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Pour une bonne exploitation de textes litteraires (cas du poeme). Etude de cas a l'ecole secondaire 12 de Outubro-Nampula 2014

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par Ibraimo Suja
Universite Pedagogique-Mozambique-Nampula - Maitrise 2015
  

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5. Etude du Poème

Les Souffles

Écoute plus souvent 
Les choses que les Êtres 
La Voix du Feu s'entend, 
Entends la Voix de l'Eau. 
Écoute dans le Vent 
Le Buisson en sanglots : 
C'est le Souffle des ancêtres. 

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l'Ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l'Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l'Eau qui coule,
Ils sont dans l'Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :
Les Morts ne sont pas morts.

Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s'entend,
Entends la Voix de l'Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C'est le Souffle des Ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis
Qui ne sont pas sous la Terre
Qui ne sont pas morts.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le Sein de la Femme,
Ils sont dans l'Enfant qui vagit
Et dans le Tison qui s'enflamme.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans le Feu qui s'éteint,
Ils sont dans les Herbes qui pleurent,
Ils sont dans le Rocher qui geint,
Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure,
Les Morts ne sont pas morts. Birago Diop, 1947

5.1. Notre Commentaire Littéraire

ü Sa forme n'apparaît pas très régulière : une structure libre qui peut faire penser à une chanson (présence d'un refrain), des vers très hétérogènes (octosyllabe, hexasyllabe, alexandrin, et même ennéasyllabe), des rimes disposées irrégulièrement et parfois pauvres.

ü Une première lecture nous met en contact avec un discours injonctif dont les acteurs sont indéterminés : son didactisme fait penser à quelque leçon adressée par un homme âgé recru d'expérience à un public plus jeune.

ü Le paratexte (le nom de l'auteur, Birago Diop, le titre de l'oeuvre et la présence dans le texte du mot "case") nous renvoient à un contexte africain et mythologique qui peuvent valider nos premières ancêtres.

ü Hypothèses de lecture : s'agit-il d'un discours issu de la tradition populaire qu'un poète africain de langue française adresserait à un public (ses compatriotes, les Africains) qu'il souhaiterait voir plus attentif aux voix de la Nature.

ü Le personnage qui parle, dans ce poème, s'est fait adepte de la gnose, avec l'intention d'initier aux mystères de l'après vie. Il prêche un certain naturalisme qu'il définit comme la base de l'ontologie négro-africaine. Il proclame à cet effet son dissentiment sur le statisme de la nature qui est plutôt une force dynamique, animée d'un souffle vital. L'auteur rejoint l'assertion de Charles Baudelaire dans les « Correspondances », selon laquelle. (1er Strophe).

Ø A l'instar de Baudelaire, l'auteur entend révéler les mystères de la Nature en déchiffrant les émissions sonores qu'elle produit à travers ses éléments. Le poète distingue, dans « Souffles », deux voix qu'il invite à capter afin que l'homme puisse atteindre à la connaissance ésotérique de notre existence : la voix des êtres et celle des choses. (2eme Strophe).

Ø L'auteur fait une représentation spirituelle des morts dont seules les voix à travers la Nature sont caractéristiques de leur existence. Ils forment un esprit collectif, et leur omniprésence leur confère une position privilégiée : celle de pouvoir observer tout en restant invisibles. Les morts sont donc en position de surveiller notre existence et peut-être d'en dicter le déroulement. Car il importe avant tout de saisir la signification de ces voix multiples et variées. (4eme Strophe).

Ø La reconnaissance de la manifestation existentielle des morts à travers les voix de la Nature est tout d'abord un signe de soulagement chez l'homme qui demeure rassuré de son infinité. Mais la présence des morts doit aussi nourrir, chez l'homme, des marques d'inquiétude et d'angoisse si l'on retient que le poète identifie certaines voix comme des plaintes. C'est à cet effet qu'on entend « le Buisson en sanglots, l'Arbre qui frémit, le Bois qui gémit, les Herbes qui pleurent... » Le lecteur est éclairé sur la raison de ces réactions affectives, car le poète formule les avertissements de la sagesse pour inciter au renouveau des pratiques religieuses déjà bafouées. (4eme Strophe).

Ø Le poète prêche le culte des ancêtres pour garantir un meilleur sort aux hommes. C'est parce que les ancêtres sont dotés d'un pouvoir quasi suprême pour servir de protection à la progéniture de la race.

Ø Dans les « Souffles », l'auteur nous enseigne toute l'essence de la nature, nous offrant, à l'occasion, « l'explication orphique de la Terre, qui est le seul devoir du poète et le jeu littéraire par excellence.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld