode des
évêques II assemblée spéciale pour l'Afrique.
* 79 Idem
* 80 Conférence des
évêques du Congo 1983
|