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à‰tude de la flore vasculaire, de la végétation et des macrophytes aquatiques proliférants dans le delta du fleuve Sénégal et le lac de Guiers (Sénégal)

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par Abou THIAM
Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) - Doctorat dà¢â‚¬â„¢Etat ès Sciences Naturelles 2012
  

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4.5 Invasion du delta du fleuve Sénégal par Salvinia molesta D.S. Mitchell.

Salvinia est nommé d'après Antonio Maria Salvini (1633-1729), un professeur de grec à l'Université de Florence qui aidait le botaniste Pier Antonio Micheli (1679-1737) dans ses études ; molesta vient du Latin molestus qui signifie «gênant » ou «ennuyant » et se réfère au comportement de mauvaise herbe dans les canaux et les systèmes de stockage de l'eau (Parsons W.T. & Cuthberson, 2001).

Salvinia molesta est originaire du sud-est du Brésil (Forno and Harkey, 1979). Depuis 1930, la plante a été introduite dans les régions tropicales et subtropicales variées où elle est devenue une menace sérieuse comme Eichhornia crassipes (la jacinthe d'eau) (Room et al., 1981). La plante a été signalée dans plus de 20 pays dans le Monde (Olivier, 1993). Elle a été mentionnée dans plusieurs pays en Afrique du Sud (Guillarmod, 1979). S. molesta a eu un développement explosif dans le lac Kariba (Zimbabwe) au début des années 60 après la mise en place de barrages (Boughey, 1963 ; Mitchell, 1969). Depuis 1984, elle figure sur la liste des plantes nuisibles aux Etats-Unis et il est prohibé de l'importer dans le pays (McFarland et al., 2004).

La plante n'est pas mentionnée dans les flores autochtones et introduites du Sénégal (Adam, 1962; Berhaut, 1967 ; Berhaut, 1971-1979; Lebrun, 1973). Cette fougère aquatique de la famille des Hydroptéridées n'a pas été citée non plus dans les études anciennes et récentes de la flore aquatique de la région du delta du fleuve Sénégal et le lac de Guiers (Trochain, 1940 ; Adam, 1960 ; Adam, 1964 ; Thiam, 1984 ; Thiam et al., 1993 ; Thiam et Ouattara, 1997; Thiam, 1998).

Au cours d'une mission botanique dans la région, nous avons récolté le 18 mars 1999, pour la première fois, Salvinia molesta D.S. Mitchell dans un canal d'irrigation communiquant avec le fleuve Sénégal aux environs du village de Ronkh (N 1631'388 et W 16 06'346). A partir de ce site, la plante s'est rapidement propagée sur de nombreux plans d'eau et bassins du delta et le lac de Guiers. Dans les premiers mois de 2000, la situation a empiré ; toutes les surfaces d'eau en contact direct avec le fleuve ont été infestées. En fin septembre 2000, Salvinia est présente partout dans le delta et le lac de Guiers et menace les périmètres hydro-agricoles, le barrage de Diama (Figures 58 & 59) et le parc national du Djoudj. L'envahissement des plans d'eau par Salvinia molesta a notamment eu pour conséquences (Triplet et al. 2001) :

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- le blocage des pompes pour l'irrigation;

- l'augmentation des zones favorables au développement des moustiques et certains mollusques vecteurs de maladies liées à l'eau;

- l'impossibilité pour les oiseaux d'eau de se poser;

- les risques d'invasion des rizières qui sont connues comme des zones de développement privilégiées pour l'espèce ;

- les difficultés de navigation sur le fleuve et le lac (Figure 59) ;

- les difficultés voire l'impossibilité de pêcher;

- les difficultés pour le bétail d'accéder à l'eau;

- les risques de manque d'eau potable pour les villes de Dakar et de Saint

Louis qui dépendent grandement du fleuve et du lac de Guiers pour leur alimentation en eau;

A ces menaces au plan local et national s'ajoutent d'autres conséquences graves au plan mondial car le delta du fleuve Sénégal joue un rôle irremplaçable pour de nombreuses espèces d'oiseaux migratrices. Ce rôle a été reconnu de longue date et a abouti à la création dans la région en plus du Parc national des oiseaux du Djoudj, le Parc national de la Langue de Barbarie, la réserve de faune de Gueumbeul et la réserve de faune du Ndiael (Anonyme, 1998). En définitive, le développement explosif de Salvinia molesta est devenu une contrainte supplémentaire à l'exploitation des ressources agricoles et halieutiques de la région et un frein aux activités touristiques génératrices de revenus importants pour les populations de la région et l'Etat sénégalais.

Face à la menace et aux nuisances provoquées par la plante, différents moyens de lutte ont été mis en oeuvre pour contrôler l'expansion de la fougère. Il s'est agi de la lutte manuelle, mécanique et biologique. La lutte biologique avec Cyrtobagous salviniae a freiné l'extension de la peste végétale (Pieterse et al. 2003; Diop 2006).

Compte tenu des problèmes posés par la prolifération de la fougère, nous avons étudié, au moment de l'invasion, la présence, l'abondance de la plante et analysé quelques paramètres de l'eau dans laquelle se développaient les tapis de Salvinia. L'objectif visé était d'avoir une meilleure connaissance des conditions de qualité d'eau favorables à la pullulation de la fougère dans le delta et le lac de Guiers.

Figure 58 - Envahissement des écluses du barrage de Diama par S. molesta, Novembre 1999

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Figure 59 - Masse dense de S. molesta, barrage de Diama, Novembre 1999

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4.5.1 Matériels et méthodes

En novembre 1999, soit six mois après la récolte de la plante pour la première fois, nous avons remonté le fleuve de Diama à Débi pour évaluer l'extension de la plante et analyser quelques paramètres physico-chimiques de l'eau qui baigne les peuplements de Salvinia. Il a été procédé à l'inventaire et à l'estimation de l'abondance des macrophytes aquatiques au niveau de 11 sites (Tableau 29) Deux années plus tard, en mars 2001, nous avons de nouveau parcouru la région du delta et le lac de Guiers. En plus des sites visités en 1999, nous avons observé la plante au niveau de 13 autres stations situés plus en aval.

Pour l'estimation de l'abondance des macrophytes, l'échelle suivante a été utilisée:

+++ = Très abondant (supérieur à 75 %)

++ = Abondant (entre 30 et 75 %)

+ = Peu abondant (inférieur à 30 %)

- = Rare

Les coordonnées géographiques des sites ont été établies avec un GPS Panasonic model KX-G5500.

Le pH et la conductivité de l'eau ont été déterminés sur place avec des appareils portatifs. Les nitrates, les nitrites et les phosphates ont été analysés au laboratoire sur des échantillons d'eau prélevés et conservés dans une glacière avant acheminement au laboratoire. Les analyses de la qualité des eaux ont été effectuées dans les 11 sites d'observation visités lors de la mission effectuée en 1999.

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