WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Valoriser l'activité des sages-femmes : comment conduire le changement vers un nouveau paradigme ?

( Télécharger le fichier original )
par Anne CALLAC
Université de Bourgogne, UFR des Sciences de Santé - Master Santé Publique et Environnement, spécialité PERINATALITE : mangement et pédagogie 2015
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

 

UNIVERSITE DE BOURGOGNE UFR des Sciences de Santé

VALORISER L'ACTIVITE DES SAGES-FEMMES :

COMMENT CONDUIRE LE CHANGEMENT VERS UN NOUVEAU PARADIGME ?

Exemple à la Maternité de la Clinique Jules Verne de Nantes

Mémoire présenté à la Faculté de Médecine de Dijon
Pour l'obtention du Master Santé Publique et Environnement
Spécialité PERINATALITE : MANAGEMENT ET PEDAGOGIE

Soutenu le 14 septembre 2015

Par Anne CALLAC

Direction de mémoire : Monsieur Adrien HESSENBRUCH

 

UNIVERSITE DE BOURGOGNE UFR des Sciences de Santé

VALORISER L'ACTIVITE DES SAGES-FEMMES :

COMMENT CONDUIRE LE CHANGEMENT VERS UN NOUVEAU PARADIGME ?

Exemple à la Maternité de la Clinique Jules Verne de Nantes

Mémoire présenté à la Faculté de Médecine de Dijon
Pour l'obtention du Master Santé Publique et Environnement
Spécialité PERINATALITE : MANAGEMENT ET PEDAGOGIE

Soutenu le 14 septembre 2015

Par Anne CALLAC

Direction de mémoire : Monsieur Adrien HESSENBRUCH

REMERCIEMENTS

Merci à Monsieur Adrien HESSENBRUCH, directeur-adjoint à la Clinique Victor Hugo, groupe de santé Vivalto, et enseignant sur l'Université de Paris-Descartes et l'Université de Bourgogne, pour avoir accepté de diriger ce mémoire, pour son optimisme professionnel, ses conseils pertinents et ses idées innovantes sur la gestion en santé,

Merci au Docteur Georges LEGRAND, médecin responsable du Département de l'Information Médicale de la Clinique Jules Verne, qui a accepté de m'accueillir en stage sur ce secteur jusqu'alors mystérieux, pour son accompagnement bienveillant, ses références bibliographiques et pour avoir partagé ses connaissances d'expert,

Merci à l'équipe des TIM de la Clinique Jules Verne,

à Madame Véronique MORIN et à Monsieur Benjamin ROBILLARD, pour leur accueil chaleureux, leurs conseils avisés et constructifs et leur soutien précieux,

Merci à l'équipe de Direction de la Clinique Jules Verne pour m'avoir permis de poursuivre ma formation universitaire, de découvrir un département-support de l'établissement et d'en comprendre les abysses du fonctionnement,

Merci à Madame Marylène GLEMIN, sage-femme coordonnateur général,

d'avoir pallié à mes absences et pour sa collaboration professionnelle,

Merci à mes 3 enfants, mon compagnon, ma famille et mes amis proches pour m'avoir fait confiance, pour leur soutien et pour avoir accepté mon manque de disponibilité durant ces années d'études.

« Les valeurs se situent à mi-chemin entre les convictions durables d'une communauté historique et les réévaluations incessantes que réclament les changements d'époque et de circonstance avec l'émergence de problèmes nouveaux »

Paul Ricoeur (1913-2005)

Table des matières

PREAMBULE 1

INTRODUCTION 3

1. PREMIERE PARTIE 5

1.1. PROBLEMATIQUE 5

1.2. CONTEXTE 5

1.2.1. Contexte général 5

1.2.2. Contexte local 7

1.3. LIMITES DU SUJET 10

1.3.1. Informatique 10

1.3.2. Contexte social 11

1.3.3. Codage des actes externes 11

2. DEUXIEME PARTIE 12

2.1. CHOIX METHODOLOGIQUE DU SUJET 12

2.1.1. Justification de l'étude 12

2.1.2. Hypothèses de recherche 12

2.1.3. Objectifs 12

2.1.4. Population d'étude 14

2.1.5. Modalités de réalisation 14

2.2. RECUEIL DE DONNEES 15

2.2.1. Pour l'étude qualitative 15

2.2.2. Pour l'étude quantitative 15

2.3. RESULTATS DE L'ETUDE 16

2.3.1. Résultats de l'étude qualitative 16

2.3.2. Résultats de l'étude quantitative 20

3. TROISIEME PARTIE 29

3.1. LIMITES ET FORCES DE L'ETUDE 29

3.2. DISCUSSION 29

3.2.1. La nomenclature SF 30

3.2.2. Le quizz SF 31

3.2.3. La reconnaissance professionnelle 31

3.2.4. La singularité 33

3.2.5. Place de l'hospitalisation privée à but non-lucratif 34

3.3. SOLUTIONS DEJA APPORTEES 35

3.3.1. Au niveau national 35

3.3.2. Au niveau local 36

3.4. APPROCHE DE SOLUTIONS ET ACTIONS ENVISAGEES 37

3.4.1. Organisation 37

3.4.2. Communication 38

3.4.3. Formation 39

3.4.4. Implication 40

3.5. POSITIONNEMENT DE LA SAGE-FEMME CADRE 40

CONCLUSION 42

BIBLIOGRAPHIE 44

LISTE DES FIGURES 47

ANNEXES 48

GLOSSAIRE

ACE Actes et Consultations Externes

ANAP Agence Nationale d'Aide à la Performance

ATIH Agence Technique de l'Information sur l'Hospitalisation

CCAM Classification Commune des Actes Médicaux

CDD Contrat à Durée Déterminée

CDI Contrat à Durée Indéterminée

CPEF-CIVG Centre de planification et d'Education Familiale -Centre d'Interruption Volontaire

de Grossesse

DGFIP Direction Générale des Finances Publiques

DGOS Direction Générale de l'Offre de Soins

DIM Département de l'Information médicale

ESPIC Etablissement de santé Privé d'Intérêt Collectif

FEHAP Fédération des Etablissements Hospitaliers et d'Aide à la Personne

FIDES Facturation Individuelle Des Etablissements de Santé

IGAS Inspection Générale des Affaires Sociales

IPAQSS Indicateurs Pour l'Amélioration de la Qualité et de la Sécurité des Soins

LFSS Loi de Financement de la Sécurité Sociale

MCO Médecine-Chirurgie-Obstétrique

NGAP Nomenclature Générale des Actes professionnels

OPCA Organisme Paritaire Collecteur Agréé

PACES Première Année du Cycle des Etudes en Santé

PMSI Programme de médicalisation des Systèmes d'Information

RCF Rythme Cardiaque Foetal

SF Sage-femme

T2A Tarification à l'activité

TIM Technicienne de l'Information Médicale

UNCAM Union Nationale des Caisses d'Assurance Maladie

1

PREAMBULE

Cela fait 13 ans que je suis sage-femme... J'ai surtout exercé en maternités hospitalières de taille modeste et j'appréciais cet exercice clinique car il y avait une singularité dans la prise en charge des femmes, coeur de mon métier.

J'ai rapidement nourri des projets pour évoluer dans ma carrière professionnelle. J'envisageais autre chose, je souhaitais me positionner sur des projets plus décisionnaires dans les organisations.

Au fil de lectures [1][2], d'échanges et de formations j'ai vite mesuré, en tant que sage-femme, la nécessité de s'imprégner d'une culture médico-économique pour emprunter avec efficacité le chemin du parcours de santé des femmes.

Dans ces lectures, figurent les ouvrages de Jean de Kervasdoué, qui m'ont confortée sur la nécessaire implication des professionnels de santé dans l'approche économique du système sanitaire français. Cet économiste de la santé visionnaire, m'a ouvert les yeux sur un système qui gagne à devenir plus modulable pour être plus performant.

Mes premiers contacts professionnels avec le Département de l'Information Médicale se sont passés dans le cadre d'une démarche d'Evaluation des Pratiques Professionnelles sur l'hémorragie du postpartum. Grâce à cette expérience, j'avais bien imaginé la mine d'informations à disposition pour orienter en termes de prévisions d'activités et de décisions stratégiques pour un établissement et aussi pour un pôle de maternité.

J'ai poursuivi l'acquisition de connaissances en intégrant le Master Périnatalité à Dijon et j'ai débuté ma « première expérience » en tant que cadre sage-femme sur un établissement privé à Nantes. J'ai mis à l'épreuve mes capacités d'adaptation professionnelles en jonglant avec toutes ces nouveautés. Pour le stage de fin d'études, j'avais souhaité le réaliser au sein du département de l'Information médicale de la clinique, tant pour mieux connaître leur fonction support que pour créer des ponts avec la maternité.

Pour mon travail de mémoire, j'ai éprouvé quelques craintes à réaliser un mémoire purement économique ; la touche midwifery était, à mon sens, essentielle pour combler mes attentes professionnelles et rester en cohérence avec les convictions en ma profession et ses valeurs.

L'idée de la valorisation de nos actes et de nos compétences propres a mûri grâce aux enseignements reçus à Dijon, aux échanges avec mon directeur de mémoire et aux rencontres professionnelles sur le département de l'information médicale de mon établissement.

2

Ces dernières années ont été denses mais riches d'apprentissages : je sais qu'il faut que notre profession prenne ce chemin de l'efficience des prises en charge. Cela est devenu aujourd'hui indispensable pour les femmes, les sages-femmes, les établissements et les tutelles pour assurer la pérennité d'une qualité de soins pour les femmes.

Mon travail est axé sur la valorisation de notre activité professionnelle de sage-femme et de réflexions sur la conduite du changement vers une prise de conscience économique su soin.

3

INTRODUCTION

Le champ de compétences des sages-femmes ne cesse de s'élargir [3]. Les politiques de santé actuelles les positionnent clairement sur le parcours de santé des femmes pour une qualité de prise en charge personnalisée et pour une diminution du coût de ce parcours [4].

Ce parcours tend à devenir moins hospitalo-centré : au regard de ces politiques de santé émergentes, les activités s'externalisent petit à petit. Cependant, nos hypothèses de recherche tendent à penser que les professionnels mesurent encore peu les conséquences économiques de leur production de soins dans les établissements où ils exercent.

Il y a aujourd'hui un changement de paradigme qui entraîne une évolution du financement global des soins : externaliser les pratiques autant que possible par des professionnels libéraux et maintenir dans les établissements les actes plus techniques et plus spécialisés.

Chaque établissement de santé, public ou privé, adopte aujourd'hui des stratégies pour conduire ce changement, rendu nécessaire par la conjoncture médico-économique.

En tant que sage-femme cadre, j'ai souhaité réfléchir à cette conduite du changement car cela influence forcément le mode de pensée des professionnels quant à leurs actions et à la manière de faire reconnaitre leur travail.

Notre travail de recherche s'appuie sur une étude réalisée sur la Clinique Jules Verne à Nantes où je suis sage-femme cadre et où exercent plus de 40 sages-femmes. Cela peut représenter une limite à notre travail mais apporte cependant des éléments de réflexion sur la culture des sages-femmes en exercice professionnel.

La première partie expose la problématique de notre recherche car l'absence de cotation de l'activité sage-femme, par les sages-femmes elles-mêmes, crée un doute sur l'exhaustivité et la qualité du recueil des actes qu'elles pratiquent. Ce doute représente une perte de recettes potentielles pour la Clinique mais aussi un manque de lisibilité de leur activité réelle.

Cette première partie est complétée par des éléments du contexte général et local.

La deuxième partie est la réalisation de notre étude. Nous exposons notre justification, nos hypothèses de recherche et notre choix méthodologique. L'étude est réalisée en deux temps. Les résultats sont présentés pour l'étude qualitative puis pour l'étude quantitative.

La troisième partie ouvre la discussion de ces résultats sous plusieurs approches en prenant en considération les forces et les limites de notre travail. Nous évoquerons des solutions déjà apportées

4

aussi bien d'ordre général que local, et nous construirons le projet d'approche de résolution de problème avec mon positionnement de sage-femme cadre.

La conclusion sera ponctuée des perspectives professionnelles potentielles suite à ce travail universitaire.

5

1. PREMIERE PARTIE

1.1. PROBLEMATIQUE

La maternité de la Clinique Jules Verne possède des atouts en termes d'offre de soins, de prise en charge et d'une politique de naissance historiquement respectueuse des femmes et du couple sur la région nantaise. Cependant il perdure une difficulté à valoriser cette offre de soin.

Il nous a semblé judicieux de nous questionner sur les premières étapes du parcours de soins des femmes en maternité, en l'occurrence le secteur des consultations prénatales, porte d'entrée en maternité.

Le constat est que les sages-femmes ne codent pas directement leur activité ce qui crée un doute sur l'exhaustivité et la qualité de recueil des actes qu'elles réalisent.

Ainsi ce doute représente un manque à gagner potentiel pour la Clinique mais aussi un défaut de lisibilité de l'activité réelle des sages-femmes.

A partir de ces constats, nous nous sommes interrogés sur les raisons des réticences des sages-femmes à ne pas coder de façon exhaustive leur activité et sur les choix faits par l'institution pour la réalisation du codage. Suite à notre étude, nous serons en mesure de proposer des pistes de mise en oeuvre de leviers pour y remédier.

1.2. CONTEXTE

1.2.1. Contexte général

Les sages-femmes prennent de plus en plus de place sur le parcours de santé des femmes : leurs compétences se sont étendues [5] et la nomenclature a été revalorisée (ANNEXE I). Leur place auprès de la population féminine devient inévitable sur certains territoires de santé.

Dans le contexte économique actuel, ces évolutions semblent adaptées pour améliorer la qualité du système de santé pour les femmes et en maîtriser les dépenses. Cependant malgré ces évolutions, l'hôpital apparaît toujours comme trop consommateur de ressources au regard des résultats en termes de santé sur la population.

Les établissements de santé sont en quête de performance : ils doivent coupler la qualité de soins délivrés aux patients à une juste mobilisation de ressources pour en limiter les coûts [6].

Tous les acteurs ne perçoivent pas cette quête de performance de la même façon. Les professionnels de santé y voient une recherche d'efficience, les usagers perçoivent surtout l'amélioration de la

6

qualité des soins et les tutelles administratives la nécessité de mettre en place de nouveaux systèmes de coordination (notamment avec la ville).

Tous ces angles d'approche montrent que le système hospitalier français est aujourd'hui désorienté : « il est embarrassé par l'accumulation des technologies, engoncé dans ses habitudes et ses coutumes, indécis quant aux conduites à tenir pour répondre à l'émergence des droits des patients, perdu dans la réglementation tatillonne, et surpris que les patients lui demandent des comptes » [7].

Aujourd'hui encore beaucoup d'activités de sages-femmes sont réalisées en établissements mais demain, ceux-ci s'orientent vers une externalisation de certaines activités vers la ville. C'est dans ce contexte de réalité économique et financière qu'un changement doit être conduit afin de donner cette place aux sages-femmes sur le parcours de santé des femmes et d'optimiser leur place dans les établissements.

· Les actes externes en établissements de santé

En 2004 l'enjeu de la mise en place de la T2A* est avant tout économique afin de maîtriser les dépenses. Ce mode de financement a permis davantage de transparence sur l'activité hospitalière au travers du PMSI*. Selon un rapport de l'IGAS* de 2012, la T2A n'a été conçue ni pour améliorer la qualité des soins, ni pour assurer l'accès aux soins pour tous [8].

Ce dispositif n'a pas non plus modifié la comptabilisation, ni la valorisation des consultations et actes externes. En effet, la rémunération se fait par deux systèmes différents : la NGAP* pour les consultations et la CCAM* concernant les actes techniques. Aujourd'hui certains projets tendent vers une refonte de la nomenclature des consultations pour conduire à une CCAM des actes cliniques.

Le mode de comptabilisation de ces actes a cependant changé afin de préparer la facturation individuelle dans le cadre du projet FIDES* [9].

Des fichiers sont transmis mensuellement et de façon anonymisée sur la plateforme de l'ATIH*. Cette agence nationale a pour objectif d'exploiter l'information hospitalière.

· La Nomenclature générale des Actes Professionnels (ANNEXE I)

La NGAP a été créée en 1972. Les textes réglementaires sont régis par l'arrêté du 27 mars 1972 paru au Journal Officiel. Elle comprend, outre les dispositions générales, la liste des actes pris en charge par l'Assurance Maladie.

Depuis la loi du 13 août 2004, les actes pris en charge par l'assurance Maladie doivent être inscrits sur la liste des actes et des prestations [10].

La décision de l'UNCAM* du 11 mars 2005, au moment de la mise en oeuvre de la CCAM a distingué 2 parties dans cette liste:

- La CCAM qui regroupe les actes techniques réalisés par les médecins

- La NGAP qui est maintenue pour les actes cliniques médicaux, les actes communs avec ceux des sages-femmes et des auxiliaires médicaux, et les cas particuliers des actes de chirurgie dentaire réalisés par des médecins [11]

Aujourd'hui la CCAM ne distingue pas les actes produits par les médecins ou les sages-femmes : le coût des actes est le même et ne varie pas en fonction du professionnel qui le réalise.

1.2.2. Contexte local

La Clinique Jules Verne dépend du Groupe Harmonie Mutuelle1.

Créée en 2004 par le regroupement de plusieurs cliniques, elle a la particularité d'être composée d'un secteur libéral et d'un secteur non-lucratif.

Le secteur libéral représente les deux tiers de l'activité de la clinique Jules Verne. La maternité dépend du secteur ESPIC*. La clinique Jules Verne dispose de plus de 400 lits et places et comptabilise plus de 42500 séjours sur l'année 2014.

La maternité de type IIa a été créée par la fusion de 2 maternités : La maternité de la Clinique privée de la Haute-Forêt et la maternité de la Clinique mutualiste de Saint Sébastien-sur-Loire. Cette dernière est née en 1983 de la rencontre d'associations d'usagers, des Mutuelles de Loire-Atlantique et de professionnels de la périnatalité.

Plus de 13600 naissances sont réparties sur l'agglomération nantaise : un quart des naissances se réalise sur la Clinique Jules Verne.

7

1 Site Internet www.cliniquejulesverne.fr

8

Figure 1 : Cartographie de la localisation géographique des patientes en maternité, vision départementale de janvier à juin 2014 (Loire-Atlantique)

En 2009, suite à un déficit financier de ll l'établissement, lles objectifs de l volume d'accouchements ont progressivement été revus à la hausse (passant d'un objectif annuel de 2900 à 3200 naissances/an).

3500

3000

2500

2000

nombre ' d'accouchements

1500

1000

500

0

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Figure 2 : Evolution du nombre d'accouchements à la Clinique Jules Verne

de 2004 à 2014

 

Les actes et consultations externes des sages-femmes en maternité concernent : les consultations prénatales (programmées et d'urgence), les actes d'échographie obstétricale et les séances de préparation à la naissance et à la parentalité.

9

Actuellement, sept demi-journées par semaine sont dédiées aux consultations prénatales, deux demi-journées pour les entretiens et trois demi-journées pour les échographies obstétricales. En termes de ressources humaines, ces activités nécessitent 4,8 ETP de sages-femmes.

Sur l'année 2014, les sages-femmes ont réalisé 6352 actes en SF et 3157 actes en C, ce qui représente un montant de base de remboursement d'une valeur de 229 047 €. (Source SIGEMS®)

Concernant l'activité de nuit (de 0h à 6h) : 324 actes (SF et/ou C) ont été tracés sur l'année 2014 pour l'activité réalisée par les sages-femmes. Soit une moyenne inférieure à une consultation par nuit. (Source SIGEMS®)

Pour un focus de l'évolution de cette activité prénatale, nous avons choisi d'extraire le volume d'activité externe des sages-femmes sur un mois. Le mois de janvier a été choisi sur les cinq dernières années car les contraintes calendaires sont les mêmes d'une année sur l'autre.

700

janv.-10 janv.-11 janv.-12 janv.-13 janv.-14 janv.-15

600

500

400

300

200

100

0

Nombre de C-CG

Nombre de SF

Nombre de KE (échographie)

Figure 3 : Evolution du volume d'activité externe mensuelle des sages-femmes à la Clinique Jules Verne (des mois de janvier 2010 à janvier 2015)

16 000 €

14 000 €

12 000 €

10 000 €

4 000 €

2 000 €

8 000 €

6 000 €

- €

janv.-10 janv.-11 janv.-12 janv.-13 janv.-14 janv.-15

Montant base de remboursement des C-CG

Montant base de remboursement des SF

Montant base de remboursement des KE

10

Figure 4 : Evolution de la valorisation mensuelle de l'activité externe des sages-femmes à la Clinique Jules Verne (des mois de janvier 2010 à janvier 2015)

1.3. LIMITES DU SUJET 1.3.1. Informatique

D'un point de vue informatique, la saisie de l'acte réalisé en consultation est effectuée dans le logiciel administratif Crossway® par la secrétaire médicale ou par la sage-femme (en dehors des heures d'ouverture du secrétariat).

Cette information est déversée ensuite dans le logiciel de facturation Sigems®. Un agent administratif de l'accueil maternité recense actuellement 1 fois par mois tous les actes saisis pour facturation. Crossway® est un outil mis en place sur la Clinique en juin 2014.

Les données médicales sont tracées dans Gynelog®, logiciel dédié à la gynécologie et l'obstétrique en maternité.

La multitude de ces outils informatiques peut représenter un frein pour exporter des données car les logiciels ne sont pas en lien : il n'y a pas d'interface entre les données recueillies dans Gynelog® et le dossier administratif Crossway® du patient.

11

1.3.2. Contexte social

La Clinique Jules Verne présente actuellement une situation économique préoccupante. Cela a amené la Direction de l'Etablissement à présenter, en avril 2015, aux personnels et aux différentes instances un « plan de performance ». Les mesures proposées impactent surtout les unités d'hospitalisation complète et ambulatoire et l'unité de restauration. En maternité, il a été demandé de revoir l'organisation du dispositif de sorties précoces afin de conduire à davantage d'efficience.

Le climat social de la Clinique est houleux depuis l'annonce de ces mesures et il est peu propice aux changements. Des mouvements de grève ont d'ailleurs été massivement suivis par les salariés en juin 2015.

1.3.3. Codage des actes externes

Dans ce travail, nous avons choisi de nous limiter aux actes réalisés par les sages-femmes dans le cadre de leur activité externe et leur capacité à modifier leurs comportements pour atteindre l'exhaustivité du recueil de celle-ci.

Nous avons choisi de ne pas aborder les actes réalisés pendant les séjours (actes CCAM), ceci pour ne pas se disperser dans un contexte de négociations nationales d'une CCAM maïeutique. Ceci pourrait représenter une deuxième étape afin de conduire à un codage complet de l'activité maïeutique par les sages-femmes.

12

2. DEUXIEME PARTIE

2.1. CHOIX METHODOLOGIQUE DU SUJET

2.1.1. Justification de l'étude

A la Clinique Jules Verne, l'activité de codage des actes pratiqués par les sages-femmes est réalisée par les agents administratifs de l'accueil de la maternité pour l'activité externe et par le DIM* pour les séjours. Le codage n'est donc pas réalisé à la source ce qui crée un doute sur l'exhaustivité et la qualité du recueil de l'activité des sages-femmes.

Ce doute met en évidence une perte potentielle de recettes liée à l'activité des sages-femmes. Au regard de la réglementation actuelle et du contexte économique préoccupant, cet écart entre l'activité réelle et l'activité potentielle doit être réduit au minimum afin que l'activité productive des sages-femmes soit plus performante [12][13].

Réduire cet écart, c'est aussi réduire l'asymétrie d'informations entre l'activité réelle des sages-femmes et leur activité potentielle. Des échanges clairs et sans ambiguïté entre les équipes professionnelles et les équipes d'encadrement permettent de prévenir des risques psycho-sociaux.

La demande de reconnaissance professionnelle des sages-femmes était aussi un élément majeur des grèves professionnelles de 2013, elle justifie aussi cette enquête. Suite à ces revendications, le Premier Ministre a fait paraître au Journal Officiel le décret du 23 décembre 2014 portant statut particulier des sages-femmes des hôpitaux de la fonction publique hospitalière [14].

2.1.2. Hypothèses de recherche Nos hypothèses de départ sont :

- Les sages-femmes ne comprennent pas suffisamment la nécessité du codage pour mettre en

avant leur activité

- Les sages-femmes sont détachées des impacts financiers de leur activité

- Les sages-femmes réclament davantage de reconnaissance professionnelle

- Les sages-femmes méconnaissent leurs droits et devoirs en tant que profession médicale

2.1.3. Objectifs

L'objectif principal de notre travail était d'identifier des leviers afin d'améliorer la qualité du recueil de l'activité externe des sages-femmes.

13

Nous avons aussi ciblé des objectifs secondaires :

- Atteindre l'exhaustivité du recueil de l'activité externe des sages-femmes

- Permettre une valorisation financière de l'activité externe des sages-femmes : le
financement de l'activité externe des sages-femmes doit être conforme à l'activité réalisée - Développer la coopération DIM-Maternité dans le recueil et l'analyse des données

- Mettre en avant les compétences des sages-femmes, leurs domaines d'activités et l'étendue de leurs champs d'actions

Pour répondre à ces objectifs, nous avons convenu de réaliser une étude en deux temps selon deux approches à la fois qualitative et quantitative.

· L'étude qualitative (ANNEXE II)

Les objectifs de cette approche qualitative étaient de :

- Dresser un état des lieux des connaissances sur les thématiques liées à la valorisation

professionnelle (financement, codage, système d'information et reconnaissance professionnelle)

- Révéler les représentations de ces thématiques

- Révéler les raisonnements et les règles d'actions que le professionnel met ou pourrait mettre en place

- Permettre, après traitement des données recueillies, l'élaboration d'un questionnaire à
distribuer à la totalité de la population-cible

Des entretiens semi-directifs ont été menés auprès d'une population-cible de cinq sages-femmes. Nous avons tenté d'identifier des leviers au changement auprès d'un échantillon de professionnels pour un codage plus performant.

· L'étude quantitative (ANNEXE III)

Un questionnaire a été distribué à l'ensemble des sages-femmes pour confirmer ces leviers au changement et les attendus des sages-femmes vis-à-vis du codage de leurs actes.

Ce questionnaire explorait quatre axes :

- Le profil professionnel

- L'information médicale

- Un quizz sur l'activité de sages-femmes

- Leur reconnaissance dans leur travail

14

2.1.4. Population d'étude

La population d'étude est composée de sages-femmes salariées, exerçant une activité clinique à la Clinique Jules Verne.

Critères d'inclusion pour l'étude qualitative :

- Echantillon de 5 sages-femmes issues de l'équipe

- Exercice professionnel en consultations programmées et/ou d'urgence

Critères d'inclusion pour l'étude quantitative :

- Sages-femmes exerçant une activité clinique dans l'établissement

- Effectif global des sages-femmes de la Clinique Jules Verne
- Sages-femmes en CDI ou en CDD

2.1.5. Modalités de réalisation

Les cinq sages-femmes ont été sélectionnées en cohérence avec la pyramide des âges de l'ensemble des sages-femmes parmi les sages-femmes qui assurent des vacations de consultations prénatales programmées. Aucune n'a manifesté de refus à être interviewée dans le cadre de cet entretien.

Ces sages-femmes ont été informées des objectifs, de la méthode et de l'utilisation des données.

Les entretiens ont été enregistrés avec l'accord des professionnels, la retranscription a été anonymisée ; la durée moyenne d'un entretien a été de 40 minutes.

Ils se sont déroulés en salle de repos des secrétaires médicales, hors cadre professionnel, pour limiter les biais d'influence et minimiser l'asymétrie professionnelle.

Suite à ces entretiens, nous avons pu créer un questionnaire calqué sur les mêmes thématiques afin de conforter nos hypothèses auprès de l'ensemble de l'équipe de sages-femmes.

Ces questionnaires ont été imprimés et mis à la disposition des sages-femmes en salle de naissance (lieu de rassemblement des sages-femmes) et en consultations prénatales. Une limite de temps a été fixée à 20 jours pour le retour des questionnaires. Les relances ont été faites de façon régulière par l'équipe d'encadrement.

15

2.2. RECUEIL DE DONNEES

2.2.1. Pour l'étude qualitative (CD en annexe)

Les données audio recueillies ont été retranscrites de façon dactylographiée.

L'entretien a été conduit en communication engageante et dans une dimension tri-componentielle des attitudes [15]:

- Affective ou évaluative : ce que savent les sages-femmes

- Cognitive ou explicative : ce qu'elles en pensent

- Comportementale ou conative : ce qu'elles envisagent de faire

On trouvera différents temps dans l'entretien semi-directif :

Afin de permettre un climat propice aux échanges, je leur ai proposé dans un premier temps de m'informer sur leurs caractéristiques socioprofessionnelles.

Il s'agissait ensuite de repérer ce que savaient les sages-femmes du financement des établissements et de leur place, de mesurer leur niveau d'information sur le codage en obstétrique et sur le système d'information en général.

Puis nous avons abordé les représentations qu'elles avaient du codage et de la nomenclature professionnelle et nous avons essayé de cerner leur culture médico-économique.

Ainsi, nous avons repéré les intentions d'actions possibles envers le codage et la traçabilité de leurs actes.

Enfin, dans une démarche participative, je leur ai proposé des pistes pour m'aider à élaborer un questionnaire en cohérence avec leur propos destiné à l'ensemble des sages-femmes. Pour chaque thématique, nous avons sélectionné des extraits significatifs qui confortent ou infirment nos hypothèses de départ.

La retranscription de ces entretiens est disponible en version électronique suite aux annexes.

2.2.2. Pour l'étude quantitative

Les données ont été saisies sur tableur Excel® dans un premier temps et certaines variables ont été exportées sur R® afin de lire plus explicitement certains résultats.

Les résultats sont présentés sous forme de chiffres ou sous forme de figure en fonction de la pertinence des variables étudiées.

16

2.3. RESULTATS DE L'ETUDE

2.3.1. Résultats de l'étude qualitative THEME 1 : le profil des professionnels

Sur ces cinq sages-femmes, les années d'obtention du diplôme d'Etat s'échelonnent de 1978 à 2011 (1978, 1994, 1999, 2002 et 2011), toutes ont obtenu leur diplôme dans des écoles françaises. La sage-femme diplômée de 1978 a suivi un cursus en trois ans et la sage-femme diplômée de 2011 est passée par le PACES avant de suivre les quatre années d'études en école, les autres ont suivi le parcours en quatre ans après leur baccalauréat.

Quatre d'entres elles ont entamé leur carrière professionnelle par des remplacements tant en clinique privée qu'à l'hôpital public sur des maternités de type I ou II. La plus jeune de ces sages-femmes n'a exercé qu'à la Clinique Jules Verne.

Trois d'entre elles assurent une vacation fixe de consultations prénatales ou d'entretien prénatal précoce depuis plusieurs années ; les deux autres ont assuré un cycle de six mois de consultations prénatales (à raison d'une vacation par semaine). Toutes assurent des gardes en salle de naissances et en suites de couches sur des quotités de travail différentes : une à 50%, deux à 80% et les deux autres à temps plein. Les temps partiels sont de leur convenance personnelle.

Elles apprécient toutes cet exercice mixte car cela évite de s'enfermer dans une forme de routine professionnelle, d'autant que les consultations offre un « confort d'écoute auprès des femmes ».

Toutes ressentent un attachement à la maternité, dénommée Maison de la Naissance depuis 1987, signe une approche personnalisée des soins et des valeurs axés sur le respect des femmes dans leurs choix.

Certaines d'entre elles envisagent de se former en gynécologie de prévention et en échographie obstétricale pour élargir leurs champs de compétences.

THEME 2 : les connaissances du système de financement et l'information médicale en établissement de santé

Seule une des cinq sages-femmes a mentionné le terme de T2A : « Je sais que c'est passé de la dotation globale à la T2A où plus tu codes d'actes et plus t'as des sous, je crois ». Toutes les autres sages-femmes pensent que c'est une enveloppe annuelle allouée aux établissements.

Il y a beaucoup de méconnaissance en ce domaine du financement : « je n'y connais rien et cela ne m'intéresse pas », « je n'en sais rien du tout et cela ne me pose pas de problème de ne rien y connaître », « quand je fais mon métier, je me dis que j'accompagne les couples plutôt que penser

17

que je produis quelque chose pour l'établissement. Je ne pense pas du tout à l'aspect financier même si je sais que c'est important ».

Sur le codage des actes, trois sages-femmes ont connu une période où elles disposaient d'un thésaurus. Elles pensent que c'était une tâche supplémentaire qu'elles devaient faire et estimaient que ce n'était pas vraiment de leur ressort « J'en pensais que ça prenait du temps ... Rires ... Et je trouvais que ce n'était pas forcément à moi de le faire et que je préférais être auprès des femmes ». Aujourd'hui « ce sont les secrétaires et les personnes du PMSI qui ont une formation particulière qui notent tous ces actes »

Une sage-femme me dit « Clairement, je ne connais pas grand-chose et ça ne me dérange pas, malheureusement, de ne pas connaître grand-chose [...] Je suis assez contente de travailler dans une structure pour justement ne pas avoir à m'y intéresser, même si je sais que malheureusement ça doit parfois nous porter préjudice ».

A propos du recueil d'indicateurs, une seule sage-femme (la même qui connaît la T2A) me dit que le codage « ça doit avoir un intérêt statistique, pour les statistiques médicales, l'activité de la maternité ». Toutes les autres sages-femmes me parlent des statistiques issues des dossiers médicaux de Gynélog®. « Une ou deux sages-femmes s'y colle de temps en temps pour les saisir sur Excel comme ça on peut voir les chiffres. Quand on se lance au début ça prends du temps mais après on va plus vite, mais c'est surtout qu'on peut être interrompue à tout moment pour une urgence »

Elles ne savent pas vraiment à qui sont destinés ces statistiques, elles pensent que le Réseau Sécurité Naissance2 recueille aussi ces indicateurs.

Une des sages-femmes a déjà participé au recueil IPAQSS et mentionne que « les indicateurs IPAQSS servent à avoir une idée de certains indicateurs comme le taux de délivrance dirigée par exemple, et c'est utile pour la HAS pour faire des recommandations ».

THEME 3 : les représentations de l'information médicale et le rôle des sages-femmes

· A propos de l'utilisation des indicateurs périnataux

Toutes les sages-femmes perçoivent l'utilisation de ces indicateurs dans le but d'améliorer les pratiques professionnelles Et au sein des équipes, ces indicateurs permettent aux professionnels de réfléchir à leurs pratiques pour les améliorer.

Certaines sages-femmes pensent aussi que ces indicateurs permettent aux établissements de se comparer entre eux sans les citer.

2 Le Réseau Sécurité Naissance est le réseau périnatal régional des Pays de Loire, www.reseau-naissance.fr

18

Une sage-femme se réfère à la presse qui peut elle aussi se saisir de ces indicateurs pour des palmarès d'établissements « ça sert aussi au grand public et ça peut être une belle vitrine pour les établissements, même si je ne sais pas comment les journalistes se récupèrent les données ». Elle imagine aussi que « le Ministère de la santé peut s'en servir pour mener des politiques de santé particulières ; donc j'imagine à quel point c'est important car sinon on travaille tous à l'aveugle ! ». Avec cette même sage-femme, nous avons échangé sur le pilotage des organisations, elle dit « ça peut être pour mieux mais aussi pour pire ! ».

Une sage-femme pense aussi que ces indicateurs sont utiles pour avoir une vision de l'évolution de la santé en général.

· A propos des modalités de recueil de l'activité des sages-femmes

Une sage-femme dit « en fait, si on nous explique pourquoi et l'intérêt que ça peut avoir, je pense qu'on est toutes prêtes à faire un effort ». En consultations prénatales, elle pense « qu'il n'y a pas de souci car ce sont les secrétaires qui le font, c'est un peu leur boulot quand même ».

Une autre sage-femme se questionne « est-ce que ce serait mieux codé si c'est nous qui le faisions ? Peut-être, ça semblerait plus normal ; En fait, si on veut que les documents soient mieux remplis, la condition c'est qu'on le fasse ».

L'une d'entre elles dit « parfois les choses sont zappées parce que, par méconnaissance, on ne sait pas que c'est important de remplir », et puis « c'est terrible de dire ça, mais souvent j'ai plus important à faire ».

Une sage-femme d'expérience reconnaît que « la TIM n'est pas toujours à même de coder tout ce que j'ai moi-même pratiqué, ce n'est pas toujours au point car c'est fait par des personnes qui ne sont pas sur le terrain et qui ne maîtrisent pas. Ça doit être en lien avec les personnes qui pratiquent, c'est évident ». Elle évoque aussi la responsabilité professionnelle « ça fait aussi partie de notre responsabilité médicale que de transmettre l'information et les actes que nous pratiquons ».

Une autre sage-femme parle encore de méconnaissance et reconnais « je découvre un peu via cet entretien l'importance du recueil de notre activité et que jusqu'ici j'étais surtout dans mon métier de soins [...) il faut que chacun se responsabilise mais c'est méconnu ».

THEME 4 : les intentions d'action et les leviers au changement

Les comportements sont variables d'une sage-femme à une autre.

Une sage-femme diplômée de moins de 15 ans dit « oui, je suis plutôt satisfaite que ce ne soit pas nous qui codions nos actes [...) et puis comme je ne sais pas ce qu'on ne fait pas, je n'en sais rien de ce qui pourrait améliorer le recueil » ; elle dit « ici, on ne modifie pas nos pratiques pour de l'argent ! ».

19

Elle compare par la suite les différences de salaires de sages-femmes entre établissements publics et privés, elle déplore « une forme de résignation de la part des sages-femmes », elle dit « on est capable de se fédérer pour accueillir les femmes mais pour nous on ne le fait pas ».

Une sage-femme me parle de réunions d'information avec le DIM il y a quelques années « mais ça avait été mal perçu car elles (les TIM) ne parlaient que d'argent, on trouvait toutes que l'état d'esprit n'était que dans une logique financière ». Après échanges sur le statut médical de notre profession de sage-femme, elle admet que « c'est vrai que si on veut être reconnues dans notre pratique, il faudrait qu'on note ce que l'on fait ».

Une sage-femme parle de la formation « je serais intéressée d'avoir un retour des personnes qui codent nos dossiers si et seulement si c'est pratico-pratique et qu'on en voit le sens ». Sa collègue dit (en parlant des TIM) que « ça doit évidemment se faire en collaboration ».

Une des sages-femmes admet que depuis la mise en place d'un nouveau logiciel de dossier administratif (Crossway®), l'organisation a été améliorée et les consultations ne sont plus notées manuellement. Comme ses collègues, elle dit « il faudrait que ça ait plus de sens pour nous impliquer dans le codage, de connaître les enjeux et les sommes perdues si on ne code pas ce qu'il faut. Je pense qu'il y a une responsabilité à prendre de la part des professionnels ».

Une sage-femme pense aussi que « quand on sait vraiment les enjeux qu'il y a derrière le codage, on s'impliquerait davantage et ça ne prends pas non plus énormément de temps quand on est déjà sur l'ordinateur : ce ne sont que quelques touches à taper » ; selon elle « ce serait plus logique que ce soit celui qui a fait les actes qui les code. C'est là qu'on aurait les données les plus justes ». Elle reconnaît « C'est paradoxal : on n'a pas trop de reconnaissance donc on n'a pas trop envie de s'impliquer [...] mais c'est sûr que ça nous rendrait service à nous-mêmes en premier lieu ; et qu'on puisse imaginer un contrôle fait ensuite par les secrétaires », elle admet que « le fait qu'on code bien nos actes pourrait nous servir pour notre reconnaissance ».

THEME 5 : élaboration participative du questionnaire et propositions

Toutes les sages-femmes estiment que leur méconnaissance sur le sujet concerne aussi la majorité de l'équipe.

Certaines estiment que des informations sont cachées « je ne sais pas si c'est délibérément ou pas. Je pense qu'on est toutes incapables de dire combien rapportent les actes qu'on fait ». Elles estiment que « c'est toujours leur en demander un peu plus » à propos du codage.

A propos de la valorisation professionnelle des sages-femmes, elles pensent qu'il faut sonder les sages-femmes sur leur reconnaissance au travail : « la valorisation n'est perçue que par des

20

personnes qui ont vécu des moments en salle de naissance ». Une d'entre elles estime qu'elles « sont beaucoup vues sous un angle quantitatif (nombre d'accouchement, durée de séjour) alors que le versant qualitatif passe un peu inaperçu en établissement ; je pense notamment à nos compétences en éducation à la santé des femmes, à l'accompagnement à la parentalité, tout ce versant préventif auprès des femmes ».

Une autre ajoute « je pense qu'on partage toutes les mêmes idées et les mêmes méconnaissances sur le sujet. Mais je pense qu'il y aurait de l'intérêt pour le codage, pour différentes raisons et notamment pour la reconnaissance du travail que l'on fait ».

Aucune des sages-femmes interviewées n'adhère à un syndicat professionnel.

En guise de conclusion, une des sages-femmes dit « on demande de la reconnaissance et on en rouspète autour d'un café ».

2.3.2. Résultats de l'étude quantitative

Les questionnaires ont été mis à la disposition des sages-femmes en salle de naissance sur une période de 20 jours. Nous avons relancé régulièrement les équipes tant lors de staffs hebdomadaires que de façon quotidienne. Nous avons aussi rappelé que ces questionnaires étaient destinés à l'ensemble des sages-femmes : certaines avaient été interviewées pour l'étude qualitative et pensaient dans un premier temps qu'elles étaient « dispensées » de remplir ce questionnaire.

Nous avons régulièrement rappelé que l'anonymat était respecté. La date de retour a été décalée d'une semaine car le taux de retour était insuffisant (50%) à la date escomptée.

Au final, sur les 41 sages-femmes en exercice sur le mois de mai 2015, 30 professionnelles ont répondu au questionnaire. Cela représente un taux de participation de 73%.

THEME 1 : le profil des professionnels

· Presque la moitié des sages-femmes interrogées ont une durée d'exercice qui s'échelonne de 6 à 15 ans.

Répartition de la durée d'exercice des sages-femmes

23%

13%

47%

17%

5 ans ou moins Entre 6 et 15 ans Entre 16 et 25 ans 26 ans ou plus

Figure 5 : Tableau de répartition de la durée d'exercice des sages-femmes (n=30)

· Parmi les sages-femmes qui ont répondu, 23% ont déjà exercé en secteur lib éral (7 sur 30) et 93% ont déjà travaillé dans d'autres établissements que la Clinique Jules Verne (28 sur 30).

·

21

Les sages-femmes exercent le plus souvent sur plusieurs secteurs de la matern ité (plusieurs réponses étaient possibles).

La salle de naissance est le secteur d'activité commun à toutes les sages-femmes à l'exception de l'une d'entre elles (29 sur 30).

Pour beaucoup d'entre elles, 24 sages-femmes sur 30 exercent en suites de couches (80%).

Six sages-femmes sur 30 assurent d es cours de préparation à la naissance t à la parentalité. Quatre sages-femmes sur 30 exercent régulièrement sur le secteur des consultations prénatales programmées. Quatre sages-femmes sur 30 assurent des vacations au CPEF- CIVG de la Clinique.

THEME 2 : l'information médicale

· Pour 77% des sages-femmes, elles ne savent pas quelle est la tarification appliquée à la nomenclature des sages-femmes (23 sur 30).

· Au même titre, 87 % des sages-femmes ne connaissent pas les modalités de codage de leur activité professionnelle (26 sur30).

· Concernant le codage des actes NGAP,

mêmes leurs actes en NGAP (6 sur 21)

maternité qui le font (2 sur 21) et

29% des sages-femmes estiment qu'elles codent elles

, 9% pensent que ce sont les agents administratifs de l'accueil

presqu'un quart des professionnels ne le savent pas (5 sur 21).

5%

19%

Qui code les actes NGAP que vous réalisez ?

24%

9%

29%

14%

Accueil maternité

DIM

Sages-femmes Secrétaires Service informatique Ne sait pas

22

Figure 6 : Répartition des réponses des sages-femmes à la question « Qui code les actes NGAP que vous réalisez ? » (n=21)

· Concernant le codage des actes CCAM, 45% des sages-femmes savent que le DIM code les actes médicaux réalisés ; presque un tiers des répondants ignore qui code les actes pratiqués par les sages-femmes.

Qui code les actes CCAM que vous réalisez ?

32%

23%

45%

DIM

Secrétaires Ne sait pas

Figure 7 : Répartition des réponses des sages-femmes à la question « Qui code les actes CCAM que vous réalisez ? » (n=22)

·

23

Une photographie des indicateurs en obstétrique et de leur évolution intéresserait 82% des sages-femmes (23 sur 28).

· La totalité des sages-femmes seraient intéressée par un retour d'information de leur activité en maternité (29 sur 29).

· Parmi les 29 sages-femmes ayant répondu, 22 d'entre elles seraient intéressées par une information sur le codage des actes, soit plus des trois quarts des professionnels interrogés.

· Parmi les 26 professionnels ayant répondu à la question, plus des deux tiers des sages-femmes seraient intéressées par une aide pour améliorer la description de leur activité (18 sur 26).

· Dans l'ensemble, les sages-femmes (90%) sont intéressées par une information sur la cotation des actes et les impacts potentiels sur le budget de la maternité. (26 sur 29)

· Hormis un professionnel non-répondant, tous les professionnels pourraient envisager une formation ou information auprès du DIM sous différentes formes. La question était à choix multiples. Une « mini-formation » interne pour les sages-femmes serait le moyen le plus prisé à 68% (20 sages-femmes sur 29.

Un tiers des sages-femmes (10 sur 29) envisagerait cette formation par l'organisation de modules interprofessionnels.

Le staff mensuel en maternité pourrait être aussi le moyen pour informer l'équipe selon l'avis d'un quart des sages-femmes (7 sur 29).

Une seule sage-femme (1 sur 29) envisageait cette information lors de réunions planifiées dans leur temps de travail.

Aucune sage-femme n'a fait de proposition de formation sur l'information médicale.

· Plus de la moitié des sages-femmes ne savent pas qu'il est de leur responsabilité médicale de transmettre l'information de leurs actes pratiqués au DIM (15 sur 29).

Est-il de votre responsabilité d'informer le DIM des actes que vous pratiquez ?

52%

10%

38%

Oui

Non

Ne sait pas

24

Figure 8 : Répartition des réponses sur la responsabilité médicale à transmettre l'information des actes pratiqués au DIM (n=29)

THEME 3 : le quizz sur l'activité des sages-femmes

· A la question sur la T2A, plusieurs réponses étaient possibles.

Presque la totalité des sages-femmes savent que cet acronyme concerne le financement des établissements de santé (26 sur 27). Deux d'entre elles pensent que c'est une transaction informatique.

· L'acte en C qui code pour une consultation réalisée par une sage-femme vaut 23 €, 69% des sages-femmes connaissent c e coût (20 sur 29). Sept professionnels ont donné une réponse erronée et deux ont avoué ne pas le savoir.

· Deux professionnels sur 29 savent que la majoration appliquée à une consultation réalisée la nuit est de 40 €. Quatre professionnels ont donné une réponse fausse et 79% avouent ne pas connaître l e coût de cette majoration (23 sur 29).

· Une séance de massage bébé en maternité est gratuite pour les parents (prestation subventionnées par les fonds de prévention du groupe Harmonie Mutuelle) : 50% des professionnels le savent (14 sur 28). Cinq sages-femmes ont donné pour une réponse erronée et neuf sages-femmes sur 28 (soit 32%) ignorent l e coût de ces séances.

· L'acte en SF12 (surveillance de grossesse avec un enregistrement RCF) coûte 33,60€, celui-ci est mieux connu des professionnels : 43% des sages-femmes ont opté pour la bonne réponse (12 sur 28). 29 % ont choisi un autre tarif (8 sur 28) et 29% ont estimé ne pas savoir (8 sur 28).

25

· Leurs avis sur la légitimité professionnelle à coder leurs actes sont très répartis. Treize sages

-

 

femmes sur 27 (soit 48%) pensent que c'est légitime que ce soit d'autres professionnels que les sages-femmes qui codent leurs actes et 52 % estiment que ça ne l'est pas (14 sur 27).

Trouvez-vous légitime que ce soit d'autres professionnels qui
codent vos actes ?

Oui

Plutôt oui Plutôt non Non

33%

19%

11%

37%

Figure 9 : Répartition des avis sur la légitimité d'autres professionnels à coder les actes des sages-femmes (n=27)

· Sur les 24 professionnels ayant répondu, 18 estiment que pour que le codage soit exhaustif, c'est aux sages-femmes de le faire, soit 75% de l'effectif.

Plusieurs réponses étaient possibles : Dans 30 % des réponses (7 sur 24), c'est aux secrétaires médicales de coder pour assurer l'exhaustivité du codage en obstétrique et dans un quart des réponses (6 sur 24), c'est le DIM qui assurerait au mieux cette exhaustivité.

· Parmi les professionnels répondants, 62% pensent que le codage serait un moyen de légitimer l'activité professionnelle des sages-femmes (18 sur 29).

Quatre sages-femmes sur 29 ne savent pas si cette activité légitimerait leur exercice, soit 14% des répondants.

· Plus du tiers des professionnels, soit 38%, serait prêt à coder leurs actes après une formation (11 sur 29). Mais les résultats sont équitablement rép artis entre les réponses positives, négatives et les réponses des sages-femmes qui ne savent pas si elles seraient prêtes à coder après une

formation.

Après une formation, seriez-vous prêt à coder vos actes ?

31%

31%

38%

Oui

Non

Ne sait pas

26

Figure 10 : Répartition des avis sur le codage des actes fait par les sages-femmes après formation (n=29)

THEME 4 : la reconnaissance professionnelle

· Sur une échelle de 0 à 10, la reconnaissance globale ressentie par les la note moyenne de 5,6/10.

sages

-femmes obtient

 

La note accordée à la reconnaissance varie selon que cette reconnaissance ressentie soit délivrée par les patientes (8/10) ou par l'institution (3/10).

Les données saisies sur Excel ont été exportées sur R®.

Nous avons choisi de présenter ces résultats à l'aide de box- plots. L'objectif est de comparer la reconnaissance ressentie par les sages-femmes selon différentes populations telles que les patientes, médecins, les responsables, l'institution et la société en général.

Cette représentation permet une lecture de la médiane des résultats et de la dispersion des notations minimales et maximales.

27

Figure 11 : Représentation des niveaux de reconnaissance des sages -femmes vis-à-vis de différents acteurs (n=30)

· Dans l'ensemble, les sages-femmes sont satisfaites de leur vie professionnelle (25 sur 29

).

 

Etes-vous satisfait de votre vie professionnelle ?

14%

83%

3%

Oui

Plutôt oui Plutôt non

Figure 12 : Répartition des avis des sages-femmes sur leur vie professionnelle (n=29)

28

Sur la dernière question, un espace était libre afin de recueillir des idées sur la valorisation de l'activité des sages-femmes. Nous avons analysé les réponses via une fonction de recherche textuelle sur Excel.

Plus de 43 % des professionnels n'ont pas répondu, soit 13 sur 30 questionnaires. Pour la recherche sémantique, nous avons soumis certaines racines de mots :

- En utilisant la racine « sala » (dérivé du latin salarium), 47% des professionnels (soit 8 sur 13

répondants) notent que l'augmentation des salaires serait un bon moyen pour les valoriser dans leur activité.

- En utilisant la racine « forma » (dérivé du latin formatio), 6 professionnels répondants sur 13
pensent que l'accès à la formation est un bon moyen de valoriser leur exercice.

- En utilisant la racine « temp » (dérivé du latin tempus), quelques-uns des professionnels
répondants (3 sur 13 répondants) estiment qu'il leur manquerait du temps pour coder leur activité. Dans d'autres questions précédentes, trois commentaires sont faits sur ce manque de temps potentiel pour coder l'activité. Au total, six professionnels notifient cette notion de temps comme moyen d'aide à une valorisation par le codage.

Le mot « reconnaissance » revient à trois reprises et le mot « compétences » à deux reprises. Ces mots signent ce manque de reconnaissance de la profession au regard de ses compétences.

A propos du codage, il est évoqué mais couplé avec une augmentation de moyens pour le réaliser. Un seul des professionnels ayant répondu qu'un moyen de reconnaître notre activité serait de « coder nous-mêmes nos actes pour retransmettre la réalité de notre activité ».

29

3. TROISIEME PARTIE

3.1. LIMITES ET FORCES DE L'ETUDE

Ce travail d'enquête n'est qu'un reflet de l'avis des sages-femmes de la Clinique Jules Verne.

Une limite de ce travail résulte de la taille de l'échantillon retenu pour l'étude qualitative. Bien que les cinq sages-femmes aient été choisies en cohérence avec le profil de l'équipe, il n'en demeure pas moins que cet échantillon aurait pu être plus étoffé pour accentuer la communication engageante.

Le taux de retour des questionnaires est certes satisfaisant mais représente aussi une limite de ce travail d'investigation ce qui biaise l'interprétation des résultats. Les enquêtes n'ont pas été délivrées nominativement sous pli, ce qui pourrait expliquer ce taux de retour inférieur à nos prévisions.

Le contexte social actuel de la Clinique n'est pas non plus propice pour une démarche participative des équipes sur un projet de changement. Le plan de restructuration en cours crée un climat social tendu et ne pas participer à une enquête était aussi une manière de manifester contre l'institution dans la globalité.

Dans la fonction de cadre que j'occupe actuellement, j'ai en charge les équipes des puéricultrices et des auxiliaires de puériculture. Ma neutralité avec l'équipe des sages-femmes dans ma fonction, combinée à des entretiens menés dans un endroit neutre, vêtue en civil peuvent malgré tout avoir créé un biais de désirabilité sociale lors de l»enquête qualitative

Cependant la qualité des réponses aux questionnaires, ainsi que la qualité des échanges lors des entretiens, font la force de ce travail. Leur analyse peut amener des pistes de réflexion sur la gestion de projet de changement et tendre vers un recueil plus juste de l'activité propre des sages-femmes.

3.2. DISCUSSION

Cette étude en deux temps nous a permis d'élargir notre réflexion sur la valorisation d'une activité professionnelle en établissement de santé.

La problématique qui a été identifiée à la clinique Jules Verne démontre une absence de codage des actes délivrés par les sages-femmes ce qui génère un manque d'exhaustivité et de qualité dans le recueil de leur activité.

Notre étude nous donne des pistes pour mettre en oeuvre un projet de conduite du changement dont l'objectif est de modifier le comportement des professionnelles sages-femmes dans la cotation de leurs actes. Ce projet allie une double optique : la valorisation professionnelle recherchée par les sages-femmes et l'optimisation économique recherchée par la Direction de l'établissement.

30

Ainsi nous avons constaté que les sages-femmes ne se sentent pas justement reconnues dans leur exercice professionnel et qu'elles mesurent peu le lien possible entre une amélioration de la traçabilité de leur activité propre et la reconnaissance attendue.

3.2.1. La nomenclature SF

Dans notre étude, les sages-femmes méconnaissent leur nomenclature professionnelle et les modalités de codage de leur activité.

Presque la moitié des professionnels répondants ne savent pas ou n'ont pas répondu aux questions sur les acteurs du codage des actes. Cela signe soit un désintérêt, soit cela conforte l'idée de la méconnaissance de ce domaine par les sages-femmes. Elles sont cependant intéressées pour la plus grande majorité (22 professionnels sur 30) par une information sur le codage des actes.

La connaissance partielle des actes de la nomenclature professionnelle, marque le détachement des sages-femmes de la valeur économique de leurs pratiques professionnelles

Les deux tiers des sages-femmes connaissent le coût d'une consultation prénatale. Seulement deux sages-femmes sur 30 connaissent le tarif de la majoration d'une consultation réalisée en urgence la nuit.

La problématique de la traçabilité est ici bien significative car selon les données du contrôle de gestion de l'établissement, il n'y aurait en moyenne qu'une consultation par nuit en maternité. Cela semble bien peu sur le nombre de naissances recensées par an.

Dans certains entretiens, certaines sages-femmes reconnaissent qu'elles ne tracent pas toute cette activité nocturne : par exemple une consultation pour un simple conseil ne sera pas tracée. Ces pratiques de non-traçabilité représentent une perte potentielle de recettes (majorée par les tarifs de nuit) mais aussi un manque de lisibilité de l'activité réalisée.

Cette perte potentielle est difficile à estimer car elle n'est pas tracée mais elle pourrait représenter une somme pour l'acquisition de moyens supplémentaires (matériels et ressources humaines ...)

La nomenclature professionnelle a été valorisée en juillet 2014 (ANNEXE I), cette décision de l'UNCAM signe une volonté politique de mettre en valeur l'activité des sages-femmes et favoriser leur rôle sur le parcours des femmes enceintes.

31

3.2.2. Le quizz SF

Dans une approche tri-componentielle [15], le quizz permettait de cibler le niveau de connaissance des sages-femmes et les questions sur le codage nous permettaient de percevoir leur niveau d'intention de faire : dans quelle mesure les sages-femmes seraient-elles prêtes à coder leurs actes ?

Nous apercevons un manque de cohérence dans leurs réponses : 60% des sages-femmes pensent que le codage est un moyen de légitimer leur exercice professionnel. Mais dans leurs intentions, seulement 37% seraient prêtes à le faire, 30 % ne le souhaitent pas et 30 % ne se prononcent pas.

Les sages-femmes sont partagées sur leur légitimité à coder leurs actes : 43% pensent que c'est légitime que ce soit d'autres professionnels qui codent à leur place. Certaines disent « j'ai bien conscience que plus tu es proche de l'acte et mieux tu peux le coder ».

Ces réponses signent des paradoxes dans leurs approches mais aussi de la méconnaissance quant à leurs devoirs et responsabilités en tant que profession médicale.

Conformément aux articles R.6113-1 et R.6113-4 du Code de la Santé Publique, « les données recueillies pour chaque patient [...] par le praticien ayant dispensé des soins, sont transmises au médecin responsable de l'Information Médicale pour l'établissement » [13].

La profession de sage-femme est une profession médicale à compétences définies avec des droits et des devoirs, notamment celui de transmettre l'information des actes et soins produits au département de l'information médicale.

Transmettre leur activité comme tout professionnel médical permettrait aux sages-femmes d'exercer en adéquation avec les autres professions médicales, donnerait du poids à leur exercice professionnel en établissement et induirait sûrement une recette supplémentaire car leur activité codée à la source serait exhaustive et d'une meilleure qualité de recueil.

3.2.3. La reconnaissance professionnelle

Les sages-femmes ressentent des niveaux de reconnaissance bien distincts. La reconnaissance de la part de leur institution est très faible (3/10), cependant cette valeur est à modérer au regard du climat social ambiant à la clinique.

Dans l'ensemble les sages-femmes sont satisfaites de leur vie professionnelle.

32

Il ressort trois thématiques des réponses aux questions liées à la reconnaissance professionnelle :

· La valorisation salariale

Notre étude a été menée au sein d'une clinique privée, où les salariés travaillent selon la Convention Collective Nationale du 31 octobre 1951, dite convention FEHAP.

Les grilles de salaires des sages-femmes n'ont pas été revues depuis 2009.

Il existe des différences de salaire entre les sages-femmes. Selon la DREES [16] le salaire annuel moyen des sages-femmes salariées de la Fonction Publique Hospitalière était de 29 686 € en 2008.

Dans le secteur privé, les salaires de début de carrière sont légèrement plus importants que dans le secteur public mais l'évolution des salaires y est moins dynamique. Dans le secteur public le salaire annuel moyen d'une sage-femme de plus de 40 ans est compris entre 34 000 € et 42 300 €, alors que dans le privé, il reste proche de 30 000 € entre 40 et 60 ans.

Ici les sages-femmes expriment leur demande de reconnaissance par une revalorisation salariale en indexant le salaire des sages-femmes du secteur privé sur celui du secteur public.

Des réflexions du Collectif des sages-femmes ont germé suite au mouvement de revendications en 2013/2014, notamment sur l'attribution de prime à la performance, moyen pour placer la sage-femme au coeur du parcours de santé des femmes [17].

Mais, la « rentabilité » des femmes ne doit pas être l'axe de prise en charge de leur suivi médical. Cependant le rapport Cordier rappelle que « le paiement à l'acte par construction rend plus aisée la valorisation du quantitatif, de l'acte technique, et beaucoup moins le qualitatif, le temps d'observation clinique et l'écoute de la souffrance du malade et de ses conditions de vie » [18].

La valorisation des salaires ne peut passer que par une meilleure lisibilité de l'activité produite par les sages-femmes et par un positionnement politique de notre profession sur le parcours de santé des femmes.

· Accès à la formation

Selon l'enquête de conjoncture Opcalia, la formation jouit d'une image positive auprès des salariés d'une entreprise [19] ; Elle représente un levier positif pour la performance de l'entreprise et le développement des compétences des salariés.

La réforme de la formation professionnelle modifie le financement et le contrôle de celle-ci [20]. Cette loi qui porte réforme incite les employeurs à passer d'une obligation de « financer » à une obligation de « former ». Les OPCA* ne sont plus obligés de contribuer au « plan de formation ».

33

La Clinique Jules Verne voit ainsi ses budgets pour la formation diminuer. Par conséquent, les sages-femmes se sentent moins reconnues dans leur exercice professionnel car cet accès à la formation est moins fréquent.

· Le temps

Les sages-femmes estiment qu'ajouter une activité telle que le codage de leurs actes est difficile puisque le facteur temps manque déjà à leur exercice quotidien.

Depuis plusieurs années, les sages-femmes font de la saisie de données à partir des dossiers médicaux. Cette pratique de saisie avait été mise en place il y a plusieurs années par manque d'indicateurs d'activité institutionnels et un désintérêt du DIM pour l'activité ESPIC*.

Un document est généré à partir du dossier médical pour chaque accouchement. Dans un deuxième temps, une sage-femme prend du temps pour retranscrire ces données sur un tableur.

Des données et indicateurs sont extraits de ce tableur et permettent de visualiser l'évolution des pratiques en maternité (évolution du taux d'épisiotomies chez la primipare, évolution du taux d'accouchements voie basse après césarienne, ...). La majorité de ces indicateurs sont des dénominations de diagnostics issus de la CIM 10 et de la CCAM. Ce suivi d'indicateurs pourrait être fait par le statisticien du DIM et ainsi « économiser » du temps aux sages-femmes au profit du codage en obstétrique.

Les sages-femmes privilégient la sécurisation de la prise en charge des femmes et mettent au second plan le dossier-patient. En parlant du recueil de l'activité, une sage-femme dit « quand il y a beaucoup de travail, c'est le premier truc que je vais zapper parce que, c'est terrible de dire ça, mais j'ai plus important à faire ».

Selon Christophe DEJOURS, la reconnaissance passe par deux grandes formes de jugement [21]:

- Le jugement d'utilité sur le service rendu

- Le jugement de beauté qui confirme que le travail accompli respecte les règles.

La reconnaissance professionnelle est une thématique difficile car autant l'évaluation des compétences professionnelles et des pratiques professionnelles est courante, la reconnaissance professionnelle fait rarement partie des champs de recherche [22].

3.2.4. La singularité

Des entretiens auprès des sages-femmes, il ressort un fort sentiment d'appartenance à la maternité dénommée « Maison de la Naissance ». Dans l'historique de cette clinique, figurent des praticiens et professionnels enclins à cet accompagnement global des couples parents-enfants et non systématisé.

34

Cette éthique du soin motive les équipes depuis de nombreuses années. Certains professionnels à l'origine de cette maternité sont d'ailleurs toujours en exercice.

Il existe cependant une difficulté à perdurer une prise en charge holistique face à une contrainte sécuritaire et budgétaire qui impose une segmentation. Ce sont des enjeux majeurs de coordination pour « gérer la singularité à grande échelle » [23]. Comment maintenir une forme de singularité au sein d'une maternité alors que presque 3300 accouchements y ont lieu chaque année ?

La stratégie de la résilience serait possible : elle permettrait tout à la fois de répondre aux imprévus lorsqu'ils se présentent et d'apprendre des expériences passées de façon à améliorer les défenses du système [24]. La communication et le partage des informations sont majeurs pour accroître la vigilance collective du groupe.

3.2.5. Place de l'hospitalisation privée à but non-lucratif

Lorsqu'une sage-femme dit « on ne change pas nos pratiques pour de l'argent ! », cela nous amène à réfléchir sur la place de l'hospitalisation à but non-lucratif.

Le statut des sages-femmes salariées dans un établissement de santé privé à but non-lucratif leur donnerait un regard particulier sur la culture de l'entreprise. Seulement 5% des sages-femmes en exercice en France sont salariées du secteur non-lucratif [25][26].

Une entreprise à but lucratif est une entreprise dont l'objectif principal est la réalisation de bénéfices. Par opposition, une entreprise à but non lucratif convient à des personnes qui souhaitent se regrouper autour d'un projet dans un but autre que le partage de bénéfices. La réalisation de profits est possible mais cela ne doit pas être l'objectif principal de l'entreprise.

Dans l'idée de l'organisation à but non-lucratif, cela peut sembler particulier de définir un statut d'établissement par la négative, en indiquant un but qui n'est pas le sien.

Le Rapport de la Cour des Comptes et de la Sécurité Sociale de 2013 sur la place de l'hospitalisation privée à but non lucratif nous éclaire sur ce secteur qui représente un champ sanitaire limité en France [27]. Elle représente 14% des capacités d'hospitalisation, loin derrière l'hospitalisation publique (62%) ou des cliniques commerciales (23%). Fortement hétérogènes (offre de soins, taille, résultats, ...), les ESPIC doivent relever le défi de la modernisation du secteur hospitalier dans une situation financière très souvent fragile. Ce secteur d'hospitalisation pourra voir des perspectives de développement au prix d'animation de réseaux et de mise en oeuvre d'actions transversales basées sur l'optimisation du parcours de soins. Ces établissements restent soucieux de préserver leur modèle combinant une gestion privée et un souci d'intérêt général. La Cour des Comptes formule

35

des recommandations notamment celle de s'inscrire dans des expérimentations de mise en place de parcours de soins de patients.

3.3. SOLUTIONS DEJA APPORTEES 3.3.1. Au niveau national

3.3.1.1. Programme SIMPHONIE

Le programme de SIMplification du Parcours administratif Hospitalier du patient et Numérisation des Informations Echangées est porté depuis 2013 par la DGOS* et la DGFIP* [28].

Il vise à simplifier le parcours administratif depuis l'accueil du patient jusqu'à la facturation, le recouvrement et à en dématérialiser tous les échanges entre les différents acteurs. Ce programme orienté usager et parcours administratif hospitalier fait espérer d'importants gains d'efficience pour l'ensemble des acteurs. L'enjeu consiste à permettre aux établissements de santé publics de fluidifier leur trésorerie au plus proche de leurs dépenses, cela nécessite un recueil exhaustif de toute l'activité auprès de la CPAM.

Actuellement le projet FIDES est encore en phase d'expérimentation sur la clinique Jules Verne. Ce projet prévoit que la facture soit établie sur la base des tarifs en vigueur, au " fil de l'eau " c'est-à-dire rapidement à l'issue des hospitalisations ou des soins externes. Ce modèle est à l'image des établissements de santé privés lucratifs qui réalisent cette facturation directe depuis 2005.

Des programmes d'accompagnement au changement sont proposés par l'ANAP* pour aider les Directions des établissements à mettre en oeuvre ce projet.

3.3.1.2. Nomenclature professionnelle des sages-femmes

La nomenclature des actes professionnels des sages-femmes a été valorisée il y a un an (ANNEXE I).

Cette décision de l'UNCAM du 14/04/2014 qui modifie la nomenclature fait suite aux revendications de la profession pendant les grèves de 2013/2014. La valeur du SF est désormais de 2,80€ et celle du KE de 2,65€. Il s'agit essentiellement de mesures d'évolution des cotations NGAP pour les actes à compétence partagée avec les médecins afin de tenir compte de la revalorisation des tarifs médicaux pour ces actes.

3.3.1.3. Projet de CCAM maïeutique

Actuellement, les sages-femmes doivent utiliser la NGAP pour leurs cotations car elles n'accèdent pas aux cotations CCAM.

36

Les syndicats professionnels (UNSSF et ONSSF) revendiquent la possibilité d'appliquer les cotations définies en CCAM pour les actes à compétence partagée et la création d'une CCAM maïeutique pour les actes propres à leur exercice. Des négociations sont en cours depuis décembre 2013, ceci bien que la majorité des actes à compétence partagée avec les médecins soit déjà présente dans la NGAP. La parution au Journal Officiel d'un avenant à la Convention Nationale est attendue à l'automne 2015.

Comme les syndicats professionnels et comme la CNAMTS s'y était engagée, la CCAM mise en place pour les médecins et les chirurgiens dentistes doit s'ouvrir maintenant aux sages-femmes à compter du 1er janvier 2016 pour tout type d'exercice. Cette codification sera plus précise et plus juste [29].

Cependant les médecins contestent l'accès à la CCAM aux sages-femmes [30].

La Fédération des Médecins Français parle de « nivellement par le bas », le Président de la branche spécialiste dit « un accouchement fait par une sage-femme ne vaut pas le même prix qu'un accouchement réalisé par un chirurgien-obstétricien. S'il y a un problème en cours de parcours, le chirurgien est tout de suite apte à intervenir pour faire sortir le bébé, tandis que la sage-femme doit appeler le médecin ».

L'enjeu de cette CCAM Maïeutique est important pour reconnaître les missions des sages-femmes et mieux connaître les pratiques pour les valoriser. Par-delà, ce projet permettra de favoriser le bon usage des ressources de notre système de soins.

3.3.2. Au niveau local

3.3.2.1. Système informatique

Le logiciel Crossway® a été mis en place en juin 2014, les sages-femmes reconnaissent que cette application pour accéder au dossier administratif a amélioré la traçabilité de leurs actes de consultations.

Elles sont tenues de coder directement leur acte sur le serveur pour qu'il se déverse sur Sigems® afin d'en établir la facturation. Le parcours des actes est désormais plus sécurisé.

MainCare® est le fournisseur du logiciel Crossway® et un partenaire pour l'expérimentation FIDES [31].

3.3.2.2. Projet de soins

Le projet d'établissement 2014/2018 se décline sous plusieurs formes : le projet médical, le projet social et le projet de soins.

37

Dans ce projet de soins, figure le projet d'augmentation de l'activité prénatale des sages-femmes, autrement dit que le nombre de vacations de sages-femmes dédiées aux consultations prénatales soient augmenté. Cela permettra de recentrer les médecins sur leur activité propre.

Ce projet se construit avec des travaux d'extension sur l'établissement et de redistribution de locaux sur la maternité au profit de consultations prénatales.

Ce positionnement de sages-femmes sur des vacations supplémentaires signe la volonté de l'établissement d'améliorer le suivi prénatal, ceci en cohérence avec les politiques de tutelles axées sur l'efficience des parcours de soins des usagers. C'est aussi une forme de valorisation de l'activité des sages-femmes en permettant le développement de celle-ci.

3.3.2.3. La formation continue

De 2012 à 2014, trois groupes de douze sages-femmes ont bénéficié d'une formation intra-établissement sur les compétences et les responsabilités de la sage-femme. Celle-ci n'abordait pas les responsabilités de la sage-femme quant à la transmission de l'information.

Le renouvellement et des compléments à cette formation pourraient être proposés étant donné les connaissances actuelles de l'équipe sur leur responsabilité médicale envers le DIM.

3.4. APPROCHE DE SOLUTIONS ET ACTIONS ENVISAGEES

Notre étude nous a permis de réfléchir à des pistes et des leviers pour conduire un changement culturel auprès de la population des sages-femmes.

Inspirés des travaux de John Paul Kotter, nous avons identifié quatre leviers [32] :

- L'organisation

- La communication

- L'implication - La formation

3.4.1. Organisation

Un des leviers au changement de culture est penser l'approche systémique du changement. Pour répondre à une demande de changement, on doit s'appuyer sur les composants fondamentaux des systèmes afin de mobiliser les acteurs concernés dans une direction précise.

Afin d'organiser avec efficience le parcours de soins, nous avons réalisé une cartographie représentant les macro-processus, ceci afin de coordonner les services aux patients à l'intérieur de

38

l'établissement. « L'hôpital doit fonctionner de façon plus collaborative et allouer, de manière plus efficace, les ressources du système global » [33].

Une cartographie de processus représente un outil de management et de communication car il synthétise l'organisation et le fonctionnement d'une prise en charge pour la femme enceinte en maternité. (ANNEXE IV)

3.4.2. Communication

Pour adhérer à un projet de changement et s'y engager, les professionnels ont besoin de visualiser la cible. La communication participe à la construction du changement et doit permettre aux agents de décider objectivement. Une sage-femme dit « En fait, si on nous explique pourquoi et l'intérêt que ça peut avoir, je pense qu'on est toutes prêtes à faire un effort ».

Lors de la présentation des tableaux de bord par la direction des affaires médicales et de la production des soins, les sages-femmes de l'équipe pourraient être conviées une à deux fois par an. Leur présence permettrait d'améliorer l'information sur les indicateurs et leur utilisation dans les choix de l'établissement.

La communication est un levier essentiel du changement. Conduire ces entretiens semi-directifs auprès d'un échantillon de sages-femmes sous une forme de communication engageante a permis d'amorcer un des leviers au changement de culture et de faire prendre conscience aux sages-femmes interviewées de la nécessité de s'impliquer au sein du système de santé pour être valorisée dans leur exercice professionnel.

Dans une visée préparatoire au changement de culture, réaliser cette interview et sensibiliser les individus rend le professionnel plus actif, sensible et réceptif aux informations diffusées dans le cadre de l'étude. La méthode augmente la probabilité que le professionnel accepte le changement.

Le principe de la communication engageante est d'établir un pont entre la persuasion et l'engagement afin d'optimiser une campagne d'informations et de sensibilisation [15].

L'approche tri-componentielle employée dans nos entretiens tend à engager l'individu vers une prise de conscience et de sensibilisation pour une prise en charge plus efficiente en maternité.

Une autre forme de « coup de pouce » en communication émerge aujourd'hui dans des milieux bien éloignés de la santé : le nudge [34].

Le nudge, c'est créer une architecture de choix qui encourage les individus à adopter le comportement souhaité, sans contraindre. Le principe du « coup de pouce » de Thaler et Sunstein est de nous remettre dans le droit chemin sans nous y obliger [35]. Le nudge permet d'activer un levier, une capacité à se projeter. Il fait appel à la psychologie positive pour influencer les

39

comportements. En organisant l'environnement, l'enjeu consiste à décider de la façon dont on va proposer aux personnes certains choix afin de les inciter à choisir ce qui est mieux pour eux, individuellement et/ou collectivement. Le nudge les incite à opter pour le bon choix en le rendant plus accessible et moins coûteux.

Pour notre projet de changement de culture, un nudge incitatif mais sans contrainte est à réfléchir pour que les sages-femmes tendent vers ce comportement souhaité plus responsabilisant quant aux retombées de leur activité.

A la Clinique, le contexte historique est lourd et les résistances nombreuses ; compte tenu de l'enjeu, cela nécessite une approche novatrice pour conduire ce changement de culture.

Selon la démarche de l'école de Palo Alto, il est nécessaire d'adopter un point de vue plus interactionnel, d'être dans une logique plus circulaire. Birdwhistell, contributeur à la fondation de la démarche, dit « on ne communique pas, on prend part à une communication ».

Le « coup de pouce » au changement pourrait être un appui extérieur au regard de la complexité de la démarche. Cet appui pourrait être un consultant spécialiste dans la conduite du changement : en qualité d'intermédiaire, la prise de connaissance de l'état des lieux et la neutralité du personnage aideront à la conduite de changement pérenne.

3.4.3. Formation

Pour conduire ce changement de culture et faire adhérer les équipes, il est nécessaire d'informer et de former les professionnels pour les sensibiliser aux enjeux médico-économiques actuels et les impacts pour la profession de sage-femme.

Dans notre étude, les sages-femmes qui ont répondu à l'enquête : 20 d'entre elles souhaiteraient une mini-formation interne à la Clinique auprès des sages-femmes, 10 d'entre elles envisageraient un module de formation interprofessionnel avec le DIM pour échanger et confronter leurs points de vue.

Nous pourrions proposer un premier module de formation pour les TIM. Certains établissements ou groupe d'établissement choisissent de former leurs équipes de TIM par des sages-femmes. Ces formations permettent des échanges pluridisciplinaires et améliorent la cohésion entre les secteurs d'activité.

Nous pourrions proposer un autre module de formation aux sages-femmes.

Ce type de formation permettrait de sensibiliser les sages-femmes au codage et de les sensibiliser aux fonctions-supports nécessaires dans un établissement de santé. Ces modules sont proposés par

40

certains cabinets de conseil et audit pour améliorer le système de codage et permettre une meilleure valorisation des séjours.

Pour des coûts moindres, le département du DIM pourrait aussi proposer ce type de module plus personnalisé et adapté, avec des échanges constructifs, pérennes et pluridisciplinaires entre des secteurs de l'établissement.

3.4.4. Implication

Les formes d'implication sont multiples et reliées aux situations singulières des individus. Afin de limiter et prévenir des blocages, quelques outils inspirés de l'Ecole de Palo Alto pourraient nous aider à impliquer les professionnels [36] :

- L'utilisation d'un langage analogique : anticiper, envisager les concepts et utiliser des

métaphores, plutôt que le langage digital et sa dynamique d'argumentation

- Donner le temps aux salariés de faire le deuil de leur attitude devenue obsolète vis-à-vis des
évolutions économiques en santé. Ici l'historique de la maternité de la Clinique est bien présent dans les discours. Il est nécessaire de le reconnaître pour le soutenir et le laisser opérer

- Laisser s'exprimer les résistances ; celles-ci peuvent aussi alerter le manager sur les
dysfonctionnements potentiels

D'une façon générale, « on ne peut pas impliquer les personnes, ce sont elles qui s'impliquent ». L'implication des professionnels représente un levier mais n'est pas l'unique clef de réussite du changement. Elle demande du temps, mieux vaut adopter la politique des petits pas pour conduire tout changement.

Selon le principe de rationalité, qui considère que si les personnes disposent d'une quantité d'information et de capacités cognitives limitées cela ne leur permet pas d'optimiser leurs choix [37]. Les choix des individus sont toujours rationnels, et la sélection faite est celle la plus subjectivement possible, mais cette rationalité est limitée par l'environnement. Par conséquent, pour influencer un individu au sein d'une organisation, il faut parvenir à aménager son environnement de telle sorte que celui-ci ne constitue plus une limite, mais devienne l'outil de son dépassement.

3.5. POSITIONNEMENT DE LA SAGE-FEMME COORDINATRICE

Selon le référentiel métier de la sage-femme cadre, « la sage-femme cadre doit promouvoir la gestion de l'activité médico-économique et financière. Ses compétences et son expertise lui permette d'analyser l'activité en participant à l'élaboration d'indicateurs pertinents du suivi des tableaux de

41

bord. Elle met en place et participe à l'analyse des tableaux de bords de suivi des services et du pôle. Elle participe également à l'étude et à la valorisation des coûts (T2A, CCAM). Elle analyse la charge de travail en regard de l'activité et met en place les mesures correctives en accompagnant ses équipes dans le changement » [38].

Désormais, la sage-femme manager d'unité doit intégrer des savoir-faire tant politiques que stratégiques pour agir sur le processus de décision du pôle. Le cadre doit être capable de passer d'une logique de mise en oeuvre des décisions à celle de responsabilité où il est le décisionnaire.

La politique de la T2A constitue un véritable défi pour les cadres des établissements de santé. Ceux-ci doivent anticiper l'activité pour organiser les ajustements nécessaires au maintien d'une rentabilité. Le travail d'un cadre en santé est de savoir anticiper l'activité pour disposer des ressources nécessaires, ce qui se transcrit par une action quotidienne sur la régulation des lits et des équipes.

Créer des ponts avec les fonctions supports et les départements fonctionnels d'un établissement est un atout pour le cadre pour créer un terrain propice et favorable pour l'efficience de projets. Plus les cadres sages-femmes nourriront ces liens et décloisonneront les secteurs, plus la maternité sera intégrée dans les prises de décisions stratégiques et organisationnelles d'un établissement.

Une des missions de la sage-femme coordinatrice est de favoriser les évolutions, d'évaluer l'efficience de ces stratégies organisationnelles et d'accompagner les équipes pour limiter les résistances au changement. Au regard des objectifs de productivité, les sages-femmes coordinatrices se doivent d'adapter sans cesse les organisations du travail.

42

CONCLUSION

Selon Claude Le Pen, « parler d'argent en santé, c'est aller aux confins de l'éthique », la réalité économique et financière d'aujourd'hui nous contraint à devenir plus créatif pour conduire un changement de culture auprès des professionnels de santé.

Notre étude nous a montré des freins liés à l'historique d'une maternité et des professionnels dubitatifs vis-à-vis des impératifs économiques de tout établissement de santé. Ceux-ci doivent aujourd'hui faire face à plusieurs défis dans un contexte réglementaire nouveau mais aussi contraint par une pression budgétaire croissante.

La problématique du changement ne se limite pas qu'aux débats sur la nécessité de faire évoluer une organisation. Elle doit intégrer une réflexion globale sur la méthode de conduite du changement.

La contrainte stimule la création : dans le climat économique actuel, les sages-femmes doivent inventer un mode de fonctionnement plus coopératif et plus efficient pour gagner leur place et ainsi permettre une meilleure mise en valeur de la profession.

Dans la réalité des faits, c'est souvent bien plus compliqué : les salariés apparaissent le plus souvent réfractaires à toute modification de leur environnement professionnel. C'est pourquoi la mise en oeuvre d'une organisation basée sur une communication efficace permettra de conduire ce changement de culture dans le temps.

La communication engageante pourrait être un levier essentiel à ce projet et une intervention extérieure, neutre et experte permettrait de conduire un changement dans de bonnes conditions sociales.

La demande de valorisation professionnelle ne peut passer que par des actions engagées de la part des sages-femmes, la reconnaissance suivra. Cette valorisation se manifestera sur les résultats obtenus sur la santé en périnatalité, la sage-femme se sentira respectée et reconnue dans ses activités professionnelles.

En tant que manager d'équipe, cadre sage-femme, je mesure qu'il est majeur de valoriser les efforts fournis par les professionnels. Il s'agit de reconnaître les notions d'engagement, de motivation et parfois de prises de risques ; à l'instar de l'école, on se doit de prendre en compte le différentiel entre le point de départ et le point d'arrivée en se centrant sur la progression et le sens de l'effort et non sur le résultat strictement mesurable.

Le modèle ESPIC de la maternité de la Clinique Jules Verne diffère du modèle hospitalier traditionnel [3]. Celui-ci est plus souple et adaptable que le modèle public. Cette différence renforce les missions

43

de la sage-femme coordinatrice dans la recherche d'efficience et d'alternatives pour valoriser les activités.

Ce travail de fin d'études et ce stage en milieu transversal jusqu'alors peu familier m'a beaucoup apporté en termes de connaissances et m'a permis de mesurer pleinement l'importance de ces services supports. Je peux aujourd'hui envisager davantage de collaboration avec des partenaires indispensables.

Les fonctions de sage-femme coordinatrice ont évolué [14] : les apports de ce travail de recherche dans des missions transversales me permettent d'envisager des perspectives managériales enrichies. Je sais désormais que cette réforme de fond sur notre profession et les connaissances acquises m'ouvrent des voies transversales dans la réalisation de mon activité professionnelle en maïeutique.

44

BIBLIOGRAPHIE

[1] Cash R, Tarification à l'activité dans les établissements de santé de court séjour : Mécanismes, stratégies et perspectives. Finances hospitalières, Editions Infodium.

[2] de Kervasdoué Jean, Santé pour une révolution sans réforme. Collection Le Débat, Editions Gallimard, 1999.

[3] Article L.4151-1 du code de la santé publique dans sa version modifiée par la loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires

[4] Rapport de la Cour des Comptes et de la Sécurité Sociale, Chapitre VI « Le rôle des sages-femmes dans le système de soins », 2011, p 173-198

[5] Articles L 4151-1 et article D 5134-1 du Code la Santé Publique, sur les compétences élargies des sages-femmes, modifiés par la Loi HPST. 2011

[6] Evain F, Engin Y, Les déterminants de la rentabilité économique des établissements de santé. Economie Publique, revue de l'IDEP n°28-29 2012/1.2 pp 318.

[7] Pascal C, Gérer les processus à l'hôpital : une réponse à la difficulté de faire ensemble, Thèse de doctorat ès sciences de gestion, Université Jean Moulin Lyon III, janvier 2000, 475 p

[8] Bras PL, Lesteven P, Evaluation de la tarification des soins hospitaliers et des actes médicaux. IGAS. Mars 2012 ; 115 :3-50

[9] Projet FIDES, Cahier des charges des règles de facturation des actes et consultations externes, Version 0 du 6 mai 2010

[10] Article L 162-1-7 du Code de la Sécurité Sociale

[11] Nomenclature Générale des Actes Professionnels restant en vigueur depuis la décision UNCAM du 11 mars 2011. Version du 3 juin 2015 accessible en ligne http://www.ameli.fr/fileadmin/user upload/documents/NGAP.pdf [consulté le 19/06/2015]

[12] Guide méthodologique de production des informations relatives à l'activité médicale et à sa facturation en Médecine-Chirurgie-obstétrique, chapitre sur la qualité des informations et responsabilités, décembre 2014 ; p 50

[13] Articles R.6113-1 et R.6113-4 du Code de la santé Publique

[14] Décret n° 2014-1585 du 23 décembre 2014 portant statut particulier des sages-femmes des hôpitaux de la fonction publique hospitalière

[15]

45

Girandola F, Joule RV, La communication engageante. Revue électronique de Psychologie Sociale, n°2(2008), pp. 41-51.

[16] Rapport de la Cour des Comptes et de la sécurité Sociale, Le rôle des sages-femmes dans le système de soins, septembre 2011

[17] Collectif des Sages-femmes, Synthèse du mouvement des sages-femmes 2013-2014 à l'usage des parlementaires pour la Loi de Santé 2014 « Stratégie nationale de Santé », septembre 2014. Accessible en ligne sur

http://jesuissagefemme.fr/SAGE FEMME Synthese parlementaires SNS 20141012.pdf [consulté le 16/06/2015]

[18] Cordier A, Un projet global pour la stratégie nationale de santé, 2013.

[19] Enquête de conjoncture Opcalia, 2014. Accessible en ligne sur

http://www.opcalia.com/actualites/actualites-opcalia/news/show/News/des-budgets-formation-en-baisse-pour-les-entreprises-de-paca-en-2015 [consulté le 26/06/2015]

[20] Loi n°2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale

[21] Dejours C, La reconnaissance au travail, Revue sciences Humaines, N°131, octobre 2002

[22] Jorro A, La reconnaissance professionnelle : évaluer, valoriser, légitimer. Presses de l'Université d'Ottawa, 2009

[23] Minvielle E, Gérer la singularité à grande échelle. La Revue Française de gestion. 1996, 109 : 114-25

[24] Weick KE, Sutcliffe KM, Obstfeld D, Organizing for high reliability : Processes of collective mindfulness. Eds R Sutton & B Staw, Research in Organizational Behavior, 1999, pp 81- 124. Greenwich.

[25] Midy F et al. La profession de sage-femme : trajectoires, activités et conditions de travail, IRDES, Bulletin d'information en économie de la santé, N°102, décembre 2005

[26] Conseil national de l'ordre des sages-femmes, Effectif des sages-femmes (global et par secteur) et mode d'exercice au 1er janvier 2014. Accessible en ligne sur http://www.ordre-sages-femmes.fr/NET/fr/document/2/exercice de la profession/demographie et statistiques/effe ctif et mode dexercice au 01012014/index.htm [consulté le 15/06/2015]

[27] Rapport de la Sécurité Sociale et de la Cour des Comptes, Chapitre X, la place de l'hospitalisation privée à but non lucratif, septembre 2013

[28] Ministère des Affaires sociales, de la santé et des droits des femmes. Simphonie : simplifier, moderniser, améliorer la facturation à l'hôpital. 2015.

46

Accessible en ligne http://www.sante.gouv.fr/simphonie-simplifier-moderniser-ameliorer-la-facturation-a-l-hopital.html [consulté le 15/06/2015]

[29] Viossat P, La codification des actes sages-femmes en question : CCAM et NGAP. La Revue Sage-femme, Vol 13-N°4, p. 195-199 - août 2014

[30] Garré C, Les médecins contestent aux sages-femmes l'accès à la CCAM.

Accessible sur http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2015/04/21/les-medecins-contestent-aux-sages-femmes-lacces-la-ccam- 752006 [consulté le 24/04/2015]

[31] Avec McKesson : anticiper FIDES, piloter DEFIS, Gestion et Finances, p 92, mai 2013.

Accessible sur

https://www.maincare.fr/fileadmin/user upload/mckesson/INTERNET/X Divers/Marina Fichi ers/Mai2013 DSIH FIDES.pdf [consulté le 01/06/2015]

[32] Kotter JP, Alerte sur la banquise ! Réussir le changement dans n'importe quelles conditions, Editions Pearson

[33] George A, Mannarini M, L'hôpital, un système organisé de territoires et de processus orienté performance et contrôle. Comptabilité sans frontières. The French Connection, May 2013, Canada

[34] Frenkiel E, La main invisible du nudge, revue Sciences Humaines, N°225, 2001/4

[35] Sunstein C, Thaler R, Nudge : la méthode douce pour inspirer la bonne décision. Editions Vuibert, 2008.

[36] Brasseur M, Mzabi HJ. L'implication des salariés, clef de réussite du changement ? Humanisme et Entreprise, N°266, P.17-36. 2004

[37] Simon Herbert A, Administrative Behavior : A Study of Decision Making Processes in Administrative Organization, New York, The Free Press, 1945 ; traduit en français : Administation et processus de décision, Paris, Économica, 1983.

[38] Association Nationale des Sages-femmes Cadres. Référentiel métier et compétences des sages-femmes cadres. Version 1. Juillet 2010

47

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Cartographie de la localisation géographique des patientes en maternité, vision départementale (Loire-Atlantique)

Figure 2 : Evolution du nombre d'accouchements à la Clinique Jules Verne de 2004 à 2014

Figure 3 : Evolution du volume d'activité externe mensuelle des sages-femmes à la clinique Jules Verne (des mois de janvier 2010 à janvier 2015)

Figure 4 : Evolution de la valorisation mensuelle de l'activité externe des sages-femmes à la clinique Jules Verne (des mois de janvier 2010 à janvier 2015)

Figure 5 : Répartition de la durée d'exercice des sages-femmes à la Clinique Jules Verne (n=30)

Figure 6 : Répartition des réponses des sages-femmes à la question « Qui code les actes en NGAP que vous réalisez ? » (n=21)

Figure 7 : Répartition des réponses des sages-femmes à la question « Qui code les actes en CCAM que vous réalisez ? » (n=22)

Figure 8 : Répartition des réponses des sages-femmes sur leur responsabilité médicale à transmettre au DIM l'information des actes pratiqués (n=29)

Figure 9 : Répartition des avis sur la légitimité d'autres professionnels à coder les actes des sages-femmes (n=27)

Figure 10 : Répartition des avis sur le codage des actes fait par les sages-femmes après formation (n=29)

Figure 11 : Représentation des niveaux de reconnaissance des sages-femmes vis-à-vis de différents acteurs (n=30)

Figure 12 : Répartition des avis des sages-femmes sur leur vie professionnelle (n=29)

48

ANNEXES

1. Nomenclature professionnelle des sages-femmes

2. Grille d'entretiens semi-directifs pour l'étude qualitative

3. Questionnaires aux sages-femmes pour l'étude quantitative

4. Cartographie de processus pour la prise en charge en maternité

ANNEXE I

Annexe II

PROJET :

VALORISATION DE L'ACTIVITE EXTERNE

DES SAGES-FEMMES A LA CLINIQUE JULES VERNE

Objectif de l'étude :

Valoriser l'activité externe des sages-femmes au sein d'un ESPIC : enjeux et perspectives

Objectifs de l'entretien individuel semi-directif 1 :

- Dresser un état des lieux des connaissances sur des thématiques (financement, codage, nomenclature professionnelle et système d'information médicale) auprès d'un échantillon de sages-femmes

- Révéler les représentations sur ces thématiques

- Révéler des raisonnements et des règles d'actions que le professionnel interviewé met en place ou pourrait mettre en place

- Permettre, après traitement des données recueillies, l'élaboration d'un questionnaire qui
sera distribué à la totalité de la population-cible

Modalités de l'entretien

Communication engageante 2

Dimension tri-componentielle des attitudes3

- Affective ou évaluative

- Cognitive ou explicative

- Comportementale ou conative

Nom de l'enquêteur : Anne CALLAC

Attitude non directive, empathique et acceptation inconditionnelle

Respect du non-jugement de valeur

Limitation des biais d'influence (en minimisant l'asymétrie positionnelle)

Durée de l'entretien : 30 minutes

Lieu de l'entretien : salle de repos du RCB de la maternité, Clinique Jules VERNE

Type et nombre d'entretiens : 5 entretiens semi-directifs individuels

Enregistrement audio de l'entretien avec l'accord des personnes interviewées Prise de notes au cours de l'entretien

Respect de l'anonymisation des données

Population : Echantillon de 5 sages-femmes en exercice à la Clinique Jules VERNE

- Consentement informé (objectifs, méthode, propriété et utilisation des données) - Pratiquant des consultations programmées et/ou d'urgence

- En respect avec la pyramide des âges

1 Edith Sales-Wuillemin. Les entretiens professionnels théorie et applications. Bromberg, M.,Trognon, A. Psychologie sociale et ressources humaines, Presses Universitaires de France, pp.525-539, 2007

2

Françoise Bernard et Robert Vincent Joule, « Lien, sens et action : vers une communication engageante », Communication et organisation [En ligne], 24 | 2004, mis en ligne le 27 mars 2012, consulté le 26 mars 2015. URL : http://communicationorganisation.revues.org/2918

3 Girandola F. et Joule R.-V. (2008). La communication engageante. Revue électronique de Psychologie Sociale, n°2, pp. 41-51. Disponible à l'adresse suivante < http://RePS.psychologie-sociale.org>.

Annexe II

THEME 1 : PRESENTATION GENERALE

Attendus :

4 Permettre l'instauration d'un climat propice aux échanges : non directivité, communication engageante, empathie

4 Connaître quelques informations concernant les caractéristiques professionnelles des sages-femmes : activités et expériences, compétences, âge, nombre d'années d'exercice...

Question 1 : Après vous avoir présenté les objectifs de l'étude en cours, est-ce que vous pourriez présenter brièvement votre parcours professionnel ?

THEME 2 : CONNAISSANCES

Attendus :

4 Repérer ce que les sages-femmes savent du financement des établissements de santé et de la place des sages-femmes

4 Connaissances et enjeux du codage en obstétrique 4 Connaissances du Système d'Information Médicale

4 Connaissances des modalités de recueil des indicateurs périnataux (en établissement de santé, en

région, au niveau national)

Question 2 : Que savez-vous du mode de financement des établissements de santé ?

Question 3 : Que connaissez-vous du codage en obstétrique ?

Question 4 : Comment se déroule le recueil des indicateurs périnataux ?

Explicitations données avec des exemples / taux de césariennes, de péridurale, évolution des pratiques d'épisiotomie...

THEME 3 : REPRESENTATIONS

Attendus :

4 Connaître ce qu'elles pensent du codage et de la nomenclature de leurs actes professionnels 4 Repérer les représentations des sages-femmes sur le financement des établissements 4 Cerner la culture médico-économique des professionnelles sages-femmes

Question 5 : Qu'imaginez-vous de l'utilisation des indicateurs périnataux ? Exemples donnés

Question 6 : Quels rôles pourraient jouer les sages-femmes dans une amélioration des modalités de recueil de leur activité ?

Annexe II

THEME 4 : COMPORTEMENTS

Attendus :

4 Repérer les intentions d'actions possibles des sages-femmes envers le codage et la traçabilité de leurs actes

4 Idée de communication engageante pour un changement de comportement

4 Retour d'informations pour un changement de comportement

Question 7 : Etes-vous satisfaite des modalités de recueil des actes réalisés par les sages-femmes ? Et que proposeriez-vous pour améliorer ce recueil (qualité et exhaustivité du recueil) ?

THEME 5 : POINT SUR LES QUESTIONNAIRES, PROPOSITIONS4

Attendus :

4 Démarche participative

4 Aide à l'élaboration d'un questionnaire (enquête quantitative) dédié à l'ensemble des sages-femmes

Question 8 : Je souhaite étendre cette enquête à l'ensemble des sages-femmes de la maternité pour identifier ces leviers qui permettraient d'améliorer l'exhaustivité et la qualité du recueil de l'activité des sages-femmes.

Qu'en pensez-vous ?

A partir de ces thématiques, est-ce que vous pensez que les sages-femmes de l'équipe partageraient les mêmes opinions que vous sur le codage des actes ?

Imaginez-vous d'autres questions relatives à la valorisation et à la reconnaissance professionnelle ?

4 Girandola Fabien, Psychologie de la persuasion et de l'engagement, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2003.

Mai 2015_questionnaire destiné aux sages-femmes_étude quantitative_valorisation de l'activité SF

Annexe III

Questionnaire destiné aux sages-femmes de la Clinique Jules Verne, Nantes

Dans le cadre du Master Périnatalité : Management et Pédagogie à l'UFR Médecine de Dijon, je réalise un travail de mémoire sur la valorisation de l'activité externe des sages-femmes au sein de l'établissement en partenariat avec le Département de l'Information Médicale. L'objectif principal de l'étude est d'identifier des leviers pour améliorer la qualité du recueil de l'activité externe des sages-femmes.

Je vous remercie d'avance du temps que vous prendrez pour répondre à ce questionnaire anonymisé.

Merci de me le transmettre via l'enveloppe kraft dédiée.

Anne CALLAC

PROFIL DES PROFESSIONNELS

Depuis quand exercez-vous la profession de sage-femme ?

Moins de 5 ans I I

Entre 6 et 15 ans I I

Entre 16 et 25 ans I I

Plus de 26 ans I I

Avez-vous déjà exercé votre profession en secteur libéral ? OUI

II

NON

 

II

 
 
 

II

Avez-vous exercé votre profession dans d'autres établissements que la Clinique Jules Verne ? OUI

NON

 

II

 
 
 

Dans quelle(s) unité(s) de la maternité exercez-vous le plus souvent ? Plusieurs choix possibles

En salle de naissance I_

En suites de couches I_

En consultations prénatales I_

En préparation à la naissance et à la parentalité I_

Au CPEF-CIVG I_

L'INFORMATION MEDICALE

Suite aux entretiens menés auprès de 5 sages-femmes, il apparaît une demande d'information sur l'intérêt du recueil de l'activité professionnelle des sages-femmes, de votre responsabilité médicale et des missions du Département de l'Information médicale.

Est-ce que vous connaissez les tarifs de la nomenclature professionnelle des sages-femmes ?

OUI I_I

NON II

Mai 2015_questionnaire destiné aux sages-femmes_étude quantitative_valorisation de l'activité SF

Annexe III

Est-ce que vous connaissez les modalités de codage de l'activité CCAM ou NGAP des sages-femmes ?

OUI I_I

NON II

Qui code les actes NGAP (actes externes) que vous réalisez ?

Qui code les actes CCAM (actes lors de l'hospitalisation) que vous réalisez ?

Seriez-vous intéressé par une photographie d'indicateurs en obstétrique et de leur évolution au fil des années ?

OUI I_I

NON II

Seriez-vous intéressé par un retour d'information de votre activité à la maternité ?

OUI
NON

Seriez-vous intéressé par une information sur le codage des actes ?

OUI
NON

Seriez-vous intéressé par une aide pour mieux décrire votre activité professionnelle ?

OUI
NON

Seriez-vous intéressé par une information sur la cotation des actes et les impacts potentiels sur le budget de la maternité ?

OUI I_I

NON II

Sous quelle forme pourriez-vous envisager une information/formation auprès du département de l'information médicale?

Lors d'un staff mensuel I_

Lors d'un staff hebdomadaire I_

Lors de créneaux horaires planifiés en début d'après-midi I_

Organisation de « mini-formation » interne pour les sages-femmes I_

Organisation de modules de formation interprofessionnel (Technicien DIM / SF) I_

Autre proposition

Sage-femme, profession médicale : est-il de votre responsabilité d'informer le Département de l'Information Médicale des actes que vous pratiquez ?

OUI I_I

NON I_I

Je ne sais pas I_I

Mai 2015_questionnaire destiné aux sages-femmes_étude quantitative_valorisation de l'activité SF

Annexe III

QUIZZ ACTIVITE SAGE-FEMME

La T2A concerne ...

La qualité de prise en charge I I

Le financement de l'établissement I I

Une transaction informatique I I

Combien coûte une consultation prénatale réalisée par une sage-femme ?

15€ I_I 19€ I_I 23€ I_I 26€ I_I je ne sais pas I_I

Quelle majoration est appliquée pour cette consultation réalisée la nuit après minuit ?

10 € I_I 20€ I_I 30€ I_I 40€ I_I je ne sais pas I_I
Combien coûte une séance de massage bébé à la maternité JV?

0€ I_I 10€ I_I 15€ I_I 20€ I_I je ne sais pas I_I
Combien coûte un SF12 (acte de séance individuelle de préparation à la naissance) ?

16.80€ I_I 23€ I_I 33.60€ I_I 42€ I_I je ne sais pas I_I
Trouvez vous légitime que ce soit d'autres professionnels qui codent les actes que vous réalisez ?

Non I_I Plutôt non I_I Plutôt oui I_I Oui I_I

A votre avis, pour une meilleure exhaustivité du codage, pensez-vous qu'il doit être fait par ...

Les sages-femmes I_I

Le DIM I I

Les secrétaires médicales I I

Autre professionnel I_I

Qui ?

Pensez-vous que le codage de votre activité serait un moyen de légitimer votre exercice professionnel ?

OUI I_I

NON I_I

Je ne sais pas I_I

Après une formation, seriez-vous prêtes à coder vos actes ?

OUI I_I

NON I_I

Je ne sais pas I_I

Mai 2015_questionnaire destiné aux sages-femmes_étude quantitative_valorisation de l'activité SF

Annexe III

QUELLE RECONNAISSANCE DANS VOTRE TRAVAIL ?

Merci d'indiquer votre niveau de reconnaissance sur une échelle de 0 à 10. 10 étant le point de reconnaissance le plus important

1. Reconnaissance de la part des patientes

2.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Reconnaissance des médecins avec lesquels vous travaillez

3.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Reconnaissance par votre responsable ?

4.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Reconnaissance par votre institution

5.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Reconnaissance de la société en général

6.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Etes-vous satisfaite de votre vie professionnelle ?

Non I_I Plutôt non I_I Plutôt oui I_I Oui I_I

7. Quelles sont vos idées sur la mise en valeur de votre activité et le lien avec votre reconnaissance professionnelle ?

Merci de votre participation !

ANNEXE IV

Cartographie Processus de prise en charge en maternité

ORGANISATION

Politique de gestion des ressources

humaines et de la formation

Management fonctionnel et

hiérarchique

Gestion des emplois et des

compétences

COMMUNICATION

AMELIORATION CONTINUE

Dynamique Qualité

Gestion des risques

Gestion des plaintes et des réclamations

Gestion des évènements indésirables liés aux soins

PILOTAGE

D'ETABLISSEMENT

Politique d'établissement

Projet d'établissement

Management

Développement professionnel

continu

Communication interne

Communication externe

Place de l'usager et de l'entourage

SEJOUR

OBSTETRIQUE

Projet de soins

Accueil et communication

Prestations complémentaires aux

soins

Organisation de la sortie

CONSULTATION

PROGRAMMEE ET/OU D'URGENCE

ACCOUCHEMENT

Qualité des soins

Sécurisation de la prise en charge

Respect et information

Personnalisation de la prise en

charge

Procédure d'accueil

Prise en charge initiale de la patiente Information éclairée

SYSTÈME

D'INFORMATION

SUPPORTS
LOGISTIQUES

SUPPORTS TECHNIQUES

RESSOURCES HUMAINES

LOCAUX ET
EQUIPEMENTS
CIRCUITS

Entretien

Maintenance

Restauration

Hygiène et sécurité

Gestion des déchets

DIM

Système

informatique

Gestion

documentaire

Laboratoires
Imagerie
Pharmacie

Formation Effectifs

VALORISER L'ACTIVITE DES SAGES-FEMMES :

COMMENT CONDUIRE LE CHANGEMENT VERS UN NOUVEAU PARADIGME ?

Exemple à la Maternité de la Clinique Jules Verne de Nantes

RESUME

CALLAC Anne

Titre

Valoriser l'activité des sages-femmes : comment conduire le changement vers un nouveau paradigme ?

Exemple de la maternité de la Clinique Jules Verne de Nantes

Objectif

Identifier des leviers pour améliorer l'exhaustivité et la qualité du recueil de l'activité professionnelle des sages-femmes en maternité

Méthode

Des entretiens semi-directifs ont été menés auprès d'un échantillon de la population des sages-femmes de la clinique. Cette étude a été complétée par des questionnaires distribués à l'ensemble de la population d'étude.

Résultats

Bien que des limites de terrain existent, l'étude porte à discuter de thématiques telles que la nomenclature professionnelle des sages-femmes, de la reconnaissance professionnelle et de la singularité qu'elles perçoivent vis-à-vis de la maternité. La place de l'hospitalisation privée à but non lucratif est abordée.

Bien que des solutions soient apportées au niveau national et local, la résolution du problème s'appuie sur les leviers de la conduite du changement.

L'organisation est réfléchie par une cartographie de processus. L'utilisation d'outils de communication engageante permettra aux sages-femmes de s'impliquer dans une autre approche du soin. La formation de celles-ci au PMSI et à ses enjeux devrait engager les sages-femmes dans une approche valorisante de leur activité.

Conclusion

En pleine mutation, le métier de sage-femme coordinatrice doit se composer aujourd'hui dans un climat économique particulier. Un mode de pensée plus coopératif et plus efficient positionnera les sages-femmes sur le parcours de santé des femmes et permettra une meilleure mise en valeur de la profession.

Mots-clés

conduite du changement ; culture médico-économique ; valorisation ; sage-femme ; actes externes






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo