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Les instruments du Copax face au enjeux sécuritaires en Afrique centrale

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par Cyr Revelli MBA ABESSOLO
Université Omar Bongo - Master recherche en Géographie 2014
  

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Chapitre II : Les logiques et les acteurs de l'irénisme en Afrique centrale

En dépit ou plutôt à cause des conflits, le rôle de la CEMAC et de la CEEAC dans leur gestion s'est précisé au fil des années. Le 25 octobre 2002 a été lancée la première mission régionale de maintien de la paix avec la Force multinationale en Centrafrique (FOMUC) et la CEEAC a progressivement mis sur pied son dispositif institutionnel de paix et de sécurité dans le cadre de l'architecture continentale dessinée par l'Union africaine (UA). Ce chapitre a donc pour objectif de nous montrer les origines de la coopération sous régionale en matière de paix et de sécurité partant de la CEMAC, jusqu'à nos jour ce qui nous permettra de comprendre comment on est arrivé à la mise en place de nos deux instruments qui sont au coeur de nos préoccupation.

  I. La recherche de la paix et la sécurité sous-régionale

L'instabilité persistante de la RCA a été le leitmotiv de la coopération sous-régionale en matière de paix et de sécurité. Cela s'est matérialisé d'abord par la création de la Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB), puis par création de la Force multinationale Centrafrique (FOMUC), qui prit le relais pour maintenir la paix dans ce pays.

I.1. La création de la Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB)

Les pays d'Afrique centrale ont joint pour la première fois leurs efforts multilatéraux de maintien de la paix au milieu des années 1990 et une nouvelle fois au début des années 2000, lors de l'envoi de deux missions multinationales de maintien de la paix en RCA. Les crises récurrentes et la faiblesse étatique chronique du pays en avaient fait un terrain d'essai idéal pour la coopération sécuritaire. Suite à son élection à la tête de la RCA en 1993, le président centrafricain Ange-Félix Patassé a très vite commencé à se servir de l'appareil d'Etat à son profit, s'aliénant ceux qui n'appartenaient pas à son ethnie. En avril 1996, les doléances sociales généralisées ont donné lieu à des violences, quand l'armée, réclamant le paiement de trois mois d'arriérés de salaire, a affronté la garde présidentielle. Deux autres mutineries en mai et en novembre ont causé des dizaines de morts et conduit à la création d'un gouvernement d'unité nationale. En novembre, l'armée française, déployée pour prévenir une escalade, a perdu deux soldats. Les représailles contre les mutins ont valu à la France d'être clouée au pilori médiatique, ce qui l'a incité par la suite à rechercher des moyens de maintien de la paix politiquement moins coûteux dans son ancienne colonie66(*).

En décembre 1996, la France a convié un sommet franco-africain à Ouagadougou, au Burkina Faso, où six pays (Gabon, Tchad, Burkina Faso, Mali, Sénégal et Togo) se sont mis d'accord pour mettre des troupes à disposition de la Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB), créée à l'occasion. Bénéficiant du soutien financier et logistique de la France, et ultérieurement d'un mandat des Nations unies, la force de 750 hommes a été rapidement déployée après le sommet afin de veiller au respect de l'accord de paix entre le gouvernement et les rebelles et de superviser le processus de désarmement. Suite à la mort de certains de leurs soldats, les troupes de la MISAB se sont livrées à des représailles, dont la violence a de loin surpassé celle des troupes françaises. En juin 1997 ils ont pilonné les banlieues sud de Bangui à l'arme lourde. La mort d'innocentes victimes et les dommages matériels ont fait perdre à la MISAB son image de neutralité aux yeux des civils. Ses troupes se sont retirées en avril 1998, le gouvernement français n'étant plus disposé à financer cet instrument trop imprévisible. Cette première mission multilatérale a constitué un essai ayant clairement besoin d'être repensé, mais également un précédent pour les pays africains participant à des opérations de maintien de la paix et au déploiement de telles missions en Afrique centrale.

I.2. Création de la Force multinationale Centrafrique (FOMUC)

En 1999, Patassé a remporté les élections présidentielles, mais une tentative de coup en mai 2001 a déclenché de nouveaux affrontements, sur fond ethnique, avec les forces de sécurité à Bangui. Le président en a imputé la responsabilité au chef d'état-major des armées, le général François Bozizé, qui a alors pris la fuite au Tchad pour former son propre groupe rebelle avec le soutien du voisin tchadien. Craignant pour sa sécurité, Patassé a fait appel à la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD)67(*), une initiative de l'ancien président libyen Mouammar Kadhafi, qui a déployé environ 300 soldats de Libye, du Soudan et de Djibouti en décembre 2001 pour sécuriser Bangui. En octobre 2002, les chefs d'Etat des six membres de la CEMAC ont décidé d'envoyer une force régionale de maintien de la paix à Bangui pour remplacer celle de la CEN-SAD. La paix et la sécurité ne font alors pas partie du mandat strictement économique de la CEMAC, mais la CEEAC, alors en construction pour devenir la structure régionale de promotion de la paix et de la sécurité, n'est ni politiquement ni institutionnellement prête à assumer ce rôle. Omar Bongo a pris la tête de cette initiative, désireux d'investir des ressources politiques et financières dans une mission en RCA afin de renforcer son statut de chef de file régional et de réaffirmer son influence en RCA face à celle de Kadhafi. Pour Patassé assiégé, cette force mandatée par les dirigeants de la CEMAC pour protéger les institutions étatiques était une reconnaissance bienvenue de sa légitimité. Trois semaines plus tard, les soldats loyaux à Bozizé ont tenté un autre coup à Bangui. Ils ont été repoussés par les combattants étrangers défendant Patassé, mais la détérioration de la situation sécuritaire a motivé à juste titre l'envoi d'une force de maintien de la paix68(*).

En décembre 2002, la Force multinationale en Centrafrique (FOMUC) s'est déployée à Bangui, pour y rester jusqu'en juillet 2008. Au plus fort de sa présence, la mission militaire a atteint 380 soldats du Gabon, de la République du Congo, du Tchad et du Cameroun. Affirmant son leadership politique, Omar Bongo s'est assuré que les deux commandants à la tête de la force pendant ses six années de mission étaient gabonais. La France, de nouveau, a fourni un soutien financier et logistique conséquent, mais l'Union européenne a porté la majorité du fardeau financier à partir de 2004. L'Allemagne a aussi financé l'équipement. Le mandat de la FOMUC était de protéger Patassé et de sécuriser Bangui69(*). Cependant, le fait qu'elle n'ait pas tenté de prévenir le second coup réussi de Bozizé le 15 mars 2003 démontre clairement que le mandat approuvé par une institution régionale pèse moins lourd que la volonté des présidents de la région. Les relations entre Patassé et Idriss Déby, le président tchadien, s'étaient en effet sérieusement détériorées après qu'ils s'étaient accusés mutuellement de soutenir leurs opposants réciproques. Déby, Joseph Kabila, président de la RDC, Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo et Omar Bongo, doyen régional, avaient tous donné à Bozizé leur aval et avaient dit à la FOMUC de ne pas intervenir.43 Le 3 juin, les chefs d'Etat de la CEMAC ont reconnu collectivement le nouveau gouvernement de Bozizé.

En réponse à cette nouvelle donne, la CEMAC a chargé la FOMUC de superviser le processus de transition et de réconciliation et d'assister la préparation des élections de mai 2005. Quand les rébellions ont éclaté dans le Nord en 2005- 2006, des troupes furent déployées dans les villes provinciales de Bozoum et Paoua dans le Nord-Ouest pour sécuriser la frontière tchadienne et Bria à l'Est. Le principal mandat de la force est demeuré la défense des institutions de l'Etat et son domaine d'action est resté limité aux questions militaires. Les résultats à long terme de la mission dans le pays restent, en conséquence, limités. La présence anodine de la FOMUC en RCA a aplani le terrain pour une coopération sécuritaire plus approfondie en démontrant aux bailleurs qu'une force multinationale africaine peut être déployée à un coût considérablement moins élevé que celui d'une mission internationale, et sans menacer les civils, comme cela a été le cas avec la MISAB. La non-interférence de la mission dans le renversement de Patassé a également rassuré les dirigeants d'Afrique centrale sur le fait que le déploiement d'une force régionale ne les empêcherait pas de réaliser leurs objectifs politiques dans d'autres pays. A l'opposé, la présence de la force a conféré à cette transition non démocratique une plus grande légitimité régionale. C'est donc avec un enthousiasme prudent que la poursuite d'une coopération sécuritaire régionale plus approfondie a été envisagée en Afrique centrale.

L'expérience de cette coopération sécuritaire en RCA, a conduit les chefs d'Etats de cette partie du continent à mettre progressivement en place tout un système sous-régional de sécurité et de défense dont le maître d'oeuvre sera la CEEAC. Celle-ci a été choisie par l'Union Africaine pour traduire en actes dans la sous-région le projet continental de paix et de sécurité.

* 66 Voir le Rapport Afrique de Crisis Group N°136, République centrafricaine : anatomie d'un Etat fantôme, 13 décembre 2007, p. 9-11.

* 67 La CEN-SAD a été créée en 1998.

* 68 En plus des troupes de la CEN-SAD, Kadhafi avait envoyé des troupes libyennes, dans un cadre bilatéral, afin de protéger Patassé. A la demande de ce dernier, Jean-Pierre Bemba, le chef du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), un groupe rebelle en RDC opposé à Laurent-Désiré Kabila, avait également envoyé ses hommes en RCA afin de se battre pour Patassé.

* 69 Les chefs d'Etat approuvent le statut de la force multinationale en RCA », Agence France-Presse, 15 février 2003.

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