WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'Espagne en France. Les centres culturels espagnols dans l'hexagone au XXe siècle.

( Télécharger le fichier original )
par Julien JACQUES
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 recherche Histoire des relations internationales et des mondes étrangers 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE

Dans cette troisième et dernière partie, nous nous sommes focalisé sur la période la plus récente de la politique culturelle extérieure de l'Espagne et de son exemple en France.

A l'image des instituts en France, l'Instituto Cervantes est une réussite et remplit parfaitement son rôle de fer de lance dans la politique culturelle espagnole à l'étranger. Parés d'une autonomie considérable, les centres Cervantès de France sont toujours en contact avec les instituts français installés en Espagne et ensemble ils participent à la consolidation du dialogue franco-espagnol. Toutefois, des voix se sont levées pour soutenir les victimes de ce succès, notamment les bibliothèques. L'argument économique préfère consacrer plus de place aux activités plus lucratives comme des salles de cours ou des activités médiatiques comme les activités culturelles plutôt que de consacrer de l'espace et de l'argent pour la conservation de livres, d'autant plus que le numérique propose des livres accessibles et gratuits sur le net1(*).

Ceci dit, le directeur de l'institut Cervantès de Bordeaux, Juan Pedro De Basterrechea, est plus que satisfait de l'action de l'Instituto Cervantes en France qui a permis d'enrichir l'image et l'influence de l'Espagne et de faire des deux pays de proches alliés. L'ouverture d'un autre centre Cervantès en France n'est pas à l'ordre du jour mais le bilan des quatre déjà existants est très positif grâce à l'accueil et à la réceptivité favorables du public français et grâce à l'établissement de rapports amicaux entre les instituts Cervantès et les institutions locales2(*).

CONCLUSION GÉNÉRALE

L'introduction de ce travail est revenu sur l'historiographie des relations culturelles franco-espagnoles et nous avons pris conscience qu'une étude sur ce sujet se faisait attendre. L'action de la France en Espagne, dans la plupart de ses dimensions a été étudiée mais les relations culturelles demeurent encore le parent pauvre de ces recherches, lorsque la France est le pays émetteur, et encore plus lorsqu'elle est réceptrice. La quantité d'ouvrages donnés en bibliographie témoigne de la nécessité et de l'ampleur qu'un tel travail demande ; notre mémoire désire ouvrir un nouvel axe d'étude des relations franco-espagnoles et montrer l'immense intérêt de celui-ci. Nous espérons que notre travail a atteint ces objectifs.

En introduction de ce mémoire, nous avons mis en évidence trois axes essentiels pour comprendre la politique culturelle espagnole en France par le biais de ses centres culturels implantés dans l'Hexagone. Le premier axe concerne la popularité et la place de la culture espagnole à l'intérieur du territoire français. Le deuxième axe interroge l'histoire de la politique culturelle espagnole et les prémices de l'installation d'un réseau culturel en France. Et le troisième axe se focalise sur l'action culturelle contemporaine de l'Espagne à travers une institution remarquable et son réseau dans notre pays.

La première partie revient sur le rôle central de la popularité de la culture espagnole en France qui a obligé l'Espagne à considérer son action culturelle en France différemment qu'ailleurs. Depuis toujours, la France et l'Espagne ont entretenu des relations plus ou moins étroites ; l'histoire de France est indissociable de l'histoire de l'Espagne. Les destins croisés de la France et de l'Espagne ont donné naissance un noyau hispanophile important en France souligné par la popularité de la culture espagnole et latino-américaine. Le premier facteur positif des relations franco-espagnoles en matière socioculturelle est la traditionnelle réceptivité qui existe en France pour les autres cultures et un contexte assez favorable à l'espagnol pour des raisons multiples : des relations dynastiques jusqu'aux nombreuses vagues d'immigration de l'Espagne vers la France, en passant par le grand intérêt scientifique des universitaires et des intellectuels français pour la voisine espagnole, des pans de la culture espagnole font partie aujourd'hui de la culture française. Puis la France n'est pas étrangère à la mode mondiale du « latino » qui, à travers cette culture, provoque un certain intérêt pour l'Amérique latine. Une présentation de ce contexte fut primordiale pour comprendre l'évolution de la politique culturelle espagnole en France et nous oblige à penser les relations culturelles internationales au cas par cas, les relations culturelles entre deux pays doivent tenir compte de l'Histoire et de l'image du pays dans l'autre.

La deuxième partie s'est concentrée sur l'évolution de la politique culturelle espagnole, depuis le XIXe siècle, l'Espagne peut accroître sa capacité d'influence grâce à la croissance et au développement de la culture et de la langue espagnoles dans le monde. D'abord tournée vers l'éducation des émigrés, l'action culturelle extérieure de l'Espagne prit une nouvelle dimension lorsque l'Escuela española de Bellas Artes de Rome fut inaugurée en 1881. Nous considérons que le réseau culturel espagnol en France est né avec l'inauguration du Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire de Paris en 1935. L'évolution de ce réseau fut poussive, les autorités espagnoles connurent des difficultés financières et le refus des autorités françaises pour l'ouverture de nouveaux centres, à un moment où la France stigmatisait l'Espagne dans sa légende noire. Les années 1950, époque de l'ouverture de l'Espagne sur le monde et du retour de relations franco-espagnoles normalisées, ont permis à l'Espagne d'étendre leur réseau culturel en France avec notamment l'ouverture de la Bibliothèque espagnole de Paris en 1951, suivie de quelques instituts culturels. Tout s'accélère après la mort de Franco en 1975 et le retour de la démocratie en Espagne à partir des années 1980. Cette partie nous interroge sur le rôle de la culture dans les relations internationales, les objectifs des politiques culturelles et d'influence sont multiples : obtenir une place avantageuse dans le pays par rapport à d'autres puissances concurrentes, favoriser une pénétration pacifique pour une implantation économique et politique ou servir comme élément de prestige. Toute politique culturelle à l'étranger est basée sur l'expansion de la connaissance de la langue et les créations intellectuelles, artistiques et scientifiques.

La dernière partie était centré sur l'Instituto Cervantes, créé en 1991 et qui sert aujourd'hui de fer de lance de la politique culturelle espagnole à l'étranger dont l'objectif est de « promouvoir universellement l'enseignement, l'étude et l'utilisation de l'espagnol [...] et de contribuer à la diffusion de la culture à l'étranger1(*) ». Aujourd'hui, l'Espagne est le deuxième pays le plus visité au monde, l'espagnol est la langue officielle de vingt et un pays, la deuxième langue la plus répandue, la quatrième la plus parlée et la troisième sur Internet. Il est donc de plus en plus primordial de l'apprendre et de la pratiquer. L'Espagne a donc un fort potentiel culturel et sa langue un instrument d'influence formidable. La culture joue un rôle décisif dans l'image de l'Espagne à l'extérieur et est très importante pour son économie. En effet, le secteur culturel représentait 3% du PIB en 1993 et 4,5% en 1997, soit le quatrième secteur économique du pays2(*). En France, les instituts Cervantès tentent de faire connaître aux Français la culture espagnole à travers deux axes : d'une part « la latinité européenne » et le dialogue culturel France-Espagne en vue d'une construction culturelle de l'Europe tournée vers l'avenir mais naissant à l'Antiquité, berceau des institutions politiques, sociales et culturelles d'aujourd'hui ; d'autre part, « la latinité américaine » et le dialogue avec la communauté latino-américaine des nations basée sur l'expansion universelle de l'hispanisme, faisant de l'Espagne un pont entre Europe et Amérique3(*). Cette troisième partie nous interroge sur la place de la culture latine face au quasi-monopole culturel anglo-saxon et à l'émergence d'autres institutions culturelles notamment l'Institut Confucius chinois, créé en 2004 et à l'expansion rapide. Déjà en 1970, les Espagnols « avaient exposé de façon éloquente la nécessité de défendre les cultures latines contre l'envahissement anglo-saxon4(*) » ; dans les années 1990, François Mitterrand, à Strasbourg, aurait affirmé que l'espagnol et la culture espagnole étaient les seuls capables de parler d'égal à égal avec l'impérialisme anglo-saxon5(*). De ce fait la France et son attachement au pluralisme culturel sont les alliés naturels de l'Espagne, Jacques Chirac avait proposé un pacte franco-espagnol pour la défense commune de la diversité et pour la construction conjointe d'une alternative au pouvoir des États-Unis en matière culturelle6(*).

Née au XIXe siècle dans son sens moderne, la diplomatie culturelle est devenue un enjeu important pour de nombreux pays afin d'améliorer leur influence et obtenir des retombées économiques sur le long terme. Jouissant d'un contexte plus que favorable à l'espagnol, l'Espagne a, au cours de son histoire, créé et diffusé ses moyens d'actions jusqu'à la création d'une institution capable de rivaliser avec l'Alliance française ou le British Council : l'Instituto Cervantes. Les actions de l'Espagne vers la France sont pluriséculaires et ambitieuses, aujourd'hui, son premier partenaire européen est le premier admirateur de la culture espagnole. Bien plus que la simple action culturelle de l'Espagne en France, ce travail montre l'importance de la diplomatie culturelle dans les relations internationales et celle des centres culturels pour conserver le pluralisme culturel.

* 1 Ramón Abad Hiraldo, « Embajadas Culturales: las Bibliotecas del Instituto Cervantes en su contexto », Métodos de Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p.39-44.

* 2 Juan Pedro De Basterrechea, entretien téléphonique du 7 avril 2015.

* 1 José Andrés Fernández-Leost, Acción cultural exterior : informe de situación para el sistema español, La balsa de piedra n°1, 2012, p.7.

* 2 Guillermo Adams, « España, una potentia en potencia », in Eduardo Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et autres, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.81.

* 3 José Jiménez, Francia y España : la unidad y la diversidad cultural, Miradas Cruzadas, 2006-2007, p. 726-729.

* 4 Fiche de la Direction d'Europe méridionale sur les questions culturelles franco-espagnoles, DGRCST, Cabinet du Directeur général 1969-1972, 236QO, n°144 relatif aux généralités sur la coopération culturelle, scientifique, sur l'enseignement et les établissements français en Espagne, 19 décembre 1970.

* 5 Guillermo Adams, « España, una potentia en potencia », in Eduardo Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et autres, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.83.

* 6 Id.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe