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Politique de zones économiques spéciales: fondement et perspectives en RDC

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par Christian MAPENDO
Université de Kinshasa - Licence 2013
  

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SECTION 1 : VUE D'ENSEMBLE SUR LE POTENTIEL ECONOMIQUE

CONGOLAIS

II.1.1 Potentiel agricole

a. Agriculture

De toutes les sources de croissance, le secteur agricole a le plus fort potentiel de réduction de la pauvreté. Tout d'abord, il est intensif en main d'oeuvre. Pour ne mentionner qu'une filière, la production d'arabica requiert 450 jours de travail - soit deux emplois agricoles à plein temps - à l'hectare, y compris la production et les activités en aval. C'est donc 20 000 emplois a plein temps que créerait la mise en production de 10 000 ha supplémentaires et, donc, des revenus pour environ 160 000 personnes.41 Le potentiel agricole de la RDC est immense et largement sous-utilisé actuellement. Le pays possède 80 millions d'hectares (ha) de terres arables, dont seuls 9 à 10 % sont actuellement cultivées.

La grande diversité agro-climatique, l'abondance et la régularité des pluies, et la présence d'eaux de surface en grande quantité permettent une production très diversifiée. La cuvette du Congo offre des conditions climatiques favorables à la culture du palmier à huile, de l'hévéa, du café, du cacao, de la banane et du manioc, tandis que les zones de savanes sont favorables à la culture du coton, des céréales, des légumineuses à graines et à l'élevage, alors que les zones montagneuses avec un climat relativement tempéré se prêtent à des cultures d'altitude comme le café, le thé, la pomme de terre.

a.1. Cultures vivrières

Les cultures vivrières représentent l'essentiel (80%) du PIB agricole42. Le manioc est la principale culture vivrière du pays. Il est cultivé dans toutes les régions de la RDC. Les autres spéculations ont une importance variable en fonction des régions : le maïs dans le sud (Katanga) et le haricot dans l'est. Les principales cultures vivrières sont le manioc, le maïs, le riz, la banane plantain et le haricot. La RDC dispose d'un potentiel rizicole important, tant en conditions pluviales (zones de Bumba et Maniema) qu'en conditions irriguées (vallée de Ruzizi, etc.) ou en cultures de bas-fonds dans presque toutes les provinces.

41 Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba et Moïse Tshimenga Tshibangu (editeurs), Résilience d'un Géant Africain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en

République Démocratique du Congo, Volume II : Etudes sectorielles, MEDIASPAUL, Kinshasa, page 1

42 Idem,page 3

34

a.2. Cultures commerciales

Les cultures commerciales (palmier à huile, hévéa, café, cacao, thé, coton) fleurissent essentiellement dans le nord du pays (Bas-Congo, Équateur, Province orientale, Kivu) à l'exception du coton, qui était aussi produit dans le Kasaï et le Katanga.

b. Elevage

La RDC dispose d'un formidable potentiel pour l'élevage. Elle possède en effet près de 90 millions d'hectares de pâturage, soit un plus du tiers de la superficie totale du pays, qui pourraient accueillir quelque 40 millions de unités gros bovins et fournir près de 1,5 millions de tonnes de viande par année, même en élevage extensif, soit 23 kg/ habitant.43

c. Pêche

La RDC dispose de 59 000 km2 de plans d'eaux intérieurs pour la pêche : 34 000 km2 de rivières et marais dans le vaste bassin du Congo et 25000 km2 de lacs dans la Vallée du Rift. Cela représente un potentiel productif considérable, aujourd'hui largement sous-exploité.

Le potentiel d'aquaculture en RDC est considérable notamment autour des grandes villes, où l'on peut pratiquer plus aisément des techniques aquacoles intensives, orientées vers le marché.

Principales zones de pêche en RDC44

Le lac Mweru Luapula, entre la RDC et la Zambie (le secteur de la RDC représente

42% de sa surface) a historiquement servi d'importante zone de pêche commerciale approvisionnant les marchés des districts miniers de la province du Katanga. On n'a pas de chiffres fiables pour connaître l'évolution des prises et de l'effort du côté de la RDC, mais on peut estimer, très en gros, que 4 500 pirogues sont exploitées par environ 5 500 pêcheurs. La production totale du lac, ces dernières décennies est estimée à environ 13.000 t. par an.

Le lac Tanganyika est commun à la RDC (45%), à la Tanzanie (41%), au Burundi (8%) et à la Zambie (6%). La pêche s'y est fortement intensifiée au cours des dernières décennies du fait de la spectaculaire expansion de la population et des habitations autour du lac et l'adoption de diverses innovations

43 Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba et Mose Tshimenga Tshibangu (editeurs), Résilience d'un Géant Africain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en République Démocratique du Congo, Volume II : Etudes sectorielles, MEDIASPAUL, Kinshasa, pp 7

44 Idem

35

techniques, telles que les lampes au kérosène pour la pêche de nuit, les filets en matière synthétique et la motorisation des bateaux. Le volume annuel des pêches pour l'ensemble du lac, ces dernières années, a été estimé entre 165 000 et 200 000 t - la part de la RDC étant estimée en 1995 à environ 90 000 tonnes. Cette année-là, il y avait 417 sites de débarquement le long de la côte de la RDC, environ 26.300 pêcheurs et 10 650 bateaux de pêche.

Le lac Kivu est commun à la RDC (58 % de sa superficie) et au Rwanda. Au début des années 90, après une période d'assistance technique extensive au secteur rwandais, le total des petits débarquements pélagiques était estimé à environ 3 200 t et ceux d'autres espèces à environ 4 300 t. La pêche a été fortement affectée par les troubles civils et les guerres de la région au cours de la décennie et les volumes de pêche ont évolué en conséquence.

Le lac Édouard est commun à la RDC (71%) et à l'Ouganda (29%). Il a fourni d'importants volumes de pêche dans le passé, mais on ne connaît pas les prises récentes dans le secteur de la RDC. Les informations sur le début des années 90 donnent une production de 11 400 t par an pour la RDC pendant cette période.

Le lac Albert est commun à l'Ouganda (54%) et à la RDC (46%). Comme les autres grands lacs de la Vallée du Rift occidentale, il porte une grande diversité de poissons. Les statistiques des années 80 montrent que les volumes pêchés dans l'ensemble du lac ont fortement varié : entre environ 7 000 à environ 20 000 t. Sur les quelques unité industrielles qui pêchaient dans les eaux de la RDC au début des années 70, une seule serait encore en exploitation.

Le Bassin du fleuve Congo. Le fleuve Congo et ses affluents représentent quelque 33 000 km de voies d'eau. Pendant les hautes eaux, les plaines d'inondation et les marais couvrent des dizaines de milliers de km2. Les zones inondées n'ont pas été mesurées précisément : les estimations vont de 25 000 à 50 000 km2. Les rapports de la FAO du milieu des années 80 indiquent : un potentiel annuel de rendement de 90 000 t ou plus ; un effort très dispersé, certains groupes de pêcheurs travaillant à partir de petits villages ou de campements temporaires et utilisant des méthodes traditionnelles de pêche et un volume de prises de l'ordre de 20 000 t atteignant les marchés de Kinshasa.

Autres lieux de pêche :

(i) l'ensemble de lacs et de zones inondables de Lualaba, aussi appelé la Dépression de Kamolondo, qui comporte plus de 50 lacs de toutes tailles était estimé, au début des années 80 produire un volume de prises compris entre 10 et 16 000 t ;

36

(ii) les forêts inondés du bassin central du Congo dans la région de Mbandaka au confluent entre l'Oubangui et le Congo, qui couvre près de 38 000 km2, dont le rendement potentiel annuel est estimé entre 100 000 et 120 000 t ;

(iii) le lac Tumba, pièce d'eau peu profonde dont le potentiel annuel est estimé entre 2 000 et 3 500 t ;

(iv) le lac Mayi Ndombe, lac peu profond du mi-Congo et les forêts inondées et marais qui l'entourent, d'un potentiel annuel estimé à environ 1 000 t et enfin

(v) le Pool Malebo (anciennement Stanley Pool), le grand lac fluvial formé par l'élargissement du fleuve Congo entre les villes de Kinshasa et de Brazzaville où le total annuel des prises, au milieu des années 80, était estimé, pour la RDC, entre 3 000 et 3500t.

II.1.2 Potentiel Minéral et hydraulique

Potentiel minéral

La République Démocratique du Congo, un pays aux ressources minérales considérables. Le sous-sol de la RDC est riche en minéraux. Plus de 1,100 minéraux et métaux sont répertoriés.45 Les réserves de cuivre du Katanga sont les deuxièmes plus importantes du monde après le Chili. Le pays détient les plus importantes réserves de diamant (25% du total connu), de cobalt et d'or connu au monde. Ces ressources sont reparties entre les différentes provinces du pays, suivant des disparités géologiques importantes. Le Katanga, les deux Kivu, et la province du Maniema sont les provinces dont les sous-sols recèlent les ressources minérales les plus diverses et les plus importantes. La province du Katanga possède à elle seule des réserves estimées dans la ceinture de cuivre à 70 millions de tonnes de cuivre, 5 millions de tonnes de cobalt et 6 millions de tonnes de zinc. Des gisements de cuivre sont également présents dans les sous-sols du Bas-Congo, mais de taille relativement modeste.46

Les réserves de diamants estimées pourraient être importantes, avec 150 millions de carats. Certaines estimations suggèrent même que jusqu'à 500 millions de carats pourraient être présents dans les sous-sols du pays. Les gisements de diamants sont principalement présents dans les deux Kassaï, dans le Katanga et les Kivu.47

45 Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba et Moïse Tshimenga

Tshibangu (editeurs), Resilience d'un Geant Africain : Accelerer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en Republique Democratique du Congo, Volume II : Etudes sectorielles, MEDIASPAUL, Kinshasa, page102 46Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba et Moïse Tshimenga Tshibangu (editeurs), Résilience d'un Géant Africain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en

République Démocratique du Congo, Volume II : Etudes sectorielles, MEDIASPAUL, Kinshasa 102 47 Idem, p103

37

Les principales ressources aurifères se trouvent dans la région de l'Ituri, dans la province

Orientale, dans les Kivu et dans le Maniema. Les trois sites principaux considérés pour l'exploitation industrielle d'or contiendraient environ 850 tonnes.

Les gisements d'autres minéraux tels que le coltan ou la cassitérite se trouvent principalement dans l'est et le sud du pays.

TABLEAU 1 Répartition des principales ressources minérales par province48

Province

Minéraux

1

Bandundu

Diamants, Or

2

Bas Congo

Bauxite, phosphate, diamants, or, cuivre, zinc, calcaire, vanadium, plomb, pétrole, uranium

3

Equateur

Fer, cuivre, or, diamants

4

Province Oriental

Or, diamants, fer, tungstène, coltan, étain

5

Kasai Oriental

Diamants, fer, argent, nickel, cuivre, étain

6

Kasai Occidental

Diamants, or, manganèse, chrome, nickel

7

Katanga

Cuivre, cobalt, oxyde d'étain, tungstène,

platine, manganèse, calcaire, uranium,

charbon, palladium, coltan, germanium, or,
argent, diamant, fer, plomb, zinc

8

Nord Kivu

Or, Niobium, oxyde d'étain, tantalite, tungstène, platine, saphirs, tourmaline, améthystes, quartz, et pierres semi-précieuses

9

Sud Kivu

Or, niobium, tantalite, oxyde d'étain, tungstène, platine, saphirs, tourmaline, améthyste, quartz,

pierres semi-précieuses, cuivre, gaz, pétrole,
cobalt

10

Maniema

Diamants, oxyde d'étain, coltan, or, tungstène

48 Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba et Moïse Tshimenga

Tshibangu (editeurs), Résilience d'un Géant Africain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en République Démocratique du Congo, Volume II : Etudes sectorielles, MEDIASPAUL, Kinshasa, pp102

38

Potentiel en hydrocarbure

Les réserves d'hydrocarbure de la RDC identifiées sont principalement situées dans trois bassins sédimentaires. Le bassin côtier d'une superficie de 6 000 km2 ; le bassin géant de la cuvette centrale, d'une superficie de 800 000 km2 ; et le bassin de la branche ouest du rift Est Africain, composé de 6 grabens, pour une superficie totale de 50 000 Km2. Le bassin côtier est le seul site d'exploitation actif depuis une trentaine d'année mais ayant une production moyenne limitée à 25 000 barils (10 000 on shore et 15 000 off shore) de brut par jours, ayant atteint un pic à 28 000 barils en 2008, sur environ 300 puits, on et off shore. Le potentiel en hydrocarbures du sous-sol de la RDC pourrait être considérable mais demeure largement méconnu. Certaines projections évaluent le potentiel pétrolier à 180 millions de barils.49 Le Lac Kivu contient de réserves de gaz méthane, évaluées à 50 milliards de Nm3.

II.1.3 Potentiel Forestier

La RDC possède parmi les plus importantes ressources forestières du monde. Son territoire est constitué à 62% ou 145 millions d'hectares de forets. La diversité des espèces et plantes situe la RDC au cinquième rang des pays ayant la biodiversité la plus riche au monde. Les forets de la RDC peuvent être classifiées selon 4 grandes typologies. La forêt dense humide couvre environ 37% du territoire national, la forêt claire 19%, la forêt de type marécageuse 4% et la forêt de montagne 2%. Les ressources forestières de la RDC couvrent les deux tiers du bloc forestier du Bassin du Congo qui est l'un des plus importants massifs tropicaux du monde; le deuxième après la forêt amazonienne. Sur l'ensemble du territoire de la RDC, les provinces les plus riches en ressources forestières sont l'Equateur (40 millions d'hectares), l'Oriental (37 millions d'hectares) et le Bandundu (12 millions d'hectares). Les différents types de forêts sont repartis suivant trois grandes zones sur le territoire congolais50 :

? Les forêts tropicales de basses terres couvrent environ 86 millions d'hectares, principalement dans le bassin central du pays et dans la province du Bas-Congo, et des galeries de forêts tropicales partent du bassin central et descendent vers le sud, dans les provinces du Kasaï et du Maniema.

? Les hautes terres s'étendent du Rift Albertin et les forêts de types montagnardes présentes dans cette région sont partagées entre cinq pays. En RDC, elles couvrent une partie importante de la région des deux Kivu, une partie des régions orientales, du Maniema et du Katanga. Les forêts situées dans cette zone

49 Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba et Moïse Tshimenga Tshibangu (editeurs), Résilience d'un Géant Africain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en République Démocratique du Congo, Volume II : Etudes sectorielles, MEDIASPAUL, Kinshasa, p113

50 Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba et Moïse Tshimenga Tshibangu , Résilience d'un Geant Africain : Accelerer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en Republique Democratique du Congo, Volume II : Etudes sectorielles, MEDIASPAUL, Kinshasa, pp 151

39

abritent une biodiversité exceptionnelle, partagée avec l'Ouganda, la Tanzanie, le Burundi et le Rwanda.

? Les forêts claires se situent de part et d'autres du bassin central, au nord dans les provinces de l'Equateur et de l'Oriental et au Sud dans les provinces du Kassaï et du Katanga. Ces forêts claires sont également appelées « miombo ».

II.1.4 Potentialité en eau et en énergie

a. Eau

Dense, le réseau hydrographique comprend une trentaine de rivières totalisant plus de 20 000 kilomètres de berges et le fleuve Congo, long de 4 670 kilomètres avec, à l'embouchure, le deuxième débit le plus important du globe (40 000 mètres cubes d'eau par seconde). La RDC est aussi le pays le plus arrosé du continent, avec une moyenne de ressources hydriques renouvelables de 900 kilomètres cubes par an, ce qui représente presque le quart des ressources en eau douce du continent africain.51

b. Energie

Avec son réseau hydrographique très dense et son fleuve au deuxième débit le plus important au monde, le pays dispose du troisième potentiel mondial en source d'énergie hydroélectrique, largement inexploité. La RDC dispose d'un gigantesque potentiel hydro-électrique de 100 000 mégawatts environ, dont 44 000 mégawatts concentrés sur le seul site d'Inga, ce potentiel représente 13 % du potentiel hydroélectrique mondial.52

II.1.5 potentiel humain

La RDC compte plus de 65 millions d'habitants à ce jour avec un taux d'alphabétisation de plus de 68%. La population congolaise est caractérisée par sa jeunesse, plus de la moitié des habitants ont moins de 20 ans. Ensemble avec la sous région centrale, la RDC constitue un vaste marché d'environ 250 millions de consommateurs.

SECTION2: CIRCONSCRIPTION DE LA POLITIQUE DE ZES DANS LES
RACINES CONGOLAISES

Bien de projets allant dans le sens de la régionalisation du développement économique ont déjà été initiés en RDC. Certains sont restés lettres mortes tel le projet de foyers de développement, d'autres ont vu le jour mais n'ont pas abouti, tel le projet de la ZOFI et d'autre sont en profondes études tel le projet de pôles de croissance dans lequel est inclus l'actuel projet de zones économiques spéciales.

51 Http/BAD/OCDE, Perspectives économiques en Afrique: la République Démocratique du Congo, 2007

52 Mabi Mulumba, la gouvernance des infrastructures et le développement durable, cas du barrage d'inga en république démocratique du Congo,exposé du Forum Economique International des Amériques,Conférence de Montréal (Canada) 09 - 12 juin 2008 , page 1

40

2.2.1 Projet de foyers de développement

Le projet de foyers de développement date de l'époque du Zaïre vers les années 89,90 et 91.Il découlait du schéma d'aménagement régional réalisé par le B.E.A.U. L'option fondamentale dégagée dans le cadre de ce projet était une mise à l'évidence de la spécificité régionale. La RDC étant immensément et diversement dotée des ressources naturelles, chaque région économique est capable de porter son propre développement, d'où l'idée de foyer de développement. Le projet portait essentiellement sur le secteur agricole. Huit de ces foyers sont identifiés et brièvement décris dans le tableau ici-bas.

Tableau 2 Foyers de développement

Année de conceptio n

Identification du foyer de développemen t

Brève

description

Stratégie de développement

Programme quinquennal de lancement

1989

Bandundu- FESHI

Délimitation : le foyer de Feshi allait de kikwit à Kasongo - Lunda sur une supérficie de 14522km2. Potentiel : steppes, savanes arborées, prairies humides avec forets - galeries, palmeraie naturelle de densité variable Opportunités : élevage bovin (viandes) et cultures vivrières

- Il fallait apprécier et exploiter les relations villes- campagnes.

- Il fallait institutionnaliser ce foyer en créant un comité de développement qui aurait servi de coordonateur du projet et d'interlocuteur entre les organismes d'aide extérieur de financement et les instances de l'Etat. - Il fallait mettre en place des mécanismes de crédit pour financer le développement urbain

- Il fallait une mobilisation des

Le programme de lancement de ce foyer aurait pu porter sur les points suivant :

- L'aménagement de la route Feshi-Masi-Manimba - Le développement de l'élevage extensif

- Le développement de la production agricole.

- Le développement des activités urbaines de services à Feshi - Le développement du crédit agricole.

41

 
 

(millet, haricot, igname,...)

aides extérieures bilatérales et multilatérales pour mettre en oeuvre la stratégie du foyer

 

1989

Sud-Kivu- UVIRA

Délimitation ; le foyer d'Uvira englobe quatre collectivités dont Tanganyika (zone fizi),Bafulero, Bavira et Plaine de ruzizi. Il s'étend sur une superficie de 5115km2 Potentiel : climat tropical avec 5mois de saison sèche et 7mois de pluie, savane herbeuse .le lac Tanganyika Opportunités : élevage, culture de tubercules et manioc, la pêche

- Relation villes- campagnes en vue de : soutenir l'offre locale, d'assurer la commercialisation des produits agricoles et la pêche, de renforcer les infrastructures de communication et le développement urbain -Institutionnalisation du foyer

- Mis en place des mécanismes de crédits

Le programme quinquennal prévoyait 13 actions fondamentales : - Le développement de l'élevage par l'amélioration de la santé animale, l'amélioration de la race bovine et l'amélioration des pâturages

- Transformation des produits agricoles et d'élevage

- L'aménagement des pistes rurales - L'électrification du foyer

- Construction des marchés

- Organisation du commerce

- Aménagement du nouveau marché d'Uvira

- Aménagement de la gare routière - Viabilisation de la zone montagneuse - Aménagement de la rivière Kiliba afin de faire face aux

42

 
 
 
 

crues saisonnières en saison de pluie - Mis en place du statut de ville

- Développement de crédit

- Développement des organisations professionnelles

1989

Maniema- KASONGO

Délimitation : le foyer de Kasongo englobait les collectivités de Mamba- kasenga, Bakwange, Wazuba, Wagenia et Nonda. Il s'etend sur une superficie de 4040km2 Potentiel : les sols sont de consistance argilo- sablonneuse et présentent des bonnes potentialités pour les cultures vivrières Opportunités : élevage de petit bétail caprin et ovin, culture du riz, arachide, mais

- Soutenir l'offre locale

- Commercialisation des produits vivriers

- Renforcer les infrastructures de communication -Institutionnalisation du foyer

Le programme quinquennal de lancement

prévoyait dix actions :

- Le développement de l'élevage du

petit bétail et plus spécialement des ovins ;

- Amélioration de la situation de l'approvisionnemen t des intrants agricoles ;

- L'organisation de des marchés

ruraux ;

- Création d'une bonne structure de crédits

- Désenclavement de kasongo ; -Electrification de kasongo ;

- Aménagement des pistes rurales ; - Mis en place du statut d'une zone urbaine et

- Aménagement du

43

 
 

,..

 

marché de Kasongo

1989

Nord-Kivu BUTEMBO

Délimitation : le foyer de Butembo comptait deux collectivités dont Baswaga dans la zone de Lubero et Bashu dans la zone de Beni. Il s'étend sur une superficie de 4634km2 Potentiel : un climat de montagne presque tempéré, la couverture végetale naturelle est forestière, les hautes terres de Butembo connues pour leur blé Opportunités : cultures de blé de poireau de pomme de terre

Les stratégies de développement de ce foyer sont les pareilles à celles qui étaient envisagées pour le foyer de Kasongo

Le programme quinquennal prévoyait 13 actions semblables à celles qui devaient être menées dans le foyer d'Uvira

1990

Bas-zaïre- INKISI

Délimitation : L'aire de 30km de rayon autour d'Inkisi constituait la délimitation de

La stratégie de développement qui était retenue pour permettre les nécessaires mutations

Le programme quinquennal proposait cinq actions prioritaires pour le développement du

44

 
 

ce foyer. Dans ce rayon on comptait les collectivités de N'gemba et Ngufu. La surface totale du foyer était de 4650km2 Potentiel : les bas-fonds, de faibles superficie qui offrent des possibilités diversifiées, avec ou sans irrigation (haricot, banane, riz, mais, canne à sucre, maraichage,..) Opportunités : la culture des tubercules, l'élevage et l'arboriculture fruitière.

s'appuyait sur trois axes :

- La modernisation agricole et l'organisation de relations ville- campagne ;

- Le développement urbain ;

- L'adoption de dispositions institutionnelles adaptées au contexte socio- économique local.

foyer d'Inkisi :

- Développement de la production ; - Aménagement du milieu rural ;

- Développement des activités urbaines de service - Aménagement du milieu urbain

- Développement institutionnel et des ressources humaines.

1990

Bas-zaïre-SUD MAYUMBE

Délimitation : L'aire de 15 à 25km de rayon autour du Sud Mayumbe constituait la délimitation de ce foyer. Dans ce rayon on comptait les

La stratégie de développement était axée autour de la reconversion agricole et la coordination des projets :

- Agricole, Sylvio- pastoral et rural - Projet urbain et

Le programme de lancement de ce projet prévoyait : - La mise en place d'un réseau structurant d'infrastructures d'énergie et de communication et - Le renforcement

45

 
 

centres

- Projet

des fonctions

 
 

Matadi, Boma, Lukala et

infrastructure

économiques et urbaines de

 
 

Seke banza

 

centres.

 
 

(Inga).

 
 
 
 

Potentiel : La ligne de transition forêt-savane qui traverse l'aire du foyer d'Est en Ouest à la hauteur de la forêt de Luki, définit deux secteurs aux potentialités différentes ;

 
 
 
 

-au nord et le long des grands axes, on trouve un secteur forestier à vocation plus marquée pour les cultures industrielles à l'Ouest et plutôt mixte vivrier/café à l'Est. On y trouve les meilleurs sols et des fortes densités.

 
 
 
 

-au sud on rencontre une bande de

 
 

46

 
 

savane guinéenne, de plus pauvre au fur et à mesure que l'on se rapproche du fleuve Congo Opportunités : c'est une zone agro-sylvo-pastorale

 
 

1991

Kassaï- occidental MWEKA

Délimitation : L'aire de 15 à 30km de rayon autour de Mweka constituait la délimitation de ce foyer. Il s'étend sur 20155km2 de superficie. Potentiel : on trouve dans ce foyer un climat soudanien : chaud et humide. Ce climat est favorable à toutes les cultures en milieu intertropicales. La disponibilité des terres arables constitue un second atout

La stratégie de développement mis en place tournait autour de : - L'exploitation de relations villes- campagnes pour la simple raison que les marchés urbains constituaient le principal moteur de transformation du milieu rural.

- Le développement urbain -Institutionnalisation du foyer de Mweka

Le plan de développement du foyer de Mweka prévoyait sept actions prioritaires : - La réhabilitation et l'entretien des routes (d'intérêt général et de desserte agricole) - La réorganisation du circuit de commerce et d'implantation des infrastructures de stockage des produits agricoles, - Le développement de la pisciculture, - Le développement de la culture de café

- L'octroi de crédits de campagnes aux opérateurs économiques,

- L'aménagement du marché de la

47

 
 

important. La partie nord de Mweka est constituée des ferra sols sous-foret, tandis que la partie sud est mêlée à des ferrisols et ferra sols sous-savane. Opportunités

: le site de Mweka est à vocation agricole, les rivières Sankuru et Kasaï sont poissonneuses et rendent possible la pêche dans ce foyer

 

cité de Mweka - Le développement des organisations professionnelles.

1991

Kassai occidental LUIZA

Délimitation : L'aire de 30km de rayon autour du siège de la zone de Luiza. Compte tenu de la morphologie du site et de l'accessibilité des collectivités rurales, ce foyer de

La stratégie de développement tourne autour de : - Relations villes- campagnes ;

- Le développement de la cité ; l'institutionnalisatio n de la cité Luiza.

Le plan de lancement du foyer portait sur cinq points suivants : - Développement la production ;

- Aménagement du milieu rural ;

- Développement des activités urbaines de services ;

- Aménagement de la cité de Luiza ; - Développement

48

 
 

développement

 

institutionnel et des

 
 

comprenait le

 

ressources

 
 

territoire compris entre la rivière Lulua à l'Est et la rivière Lueta à l'Ouest.

 

humaines.

 
 

Potentiel : la zone de Luiza jouit d'un climat tropical humide avec une saison sèche de 3 mos contre

 
 
 
 

9mois de pluie.

 
 
 
 

L'étendu et la disponibilité des terres arables constituent le second atout important.

 
 
 
 

Opportunités

 
 
 
 

: cultures vivrières (manioc, arachide, le riz, soja,..), élevage des bovins.

 
 

Source : B.E.A.U/1989-1991

II.2.2 Le projet de zone franche d'Inga (ZOFI)

Ce projet date de l'époque du Zaïre, il consistait à créer une zone franche des droits de douanes et d'exportation dans la province du Bas-Congo afin d'attirer les investisseurs dans le secteur de l'énergie électrique. Comme le projet de

49

foyers de développement, celui de zone franche n'a jamais vu le jour.les avis sur les raisons de l'échec de ce grand projet sont nombreuses. D'après le professeur Tiker Tiker, la demande intérieure en énergie électrique était largement inférieure à la production qui était attendu dans cette zone, par conséquent les investisseurs ne trouvaient pas de l'intérêt à produire pour un marché quasi inexistant.

D'après le Directeur du cabinet au Ministère du plan de la RDC, Mibulu Mukini, le contexte interne et externe entre en jeu pour expliquer largement l'échec de ce projet. Du point de vu externe les prix d'aluminium sur le marché mondial avait connu une chute, ce qui a entrainé, pour les entreprises minières zaïroises, la baisse de production des matières premières. Il n'y avait donc pas raison significative qui motiverait une demande en énergie et qui puisse favoriser la mise en oeuvre de ce projet ZOFI. Mais aussi, les porteurs du projet ont fait défaut. Le projet était de grande ampleur et nécessité un budget suffisamment grand pour investir, il lui a donc manqué des grandes multinationales qui pouvaient y investir. Au niveau interne il a manqué un portage politique de l'intérêt général. D'après Mibulu Mukini, la classe politique a été dans ce temps caractérisé par la primauté de l'intérêt personnel.

II.2.3 Le projet de développement de pôles de croissance(PDPC)

Ce projet a été initié en 2013 par le gouvernement de la RDC en vue de répondre à l'insuffisance de la production agricole à la quelle fait face la RDC depuis longtemps. Comme celui de Foyers de développement, ce projet porte essentiellement sur le secteur agricole. Il se focalisera sur le corridor Matadi-Kinshasa-Kikwit, sélectionné comme le corridor qui remplit un certain nombre de critères essentiels (transports, électricité, marché/population, existence de secteurs porteurs). Une autre motivation qui a amené au choix de ce corridor se justifie par la présence d'une très bonne route pavée de réseau qui relie Matadi à Kinshasa (350 kms), et Kinshasa à Kikwit (540 kms). Il fournit l'accès au port international de Matadi, à un aéroport international, au fleuve et à la capitale de République du Congo. L'électricité est disponible à partir des barrages d'Inga bien que l'accès reste peu fiable. Il a un potentiel dans plusieurs secteurs dont l'agriculture (manioc, maïs, haricot, riz, fruits & légumes), la foresterie, la pêche, les matériaux de construction, l'élevage. Il a un grand marché (environ 10 millions à Kinshasa). C'est dans le cadre de ce projet que le parc agroindustriel de Bukanga lonzo au Bandundu a été initié. L'Etat congolais s'est manifesté jusque là comme porteur privilégié et principale de son projet. Dans ce cadre l'Etat congolais compte procéder par le développement des chaînes de valeur agricole dans le Bas-Congo, le développement des affaires proactif et l'Évaluation de la coordination, de suivi, de communication et d'impact.

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II.2.3.1 Développement des chaînes de valeur agricole dans le Bas-Congo

Il s'agit ici de renforcer les capacités d'approvisionnement agricole des organisations paysannes et de fournir des infrastructures rurales de base en vue de renforcer les chaînes de valeur ciblées et améliorer l'approvisionnement des marchés, y compris celui de Kinshasa. Le renforcement des capacités de production agricole se concentrera initialement sur trois filières: huile de palme, le manioc et le riz.

Le projet permettra de renforcer la capacité d'environ 50.000 agriculteurs par le biais des organisations, y compris les associations de femmes. Il apportera des compétences techniques, et facilitera l'introduction de pratiques et technologies innovantes, en partenariat avec les institutions locales, y compris l'Institut national de recherche agronomique (INERA) et le Service national des semences (SENASEM). Ces institutions travailleront avec les organisations paysannes et les ONG pour promouvoir l'accès à des intrants de qualité (semences, boutures), les services de vulgarisation agricole et d'autres contributions pertinentes nécessaires pour améliorer l'offre de produits agricoles.53 Dans le secteur de l'huile de palme, le projet appuiera le développement d'un partenariat entre une grande entreprise de transformation de l'huile de palme basée à Boma et des groupes de petits agriculteurs, dans le but de structurer, d'intégrer et de développer des chaînes d'approvisionnement dans ce secteur.54 .

Le projet appuiera la création d'un centre technique pour la transformation des produits alimentaires dans Lukula, un grand centre de production situé entre Boma et Tshela. Le centre fournira des équipements de traitement utilisés conjointement par les organisations de producteurs dans les régions environnantes. Le centre technique existant à Kimpese sera également développé et étendu pour servir de centre de traitement de référence et d'entité de renforcement des capacités pour les pôles de Kisantu, Mbanza Ngungu, et Kimpese.55

Pour ce qui est de l'appui aux infrastructures rurales, le projet prévoit la réhabilitation et l'entretien des réseaux de routes rurales. Environ 1.500 km de routes rurales qui ont besoin de réadaptation ont été identifiés dans le plan directeur, dans les zones ciblées et des pôles (zone du Bas Fleuve, au long de l'axe Boma-Tshela), ainsi que dans le centre de croissance de Inkisi-Mbanza Ngungu et Kimpese. . Le projet permettra également de financer les infrastructures de base pour la production et la post-récolte, les petits entrepôts et des centres de collecte à des endroits près des

53 Ministère des finances ;projet de développement des poles de croissance,2013,p 21

54 IDEM

55 Ministère de finances RDC, projet de développement des poles de croissance,2013

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sites de production. Plus précisément, afin de faciliter l'approvisionnement du marché de Kinshasa, le projet permettra de renforcer les plates-formes d'infrastructure et les centres de collecte (principalement stationnement et entrepôts) à Mbanza Ngungu et Kimpese qui représentent déjà la fonction de lieux de collecte pour les produits destinés à Kinshasa.

II.2.3.2 le développement des affaires proactif

Il s'agit d'améliorer l'environnement des affaires en vue de promouvoir les investissements et soutenir les activités productives dans les chaînes de valeur ciblées et des pôles. Pour attirer les investissements le projet s'attarde sur la mise en place de trois instruments:

(i) un projet de développement du Fonds (PDF),

(ii) une plate-forme proactive de promotion des investissements (PIPP) et

(iii) une Conférence permanente des investisseurs de cause (PIC).

II.2.3.3 l'Évaluation de la coordination, de suivi, de communication et d'impact.

Il s'agit de renforcer les capacités de coordination du projet en mettant en oeuvre un comité de pilotage multisectoriel capable de fournir une orientation stratégique au projet et garantir la réalisation des objectifs visés.

II.2.4 Vue analytique des 3 projets ci haut

Une condition d'ordre infrastructurel qui a été soulevé dans le projet de Foyers de développement comme pilier fondamental du décollage pour un grand projet économique trouve échos dans le projet de pôles de croissance. Par contre, à la question de partenariat soulevé dans le projet de ZOFI, l'allusion est faite seulement à la Banque mondiale. Le projet de ZOFI s'adressait essentiellement au marché extérieur alors que ceux de Foyers de développement et de Pôles de croissance sont autocentrés sur le marché local, et ne pourront servir le marché extérieur que lorsque le marché intérieur sera suffisamment servi. Il ne s'agit pas d'une amélioration de ces deux projets par rapport à celui de la ZOFI mais bien de la nature de production qui était visée par l'un ou l'autre projet. L'étape commune à ces trois projets non encore franchi est le passage de papier au terrain.

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