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Mesures de politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin: cas des subventions d'intrants agricoles

( Télécharger le fichier original )
par Senghor LAGA
Université d'Abomey-Calavi - DEA/Master recherche 2015
  

Disponible en mode multipage

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oire

PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE

INTER-UNIVERSITAIRE (PTCI)

**********

UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (UAC)

**********

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION (FASEG)

**********

MASTER ECONOMIE APPLIQUEE

**********

MEMOIRE DE DEA/MASTER - NPTCI - II

Financé par le Conseil Scientifique de l'UAC

Option : Economie Appliquée

Thème :

MESURES DE POLITIQUE AGRICOLE ET

SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN :

cas des subventions d'intrants agricoles

Réalisé et soutenu par : Sous la direction de :

Senghor LAGA Prof. Dénis ACCLASSATO

Maître de Conférences Agrégé des Sciences Economiques

à la FASEG / UAC

Président du Jury Co-directeur

Prof. Fulbert AMOUSSOUGA GERO Dr Laurent OLOUKOI

Professeur Titulaire des Sciences Economiques Enseignant Chercheur à la FASEG/UAC

Vice-Président du Jury Membres du Jury

Prof. Charlemagne BABATOUNDE IGUE Dr. Venant QUENUM

Maître de Conférences Dr. Aimé SOGLO

Agrégé des Sciences Economiques Dr. Gilles A. SOSSOU

à la FASEG / UAC Dr. Barthélémy SENOU

Dr. Fanougbo AVOCE

Dr. Ives SOGLO

Rapporteurs

Dr. Laurent OLOUKOI

Dr. Ichaou MOUNIROU

Juillet2015

AVERTISSEMENT

«La Faculté n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce document. Ces opinions doivent être considérées comme propres à son auteur

DEDICACES

Je dédie cette oeuvre

ü A l'Eternel Dieu tout puissant qui me comble de sa grâce et de son amour. Puisse ce travail témoigner de ma gratitude et de mon espérance en ses merveilles.

ü A toute ma famille et particulièrement à Odile.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce mémoire a été facilitée par la contribution appréciable de près ou de loin des personnes aussi diverses que nombreuses. C'est une occasion pour moi de leur témoigner mes sincères gratitudes, ainsi que mes vifs et profonds remerciements. J'adresse particulièrement mes remerciements :

ü Au Pr. Fulbert AMOUSSOUGA GERO, Directeur de l'école doctorale des sciences économiques et de gestions de l'UAC, pour nous avoir mis dans de bonnes conditions d'étude durant notre formation.

ü Au Pr. IGUE B. CharlemagneDoyen de la FASEG de l'UAC et Coordonnateur National du programme NPTCI, pour ses sages conseils enseignements de qualités au cours de notre formation.

ü A tous les Enseignants de la FASEG qui ont contribué à notre formation et à notre réussite.

ü Au Pr. Dénis ACCLASSATO, mon maître de mémoire, pour la spontanéité avec laquelle, il a accepté de diriger ce mémoire et pour sa disponibilité. La rigueur, le dévouement, l'attachement profond à la recherche et la patience dont vous avez fait preuve ont permis la réalisation de ce travail.

ü Au Dr. Laurent OLOUKOI, pour avoir accepté de co-diriger ce mémoire et de n'avoir ménagé aucun effort pour trouver solution à mes difficultés.

ü Au Dr. Michel AHOHOUNKPANZON, qui a accepté de lire et d'apprécier mon protocole de recherche.

ü Au Dr. Alastaire ALINSATO, qui a accepté de lire et d'apprécier mon protocole de recherche.

ü A la Direction et tous les membres du conseil d'Administration du Programme NPTCI pour m'avoir accordé cette bourse qui m'a permis de faire ces études.

ü A tous mes amis du programme NPTCI

ü A tout le personnel de l'administration de la FASEG.

ü A tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce mémoire et dont nous n'avons pas pu citer les noms.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ACP

:

Afrique, Caraïbes, Pacifique

AGVSA 

:

Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire

AGVSAN 

:

Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition

APE 

:

Accords de Partenariat Economique

ARDL 

:

Auto Regressive Distributive Lags

CEDEAO 

:

Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CIN 

:

Conférence Internationale sur la Nutrition

CMA 

:

Conseil Mondial de l'Alimentation

CNC 

:

Commission Nationale de Céréalière

CSPR 

:

Centrale de Sécurisation des Paiements et de Recouvrement

CVDS 

:

Comités Villageois de Développement Social

DANA 

:

Direction de l'Alimentation et de la Nutrition Appliquée

DNPS 

:

Direction Nationale de la Protection Sanitaire

DPDR 

:

Déclaration de Politique de Développement Rural

DSF 

:

Direction de la Santé Familiale

EMICoV 

:

Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages

FAO 

:

Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FMI 

:

Fonds Monétaire International

IDH 

:

l'Indice de Développement Humain

IFPRI 

:

Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires

INFRE 

:

Institut National de la Formation et de la Recherche en Education

INSAE 

:

Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

IPAR 

:

Initiative Prospective Agricole et Rurale

LDPDR 

:

Lettre de Déclaration de Politique de Développement Rural

MAEP

:

Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche

NEPAD 

:

Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique

OCDE 

:

Organisation de Coopération et de Développement Economique

OMD 

:

Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONASA 

:

Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire

ONC 

:

Office National de Céréales

ONS

:

Office National de Soutien aux revenus agricoles

PAC 

:

Politique Agricole Commune

PAM 

:

Programme Alimentaire Mondial

PAN 

:

Programme Alimentaire et Nutritionnel

PANAN 

:

Plan d'Action National pour l'Alimentation et la Nutrition.

PAU 

:

Politique Agricole de l'UEMOA

PDAEJ 

:

Programme de diversification agricole pour l'emploi des jeunes

PDAVV

:

Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées

PDDAA

:

Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture en Afrique

PIA 

:

Plan d'Investissement Agricole

PNCSA 

:

Programme National Complet de Sécurité Alimentaire

PNSA 

:

Programme National de Sécurité Alimentaire

PNUD 

:

Programme des Nations Unies pour le Développement

PRIA 

:

Plan Régional d'Investissements Agricoles

PSO 

:

Plan Stratégique Opérationnel

PSRSA

:

Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole

PUASA

:

Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire

RNDH

:

Rapport National sur le Développement Humain

RPCA

:

Réseau de Prévention des Crises Alimentaires

SCA 

:

Score de Consommation Alimentaire

SCRP

:

Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté

SDAM

:

Score de Diversité Alimentaire des Ménages

SDANA

:

Service Dahoméen d'Alimentation et de Nutrition Appliquée

SDDAR

:

Schéma Directeur de Développement Agricole et Rural

SMA

:

Sommets Mondiaux de l'Alimentation

SONAPRA

:

Société Nationale pour la Promotion Agricole

TEC

:

Tarif Extérieur Commun

UEMOA 

:

Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1

:

Statistique descriptive des variables des modèles..............................

54

Tableau 2

:

Présentation des résultats du test ADF en niveau sur les variables du modèle 1..

55

Tableau 3

:

Présentation des résultats du test ADF en différence première du modèle 1..

56

Tableau 4

:

Résultats de l'estimation du modèle 1..........................................

57

Tableau 5

:

Présentation des résultats de l'estimation du modèle 2.......................

59

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1

:

Evolution de la production alimentaire nationale.............................

50

Graphique 2

:

Evolution des importations alimentaires.......................................

51

Graphique 3

:

Evolution des exportations alimentaires

52

Graphique 4

:

Evolution comparée des subventions d'intrants agricoles et de la disponibilité alimentaire..........................................................

53

Graphique 5

:

Evolution des aides alimentairesen FCFA....................................

54

SOMMAIRE

 

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE............

1

INTRODUCTION...........................

1

1.1- CONTEXTE, JUSTIFICATION ET PROBLEMATIQUE

2

1.2- LA REVUE DE LITTERATURE

6

1.3- OBJECTIFS ET HYPOTHESES

27

1.4- METHODOLOGIE

27

 

CHAPITRE 2 : POLITIQUE AGRICOLE ET SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN.......................................

38

 

2.1- POLITIQUE AGRICOLE ET POLITIQUE DE SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN

38

 

2.2- PRESENTATION DES RESULTATS

49

CONCLUSION.........................................................

67

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES..........................

68

ANNLEXES...............................................................

A

RESUME

Cette étude porte sur « Mesures de politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin : cas des subventions d'intrants agricoles ». L'objectif général est d'analyser les effets de la subvention des intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire au Bénin. De façon spécifique, il s'agit d'une part, d'analyser les effets des subventions d'intrants agricoles sur la production alimentaire et d'autre part, d'évaluer les effets des subventions d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire au Bénin. L'analyse couvre la période de 1990 à 2013 et utilise des données secondaires. Il a été élaboré dans un premier temps, un modèle 1 à correction d'erreur des déterminants de la production alimentaire nationale, estimé par l'approche de la coïntégration à la Hendry et dans un second temps il a été élaboré, un modèle 2 à correction d'erreur de disponibilité alimentaire, estimé par une approche ARDL. Les résultats issus du modèle 1 révèlent que les subventions d'intrants agricoles et la valeur ajoutée agricole ont un effet positif sur la production alimentaire au Bénin. Quant aux résultats du modèle 2, ils révèlent que les subventions d'intrants agricoles, les importations alimentaires nettes, la population active agricole et l'investissement agricole ont une influence positive sur la disponibilité alimentaire tandis que la production alimentaire nationale, l'aide alimentaire et l'indice des prix des produits vivriers ont une incidence négative sur la disponibilité alimentaire par personne par jour.

Mots clé : Mesures de politique agricole, sécurité alimentaire, coïntégration à la Hendry, ARDL.

ABSTRACT


This study focuses on "agricultural policy and food security measures in Benin: case of agricultural inputs and subsidies." The general objective is to analyze the effects of the subsidy for agricultural inputs on food availability in Benin. Specifically, it is firstly to analyze the effects of agricultural input subsidies on food production and on the other, to assess the effects of agricultural input subsidies on food availability Benin. The analysis covers the period from 1990 to 2013 and used secondary data. It was developed as a first step, a model 1 error correction determinants of domestic food production, estimated by the approach of cointegration to Hendry and in a second time it was developed, a model 2 correction food availability error, estimated by ARDL approach. Results from Model 1 show that farm input subsidies and agricultural value added has a positive effect on food production in Benin. As for the results of Model 2, they reveal that the agricultural input subsidies, net food imports, the agricultural labor force and agricultural investment have a positive impact on food availability while domestic food production, food aid and the index of food prices have a negative impact on food availability per person per day.

Keywords: agricultural policy measures, food security, cointegration to Hendry, ARDL.

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE

INTRODUCTION

L'agriculture fut et reste une source de richesses incontestable pour les pays de l'Afrique alors même que la concurrence mondiale ne cesse de s'exercer en leur défaveur. Nombres d'observateurs considèrent en effet que ces pays ont souvent été lésés par les subventions agricoles à la production et à l'exportation engagées par les pays du Nord (Goreux, 2003 ; Tockarik, 2003 ; ODI, 2004). En tant que politique commerciale agricole, les subventions ont été utilisées pour stabiliser dans certains cas les revenus des agriculteurs et dans d'autres relancer la production. C'est le cas par exemple de la communauté  Européenne (CE) en 1970, qui dans le cadre de la politique Agricole Commune (PAC) garantissait des prix élevés aux agriculteurs européens en rachetant les produits agricoles chaque fois que les prix tombaient en dessous d'un certain seuil d'intervention. Cette politique a eu pour conséquence la stabilisation des revenus des agriculteurs et la stimulation de la production, en l'occurrence celle du blé où des stocks furent constitués afin de maintenir stable les prix.

Prenant conscience du rôle important des subventions dans le développement de l'agriculture, le gouvernement béninois a introduit ces mesures dans sa politique agricole. Ces mesures vont prendre d'ampleur dans les années 2000 puisque l'Etat a injecté entre les campagnes agricoles 2000-2001 et 2008-2009 globalement 67,126 Milliards de FCFA dans la filière coton pour garantir le prix au producteur du coton-graine suite à l'effondrement des cours sur le marché international, pour maintenir le prix des engrais à un niveau incitatif et pour apurer les dettes qui paralysaient la filière. Ces subventions ont été efficaces dans la mesure où elles ont permis de rétablir l'équilibre financier de la CSPR et de redonner confiance aux producteurs et égreneurs et à accroitre la production en moyenne de 26% (Gossou et al. 2010).

Plus spécifiquement, ces mesures ont été prises en 2008-2009 pour le compte des produits vivriers à travers le Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) mis en place par le gouvernement en décembre 2007 pour juguler la crise alimentaire. Ce qui a permis d'aider les producteurs en termes de distribution gratuite de semences, de subventions pour l'aménagement sommaire des bas-fonds, de l'encadrement rapproché...

Malgré ces efforts, le phénomène d'insécurité alimentaire reste un problème au Bénin. Classé 165è sur 187 pays selon l'indice de développement humain (IDH), le Bénin fait partir des pays les plus pauvres du monde (RNDH, 2013-2014). Les statistiques font état de ce que 23% des ménages ont une consommation alimentaire inadéquate ne leur permettant pas de vivre une vie saine et active : 5% ont une consommation alimentaire pauvre et 18% une consommation alimentaire limite (AGVSA, 2014). En 2012, le Bénin occupe la 38è place sur 79 pays suivant le classement de l'IFPRI avec un indice de la faim (GHI) de 14,2 contre 16,8 en 2001 (IFPRI, 2012).

C'est dans le but d'apporter une contribution à l'analyse de l'efficacité des mesures de politique agricoles dans la promotion de la sécurité alimentaire au Bénin que cette étude est envisagée. Elle vise surtout à montrer l'incidence des subventions d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire. Pour ce faire, le travail est divisé en deux chapitres.

Le premier chapitre porte essentiellement sur la problématique et la méthodologie de l'étude.

Le deuxième chapitre est consacré à la présentation et à l'analyse des résultats de l'étude puis aux recommandations de politiques économiques qui en découlent.

1.1 CONTEXTE, JUSTIFICATION ET PROBLEMATIQUE

L'activité économique du Bénin est essentiellement basée sur l'agriculture qui constitue la principale source de création de richesse et d'entrée de devises importantes (RNDH, 2013-2014). Lesecteur agricole occupe 70% de la population active et contribue en moyenne à 34,3% du PIB. Il procure environ 88% des recettes d'exportation du pays et participe à hauteur de 15% aux recettes de l'Etat. Le taux de croissance du secteur a varié de 4,2 à 1,4% entre 2007 et 2010 puis atteint 5,2 et 6,4% respectivement en 2011 et 2012 avant de s'infléchir légèrement à 6,3 en 2013 (MAEP, 2013).

Malheureusement cette hausse de la production n'est pas le résultat de l'amélioration de la productivité mais est due plutôt à l'augmentation des superficies cultivées.En effet la contribution qu'une amélioration de la productivité a apporté à l'accroissement de la production agricole a été limitée, voire nulle. La principale source de croissance demeure l'expansion horizontale, c'est-à-dire la mise en culture de nouvelles terres. Etant donné les pressions de plus en plus intenses qui s'exercent sur les ressources agricoles, une accélération de l'augmentation de la production agricole, particulièrement là où les possibilités d'expansion des terres sont limitées, exigera une amélioration continue de la productivité agricole, qui est actuellement relativement faible. Une telle amélioration est possible à condition de s'attaquer efficacement à des contraintes comme le manque d'incitations favorables, des investissements publics limités en milieu rural et l'insuffisance de l'appui institutionnel(RNDH, 2013-2014).

Le consensus sur l'intensification de l'utilisation des intrants agricoles n'est pas récent. Dès les années 1950, selon Fontaine (1991), il a donné lieu à des politiques de soutien à l'utilisation des intrants via la subvention, suivant les raisonsque Lele et al (1989) ont avancé : les justifications de la subvention étaient a) permettre l'apprentissage dans l'utilisation d'un intrant nouveau b) réduire le risque lié à l'utilisation et aider à limiter les contraintes de liquidité c) aider les paysans pauvres d) aider au maintien de la fertilité des sols e) compenser les effets d'une politique de taxation des prix agricoles. Par ailleurs, il était admis que la distribution des intrants par les organismes publics était la solution la plus simple (Fontaine, 1991).

Au Bénin, les subventions d'intrants agricoles étaient beaucoup plus orientées vers la culture du coton. Les autres cultures particulièrement les spéculations vivrières ont bénéficié de moins d'intrants spécifiques en 2012 comparativement à l'année 2009 avec la mise en oeuvre du Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA). Dans ce cadre, Soulé et al (2011) ont montré qu'avec la mise en oeuvre au Bénin du PUASA qui a permis la distribution de semences améliorées et des engrais spécifiques aux producteurs agricoles en 2008-2009, la production de produits vivriers particulièrement du riz a augmenté de 113% par rapport à son niveau de 2007 et de 187% par rapport à son niveau de 2003. Selon le RNDH (2013-2014), les taux d'accroissement du tonnage d'engrais mis à la disposition des producteurs sont de 11% pour le coton, -4,61% pour les cultures vivrières et -94,78% pour les intrants halieutiques. Ces résultats reflètent les attentes du programme d'ajustement structurel intervenu dans les années 1990 avec un fort intérêt pour la production du coton.

Les dépenses publiques affectées au secteur agricole pendant la période 2006-2011 ont atteint en moyenne 8,91% des dépenses publiques (MDAEP/DGIFD/DIP, 2013). On peut noter que ce niveau est encore faible par rapport à la cible de l'Union Africaine retenue en 2003 lors des accords de Maputo en Mozambique renouvelé en 2014 à Malabo en Guinée Equatoriale, qui est d'allouer au moins 10% des budgets à l'agriculture pour une croissance agricole d'au moins 6%.

Face à cette réalité, et dans le contexte national, le Gouvernement béninois a mis en oeuvre une série de réformes visant à créer les bases d'une croissance accélérée à travers le développement d'une agriculture efficiente dans le but d'améliorer les conditions de vie des populations.

Lesecteur agricole est doté spécialement d'un Plan Stratégique de Relance qui met en relief trois défis majeurs portant sur (i) la couverture des besoins alimentaires, (ii) l'accroissement des revenus, et (iii) l'amélioration de l'attractivité de l'activité agricole et du milieu rural. Ces trois défis confèrent au secteur agricole le double rôle d'accélération de la croissance économique et de la contribution à la réduction de la pauvreté, d'où la vision de "Faire du Bénin, une puissance agricoledynamique à l'horizon 2015, compétitive, attractive, respectueuse del'environnement, créatrice de richesse répondant aux besoins dedéveloppement économique et social de la population" (SCRP3, 2011-2015).

Au Bénin, l'insécurité alimentaire, mesurée par le score de consommation alimentaire (SCA) du PAM, s'est aggravée entre 2008 et 2010. Elle touche en particulier les ménages dirigés par les femmes et les populations rurales. L'Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition (AGVSAN) conduite en novembre et en décembre 2008 a permis d'estimer à 972.000 le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire, soit 12% des ménages. En outre, 1.048.000 personnes (13,2% des ménages) sont en risque d'insécurité alimentaire.

En 2010, la situation s'est considérablement détériorée. La proportion de ménages en insécurité alimentaire a presque triplé pour se situer à 33,6% et ceux à risque s'est accru à 21,6%. Ainsi, plus du tiers des ménages béninois sont touchés par l'insécurité alimentaire et un peu plus d'un ménage sur cinq est en risque d'insécurité alimentaire (EMICoV, 2010). Selon le Rapporteur Spécial du droit à l'alimentation (de Schutter, 2009) suite à une visite effectuée du 12 au 20 Mars 2009 à l'invitation du Gouvernement béninois, la couverture des besoins journaliers en énergie ne dépasse guère 1300 kilocalories au lieu des 2400, minimum nécessaire à un adulte moyen de 65 kg pour une vie active normale et 33 des 77 Communes que compte le Bénin sont en insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique.

En 2013, l'Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA) a montré que par rapport à 2008 les ménages avec une consommation alimentaire inadéquate ont presque doublé. Au niveau national, 23% des ménages ont une consommation alimentaire inadéquate ne leur permettant pas de vivre une vie saine et active : 5% ont une consommation alimentaire pauvre et 18% une consommation alimentaire limite (AGVSA, 2014).

Face à la vulnérabilité de l'agriculture due aux aléas climatiques et la persistance de la récente crise alimentaire mondiale au Bénin, le gouvernement a pris des mesures de politique agricole qui sont entre autre selon le Rapport National sur le Développement Humain (RNDH, 2010-2011) :

ü La mise en oeuvre du Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) dont les objectifs sont : (i) la croissance des volumes de production vivrière, surtout le riz, le maïs et les principales racines et tubercules (ii) l'amélioration des techniques de conservation et de transformation (iii) la constitution d'un stock de sécurité pour 12 mois de 80,000 t de riz blanchi et 150,000 t de maïs

Les activités du PUASA se présentent comme suit: (i) distribution de semences améliorées et des engrais spécifiques aux producteurs agricoles déjà actifs sur des superficies de plus de 5 ha pour les champs individuels et plus de 10 ha pour les groupements (ii) Système des crédits avec caution solidaire (iii) mise en place des motopompes. Aussi, Le PUASA a permis de doter les agriculteurs des intrants spécifiquement destinés aux cultures vivrières (riz et maïs), de mettre en place des crédits subventionnés et d'effectuer des aménagements de bas-fonds. La production vivrière s'est alors accrue de 39,5%. Cependant, la baisse des appuis du PUASA aux producteurs agricoles au regard des contraintes budgétaires n'a pas permis à l'élan ainsi insufflé de se poursuivre.

ü La mise en ouvre du Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV) qui vise à apporter un appui à 500 entrepreneurs agricoles dans les vallées du Niger et de l'Ouémé à travers deux différentes composantes : l'aménagement hydro agricole des vallées et l'apport des mesures d'accompagnement.

De tout ce qui précède, il ressort clairement que la sécurité alimentaire reste un grand problème au Bénin, malgré les énormes efforts d'intensification de l'agriculture en passant par la promotion des filières.Il urge donc de mener des réflexions sur l'efficacité des multiples mesures de politique agricole mises en oeuvre au Bénin. C'est pourquoi le thème de cette étude se focalise sur : Mesures de politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin : cas des subventions d'intrants agricoles. Ainsi, on se pose la question de savoir : Quels sont les effets des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Bénin ? Cette question principale fait naître d'autres questions spécifiques à savoir :

ü Les subventions d'intrants agricoles ont-elles permis une amélioration de la production alimentaire au Bénin ?

ü Les subventions d'intrants agricoles ont-elles permis d'améliorer le niveau de sécurité alimentaire au Bénin ?

1.2 LA REVUE DE LITTERATURE

Dans cette revue de littérature, nous traiterons les aspects ci-après : approche conceptuelle ; la revue de la littérature théorique et la revue de la littérature empirique.

APPROCHE CONCEPTUELLE

Dans la littérature, plusieurs définitions ont été données par des auteurs et institutions à la politique agricole ainsi qu'à la sécurité alimentaire. Il est question dans ce paragraphe de clarifier les différentes conceptions de la politique agricole et la sécurité alimentaire.

1.2.1.1- La politique agricole

La politique agricole en tant qu'ensemble de mesures de politique économique spécifiques au secteur agricole consiste généralement soit à soutenir la production agricole, soit à inciter la production soit à stabiliser le marché ou soit encore à combiner les trois. Ainsi, quels qu'en soient les instruments, elle vise généralement deux principaux objectifs que sont :

- Assurer la sécurité alimentaire ;

- Accroître la capacité de production du secteur agricole soit pour développer le secteur industriel, soit pour promouvoir les exportations, soit encore pour baisser les coûts de production des autres secteurs.

Une politique agricole est un ensemble de mesures d'interventions publiques qui portent sur la production agricole nationale ou sur les importations et exportations de produits agricoles. Elle se caractérise généralement par « un ensemble de mesures réglementaires, dispositifs structurels, moyens financiers et humains interdépendants, mis en oeuvre par la puissance publique pour contribuer à la progression du secteur agricole » (Ribier 2008).

Pour Benkahla (2O10), les politiques agricoles concernent les actions que mène directement l'Etat au niveau de ses structures centralisées, ou au niveau des échelons décentralisées, mais aussi les actions visant à orienter le comportement des acteurs privés. Cette définition d'une politique agricole « idéale » repose sur un certain nombre de conditions qui ne sont que rarement réunies dans le contexte africain.

Elle suppose : (i) qu'il y ait une cohérence globale tout au long du processus de politique agricole, depuis le choix de la stratégie, la formulation des objectifs spécifiques, l'identification des instruments et mesures, leur mise en oeuvre et leur évaluation, et qu'il y ait une cohérence avec les autres politiques sectorielles menées (commerciale, environnementale, etc.) ; (ii) qu'il existe des moyens inscrits dans la durée permettant de mettre en oeuvre ces mesures, sans rupture dans le financement, de manière à ce que la politique soit appliquée de manière stable.

Pour Josling et McCalla (1985), les instruments de politique agricole peuvent être classés selon le niveau d'intervention (à la frontière, à la consommation finale, à la distribution, sur le marché du produit, sur le marché des intrants variables, sur le marché des facteurs fixes).

Toutes ces définitions font apparaître l'Etat comme étant le décideur d'une politique agricole, mais il n'est lui-même qu'un des éléments du système économique global. Les autres agents économiques, en particulier les producteurs, jouent aussi un rôle déterminant dans la réussite d'une politique.

Dans la problématique de l'accroissement de l'offre agricole, aucun changement véritable ne pourrait s'observer sans les producteurs. L'identification, la formulation et l'analyse des effets des instruments de politiques agricoles doivent nécessairement prendre en compte le comportement des ménages paysans (Sissoko, 1998).

Quant à l'instrument de politique, c'est un moyen spécifique prévu ou utilisé par le gouvernement pour atteindre ses objectifs (Mace, 1988). Il le distingue des stratégies qui sont les orientations privilégiées par le gouvernement pour réaliser ses objectifs.

Selon Benkahla, 2010 Il existe une large gamme d'instruments auxquels les gouvernements peuvent avoir recours pour atteindre les objectifs établis en matière agricole. Selon la nature des instruments, on peut les classer comme suit :

ü Les transferts publics, incluant les soutiens au prix et les soutiens au revenu, les taxes et subventions et les politiques de stabilisation ;

ü La fourniture de biens et services, incluant le financement et/ou la production, ainsi que les activités de médiation ;

ü La réglementation incluant l'établissement et le contrôle de règles, normes et labels et la protection des droits de propriété au sens large.

Cette définition permet d'élargir la vision traditionnelle des outils de politique mis en oeuvre, qui s'appuient dans beaucoup de pays principalement sur des outils de transfert public (subvention des engrais, aménagement de périmètres irrigués, distribution de semences, etc.), facilement finançables et évaluables dans le cadre de projets de développement. Les instruments visant à fournir des biens et services (conseil agricole et rural, médiation au sein des filières, services de recherche, etc.) et à faire évoluer les cadres réglementaires (système de gestion et de régulation foncière, élaboration et contrôle du respect des normes sur les produits, etc.) sont souvent moins bien appréhendés alors qu'ils sont pourtant indispensables pour créer les conditions favorables au développement des investissements dans l'agriculture. Plus complexes à mettre en oeuvre, ils nécessitent l'implication des acteurs non étatiques afin d'être pertinents (secteur bancaire, organisations professionnelles, industries de transformation, collectivités locales, etc.).

1.2.1.2- La sécurité alimentaire

Les concepts à clarifier ici tourne autour de : la sécurité alimentaire et ses déterminants ; les indicateurs de la sécurité alimentaire ; les groupes de sécurité alimentaire et l'insécurité alimentaire et ses causes.

1.2.1.2.1- Le concept de sécurité alimentaire et ses déterminants

Le concept de sécurité alimentaire est apparu pour la première fois lors de la conférence mondiale sur l'alimentation de 1974, suite à la crise alimentaire mondiale provoquée par l'augmentation rapide des prix (Banque Mondiale, 2008). La définition retenue à cette occasion, est que la sécurité alimentaire consiste à « disposer à chaque instant d'un niveau adéquat deproduits de base pour satisfaire la progression de la consommation et atténuer les fluctuations dela production et des prix ».

A cette conception de la sécurité alimentaire essentiellement basée sur l'offre alimentaire, a succédé à la suite des travaux d'Amartya Sen (1981) sur les famines, une approche plus globale basée sur la notion de droit d'accès à l'alimentation. Cette nouvelle approche accorde une place primordiale à l'accessibilité alimentaire. L'idée étant que même dans le cas où l'offre alimentaire est suffisante, certains ménages peuvent avoir un accès limité à la nourriture du fait de conditions d'échange défavorables ou d'une insuffisance de moyens.

Depuis lors, la définition de la sécurité alimentaire généralement utilisée est plus large. En effet, dans sa définition reformulée, la sécurité alimentaire est la possibilité pour chaque individu d'accéder en tout temps à une alimentation salubre et nourrissante, lui permettant d'avoir une vie saine et active. Pour Hoskins (1990), la sécurité alimentaire est définie comme la possibilité physique et économique d'accéder pour tous et en tout temps aux produits alimentaires. Cette seconde définition est adoptée lors des travaux du sommet mondial sur l'alimentation en 1996.

Ainsi, dans sa définition vulgarisée, « la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active » (FAO, 1996).

Quatre dimensions sont définies dans la sécurité alimentaire: (i) disponibilité de la nourriture en quantité suffisante; (ii) stabilité de l'approvisionnement ; (iii) accessibilité physique et économique des denrées, (iv) la qualité nutritionnelle.

- La disponibilité physique des aliments : La disponibilité alimentaire porte sur le « côté de l'offre » de la sécurité alimentaire et est déterminé par le niveau de production alimentaire, les niveaux de provisions, et le commerce net.

- l'accès économique et physique des aliments : De bonnes provisions alimentaires au niveau national ou international ne garantissent pas en soi la sécurité alimentaire des ménages. Les inquiétudes par rapport à l'accès insuffisant aux aliments ont mené à une concentration sérieuse des politiques sur le revenu, les dépenses, le marché et le prix des aliments pour atteindre les objectifs de sécurité alimentaire.

- L'utilisation des aliments : L'utilisation porte sur la façon dont le corps optimise les différents nutriments présents dans les aliments. De bonnes pratiques de soins et d'alimentation, de préparation des aliments, de diversité du régime alimentaire, et de distribution des aliments à l'intérieur du ménage ont pour résultat un apport adéquat d'énergie et de nutriments. Ceci s'ajoute à une bonne utilisation biologique des aliments consommés, et détermine l'état nutritionnel des individus.

- La stabilité des trois autres dimensions dans le temps : Même si votre apport alimentaire est adéquat aujourd'hui, vous êtes toujours considéré à risque de souffrir d'insécurité alimentaire si sur une base régulière, vous avez un accès inadéquat aux aliments, et vous risquez une détérioration de votre état nutritionnel. Les conditions climatiques défavorables (sécheresses, inondations), l'instabilité politique (troubles sociaux), ou les facteurs économiques (chômage, augmentation du prix des aliments) pourraient avoir un impact sur votre état de sécurité alimentaire.

Il est intéressant de différencier l'état nutritionnel de la sécurité alimentaire, et de considérer que si le premier (qui est aussi une dimension du second) est surtout déterminé par l'accès aux aliments, la seconde, elle, est influencée par une série d'autres facteurs, à savoir la situation économique et sociale, la santé (physique/spirituelle/mentale), l'éducation et les préjugés culturels, etc.

Les déterminants de la sécurité alimentaire les plus cités dans la littérature sont : la production agricole, l'ouverture commerciale (importations et exportations alimentaires), la croissance démographique, les performances macroéconomiques, la stabilité politique, le pouvoir d'achat et l'instabilité des prix (Timmer, 2000).

1.2.1.2.2- Les indicateurs de la sécurité alimentaire

Il n'existe pas une seule mesure pour juger de l'état de la sécurité alimentaire d'une nation. Une série d'indicateurs et différentes techniques de mesure sont nécessaires. Les différentes typologies d'indicateurs de sécurité alimentaire sont présentées, ainsi que les différents indicateurs proxy utilisés pour mesurer chacun de ces typologies. Le développement de cette partir est inspiré des travaux de AGVSAN 2008 et AGVSA 2013. Entre autres indicateurs de la sécurité alimentaire, on a :

· Le score de la consommation alimentaire des ménages : Les estimations de la prévalence des groupes de consommation alimentaire sont basées sur le score de la consommation alimentaire des ménages (SCA). Ce score est un indicateur de l'accessibilité aux aliments et de la qualité de la consommation alimentaire.Il est calculé à partir de:

- la diversité du régime alimentaire (nombre de groupes d'aliments consommés par un ménage pendant les sept jours précédant l'enquête),

- la fréquence de consommation (nombre de jours au cours desquels un groupe d'aliments a été consommé pendant les sept jours précédant l'enquête),

- l'importance nutritionnelle relative des différents groupes d'aliments.

· La consommation des aliments riches en nutriments : Il existe des différences significatives quant à la fréquence de la consommation d'aliments riches en protéine, en fer et vitamine A entre les groupes de consommation alimentaire. Les ménages des groupes de consommation alimentaire pauvre et limite ont une faible consommation d'aliments riches en fer, en protéine et en vitamine A qui pourrait être à l'origine de la prévalence d'un certain nombre de maladies carentielles.

· Le score de diversité alimentaire des ménages (SDAM) comptabilise le nombre de groupes d'aliments consommés (sans pondération selon la qualité nutritionnelle): chaque groupe compte pour 1 point dans le score qui varie de 1 à 12 points. Cet indicateur se réfère à la consommation alimentaire du ménage durant les 24 heures précédant l'enquête (au lieu de septjours pour le SCA).Le coefficient de variation de cet indicateur est assez élevé (en raison de lavariabilité journalière intra-ménage). Il est plus significatif au niveau de la population qu'auniveau du ménage.Il n'existe pas de seuil internationalement reconnu pour définir une « bonne » ou « mauvaise »diversité alimentaire. On utilise les seuils du Cadre Intégré de Classification de la SécuritéAlimentaire (moins de 4: régime peu diversifié; 4-12: régime plus diversifié).

· La part des dépenses des ménages consacrées à l'alimentation : Il est possible de classer les ménages en fonction de leurs niveaux de dépenses (en pourcentage). Cette analyse utilise les seuils recommandés par le PAM (bien que ceux-ci ne soient pas standardisés). Cette analyse peut mettre en évidence les différences qui pourraient être masquées par un lissage des valeurs lors du calcul de moyennes. Les seuils sont classés comme suit:

- Très élevé (> 75% du total des dépenses consacrées à l'alimentation),

- Haute (65% - 75% du total des dépenses consacrées à l'alimentation),

- Modéré (50% - 65% du total des dépenses consacrées à l'alimentation),

- Normal (<50% du total des dépenses consacrées à l'alimentation).

1.2.1.2.3- Groupes de sécurité alimentaire

Dans la classification des niveaux de sécurité alimentaire, l'Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA, 2013) distingue quatre groupes à savoir :

Ø Sécurité alimentaire : Ménage capable de satisfaire ses besoins alimentaires et non alimentaires essentiels sans recourir à des stratégies d'adaptation atypiques.

Ø Sécurité alimentaire limite : Ménage qui a une consommation alimentaire tout juste adéquate sans recourir à des stratégies d'adaptation irréversibles. Ne peut pas se permettre certaines dépenses non alimentaires essentielles.

Ø Insécurité alimentaire modérée : Ménage qui a une consommation alimentaire déficiente ou qui ne peut satisfaire ses besoins alimentaires minimaux sans recourir à des stratégies d'adaptation irréversibles.

Ø Insécurité alimentaire Sévère : Ménage qui a une consommation alimentaire très déficiente ou qui connait une perte très importante de ses moyens de subsistance qui vont conduire à des déficits importants dans sa consommation alimentaire ou pire.

1.2.1.2.4- Les causes de l'insécurité alimentaire

Les deux groupes insécurité alimentaire modérée et sévère combinés donnent la prévalence de l'insécurité alimentaire.L'insécurité alimentaire, est l'incapacité des populations de satisfaire systématiquement leurs besoins caloriques et nutritionnels afin de mener une vie saine et active, est omniprésente. Le spectre de la famine, qui a quasiment disparu de tous les autres continents, continue à hanter certaines régions de l'Afrique subsaharienne. » (PNUD, 2012).

Une étude réalisée par la FAO (2004) a révélé globalement dans les pays en voie de développement, les causes de l'insécurité alimentaire qui sont entre autres : les pénuries alimentaires liées aux aléas climatiques et autres catastrophes ; une pression démographique très forte, qui est à l'origine d'épineux problèmes fonciers et d'une production alimentaire insuffisante ; l'absence de possibilités de sources de revenus ou d'emplois alternatifs ; les pertes de production liées au stockage et aux procédés de transformation ; la pauvreté rurale et urbaine ; l'isolement et l'enclavement de certaines localités qui vont de pair avec un manque de structure de commercialisation (marché). Dans ces zones, la commercialisation de la production est difficile et s'effectue souvent à des conditions désavantageuses (prix bas). En situation déficitaire s'ajoute les problèmes de ravitaillement : les denrées ne sont pas disponibles et les prix sont souvent prohibitifs, principalement dus aux difficultés de transport.

Selon le rapporteur spécial du droit à l'alimentation (de Schutter, 2009), la persistance de l'insécurité alimentaire et économique des ménages ruraux au Bénin s'explique, entre autres, par : la précarité de la disponibilité d'aliments de qualité au sein des ménages, des importantes pertes post-récoltes des produits vivriers, des systèmes de stockage/conservation peu performants, des technologies de transformation rudimentaires avec des rendements faibles et de qualités variables, l'inadéquation et de la faible synergie entre politiques sectorielles et programmes, le peu d'intérêt accordé à la nutrition (singulièrement la nutrition communautaire) dans les politiques et programmes de lutte contre la pauvreté.

La revue de la littérature théorique

Cette revue de littérature théorique tourne autour de deux points majeurs à savoir : le cadre théorique d'analyse de sécurité alimentaire et le cadre théorique d'analyse de politique agricole

1.2.2.1- Cadre théorique d'analyse de sécurité alimentaire

Dans cette section, deux points majeurs seront abordés à savoir : la place de l'alimentation dans la théorie économique et les politiques publiques de lutte contre la faim.

1.2.2.1.1- L'alimentation et la théorie économique

L'alimentation étant un des besoins primaires de l'homme et la production agricole une des premières activités à laquelle l'homme s'est livré, l'agriculture et l'alimentation ont été l'objet de nombreux débats dans la théorie économique. On peut même dire que dans la théorie économique la sphère alimentaire fait l'objet d'un traitement particulier. Ainsi une certaine spécificité est accordée au fait alimentaire et émane des différents courants de pensée. Cette spécificité repose sur les conditions de satisfaction des besoins alimentaires des nations, sur l'enjeu de l'indépendance alimentaire, et enfin sur les causes de la faim dans le monde.

1.2.2.1.1.1- La satisfaction des besoins alimentaires selon la théorie économique

Pour les premiers économistes, les mercantilistes, l'un des objectifs fondamentaux de toute société est de garantir à sa population un approvisionnement alimentaire régulier et substantiel. De même chez les auteurs libéraux à l'instar d'Adam Smith cette analyse est faite: «aucune société ne peut être florissante et heureuse, si la majorité de ces membres est pauvre et misérable». Les courants de pensée reconnaissent le caractère primordial de la satisfaction des besoins alimentaires mais n'arrivent pas à trouver un consensus sur les modalités d'une telle satisfaction.

1.2.2.1.1.1.1- L'analyse mercantiliste

Pour les mercantilistes, c'est l'Etat qui doit veiller au bon approvisionnement alimentaire des populations ainsi qu'aux bas prix de marché. Les mercantilistes ont analysé les produits agricoles en particulier le blé d'abord comme un bien de subsistance avant de le considérer comme un objet de commerce. Pour garantir un prix à la portée de tous et donc une satisfaction des besoins alimentaires, l'Etat doit constamment surveiller et encadrer les marchés et même intervenir s'il y a lieu. L'Etat remplit cette mission par l'intermédiaire de stocks publics qui ont pour résultat la stabilisation des prix. A cet effet Bodin (1986) propose « d'avoir dans chaque ville un grenier public(...) on verrait jamais la cherté si grande qu'elle soit, car outre le fait qu'on aurait provision pour les mauvaises années, on retrancherait les monopoles des marchands de blé...». Ainsi une gestion publique des réserves de même qu'un contrôle du commerce du blé permet d'avoir un prix juste.

Les mercantilistes proposent aussi à côté de cette intervention étatique, une réduction de la circulation des céréales à l'extérieur de la nation et donc d'empêcher toute sortie du territoire des produits agricoles. «La France ne fut jamais affamée c'est-à-dire qu'elle a richement de quoi nourrir son peuple quelque mauvaise année qui survienne, pourvu que l'étranger ne vide nos granges». Aussi le commerce extérieur n'est autorisé que si le pays est bien approvisionné. De telles politiques alimentaires ne sont pas l'apanage des mercantilistes, on les retrouve également chez Galiani (1984), Linguet (1788), Mably (1788), Steuart (1759), Bentham (1795) et Malthus (1815) (bien que ces derniers fassent partie du courant libéral) et Boisguilbert (1707).Boisguilbert souligne la dimension incompressible de la demande alimentaire dans la mesure où elle correspond à des besoins vitaux. En conséquence la demande en produit alimentaire est constamment sous tension, tension d'autant plus accentuée que la pression démographique sur les ressources alimentaires s'exerce sans répit et augmente les prix. Cette spécificité se retrouve aussi dans l'offre de produits agricoles et cela à cause de son caractère rigide et incontrôlable du fait des aléas climatiques. Ainsi l'offre alimentaire d'une nation peut fluctuer entre surproduction et pénurie.

Pour Boisguilbert le marché des produits alimentaires obéit à des lois spécifiques en raison des contraintes qui pèsent sur l'offre et la demande. Sur ce marché les informations sont souvent erronées et asymétriques de ce fait il y règne un climat de désordre et de spéculation rendant difficile la stabilité des prix. Donc indépendamment de l'état de la récolte, le marché produit à des prix élevés. On comprend mieux alors pourquoi Boisguilbert cautionne la mise en place de greniers publics. Contrairement aux mercantilistes il est favorable au commerce extérieur des aliments car il permet selon lui de réduire les effets négatifs des anticipations auto-réalisatrices des agents économiques.

La conception de l'état nourricier à travers la mise en place de stocks prôné par les mercantilistes, Boisguilbert, Malthus entre autres est remise en cause à partir du XVIIème siècle par les libéraux qui proposent comme réponse aux problèmes de l'alimentation: le marché autorégulateur et de considérer le produit alimentaire comme n'importe quelle marchandise.

1.2.2.1.1.1.2- L'analyse libérale

Pour le courant libéral, le meilleur moyen d'assurer un bon approvisionnement alimentaire des populations est de « laisser faire le marché »avec une harmonisation de ce dernier à travers les ajustements par les prix et les salaires. Cela suppose une libre circulation totale des produits agricoles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays sans que l'Etat ne réglemente le fonctionnement du marché comme l'exige la tradition séculaire. Pour apaiser les craintes des populations face à cette libéralisation des échanges agricoles les libéraux se fondent sur les spécificités des biens alimentaires. D'abord ces biens étant renouvelables leur abondance est assurée. Dupont (1911) parle de «richesses renaissantes». Le secteur des produits agricoles est ainsi analysé comme une génération et non une simple addition de richesses que multiplie la terre nourricière et qui s'assimile à un véritable don gratuit de la nature (analyse physiocrate). De plus, le caractère volumineux et périssable des biens alimentaires les rend difficilement transportables par rapport aux autres marchandises. Ainsi les échanges avec l'étranger ne concernent qu'une faible partie de la production nationale. Les inquiétudes des populations face aux dangers du commerce extérieur des produits alimentaires n'ont ainsi aucune raison d'être. Cette analyse libérale du marché agricole fut remise en cause.

1.2.2.1.1.1.3- La remise en cause de l'analyse libérale

Les partisans de l'interventionnisme reviennent pour rejeter en bloc les arguments libéraux et exigent une politique alimentaire active et volontaire. Ils mettent en avant le fait que même si l'ajustement prix salaire est possible il exige quand même un délai assez long préjudiciable aux populations. De plus la cupidité étant le principe, la fin et l'âme même du commerce, elle suppose le comportement de spéculateurdes agents économiques responsables de l'approvisionnement, alors que les besoins alimentaires ne peuvent être différés. Enfin, les antilibéraux remettent en cause le caractère relatif du commerce extérieur par le fait que la sortie d'une petite quantité des biens alimentaires du territoire fait évoluer considérablement les prix.

La résolution des problèmes alimentaires a ainsi opposé les théoriciens notamment les partisans de la libéralisation et les défenseurs de l'interventionnisme étatique. Ce débat qui s'est poursuivi tout au long du XIXe siècle n'avait pas perdu de sa vigueur à la fin du XXe siècle quand on songe à la manière dont sont abordés les problèmes alimentaires du tiers monde.

La théorie économique toujours dans cette spécificité qu'elle a accordée au fait alimentaire s'est aussi intéressée à l'objectif d'indépendance alimentaire.

1.2.2.1.1.2- L'indépendance alimentaire selon la théorie économique

Cette section traite des points ci-après : l'objectif d'indépendance alimentaire invariant dans le temps ; l'indépendance alimentaire par le protectionnisme ou le libre échange ; et les causes de la faim selon la théorie économique.

1.2.2.1.1.2.1- L'objectif d'indépendance alimentaire invariant dans le temps

L'objectif d'indépendance alimentaire est revendiqué aussi bien chez les politiques que chez les économistes et ceux-ci reposent leur argumentaire sur la spécificité de la production agricole et alimentaire. La nourriture étant octroyée généreusement par la providence. Ainsi d'après les premiers économistes un pays qui a la chance de bénéficier d'un tel avantage doit tout faire pour le conserver. Tout pays disposant de la capacité naturelle de produire ce dont il a besoin sans obligation d'achat à l'extérieur est tenu de le faire. Il existe également une raison politique, en effet l'autosuffisance alimentaire permet d'éliminer la dépendance vis à vis des pays étrangers.

Les théoriciens semblent avoir trouvé un consensus sur la nécessité de l'indépendance alimentaire, cependant cet accord n'est plus de mise dès qu'il s'agit de voir quel sont les coûts et les modalités de cette indépendance.

1.2.2.1.1.2.2- L'indépendance alimentaire par le protectionnisme ou le libre échange

Pour assurer l'objectif d'indépendance alimentaire les mercantilistes défendent la thèse selon laquelle il faudrait limiter les échanges avec l'extérieur par des taxations élevées des produits alimentaires à la sortie du territoire. Cette politique fut appliquée en Angleterre avec l'application des corns laws au XVème siècle. Les politiques des Tudors et des Stuarts autorisaient le commerce extérieur des produits alimentaires seulement en période d'abondance et à condition que ces échanges ne conduisent pas à une hausse artificielle des prix alimentaires. Des politiques similaires sont appliquées en France pour la même époque.

Cette politique d'interventionnisme était également défendue au XVIII et XIXème siècle par des auteurs comme Malthus qui sont favorables à l'application des corns laws.

Les physiocrates vont défendre une solution tout à fait contraire à ceux des mercantilistes et qui va se révéler très impopulaire. Ainsi ils affirment que le libre commerce des céréales est le seul moyen d'assurer l'indépendance alimentaire, et à cet effet furent les précurseurs des mesures de libéralisation des années 1763-1764.

D'après la théorie physiocrate l'agriculture est le seul pourvoyeur de richesse et tout doit être mis en oeuvre pour favoriser son indépendance. Le bien alimentaire doit répondre à un impératif de rentabilité car n'étant plus considéré comme un simple bien de subsistance mais comme une marchandise qui a un prix même s'il doit également satisfaire les besoins populaires. Le peuple réclame toujours une alimentation à bon marché sans se préoccuper des conditions de production. Pour Quesnay (1757) il n'y a pas de contradiction entre abondance et cherté. Il faudra concentrer les efforts sur les conditions de production, et non sur les conditions de distributions donc favoriser l'agriculture marchande en fournissant à la terre les capitaux nécessaires à sa productivité. Seul le bon prix est en mesure de régler les problèmes d'approvisionnement alimentaires. «La non valeur avec l'abondance n'est point richesse, la cherté avec pénurie est misère». Le bon prix doit permettre au fermier de se dédommager et de récupérer ses avances ce qui l'incitera à continuer à produire et en plus grande quantité car un résultat financier négatif n'est point encourageant. La liberté de commerce doit être totale pour favoriser l'apparition d'un bon prix. Cette liberté de commerce loin de remettre en cause l'objectif d'indépendance alimentaire la renforce selon les physiocrates. En effet même si le libre échange permet un prix au producteur plus grand par la vente à l'extérieur de l'excédent, les quantités échangées sont faibles car« plus le commerce extérieur est libre moins il ya d'échange».

En résumé il y a un objectif d'indépendance alimentaire, largement partagé et qui tient en grande partie à la qualité intrinsèque des biens agricoles, soit en tant que biens de subsistance pour les uns, soit en tant que marchandises source unique d'enrichissement pour les autres. Mais les moyens d'atteindre cet objectif sont en totale opposition. Tout en partageant l'idée que la nation doit nourrir son peuple, les physiocrates ont considéré les produits agricoles plus comme un objet de commerce que comme un simple bien de subsistance. Dans une certaine mesure, ils ont contribué à orienter la question agricole vers les problèmes de la production et non plus vers ceux de la consommation et de l'approvisionnement des marchés.

La théorie économique toujours dans cette spécificité qu'elle accorde au fait alimentaire après s'être intéressée à la manière dont les besoins alimentaires doivent être satisfaits et aussi à l'enjeu de l'objectif d'indépendance alimentaire s'est aussi penchée sur les causes de la faim dans le monde.

1.2.2.1.1.3- Les causes de la faim selon la théorie économique

Il existe deux grands courants d'analyse des causes de la faim dans le monde. La première est l'oeuvre de Malthus la seconde plus contemporaine est l'oeuvre d'Amartya Sen.

1.2.2.1.13.1- L'analyse malthusienne

La première analyse est l'oeuvre de Thomas Robert Malthus (1766-1834). Dans sa quête des voies et moyens pour parvenir au bien-être de la population, Malthus a donné une réflexion sur les relations entre population et subsistance. Ainsi dans son essai sur le principe de population (1798), Malthus affirme que l'être humain comme tout être vivant n'échappe pas une tendance naturelle qui est d'accroître son espèce plus que ne le permet la nourriture à sa portée. En effet il affirme que «lorsque la population n'est arrêtée par aucun obstacle (...) elle croît de période en période de manière géométrique, alors que les moyens de subsistance dans les conditions les plus favorables à l'industrie ne peuvent croître plus rapidement que selon une progression arithmétique». Cette situation a donc pour conséquence de creuser l'écart entre les besoins et les disponibilités alimentaires. Pour éviter les situations catastrophiques qui en découleront nécessairement, Malthus préconise des freins préventifs à l'accroissement de la population. Ainsi l'éducation et la raison peuvent encourager les hommes à avoir moins d'enfants de manière à pouvoir les élever le mieux possible. Toujours dans cette optique de freins préventifs, Malthus considère que l'avortement qui bien qu'étant un vice pour lui est à même de limiter la population. A côté il nous préconise aussi des freins actifs à l'accroissement de la population que sont les guerres, les famines, les maladies qui abaissent durablement le nombre d'hommes à un niveau compatible à celui des vivres.

Malthus à travers cette thèse considère que la faim dans le monde a pour cause la surpopulation. Cette thèse malthusienne a été la source d'inspiration de nombreuses analyses tout comme elle fut l'objet de nombreuse controverses. Dans plusieurs rapports célèbres (le rapport sur les limites de la croissance, club de Rome (1972), l'état de la planète, rapport annuel du World Watch Institute), les analyses pessimistes de Malthus ont été reprises pour affirmer que la croissance démographique conjuguée à la croissance des activités humaines (agriculture - industrie) sont de nature à épuiser les ressources naturelles et à menacer l'avenir des générations futures.

Les analyses Malthusiennes ont mis en évidence, à une certaine époque, la gravité des situations agricoles due à la surpopulation dans certaines localités. Toutefois elles ont été démenties par les faits au cours de la seconde moitié du XXème siècle. En effet dans certaine région du monde la croissance des produits agricoles a été plus rapide que celle des besoins des populations.

1.2.2.1.13.2- L'analyse d'Amartya Sen

La deuxième analyse des causes de la faim est l'oeuvre d'Amartya Sen (prix Nobel d'économie en 1998). Sen fut l'un des plus grands contradicteurs de Malthus. Selon lui le ratio disponibilités alimentaires/population si cher a Malthus ne suffit pas pour expliquer la faim dans le monde. Pour illustrer son point de vue, il montre que dans plusieurs grandes famines (Bengale, 1943, Bangladesh, 1974...), les disponibilités alimentaires par personne ne sont pas en baisse et parfois même elles sont plus importantes que dans les périodes sans famines. Malgré cela, tout un groupe de la population a vu ses capacités d'accèsà la nourriture baisser dramatiquement. Ainsi au Bengale les pêcheurs, les ouvriers, les transporteurs subirent en 1943 une baisse de leur capacité d'accès au riz qui constitue leur alimentation de base parce que leur pouvoir d'achat avait baissé. Cette situation peut s'expliquer par le fait qu'en cette période de seconde guerre mondiale l'intensité de l'activité économique à Calcutta a entraîné une augmentation des revenus ce qui est à l'origine d'une augmentation de la demande de consommation urbaine entraînant une flambée des prix du riz. Au Bengale donc on assiste à un paradoxe : il y a une famine dans un contexte de boom économique. Au Bengladesh les familles paysannes furent touchées par la famine à cause des inondations qui ont emporté leurs récoltes.

L'idée majeure qui est ressortie des travaux de Sen et qui est largement reconnue par les instances internationales c'est que la pauvreté est la cause de la faim.Dès lors un certain nombre de politiques publiques sont préconisées pour lutter contre la pauvreté et partant de là contre la faim dans le monde.

1.2.2.1.2- Les politiques publiques de lutte contre la faim

L'élaboration de politiques publiques de lutte contre la faim ne s'inspire pas nécessairement des deux principaux courants d'analyse de la faim mentionnés ci-dessus. Toutefois, on peut noter une certaine filiation entre les politiques publiques de lutte contre la faim et ces courants d'analyse des causes de la faim. En effet rien ne justifie que la politique d'augmentation du ratio disponibilité alimentaire/population soit incompatible avec l'analyse malthusienne des causes de la faim et des solutions possibles. La politique d'abaissement et de stabilisation des prix alimentaires semble elle donner comme solution à la faimcelle de Sen à savoir l'augmentation de l'accessibilité par la lutte contre la pauvreté. La politique de sécurité alimentaire plus récente peut être considérer comme englobant les deux précédentes.

1.2.2.1.2.1- Politique d'augmentation du ratio disponibilité alimentaire/population

Pour résoudre le problème de la faim certains pays qui souffrent de surpopulation ont mené des politiques antinatalistes utilisées pour abaisser les taux de fécondité, ces politiques pouvant être aussi bien incitatives que répressives. Ces pays ont aussi cherché à augmenter les disponibilités alimentaires. Pour atteindre ce dernier objectif deux stratégies non exclusives ont été utilisées. Il s'agissait pour la première stratégie d'augmenter la production agricole nationale de manière à s'assurer éventuellement une autosuffisance alimentaire. Pour la deuxième, il fallait augmenter les recettes en devises pour pouvoir importer des produits vivriers en complément de la production nationale. Le recours à l'aide alimentaire est aussi envisagé.

1.2.2.1.2.1.1- La stimulation de la production nationale

Pour accroître la production agricole nationale les gouvernements peuvent combiner tout un arsenal de moyens. En se fondant sur l'idée qu'une augmentation de la profitabilité des activités agricoles stimule la production agricole, de nombreux gouvernements ont eu recours aux subventions des moyens de production (engrais chimiques, pesticides, matériels agricoles). Toujours dans la même logique les gouvernements ont encouragé les crédits agricoles, ils ont aussi cherché à stabiliser les prix des produits agricoles. Il s'agissait de garantir aux producteurs locaux des prix supérieurs aux prix internationaux afin d'accroître la production et de garantir l'autosuffisance alimentaire. Cette démarche à été appliqués surtout par les pays développés (l'Union Européenne dans le cadre de sa Politique Agricole Commune, PAC). Pour une plus grande disponibilité alimentaire, des investissements publics ont été faits dans la recherche et la vulgarisation agricole mais aussi dans le développement d'infrastructures rurales. Par ailleurs la lutte contre les pertes après récolte lors du transport et ou le stockage est un moyen efficace d'augmentation des disponibilités alimentaires, ces pertes pouvant atteindre jusqu'à 30% des récoltes. Outre la production nationale les disponibilités alimentaires peuvent être renforcées par les importations commerciales et les aides alimentaires.

1.2.2.1.2.1.2- Importations commerciales et aides alimentaires

Les importations de denrées alimentaires de base sont pratiquées par les pays soit par obligation, soit par choix. Les marchés internationaux de denrées alimentaires se caractérisent par leur très grande instabilité expliquée par le nombre insuffisant d'exportateurs et un grand nombre d'importateurs. Ainsi cinq territoires seulement à savoir les Etats-Unis, le Canada, l'Union Européenne, l'Australie l'Argentine ont assuré plus de 80% des exportations durant la période 1997-1999, les Etats-Unis en assurant près de la moitié. De plus tout le négoce international des denrées alimentaires est aux mains d'une demi-douzaine de firmes internationales. La pratique des importations alimentaires qui représente une part importante des dépenses en devises et de la consommation intérieure est risquée à cause du caractère oligopolistique des marchés internationaux de denrées et de l'instabilité des prix qui en découle.

Concernant l'aide alimentaire, l'un des premiers programmes est né aux Etats-Unis en 1954 dans le cadre du plan Marshall. La loi relative à cette aide (la Public Law 480) fixait comme objectif la lutte contre la faim dans le monde mais également l'écoulement du surplus agricole américain, de conquérir de nouveaux marchés agricoles et enfin d'asseoir une influence politique pour lutter contre le communisme. Les pays européens quant à eux ont commencé à adopter les programmes d'aide alimentaire à partir de 1960 une fois que leur autosuffisance a été assurée. Actuellement plus d'une soixantaine de pays fournissent l'aide alimentaire mais les Etats-Unis en assurent à eux seuls près de la moitié. Cette aide se présente le plus souvent sous forme de dons, de ventes à prix particulièrement bas, de prêts à des taux d'intérêt faibles, de devises pour acheter des denrées alimentaires. L'aide d'urgence en cas de catastrophe et de guerre est devenue plus importante quantitativement que l'aide apportée dans le cadre de projets ou programmes. Dans les pays receveurs l'aide est donnée vendue ou échangée en contrepartie de participation en travail à de grands travaux publics. L'aide alimentaire a été très largement critiquée: d'abord parce que les flux sont très irréguliers et peu prévisibles. De plus lorsque l'aide est très abondante et distribuée gratuitement aux populations elle peut entraîner chez celles-ci la passivité et maintenir la dépendance d'autant plus que les producteurs ne produisent plus. Dans certains cas l'aide arrive en retard ou est composée de denrées qui ne correspondent pas aux habitudes alimentaires des pays receveurs ou encore elle est de mauvaise qualité. Enfin l'une des plus véhémentes critiques de l'aide est qu'elle peut être détournée par des groupes sociaux puissants; elle peut amener certains pays à ne pas combattre les premiers signes d'apparition de la famine pour bénéficier de plus d'aide avec l'aggravation de la situation. Ainsi certaines famines pourraient même être fabriquées de toute pièce (Brunel, 1997).

Des politiques d'accroissement ou de maintenance à un certain niveau des capacités d'accès des populations notamment les plus pauvres à la nourriture peuvent être menées. Parallèlement ou non à ces politiques de l'accroissement des disponibilités alimentaires

1.2.2.1.2. 2- Les politiques d'abaissement et de stabilisation des prix alimentaires

Comme leurs noms l'indiquent ces politiques visent un abaissement des prix alimentaires pour rendre la nourriture accessible aux populations. Les gouvernements de certains pays comme l'Inde, le Bengladesh pour stabiliser les prix ou les empêcher d'atteindre un certain plafond jugé critique pour les pauvres, ont mis en place des politiques de stockage publique. Ces politiques obéissent au schéma suivant: d'abord les organismes publics achètent les produits alimentaires chez les producteurs locaux à des prix d'intervention ou à l'étranger; ensuite ils procèdent au stockage dans des greniers publics et enfin quand le niveau des prix deviendra trop élevé pour les populations défavorisées, les autorités publiques procèdent au déstockage des aliments pour les mettre sur le marché et les vendre à un prix relativement modéré parfois même inférieur au prix de revient compte tenu des coûts de stockage et de transport.

Pour abaisser les prix alimentaires tout en les stabilisant de nombreux gouvernements ont fait de sorte que le prix au producteur des aliments soient réduits. Pour cela les méthodes suivants ont été combiné suivant les pays et les époques: prise en charge par l'Etat de tout ou partie du commerce intérieur des vivres, bas prix d'achat au producteur, fixation de plafond de prix au producteur pour le commerce non étatique, importation par l'Etat de vivres à bas prix tout en surévaluant la monnaie nationale, taxation des exportations agricoles...

La critique dans de tels cas est que c'est la paysannerie qui supporte le poids des politiques. En effet ces prix agricoles sont défavorables aux producteurs et aux autres ruraux mais sont favorables aux consommateurs urbains. C'est pourquoi ce phénomène a été qualifié de «biais urbains» (Lipton 1977).

De nombreux pays utilisent aussi leurs ressources budgétaires pour financer des subventions à la consommation de certains produits alimentaires. Ces subventions peuvent bénéficier à l'ensemble de la population ou être réservées aux plus vulnérables. L'Etat peut aussi ne subventionner que des biens inférieurs ou se limiter à certaines zones défavorisées.

Il existe d'autres politiques d'accroissement des capacités d'accès à la nourriture: comme les politiques salariales (imposition du salaire minimum), la création d'emploi ou la redistribution des richesses (impôts, allocations revenu minimum...). Ces politiques ont été mises en place aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés à l'exception des Etats-Unis et sont censées garantir l'accès à une alimentation correcte entre autres besoins essentiels.

Les politiques de réformes agraires qui consistent en une distribution des terres plus égalitaire socialement sont aussi un bon moyen d'augmenter la capacité d'accès à une alimentation saine aux paysans les plus mal lotis mais aussi d'augmenter le ratio des disponibilités alimentaires/population.

Il faut reconnaître que les moyens d'assurer la couverture des besoins alimentaires sont multiples et varient suivant les contextes et les lieux. Toutefois le concept de sécurité alimentaireparait plus complète car comprenant à la fois la politique d'augmentation de la disponibilité alimentaire, et la politique d'abaissement et de stabilisation des prix alimentaires.

1.2.2.2- Cadre théorique d'analyse de politique agricole

Dans cette partie, nous allons aborder (i) les raisons spécifiques qui justifient ou expliquent l'intervention sur les marchés agricoles, (ii) des arguments qui militent en faveur d'une libéralisation des échanges, compte tenu des spécificités de l'agriculture et enfin (iii) la thèse néoclassique sur les subventions d'intrants agricoles.

1.2.2.2.1- Les arguments en faveur d'une libéralisation des échanges agricoles

Le premier argument renvoie à la loi des coûts comparatifs.Depuis Ricardo, on sait que les pays ont intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles ils ont un avantage comparatif, et c'est cette loi (ou sa version néo-classique dans le théorème d'Heckscher-Ohlin) qui fonde le bienfait du libre-échange. Dans l'agriculture, cette loi peut avoir plus d'importance que dans d'autres secteurs dans la mesure où les coûts de production dépendent de variables exogènes à l'économie, et en particulier des conditions climatiques. Si deux pays ont le même niveau de développement, des rémunérations identiques pour les facteurs de production et un même stock de connaissances, il est indifférent, sur le plan économique, que la production de voitures ou d'ordinateurs se fasse dans l'un ou l'autre pays. Il n'en est pas de même pour le blé ou la banane, les sols et le climat jouant, dans ce cas, un rôle essentiel. De ce point de vue, la loi des coûts comparatifs joue donc pleinement pour l'agriculture, et le soutien à la production de certains produits dans certains pays, tels que le blé en Arabie Saoudite ou même le riz au Japon par exemple, s'est traduit par des dépenses exorbitantes dont l'emploi à d'autres activités aurait pu générer des gains d'efficacité considérables (Petit, 2002).

Le deuxième argument est relatif à la sécurité alimentaire mondiale. Dans chaque pays, la production agricole est fluctuante d'une année à l'autre compte tenu des conditions climatiques. Toutefois, la probabilité pour que des conditions climatiques identiques soient observées pour tous les pays est très faible. Ainsi, au niveau mondial, les pertes de production des uns peuvent être compensées par les gains des autres. De ce point de vue aussi, la libéralisation des échanges peut être particulièrement bénéfique dans l'agriculture, l'élargissement des marchés étant un facteur de leur stabilité.

1.2.2.2.2- Les raisons en faveur de l'interventionnisme

Pour (Bureau et al., 2002), les raisons invoquées dans les théories actuelles d'économie internationale pour justifier les politiques protectionnistes ou interventionnistes ne s'appliquent pas, enrevanche, nécessairement au secteur agricole.

o Les secteurs agricoles ne constituent pas en effet, du moins dans les pays développés, ce que l'on appelle des industries « naissantes », dont les avantages comparatifs ne peuvent se révéler qu'ex post et dont il faut favoriser les conditions de développement, en les soutenant et/ou en les protégeant de la concurrence extérieure.

o Ils ne constituent pas non plus des marchés émergents dont la croissance dépend de la réalisation d'économies d'échelle, ce qui justifie sur le plan stratégique, pour chaque pays, de soutenir les entreprises nationales.Il y a donc des raisons spécifiques qui expliquent les interventions nombreuses dans l'agriculture.

1.2.2.2.3- La thèse néoclassique sur les subventions d'intrants agricoles.

Selon la théorie néoclassique, toute distorsion sur les prix, comme celle introduite par une subvention, a pour effet de faire éloigner de l'allocation optimale des facteurs de production. C'est ce fondement qui est à la base de la recommandation de réduction-suppression de la subvention des intrants agricoles contenue dans la politique de Price-Pull. Ce fondement a semblé valable pour le cas spécifique des intrants agricoles destinés aux petits paysans, avec l'énoncé de l'hypothèse de rationalité contenue dans le "Poor but efficient" de Schultz. En montrant que cette hypothèse de Schultz n'est pas vérifiée pour les "intrants modernes", Fontaine (1991) indique aussi que la conclusion sur l'effet négatif de la subvention des intrants sur l'allocation des facteurs de production nécessite également d'être revue.

La revue de littérature empirique

Parmi les études qui abordent la politique agricole, nous distinguons celles qui ont mesuré les effets des politiques macroéconomiques et ceux des politiques sectorielles.

Au nombre des effets des politiques macroéconomiques en Afrique, on trouve les effets de la politique de libéralisation et de privatisation du programme d'ajustement Structurel (PAS), les effets de la dévaluation, et les effets de la subvention des agriculteurs européens en Afrique. Parlant des effets de la politique de libéralisation de PAS, Bouet et al, (2009) estime que si une libéralisation agricole pourrait favoriser certains pays en développement, elle aurait certainement un effet négatif sur d'autres pays en développement, importateurs nets de produits agricoles et alimentaires. Ces pays sont très hétérogènes. Par ailleurs, les bénéfices de la libéralisation commerciale multilatérale pourraient être nuls, voire négatifs, pour les pays ayant actuellement des accès préférentiels vers des pays riches, comme les Pays les Moins Avancés (PMA) vers l'Union européenne.

Dans l'ensemble, ces politiques n'ont pas eu les effets escomptés du fait des asymétries d'information, d'un niveau peu concurrentiel, du rôle des incertitudes liées aux risques naturels, à la faiblesse des marchés des facteurs de production et à un environnement institutionnel déficient (Hugon, 2008). Pour Bouet et al. (2009) ce sont les institutions inadaptées ou de mauvaises qualités, des infrastructures de transports ou de télécommunication médiocres, des politiques macroéconomiques défaillantes qui sont les facteurs majeurs du sous-développement. Le modèle des pays développés (ou de la Banque Mondiale et du FMI) transposé à l'Afrique n'a pas intégré les facteurs des réussites agricoles comme en Asie (prix garantis et stabilisés, proximité du crédit, rôle de l'Etat dans les infrastructures, voire subventions et protections).N'Diougou (2005) a montré qu'avec la libéralisation et la mondialisation, l'agriculture ouest-africaine entre directement dans une compétition impitoyable et déloyale avec des agricultures hautement productivistes jouissant de larges mesures de soutien et de subvention. La politique nationale des pays membres de la CEDEAO est influencée par la politique régionale de la communauté. Selon lui, la politique agricole des pays membres de la communauté a été influencée depuis les indépendances par :la convention de Yaoundé 1 (1963) et Yaoundé 2 (1969), la convention de Lomé 1 (1974) et Lomé 2 (1979), les politiques de stabilisation des recettes extérieures.

La plupart de ces politiques n'ont pas été efficaces. Selon Assogba (1995), l'inefficacité de ces politiques de développement prouve que toutes les stratégies extérieures élaborées à travers les expériences occidentales ne peuvent être que défavorables. Le regard est tourné vers le plan d'action de Lagos de 1980 et le nouvel ordre économique intérieur de la CEDEAO de 1998. Mais pour Sabourin (1987), tous les projets de négociations globales pour un Nouvel Ordre Economique International ont échoué et les pays en voie de développement recherchent de nouveaux mécanismes de restructuration de l'économie internationale pour un développement plus large et des échanges commerciaux mieux réglementés : l'accord de partenariat économique ACP-UE de Cotonou (2007).

La politique agricole de l'UEMOA (PAU) élaborée en 2001 s'est fixé pour objectif global de contribuer, de manière durable, à la satisfaction des besoins alimentaires de la population, au développement économique et social des s membres et à la réduction de la pauvreté. Malheureusement, la PAU a été un «bébé mort-né'' à cause de la démarche et du faible niveau de protection dont jouit l'agriculture ouest-africaine. En effet, les droits de douane aux frontières connus sous l'appellation du Tarif Extérieur Commun (TEC) sont tellement faibles que l'Afrique de l'Ouest est devenue trop rapidement une zone franche pour de nombreux produits alimentaires d'importation. Cela a sans aucun doute contribué à aggraver la situation de pauvreté des ménages ruraux (N'Diogou, 2005).Au Bénin, Houndékon (1996), Bailey (2002), Adégbola (2005) et Abiassi (2006) ont montré qu'avec la libéralisation, le volume des importations a augmenté affectant la compétitivité intérieure du riz local.

En Afrique, nous notons que les politiques sectorielles des pays sont influencées par les accords de partenariat : les politiques agricoles régionales et la politique agricole de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). Plusieurs politiques sectorielles ont été mises en oeuvre tant au niveau régional qu'au niveau des pays. Au nombre de ces politiques, on peut citer les politiques d'irrigation, les politiques de formation et de recyclage des producteurs, les mesures d'accompagnement de la production (subvention d'intrants, construction de pistes rurales, aménagement des bas-fonds).

S'agissant des subventions, Martin et al. (1989) trouvent que dès lors que l'on protège ou que l'on subventionne l'agriculture, deux possibilités se présentent: soit le prix intérieur de ce secteur augmentera par rapport au prix intérieur de l'industrie et des services, soit ses coûts de production diminueront par rapport aux autres secteurs. En conséquence, la production agricole deviendra plus rentable et la valeur du produit marginal du capital et du travail augmentera dans le secteur agricole par rapport aux autres secteurs. Dans ces conditions, une partie du capital et du travail précédemment mis en oeuvre dans l'industrie et les services se déplacera vers le secteur agricole, de sorte que la production dans l'industrie et dans les services aura tendance à diminuer. Quoi qu'il en soit, la protection accordée à l'agriculture a l'effet d'une taxe à l'importation sur les autres secteurs de production de biens échangés (Martin et al, 1989). Une politique de prix incitatifs favorise la production. En effet selon Hugon (2008) les pays africains (Côte d'Ivoire, Kenya, Malawi) qui ont adopté des prix incitatifs et/ou stabilisés ont connu des progrès notables de production. Bon nombre d'auteurs ont montré que l'application de prix incitatifs encourage les producteurs à augmenter leur offre. Soulé et al (2011) ont montré qu'avec la mise en oeuvre au Bénin du Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) qui a permis la distribution de semences améliorées et des engrais spécifiques aux producteurs agricoles en 2008-2009, la production de produits vivriers particulièrement du riz a augmenté de 113% par rapport à son niveau de 2007 et de 187% par rapport à son niveau de 2003.

Pour Andrew et al. (2013) la subvention semble avoir été le catalyseur à moyen et à long terme de l'augmentation de la demande d'engrais et de semences améliorées, malgré quelques impacts négatifs sur le développement du secteur privé sous la forme d'effets de substitution à court terme. Le secteur privé endosse de plus en plus le rôle de fournisseur principal d'engrais destinés au programme et son exclusion du marché du détail des engrais subventionnés n'a pas empêché la croissance de la demande d'engrais du commerce à moyen terme. Sur le marché des semences, l'augmentation de la subvention aux semences depuis 2009-2010 semble étouffer légèrement les ventes commerciales. Toutefois, comme le marché des engrais, à moyen ou à long terme, elle pourrait stimuler la demande de semences améliorées à mesure que les paysans constatent les avantages de l'adoption de ces technologies.

En matière de politique en faveur de la sécurité alimentaire, il existe une multitude d'initiatives engageant à la fois la responsabilité des Etats des différentes organisations d'intégration régionale, des réseaux de recherche, d'opérateurs économiques et des ONG. C'est dans cette optique que le Réseau de Prévention des Crises Alimentaires au Sahel et en Afrique de l'Ouest (RPCA) lors de sa 23e réunion a souligné une prise en compte insuffisante des données nutritionnelles et socio- économiques; ce qui contribue à l'insécurité alimentaire. Certes plusieurs pays disposent actuellement des politiques ou plans d'actions de nutrition adoptés (Burkina Faso, Gambie et Sénégal par exemple), d'autres ont des politiques agricoles et ou sanitaires qui intègrent des objectifs de nutrition (Bénin, Mauritanie, Mali par exemple). Mais les effets de ces politiques sont invisibles. C'est pourquoi Savadogo (2009) a fait une remarque pertinente : Il constate une absence totale de la revue de littérature sur les études d'impact de la politique agricole de l'UEMOA qui aurait pu permettre de savoir si cette Politique Agricole a propulsé la sécurité alimentaire dans les différents Etats membres et pour l'Union dans son ensemble  ou si la PAU incorpore en son sein des mécanismes pour juguler à l'avenir les effets des chocs internationaux des prix alimentaires.

En somme, il a été constaté que la majeure partie des sommets, réunions et ouvrages se sont penchés sur l'importance de la sécurité alimentaire. Ils ont aussi abordé les causes et les conséquences de l'insécurité alimentaire, les politiques mises en oeuvre ainsi que leurs effets sur l'économie en générale et en particulier sur la sécurité alimentaire. Cependant, ils n'exposent pas clairement et par une approche économétrique l'efficacité des mesures de politique agricole sur la sécurité alimentaire au Bénin. C'est sans doute ce à quoi les parties qui vont suivre seront consacrées.

OBJECTIFS ET HYPOTHESES

L'objectif général de cette étude est d'analyser les effets de la subvention des intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire au Bénin.

De façon spécifique, il s'agit de :

1- Analyser les effets des subventions d'intrants agricoles sur la production alimentaire au Bénin.

2- Evaluer les effets des subventions d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire au Bénin.

Deux hypothèses, serviront de base à cette étude :

H1 : Les subventions d'intrants agricoles influencent positivement la production alimentaire au Bénin.

H2 : Les subventions d'intrants agricoles ont une incidence positive sur la disponibilité alimentaire au Bénin.

METHODOLOGIE

La recherche empirique se base sur l'observation du réel et sur l'étude des cas particuliers pour arriver à des généralisations. Elle implique une démarche méthodologique qui comprend le choix des populations cibles, la collecte des données, leur présentation et leur analyse. Ici, il est questionde présenter l'approche méthodologique utilisée pour étudier l'impact des mesures de politique agricole sur la sécurité alimentaire au Bénin. Pour réaliserles objectifs spécifiques énoncés plus haut et tester les hypothèses, il est nécessaire d'utiliser des techniques et outils d'analyses appropriés.

Les données et leurs sources.

Les données utilisées dans le cadre de cette étude sont des séries temporelles. Elles couvrent la période de 1990 à 2013 soit 24 périodes.Ces données à analyser sont issues des centres de documentation de l'ONASA, de l'ONS, de l'INSAE, de la SONAPRA et de la FAO (FAOSTAT). Aussi, des sites internet seront visités.Les données recueillies sont des données secondaires. Nous avons utilisé à cet effet les annuaires, les bulletins statistiques et les rapports annuels disponibles dans lesdits centres.

Les modèles conceptuels

En économétrie, un modèle consiste en une présentation formalisée d'un phénomène sous forme d'équations, de tableaux ou de graphiques dont les variables sont des grandeurs économiques. Donc le modèle économique décrit ou schématise le comportement des phénomènes étudiés afin de comprendre la nature et le fonctionnement des systèmes économiques. L'objectif de ce type de modèle est de représenter les traits les plus marquants d'une réalité qu'il cherche à styliser. En théorie, la description d'un modèle est relativement simple. Elle se résume souvent à la liste des variables qu'il contient et à celle des relations entre ces variables. Ainsi les modèles retenus dans le cadre de cette étude contiennent une seule variable dépendante et plusieurs autres variables explicatives.

v Le modèle 1 : Modèle des déterminants de la production alimentaire nationale

· Présentation du modèle de base

La fonction de production est une relation mathématique établie entre la quantité produite etle ou les facteurs de production utilisés, ou encore entre l'output et les inputs.

Dans l'optique néo-classique, il est possible d'agréger ou d'additionner les comportementsindividuels des producteurs à partir de leurs fonctions de production individuelles pour obtenir unefonction de production globale dont la fonction de type Cobb-Douglas est un exemple.

Elle est de la forme :

où A est un coefficient de dimension caractéristique de l'économie et des unités demesure utilisées ;

K = quantité de capital utilisée ;

L = quantité de travail utilisée ;

á = part de la production qui rémunère K ;

â = part de la production qui rémunère L ;

Avec á + â = 1.C'est donc une fonction homogène à rendements d'échelles constants.

Sous sa forme logarithmique, le modèle se présente comme suit :

. Où ln représente le logarithme népérien.

· Spécification du modèle

Pour ramener ce modèle dans le cadre de la réalisation de l'objectif spécifique 1, certaines modifications seront apportées au modèle de base.

ü La variable dépendante du modèle : La production alimentaire nationale par habitant (PALH). Elle regroupe la production végétale, la production animale et la production halieutique. Pour la production végétale, les céréales et les tubercules constituent l'alimentation de base de la population béninoise. D'autres groupes de produits, les légumineuses et les maraîchers, viennent en complément.

ü Les variables indépendantes du modèle

La population active agricole (POPA) ;l'investissement agricole (INVEST) ;les subventions d'intrants agricoles (SUBV) ;la valeur ajoutée agricole (VAAG) ;la pluviométrie (PLUVIO) ;le prix de l'engrais (PRIENG) ;le prix de l'insecticide (PRINSEC) ;le taux d'inflation (TINF).

· Signes attendus des coefficients des variables du modèle

ü POPA : La population active agricole. Il s'agit de la population qui est apte et qui n'a d'autres activités que l'agriculture. Ici on fait l'hypothèse que plus la population active agricole augmente, plus la production alimentaire augmente .

ü INVEST : L'investissement agricole. Les investissements agricoles permettent d'augmenter les capacités productives agricoles. Ici, nous faisons l'hypothèse que les investissements agricoles influencent positivement la production alimentaire .

ü SUBV : Les subventions d'intrants agricoles. Cette variable permet d'encourager l'utilisation des intrants agricoles. Ceci permet l'augmentation de la production agricole par des semences améliorées. Elle permettra de tester l'hypothèse N°1. Les SUBV et la PALH évoluent dans le même sens. Alors on fait l'hypothèse que .

ü VAAG : La valeur ajoutée agricole par travailleur. Elle est le produit net de l'activité agricole obtenu par soustraction de tous les intrants immédiats de l'activité agricole de tous les produits sortants correspondants. Cette variable est la plus proche de la productivité agricole car cette dernière correspond au ratio de la valeur ajoutée agricole, sur le nombre de travailleurs dans l'agriculture (Banque mondiale, 2008). Plus la valeur ajoutée par travailleur augmente, plus la PALH augmente .

ü PLUVIO : la pluviométrie. Cette variable mesure la quantité de pluie. Plus elle est abondante, plus les campagnes agricoles sont bonnes. D'où .

ü PRIENG : le prix de l'engrais. Si le prix de l'engrais augmente, les producteurs vont diminuer leur consommation en engrais. Ceci entraine une baisse de la productivité agricole .

ü PRINSEC : le prix de l'insecticide. Tout comme le prix de l'engrais, le prix de l'insecticide influence négativement la production alimentaire .

ü TINF : le taux d'inflation. Il représente une augmentation du niveau général des prix. Lorsque les prix augmentent, la demande baisse, ce qui entraine la mévente dans le rang des producteurs agricoles. D'où le signe négatif attendu du TINF sur la PALH

Sous sa forme générale, le modèle se présente comme suit :

La forme fonctionnelle du modèle est la suivante :

Avec Ut le terme d'erreur aléatoire et Ln le logarithme népérien.

Dans ce modèle, outre le taux d'inflation,les autres variables ont été mises sous forme logarithmique pour permettre une analyse directe des sensibilités en termes d'élasticité à travers les coefficients.

· Méthode d'estimation des coefficients du modèle

L'estimation des différents coefficients du modèle1 sera faite par l'approche de la cointégration au moyen du logiciel Eviews 7.2.

· Tests statistiques

Cette étude se fera sur 24 ans, couvrant ainsi la période allant de 1990 à 2013. Pour s'assurer de la qualité du modèle, des tests de diagnostic, de validation seront effectués.

· Tests de diagnostic

Il s'agit des tests de stationnarité et de cointégration.

ü Test de stationnarité

Test de racine unitaire : c'est le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) qui est utilisé pour vérifier la stationnarité des séries. En effet, une série temporelle est dite stationnaire si sa moyenne et sa variance sont constantes dans le temps et si la valeur de la covariance entre deux périodes ne dépend pas du moment auquel la covariance est calculée. Ainsi, la non stationnarité d'une série se manifeste à travers deux composantes : la présence de tendance déterministe et/ou de tendance stochastique. A cet égard, le test proposé par Dickey-Fuller (1981) prend en compte le trend (tendance déterministe) et la racine unitaire (tendance stochastique). Il se fait sur la base de trois modèles que sont :

Modèle 1 :

Modèle 2 :

Modèle 3 :

En conséquence, la lecture du résultat se fait en deux étapes :

1/ la significativité ou non du trend : elle est appréciée à partir de la statistique calculée ou la probabilité attachée à cette statistique (elle est comparée à 5%)

2/ la présence ou non de racine unitaire : à cet effet, on teste l'hypothèse nulle H0 contre l'hypothèse alternative H1. Les hypothèses sont :

H0 : présence de racine unitaire

H1 : absence de racine unitaire

- Si ADF > valeur critique alors on accepte H0 : la série a une racine unitaire.

- Si ADF = valeur critique alors on accepte H1 : la série n'a pas de racine unitaire.

ü Etude de coïntégration

Deux tests de coïntégration sont généralement utilisés :

- Test de coïntégration de Engle et Granger (1987). En effet, deux séries sont dites coïntégrées si les deux conditions suivantes sont vérifiées :

* les deux séries sont affectées d'une tendance stochastique de même ordre d'intégration d :

* une combinaison linéaire de ces deux séries permet de se ramener à une série d'ordre d'intégration inférieur :

[12] est le vecteur de coïntégration.

Ce test se fait en estimant le modèle de long terme et en étudiant la stationnarité des résidus du modèle ainsi estimé. Si ces résidus sont stationnaires en niveau, alors les séries sont coïntégrées.

- Test de coïntégration de Johansen(1988) permet par la méthode de maximum de vraisemblance de tester l'existence d'une relation de long terme dans les séries temporelles stationnaires et d'obtenir tous les vecteurs de coïntégration dans un cadre multi-varié. Contrairement à l'approche de Engle et de Granger qui ne tient compte que d'une seule relation de coïntégration, celle de Johansen parait plus attrayante lorsqu'on veut tester la coïntégration dans un système de plusieurs variables. Ce test est basé sur deux (02) approches :

* La première, appelée statistique de la trace, test l'existence d'au moins n vecteurs de coïntégration dans un système comportant N-n variables.

* La seconde dénommée statistique de la valeur propre maximale, teste s'il existe exactement n vecteurs de coïntégration contre l'alternative de n+1 vecteurs.

· Tests de validation du modèle

o La statistique R2 pour la qualité de la régression.

o Le test de Fisher pour la significativité globale du modèle.

o Le test de normalité de Jarque-Bera.

o Le test de Breusch-Godfrey pour l'autocorrélation des résidus.

o Le test d'hétéroscédasticité de White.

o Le test de spécification de Ramsey.

o Les tests de stabilité de Cusum et Cusum of Squares pour vérifier la stabilité du modèle

v Le modèle 2 : Modèle de disponibilité alimentaire

· Présentation du modèle de base

Le modèle économétrique retenu dans le cadre de cette étude est inspiré du modèle de disponibilité alimentaire de Ngo Nonga et al (2013). Ces derniers ont estimé pour le compte du Cameroun un modèle de disponibilité alimentaire basé sur l'hypothèse d'anticipations rationnelles.

Sous sa forme générale, le modèle se présente comme suit :

avec la disponibilité alimentaire en année t qui est expliquée par les variables telles que :

ü l'instabilité des prix des produits vivriers  qui a été estimé par la modélisation de type ARCH introduit par Engle (1982) et qui permet de caractériser des séries dont la variance n'est pas constante au cours du temps. En outre, ces modèles conduisent àcalculer en même temps la moyenne et la variance et à estimer l'instabilité future en fonction del'instabilité passée.

ü d'autres variables macroéconomiques pouvant influencer la disponibilité alimentaire telles que :le PIB par tête ; l'inflation ; la production vivrière et les importations nettes.

Pour tenir compte des problèmes éventuels liés à l'utilisation des variables stochastiquesissues du modèle ARCH,Ngo Nonga et al (2013) ont estimé ce modèle dynamique à retard échelonné à partir de la méthode de Neweyet West (1987). En effet, cette dernière méthode permet d'obtenir les variances des coefficients corrigésdu problème d'hétéroscédasticité.

· Spécification du modèle

Pour ramener ce modèle dans le cadre de la réalisation de l'objectif spécifique 2, certaines modifications seront apportées au modèle de base.

Ø La variable dépendante : DIALJ : La disponibilité alimentaire par habitant exprimée en kilocalories par jour.

Cette variable indique par jour la quantité de ration quotidienne moyenne en tenant compte des importantes variations saisonnières de la ration préparée au sein du groupe de consommation(PAM 1999). En réalité en matière de sécurité alimentaire, la disponibilité alimentaire par habitant est incontournable car elle permet de voir si l'accessibilité alimentaire par individu est conforme à la ration alimentaire du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Elle peut refléter par exemple la proportion des personnes sous-alimentées, la faible productivité, le niveau de production etc.

L'offre alimentaire (OAD) au niveau d'un pays ou d'une localité correspond généralement à la somme de la production alimentaire locale (PALH) (production végétale, animale et halieutique), des importations commerciales (MAL) et de l'aide alimentaire (AAL), diminuée des exportations et des variations de stocks (XAL). Donc nous pouvons écrire :

Soient POPt la population totale en année t et OADHit l'offre alimentaire disponible par habitant en produit i :

Soit DIALJit la disponibilité alimentaire en kilocalories par personne par jours du produit i,on a :

avec le facteur de composition alimentaire du produit i et enfin

Ø Les variables explicatives :

La production alimentaire nationale par habitant (PALH),les importations alimentaires nettes (IMPORTnet), l'aide alimentaire (AAL),la population active agricole (POPA),l'investissement agricole(INVEST),les subventions d'intrants agricoles (SUBV),l'indice des prix des produits vivriers (IPRIX)

Sous sa forme générale, le modèle se présente comme suit :

Où f est une fonction.

· Méthode d'estimation

L'estimation du modèle est faite à l'aide d'un ARDL (Modèle Auto Regressive Distributive Lags ou Modèle Autorégressif à Retards Echelonnés) développé par Pesaran et al. (2001). Nous avons choisi cette méthode d'estimation pour plusieurs raisons :

ü Le nombre faible d'observations. Dans le cadre de notre étude, les données couvrent la période de 1990 à 2013 soit 24 observations. Ce qui s'avère petit pour des estimations usuelles sur des séries temporelles qui nécessitent un grand nombre d'observations.

ü Dans notre modèle de base, des variables apparaissent sous forme retardées (processus autorégressif à retard échelonné).

ü Cette méthode nous permet de contourner les difficultés liéesà laméthode de Hendry ou celleà deux étapes d'Engel et Granger (1987) qui suggèrent que les variables soient cointégrées du fait qu'il permet d'estimer des variables de niveaux d'intégration différents.

ü En cas d'autocorrélation des erreurs cette approche permet de trouver des solutions adéquates.

Le modèle que nous allons finalement estimer se présente comme suit :

Avec le terme d'erreur qui est un bruit blanc. Ce terme prend en compte les éventuelles erreurs liées à la spécification du modèle. est la force de rappel du modèle à correction d'erreur. désigne l'opérateur de première différence. est la constante du modèle. Elle représente la disponibilité alimentaire non expliquée par les variables exogènes retenues.

· Signes attendus des coefficients des variables du modèle

ü PALH : La production alimentaire nationale par habitant. Elle regroupe la production végétale, la production animale et la production halieutique. Pour la production végétale, les céréales et les tubercules constituent l'alimentation de base de la population béninoise. D'autres groupes de produits, les légumineuses et les maraîchers, viennent en complément. La production de ces denrées croît au fil des années en dehors de quelques périodes d'insuffisances pluviométriques (REP, 2001). L'accroissement de la PALH s'accompagne d'une augmentation de la DIALJ. D'où l'effet positif attendu de la PALH sur la DIALJ

ü IMPORTnet : Les importations alimentaires nettes. Soient MALt et XALt les importations alimentaires et les exportations alimentaires respectives en année t, on a :

Une augmentation des importations nettes se traduit par une hausse des importations ou une baisse des exportations donc par un accroissement de la disponibilité alimentaire. D'où l'effet positif attendu des IMPORTnet sur la DIALJ

ü AAL(t) : les aides alimentaires. Tout comme les importations alimentaires, les aides alimentaires viennent gonfler la disponibilité alimentaire intérieure. D'où le signe positif attendu des AAL sur la DIALJ

ü POPA : La population active agricole.Il s'agit de la population qui est apte et qui n'a d'autres activités que l'agriculture. Ici on fait l'hypothèse que plus la population active agricole augmente, plus la disponibilité alimentaire augmente .

ü INVEST : L'investissement agricole. Les investissements agricoles permettent d'augmenter les capacités productives agricoles. Ici, nous faisons l'hypothèse que les investissements agricoles influencent positivement la disponibilité alimentaire .

ü SUBV: Les subventions d'intrants agricoles. Cette variable permet d'encourager l'utilisation des intrants agricoles. Ceci permet l'augmentation de la production agricole par des semences améliorées. Elle permettra de tester l'hypothèse N°1.Ici les SUBV et la DIALJ évoluent dans le même sens. Alors on fait l'hypothèse que .

ü IPRIX : L'indice des prix des produits vivriers. Ici nous avons calculé l'indice de Laspyeres des produits vivriers à savoir : le maïs, riz, sorgho, du haricot, de l'igname et du manioc avec les données de l'ONASA. Soient Qi0 et Pi0 les quantités produites et les prix respectifs en 1990 (année de base) et Pit le prix du produit i en année t, on a :

Une augmentation de l'indice des prix se traduit par une baisse du pouvoir d'achat des ménages donc une diminution de la disponibilité alimentaire. D'où .

· Tests statistiques

Cette étude est faite sur vingt quatre (24) ans, couvrant ainsi la période allant de 1990 à 2013. Pour s'assurer de la qualité de notre modèle, des tests de diagnostic seront effectués. Il s'agit entre autre de se baser sur :

Ø La statistique R2 pour la qualité de la régression ;

Ø Le test de student pour la significativité individuelle des variables du modèle ;

Ø Le test de Fisher pour lasignificativité globale du modèle;

Ø Le test du multiplicateur de Lagrange pour l'autocorrélation sérielle des erreurs ;

Ø Le test de ramsey pour l'omission des variables importantes du modèle ;

Ø Le test de normalité de Jarque-Bera ;

Ø Le test d'hétéroscédasticité de White.

CHAPITRE 2 : POLITIQUE AGRICOLE ET SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN

Ce chapitre comporte deux sections. La première section présente la politique agricole et la politique de sécurité alimentaire au Bénin. Quant à la deuxième section, elle aborde les résultats issus de l'étude à travers leur analyse et discussion.

2.1- POLITIQUE AGRICOLE ET POLITIQUE DE SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN

Cette partie concerne le point des programmes, des stratégies et mesures de politique agricole mise en oeuvre au Bénin ainsi que les différentes interventions de l'Etat en matière de sécurité alimentaire.

2.1.1- Politique agricole du Bénin de 1990 à nos jours

La politique agricole actuelle du Bénin a pris corps en 1991 avec l'adoption de la Lettre de Déclaration de Politique de Développement Rural (LDPDR) à la faveur du renouveau démocratique. En 1999, la Déclaration de Politique de Développement Rural (DPDR) a été adoptée et vient renforcer la LDPDR en précisant le contenu et les conditions de désengagement de l'Etat des fonctions de production, de transformation et de commercialisation. En effet cette déclaration vise particulièrement la réduction de la pauvreté, la prise en compte des femmes rurales, le renforcement de la sécurité alimentaire, la création d'emplois, la contribution au rétablissement des équilibres macro-économiques et la conservation du patrimoine écologique.

En Juillet 2001 le Schéma Directeur de Développement Agricole et Rural (SDDAR) a été conçu et rendu opérationnel avec l'élaboration du Plan Stratégique Opérationnel (PSO) comme documents de stratégie agricole. Le PSO se décline en 14 plans d'action sous-sectoriels et transversaux, regroupés en cinq grands programmes à savoir : (i) l'amélioration de la productivité agricole, (ii) les infrastructures rurales, (iii) la gestion durable des ressources naturelles, (iv) l'appui au développement des marchés agricoles et (v) l'administration et la gestion des services.

Après quelques années de mise en oeuvre de la politique et des stratégies, l'évaluation des résultats intervenue en 2006, révèle que les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes. Dans le souci d'accroître la performance du secteur, il a été engagé un processus de réflexions concertées entre tous les acteurs du monde agricole et rural. Ce processus a conduit à l'élaboration du "Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole au Bénin" (PSRSA) dont la vision est de « faire du Bénin une puissance agricole dynamique à l'horizon 2015, compétitive, attractive, respectueuse de l'environnement, créatrice de richesse répondant aux besoins de développement économique et social de la population ».

En effet, à partir de 2002, le Bénin s'est inscrit au plan régional dans le processus du Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD) avec son Programme détaillé de développement agricole en Afrique (PDDAA) initié en 2003 et qui est une vision continentale du développement agricole traduite en un programme de développement impulsé par l'Agriculture Africaine. Son objectif principal est d'accélérer la croissance agricole, réduire la pauvreté et assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle à l'horizon 2015.

La CEDEAO est ainsi chargée de la mise en oeuvre du PDDAA/NEPAD pour l'Afrique de l'Ouest dans le cadre de la politique agricole régionale (ECOWAP) adoptée en 2005. A cet effet, elle a opté pour une approche concertée et solidaire qui met les nations au centre de leur développement, en appuyant les pays membres à élaborer et adopter leur Plan d'Investissement Agricole (PIA) respectif, et les programmes complémentaires d'investissements agricoles à moyen et long terme au niveau régional (PRIA).

Dans cette dynamique, le Bénin s'est lancé dans un processus d'élaboration d'un PIA. Ce plan est soutenu sur le plan technique et financier par la CEDEAO. Ce processus, prenant comme base essentielle le PSRSA, veille à la mise en cohérence des politiques, stratégies et programmes au niveau national avec les principes et objectifs du PDDAA. Il a établi le consensus des acteurs autour de la nécessité d'atteindre à l'horizon 2015, un taux de croissance agricole annuel d'au moins 6% et d'allouer au secteur agricole au moins 10% des dépenses publiques conformément aux engagements des chefs d'Etats et de Gouvernement pris à Maputo en 2003.

Pour ce faire, une approche par piliers est définie et dégage quatre (4) piliers comme suit:

ü Pilier 1: Augmentation des superficies cultivées de façon durable et desservies par des systèmes fiables de maîtrise de l'eau ;

ü Pilier 2: Amélioration des infrastructures rurales et des capacités commerciales pour faciliter l'accès au marché ;

ü Pilier 3: Accroissement des approvisionnements alimentaires et réduction de la faim ;

ü Pilier 4: Recherche Agricole, diffusion et adoption de technologies.

Le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (PSRSA) présente donc un arrimage cohérent avec les documents de référence au niveau national, régional et continental.Le Bénin a organisé sa table ronde les 15 et 16 octobre 2009 en s'appuyant sur le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (PSRSA). Le PIA constitue donc l'évaluation chiffrée de l'ensemble des investissements nécessaires pour la mise en oeuvre performante du PSRSA dans l'esprit des dispositions du Pacte signé par les principaux acteurs à l'occasion de cette table ronde.

2.1.2- Mesures de politique agricole au Bénin de 1990 à nos jours

Les mesures de politique agricole prise par le Bénin tournent généralement autour des politiques de prix ; les politiques de production et les futurs Accords de Partenariat Economiquesavec l'Union Européennes.

2.1.2.1- Les politiques de prix

Les politiques de prix regroupent la politiques de subvention aux producteurs du coton ; la politique de baisse des taxes à l'importation; la politique de subvention du riz brisure ; la constitution de stock tampon et des boutiques témoins par l'ONASA.

Dans le cadre de la politique de baisse des taxes à l'importation, certains produits ont été ciblés pour bénéficier de cette politique. Ces produits sont le riz blanchi ordinaire, le lait en poudre, la farine de blé, les pâtes alimentaires, et les produits pétroliers.

En Mai 2008, la politique de subventionner à hauteur de 25% du riz brisure est mise en oeuvre. La constitution du stock tampon et des boutiques témoins par le gouvernement a consistent pour l'ONASA à stocker à travers l'achat local de maïs après le déclenchement de la flambée des prix.

2.1.2.2-Les politiques de production

Les politiques de production sont celles mises en oeuvre dans le cadre du PUASA et du PDAVV. Les objectifs du Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA), sont les suivants :

ü La croissance des volumes de production vivrière, surtout le riz, le maïs et les principales racines et tubercules ;

ü L'amélioration des techniques de conservation et de transformation ;

ü La constitution d'un stock de sécurité pour 12 mois de 80000 tonnes de riz blanchi et

150000 tonnes de maïs.

Pour atteindre ces objectifs, plusieurs activités doivent être mises en oeuvre dont notamment :

- Distribution de semences améliorées et des engrais spécifiques aux producteurs agricoles déjà actifs sur des superficies de plus de 5 ha pour les champs individuels et plus de 10 ha pour les groupements ;

- Système des crédits avec caution solidaire ;

- Mise en place des motopompes.

Quant au Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées(PDAVV), il devrait permettre d'apporter un appui à 500 entrepreneurs agricoles dans les vallées du Niger et de l'Ouémé à travers deux différentes composantes : l'aménagement hydro agricole des vallées et l'apport des mesures d'accompagnement.

Le Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées a pour objectif, de contribuer à une croissance économique durable et à la réduction de la pauvreté au niveau des zones concernées, par l'exploitation des ressources dont regorgent les vallées et selon une approche filière.

De façon spécifique, il vise à :

ü promouvoir au niveau des filières retenues des Micro et Petites Entreprises Agricoles (MPE) économiquement viables, créatrices d'emploi et bénéficiant de l'accès aux services financiers adaptés ;

ü faciliter l'organisation de ces MPE en vue de leur insertion durable dans les circuits du marché ;

ü soutenir les porteurs de projets viables par le financement et la mise en place d'infrastructures indispensables à l'amélioration des conditions de production et des revenus ;

ü appuyer aussi bien les exploitations familiales que les grandes exploitations agricoles de type industriel gérées par les promoteurs privés nationaux ou étrangers pour le développement des cultures de grande consommation.

2.1.2.3- Les Accords de Partenariat Economique APE

Les APE sont des accords de libéralisation du commerce entre l'Union Européenne et les pays ACP. Conformément aux articles 36 et 37 de l'accord de Cotonou, l'objectif principal des APE est de mettre en place des zones de libre-échange et d'éliminer progressivement les entraves tarifaires et non tarifaires pour la quasi-totalité des échanges entre les parties. Outre la place importante accordée à ce volet commercial, les APE encouragent le renforcement de la coopération dans tous les domaines en rapport avec le commerce, ainsi que les initiatives en matière d'intégration régionale, et ce conformément aux dispositions et règles de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). L'une des caractéristiques de ces accords est la réciprocité. Désormais, Les produits européens pourront accéder librement (en franchise de droits de douane) au marché des ACP.Le Bénin, en effet, envisage de signer ces accords même si une décision dans ce sens n'est pas encore prise.

2.1.2- Politique de sécurité alimentaire

Cette section aborde dans un premier temps l'historique de la politique de sécurité alimentaire et dans un second temps la politique de sécurité alimentaire au Bénin.

2.1.2.1- Historique de la politique de sécurité alimentaire

Le concept de sécurité alimentaire tire ses origines des diverses concertations au plan mondial destinées à éliminer la faim et la malnutrition. Au rang de ces concertations, rappelons les consultations de 1979 organisée sous l'égide du Conseil Mondial de l'Alimentation (CMA) et qui a donné corps à la notion de "Stratégie alimentaire". Le thème central de ces consultations était de « recenser les principaux obstacles à l'accroissement de la production et de la consommation alimentaires, et de formuler des propositions précises quant aux moyens de les surmonter » Ces consultations ont fait ressortir la nécessité d'accorder davantage de place aux politiques alimentaires nationales dans le cadre d'une nouvelle structure d'aide internationale coordonnée. Une stratégie alimentaire nationale bien conçue répondait à ce type de nécessité car elle amènerait à établir des priorités d'investissements qui placeraient au coeur du processus de développement, la satisfaction des besoins alimentaires des populations. La finalité des stratégies alimentaires nationales est d'amener les pays en développement à atteindre un degré d'autosuffisance alimentaire supérieur. L'objectif des Nations Unies de voir la faim éliminée dans le monde avant la fin du siècle dernier, amena la Communauté Internationale à organiser la Conférence Internationale sur la Nutrition en décembre 1992 et les Sommets Mondiaux de l'Alimentation (SMA et SMA + 5) respectivement en 1996 et 2002 à Rome. Ces fora internationaux ont permis d'explorer d'autres pistes pour aborder la résolution des problèmes d'alimentation et de nutrition aux plans national, régional et mondial. A ces occasions, les Chefs d'Etat et de Gouvernement se sont engagés individuellement et collectivement à réduire de moitié le nombre de sous-alimentés et de malnutris à l'échéance de 2015. Ce que vinrent entériner plus tard les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont le tout premier vise expressément l'élimination de l'extrême pauvreté et de la faim, alors que six (6) des huit (8) objectifs se préoccupent directement ou indirectement de la lutte contre la malnutrition.

La Déclaration du Sommet mondial de l'Alimentation et le Plan d'Action qui en découla ont mis l'accent sur la « sécurité alimentaire » et mirent en exergue les sept engagements pris par les Dirigeants et Plénipotentiaires du monde. L'engagement n° 3 est à ce titre édifiant et précise ce qui suit : «Nous poursuivrons des politiques et méthodes participatives et durables de développement alimentaire, agricole, halieutique, forestier et rural dans les régions à potentiel élevé comme dans celles à faible potentiel, qui sont essentielles pour assurer des approvisionnements alimentaires adéquats et fiables au niveau des ménages ainsi qu'aux échelons national, régional et mondial, et lutterons contre les ravageurs, la sécheresse et la désertification, considérant le caractère multifonctionnel de l'agriculture»

2.1.2.2-Politique de sécurité alimentaire au Bénin

La définition du concept de sécurité alimentaire et les déterminants qui en découlent laissent conclure qu'une politique de sécurité alimentaire ne saurait se réduire à la seule politique agricole bien que cette dernière en constitue l'épine dorsale. De ce fait, la conception et la mise en oeuvre d'une telle politique ne devraient guère être l'apanage du seul Ministère en charge de l'agriculture. Plusieurs départements ministériels, le secteur privé, la société civile et les partenaires au développement sont concernés. Le Bénin est partie prenante des engagements pris par les chefs d'Etat et de Gouvernement à l'issue des sommets mondiaux de l'alimentation et du sommet du millénaire pour le développement. C'est donc pour le Gouvernement béninois, un impératif moral d'agir afin d'honorer ses engagements internationaux, étant entendu que les objectifs définis à ces fora mondiaux sont réalisables et, la lutte contre la faim et la malnutrition constitue un préalable de croissance économique et de développement durable. Au Bénin, la plupart des programmes et projets ont souvent mis l'accent sur l'appui au développement de la production végétale, de l'élevage et de la pêche avec davantage d'appui au volet de production et la dimension nutritionnelle de la sécurité alimentaire.

Au début des années 60, les questions de nutrition ont été abordées pour la première fois dans leurs dimensions holistiques, à travers la formulation et la mise en oeuvre par le Ministère du Développement Rural avec l'appui de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) et du Gouvernement néerlandais, du projet "Jardins familiaux". Ce projet a levé un coin de voile sur l'existence des maladies d'origine nutritionnelle au sein des ménages et, indexé les enfants de moins de 5 ans comme les principales victimes et les couches les plus vulnérables. De fait, le Ministère du développement rural est devenu la porte d'entrée et le porte flambeau de la nutrition au Bénin. Le discours était alors de renforcer les capacités des ménages notamment en milieu rural afin de leur donner les outils nécessaires à la prévention de la malnutrition à partir des ressources alimentaires localement disponibles. Des animatrices de développement rural furent formées à Porto-Novo (capitale administrative et politique du pays) sous l'égide du Service Dahoméen d'Alimentation et de Nutrition Appliquée (SDANA). Ce Service a été créé en 1962 et est devenu en 1974, la Direction de l'Alimentation et de la Nutrition Appliquée (DANA). Deux (2) centres horticoles et nutritionnels ont été créés et mis en service, l'un à Ouando (Porto-Novo) pour la partie méridionale du pays et l`autre à Pabégou (Commune de Copargo) pour desservir la zone septentrionale du Bénin. Le fondement premier de la mise en oeuvre de ce projet « jardins familiaux » est d'amener les mères à faire des jardins et le petit élevage de case pour nourrir de façon équilibrée leurs enfants et leurs familles. Le projet a généré de nombreux petits jardins de case qui progressivement se sont mués en des espaces ou périmètres maraîchers avec l'évolution des villes de Cotonou et de Porto-Novo. Au-delà de ces deux grandes villes, ce sont toutes les villes secondaires du pays qui ont été au fil des ans, enrôlées dans ce processus de développement de ce qu'il est convenu d'appeler l'agriculture urbaine et périurbaine. Les jardins de case se font beaucoup plus actuellement en zones rurales. Le slogan était alors « Mieux nourrir les enfants avec les aliments locaux ». Le développement harmonieux de l'état nutritionnel du couple mère-enfant et du ménage en général était la substance de ce pilier. Le leadership de la DANA dans le domaine de l'alimentation et de la nutrition était à l'époque, incontestable.

La période allant de 1974 à 1984 fut une décennie marquée par l'introduction du volet santé dans les approches de lutte contre la malnutrition. Ce fut aussi une période d'instabilité et de confusion institutionnelles pour la Direction de l'Alimentation et de la Nutrition Appliquée qui commençait à peine son rayonnement national et international avec l'appui du Gouvernement néerlandais et de la FAO. La FAO aidait déjà en ce temps, le Bénin à la mise en place d'un laboratoire central d'analyses des denrées alimentaires et le développement d'un arsenal juridique et législatif pour le contrôle de la qualité et de la sécurité sanitaire des aliments destinés aux marchés national et international. Le caractère multisectoriel et interdisciplinaire de la nutrition a fait qu'à tort ou à raison les gouvernants de la période 1974 - 1984 ont pensé que la DANA pouvait être au niveau du ministère en charge de la santé. Ainsi, sur la période, la DANA est passée deux fois du Ministère du Développement Rural au Ministère de la Santé avant d'être stabilisée depuis 1984 au ministère en charge de l'agriculture. Puis, il y a eu la tenue en 1978, de la Conférence d'Alma Ata sur les soins de santé primaires, où la malnutrition est apparue comme un problème de santé publique. La DANA s'adonnait davantage, grâce à son laboratoire, aux analyses biomédicales (venant ainsi en appui aux cliniciens) et à l'analyse de l'eau ». Les aspects relatifs à la surveillance alimentaire et nutritionnelle, la valorisation des recettes alimentaires locales pour la prévention et la lutte contre la malnutrition infantile, la formation des animatrices du développement rural se sont estompés. Le projet "Jardins Familiaux" initié par le Bénin et le Gouvernement des Pays-Bas en 1963 a alors vécu, entraînant des préjudices graves aux ménages et couches infanto juvéniles des villes et campagnes. Le Projet "Jardins Familiaux" n'a pas été porté à l'échelle. Au cours de cette période, plusieurs initiatives ont été prises : la création de la Commission Nationale de Céréalière (CNC) en 1982 ; les études et la formulation de projets de sécurité alimentaire ; une politique d'approvisionnement des centres urbains en vivres bon marché par les importations à travers le Programme National Complet de Sécurité Alimentaire (PNCSA).

La décennie 1984-1994 est consacrée à la mise en oeuvre de la Nutrition Communautaire et l'introduction de la Nutrition dans les Curricula de Formation. L'année 1984 consacra le retour définitif de la DANA au sein du Ministère du Développement Rural et le démarrage de la Coopération bénino-italienne. Ce fut alors une nouvelle ère pour le développement des actions de nutrition. Le souci de la DANA et de la Coopération bénino-italienne était dès 1984, de mettre en place un système de surveillance alimentaire et nutritionnelle. Des enquêtes de consommation alimentaire et d'évaluation de la situation nutritionnelle des populations furent initiées. Grâce à ces enquêtes dont les résultats ont été largement disséminés, la situation alimentaire et nutritionnelle des ménages béninois a été mieux cernée, les zones et plus précisément les sous-préfectures (actuelles communes) à risque d'insécurité alimentaire et nutritionnelle ont été détectées et des stratégies pilotes de surveillance alimentaire et nutritionnelle avec des interventions correctrices impliquant les communautés à la base et des initiatives endogènes, ont été mises en place. Des personnes volontaires, natives ou non des communautés d'intervention, agissant de façon bénévole mais à qui des stratégies de motivation ont été apportées comme par exemple des subventions pour le développement d'activités génératrices de revenus.

Des activités d'éducation nutritionnelle des femmes en âge de procréer, de promotion de la croissance staturo-pondérale des enfants de 0 à 5 ans, de démonstrations culinaires, de visites à domiciles pour le suivi rapproché des enfants malnutris en cours de récupération nutritionnelle, de référence des malnutris graves vers des centres appropriés pour leur prise en charge et, la promotion de la production et de la consommation des aliments de hautes valeurs nutritionnelles y sont menées sous l'égide des autorités Politico-administratives et des leaders d'opinions.

A partir de 1987, le cercle des structures publiques engagées dans la surveillance alimentaire et nutritionnelle s'est élargi avec l'entrée en scène du Ministère en charge des affaires sociales. Avec l'appui technique et financier du Catholic Relief Services (CRS), ce Ministère a entrepris à travers les Centres de Promotion Sociale (CPS) des activités de surveillance de la croissance pondérale des enfants, d'éducation nutritionnelle par des démonstrations culinaires, de réhabilitation nutritionnelle des enfants malnutris et de distribution des vivres comme forme de motivation des mères d'enfants.

Deux programmes importants de nutrition communautaire ont été exécutés par ce Ministère. Il s'agit essentiellement: du Programme Alimentaire et Nutritionnel (PAN) ou Programme préscolaire qui a eu cours de 1987 à 1997 et du Programme Alimentaire et Nutritionnel à Base Communautaire (PBC) de 1997 à 2005. Pour rendre opérationnelle ces options, l'Etat béninois a créé un Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire (ONASA) dès les années 1992 en remplacement de l'Office National de Céréales (ONS) dans le cadre de la libéralisation et de la régularisation des marchés agricoles. Cet office a pour mission principale de conseiller le gouvernement dans la conduite de la politique d'aide alimentaire et assurer ainsi une coordination institutionnelle de la sécurité alimentaire au Bénin.

Les objectifs visés par ces programmes étaient de (i) réduire la mortalité infantile et maternelle ; (ii) améliorer la sécurité alimentaire des ménages et (iii) appuyer le développement des communautés défavorisées. Près de 400 villages ou communautés et environ 60 000 enfants étaient mensuellement suivis à travers ces programmes sous l'encadrement des Responsables des Centres de Promotion Sociale et les relais communautaires que sont les Animatrices Communautaires (AC) et les Comités Villageois de Développement Social (CVDS). La distribution des vivres a été l'élément caractéristique de ces programmes de manière que les communautés et certains élus locaux (chefs de villages et de quartiers de villes ou conseillers locaux) ramenaient la nutrition à la seule « activité de distribution de vivres ». Or, ces vivres constituaient des appoints apportés par les Responsables des programmes en vue de permettre à priori aux mères, de corriger le statut alimentaire et nutritionnel de leurs enfants en cas de besoin.

Parallèlement, la DANA a développé en direction du monde scolaire, des programmes de nutrition en étroite collaboration avec l'Institut National de la Formation et de la Recherche en Education (INFRE). A travers ces programmes réalisés avec l'appui de la coopération italienne, nombre de Directeurs ou Responsables d'établissements d'enseignement primaire ainsi que des Conseillers pédagogiques ont été formés à l'alimentation et à la nutrition appliquée afin d'améliorer au niveau des jeunes écoliers, le savoir, le savoir-faire et le savoir être dans ce domaine. A cet effet, des brèches avaient été ouvertes dans les curricula de formation pour introduire l'enseignement théorique et pratique de notions fondamentales d'alimentation et de nutrition. Des manuels pédagogiques avaient été conçus à cet effet.

La décennie 1994-2004 est marquée par le Développement de la Lutte contre les Carences en micronutriments et Mise en oeuvre de Programme de sécurité alimentaire.

La période de 1994-2004 a été marquée au plan international par trois évènements majeurs qui ont eu une influence remarquable sur le développement de la politique de nutrition au Bénin. Il s'agit de la tenue : de la Conférence Internationale sur la Nutrition (CIN) en 1992 ; des Sommets Mondiaux de l'Alimentation (SMA et SMA+5)en 1996 et 2001 et du Sommet du Millénaire pour le Développement en 2000.

Le Bénin était présent à ces grands rendez-vous internationaux et a souscrit à ces occasions aux engagements pris par les Chefs d'Etat et de Gouvernements. Aussi, la mise en oeuvre de ces engagements a-t-elle contribué au plan national, à un réaménagement du paysage institutionnel de la nutrition. En effet, la tenue de la Conférence Internationale sur la Nutrition a permis l'élargissement du cercle des acteurs du secteur de la nutrition avec l'entrée en scène du Ministère de la Santé et la création en 1994, de la Direction de la Santé Familiale (DSF) dotée d'un service de nutrition. Jusqu'à cette date, les actions de nutrition se menaient avec la Direction Nationale de la Protection Sanitaire (DNPS) à travers le service en charge des soins de santé primaires.

Du point de vue organisationnel et singulièrement de la recherche d'une meilleure institutionnalisation de la politique de nutrition, le Comité National pour l'Alimentation et la Nutrition (CNAN) et ses démembrements au niveau départemental ont été créés et installés en Décembre 1994. Le CNAN a essentiellement pour mission de définir la politique nationale en matière d'alimentation et de nutrition et d'assurer la coordination, le suivi et l'évaluation des actions liées à la mise en oeuvre de cette politique. Par conséquent, un Plan d'Action National pour l'Alimentation et la Nutrition (PANAN) a été élaboré et mis en vigueur en Janvier 1995. Ce Plan s'est fixé trois (3) objectifs essentiels à savoir : Garantir à chacun, en permanence, l'accès à une alimentation suffisante et saine, permettant d'avoir un régime alimentaire satisfaisant sur le plan nutritionnel ; donner à chacun, la possibilité d'être et de rester en bonne santé et d'accéder au bien-être nutritionnel ; parvenir à un développement sans danger pour l'environnement et socialement durable, afin de contribuer à l'amélioration de la nutrition et de la santé.

De nos jours, le gouvernement dans son souci de faire du Bénin une puissance agricole, a mis en chantier une série d'actions découlant des documents de politique agricole dont entre autres le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole élaboré en 2007. L'objectif global de ce Plan est "d'améliorer les performances de l'agriculture béninoise pour la rendre capable d'assurer de façon durable la souveraineté alimentaire de la population et de contribuer au développement économique et social du Bénin, à l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et à la réduction de la pauvreté"

Tirant leçons des principales interventions susmentionnées et prenant en compte les nombreuses contraintes (naturelles, institutionnelles, organisationnelles et conjoncturelles, notamment la faible productivité, l'accès difficile aux intrants, l'insuffisance des capacités de stockage et de conservation voire de transports vers les zones enclavées, le coût élevé de l'approvisionnement en facteurs de production, la dégradation et la baisse constante de la fertilité des sols, ainsi que la dégradation des pâturages) le gouvernement a entrepris avec l'appui technique et financier de la FAO, la formulation d'un Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA).

La mise en oeuvre de ce Programme contribuera à augmenter les productions à travers l'intensification de la production agropastorale et halieutique. Outre l'augmentation de l'offre des productions agricoles et animales, le programme développera des activités génératrices de revenu par la valorisation des produits permettant ainsi d'améliorer l'accès financier des populations concernées aux denrées alimentaires. De plus, un important volet nutritionnel y a été prévu. La mise en oeuvre de ce volet permettra d'améliorer l'état nutritionnel des populations bénéficiaires, tout en fournissant aux municipalités, un tableau de bord régulièrement actualisé sur la situation alimentaire et nutritionnelle des groupes cibles. L'on entreprendra également la valorisation des plats et recettes culinaires usuels et de ceux en voie d'extinction au niveau des communautés ainsi que l'élaboration de la table de composition des aliments du Bénin. Le PNSA est donc un atout pour l'amélioration durable du statut alimentaire et une contribution significative à l'amélioration de l'état nutritionnel de l'enfant. En attendant son financement et sa mise en oeuvre futurs, le gouvernement a procédé avec l'accord des partenaires au développement à la réorientation des projets et programmes actuellement en cours et comportant des volets de production alimentaire afin qu'à court et moyen termes, la disponibilité alimentaire soit assurée aux populations Le but recherché est de soustraire les ménages à l'effet pervers de la cherté de la vie découlant depuis quelque temps de la flambée, au plan mondial, des prix des denrées de première nécessité. C'est également dans cette rubrique que s'inscrivent le Programme d'urgence d'appui à la sécurité alimentaire (PUASA) et le Programme de diversification agricole pour l'emploi des jeunes financés par le budget national (PDAEJ).

2.2- PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

Cette section sera consacrée essentiellement à la présentation des résultats obtenus sur l'évolution des différentes variables et les statistiques descriptives et l'estimation des modèles économétriques retenusafin d'analyser l'incidence des subventions d'intrants agricoles sur la production alimentaire et sur la disponibilité alimentaire par habitant au Bénin.

2.2.1- Analyse de l'évolution des variables et statistiques descriptives

Cette partie présente l'évolution des variables telles que la production alimentaire nationale, les importations alimentaires, les exportations alimentaires, les aides alimentaires,la subvention d'intrants agricoles et la disponibilité alimentaire.

2.2.1.1- Analyse de l'évolution de la production alimentaire nationale

Le Bénin avait connu dans les années 1987 une campagne agricole désastreuse par suite d'une pluviométrie déficitaire. Des pénuries alimentaires étaient apparues et le marché des produits vivriers fortement perturbé. Depuis 1988, des conditions météorologiques ont été favorables et la production agricole a enregistré une croissance régulière jusqu'en 1998. A partir de 1998 jusqu'en 2007 (graphique 1), cette production a évolué de façon irrégulière. Toutefois, on enregistre une croissance de la production par rapport à 1998. En effet l'engouement suscité par la campagne de sensibilisation des paysans sur le couplage coton/culture vivrière dans les mêmes proportions d'emblavures organisé par le gouvernement et la bonne pluviométrie ont permis d'avoir au niveau national sur la période 1990 à 2007, une forte croissance de la production agricole vivrière dont le niveau le plus élevé est de 1092.360.000.000 FCFA en 2006. De 2007 à 2013 la production alimentaire nationale s'est accrue très fortement pour atteindre 3841.891.000.000 FCFA soit une augmentation de plus de 2,50 fois le niveau de 2007.

Ces améliorations remarquables de la production alimentaire sont dues aux interventions du Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) mis en place par le gouvernement en décembre 2007 pour juguler la crise alimentaire, aux producteurs en termes de distribution gratuite de semences, de subventions pour l'aménagement sommaire des bas-fonds, de l'encadrement rapproché.

Graphique 1: Evolution de la production alimentaire nationale

Source : réalisé par l'auteur avec les données de l'INSAE

2.2.1.2-Analyse de l'évolution des importations alimentaires.

L'examen de l'évolution des importations alimentaires (graphique 2) permet de repérer deux différentes périodes.

· La première s'étale de 1990 à 1994 et se caractérise par une légère stabilisation des importations alimentaires.

· La deuxième période s'étale de 1994 à 2013 et se caractérise par une évolution en dent de scie des importations alimentaires. Ces importations ont atteint leur niveau maximal de 104.405.000.000 FCFA en 2007. Il faut noter aussi qu'à partir de 2007 ces importations ont chuté considérablement pour venir à 47.308.000.000 FCFA en 2013. soit une baisse de 54,89%.

En général, les importations alimentaires occupent une proportion significative des achats extérieurs du Bénin. Même si ces volumes sont loin de refléter une certaine précarité alimentaire nationale, les importations alimentaires peuvent bouleverser les habitudes alimentaires des populations et susciter de nouveaux besoins difficiles à satisfaire à long terme. Elles jouent également un rôle important dans la formation des prix sur les différents marchés. La relative stabilité des prix des produits importés tire à la baisse ceux des produits locaux annihilant ainsi les incitations à la production (Atlas de la sécurité alimentaire, 2000).

Graphique 2: Evolution des importations alimentaires

Source : Réalisé par l'auteur à partir des données de l'INSAE

2.2.1.3- Analyse de l'évolution des exportations alimentaires.

De l'examen du graphique 3, on constate que de 1990 à 1994 les exportations alimentaires ont connu une légère stabilisation avant d'enregistrer un accroissement rapide jusqu'à atteindre son niveau maximal de 97.142.356.000 FCFA en 1997. Ces exportations ont brusquement chuté en 1998 pour venir à 20.938.545 FCFA soit une baisse de 99,97%. A ce niveau les exportations alimentaires sont restées à nouveau pratiquement constante jusqu'en 2006 avant de s'accroître jusqu'à 721300000000 FCFA en 2013.

Graphique 3: Evolution des exportations alimentaires

Source : Réalisé par l'auteur à partir des données de l'INSAE

2.2.1.4- Analyse de l'évolution comparée des subventions d'intrants agricoles et de la disponibilité alimentaire.

L'analyse du graphique 4 révèle que les subventions d'intrants agricoles sont quasi inexistantes dans les années 1990. Cela est dû à la politique de désengagement de l'Etat béninois à travers la Déclaration de Politique de Développement Rural (DPDR) des fonctions de production, de transformation et de commercialisation. Au cours de la même période, la disponibilité alimentaire est restée pratiquement stationnaire. Elle a varié entre 2000 et 2500 kilocalories par personne par jour. Ce qui est largement inférieur à la norme de 2600 kilocalories par personne par jours au minimum exigé par la FAO. Dans les années 2000, la tendance s'est légèrement renversée du fait de l'adoption d'une nouvelle politique agricole à travers l'élaboration du Plan Stratégique Opérationnel (PSO) comme documents de stratégie agricole qui vise particulièrement : (i) l'amélioration de la productivité agricole, (ii) les infrastructures rurales, (iii) la gestion durable des ressources naturelles, (iv) l'appui au développement des marchés agricoles et (v) l'administration et la gestion des services. En effet, les subventions ont évolué de manière irrégulière pour atteindre un maximum relatif de 7,1 milliards de FCFA en 2004. Au cours de la même année la disponibilité alimentaire ont atteint leur niveau maximal de 3591,51 ce qui est largement en dessous de la norme internationale. Il faut noter qu'à partir de 2004 que le Bénin a franchis la norme de 2600 kilocalories par personne par jours au minimum exigé par la FAO. Grâce au Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) qui a permis en dehors des subventions accordées à la filière coton, la distribution aux producteurs agricoles d'intrants spécifiques aux cultures vivrières, les subventions ont fortement augmenté pour atteindre leur valeur maximale de 80,54 milliards en 2008. De nos jours, la baisse des appuis du PUASA aux producteurs agricoles au regard des contraintes budgétaires n'a pas permis à l'élan ainsi insufflé de se poursuivre. Le graphique 4 montre clairement que ces subventions ont fortement baissé et leurs valeurs ont tendance à égalé leurs niveaux initial avant PUASA.

Les statistiques descriptives sur ces variables (Tableau 1) révèlent que :

- De 1990 à 2013, la disponibilité alimentaire moyenne est de 2728,702kilocalories par personne par jour avec un coefficient de variation étant de 0,19. Cette moyenne est légèrement en dessous de la norme internationale. La probabilité attachée à la statistique de Jarque-Bera est  0,204027 ce qui est supérieure à 5%. Les disponibilités alimentaires suivent une loi normale. Il y a donc 80% de chance de prendre une bonne décision.

- De 1990 à 2013, la subvention moyenne est de 8,49 milliards avec un coefficient de variation de 2,57. La probabilité attachée à la statistique de Jarque-Bera est  0,000000 ce qui est inférieure à 5%. Les subventions ne suivent pas une loi normale au Bénin. Ce qui signifie que les décisions d'accorder un montant de subvention d'intrants agricoles au cours d'une année se prennent de façon hasardeuse.

Graphique 4: Evolution comparée des subventions d'intrants agricoles et de la disponibilité alimentaire

Source : Réalisé par l'auteur avec les données de la SONAPRA et de la FAOSTAT

2.2.1.5- Analyse de l'évolution des aides alimentaires.

Le graphique 5montre que sur la période de 1990 à 1992, les aides alimentaires sont pratiquement restées stationnaires. Mais à partir de 1992 ces aides ont évolué de manière irrégulière et leur seuil maximal est de 7761.472.800 FCFA en 2010.

De manière générale, les aides ont un caractère marginal compte tenu de la capacité de production du pays et du mécanisme de réexportation des céréales importés. Les quelques milliards de francs d'aide alimentaire dont bénéficie le Bénin, sont surtout octroyés comme aides programmées d'une part et d'autre part comme une subvention indirect au budget. Il faut noter de nos jours l'ouverture des cantines scolaires et la prolifération des orphelinats, ce qui se traduit par une orientation des aides alimentaires vers ces centres.

En tout état de cause, l'aide alimentaire, à la différence des pays sahéliens, rentre très peu en ligne de compte dans la problématique de la sécurité alimentaire parce que son impact sur les populations rurales et urbaines reste faible. Les principales agences gérantes de ces aides alimentaires sont: le PAM, le CRS, le MAEP, l'ONASA. Quant aux donateurs, ils concernent les USA, le PAM, la Lybie, le Japon, etc (Abiassi, 2006).

Graphique 5: Evolution des aides alimentairesen FCFA.

Source : Réalisé par l'auteur à partir des données de l'INSAE.

Tableau 1:Statistique descriptive des variables des modèles

 

DIALJ

PALH

MAL

XAL

AAL

POPA

IMPORTNET

INVEST

SUBV

IPRIX

 Mean

 2728.702

 1.08E+12

 1.10E+11

 2.38E+10

 3.39E+09

 3002704.

 8.57E+10

 1.71E+11

 8.49E+09

 207.1008

 Median

 2422.925

 7.58E+11

 2.66E+10

 4.27E+08

 2.60E+09

 2880552.

 2.53E+10

 3.03E+10

 6.77E+08

 174.8350

 Maximum

 3591.510

 3.84E+12

 5.83E+11

 1.34E+11

 7.76E+09

 4307741.

 5.11E+11

 1.21E+12

 8.05E+10

 591.0000

 Minimum

 2213.620

 1.85E+11

 76504218

 5490000.

 609168.0

 1955656.

 64320498

 1.63E+10

 2430000.

 100.0000

 Std. Dev.

 513.6195

 1.01E+12

 1.64E+11

 4.25E+10

 2.49E+09

 716346.8

 1.35E+11

 3.48E+11

 2.18E+10

 121.5330

 Skewness

 0.576753

 1.398565

 1.671946

 1.570552

 0.351061

 0.301912

 1.984490

 2.391966

 2.903082

 1.993757

 Kurtosis

 1.640429

 3.969225

 4.596735

 3.986300

 1.967284

 1.893931

 5.891847

 7.038756

 9.676194

 6.438806

 Jarque-Bera

 3.179011

 8.763333

 13.73118

 10.83933

 1.559478

 1.587992

 24.11558

 39.19756

 78.28311

 27.72565

 Probability

 0.204027

 0.012505

 0.001043

 0.004429

 0.458526

 0.452035

 0.000006

 0.000000

 0.000000

 0.000001

 Sum

 65488.85

 2.59E+13

 2.63E+12

 5.72E+11

 8.14E+10

 72064885

 2.06E+12

 4.10E+12

 2.04E+11

 4970.420

 Sum Sq. Dev.

 6067515.

 2.33E+25

 6.19E+23

 4.16E+22

 1.42E+20

 1.18E+13

 4.16E+23

 2.78E+24

 1.09E+22

 339716.1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 Observations

 24

 24

 24

 24

 24

 24

 24

 24

 24

 24

Source Réalisé par l'auteur sous Eviews 7.2

2.2.2-Présentation des résultats des modèles

Dans cette partie, nous allons présenter les résultats issus des estimations des modèles ainsi que les tests de validation de ces modèles.

2.2.2.1- Présentation des résultats du modèle 1 des déterminants de la production alimentaire nationale.

2.2.2.1.1- Résultats des tests de stationnarité et de coïntégration

Pour déterminer le degré de stationnarité (ordre d'intégration) des variables du modèle, nous avons utilisé le test de Dickey-Fuller Augmenté et le test de Engle et Granger. Cette partie vise à déterminer l'ordre d'intégration de chaque variable du modèle. Elle permet également de choisir la technique d'estimation appropriée aux modèles. Les résultats sont présentés dans les tableaux suivants.

· Tests de stationnarité sur les variables du modèle 1

Le test en niveau sur les séries est l'étape primordiale d'étude de la stationnarité. Il est qualifié du test de Dickey-Fuller Augmenté. Ce test permet de savoir si les séries sont stationnaires ou intégrées. Le tableau 2 présente les résultats du test de stationnarité sur les variables.

Tableau 2: Présentation des résultats du test ADF en niveau sur les variables du modèle 1

Variables

ADF t-stat

Critical value

Prob

Conclusion

LPALH

-0.474067

-3.040391

0.8753

Non stationnaire

LPOPA

1.229006

-3.029970

 0.9970

Non stationnaire

LINVEST

-1.222505

-3.004861

0.6455

Non stationnaire

LSUBV

-2.167974

-3.029970

 0.2230

Non stationnaire

LVAAG

0.099808

-2.998064

 0.9586

Non stationnaire

LPLUVIO

-2.728565

-2.998064

 0.0846

Non stationnaire

LPRIENG

-1.321844

-2.998064

0.6015

Non stationnaire

LPRINSEC

-1.869722

-2.998064

0.3397

Non stationnaire

TINF

-3.455162

-2.998064

0.0192

Stationnaire

Source : Estimation sous Eviews 7.2

De l'analyse du tableau 2 sur les résultats du test de stationnarité, il ressort que seul le taux d'inflation est stationnaire en niveau. La recherche de l'ordre de l'intégration devient nécessaire (Annexe N°3)

· Tests ADF en différence première

La non stationnarité des séries nous conduit à voir si nos variables sont intégrées d'ordre un (1). Le tableau 3 présente les résultats des tests de stationnarité en différence première sur les variables.

Tableau 3 : Présentation des résultats du test ADF en différence première du modèle 1

Variables

ADF t-stat

Critical value

Prob

Conclusion

LPALH

-3.756112

-3.040391

0.0123

Stationnaire

LPOPA

-4.271107

-3.029970

0.0040

Stationnaire

LINVEST

-8.944837

-3.004861

0.0000

Stationnaire

LSUBV

-6.308465

-1.957204

0.0000

Stationnaire

LVAAG

-5.866637

-3.004861

0.0001

Stationnaire

LPLUVIO

-8.299029

-3.004861

0.0000

Stationnaire

LPRIENG

-5.685851

-3.004861

0.0001

Stationnaire

LPRINSEC

-5.011748

-3.004861

0.0006

Stationnaire

Source : Estimation sous Eviews 7.2

Le tableau 3 montre que toutes les autres variablesdu modèle 1 sont stationnaires en différence première. D'où elles sont intégrées d'ordre un (1) (Annexe N°3).

· Test de coïntégration

Nous avons effectué sur les variables du modèle 1 le test de coïntégrationde Engle et Granger.

Etape 1 :

Nous avons estimé par les MCO le modèle 1 de long terme puis nous avons recueilli le résidu. Les résultats de l'estimation sont présentés dans le tableau 1 (Annexe 4).

Etape 2 :

Nous avons effectué le test de Dicky-Fuller Augmenté sur le résidu du modèle 1 de long terme. La valeur de la probabilité (0.0019) (Annexe 4, tableau 2) est inférieure à 5%. On accepte l'hypothèse de stationnarité du résidu. Les variables du modèle 1 sont donc cointégrées.

2.2.2.1.2- Estimation du modèle 1 à correction d'erreur

Il s'agit d'estimer le modèle à correction d'erreur à la Hendry du fait de la cointégration des variables du modèle. Le modèle à estimer se présente comme suit :

Avec et où D est l'opérateur de différence première définie par :

Les résultats d'estimation du modèle 1 se présentent dans le tableau 4 comme suit :

Tableau 4 : Résultats de l'estimation du modèle 1

Dependent Variable: D(LPALH)

 
 
 

Method: Least Squares

 
 
 

Date: 07/13/15 Time: 12:35

 
 
 

Sample (adjusted): 1991 2013

 
 
 

Included observations: 23 after adjustments

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

-20.40643

17.29592

-1.179840

0.2911

 

D(LINVEST)

0.031830

0.022877

1.391395

0.2228

 

D(LPLUVIO)

0.496296

0.288736

1.718857

0.1463

 

D(LPOPA)

-9.729017

6.926906

-1.404526

0.2191

 

D(LPRIENG)

-0.041543

0.492425

-0.084363

0.9360

 

D(LPRINSEC)

-0.378367

0.449223

-0.842269

0.4381

 

D(LSUBV)

0.008808

0.026466

0.332796

0.7528

 

D(LVAAG)

-0.024375

0.945820

-0.025772

0.9804

 

D(TINF)

-0.002258

0.004052

-0.557203

0.6014

 

LPALH(-1)

-0.921992

0.157096

-5.868986

0.0020

 

LINVEST(-1)

-0.033248

0.060806

-0.546787

0.6080

 

LPLUVIO(-1)

0.943840

0.808087

1.167993

0.2955

 

LPOPA(-1)

1.096883

1.464026

0.749224

0.4875

 

LPRIENG(-1)

0.504963

0.696634

0.724860

0.5010

 

LPRINSEC(-1)

-1.147918

0.679712

-1.688830

0.1521

 

LSUBV(-1)

0.077708

0.038397

2.023828

0.0989

 

LVAAG(-1)

4.273583

1.199190

3.563726

0.0162

 

TINF(-1)

0.002492

0.005645

0.441436

0.6773

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.984405

    Mean dependent var

0.131885

 

Adjusted R-squared

0.931380

    S.D. dependent var

0.212953

 

S.E. of regression

0.055784

    Akaike info criterion

-2.895503

 

Sum squared resid

0.015559

    Schwarz criterion

-2.006856

 

Log likelihood

51.29829

    Hannan-Quinn criter.

-2.672011

 

F-statistic

18.56519

    Durbin-Watson stat

2.667779

 

Prob(F-statistic)

0.002173

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Estimation sous Eviews 7.2

De l'examen des résultats de régression (tableau 4), il ressort que le coefficient associé à la force de rappel est négatif (-0.921992) et significativement différent de zéro au seuil statistique de 1%. Il existe donc bien un mécanisme à correction d'erreur. A long terme, les déséquilibres entre la production alimentaire nationale et les variables explicatives se compensent de sorte que les séries ont des évolutions similaires.

§ Qualité de la régression

Le coefficient de détermination multiple R² = 0.984405 indique que la qualité de la régression est relativement bonne. C'est-à-dire que la production alimentaire nationale est à 98,4405% expliquée par les variables explicatives du modèle.

De même, la prob (F-statistic) = 0,002173 est inférieure à 5%. Alors le modèle est globalement significatif.

§ Significativité des variables du modèle 1.

De l'examen des résultats d'estimation, il ressort que les coefficients de la population active agricole ; de l'investissement agricole ; de la pluviométrie ; du prix de l'engrais ; du prix de l'insecticide et du taux d'inflation ne sont pas significativement différents de zéro (0).

Par contre, l'examen des mêmes résultats montre également que les coefficients de la valeur ajoutée agricole et des subventions d'intrants agricoles sont statistiquement différents de zéro (0) à long terme. Ces variables sont significatives respectivement au seuil de 1% et de 10%. Il y a donc une relation de cause à effet entre ces variables explicatives et la variable expliquée. Pour apprécier la qualité de notre modèle quelques tests sont donc effectués.

· Tests classiques sur le modèle 1

Une étude économétrique consiste non seulement à estimer des paramètres d'un modèle, mais aussi, à tester des hypothèses afin de valider le modèle économique théorique. Les paramètres estimés sont des variables aléatoires, ce ne sont pas des valeurs certaines, ils ne sont pas exactement identiques à la vraie valeur des paramètres. Il s'agit ici des tests statistiques habituels effectués sur des études économétriques. Ces tests vont nous permettre en réalité de ressortir la robustesse du modèle de l'étude et les conséquences liées à la violation ou non des hypothèses de bases relatives à ces tests ; ceci afin de compléter les résultats des estimations.

§ Test de normalité de Jarque-Bera

La valeur de probabilité 0,462093 (Annexe N°5, Graphique 1) obtenue est supérieure à 5%. On accepte Ho. Par suite nous pouvons conclure que les erreurs suivent une loi normale.

§ Test d'autocorrélation des erreurs de Breusch-Godfrey

La probabilité prob > F attachée à la statistique est 0,8931 supérieure à 5%. Par conséquent, on peut affirmer que les résidus du modèle ne sont pas autocorrélés. (Annexe N°5, graphique 2)

§ Test d'hétéroscédasticité de White.

La valeur Prob > chi2 = 0,7348 est supérieure à 5%. D'où on accepte l'hypothèse nulle Ho. Par suite, on peut conclure que la valeur de la variance du terme d'erreur est une constante. Par conséquent, on est en présence d'homoscédasticité. (Annexes N°5, graphique 3)

§ Test d'omission des variables de Ramsey

La valeur de la probabilité attachée à la statistique de Ramsey est  0,4225(Annexe N°5, graphique 4) supérieure à 5 %. D'où le modèle ne souffre pas d'omission de variables importantes.

§ Test de stabilité des coefficients

Dans le cadre de cette étude les tests de Cusum et de Cusum carré ont été effectués (Annexe N°5, Graphiques 5 et 6). Chaque test montre que la courbe correspondante ne coupe pas le corridor. Le modèle est donc structurellement stable et ponctuellement stable.

2.2.2.2- Présentation des résultats du modèle 2de disponibilité alimentaire.

Les résultats issus de l'estimation du modèle à correction d'erreur (MCE), sont présentés dans le tableau ci-après :

Tableau5 : Présentation des résultats de l'estimation du modèle 2

Variables explicatives

Coefficient

Erreur standard

Test de Student

[Prob]

dPALH

dIMPORTnet

dAAL

-0,5020E-9

0,3409E-8

-0,4635E-7

0,1432E-9

0,9514E-9

0,2659E-7

-3,5065

3,5828

-1,7427

0,003

0,003

0,102

dPOPA

dINVEST

dSUBV

dPRIX

0,8071E-3

0,5547E-9

0,8935E-8

-1,7782

0,1640E-3

0,1136E-9

0,2615E-8

0,41086

4,9216

4,8823

3,4171

-4,3280

0,000

0,000

0,004

0,001

ecm (-1)

-0,66301

0,16283

-4,0718

0,001

dDIALJ = DIALJ-DIALJ(-1) ; dPALH = PALH-PALH(-1) ; dIMPORTNET = IMPORTNET-IMPORTNET(-1);dAAL = AAL-AAL(-1) ; dPOPA = POPA-POPA(-1) ; dSUBV = SUBV-SUBV(-1) ; dIPRIX = IPRIX-IPRIX(-1) ; ecm = DIALJ -0,33699*PALH + 0,5020E-9*IMPORTNET -0,3409E-8*AAL + 0,4635E-7*POPA-0,8071E-3*INVEST -0,5547E-9*SUBV -0,8935E-8*IPRIX

R-Squared

0,87646

R-Bar-Squared

0,81881

 

S.E. of Regression

139,1765

F-stat. F(7,15)

15,2029 [0,000]

 

Mean of Dependent Variable

58,7348

S.D. of Dependent Variable

326,9638

 

Residual Sum of Squares

290551,4

Equation Log-likelihood

-141,2421

 

Akaike Info. Criterion

-149,2421

Schwarz Bayesian Criterion

-153,7840

 

DW-statistic

2.4674

 

 

 

Diagnostic Tests

Test Statistics

LM Version

F Version

 

 

A:Serial Correlation

CHSQ(1)= 4.6830[.030]

F(1,14)= 3,5793[0,079]

 

 

B:Functional Form

CHSQ(1)= 1,5603[0,212]

F(1,14 )= 1,0188[0,330]

 

 

C:Normality

CHSQ(2)= 0,85741[0,651]

NA

 

 

D:Heteroscedasticity

CHSQ(1)= 0,0010151[0,975]

F(1,21) = 0,9268E-3[0,976]

 

 

Source : Estimation sous Microfit

De l'examen des résultats de la régression, il ressort que le coefficient associé à la force de rappel est négatif ( ) et significative au seuil de 1%. Il existe donc bien un mécanisme à correction d'erreur. A long terme les déséquilibres entre la disponibilité alimentaire par habitant par jour et les variables explicatives se compensent de sorte que les séries ont des évolutions similaires.

· Qualité de la régression

De l'examen des résultats d'estimation (Tableau 2), il ressort que le coefficient de détermination multiple R² = 0,88 indique que la qualité de la régression du modèle est bonne. C'est-à-dire que les fluctuations de la disponibilité alimentaire sont expliquées à 88% par les variables explicatives du modèle.

· Significativité des variables du modèle.

Il s'agit de tester si chacune des variables figurant dans le modèle contribue significativement à l'explication de la variable endogène. C'est-à-dire si chacun de ces coefficients est significativement différent de zéro au sens de Student.

De l'examen des résultats d'estimation(Tableau 2), il ressort que les coefficients des différentes variables significativement différents de zéro (0) sauf celui de l'aide alimentaire qui est significatif au seuil de 10%. Il y a donc un rapport de cause à effet entre ces variables explicatives et la variable expliquée. Pour apprécier la qualité de notre modèle quelques tests sont donc effectués.

· Tests classiques sur le modèle de disponibilité alimentaire.

Ø Test de normalité de Jarque-Bera

Le test de normalité permet de savoir si les erreurs du modèle suivent une loi normale ou pas. Le test de Jarque-Bera, encore appelé test de Skewness-Kurtosis permet de tester la normalité des erreurs. Le test d'hypothèses est le suivant :

Ho : les erreurs suivent une loi normale ;

H1 : les erreurs ne suivent pas une loi normale.

La statistique de Jarque-Bera est définie de la façon suivante :

Où S est le coefficient de dissymétrie et K le coefficient d'aplatissement.

On accepte Ho si la valeur de prob > chi2 est supérieure à 5% et on accepte H1 dans le cas contraire. La valeur de la probabilité prob = 0,651 (Tableau 2) attachée à la statistique de Jarque-Bera est supérieure à 5 %. Alors, les erreurs du modèle suivent une loi normale.

Ø Test d'autocorrélation sérielle des résidus

La probabilité attachée à la statistique de Lagrange est Prob = 0,030 (Tableau 2), est inférieure à 5%. On accepte l'hypothèse d'homoscédasticité des résidus.

Ø Test de spécification de Ramsey

Ce test permet d'observer si le modèle souffre d'omission de variables importantes. La valeur de la probabilité attachée à la statistique de Ramsey est 0,212 (Tableau 2) supérieure à 5 %. On en déduit que le modèle ne souffre pas d'omission de variables importantes.

Ø Test du multiplicateur de Lagrange

Ce test d'hétéroscédasticité permet en réalité de savoir si la variance conditionnelle du terme d'erreur sachant Xi est une constante ou non.

Le test d'hypothèses est le suivant :

Ho : Modèle homoscédastique ;

H1 : Modèle hétéroscédastique.

La probabilité (Prob = 0,975) est supérieure à 5%. On accepte l'hypothèse d'homoscédasticité.

2.2.2.3- Analyse des effets des subventions d'intrants agricoles sur la production alimentaire par habitant au Bénin de 1990 à 2013

De l'examen des résultats du modèle de production alimentaire, nous pouvons dégager les conclusions ci- après :

v La valeur ajoutée agricole par travailleur a une influence positive et significative au seuil de 1% sur la production alimentaire nationale par habitant. Une augmentation de 1% de la valeur ajoutée par travailleur entraine une hausse de la production alimentaire par habitant de 4,63%. Ce résultat conforme aux attentes théoriques suggère que les décisions de production des agriculteurs béninois sont fortement liées aux bénéfices qu'ils en tirent de leur activité agricole.Cela signifie que les produits alimentaires servent pour la plupart de spéculation. Ceci peut se traduire par une hausse courante des prix des produits alimentaires et rendre ces produits inaccessibles aux populations.

v Les subventions d'intrants agricoles ont une influence positive et significative au seuil de 10% sur la production alimentaire. Ce résultat conforte les théories sur l'intensification de l'utilisation des intrants agricoles à travers les subventions. Cependant, pour le compte du Bénin cette influence est négligeable. En effet, une hausse de 1% des subventions d'intrants agricoles ne se traduit que par une augmentation de 0,08% de la production alimentaire.

2.2.2.4- Analyse des effets des subventions d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire par habitant au Bénin de 1990 à 2013

De l'examen des résultats du modèle de disponibilité alimentaire par personne, nous pouvons dégager les conclusions ci- après :

v La production alimentaire nationale par habitant (PALH) a une incidence négative et significative au seul de 1% sur la disponibilité alimentaire par habitant au Bénin. Le fait que la production alimentaire nationale soit négativement liée à la disponibilité alimentaire ne comble pas nos attentes théoriques mais conforte les prédictions de Sen (1981), selon lesquelles, des situations d'insécurité alimentaire peuvent coexister avec une abondante production. Ce résultat peut être expliqué par le fait que la disponibilité alimentaire prend en compte outre le fait que l'alimentation est disponible physiquement, l'accessibilité équilibrée aux populations et la qualité nutritive de la nourriture disponible. Ceci est dû au phénomène de pauvreté qui prend de l'ampleur et ne permet pas à tous les citoyens béninois d'avoir accès à la nourriture faute de moyens financiers. Ceci interpelle les acteurs à divers niveaux de prendre des mesure dans ce sens pour rendre beaucoup plus accessible l'alimentation à la population.

En effet, Amartya Sen (1981) à travers ses travaux sur les famines, aborde la sécurité alimentaire dans une approche plus globale basée sur la notion de droit d'accès à l'alimentation. L'idée étant que même dans le cas où l'offre alimentaire est suffisante, certains ménages peuvent avoir un accès limité à la nourriture du fait de conditions d'échange défavorables ou d'une insuffisance de moyens.

v Les importations alimentaires nettes (IMPORTnet) influence positivement et significativement au seuil de 1% la disponibilité alimentaire par habitant. Cela peut s'expliquer par le fait que les aliments importés sont beaucoup plus accessibles à la population et rentre beaucoup plus dans leurs habitudes alimentaires. Ceci pose un problème de souveraineté alimentaire d'autant plus que les importations alimentaires sont devenues une composante essentielle de la sécurité alimentaire au Bénin. Par ailleurs, la sécurité alimentaire contrairement à l'autosuffisance alimentaire ne fait pas référence à une stratégie de développement autocentré mais s'inscrit dans une logique de développement fondée sur la spécification internationale et les avantages comparatifs (Azoulay et Dillon, 1993)

v Les aides alimentaires (AAL) ont une incidence négative et significative au seuil de 10% sur la disponibilité alimentaire par personne. Ce résultat contraire à la théorie économique peut être expliqué par le fait que les aides alimentaires ont un caractère marginal dans l'offre alimentaire disponible au Benin. Cela est dû au fait que ces aides alimentaires sont beaucoup plus orientées vers les centres d'orphelinat, de refugiés ou parfois sont nécessaires qu'en cas de catastrophes naturelles (inondations surtout).

v La population active agricole (POPA) a une incidence positive et significative au seul de 1% sur la disponibilité alimentaire par habitant. Ce résultat conforme aux attentes théoriques explique bien le fait que la majeur partie des béninois vivent dans les campagnes et s'adonnent beaucoup plus aux activités du monde rural.

v L'investissement agricole (INVEST) a une influence positive et significative au seuil de 1% sur la disponibilité alimentaire par habitant. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que le gouvernement accorde beaucoup plus d'intérêt à l'agriculture et du fait que des investisseurs privésse dirigent beaucoup plus vers le secteur agricole compte tenu des atouts dont dispose le Bénin en matière de potentiels agricoles.

v Les subventions d'intrants agricoles (SUBV), variable pertinente de cette étude a une incidence positive et significative au seul de 1% sur la disponibilité alimentaire. Une augmentation de 1.000.000 FCFA du montant des subventions d'intrants agricoles engendre une hausse de la disponibilité alimentaire de 893,5 kilocalories par personne et par jour. Ce résultat très pertinent révèle le fait que les interventions publiques sont nécessaires dans le secteur agricole. Ceci rentre dans le cadre de l'amélioration de la productivité agricole ce qui peut conduire à la réduction des prix des produits agricoles et les rend beaucoup plus accessibles. Ces résultats confirment la théorie de Fontaine (1991), sur l'intensification de l'utilisation des intrants agricoles à travers des politiques de soutien public via la subvention.

v L'indice des prix des produits vivriers a une influence négative sur la disponibilité alimentaire par habitant. Ce résultat conforme aux attentes théoriques révèle que lorsque les prix des produits vivriers augmentent, cela les rend inaccessibles et peut aggraver l'insécurité alimentaire. Cela interpelle les autorités et tous les acteurs du monde rural à veiller au bon fonctionnement du marché des produits agricoles. Plus clairement, l'instabilité des prix contribue à accroitre le nombre de personnes ayant une consommation alimentaire insuffisante au sens de la FAO. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que, face à des situations d'instabilité des prix alimentaires sur les marchés, les consommateurs, généralement «Price Taker», adoptent des comportements visant à ajuster leur niveau de consommation.

SYNTHESE DES RESULTATS, VALIDATION DES HYPOTHESES ET SUGGESTIONS

Cette étude est consacrée à l'analyse des effets des mesures de politique agricole sur la sécurité alimentaire au Bénin sur la période de 1990 à 2013. A l'issue de l'étude, nous pouvons vérifier les hypothèses et faire des recommandations.

· Synthèse des résultats

Cette étude est consacrée à l'analyse des effets des mesures de politique agricole sur la sécurité alimentaire. Il a été élaboré dans un premier temps, un modèle 1 à correction d'erreur des déterminants de la production alimentaire nationale, estimé par l'approche de la coïntégration à la Hendry et dans un second temps il a été élaboré, un modèle 2 à correction d'erreurde disponibilité alimentaire, estimé par une approche ARDL.

A cet effet, les résultats issus de l'estimation du modèle économétrique élaboré sur la production alimentaire révèlent que les subventions des intrants agricoles ont une influence positive sur la production alimentaire par habitant. Une hausse de 1% des subventions d'intrants agricoles se traduit par une augmentation de 0,08% de la production alimentaire.

Les résultats issus de l'estimation du modèle économétrique élaboré sur la disponibilité alimentaire révèlent que les subventions des intrants agricoles ont une influence positive sur la disponibilité alimentaire. Une augmentation 1.000.000 FCFA du montant des subventions d'intrants agricoles engendre une hausse de la disponibilité alimentaire de 893,5 kilocalories par personne par jour.

· Validation des hypothèses

Les conclusions de l'analyse des résultats issus des estimations des modèles nous permettent de vérifier les hypothèses :

H1 : Les subventions d'intrants agricoles influencent positivement la production alimentaire au Bénin.Cette hypothèse est vérifiée car à travers les résultats des estimations du modèle 1, les subventions d'intrants agricoles ont une incidence positive sur la production alimentaire par habitant.

H2 : Les subventions d'intrants agricoles ont une incidence positive sur la disponibilité alimentaire au Bénin.Cette hypothèse est également vérifiée car à travers les résultats des estimations du modèle 2, les subventions d'intrants agricoles ont une incidence positive sur la disponibilité alimentaire par habitant.

· Suggestions

Considérant que le phénomène de l'insécurité alimentaire prend de plus en plus de l'ampleur au Bénin, il urge que les autorités du pays prennent des mesures pour assurer à leurs populations la sécurité alimentaire qu'il faut. Après avoir étudié « les mesures de politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin : cas des subventions d'intrants agricoles », les résultats nous permettent de recommander à ces différents responsables de :

§ Stimuler la production agricole nationale en faisant recours aux subventions des moyens de production (engrais chimiques, pesticides, matériels agricoles).

§ Créer un cadre favorable aux investisseurs privés afin de les motiver à investir plus dans le secteur agricole pour accroître la capacité productive du pays. Ceci va permettre à l'Etat d'orienter les investissements publics vers la construction d'infrastructures rurales afin de rendre accessible la nourriture produite surtout dans les localités enclavées. Aussi, ces investissements publics peuvent se concentrer dans la recherche, la diffusion de technologies et d'information et les aménagements communautaires en soutien au développement des activités de production, de transformation et de commercialisation des produits agricoles. Ceci peut être possible grâce l'opération rapide du Fonds National de Développement Agricole (FNDA) en équivalence avec le Fonds Régional de Développement Agricole de l'UEMOA. En effet, les perspectives du financement de l'agriculture dans le Plan National d'Investissement Agricole (PNIA) tournent autour de la mise en place des fonds de garantie, de calamité et d'assurance, le renforcement des capacités et le renforcement des fonds propres et des lignes de crédit des institutions de financement à travers la création du Fonds National de Développement Agricole (FNDA).

§ Prendre des mesures visant à stabiliser les prix des produits agricoles. L'Etat peut garantir aux producteurs locaux des prix supérieurs aux prix internationaux afin d'accroître la production et de garantir l'autosuffisance alimentaire. L'opérationnalisation de ces mesures passe par l'offres aux producteurs des garantis comme des contrats de rachat des surplus.

§ Mettre au point des réglementations et des normes nationales touchant l'innocuité des produits alimentaires. Ceci peut être possible grâce à la mise en place d'organismes d'évaluation des risques et des politiques nationales touchant l'alimentation et le développement des agro-entreprises.

§ Dynamiser la recherche agronomique nationale afin qu'elle puisse non seulement poursuivre les activités de recherches adaptatives mais aussi améliorer la fertilité des bas-fonds après leur mise en culture et élaborer des systèmes d'exploitation plus rentables et plus durables des bas-fonds.

§ Encourager la consommation local en facilitant aux acteurs des filière agricoles les conditions d'acquisition d'équipements performants et adaptés permettant de produire à moindre coût et d'obtenir de produits de bonnes qualités organoleptiques et donc plus compétitifs.

§ Renforcer les capacités de l'ONASA à travers l'acquisition et la conservation des stocks de vivres et la multiplication des boutiques témoins tout en veillant à ce que les produits soient véritablement destinés aux groupes cibles.

CONCLUSION

Par suite de cette étude sur « Mesures de politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin : cas des subventions d'intrants agricoles », nous a permis de nous rendre compte de l'ampleur de l'insécurité alimentaire dans le pays. Conscients de cette situation, de nombreux travaux ont été effectués par des auteurs, institutions et acteurs politiques. Cependant, le phénomène persiste toujours au Bénin. L'étude a montré que les différents travaux existants sur la sécurité alimentaire n'abordent pas ou ne font pas ressortir l'incidence des mesures de politique agricole sur la sécurité alimentaire. Le manque de travaux pertinents sur la sécurité alimentaire au Bénin a sans doute entraîné la persistance de l'insécurité alimentaire. Pour mieux analyser les effets des subventions d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire, nous avons élaboré et estimé un modèle de production alimentaire et un modèle de disponibilité alimentaire. Ces modèles nous ont permis de se rendre compte que les subventions d'intrants agricoles ont une influence positive sur la production alimentaire et sur ladisponibilité alimentaire. Ce résultat interpelle les autorités publiques a adopté des politiques agricoles basées sur l'intensification de l'utilisation des intrants agricoles à travers les subventions.

Les résultats révèlent également que la valeur ajoutée agricole a un effet positif sur la production alimentaire nationale et quecette production alimentaire nationale tout comme l'indice des prix des produits vivriers ont une incidence négative sur la disponibilité alimentaire. Ceci pose un problème d'accessibilité alimentaire et invite les acteurs à divers niveaux à prendre des mesures d'amélioration de la qualité des produits afin de motiver leur consommation locale et des mesures de stabilisation des prix des produits alimentaires dans le souci de les rendre accessibles aux citoyens.

Cela rentre dans le cadre du financement de l'agriculture à travers les investissements agricoles. Ces investissements qui dans le cadre de cette étude ont des effets positifs sur la sécurité alimentaire au Bénin. Il va falloir que l'Etat garantisse un climat des affaires propice aux investisseurs privés afin de les motiver à se diriger beaucoup plus vers les secteurs et plus particulièrement vers le secteur agricole.

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TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT I

DEDICACES II

REMERCIEMENTS III

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS IV

LISTE DES TABLEAUX VI

LISTE DES GRAPHIQUES VI

SOMMAIRE VII

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE 1

INTRODUCTION 1

1.1- CONTEXTE, JUSTIFICATION ET PROBLEMATIQUE 2

1.2- LA REVUE DE LITTERATURE 6

1.2.1- APPROCHE CONCEPTUELLE 6

1.2.1.2- La sécurité alimentaire 8

1.2.1.2.1- Le concept de sécurité alimentaire et ses déterminants 8

1.2.1.2.2- Les indicateurs de la sécurité alimentaire 10

1.2.1.2.3- Groupes de sécurité alimentaire 11

1.2.1.2.4- Les causes de l'insécurité alimentaire 11

1.2.2- La revue de la littérature théorique 12

1.2.2.1- Cadre théorique d'analyse de sécurité alimentaire 12

1.2.2.1.1- L'alimentation et la théorie économique 12

1.2.2.1.1.1- La satisfaction des besoins alimentaires selon la théorie économique 13

1.2.2.1.1.1.1- L'analyse mercantiliste 13

1.2.2.1.1.1.2- L'analyse libérale 14

1.2.2.1.1.1.3- La remise en cause de l'analyse libérale 15

1.2.2.1.1.2- L'indépendance alimentaire selon la théorie économique 15

1.2.2.1.1.2.1- L'objectif d'indépendance alimentaire invariant dans le temps 15

1.2.2.1.1.2.2- L'indépendance alimentaire par le protectionnisme ou le libre échange 16

1.2.2.1.1.3- Les causes de la faim selon la théorie économique 17

1.2.2.1.13.1- L'analyse malthusienne 17

1.2.2.1.13.2- L'analyse d'Amartya Sen 18

1.2.2.1.2- Les politiques publiques de lutte contre la faim 19

1.2.2.1.2.1- Politique d'augmentation du ratio disponibilité alimentaire/population 19

1.2.2.1.2.1.1- La stimulation de la production nationale 19

1.2.2.1.2.1.2- Importations commerciales et aides alimentaires 20

1.2.2.1.2. 2- Les politiques d'abaissement et de stabilisation des prix alimentaires 21

1.2.2.2- Cadre théorique d'analyse de politique agricole 22

1.2.2.2.1- Les arguments en faveur d'une libéralisation des échanges agricoles 22

1.2.2.2.2- Les raisons en faveur de l'interventionnisme 23

1.2.2.2.3- La thèse néoclassique sur les subventions d'intrants agricoles. 23

1.2.3- La revue de littérature empirique 24

1.3- OBJECTIFS ET HYPOTHESES 27

1.4- METHODOLOGIE Erreur ! Signet non défini.

1.4.1- Les données et leurs sources. 28

1.4.2- Les modèles conceptuels 28

· Méthode d'estimation 35

· Signes attendus des coefficients des variables du modèle 35

· Tests statistiques 37

CHAPITRE 2 : POLITIQUE AGRICOLE ET SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN 38

2.1- POLITIQUE AGRICOLE ET POLITIQUE DE SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN 38

2.1.1- Politique agricole du Bénin de 1990 à nos jours 38

2.1.2- Mesures de politique agricole au Bénin de 1990 à nos jours 40

2.1.2.1- Les politiques de prix 40

2.1.2.2- Les politiques de production 40

2.1.2.3- Les Accords de Partenariat Economique APE 42

2.1.2- Politique de sécurité alimentaire 42

2.1.2.1- Historique de la politique de sécurité alimentaire 42

2.1.2.2- Politique de sécurité alimentaire au Bénin 43

2.2- PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS 49

2.2.1- Analyse de l'évolution des variables et statistiques descriptives 50

2.2.1.1- Analyse de l'évolution de la production alimentaire nationale 50

2.2.1.2- Analyse de l'évolution des importations alimentaires. 51

2.2.1.3- Analyse de l'évolution des exportations alimentaires. 51

2.2.1.4- Analyse de l'évolution comparée des subventions d'intrants agricoles et de la disponibilité alimentaire. 52

2.2.1.5- Analyse de l'évolution des aides alimentaires. 54

2.2.2.3- Analyse des effets des subventions d'intrants agricoles sur la production alimentaire par habitant au Bénin de 1990 à 2013 61

2.2.2.4- Analyse des effets des subventions d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire par habitant au Bénin de 1990 à 2013 61

SYNTHESE DES RESULTATS, VALIDATION DES HYPOTHESES ET SUGGESTIONS 64

CONCLUSION 67

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 68

ANNEXES A






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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo