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Mesures de politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin: cas des subventions d'intrants agricoles

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par Senghor LAGA
Université d'Abomey-Calavi - DEA/Master recherche 2015
  

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ABSTRACT


This study focuses on "agricultural policy and food security measures in Benin: case of agricultural inputs and subsidies." The general objective is to analyze the effects of the subsidy for agricultural inputs on food availability in Benin. Specifically, it is firstly to analyze the effects of agricultural input subsidies on food production and on the other, to assess the effects of agricultural input subsidies on food availability Benin. The analysis covers the period from 1990 to 2013 and used secondary data. It was developed as a first step, a model 1 error correction determinants of domestic food production, estimated by the approach of cointegration to Hendry and in a second time it was developed, a model 2 correction food availability error, estimated by ARDL approach. Results from Model 1 show that farm input subsidies and agricultural value added has a positive effect on food production in Benin. As for the results of Model 2, they reveal that the agricultural input subsidies, net food imports, the agricultural labor force and agricultural investment have a positive impact on food availability while domestic food production, food aid and the index of food prices have a negative impact on food availability per person per day.

Keywords: agricultural policy measures, food security, cointegration to Hendry, ARDL.

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE

INTRODUCTION

L'agriculture fut et reste une source de richesses incontestable pour les pays de l'Afrique alors même que la concurrence mondiale ne cesse de s'exercer en leur défaveur. Nombres d'observateurs considèrent en effet que ces pays ont souvent été lésés par les subventions agricoles à la production et à l'exportation engagées par les pays du Nord (Goreux, 2003 ; Tockarik, 2003 ; ODI, 2004). En tant que politique commerciale agricole, les subventions ont été utilisées pour stabiliser dans certains cas les revenus des agriculteurs et dans d'autres relancer la production. C'est le cas par exemple de la communauté  Européenne (CE) en 1970, qui dans le cadre de la politique Agricole Commune (PAC) garantissait des prix élevés aux agriculteurs européens en rachetant les produits agricoles chaque fois que les prix tombaient en dessous d'un certain seuil d'intervention. Cette politique a eu pour conséquence la stabilisation des revenus des agriculteurs et la stimulation de la production, en l'occurrence celle du blé où des stocks furent constitués afin de maintenir stable les prix.

Prenant conscience du rôle important des subventions dans le développement de l'agriculture, le gouvernement béninois a introduit ces mesures dans sa politique agricole. Ces mesures vont prendre d'ampleur dans les années 2000 puisque l'Etat a injecté entre les campagnes agricoles 2000-2001 et 2008-2009 globalement 67,126 Milliards de FCFA dans la filière coton pour garantir le prix au producteur du coton-graine suite à l'effondrement des cours sur le marché international, pour maintenir le prix des engrais à un niveau incitatif et pour apurer les dettes qui paralysaient la filière. Ces subventions ont été efficaces dans la mesure où elles ont permis de rétablir l'équilibre financier de la CSPR et de redonner confiance aux producteurs et égreneurs et à accroitre la production en moyenne de 26% (Gossou et al. 2010).

Plus spécifiquement, ces mesures ont été prises en 2008-2009 pour le compte des produits vivriers à travers le Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) mis en place par le gouvernement en décembre 2007 pour juguler la crise alimentaire. Ce qui a permis d'aider les producteurs en termes de distribution gratuite de semences, de subventions pour l'aménagement sommaire des bas-fonds, de l'encadrement rapproché...

Malgré ces efforts, le phénomène d'insécurité alimentaire reste un problème au Bénin. Classé 165è sur 187 pays selon l'indice de développement humain (IDH), le Bénin fait partir des pays les plus pauvres du monde (RNDH, 2013-2014). Les statistiques font état de ce que 23% des ménages ont une consommation alimentaire inadéquate ne leur permettant pas de vivre une vie saine et active : 5% ont une consommation alimentaire pauvre et 18% une consommation alimentaire limite (AGVSA, 2014). En 2012, le Bénin occupe la 38è place sur 79 pays suivant le classement de l'IFPRI avec un indice de la faim (GHI) de 14,2 contre 16,8 en 2001 (IFPRI, 2012).

C'est dans le but d'apporter une contribution à l'analyse de l'efficacité des mesures de politique agricoles dans la promotion de la sécurité alimentaire au Bénin que cette étude est envisagée. Elle vise surtout à montrer l'incidence des subventions d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire. Pour ce faire, le travail est divisé en deux chapitres.

Le premier chapitre porte essentiellement sur la problématique et la méthodologie de l'étude.

Le deuxième chapitre est consacré à la présentation et à l'analyse des résultats de l'étude puis aux recommandations de politiques économiques qui en découlent.

1.1 CONTEXTE, JUSTIFICATION ET PROBLEMATIQUE

L'activité économique du Bénin est essentiellement basée sur l'agriculture qui constitue la principale source de création de richesse et d'entrée de devises importantes (RNDH, 2013-2014). Lesecteur agricole occupe 70% de la population active et contribue en moyenne à 34,3% du PIB. Il procure environ 88% des recettes d'exportation du pays et participe à hauteur de 15% aux recettes de l'Etat. Le taux de croissance du secteur a varié de 4,2 à 1,4% entre 2007 et 2010 puis atteint 5,2 et 6,4% respectivement en 2011 et 2012 avant de s'infléchir légèrement à 6,3 en 2013 (MAEP, 2013).

Malheureusement cette hausse de la production n'est pas le résultat de l'amélioration de la productivité mais est due plutôt à l'augmentation des superficies cultivées.En effet la contribution qu'une amélioration de la productivité a apporté à l'accroissement de la production agricole a été limitée, voire nulle. La principale source de croissance demeure l'expansion horizontale, c'est-à-dire la mise en culture de nouvelles terres. Etant donné les pressions de plus en plus intenses qui s'exercent sur les ressources agricoles, une accélération de l'augmentation de la production agricole, particulièrement là où les possibilités d'expansion des terres sont limitées, exigera une amélioration continue de la productivité agricole, qui est actuellement relativement faible. Une telle amélioration est possible à condition de s'attaquer efficacement à des contraintes comme le manque d'incitations favorables, des investissements publics limités en milieu rural et l'insuffisance de l'appui institutionnel(RNDH, 2013-2014).

Le consensus sur l'intensification de l'utilisation des intrants agricoles n'est pas récent. Dès les années 1950, selon Fontaine (1991), il a donné lieu à des politiques de soutien à l'utilisation des intrants via la subvention, suivant les raisonsque Lele et al (1989) ont avancé : les justifications de la subvention étaient a) permettre l'apprentissage dans l'utilisation d'un intrant nouveau b) réduire le risque lié à l'utilisation et aider à limiter les contraintes de liquidité c) aider les paysans pauvres d) aider au maintien de la fertilité des sols e) compenser les effets d'une politique de taxation des prix agricoles. Par ailleurs, il était admis que la distribution des intrants par les organismes publics était la solution la plus simple (Fontaine, 1991).

Au Bénin, les subventions d'intrants agricoles étaient beaucoup plus orientées vers la culture du coton. Les autres cultures particulièrement les spéculations vivrières ont bénéficié de moins d'intrants spécifiques en 2012 comparativement à l'année 2009 avec la mise en oeuvre du Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA). Dans ce cadre, Soulé et al (2011) ont montré qu'avec la mise en oeuvre au Bénin du PUASA qui a permis la distribution de semences améliorées et des engrais spécifiques aux producteurs agricoles en 2008-2009, la production de produits vivriers particulièrement du riz a augmenté de 113% par rapport à son niveau de 2007 et de 187% par rapport à son niveau de 2003. Selon le RNDH (2013-2014), les taux d'accroissement du tonnage d'engrais mis à la disposition des producteurs sont de 11% pour le coton, -4,61% pour les cultures vivrières et -94,78% pour les intrants halieutiques. Ces résultats reflètent les attentes du programme d'ajustement structurel intervenu dans les années 1990 avec un fort intérêt pour la production du coton.

Les dépenses publiques affectées au secteur agricole pendant la période 2006-2011 ont atteint en moyenne 8,91% des dépenses publiques (MDAEP/DGIFD/DIP, 2013). On peut noter que ce niveau est encore faible par rapport à la cible de l'Union Africaine retenue en 2003 lors des accords de Maputo en Mozambique renouvelé en 2014 à Malabo en Guinée Equatoriale, qui est d'allouer au moins 10% des budgets à l'agriculture pour une croissance agricole d'au moins 6%.

Face à cette réalité, et dans le contexte national, le Gouvernement béninois a mis en oeuvre une série de réformes visant à créer les bases d'une croissance accélérée à travers le développement d'une agriculture efficiente dans le but d'améliorer les conditions de vie des populations.

Lesecteur agricole est doté spécialement d'un Plan Stratégique de Relance qui met en relief trois défis majeurs portant sur (i) la couverture des besoins alimentaires, (ii) l'accroissement des revenus, et (iii) l'amélioration de l'attractivité de l'activité agricole et du milieu rural. Ces trois défis confèrent au secteur agricole le double rôle d'accélération de la croissance économique et de la contribution à la réduction de la pauvreté, d'où la vision de "Faire du Bénin, une puissance agricoledynamique à l'horizon 2015, compétitive, attractive, respectueuse del'environnement, créatrice de richesse répondant aux besoins dedéveloppement économique et social de la population" (SCRP3, 2011-2015).

Au Bénin, l'insécurité alimentaire, mesurée par le score de consommation alimentaire (SCA) du PAM, s'est aggravée entre 2008 et 2010. Elle touche en particulier les ménages dirigés par les femmes et les populations rurales. L'Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition (AGVSAN) conduite en novembre et en décembre 2008 a permis d'estimer à 972.000 le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire, soit 12% des ménages. En outre, 1.048.000 personnes (13,2% des ménages) sont en risque d'insécurité alimentaire.

En 2010, la situation s'est considérablement détériorée. La proportion de ménages en insécurité alimentaire a presque triplé pour se situer à 33,6% et ceux à risque s'est accru à 21,6%. Ainsi, plus du tiers des ménages béninois sont touchés par l'insécurité alimentaire et un peu plus d'un ménage sur cinq est en risque d'insécurité alimentaire (EMICoV, 2010). Selon le Rapporteur Spécial du droit à l'alimentation (de Schutter, 2009) suite à une visite effectuée du 12 au 20 Mars 2009 à l'invitation du Gouvernement béninois, la couverture des besoins journaliers en énergie ne dépasse guère 1300 kilocalories au lieu des 2400, minimum nécessaire à un adulte moyen de 65 kg pour une vie active normale et 33 des 77 Communes que compte le Bénin sont en insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique.

En 2013, l'Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA) a montré que par rapport à 2008 les ménages avec une consommation alimentaire inadéquate ont presque doublé. Au niveau national, 23% des ménages ont une consommation alimentaire inadéquate ne leur permettant pas de vivre une vie saine et active : 5% ont une consommation alimentaire pauvre et 18% une consommation alimentaire limite (AGVSA, 2014).

Face à la vulnérabilité de l'agriculture due aux aléas climatiques et la persistance de la récente crise alimentaire mondiale au Bénin, le gouvernement a pris des mesures de politique agricole qui sont entre autre selon le Rapport National sur le Développement Humain (RNDH, 2010-2011) :

ü La mise en oeuvre du Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) dont les objectifs sont : (i) la croissance des volumes de production vivrière, surtout le riz, le maïs et les principales racines et tubercules (ii) l'amélioration des techniques de conservation et de transformation (iii) la constitution d'un stock de sécurité pour 12 mois de 80,000 t de riz blanchi et 150,000 t de maïs

Les activités du PUASA se présentent comme suit: (i) distribution de semences améliorées et des engrais spécifiques aux producteurs agricoles déjà actifs sur des superficies de plus de 5 ha pour les champs individuels et plus de 10 ha pour les groupements (ii) Système des crédits avec caution solidaire (iii) mise en place des motopompes. Aussi, Le PUASA a permis de doter les agriculteurs des intrants spécifiquement destinés aux cultures vivrières (riz et maïs), de mettre en place des crédits subventionnés et d'effectuer des aménagements de bas-fonds. La production vivrière s'est alors accrue de 39,5%. Cependant, la baisse des appuis du PUASA aux producteurs agricoles au regard des contraintes budgétaires n'a pas permis à l'élan ainsi insufflé de se poursuivre.

ü La mise en ouvre du Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV) qui vise à apporter un appui à 500 entrepreneurs agricoles dans les vallées du Niger et de l'Ouémé à travers deux différentes composantes : l'aménagement hydro agricole des vallées et l'apport des mesures d'accompagnement.

De tout ce qui précède, il ressort clairement que la sécurité alimentaire reste un grand problème au Bénin, malgré les énormes efforts d'intensification de l'agriculture en passant par la promotion des filières.Il urge donc de mener des réflexions sur l'efficacité des multiples mesures de politique agricole mises en oeuvre au Bénin. C'est pourquoi le thème de cette étude se focalise sur : Mesures de politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin : cas des subventions d'intrants agricoles. Ainsi, on se pose la question de savoir : Quels sont les effets des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Bénin ? Cette question principale fait naître d'autres questions spécifiques à savoir :

ü Les subventions d'intrants agricoles ont-elles permis une amélioration de la production alimentaire au Bénin ?

ü Les subventions d'intrants agricoles ont-elles permis d'améliorer le niveau de sécurité alimentaire au Bénin ?

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