WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les instruments du Copax face au enjeux sécuritaires en Afrique centrale

( Télécharger le fichier original )
par Cyr Revelli MBA ABESSOLO
Université Omar Bongo - Master recherche en Géographie 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.2. La CEEAC et son nouveau rôle de promoteur de paix et de sécurité  

Le 6 février 1998, à Libreville, les dix chefs d'Etat de la CEEAC ont tenu leur deuxième sommet extraordinaire qui s'est conclu par la décision de réactiver l'organisation sous- régionale et d'élargir ses attributions au-delà du champ économique originel pour inclure la promotion de la paix et de la sécurité. Cette nouvelle orientation devait devenir la raison d'être de l'organisation alors que ses fonctions économiques se présentaient de plus en plus comme marginales, la CEMAC couvrant à peu près le même domaine, pour un groupe d'Etats plus restreint. L'idée était de créer une structure institutionnelle par le biais de laquelle les Etats membres pourraient élaborer des réponses politiques et militaires promptes et efficaces face à l'émergence d'une nouvelle crise et contribuer à prévenir les conflits, protégeant ainsi le développement économique de la région. De par sa taille, les décisions de la CEEAC et ses interventions bénéficieraient d'une impartialité et d'une légitimité essentielle aux yeux des parties au conflit et des observateurs internationaux73(*).

Au moment de sa renaissance, la CEEAC s'est trouvée confrontée à la fois à la méfiance de nombreux dirigeants d'Afrique centrale, hésitants à s'engager dans un projet d'intégration potentiellement contraignant, et à un contexte politique peu favorable dans plusieurs pays. La République du Congo, la RDC, le Tchad, le Burundi, le Rwanda et l'Angola sortaient tout juste de guerres civiles et s'acheminaient vers une consolidation intérieure incertaine. Au Cameroun, le caractère réservé de Paul Biya constituait un frein à son engagement plus visible dans ce nouveau projet. De son côté, la Guinée Equatoriale n'avait pas les moyens de ses ambitions. Seul le Gabon paraissait actif sur la scène régionale. Les talents politiques du président Omar Bongo ainsi que ses soutiens extérieurs ont compensé les moyens économiques et militaires plutôt limités du pays et lui ont conféré un rôle central74(*). Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso tenaient particulièrement à la renaissance de la CEEAC. Le premier cherchait à rehausser son profil régional et international par des moyens convenant à son statut de doyen des présidents d'Afrique centrale. Sassou Nguesso, de son côté, venait de sortir victorieux d'une sanglante guerre civile en 1997, qui avait laissé Brazzaville en ruines75(*). Il a donc pris un rôle de premier plan dans la renaissance de la CEEAC pour légitimer son régime et redorer son image ternie. La réserve de Laurent-Désiré Kabila à l'égard de la CEEAC a joué en sa faveur. Kabila venant tout juste de remporter la première guerre du Congo, la consolidation de son pouvoir constituait un défi plus urgent76(*). En l'absence d'autres prétendants, Sassou Nguesso s'est assuré que la fonction de secrétaire général incombe à l'un de ses compatriotes, Louis-Sylvain Goma77(*).

En janvier 1999, la demande de l'Angola, qui avait jusqu' alors un statut d'observateur, de devenir membre permanent de la CEEAC a été acceptée. Bien que le commerce extérieur du pays soit principalement tourné vers le Sud de l'Afrique, l'implication historique de la RDC dans les conflits internes à l'Angola constituait un motif légitime pour le président José Eduardo Dos Santos de rechercher une plus grande influence en Afrique centrale. En reconnaissance de la richesse pétrolière de l'Angola et de sa supériorité militaire, le poste de secrétaire général adjoint chargé des questions de paix et de sécurité lui a été attribué78(*).

Photo : Siège de la CEEAC à Libreville (Gabon)

Cliché : Cyr Revelli Mba Abessolo, 3 mars 2013.

Pour l'essentiel de ce deuxième chapitre, retenons que la coopération sécuritaire en Afrique centrale est à l'origine le fait d'une mission interafricaine dénommée MISAB. Après l'échec de la MISAB, la CEMAC a pris le relais en 2002 en envoyant une force sous-régionale de maintient de la paix qui avait pour objectif de remplacer celle de la CEN-SAD appelée en renfort par le président Patassé. La CEEAC qui avait été choisi par l'Union Africaine lors de son initiative de rationalisation des CERs en Afrique, deviendra le maître d'oeuvre de l'architecture de paix et de sécurité en Afrique centrale.

CONCLUSION PARTIELLE

L'Afrique centrale est considérée aujourd'hui de manière unanime comme une des régions les plus instables du monde79(*). Cette instabilité se caractérise par la récurrence des conflits armés et désormais la montée de la criminalité transfrontalière, du terrorisme et de la piraterie maritime dans le Golfe de guinée. La première préoccupation des chefs d'Etats de la sous-région était d'éradiquer le phénomène de la conflictualité qui sévissait la quasi-totalité de la sous-région durant les années 90. C'est ainsi que la première coopération sécuritaire en Afrique centrale aura lieu en RCA en 1996 avec la création de la Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB) qui regroupait six pays africains à savoir le Gabon, le Tchad, le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et le Togo. L'échec de cette mission a permis aux Etats de l'Afrique centrale d'unir pour la première fois leur force en envoyant des troupes en RCA. C'est ainsi que fut crée en 2002 la Force multinationale de l'Afrique centrale (FOMUC). L'expérience d'une coopération militaire exclusivement centrafricaine va amener les dirigeants de cette sous région à mettre en place de manière progressive tout un système continental de sécurité et de défense dont le maître d'oeuvre sera la CEEAC qui a été choisi par l'Union Africaine dans le cadre de son projet de rationalisation de CERs et qui est désormais en charge des questions de paix et de sécurité. C'est sous l'ère de la CEEAC en tant que maître d'oeuvre de l'architecture de paix et de sécurité que va se mettre en place le Comité consultatifs et permanent de Nations Unies sur les questions de paix et de sécurité en Afrique centrale(CCPNUQSAC) en 1986, puis de la signature du Pacte de non-agression en 1994, suivi du Pacte d'assistance mutuelle qui a été signé en même temps que le protocole relatif au Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale (COPAX) en 2000. Le COPAX qui est la pierre angulaire des mécanismes de paix et de sécurité en Afrique centrale dispose de deux instruments de mise en oeuvre qui sont le MARAC et la FOMAC et qui font l'objet d'une analyse dans la partie qui va suivre.

* 73 Voir Rapport de Crisis Group, n°18.1, op cit. , p.9.

* 74 Sur la conjoncture politique régionale au moment de la relance de la CEEAC, voir Hakim Ben Hammouda, L'intégration régionale en Afrique centrale. Bilan et perspectives (Paris, 2003) et Angela Meyer, « Regional integration and securityin Central Africa - Assessment and perspectives 10 years after the revival », Egmont - The Royal Institute for International Relations, Paper 25, décembre 2008.

* 75 « Trois guerres civiles en dix ans », Libération, 19 juin 2002. Sassou Nguesso aurait aussi financé le premier immeuble de la CEEAC à Libreville. Entretien de Crisis Group, cadre de la CEEAC, Bangui, RCA, 24 janvier 2004.

* 76 Entretien réalisé par Crisis Group, diplomate d'Afrique centrale, Libreville, Gabon, 24 mars 2011.

* 77 Louis Sylvain-Goma est de Pointe-Noire, en République du Congo. Il a suivi une formation militaire en France et s'est élevé au rang de chef des forces armées en 1974. Il fut Premier ministre du 18 décembre 1975 au 7 août 1984, sous trois présidents, le dernier étant Sassou Nguesso. Il a par la suite occupé une série de positions politiques avant de rejoindre la compagnie pétrolière Agip Congo de 1992 à 1998.

* 78 Sur la structure interne de la CEEAC, voir le chapitre III. B du rapport de Crisis Group n°181.

* 79 Selon une étude réalisée en 2010 par le Fonds pour la paix

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon