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Création d'entreprises en guinée : cas des jeunes de Conakry

( Télécharger le fichier original )
par Siba Théodore KOROPOGUI
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Unité Universitaire à Conakry (UCAO-UUCo) - Master en Gestion des Projets et Développement 2017
  

Disponible en mode multipage

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CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE GUINÉE

UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST - UNITÉ UNIVERSITAIRE À CONAKRY

FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE GESTION

PARCOURS -MANAGEMENT DE PROJETS

ANNÉE UNIVERSITAIRE 2014 - 2016

4È PROMOTION

MÉMOIRE DE MASTER

THÈME

CRÉATION D'ENTREPRISES EN GUINÉE : CAS DES JEUNES DE CONAKRY

Candidat Sous la Direction de

Siba Théodore KOROPOGUI Dr Mory SIOMY

Présenté et soutenu à Conakry, le 25 mars 2017

CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE GUINÉE

UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST - UNITÉ UNIVERSITAIRE À CONAKRY

FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE GESTION

PARCOURS - MANAGEMENT DE PROJETS

ANNÉE UNIVERSITAIRE 2015 - 2016

4È PROMOTION

THÈME

CRÉATION D'ENTREPRISES EN GUINÉE : CAS DES JEUNES DE CONAKRY

CANDIDAT : SIBA THÉODORE KOROPOGUI

DIRECTEUR DE MÉMOIRE : DR. MORY SIOMY

CHEF DE DÉPARTEMENT : M. YAO STANISLAS AGBENO

DIRECTEUR DES MASTERS : DR. DAOUDA KOMAN

DIRECTEUR ADJOINT CHARGÉ DES ÉTUDES : M. RAYMOND MARIE AUGUSTIN GNIMASSOU

AVANT-PROPOS

Ce mémoire s'intitule création d'entreprises en Guinée : cas des jeunes de Conakry. Il se consacre à l'analyse de la dynamique de création d'entrepriseschez les jeunes. Une analyse d'autant importantequ'en Guinée du fait qu'on accorde, depuis un certain temps, une attention particulière à l'entrepreneuriat. Il est considéré comme solution à l'emploi des jeunes et des femmes, bien qu'il existe toujours d'énormes difficultés en ce qui concerne la mise en oeuvre des politiques favorables à sa réussite.

Nous nous sommes intéressés à cette thématique pour deux raisons fondamentales. Premièrement, nous avons constaté qu'il y a peu (pour ne pas dire pas) d'études réalisées en Guinée sur l'entrepreneuriat surtout en ce qui concerne les jeunes. Pourtant, la réussite des initiatives, surtout innovantes, nécessite une analyse approfondie afin que leur mise en oeuvre permette d'atteindre le but ultime visé.

Une seconde motivation est le regard que nous portons sur la situation des jeunes guinéens en général. Ce regard nous amène à penser que si des précautions ne se prennent pas maintenantpar les politiques pour pallier à certains problèmes auxquels ils font face, le pays risque gros dans un proche avenir.

Les jeunes constituent l'espoir et l'avenir de la nation. Ils doivent donc être préparés à assumer cette responsabilité qui les attend. Malheureusement, les politiques sont à des années lumières des défis. Au regard des conditions de vie qu'ils traversent actuellement, l'espoir en un lendemain meilleur semble utopique pour eux. Le désoeuvrement est actuellement leur principale caractéristique, ce qui amène nombre d'entre eux à se livrer à des actes délictueux qui menacent la quiétude publique et sociale.

S'intéresseravec sérieuxà lasituation des jeunes favoriserait une meilleure prise de conscience. La mise en oeuvre de cette étude s'inscrit dans la droite ligne de cette préoccupation. L'étude se consacre principalement à la politique d'emploi la plus en vogue ces dernières années et qui a porté ses fruits dans de nombreux pays : la promotion de l'entrepreneuriat.

Le but recherché à travers cette étude est d'approfondir notre compréhension des facteurs de blocageau passage des jeunesdela ville de Conakry à l'acte entrepreneurial.C'est, d'une certaine façon, une aventure à la recherche des facteurs qui freinent la réussite des programmes d'appui à l'auto-emploi chez les jeunes.

Cette aventure dans ce monde complexe de l'entrepreneuriat se veutcontribuer à l'avancement des connaissances dans le domaine et encourager un approfondissement de la thématique pour une politique favorable à la lutte contre la pauvreté et à l'émergence d'une société guinéenne autonome et prospère.

L'étude comporte plusieurs articulations dont les fondamentales touchent, d'une part, l'analyse et la compréhension de la vision des jeunes du phénomène entrepreneurial, ainsi que leur appropriation de la démarche entrepreneuriale et, d'autre part, cellesdespolitiques en place pour booster l'entrepreneuriat jeune dans la ville de Conakry.

REMERCIEMENTS

Ce mémoire est le fruit d'un long processus de travail laborieux dont la réussite n'a été possible que grâce à l'appui que nous avons reçu de part et d'autre. Nous tenons à remercier :

E Notre créateur, souverain de l'univers de qui nous devons la vie, pour nous avoir permis d'arriver à bout de ce travail ;

E Docteur Mory Siomy qui a accepté de diriger cette recherche. Nous lui sommes reconnaissant pour l'attention particulière qu'il a accordée à tout le processus de réalisation du présent travail. Ses conseils et orientations nous ont permis de mener à bien cette étude ;

E Notre épouse Sény Béatrice Haba, notre fille Geneviève Odette, notre soeur Odette et notre frère Fassou Pascalpour avoir accepté de se priver du copieux temps que nous avons accordé à la réalisation de ce travail ;

E Nos oncles, tantes, grand-mère, beaux-parents pour leur soutien qui nous a permis de persévérer dans ce travail ;

E Docteur Daouda Koman, directeur des masters de l'UCAO-UUCo1(*), pour avoir contribué à l'amélioration de nos outils de collecte et sa relecture du présent mémoire pour des fins d'amélioration. Ses orientations nous ont permis de peaufiner le contenu du présent mémoire ;

E Les autorités de l'UCAO - UUCo, en particulier le vice-président Monsieur Raymond Marie Augustin Gnimassou pour ses conseils et encouragements qui ont été une source de motivation pour nous ;

E Tous les enseignants du programme de master management de projets pour leur disponibilité et leurs conseils pleins d'amour qui nous ont permis d'affiner nos outils de collecte. Nos remerciements vont particulièrement vers le Professeur Alpha Amadou Bano Barry, grâce aux conseils de qui nous avons été à même d'élaborer et de faire validerle protocole de recherche ayant servi de base à nos investigations ;

E Nous exprimons également notre reconnaissance envers Docteur Daniel Lamah pour son appui à la réussite du présent travail, surtout sa contribution à la production de la carte de la zone d'enquête avec la localisation des enquêtés ;

E Tous les membres de notre jury de soutenance pour avoir accepté juger de la qualité de ce travail. Notamment Docteur Kefing Condé, vice-président du jury, ainsi que les autres membres précédemment cités (Pr. Alpha Amadou Bano Barry, Dr. Daniel Lamah, Dr. Daouda Koman et Dr. Mory Siomy) ;

E Nos camarades de la 4è promotion du master management de projets pour leurs encouragements et leur abnégation qui nous ont donné du souffle dans la poursuite de nos investigations ;

E Nos collaborateurs de l'Association « Centre de recherche sociale et d'appui au développement »(A/CERESAD) pour leurappui lors de la collecte des données ;

E Nos collègues de l'Association Coginta et particulièrement Docteur Malek Garbouj pour ses conseils et orientations dans l'utilisation des techniques informatiques pour le traitement des données quantitatives ; ainsi que Laura Perchat, pour avoir fait une relecture du présent mémoire. Ses commentaires nous ont permis d'améliorer le contenu du document ;

E Tous ceux auprès de qui nous avons collecté les données ayant servi à l'analyse et la production de ce mémoire pour avoir accepté de se prêter à nos questions ;

E Que tous ceux qui de près ou de loin ont participé directement ou indirectement sous quelque forme que ce soit à la réussite de ce projet trouvent ici l'expression de notre gratitude.

DÉDICACE

À notre chère fille Geneviève Odette

À la mémoire de nos défunts parents Siba et Geneviève Sandy

RÉSUMÉ

Ce mémoire se propose d'analyser le processus et les dispositifsentrepreneuriaux guinéens. Pour mieux cerner les contours de la thématique, l'extension de l'étude s'est limitée à l'une des variantes du monde de l'entrepreneuriat. Il s'agit de son application à la couche juvénile. L'objectif recherché est de comprendre et d'expliquer les facteurs qui constituent un handicap au passage des jeunes à l'acte entrepreneurial.

L'étude s'intéresse à la ville de Conakry, capitale de la République de Guinée et zone de concentration de la plupart des entreprises du pays. Les cibles de l'étude sont en particulier les jeunes. Nous les avons catégorisés en deux groupes. Le premier est constitué de jeunes n'ayant aucune expérience entrepreneuriale et le second de jeunes propriétaires d'entreprises. Il a été ajouté une autre cible en fonction de sa présomption d'implication. Il s'agit des structures d'appui à la création d'entreprises.

L'étude cherche à répondre à la question : qu'est-ce qui empêche le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial ? L'hypothèse de base ayant guidé les différentes investigations stipule que l'inadaptation des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune contribue à la complexité du processus entrepreneurial qui, à son tour, a un effet à la baisse sur la culture entrepreneuriale et handicape le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial.

Une approche de recherche mixte composée de techniques qualitatives et quantitatives a servi la mise en oeuvre de cette étude. Spécifiquement, l'enquête par questionnaire, l'entretien individuel semi-structuré et la recherche documentaire ont permis de collecter les données nécessaires à la compréhension et à l'explication du phénomène entrepreneurial des jeunes guinéens.

Les résultats obtenus montrent que les jeunes de Conakry sont animés d'une forte intention entrepreneuriale. Cela se voit à travers la vision positive qu'ils ont de l'entrepreneuriat et leur souhait de créer une entreprise dans les cinq années à venir. Cette intention est en large mesure liée à l'influence de l'environnement des jeunes (la famille, les voisins, bref l'entourage) qui les encourage généralement à se lancer dans une carrière entrepreneuriale.

Le principal problème à la création d'entreprises par les jeunesse situe au niveau du passage à l'acte de création lui-même. Peu de jeunes arrivent à transformer leurs intentions en véritable création.Ils ont souvent une mauvaise compréhensionde la notion de projet entrepreneurial. Quand ils le comprennent, ils préfèrent ne plus continuer.Ceux qui parviennent également à créer se rebutent à d'énormes difficultés quant à la gestion et au développement de l'entreprise ainsi créée.

Du point de vue des jeunes sans expérience entrepreneuriale, dès lors qu'ils prennent conscience de la question de financement de l'investissement de leurs projets, ils abandonnent croyant que, sans moyens financier, rien n'est plus possible. D'autres manquent de confiance en leur personne quant à leur compétence à gérer et à développer leurs affaires. La complexité du processus entrepreneurial qui leur est proposé est également un facteur qui contribue à baisser leur envie d'entreprendre.

Quant aux jeunes qui sont déjà passés à l'acte entrepreneurial, ils sont confrontés à des difficultés de plusieurs natures. Trouver des clients pour leurs produits/services, la faible rentabilité de l'entreprise qu'ils ont créée, la non croissance de l'entreprise sont autantdecontraintes auxquelles ilssont confrontés. Ces facteurs amènent également ceux qui n'ont pas encore créés à ne pas envisager créer pour ne pas se retrouver dans la même situation.

En plus, les entreprises créées par les jeunes évoluent dans des secteurs qui ne nécessitent pas un investissement important. Ainsi,de telles entreprises ne mobilisent généralement pas un chiffre d'affaires important. Elles ne permettent donc pas à leurspropriétairesd'atteindre les objectifs fixés, encore moins de se réaliser pleinement.

Du point de vue des politiques utilisées pour stimuler et appuyer les initiatives entrepreneuriales, il faut reconnaître qu'elles sont de type classique et donc, non holistes. Il n'y a que quelques structures qui s'occupent des questions entrepreneuriales. En plus, celles-ciconcentrent leurs efforts uniquement sur le développement de la création d'entreprisesplutôt que d'infuser aux jeunes d'abord la culture entrepreneuriale qui est un préalable et le fondement même d'un processus entrepreneurial planifié.

Quant à la stratégie utilisée pour appuyer l'entrepreneuriat des jeunes, de par sa nature traditionnelle, ne peut pas permettre une réussite entrepreneuriale. Elle met les jeunes dans un processus qu'ils ne maitrisent pas ou qu'ils ont du mal à maîtriser du fait de sa complexité. Cela limite ou retarde leur passage à l'action et contribue in fine à affaiblir leur culture entrepreneuriale.

Mots clés :accompagnement entrepreneurial -culture entrepreneuriale - processus entrepreneurial.

TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS i

REMERCIEMENTS iii

DÉDICACE v

RÉSUMÉ vi

LISTE DES FIGURES x

LISTE DES TABLEAUX xi

LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES xii

LISTE DES ANNEXES xiv

INTRODUCTION 1

PREMIÈRE PARTIE : DE LA PROBLÉMATIQUE À LA COLLECTE DES DONNÉES 5

CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE 5

Section 1 : Hypothèse de recherche 9

Section 2 : Objectifs de recherche 9

Sous-section 1 : Objectif général 9

Sous-section 2 : Objectifs spécifiques 9

CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE 10

Section 1 : Accompagnement entrepreneurial 10

Section 2 : Culture entrepreneuriale 12

Section 3 : Processus entrepreneurial 14

CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTÉRATURE 18

Section 1 : Paradigme de l'opportunité d'affaires 18

Section 2 : Paradigme des traits individuels 19

Section 3 : Paradigme du processus entrepreneurial 21

CHAPITRE IV : DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE 23

Section 1 : Techniques de collecte 23

Sous-Section 1 : Recherche documentaire 23

Sous-Section 2 : Enquête par questionnaire 24

Sous-Section 3 : Entretien individuel 24

Section 2 : Public cible et échantillonnage 25

Section 3 : Analyse des données 27

DEUXIÈME PARTIE : RÉSULTATS 29

CHAPITRE V : PRÉSENTATION DU CADRE D'ÉTUDE 29

CHAPITRE VI : PRÉSENTATION DES RÉSULTATS 33

Section 1 : Données quantitatives 33

Sous-section 1 : Profil des répondants 33

Sous-section 2 : Intention entrepreneuriale 37

Sous-section 3 : Motivations à la création d'entreprises 40

Sous-section 4 : Profil des entreprises de jeunes 43

Sous-section 5 : Profil des jeunes créateurs d'entreprises 46

Sous-section 6 : Jeunes et processus entrepreneurial 47

Section 2 : Données qualitatives 50

Sous-section 1 : Politique d'aide à la création d'entreprises pour jeunes 50

Sous-section 2 : Stratégie d'accompagnement des créateurs d'entreprises 51

Sous-section 3 : Obstacles à l'appui à la création d'entreprises 54

CHAPITRE VII : INTERPRÉTATION DES DONNÉES 57

Section 1 : Facteurs contribuant au développement de la culture entrepreneuriale et de l'entrepreneurship des jeunes de Conakry 57

Sous-section 1 : Entrepreneur : fruit de son milieu 57

Sous-section 2 : Carrière professionnelle et création d'entreprises 59

Sous-section 3 : Propension à l'autonomie et création d'entreprises 61

Sous-section 4 : Niveau d'instruction et création d'entreprises 62

Section 2 : Obstacles au développement de la culture entrepreneuriale et de l'entrepreneurship 64

Sous-section 1 : Processus entrepreneurial en cause 64

Sous-section 2 : Passage à l'acte entrepreneurial : goulots d'étranglement 67

Sous-section 3 : Politique d'appui à l'entrepreneuriat en cause 70

CONCLUSION 75

Bibliographie 78

Annexes XI

LISTE DES FIGURES

Figure 6.1 : Répartition des enquêtés par sexe et par commune (jeunes sans expérience entrepreneuriale) 34

Figure 6.2 : Répartition des enquêtés par niveau d'étude (jeunes sans expérience entrepreneuriale) 34

Figure 6.3 : Répartition des enquêtés par ethnie (jeunes sans expérience entrepreneuriale) 35

Figure 6.4 : Répartition des enquêtés par religion (questionnaire destiné aux jeunes sans expérience entrepreneuriale) 35

Figure 6.5 : Répartition des enquêtés par sexe et par commune (jeunes créateurs d'entreprises) 36

Figure 6.6 : Option de préférence des jeunes par sexe (jeunes sans expérience entrepreneuriale 38

Figure 6.7 : Raison du choix du domaine d'activité (jeunes sans expérience entrepreneuriale) 39

Figure 6.8 : Répartition des entreprises créées par les jeunes interviewés lors de l'enquête en fonction du secteur d'activité 44

Figure 6.9 : Nombre d'années d'existence des entreprises sondées 44

Figure 6.10 : Nombre d'employés de l'entreprise par secteur d'activité 45

Figure 6.11 : Formation des jeunes en entrepreneuriat et création d'entreprises 47

Figure 6.12 : Chiffres d'affaires réalisés par les entreprises des jeunes en GNF 48

Figure 6.13 : Fréquence du bilan des entreprises de jeunes 49

Figure 6.14 : Difficultés rencontrées par les jeunes créateurs d'entreprises 49

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 6.1 : Formation des jeunes en entrepreneuriat 36

Tableau 6.2 : Meilleur choix de carrière par âge (jeunes sans expérience entrepreneuriale) 37

Tableau 6.3 : Secteur d'activité souhaité par sexe (jeunes sans expérience entrepreneuriale) 39

Tableau 6.4 : Compétences nécessaires à un entrepreneur 41

Tableau 6.5 : Principales raisons du manque d'intérêt à la dynamique entrepreneuriale 42

Tableau 6.6 : Obstacles potentiels à l'entrepreneuriat chez les jeunes 42

Tableau 6.7 : Raison du manque d'intérêt à l'entrepreneuriat 43

Tableau 7.1 : Culture entrepreneuriale et participation à la gestion d'entreprises 60

Tableau 7.2 : Culture entrepreneuriale et expérience dans l'entreprise d'un proche 60

Tableau 7.3 : Culture entrepreneuriale et conviction de la réussite du projet entrepreneurial d'un proche avec qui le jeune a travaillé 61

Tableau 7.4 : Motivations à la création chez les jeunes sans expérience entrepreneuriale 62

Tableau 7.5 : Motivations du passage à l'acte entrepreneurial chez les jeunes créateurs d'entreprises 62

Tableau 7.6 : Meilleur choix de carrière et niveau d'instruction 63

Tableau 7.7 : Intention d'entreprendre et niveau d'instruction 63

LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

A/CERESAD 

:

Association « Centre de Recherche Sociale et d'Appui au Développement »

AGUIPE 

:

Agence Guinéenne pour la Promotion de l'Emploi

AMS 

:

Afric Managements Service

ANSEJ 

:

Agence Nationale de Soutien à l'Emploi des Jeunes

APIP 

:

Agence pour la Promotion des Investissements Privés

BIRD 

:

Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement

BIT 

:

Bureau International du Travail

BOCEJ 

:

Booster les Compétences pour l'Employabilité des Jeunes

CCI 

:

Chambre de Commerce et d'Industrie

CEC 

:

Centre Éducatif et Culturel

CECOJE 

:

Centre d'Écoute et d'Orientation des Jeunes

CFE 

:

Centre de Formalité des Entreprises

CNUCED 

:

Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

CPECG 

:

Coopérative Populaire d'Épargne et de Crédit de Guinée

CSV 

:

Command Separated Value

CVRCE 

:

Centre de Vigie et de Recherche sur la Culture Entrepreneuriale

DSRP 

:

Document de Stratégie de la Réduction de la Pauvreté

FMI 

:

Fonds Monétaire International

FONIJ 

:

Fonds National pour l'Insertion des Jeunes

GNF 

:

Guinée Nouveau Franc

HHI 

:

Harvard Humanitarian Initiative

INS 

:

Institut National de la Statistique

IRDES 

:

Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé

ISG 

:

Institut Supérieur de Gestion

MEAD 

:

Ministère des Affaires Étrangères et Développement.

MEETFP 

:

Ministère de l'Emploi, de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle

MP4/MPEG-4 

:

Moving Picture Experts Group - 4

OCDE 

:

Organisation de Coopération et de Développement Économiques

ONRG 

:

Observatoire National de la République de Guinée

PDF 

:

Portable Document Format / Format de Document Portable

PEA 

:

Perspectives Économiques en Afrique.

PNUD 

:

Programme des Nations Unies pour le Développement

PQIP/DCTP 

:

Pôle de Qualité Inter-Pays sur le Développement des Compétences Techniques et Professionnelles

RCCM 

:

Registre de Commerce et de Crédit Immobilier

RGPH

:

Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SARL 

:

Société À Responsabilité Limitée

SP-SRP 

:

Secrétariat Permanent - Stratégie de la Réduction de la Pauvreté

SPSS

:

Statistical Package for Social Science

STAO 

:

Service Technique d'Appui aux Opérations

UCAO-UUCo 

:

Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Unité Universitaire à Conakry

LISTE DES ANNEXES

Annexes XI

Annexes 1 : Outils de collecte XI

Appendice 1 : Questionnaire destiné aux jeunes sans expérience entrepreneuriale XI

Appendice 2 : Questionnaire destiné aux jeunes créateurs d'entreprises XIII

Appendice 3 : Guide d'entretien destiné aux structures d'aide à la création d'entreprise XVI

Appendice 4 : Grille d'analyse des données qualitatives XVII

Annexes 2 : Description de quelques outils de traitement des données XVIII

Appendice 1 : Application de référencement bibliographique XVIII

Appendice 2 : Application pour la conception des questionnaires électroniques (Kobo ToolBox XX

Appendice 3 : Collecte des données sur smartphone & application KoBo Enum XXI

Appendice 4 : Application pour la synchronisation des données (KoBo Sync) XXI

Appendice 5 : Applications de traitement statistique (Excel et SPSS) XXII

INTRODUCTION

La lutte contre la pauvreté à travers un développement durablepermettant à tous de vivre le bonheur est l'un des défis majeurs que les pays en développement se doivent de relever. Celle-ci impose exigence et cohérence dans le choix à la fois de la logique de progrès que de ses actions.Il ne s'agit pas de la résolution d'une équation à une inconnue, mais plutôt d'un polynôme à plusieurs degrés et plusieurs inconnues(Siomy, 2007).

Les efforts fournis par les nations pour amorcer un développement durable ont amené celles-ci à penser un développement qui résulterait de la coopération entre les différents pays du monde. Les pays développés devraient apporter une assistance à ceux qui sont moins développés afin de leur permettre de sortir de leur situation miséreuse.

Malheureusement, lacoopération internationale n'apas permis d'éliminer la pauvreté. Certains individus qu'on pourrait ironiquement qualifier de `'renards'', en profitent pour s'accaparer une part importante du `'gâteau financier''. En plus, les pays en développement qui profitent de l'aide au développement ne cherchent plus les moyens de se passer de cette aide et assurer leur autonomie.

Au regard de cette situation, quelle politique faut-il mettre en place pour garantir un réel développement aux pays en situationde pauvreté et de décadence économique ? Paul Arthur Fortinrépondait à cette question dans son célèbre ouvrage`'Culture entrepreneuriale, un antidote à la pauvreté''. Il y indique que le véritable moyen de lutter contre la pauvreté consiste à inciter les peuples à créer de la richesse. Cette incitation doit viser à développer la culture entrepreneuriale de ces peuples. La culture entrepreneuriale à son tour favorise la création d'entreprises, d'emplois et de la richesse(Fortin, 2002).

Le développement de la culture entrepreneuriale qui favorise la création de la richesse est donc la clé du développement, le vrai. Fortin (2002) indiquait d'ailleurs que la pauvreté est un mal curable, mais cette guérison ne peut pas venir de l'extérieur. Elle est endogène.Jean Jacques Rousseau affirmait à ce sujet que « c'est en vain qu'on cherche le bonheur au loin quand on oublie de le cueillir soi-même ».Aussi, les nations pauvres ne peuvent trouver la vraie solution à leurs problèmes en vivant dans la dépendance économique. Il leur faut créer la richesse nécessaire au peuple afin que celui-ci réalise ses ambitions.

Cependant, la création de la richesse n'est pas un réflexe avec lequel l'on naît. Cette faculté qui, loin d'être innée s'acquiert, s'entretient et se développe. Une nation souhaitant se développer se doit de faire sa promotion.Unepromotion qui doit viser à développer une nouvelle programmation de l'esprit, une transformation de la culture des peuples vers le réflexe entrepreneurial.

La culture entrepreneuriale doitêtre développéechez ceux qui constituent l'avenir d'une nation : les jeunes. Cette jeunesse qui est en réalité une nouvelle génération doit développer en elle des valeurs constituant un catalyseur [stimulus] poussant à la création d'entreprises et de la richesse pour la prospérité de la nation.

Ayant pris conscience de la nécessité de pousser les jeunes vers l'entrepreneuriat, le gouvernement guinéen et ses partenaires au développement mettent désormais l'accent sur la création d'entreprises et trouvent en elle le meilleur moyen de favoriser et d'assurer l'emploi aux jeunes. Cette volonté se matérialise par la mise en place de certaines initiatives d'appui à la créativité des jeunes. La mise en place du Fonds National pour l'Insertion des Jeunes et du projet « Booster les Compétences pour l'Employabilité des Jeunes »dont l'une des composantes vient en appui à l'entrepreneuriat des jeunes constituent des exemples. L'émergence des incubateurset des entreprises de coaching est également l'une des initiatives prometteuses de l'éclosion entrepreneuriale.

Nonobstant la volonté politique et les efforts visant à appuyer et à favoriser l'entrepreneuriat jeune, la situation des jeunes guinéens est loin de s'améliorer.Celle-ci laisse à désirer du fait du chômage qui touche la plupart d'entre eux. Ils ont l'impression d'être négligés ou même oubliés par la classe dirigeante, ce qui n'est pas une situation désirable pour l'avenir même du pays. C'est pourquoi Vulliez (2013)déclarait que « dans une société, le niveau élevé de chômage est un drame, celui des jeunes, un traumatisme »pour montrer toute l'importance de prêter une attention particulière à la situation des jeunesdans un pays pour éviter la catastrophe.

La question principale à laquelle nous nous proposons de répondre à travers cette recherche est la suivante : qu'est-ce qui empêche le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial ?Tout au long de ce processus, divers aspects de la question entrepreneuriale chez les jeunes guinéens seront abordés. Notamment, la culture, le processus et l'accompagnement comme des dimensions de l'entrepreneuriat.

L'étude se veut aiderà mieux comprendre et expliquer les facteurs qui entravent la création d'entreprises par les jeunes guinéens. C'est pour nous un moyen de contribuer à l'accroissement des connaissances dans le domaine de l'entrepreneuriat des jeunes. Ainsi, les politiques seront éclairées sur les dispositifs favorables à la naissance et au développement d'une société guinéenne entrepreneuriale, autonome et prospère.

Le présent mémoire est structuré en deux grandes parties. Chacune d'elles est subdivisée en chapitresqui sont égalementorganisésensections et parfois en sous-sections. La première partie s'intitule« De la problématique à la collecte des données »et la deuxième partie« Résultats ».

Le chapitre I traite de la problématique de recherche. Celle-ci fait l'ébauche de ce qui a été dit du sujet de recherche. Elle est composée de deux (2) sections.La première section traite de l'hypothèse de recherche et la dernière porte sur les objectifs de la recherche.

Au chapitre II sont abordés quelques concepts clés de larecherche. Intitulé « Cadre conceptuel et théorique », il est subdivisé en 3 sections. Chaque section traite d'un concept. Il s'agit successivement des concepts « Accompagnement entrepreneurial », « Culture entrepreneuriale » et « Processus entrepreneurial ».

Le chapitre III traite des paradigmes ayant servi à l'interprétation du phénomène entrepreneurial. Il est intitulé « Revue de la littérature ». Sestrois sections font l'ébauche des paradigmes de l'opportunité d'affaires, des traits individuels et de celui du processus entrepreneurial.

Le chapitre IV constitue le dernier de la première partie du mémoire. Il traite de la démarche méthodologique adoptéedans lacollecte et l'analyse des données. Il aborde les techniques de recherche utilisées, le public cible et l'échantillonnage ainsi que la méthode d'analyse des données.

La deuxième partie du mémoire comporte trois (3) chapitres (V, VI et VII). Elle présente globalement les résultats de la recherche et en font une interprétation.

Le chapitre V fait une présentation de la zone d'étude. Il est question de la délimitation géographique de l'espace sur lequel les données ont été collectées et sur lequel les résultats obtenus ont été extrapolés.

Les chapitres VI et VIIfont laprésentation et l'interprétationdes données collectées grâce aux différentes investigations de terrain.

En guise de conclusion, après un rappel denotre question de recherche, du contexte dans lequel s'inscrit l'étude, deshypothèses formulées, de la démarche adoptée, et des principaux résultats, nous suggérons des champs d'études complémentaires pertinents que nous envisageons. Nous y faisons également mention des limites de notre recherche.

PREMIÈRE PARTIE : DE LA PROBLÉMATIQUE À LA COLLECTE DES DONNÉES

CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE

La question de l'emploi demeure au coeur des débats politiques de développement de toutes les nations. Les gouvernements du monde cherchent les moyens les plus appropriés pour pallier aux problèmes de chômageet sortir leurs sujets de leur situation miséreuse. Le souci principal étant de permettre à ceux-ci de subvenir à leurs besoins d'une part, et de contribuer au développement socio-économique du pays, d'autre part.Fort malheureusement, le chômage continue de prendre de l'ampleur dans le monde. Le Bureau International du Travail indiquait en 2006 que le nombre de personnes sans-emploi dans le monde s'élevait à 195.2 millions(BIT2(*), 2006).

La frange de la population la plus durement touchée par ce phénomène est celle des jeunes. Ils étaient 86,3 millionschômeurs dans la tranche d'âge de 18 à 24 ans en 2006. Ils représentent44% des chômeurs dans le monde(BIT, 2006). Des initiatives ont depuis quelques années été prises pour pallier à ce problème. Grâce à ces initiatives,le nombre de jeunes chômeurs a un peu baissé. Un autre rapport de la même institution estimait en 2013 le nombre de jeunes au chômage à 73.4 millions de jeunes sans-emploi dans le monde(BIT, 2013). Cette baisse reste néanmoins insignifiante.

Ces dernières années, la politique de réduction du chômage la plus utilisée et encouragée par les gouvernements et les organisations internationales est la promotion de l'entrepreneuriat, surtoutdes jeunes et desfemmes, considéré comme le meilleur outil de réduction du chômage des jeunes(CNUCED3(*), 2014).Les gouvernements trouveront donc la solution à la problématique de l'emploi des jeunes enles incitant à créer et gérer leurs propres entreprises.

Les pays développés sonten avance dans le domaine du développement de la culture entrepreneuriale chez les jeunes.Au Québec (Amérique du Nord) par exemple, cette politique a eu du succès. Une étude a montré que plus de la moitié de la populationavait une vision positive de l'entrepreneuriat au moment de l'étude et 62.6% pensaient que créer sa propre entreprise était le meilleur choix de carrière. Ainsi, quelques années plus tard (c'est-à-dire en 2011), 9.5% de la population québécoise étaient propriétaires d'entreprises(CVRCE4(*), 2011).

Les jeunes sont ceux chez qui cette culture étaitlaplus développée. L'étude précisait qu'ils étaient 38.3% à préférer choisir l'entrepreneuriat comme choix de carrière(ibid.).Cela constitue une nette régression par rapport à la situation d'il y a quelques années. En 2004, les jeunes de moins de 35 ans qui avaient une vision positive de l'entrepreneuriat représentaient 84.4%.Néanmoins, les jeunes québécois ont une vision plus positive de l'entrepreneuriat comme choix de carrière que ceux du reste du Canada qui, à la même période (2004) représentaient une proportion de 71.7%'(Riverin et Jean, 2004).

Les politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune en Europe ont favorisé l'essor de la culture entrepreneuriale chez les jeunes. En Angleterre par exemple, dès 1997, 65% des jeunes entrepreneurs avaient leurs entreprises à la maison. Parmi eux, 40% travaillaient seuls, 14% avaient au moins un employé et 17% employaient au moins six personnes(Chigunta, 2002). Ces indicateurs montrent que les jeunes, de par leurs initiatives entrepreneuriales, créent de l'emploi pour eux-mêmes et pour d'autres personnes.

En France, le quart (25%) des créateurs d'entreprises sont des jeunes de moins de 30 ans.En 2012, 37% des jeunes envisageaient de créer ou de reprendre une entreprise un jour'''(Barth, 2015). La culture entrepreneuriale est donc élevée chez les jeunes français.

En Afrique, certains pays disposent d'une jeunesse à la culture entrepreneuriale relativement développée. En Tunisie par exemple, de plus en plus de jeunes se lancent dans l'entrepreneuriat. Dans les zones urbaines, environ 13.1% des jeunes hommes travaillent indépendamment. En zone rurale, l'effectif tend à la baisse avec une proportion de 7.9%'(BIRD5(*), 2014).

En 2002,un quart des jeunes zambiens avaient créé leur emploi au moment de l'étude. La plupart de ces entreprises évoluaient dans des activités de commerce et de services(Chigunta, 2002). Malgré tout, le chômage des jeunes constitue un réel défi à relever pour les autorités zambiennes. En 2008, de nombreux jeunes des zones urbaines vivaient au chômage. 63% des 15 à 19 ans et 48% des 20 à 24 ans étaient au chômage. Ceux se situant entre 20 et 24 ans sont del'ordre de 48%. Chaque année, ils sont près de 300 000 jeunes à intégrer le marché du travail apathique où les perspectives d'emploi se font rares et où le fort taux de chômage des jeunes génère des tensions politiques et économiques dans tout le pays(PEA6(*), 2012).

Au Mali, les initiatives de promotion de l'entrepreneuriat ont été à la base d'un boum entrepreneurial chez les jeunes du pays. Une étude réalisée dans quatre localités indique que 31% des jeunes sont entrepreneurs contre 19% de salariés. Bien que cela semble indiqué qu'il y a un potentiel entrepreneurial chez les jeunes, le manque d'emploi pour les jeunes perdure dans le pays. Lesrésultats de l'étude indiquent que la plupart des jeunes sont au chômage (50% dont 27% de sans-emploi et 23% d'étudiants sans-emploi)''(Dougnon et al., 2013).

Pour faire face au taux de chômage croissant des jeunes de moins de 35 ans, qui représentent plus de la moitié de la population (64%) estimé à 25%(Koffi, Faulet-Ekpitini, et Hanty, 2011), la Côte d'Ivoire, à travers son gouvernement a décidé de développer la culture entrepreneuriale dans le pays en introduisant des modules de formation en entrepreneuriat dans le système éducatif. Cette initiative vise à renforcer les compétences des jeunes et favoriser leur initiative personnelle, leur créativité, leur autonomisation et leur responsabilisation(Koffi, Faulet-Ekpitini, et Hanty, 2011).

En Guinée, lutter contre la pauvreté, qui frappe pratiquement plus de 55.2% de la population, reste l'un des défis majeurs à relever(SPSRP7(*), 2013), les autorités se rabattent ces derniers temps sur la promotion de l'entrepreneuriat pour ceux qui sont les plus durement frappés par le phénomène de pauvreté : les jeunes et les femmes.

Cette volonté politique s'est traduite par plusieurs initiatives. Entre autres, la création des Centres d'Écoute, de Conseils et d'Orientation des Jeunes ;la promotion des micro-entreprises en faveur des jeunes ; etc. Le pays bénéficie également du soutien des institutions internationales qui ont mis en place des programmes d'aide à l'autonomisation des jeunes. Ce soutien s'est matérialisé par la mise en place du Fonds National d'Insertion des Jeunes. Ce fonds vient en appui aux jeunes porteurs de projets d'entreprises en guise d'aide pour financer leurs projets.Le programme« Vivre contre Apprentissage », le programme de volontariat jeunesse pour l'insertion socio professionnelle de 300 jeunes diplômés et la tenue de salons d'emploi pour initier les jeunes à la recherche de leur premier emploi sont d'autres initiatives qui avaient pour but d'aider les jeunes à sortir du chômage(SPSRP, 2013).

Le Fonds National pour l'Insertion des Jeunes vise àpallier au chômage des jeunes à travers des initiatives entrepreneuriales. Son principal objectif est de faire en sorte que chaque jeune puisse se prendre en chargeet contribuer au développement économique du pays à travers la création de sa propre entreprise'(Kabuya, 2015).

Grâce à des ressources mobilisées auprès du gouvernement Espagnol, le PNUD8(*) a appuyé une initiative s'inscrivant dans le cadre de l'entrepreneuriat des jeunes. Il s'agit du fonds de crédit revolving intitulé « Foniké » (terme soussou signifiant jeune en français). Cette initiative a contribué à l'accès de 4 272 jeunes aux institutions de micro finances afin de financer leurs projets d'entreprises'''''(PNUD, 2015).

Malgré cela, la situation du jeune guinéenlaisse à désirer. Les études montrent que depuis le début de l'année 2000,60% des chômeurs en quête du premier emploi sont des jeunes. Ceux de la tranche d'âge de 25-34 ans représentent 50% des chômeurs contre 15% de la tranche d'âge de 45-64 ans et 13% pour ceux de la tranche d'âge de 35-44 ans. Les gens ayant effectué des études supérieures sont également du lot. Environ 33% des chômeurs sont d'un niveau d'études supérieures contre 26% de ceux qui n'ont pas fréquenté l'école et 12% de ceux de niveau d'étude techniques/professionnelles(Kaba, 2014).

Ces statistiques mettent enlumière les difficultés liées à la mise en oeuvre des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune. Le dispositif mis en place ne fonctionne certainement pas comme il le faut. Les initiatives de promotion et de développement des entreprises par les jeunes ne produisent pas le fruit escompté. Cela amène à se poser la question suivante : qu'est ce qui empêche le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial ?

Pour traiter cette thématique, nous nous appuierons surtrois (3) paradigmesdans le domaine de l'entrepreneuriat. Le paradigme des opportunités d'affaires constitue le premier. Celui-ci explique le facteur déclencheur de l'idée de création d'entreprises par la découverte d'opportunités. Selon cette logique, l'entrepreneur crée une entreprise lorsqu'il constatequ'il y a un besoin non satisfait sur le marché. Il se sert de cette opportunité pour bâtir toute une structure (l'entreprise)avecpour objectif desatisfaire ledit besoin.

Le paradigme des traits individuels est le second sur lequel nous nous sommes appuyés. Il soutientque l'initiative entrepreneuriale dépenddes caractéristiques personnelles des créateurs d'entreprises. Ainsi, un ensemble de variables sociodémographiques influent sur la création d'entrepriseset la réussite entrepreneuriale.

Le troisième paradigme est celui du processus entrepreneurial. Il considère que l'analyse des étapes de ce processus et sa gestion par les jeunes créateurs permet de cerner les difficultés qu'ils rencontrent et qui peuvent constituer un facteur de démotivation à la création, par conséquent un blocage au passage à l'acte entrepreneurial.

Section 1 : Hypothèse de recherche

Nous présumons que l'inadaptation des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune contribue à la complexité du processus entrepreneurial qui, à son tour, a un effet à la baisse sur la culture entrepreneuriale et handicape le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial.

Section 2 : Objectifs de recherche

Sous-section 1 : Objectif général

Cette étude vise à comprendre et à expliquer les facteurs qui handicapent la création d'entreprises par les jeunes de Conakry.

Sous-section 2 : Objectifs spécifiques

Plus spécifiquement, il s'agira de:

ü décrire le profil des jeunes créateurs et faire le portrait de leurs entreprises ;

ü mesurer l'intention entrepreneuriale des jeunes de Conakry ;

ü identifier les facteurs de motivation à la création d'entreprises par les jeunes ;

ü décrirele processus de création d'entreprises et sa gestion par les jeunes;

ü identifier les difficultés rencontrées par les jeunes créateurs ;

ü analyser les politiquesd'aide à la création d'entreprises par et pour les jeunes.

CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE

Ce chapitre fait l'ébauche des concepts clés utilisés dans cette étude. Leur analyse constitue un moyen technique dans l'atteinte de nos objectifs. Composé de trois sections, il traite du concept de « accompagnement entrepreneurial »dans la section 1, du concept de « culture entrepreneuriale » dans la section 2 et du concept de « processus entrepreneurial » dans la section 3.

Section 1 : Accompagnement entrepreneurial

Le fait pour une entreprise de bénéficier d'un accompagnement contribue à sa réussite et sa pérennisation (Leger-Jarniou, 2008b). Cela étant, la nécessité de comprendre ce que veut dire accompagner s'impose. Sauf que, définir l'accompagnement entrepreneurial n'est pas aisé. Il faut faire recours aux travaux de recherche réalisés dans le domaine ''''(Sammut, 2008) car il est polymorphe (Sammut, 2016).

Les définitions données à l'accompagnement entrepreneurial dépendent de la dimension privilégiée par celui qui la donne. Les anglo-saxons la définissent en privilégiant la notion de structures qui le pratique (tels les incubateurs). Les francophones quant à eux mettent l'accent sur les personnes et les formes d'accompagnement '(Chabaud, Messeghem, et Sammut, 2011).

C'est ainsi que certains caractérisent l'acte d'accompagner en utilisant alternativement les concepts de parrainage, de mentorat, de tutorat, de coaching, de counseling, etc. Ces concepts lui sont parfoissynonymes et antagoniques''''(Sammut, 2008). Cette orientation définitionnelle s'appuie sur les formes d'accompagnement.

Nous n'utiliserons pas cette analyse car notre préoccupation n'est pas de ressortir les différentes formes d'accompagnement. Nous cherchons plutôt à mettre en exergue le dispositif de l'accompagnement entrepreneurial et à expliquer sa contribution au passage des jeunes à l'acte entrepreneurial.

Une analyse plus approfondie de l'accompagnement entrepreneurial ressort d'autres dimensions de ce processus. ''''Sammut (2008) indique que l'approche de l'accompagnement entrepreneurial citée un peu plus haut, met l'accent sur une seule dimension: celle psychologique. Pourtant, au-delà de celle-ci, l'accompagnement entrepreneurial intègre trois autres dimensions : relationnelle, de synchronicité et spatiale.

Ces dimensions ressortent de la définition selon laquelle, l'accompagnement entrepreneurial implique de se joindre à quelqu'un (dimension relationnelle) pour aller où il va (dimension spatiale) en même temps que lui (synchronicité) ''''(Sammut, 2008). Cependant, ce caractère relationnel ne signifie pas que l'accompagnateur doit faire tout pour l'accompagné et cela pour toujours. Non ! Il ne se substitue pas à lui, il est juste un passant du fait que son action s'inscrit dans le temps (Sammut, 2016).

Le processus d'accompagnement consiste donc à faire passer une personne d'un état à un autre, voire à l'influencer pour qu'elle prennent des décisions (Leger-Jarniou, 2008b). Dans ce sens, il ressort l'idée de passeur. En d'autres termes, dans le processus de l'accompagnement, l'accompagnant est considéré comme un passeur ayant pour objectif de rendre l'accompagné plus fort intellectuellement et psychologiquement (Sammut, 2016).

Nous partageons cette analyse de l'accompagnement entrepreneurial, mais nous ne chercherons pas à étayer comment ce processus d'accompagnement se déroule en contexte guinéen. Le rôle de l'accompagnateur et la durée de sa prestation auprès de l'entrepreneur ne sont pas les éléments que nous cherchons à expliquer. Notre préoccupation est d'expliquer les contributions de l'accompagnement entrepreneurial à favoriser au non la création d'entreprises.

La définition qui nous semble plus adaptée au sens que nous donnons au concept accompagnement entrepreneurial est celle inspirée du livre blanc des structures d'accompagnement du Labex entreprendre. Il définit l'accompagnement entrepreneurial comme un processus organisé par une tierce partie, s'inscrivant dans la durée et permettant à un (ou des ) porteur (s) de projet ou un (ou des ) entrepreneur (s) de bénéficier d'une dynamique d'apprentissage (formation, conseil, ...) ; d'un accès à des ressources (financières, informationnelles, ...), d'une mise en réseau, de services (administratifs, hébergement, etc.) et d'une aide à la décision (coaching, mentorat, etc.) (Messeghem et al., 2014).

Nous considérons l'accompagnement entrepreneurial comme un outil pratique pour la création et le développement des entreprises. La durée et la qualité de cet accompagnement déterminent en grande partie la performance de ces entreprises '(Leger-Jarniou et Saporta, 2013).

Ainsi, nous chercherons à analyser ce qui se passe selon que le porteur de projets de création d'entreprises bénéficie d'une ou des dimensions de l'accompagnement entrepreneurial.

Section 2 : Culture entrepreneuriale

Le vocable `'culture entrepreneuriale'' englobe deux notions intimement liées. Il s'agit de la culture et de l'entrepreneuriat. La premièreétant considérée comme le préalable à l'émergence de la seconde. Ainsi, donner sens au concept de culture entrepreneuriale revient à isoler ces deux notions pour saisir leurs sens respectifs puis les recomposer etressortir le lien entre elles.

De façon générique, la culture renvoi à un ensemble de traits de caractère distinctif sur les plans spirituels, matériels, intellectuels et affectifs. Elle constitue la caractéristique principale d'un groupe social donnée -(Léger-Jarniou, 2008a).

Cettenotion de culture est appréhendable à deux niveaux (individuel et collectif). Du point de vue individuel, elle peut se comprendre comme un ensemble de connaissances acquises, d'instruction, de savoir, d'habilités et d'usage que l'individu acquiert par expérience-(Léger-Jarniou, 2008a).

Du point de vue collectif, elle représente les constructions sociales et les comportements collectifs caractéristiques d'une société. La culture est ainsi une programmation mentale collective propre à un groupe d'individus et forme de ce fait le développement de certains traits de personnalité et les motivent à s'engager dans des comportements -(Léger-Jarniou, 2008a).

L'entrepreneuriat est quant à lui généralement défini comme un processus qui débouche surla création d'entreprises. C'est un ensemble d'actions consistant à partir d'une idée, à exploiter une certaine opportunité en créant ou en reprenant une activité qui sera par la suite développée par un individu ou un groupe d'individus. Cet ensemble d'actions se solde par la création d'une valeur nouvelle (Paturel, 2007) et l'individu ou le groupe réorganise des ressources indépendantes d'une façon nouvelle afin de saisir l'opportunité (Johannisson, 2003). Ce processus se matérialise par la création d'une nouvelle organisation : l'entreprise (Gartner, 1993).

Le phénomène entrepreneurial met en relation l'entreprise et son créateur. Le créateur d'entreprises est appelé entrepreneur. C'est lui qui crée une chose, une valeur. C'est à travers cette valeur qu'il est définit (Bruyat, 1993). Il crée, développe une entreprise contre vents et marées. Cette initiative constitue pour lui une source de création de richesses et d'emplois (Bruyat, 1993).

Définir le vocable `'culture entrepreneuriale'' nécessite de le démarquer de certains concepts qui sont, à tort ou à raison, souvent employés pour le désigner. Il s'agit des concepts esprit d'entreprises, esprit d'entreprendre, envie d'entreprendre et esprit entrepreneurial.

L'utilisation de ces différents concepts provient des différentes visions développées dans l'appréhension du phénomène entrepreneurial. Fondamentalement, deux visions prédominent dans ce monde.

D'un côté, le phénomène entrepreneurial centré sur la création de nouvelles organisations (entreprises) et l'identification d'opportunités qui existe déjà. De cette vision provient la notion d'esprit d'entreprise (Leger-Jarniou, 2008a). Cette notion s'inspire des travaux effectués par Gartner (1993)qui considère l'entrepreneuriat comme un processus visant à créer de nouvelles entités.

Cette première conception est celle que nous utiliserons pour donner sens au concept entrepreneuriat. Ainsi, l'entrepreneuriat est la création d'entreprises : une nouvelle organisation. De ce fait, nous l'écartons de la définition que nous donnons à la culture entrepreneuriale.

D'un autre côté, l'entrepreneuriat est appréhendé comme un processus visant à créer de la valeur(Bruyat, 1993). Dans ce processus, plusieurs facteurs sont pris en compte. Entre autres, les manières particulières de concevoir les choses, la prise d'initiative et l'action. De cette vision ressort l'idée de l'existence de certains individus qui développent en eux un certain nombre de comportements orientés vers la volonté de faire de nouvelles choses ou de faire différemment certaines choses (Leger-Jarniou, 2008a).

C'est de cette vision du phénomène entrepreneurial que provient la notion d'esprit ou d'envie d'entreprendre. Plusieurs facteurs favorables au développement de l'envie d'entreprendre proviennent de cette définition de l'entrepreneuriat.

Par esprit entrepreneurial, nous entendons la capacité à concevoir des idées novatrices et à les mettre en oeuvre. Il suppose pour son possesseur de posséder et de développer des aptitudes spécifiques comme la créativité, la vision, l'innovation, la persévérance, etc. nécessaires à la création de la valeur. Certaines de ces aptitudes sont communes à tous les entrepreneurs peu importe leur âge, leur origine, leur niveau d'instruction (Cisneros, 2016).

La culture entrepreneuriale est, dans le sens que nous lui octroyons, liée à l'esprit d'entreprendre et l'esprit entrepreneurial. Elle est donc un système de valeurs, de croyances et de traits de caractère d'un groupe social donné qui l'oriente vers la dynamique de création d'entreprises-(Léger-Jarniou, 2008a).

Dans le cadre opératoire de cette recherche, nous mettons en relation la création d'entreprises et la possession par les entrepreneurs des aptitudes entrepreneuriales. Une augmentation des créateurs d'entreprises ou de ceux qui ont une culture entrepreneuriale développée selon qu'ils possèdent ou non ces aptitudes confirmera ce modèle d'analyse.

Nous mesurerons la culture entrepreneuriale à partir de trois variables. Il s'agit de la valorisation de l'entrepreneuriat, la désirabilité de l'acte entrepreneurial et la volonté des jeunes à passer à l'acte entrepreneurial.Ce sont ces trois variables que nous combinerons à d'autres pour identifier les facteurs qui déclenchent et favorisent la création d'entreprises.

Section 3 : Processus entrepreneurial

L'entrepreneuriat est un processus amenant un individu ou un groupe à initier un ensemble d'actions visant à détecter et à exploiter une opportunité (Hernandez et Marco, 2006). Comme tout processus, l'entrepreneuriat est composé d'un ensemble d'étapes. L'entrepreneur est tenu de les traverser pour arriver à créer son entreprise (CCI9(*), 2015).

Plusieurs classifications des étapes de la création d'entreprises existent. Selon des auteurs, le processus entrepreneurial est composé de 4 à 8 étapes. Ce nombre d'étapes dépend des auteurs qui se prononcent sur le sujet.

La première analyse que nous faisons du processus entrepreneurial s'inspire des travaux de Borges, Filion et Simard. Ils expliquent le processus entrepreneurial en fonction des différentes activités qu'entreprend l'entrepreneur pendant sa création. Sur la base de ces activités, ils mettent l'accent sur quatre (4) étapes principales. Il s'agit de l'initiation, de la préparation, du démarrage et de la consolidation (Borges, Filion, et Simard, 2010).

La première étape (l'initiation), correspond à celle au cours de laquelle l'entrepreneur identifie son occasion d'affaires, réfléchit sur son projet et prend la décision de créer son entreprise(Borges, Filion, et Simard, 2010).

Au cours de la deuxième étape (la préparation), il réalise une étude de marché et rédige son plan d'affaires. La constitution d'une équipe entrepreneuriale et l'enregistrement d'une marque ou d'un brevet font également partir de cette étape(Borges, Filion, et Simard, 2010).

À la troisième étape (le démarrage), il procède à l'enregistrement juridique de l'entreprise et se consacre à plein temps dans son projet. C'est le moment de procéder aux installations et aux équipements, de développer le premier produit ou service, d'embaucher les premiers employés et de procéder aux premières ventes(Borges, Filion, et Simard, 2010).

Pendant la dernière étape (consolidation), il met en place une stratégie de promotion et de marketing de ses solutions. C'est pendant ces moments qu'il cherche à atteindre le seuil de rentabilité à travers la multiplication des ventes. La mise en place d'une planification formelle et les pratiques de gestion deviennent des instruments lui permettant d'atteindre ses objectifs(Borges, Filion, et Simard, 2010).

Ce processus entrepreneurial a été utilisé par ces auteurs afin de mettre en exergue les difficultés rencontrées par les créateurs d'entreprises à chaque étape. Tout en procédant ainsi, ils font une comparaison entre l'appréhension de ce processus par les jeunes entrepreneurs et leurs aînés. À chaque fois, ils mettent la lumière sur la nature et le niveau des difficultés chez les uns et les autres tout en s'appesantissant sur le cas particulier des jeunes.

Cette approche du processus entrepreneurial n'est pas celle que nous avons privilégiée dans le cadre de ce travail. La dynamique de la création d'entreprises en Guinée ne s'appuie pas cette démarche. Néanmoins, l'approche d'analyse utilisée nous a paru assez pertinente. C'est pourquoi, bien que nous n'adoptions pas dans notre analyse le processus entrepreneurial qu'ils ont proposée, nous utiliserons quand même leur approche consistant à mettre en exergue les différentes difficultés rencontrées par les jeunes aux différentes étapes du processus.

Une autre classification des étapes du processus entrepreneurial est celle qui met l'accent sur le parcours du créateur d'entreprises. Selon celle-ci, le processus est composé de sept (7) étapes.

La première étape de cette classification correspond au moment où le créateur ou futur créateur d'entreprisesdéveloppe une idée de projet. En d'autres termes, il est amené à penser à une chose précise dont la mise en place constituerait pour lui l'atteinte d'un objectif précis(CCI, 2015).

Une fois cette idée de projet acquise, la deuxième étape du parcours intervient. Le créateur procède à une étude commerciale qui lui permettra d'analyser la demande des clients et de cerner la position des concurrents. Au cours de celle-ci, il pourra déterminer la taille de son marché cible, celle de son marché potentiel, le nombre de concurrents, leurs forces et leurs faiblesses(CCI, 2015).

L'étape suivante (la troisième) est l'étude financière au cours de laquelle l'entrepreneur fait l'inventaire des investissements et des possibilités de profit. Il s'agira de faire différentes simulations financières pour s'assurer de la rentabilité du projet. Des instruments de la comptabilité générale et des mathématiques financières interviennent pour faciliter le travail (CCI, 2015)..

Au cours de la quatrième étape, le créateur décide de la forme juridique et sociale de son entreprise. Celle-ci dépendra de l'analyse qu'il fera des avantages et des inconvénients liés à chacune des formes existantes ou qui lui sont proposées(CCI, 2015)..

La cinquième étape correspond à la recherche de financement. Au cours de celle-ci, le créateur compile toutes les informations nécessaires de son projet dans un document : le plan d'affaires. C'est ce dernier qu'il utilise pour trouver du financement (ibid.).Le plan d'affaires est l'élément qui permet au créateur de savoir si son projet tient la route. Il facilitera notamment la levée de fonds pour le financement des investissements du projet (Terrafemina, 2015). Tout financement externe (surtout sous forme d'emprunts) dépend de la pertinence et de la solvabilité qui ressortent du plan d'affaires.

La sixième étape consiste à faire des démarches pour les formalités et l'immatriculation de l'entreprise. Cette étape est également facilitée par les centres de formalités des entreprises (CCI, 2015).

La septième étape quant à elle correspond au lancement des activités de l'entreprise ainsi créée(CCI, 2015).C'est le démarrage du développement du premier produit ou service et la mise en place d'un système de gestion de l'entreprise.

Cette classification des étapes du processus entrepreneurial nous paraît être celle qui est adaptée au contexte guinéen. Le processus de création d'entreprises en Guinée utilise ces différentes étapes. Aussi, sur elle, nous basons notre analyse du processus entrepreneurial. Nous avons cherché à savoir si les jeunes entrepreneurs se donnent la peine de suivre ce processus.

Ensuite, nous avons identifié pour chaque étape, les différentes difficultés rencontrées et la contribution de ces difficultés à la diminution de la culture entrepreneuriale chez les jeunes de Conakry.

CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTÉRATURE

Ce chapitre traite des approches théoriques utilisées pour l'ancrage théorique de l'étude.Ces approches sont plutôt des paradigmes10(*) qui expliquent la dynamique entrepreneuriale. Le chapitre est subdivisé en trois (3) sections. La première section traite du paradigme des opportunités d'affaires.La seconde quant à elle fait l'ébauche du paradigme des traits individuels. La troisième section présente le paradigmedu processus entrepreneurial.

Section 1 : Paradigme de l'opportunité d'affaires

Inspiré du marketing, ce paradigme explique quel'examen approfondi du comment, par qui et avec quels résultats sont découvertes, évaluées et exploitées les opportunités de création de futurs biens et services(Jaziri, 2009).

Ainsi, la raison première de la création d'une entreprise réside dans le désir pour l'entrepreneur de répondre à un besoin non satisfait sur le marché(Kirzner, 1997). Ces opportunités se classent à trois niveaux.

D'abord, les opportunités rencontrées sur le marché sont le fruit de l'inefficience due à une asymétrie de l'information ou aux limites de la technologie pour satisfaire des besoins non satisfaits(Drucker, 2006).

Ensuite, ces opportunités peuvent être le résultat d'un changement exogène qui touche aux conditions sociales, politiques, démographiques ou économiques. En fin, ces opportunités peuvent être le fruit d'inventions et de découvertes et qui produisent ainsi de nouvelles connaissances(Drucker, 2006).

Une autre analyse du paradigme de l'opportunité d'affaires présente deux prémisses du modèle entrepreneurial. La première est associée à l'inefficience des marchés. Cetteinefficience offre aux individus des opportunités de profit(Venkataraman, 1997).

La dernière explique que même si le marché approche un état d'équilibre, la condition humaine de l'entreprise combinée à la tentation du profit et l'avancée des connaissances et des technologies détruiront l'équilibre tôt ou tard(Venkataraman, 1997).Ces deux prémisses n'ont pas été utilisées dans le cadre de nos analyses. Nous ne les trouvons pas pertinente dans le contexte guinéen surtout par rapport aux jeunes.

La classification des types d'entrepreneurs faite par Coste (2011) nous aide à mieux cerner ce paradigme. Celui-ci indique qu'il existe quatre (4) types d'entrepreneurs. Le premier type d'entrepreneurs est appelé « entrepreneur-expert » qui crée son entreprise parce qu'il dispose de l'expertise dans le domaine de sa création.

Le second type d'entrepreneurs est appelé « entrepreneur-créateur » qui est animé par le désir de créer. L'acte de création constitue chez lui une passion. C'est le cas particulier des « serials entrepreneurs » qui créent beaucoup d'entreprises sans se préoccuper de leur développement (Coste, 2011).

Le troisième type d'entrepreneurs est l' « entrepreneur-opportuniste ». Celui-ci crée son entreprise pour faire des affaires. Il choisit donc son domaine d'activité en fonction des opportunités qu'il parvient à détecter sur le marché. Il bâtit son entreprise pour la saisir (Coste, 2011).

Le quatrième type d'entrepreneurs est qualifié d' « entrepreneur-militant » chez qui la motivation à la création réside dans les valeurs personnelles qu'il possède. Ces valeurs développent en lui une forte conviction qui le motive et le pousse à se lancer (Coste, 2011).

Le paradigme de l'opportunité est celui qui explique la motivation à la création chez les « entrepreneurs opportunistes » de la classification de Philippe Coste. L'intérêt de ce paradigme est de nous aider à expliquer le facteur déclencheur de la création d'entreprises.En partant de lui, nous prévoyons mettre en relation l'opportunité identifiéeet l'action de créer une entreprise pour déterminer la relation entre elles.

Section 2 : Paradigme des traits individuels

Le paradigme des traits individuels explique que la création d'entreprisesdépend des caractéristiques personnelles du créateur. Selon cette tendance, les variables sociodémographiques telles que : l'origine sociale, la carrière professionnelle, les compétences, les motivations, l'historique et la famille sont des facteurs qui déclenchent l'initiative entrepreneuriale et qui favorisent la réussite des créateurs d'entreprises(Jaziri, 2009).

Partant de cette approche, il existe une sorte de reproduction des statuts sociaux au sein des familles(Passeron et Bourdieu, 1964). Les entrepreneurs seraient des personnes qui proviennent de familles au sein desquelles les parents ou alors un proche de la famille sont dans les affaires'(Gasse et D'Amours, 2000). Ces personnes deviennent ainsi un modèle(Diochon et Menzies, 2001) ou un groupe de référence(Merton, 1997) pour les entrepreneurs.

Se pencher sur le paradigme des traits individuels, revient à s'inscrire dans la dynamique des études réalisées en entrepreneuriat qui sont parvenuesaux conclusions suivantes : le développement de l'action entrepreneuriale est en grande partie influencé par l'environnement. Le milieu immédiat influence largement la création d'entreprises d'une région à l'autre en fonction de l'inégalité des opportunités d'affaires'''(Mezhoudi, 2001).

Ce paradigme met également l'accent sur le fait que le niveau d'instruction des entrepreneurs est généralement plus élevé que celui de l'ensemble de la populationsurtout dans le domaine des technologies'(Gasse et D'Amours, 2000).

Contrairement à eux, Fortin (2002) explique que ceux qui créent des entreprises sont généralement ceux chez qui l'intelligence émotionnelle est plus grande que celle rationnelle. Aussi, ceux qui ont un niveau d'instruction élevé entreprennent moins que les autres.

Le dernier élément du paradigme des traits individuels est la propension à l'autonomisation. Ainsi, Les créateurs d'entreprises sont poussés par la recherche de l'autonomie(Menzies et al. 2002).

Ce paradigme al'avantage de nous permettre de dresser le profil des créateurs d'entreprises. Il consiste notamment à répondre à la question : Qui est entrepreneur ? Une fois la réponse à cette question établie, nous serons à même d'identifier les variables qui déclenchent et stimulent l'intention entrepreneuriale.

Nous prenons en considération toutes les analyses développées au compte de ce paradigme. Ce sera une occasion pour nous de les tester dans le contexte guinéen. Grâce à ces différents tests, nous identifierons les différents profils favorables au développement de la culture entrepreneuriale et de l'entrepreneurship.

Section 3 : Paradigme du processus entrepreneurial

Ce paradigme est en quelque sorte le point de rencontre des précédents paradigmes. Il met l'accent sur le processus par lequel passent les créateurs d'entreprises pour bâtir leurs entreprises. Le paradigme du processus entrepreneurial consiste à décrire et analyser les différentes étapes de la création d'une nouvelle entreprise ou de la reprise d'une entité existante, afin d'en élucider et cerner les problèmes pour y remédier(Jaziri, 2009).

En analysant les différentes étapes du processus entrepreneurial, certains auteurs ont pu mettre en exergue les étapes qui causent plus de difficultés aux jeunes porteurs de projets entrepreneuriaux.

Dans leur proposition du schéma du processus entrepreneurial en quatre étapes, Borges, Filion, et Simard (2010) mettent l'accent sur plusieurs éléments qui retardent le passage des jeunes à l'acte entrepreneurial.

Dans un premier temps, ils indiquent que les jeunes préfèrent avoir une expérience professionnelle plus significative avant de se lancer dans une carrière entrepreneuriale (Borges, Filion, et Simard, 2010). Ils ne pensent à créer leurs entreprises que lorsqu'ils se sentent aptes à assumer les fonctions d'un entrepreneur. L'expertise devient à leurs yeux la clé pour réussir (Coste, 2011). Cette réflexion rejoint le paradigme des traits individuels.

Dans un second temps, la mobilisation des ressources financières n'est pas une chose facile pour les jeunes entrepreneurs. Cela explique pourquoi ils mettent plus de temps que leurs ainés avant de passer de l'idée de création à la décision de créer (Borges, Filion, et Simard, 2010).

Ensuite, la réalisation d'une étude de marché et la rédaction du plan d'affaires constituent toutes les deux un véritable casse-tête pour les jeunes porteurs de projets entrepreneuriaux. La réalisation de ces différentes activités prend plus de temps chez les jeunes entrepreneurs que leurs ainés. Dans la majorité des cas, ils ne se donnent même pas la peine de faire une étude de marché et rédiger un plan d'affaires(Borges, Filion, et Simard, 2010).

En fin, la phase de développement de l'entreprise est celle qui cause encore plus de difficultés. Le développement des produits/services, la commercialisation, l'embauche d'employés et l'atteinte du seuil de rentabilité prennent plus de temps chez les jeunes que ceux leurs ainés (Borges, Filion, et Simard, 2010).

Ce troisième paradigme est celui dont nous nous servirons le plus pour expliquer notre sujet. Il nous aidera notamment à passer en revue les différentes étapes de la création d'entreprises.

En fonction de l'appréhension et de la gestion de ces différentes étapes par les jeunes créateurs, nous pourrons cerner les étapes qui constituent pour eux des goulots d'étranglement. C'est une façon pour nous de mettre en exergue les difficultés rencontrées par les jeunes créateurs d'entreprises et les facteurs qui empêchent d'autres jeunes à se lancer dans la dynamique entrepreneuriale.

CHAPITRE IV : DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

Ce chapitre, présente la démarche pratique utilisée pour collecter les données nécessaires à la compréhension de notre problématiquede recherche. Il se subdivise en trois (3) sections. La première traite des différentes techniques de collecte de données. La seconde aborde le public cible et l'échantillonnage et la dernière section quant à elletraitede l'analyse des données.

Section 1 : Techniques de collecte

Cette section est consacrée à la présentation des techniques de collectes de données que nous avons utilisées. Elle est composée de trois (3) sous-sections. La première aborde la technique de recherche documentaire. La seconde traite de l'enquête par questionnaire et la dernière, de l'entretien individuel.

Sous-Section 1 : Recherche documentaire

La recherche documentaire est une technique de collecte transversale à toutes les grandes familles de méthodologie de recherche (quantitative et qualitative) en sciences sociales. Elle est un processus comportant les étapes suivantes : l'identification, la récupération et le traitement des éléments divers (chiffres, bibliographie, textes...) sur un sujet donné. Cette identification est une étape indispensable à la synthèse des connaissances et à la revue de la littérature'(IRDES11(*), 2016).

La particularité de la recherche documentaire réside dans le fait qu'elle joue un rôle de complémentarité. En d'autres termes, elle est utilisée pour trianguler les données obtenues à partir d'autres techniques(Lessard-Hébert, Boutin, et Goyette, 1997).

L'utilisation de cette technique dans notre recherche a consisté à la lecture de documents à partir desquels nous avons tiré des éléments nécessaires au développement de notre sujet de recherche.Ces documents étaient des ouvrages généraux, des ouvrages traitant de l'entrepreneuriat, de la problématique juvénile, des questions d'emploi, des articles scientifiques, la plupart publiés sur Internet.

C'est par son biais que nous avons pu élaborer notre problématique, faire l'analyse des concepts et développer notre revue de la littérature. Durant le travail de recherche, ila étéfréquemment faitrecours à elle pour donner un sens à certaines observations provenant des enquêtes menées. Un logiciel spécialisé a été utilisé pour citer les sources des ouvrages utilisés et générer la bibliographie. Il s'agit de Zotero Standalone12(*).

Sous-Section 2 : Enquête par questionnaire

L'enquête par questionnaire est une technique directe qui vise à poser des questions à un grand nombre d'individus, habituellement de façon directive, pour faire un prélèvement quantitatif(Angers, 1996).Elle permet de collecter des informations sur divers aspects de la vie d'une large population. Son utilisation requiert la conception d'un outil de collecte (le questionnaire) renfermant les questions dont les réponses permettront d'obtenir des renseignements(Angers, 1996). Il doit être soigneusement élaboré avant le début de l'enquête et posé sous une forme identique à tous les sujets interrogés. Les questions sont choisies en fonction de l'objet de l'enquête(Loubet del Bayle, 2000).

Les données collectées à travers cette technique portent sur les comportements des informateurs, leurs opinions, leur situation sociale, familiale ou professionnelle, leur niveau de connaissance ou de conscience d'un phénomène, ou sur tout autre sujet(Angers, 1996).

Nous avons choisi d'utiliser cette technique, car nous devrionscollecter des données destinées à une quantification. Elle permet demesurer l'ampleur du phénomène entrepreneurial chez les jeunes de la ville de Conakry.

Dans le cadre de cette étude, nous avons utilisé deux questionnaires. Le premier ciblait les jeunes de la ville de Conakry n'ayant aucune expérience entrepreneuriale et visait à obtenir d'eux des informations permettant de mesurer l'intention entrepreneuriale. Le second questionnaire a ciblé les créateurs et les gérants d'entreprises. Il visait à détecter les difficultés qu'ils rencontrent, leur profil et celui de leurs entreprises, les domaines d'activités de leurs entreprises et leur connaissance du processus entrepreneurial.

Sous-Section 3 : Entretien individuel

L'entretien est une technique qui permet de collecter des données qualitatives. C'est une discussion formelle entre un intervieweur et un interviewé c'est-à-dire une personne choisie pour servir d'interlocuteur à l'intervieweur(Bouchon, 2009).

Autrement appelée entrevue de recherche, cette technique directe vise à interroger quelques individus afin de faire un prélèvement qualitatif. L'entrevue de recherche collecte quelques témoignages d'individus en les questionnant finement sur leurs émotions, leurs expériences et leurs conceptions. Elle est utilisée pour découvrir le motif commun du comportement des gens etpermet d'aborder des domaines encore largement méconnus ou de se familiariser avec les gens visés avant d'en rencontrer un plus grand nombre en utilisant d'autres techniques(Angers, 1996).

L'idéal recherché en utilisant cette technique est la diversification des projets c'est pourquoi il se déroule sous forme de conversation orientée vers un but. Il permet de mettre en évidence des représentations(Bouchon, 2009). Elle nous a permis de collecter des informations auprès des structures d'aide à la création d'entreprises et des établissements bancaires ou de microfinance. Nous avons utilisé un guide d'entretien à l'occasion. Les informations collectées grâce à ce guide nous ont permis de faire une analyse de la politique d'accompagnement des jeunes porteurs de projets d'entreprise.

Les structures rencontrées pendant la collecte des données sont :

· Agence Guinéenne pour la Promotion de l'Emploi;

· Fonds National pour l'Insertion des Jeunes;

· Afriland First Bank ;

· Coopérative populaire d'épargne et de crédit de Guinée -Yètè Mali.

Nous avons choisi d'interviewer des représentants de ces différentes structures parce qu'ils ont une présomption d'implication dans notre sujet de recherche. Ces structures offrent aux jeunes porteurs de projets d'entreprises un soutien qui peut prendre plusieurs formes. Certaines aident les jeunes à obtenir le financement de leurs investissements ; tandis que d'autres financent directement ces investissements.

Section 2 : Public cible et échantillonnage

Les données de cette étude ont été collectées auprès des jeunes créateurs d'entreprises, des jeunes sans expérience entrepreneuriale, des représentants de structures d'aide à la création d'entreprises et d'établissements financiers. Ce choix se justifie par le fait que ces trois catégories d'individus ont une présomption d'implication dans le phénomène étudié.

Avec les jeunes, nous avons fait usage de la technique d'enquête par questionnaire. La technique d'entretien individuel a été utilisée pour collecter des données auprès des structures d'aide à la création d'entreprises et des établissements financiers.Les individus interrogés pendant les enquêtes par questionnaires ont été choisis à travers la technique d'échantillonnage accidentel. C'est une technique à partir de laquelle les individus qui composent l'échantillon sont choisis sur la base de la convenance du chercheur(Angers, 1996). Généralement, c'est la présence de l'individu lors du passage de l'enquêteur et la volonté de participer à l'enquête qui déterminent le choix.

Ce choix s'explique par l'absence de base de sondage à partir de laquelleil seraitpossibled'appliquer une technique d'échantillonnage probabiliste qui donne une garantie de représentativité plus élevée.

Le questionnaire destiné aux jeunes sans expérience entrepreneuriale a permis d'entrer en contact avec478 jeunes.Le questionnaire destiné aux jeunes créateurs d'entreprisesa été administré à 66 jeunes. Ceux qui ont participé aux entretiens individuels étaient aux nombre de quatre (4)en fonction d'une personne par structure interviewée.

Les données ont été collectées au cours d'une période de deux semaines allant du 5 au 18 septembre 2016. Quatre enquêteurs ont été formés aux différents questionnaires. Ils nous ont aidés à collecter les données auprès des jeunes dans les différentes communes. Nous nous sommes ensuite personnellement occupés de la réalisation des entretiens auprès des structures d'appui à l'entrepreneuriat.

Carte 1 : Localisation sondés pendant les enquêtes dans les communes de Conakry

RATOMA

MATOTO

MATAM

DIXINN

Source : ONRG, 2010, Enquête du candidat, 2016

Réalisation : Dr Daniel LAMAH, Siba Théodore KOROPOGUI

Section 3 : Analyse des données

Les données collectées à partir des guides d'entretien ont été soumises à une analyse de contenu manuel. Au cours de cette analyse les données ont étéclassées dans une grille13(*) en fonction des divergences et des convergences. Le verbatim de certaines informations a été tiré et introduit dans l'interprétation des données.

L'analyse des données collectées à partir des enquêtes par questionnaire a obéit à un processus composé de plusieurs étapes. Dans le souci de réduire le processus d'analyse et de permettre une facilité de manipulation des données, la technique d'analyse automatique assistée parl'ordinateur a été utilisée. Le processus a commencé depuis la conception des outils de collecte. Les questionnaires ont été conçus sur l'application webKoboToolBox14(*). Toutes les questions y ont été intégrées et codifiées.

Les questionnaires ont ensuite été chargés sur l'application KoBoEnum15(*)sur Android 4.4.2. Cette technique afacilité la collecte. L'étape suivante a consisté à synchroniser les données des smartphones vers l'ordinateur. Nous avons à cet effet utilisé l'application KoboSync16(*)pour convertir les données collectées afinqu'elles soient exploitables sous un autre logiciel d'analyse plus sophistiqué. La préparation à l'exploitation des données a été effectuée à partir du logiciel SPSS (Statistical Package for Social Science). Le traitement des données (épuration et dépouillement) a été effectué à l'aide duTableur Excel 201317(*).Par son intermédiaire, les différents tris (à plat et les tris croisés), les traitements statistiques sur les variables numériques (mise en classe, moyennes, maximum et minimum, médiane) et les représentations graphiques ont été effectués.

La rédaction de ce rapport s'est faiteà l'aide du traitement de texteMicrosoft Office Word 2013 sous Windows 10.

La principale difficulté rencontrée au cours de ce processus de recherche réside dans l'accès aux informateurs. Nous avions souhaité interviewer plusieurs institutions financières afin de comprendre le mécanisme d'octroi de crédits aux porteurs de projets d'entreprises. Très malheureusement, nous n'avons pas pu avoir accès à la plupart d'entre elles. Nous nous sommes donc efforcé d'obtenir le plus d'informations de celles qui ont accepté nous accorder un entretien.

La seconde difficulté était liée à l'envergure du travail. Ne disposant pas de ressources financières suffisantes pour effectuer les déplacements et se procurer du matériel informatique nécessaire à la collecte et au traitement des données, nous nous sommes fait aider par certains de nos collaborateurs qui ont eu l'aimable volonté de mettre leurs appareils (smartphones) à notre disposition. À cela s'ajoute les difficultés liées à la collecte des données. Le soutien financier de nos proches nous ont également permis de couvrir les charges liées à la réalisation des enquêtes.

DEUXIÈMEPARTIE : RÉSULTATS

CHAPITRE V : PRÉSENTATION DU CADRE D'ÉTUDE

La Guinée est un pays côtier de l'Afrique occidentale, situé entre le 7e et le 13e degré parallèle Nord, et entre le 8e et le 15e degré longitude Ouest. Elle est limitée au Nord par le Mali, le Sénégal et la Guinée Bissau, à l'Ouest par l'océan atlantique, à l'Est par la Côte d'Ivoire, au Sud par le Libéria et la Sierra Leone. Le pays couvre une superficie de 245 857 Km²(Diakité, 2004).

Le pays est subdivisé en quatre régions naturelles. D'abord, la Basse Guinée ou Guinée maritime qui abrite l'ethnie soussou (susu), majoritaire dans cette partie du pays. Ensuite, La Moyenne Guinée ou Fouta Djallon est une région de plateaux et de montagnes, couvrant près d'un tiers du pays où l'ethnie peule domine numériquement. Puis, la Haute Guinée, habitée en majorité par les Malinké, est une région de savane occupant environ un tiers du territoire national. En fin, la Guinée Forestière, région montagneuse et couverte de forêt, comme son nom l'indique, regroupe plusieurs populations forestières dont les Kissi, Toma et Guerzé(Diakité, 2004).

Du point de vue démographique, le pays compte 10.523.261 habitants (Institut National de la Statistique, 2016) avec une densité 42.8 habitants par Km². Cette population est majoritairement féminine et jeune. Les femmes représentent 52% de la population. Les jeunes quant à eux constituent le quart de la population(Kaba, 2014).

La croissance démographique est estimée à 2,5% par an. L'espérance de vie est de 54,5. La majorité de la population est analphabète. Le taux d'alphabétisation est de 41%. L'islam est la religion dominante avec une proportion de 85%. Le christianisme est celle qui vient ensuite avec une proportion de 8%. Quant à l'animisme, il est pratiqué par 7% de la population(MAED18(*), 2016).

Le pays dispose d'énormes potentialités. Qualifié de « scandale géologique », il regorge de richesses hydrographiques immenses ce qui lui vaut le titre de château d'eau de l'Afrique de l'Ouest, d'un riche potentiel minier (un tiers des réserves mondiales de bauxite, d'or, de diamant, de fer, de manganèse, de zinc, de cobalt, de nickel, d'uranium) largement sous exploité. Bien que disposant ces potentialités très riches, son Produit Intérieur Brut par tête n'atteint que 588$. Ce qui fait qu'il est classé parmi les pays très pauvres. L'instabilité politique entre 2009 et 2013 a fortement handicapé l'économie guinéenne : faible croissance, accélération de l'inflation, doublement du déficit budgétaire(MAED, 2016). À cela s'ajoute l'épidémie de la Fièvre à virus Ébola qui a impactée la dynamique globale de l'économie.

Cette étude porte essentiellement sur la capitale guinéenne - Conakry - qui constitue le pôle d'attraction pour une majorité de la population. Située sur le littoral de l'océan atlantique, elle constitue le fief des affaires en Guinée. À cause notamment de la présence de l'unique port autonome, du seul aéroport international et d'une concentration de toutes les structures ministérielles. Conakry est la plus grande ville en termes de concentration démographique avec une population estimée à1.660.973 habitants selon le dernier recensement général de la population et de l'habitat (INS19(*), 2016).

La plupart des entreprises guinéennes sont implantées dans la capitale Conakry. Celle-ci compte cinq communes. Il s'agit de Kaloum, Dixinn, Matam, Matoto et Ratoma.

La commune de Kaloum s'étend sur une superficie d'environ 25 km². Elle est délimitée par l'océan Atlantique à l'ouest, au nord et au sud et par les communes de Dixinn (nord-ouest) et Matam à l'est.

La population de la commune est passée de quelques 300 habitants en 1885 à 53 723 habitants en 1996 et 62 507 habitants en 2014, selon les chiffres du Recensement Général de la Population et de l'Habitat. Une population constituée de 30 810 hommes et 31 697 femmes répartis dans 9 345 ménages(INS, 2016), avec un nombre moyen de 7 individus par ménage et une densité urbaine de 2 500 habitants au km2.

La commune de Kaloum est le principal siège des organes de gestion économiques et administratives du pays (Présidence, Assemblée nationale, ministères, sièges de banques, entreprises, le principal port du pays) et abrite le second plus grand marché du pays (le marché Niger) (Coginta, 2016).

Les habitants de la commune sont plus actifs que ceux des autres communes. Ce sont 45.7% qui sont actifs sur le marché du travail. Une part relativement importante de femmes exerce une activité professionnelle. Seules 51.2% d'entre elles sont des femmes qui s'occupent du ménage. Les autres ont pour occupations principales, le commerce (36.6%) et le secteur public (15%) (Coginta, 2016).

La pauvreté domine à Kaloum dont une partie de l'habitat est fait de bâtiments en banco dotés de toits de tôles hérité de l'époque coloniale. 36.1% des résidents se qualifient de pauvres et 28.5% de modestes. Il n'y a que 16.7% des habitants qui classent leurs ménages dans la catégorie des revenus moyens tandis que 18.8% déclarent avoir des revenus supérieurs à la moyenne (Coginta, 2016).

Premier prolongement naturel de Kaloum, la commune de Dixinn est composée de 22 quartiers.Sa population est estimée par le recensement général de la population à 135 788 habitants (68 574 hommes contre 67 214 femmes) répartis dans 20 063 ménages, soit environ 7 personnes par ménage (INS, 2016).

La commune de Dixinn abrite des infrastructures coloniales comme la forêt de Camayenne et le cimetière de Cameroun, le stade du 28 septembre, la 1ère Université nationale (Université Gamal Abdel Nasser), le centre hospitalier universitaire (CHU) de Donka, la cité ministérielle et la plus grande mosquée de Conakry (Mosquée Fayçal) Le niveau de pauvreté de Dixinn estimé par les habitants est de 34% de foyers pauvres et 31.4% de foyers modestes (Coginta, 2016).

La commune de Matam est quant à elle limitée à l'Est par la commune de Matoto, à l'Ouest par celle de Kaloum, au Nord par Dixinn et au Sud par l'océan atlantique qui va de Moussoudougou à Bonfi (bras de mer Dabondy) sur une distance de 8 km. Elle couvre une superficie de 35 km² (Coginta, 2014). Elle compte 24 quartiers et une population estimée à 143 255 habitants pour 20 133 ménages avec une densité de 4 093 habitants au km2 (INS, 2016).

Le commerce et la pêche représentent 80% des activités et occupent 70% de la population active. La commune de Matam abrite le plus important centre commercial de la capitale et de la Guinée : Madina. Ce poumon économique est le principal lieu d'entrepôts et d'échanges de marchandises. Les transactions journalières se chiffrent en milliards de francs guinéens. Ces activités se font dans un environnement intense de mouvements de personnes, de biens et de petits métiers comme les mécaniciens, les réparateurs de tout type d'appareil, des tailleurs, des coiffeurs et autres activités de commerce et d'artisanat (Coginta, 2014).

Dans cette commune, est située la principale société des brasseries de Guinée (SOBRAGUI) et quelques espaces de bureaux de sociétés minières (Rio Tinto) et téléphoniques (Orange). Elle abrite aussi deux ministères (celui de la Sécurité et de la Protection Civile et celui de l'Environnement et des eaux et forêts). On y rencontre également deux ambassades (Russie et Sénégal) et le siège du système des Nations Unies (Coginta, 2014).

La commune de Matoto est l'une des deux grandes communes de la ville de Conakry. Elle couvre une superficie de 36 km². Elle est limitée à l'Est par la commune rurale de Manéah (Préfecture de Coyah), à l'Ouest par la commune de Matam, au Nord par le chemin de fer Conakry-Niger qui fait la limite avec la commune voisine de Ratoma et au Sud par l'Océan atlantique.

Elle est la commune la plus peuplée de la ville de Conakry avec une population de 666 640 habitants (dont 334 515 hommes et 332 125 femmes) répartie entre 91 444 ménages. La taille moyenne des ménages est de 7,29 personnes par ménage (INS, 2016).Ces ménages sont répartis dans 38 quartiers.

C'est également la commune de Matoto qui abrite l'aéroport international de Conakry. On y rencontre également deux des grands marchés de la ville. Il s'agit de ceux de Matoto et d'Enta. Le nouveau grand marché de Conakry est également situé dans l'un des quartiers de la commune (Dabondy 2).

La commune de Ratoma est la plus grande commune de la ville de Conakry en termes de superficie. Elle s'étend sur une surface de 62 km². La commune est composée de 34 quartiers(Coginta, 2014). Elle est limitée au nord par l'océan atlantique, à l'est par la commune urbaine de Dubréka, au Sud par Matoto et à l'ouest par la commune de Matam.

La population de la commune est de 652 783 habitants (dont 328 320 hommes et 324 463 femmes) répartis dans 95 786 ménages(INS, 2016). La taille moyenne des ménages est de 6.81 personnes par ménage.

CHAPITRE VI : PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

Ce chapitre fait une présentation des données collectées sur le terrain. D'originesdiverses,elles proviennent des entretiens réalisés avec des jeunes sans expérience entrepreneuriale, des jeunes créateurs d'entreprises et des structures d'appui à la création d'entreprises. Le chapitre comporte deux sections. La première présente les données obtenues à partir des deux (2) questionnaires utilisés et la dernière, les données obtenues à partir de la technique d'entretien individuel.

Section 1 : Données quantitatives

Cette section présente les résultats des analyses faites sur les données quantitatives. Elles ont été collectées auprès des jeunes sans expérience entrepreneuriale et des jeunes créateurs d'entreprises. Plusieurs variables sont entrées en ligne de compte dans cette analyse. Celles-ci font l'objet des sous-sections qui composent cette première section. Il y en a en tout six (6) sous-sections. Il s'agit successivement : duprofil des répondants ;de l'intention entrepreneuriale ;des motivations à la création d'entreprises ;du profil des entreprises de jeunes ;du profil des jeunes créateurs d'entreprises et des jeunes face au processus entrepreneurial.

Sous-section 1 : Profil des répondants

Plusieurs outils de collecte ont été utilisés pour collecter les données. Parmi ces outils, deux questionnaires ont essentiellement permis d'interroger les cibles directes de cette recherche : les jeunes. Le premier questionnaire était destiné à ceux qui n'avaient pas d'expérience en matière d'entrepreneuriat (de 15 à 35 ans). Celui-ci visait à disposer d'informations permettant de mesurer leurs intentions entrepreneuriales.Le second questionnaire a été utilisé pour entrer en contact avec des jeunes créateurs et gérants d'entreprises. Le but était de réunir des informations permettant de faire une description de leur profil, de celui de leur entreprise, des facteurs les ayant poussé à créer des entreprises et des difficultés qu'ils ont rencontrées pendant leurs démarches entrepreneuriales.

Grâce au premier questionnaire, il a été possible de toucher 478 jeunes dans toutes les communes de Conakry. Cet effectif était composé de 52.06% d'hommes et 47.91% de femmes. Comme indiqué sur la figure 6.1, 14.23% de ces sondés résident dans la commune de Dixinn, 21.13% à Kaloum, 19.87% à Matam, 21.76% à Matoto et 23.01% à Ratoma.

Figure 6.1 : Répartition des enquêtés par sexe et par commune (jeunes sans expérience entrepreneuriale)

Du point de vue de l'âge, 12.92% des sondés se situent dans la tranche de 15 à 20 ans, 37.66% de 21 à 25 ans, 35.15% de 26 à 30 ans et 14.23% de 31 à 35 ans. Les jeunes sondés sont pour la plupart célibataires (74.9%) et 25.11% d'entre eux mariés.

Les jeunes sondés lors de cette recherche sont pour la majorité de niveau universitaire. 36.61%d'entre eux ont déclaré disposer d'un diplôme universitaire, tandis que 15.15% n'ont atteint que le second cycle du secondaire. Ceux qui ont atteint ou complété le premier cycle du secondaire représentent 16.53% des sondés ; tandis que ceux qui ont atteint le niveau primaire et effectué des études dans une école professionnelle représentent chacun 9.83% de la population sondées ; et ceux qui n'ont fait aucune étude représentent 10.04%.

Figure 6.2 : Répartition des enquêtés par niveau d'étude (jeunes sans expérience entrepreneuriale)

Notre investigation à couvert toutes les cinq (5) communes de la ville de Conakry. La population de cette ville est largement dominée par l'ethnie soussou dont la langue est la plus parlée. Selon l'identité des jeunes sondés, 37.87% sont soussou, 27.41% peulhs et21.97% malinké.Les ethnies kissi, kpèlè, toma et konianké sont représentées successivement par 3.97%, 3.35%, 2.3% et 2.09% des sondés. 1.05% d'entre eux sont des expatriés.

Figure 6.3 : Répartition des enquêtés par ethnie (jeunes sans expérience entrepreneuriale)

Sur le plan religieux, la quasi-totalité des sondés (89.54%) sont des musulmans, 10.25% se réclament du christianisme (notamment, 5.86% sont catholiques, 3.35% de protestants, 1.04% de témoins de Jéhovah) et 0.21% de libre penseur (sans religion).

Figure 6.4 : Répartition des enquêtés par religion (questionnaire destiné aux jeunes sans expérience entrepreneuriale)

Grâce au questionnaire destiné aux créateurs et gérants d'entreprises, nous avons réalisé des interviews avec 66 créateurs et/ou gérants d'entreprises. Cet effectif était composé de 80.3% d'hommes et 19.7% de femmes. 77.27% étaient propriétaires d'entreprises et 22.73% gérants d'entreprises.

La figure 6.5 ci-aprèsdonne plus de détails sur la répartition de cet effectif par commune.

Figure 6.5 : Répartition des enquêtés par sexe et par commune (jeunes créateurs d'entreprises)

Du point de vue de l'âge, 7.58% des créateurs et/ou gérants d'entreprises sondés se situe dans la tranche de 15 à 20 ans, 31.21% de 21 à 25 ans, 40.91% de 26 à 30 ans, 30.30% dans celle de 31 à 35 ans. 43.94% sont mariés tandis que 56.06% se déclarent célibataires.

La plupart des créateurs et/ou gérants d'entreprises interviewées durant cette étude étaient des universitaires. 45.45% d'entre eux déclarent disposer d'un diplôme universitaire. Ceux qui ont atteint le niveau baccalauréat représentent la même proportion que ceux qui ont terminé le premier cycle du secondaire (16.67% chacun). Ceux du niveau primaire et ceux n'ayant pas fait des études représentent chacun 6.06% des sondés.

Comme indiqué dans le tableau 6.1, plus de la moitié des jeunes sondés (60.46%) n'ont eu aucune formation liée à la création ou la gestion d'entreprise. Ceux qui ont eu une formation en entrepreneuriat ou gestion d'entreprise ont cité les cadres de formation suivants : lors d'une conférence ou d'atelier de formation (20.09%), pendant un cours ou un module portant sur l'entrepreneuriat ou la gestion d'entreprise (17.57%), lors d'une formation aboutissant à un diplôme en entrepreneuriat ou en gestion d'entreprise (7.32%).

Tableau 6.1 :Formation des jeunes en entrepreneuriat

 

Fréquence

Aucune formation liée à la création/gestion d'entreprises

60.46%

Lors d'une conférence ou d'un atelier

20.09%

Module/cours en entrepreneuriat

17.57%

Formation aboutissant à un diplôme en entrepreneuriat

7.32%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

La plupart des jeunes entrepreneurs interrogés sont des locuteurs de la languepoular. Le Poular est la langue maternelle de 33.33%. Les locuteurs de la langue soussou représentent de25.76% des sondés, ceux de la langue malinké 16.67%, le toma 9.09%, le kissi 6.06%, le kpèlè et le konianké 4.55% pour chacun.

Du point de vue de la pratique religieuse des créateurs et/ou gérants d'entreprises, il ressort de notre investigation que la quasi-totalité (81.82%) des sondés sont des musulmans contre 18.18% de pratiquants des confessions chrétiennes (9.09% de catholiques, 7.58% de protestants et 1.52% de Témoins de Jéhovah).

Sous-section 2 : Intention entrepreneuriale

Les jeunes de Conakry ont une vision positive de l'entrepreneuriat. Interrogés sur le meilleur choix de carrière pour un jeune, plus de la moitié des sondés (59.62%) ont cité la création d'entreprises. Les autres quant à eux préfèrent être salariés soit en qualité de fonctionnaires d'État (15.48%), d'employés au sein d'une entreprise privée (11.51%), d'employé d'une institution internationale (11.09%) ou encore au sein d'une organisation non gouvernementale nationale (2.30%).

Cette propensionà l'entrepreneuriat parait plus développée chez les jeunes de la tranche d'âge de 21 à 30 ans que les autres tranches.Les gensse situant dans la tranche de 21 à 25 ans et voyant en la création d'entreprises le meilleur choix de carrière représentent 23.43% des sondés.Ceux de la tranche de 26 à 30 ans représentent 20.29% des sondés.Cela ressort du tableau 6.2 ci-dessous.

Tableau 6.2 :Meilleur choix de carrière par âge (jeunes sans expérience entrepreneuriale)

Meilleur choix de carrière pour jeune

Tranches d'âge

15 à 20 ans

21 à 25 ans

26 à 30 ans

31 à 35 ans

Total

Créer une entreprise

8.79%

23.43%

20.29%

7.11%

59.62%

Être fonctionnaire de l'État

2.51%

4.39%

4.39%

4.18%

15.48%

Être employé au sein d'une entreprise

1.26%

3.97%

3.97%

2.30%

11.51%

Travailler au sein d'une institution internationale

0.21%

5.02%

5.44%

0.42%

11.09%

Travailler au sein d'une ONG nationale

0.21%

0.84%

1.05%

0.21%

2.30%

Total

12.97%

37.66%

35.15%

14.23%

100.00%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Pour mieux affiner notre compréhension de cette intention d'entreprendrechez les jeunes de Conakry, nous les avons amenés à faire un choix entre deux options. L'idée était de cerner la place qu'ils accordent à l'option entrepreneuriale suivant la disponibilité des moyens. Ces deux opportunités étaient : le financement de ses études et la création de son entreprise. Les résultats indiquent que plus de la moitié (59.21%) des interviewés préférèrentcréer leur entreprise s'ils disposaient demoyens au lieu de financer leurs études. Cette dernière option a été préférée par 40.79% des sondés.

Ce sont surtout les jeunes femmes qui préfèrent la carrière entrepreneuriale. Une analyse de niveau 2 (analyse bidimensionnelle) entre l'option prioritaire et le sexe des sondés indique que 30.54% de ceux qui préfèrent se lancer dans la création d'entreprises sont des femmes contre 28.66% d'hommes.

Figure 6.6 : Option de préférence des jeunes par sexe (jeunes sans expérience entrepreneuriale

Une autre analyse a fait ressortir que 85.36% des jeunes sondés pensent pouvoir créer leur propre entreprise dans lescinq (5) ans à venir. Sur cette proportion, 45.82% déclarent être d'accord avec l'affirmation selon laquelle ils pourront créer leur entreprise dans les cinq prochaines années, tandis que 39.54% disent être fortement d'accord. Il y a par contre,14.64% des jeunes qui pensent ne pas être à même de créer une entreprise dans les cinq prochaines années bien qu'ils pensent pouvoir le faireun jour.

Les jeunes qui souhaitent créer une entreprise préfèrent investir principalement dans les activités du secteur tertiaire. Le commerce est l'activité de préférence de 34.73% des sondés. Les activités de formation constituent la seconde préférence des jeunes qui souhaitent se lancer dans une carrière entrepreneuriale. 13.60% d'entre eux préfèrent se lancer dans ce domaine plutôt que dans d'autres. Peu d'entre eux souhaitent se lancer dans des secteurs nécessitant un investissement important. Le tableau 6.3 donne plus de détails sur les domaines d'activités de préférence des jeunes par sexe.

Tableau 6.3 : Secteur d'activité souhaité par sexe (jeunes sans expérience entrepreneuriale)

Domaine d'activité souhaité

Sexe

Femme

Homme

Total

Commerce

19.04%

15.69%

34.73%

Éducation/Formation

4.60%

9.00%

13.60%

Service à la personne

6.69%

1.67%

8.37%

Industrie

2.72%

5.44%

8.16%

Prestation de service

2.51%

5.65%

8.16%

Agriculture/Élevage/Pêche

2.30%

3.56%

5.86%

Transport/Transit

0.84%

3.35%

4.18%

Nouvelles technologie de l'information et de la communication

1.26%

1.67%

2.93%

Sanitaire

1.88%

0.63%

2.51%

Immobilier/BTP

1.05%

0.63%

1.67%

Restauration

1.46%

0.00%

1.46%

Mines/Hydrocarbure

0.21%

0.42%

0.63%

Humanitaire

0.00%

0.42%

0.42%

NSP/RDR

2.72%

2.93%

5.65%

Autres

0.63%

1.05%

1.67%

Total

47.91%

52.09%

100.00%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Le choix du domaine d'activités dans lequel les jeunes souhaitent créer leurs entreprises dépend dans 34.94% des cas de la rentabilité financière qu'ils y voient. 30.13% souhaitent créer leur entreprise dans leur domaine de compétence, tandis que 16.95% veulent se lancer dans un domaine qui est lié à ce qu'ils ont étudié. Les autres raisons de choix du domaine d'activités sont : les raisons humanitaires et écologiques (5.44%), des suggestions (3.97%), la passion pour le domaine (1.88%) et l'absence d'autres choix (1.05%).

Figure 6.7 : Raison du choix du domaine d'activité (jeunes sans expérience entrepreneuriale)

Les jeunes créateurs d'entreprises ont, quant à eux créé leur entreprise en majorité dans leur domaine de compétence. 43.94% déclarent avoir choisi le domaine d'activités de leur entreprise en tenant compte de l'expérience qu'ils avaient de ce dernier. Ceux qui ont tenu compte de la rentabilité du domaine pour faire leur choix représentent 36%. Les autres raisons du choix du domaine évoquées par nos sondés sont : les suggestions (7.58%) et le fait d'avoir fait des études en lien avec ce domaine (3.03%).

Sous-section 3 : Motivations à la création d'entreprises

Comme développé antérieurement, plus de la moitié des jeunes sondés durant cette étude ont une opinion positive de l'entrepreneuriat. Beaucoup trouvent en la création d'entreprises le meilleur choix de carrière. Ils souhaitent créer leurs propres entreprises et pensent pouvoir le faire dans les cinq prochaines années ou l'ont déjà créé et sont en train de la gérer. Nous avons voulu approfondir notre analyse du sujet en cherchant à découvrir les facteurs de motivation à la création d'entreprises.

Dans cette dynamique, nous avons mis à contribution plusieurs variables afin d'en faire une analyse plus approfondie. Il s'agit notamment de l'expérience entrepreneuriale des proches (membre de la famille, amis, etc.), l'influence de l'entourage des jeunes et de l'expérience du jeune dans une autre entreprise.

Il ressort de ces analyses que 58.37% des sondés ont l'un de leurs proches qui sont ou ont été propriétaires d'entreprises contre 41.42% qui n'en ont pas. 26.36% ont travaillé au sein de l'entreprise de leurs proches et45.40% d'entre eux pensent que l'entreprise de leur proche avec qui ils ont travaillé a été un succès. Par contre, 10.25% d'entre eux gardent un mauvais souvenir de l'expérience entrepreneuriale de leur proche avec qui ils ont travaillé.

L'entourage des jeunes a une influence considérable sur leur désir d'entreprendre. Une grande partie des sondés (72.8%) dit avoir été encouragé par un procheà entreprendre contre 26.78% qui ne l'ont pas été.75.52% des sondés trouvent que leur entourage encourage généralement les jeunes à se lancer dans la dynamique entrepreneuriale contre 23.64% qui pensent le contraire.

Le fait d'avoir géré auparavant une entreprise est un facteur qui contribue à accroitre le désir d'entreprendre chez les jeunes. C'est ainsi que 55.44% des sondés déclarent avoir auparavant géré une entreprise ou une organisation sociale contre 44.14% qui ne l'ont jamais fait.

Étant donné qu'une proportion non négligeable de jeunes préfèrele travail salarié au détriment del'entrepreneuriat, nous avons voulu mieux comprendre les motifs pour lesquels leur vision est différente de celle des autres.

Nous avons à cet effet fait recours à plusieurs variables pour cerner les facteurs de démotivation à l'entrepreneuriat. Deux de ces variables ont porté sur ce que pensent les jeunes des compétences et qualités nécessaires à un chef d'entreprise. Dans un premier temps, il a été demandé aux jeunes de citer les qualités et compétences nécessaires à un chef d'entreprise et en second lieu,il a été posé la question de savoirauprès d'eux s'ils possédaient au moins l'une de ces qualités ou compétences.

Comme l'indique le tableau 6.4, les compétences et/ou qualités les plus citées par les jeunes sont : l'art de gérer les ressources humaines (62.97%), la disposition de compétences en administration et finance (53.34%), le sens de l'organisation (36.40%), la disposition d'un diplôme (26.78%), la créativité et l'esprit d'innovation (25.31%) et l'amour du risque (12.34%).

Tableau 6.4 : Compétences nécessaires à un entrepreneur

 

Fréquence

Avoir l'art de gérer les ressources humaines

62.97%

Avoir des compétences administratives et financières

53.34%

Être organisé

36.40%

Avoir un diplôme

26.78%

Être créatif/Innovant

25.31%

Aimer prendre le risque

12.34%

Être altruiste

2.93%

Être bien formé

1.46%

Être rigoureux

0.84%

Disposer d'un capital

0.63%

Avoir des relations

0.24%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

La majorité (81.8%) des sondés disposent au moins de l'une de ces compétences et qualités. Par contre, 16.11% d'entre eux ne disposent d'aucune de ces compétences et/ou qualité.

Une autre variable étudiée portait sur les principales raisons du manque d'intérêt de certains jeunes pourl'option entrepreneuriale. Les raisons évoquées par les sondés sont : « Cela demande trop d'argent » (10 sondés), le manque d'intérêt (9 sondés), la complication du processus entrepreneurial (6 sondés), l'influence des échecs entrepreneuriaux constatés (4 sondés), le manque de compétences et de qualifications nécessaires (2 sondés) et la sensibilité au risque (2 sondés).

Tableau 6.5 : Principales raisons du manque d'intérêt à la dynamique entrepreneuriale

 

Effectif

Cela demande trop d'argent

10

Je ne suis pas intéressé

9

C'est trop compliqué

6

J'ai de très mauvais exemples en matière d'entrepreneuriat en tête

4

Je ne dispose pas de compétences et de qualifications nécessaires

2

C'est trop risqué

2

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

L'opinion des jeunes sur ce qu'ils pensent êtredes obstacles pour eux à se lancer dans la dynamique entrepreneuriale est une autre variable que nous avons étudiée pour mettre en exergue les facteurs de démotivation des jeunes à la création d'entreprises.

L'analyse de cette variable indique que le manque de moyens financiers est le principal obstacle potentiel à l'entrepreneuriat chez les jeunes. Il a été cité par 83.05% des sondés. Les autres obstacles cités sont : l'absence d'accompagnement (6.28%) ; le manque de volonté (3.15%) ; le manque de réseau relationnel solide (3.15%) ;l'absence de compétences managériales (2.51%) ; la peur du risque (1.68%) et le manque de formation (0.21%).

Tableau 6.6 :Obstacles potentiels à l'entrepreneuriat chez les jeunes

 

Fréquence

Manque de moyens financiers

83.05%

Absence d'accompagnement

6.28%

Manque de volonté

3.15%

Manque de réseau relationnel solide

2.72%

Absence de compétences managériales

2.51%

Peur du risque

1.68%

Manque de formation

0.21%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Conscient que la création d'entreprises nécessite des investissements, nous avons fait usage d'une variable pour mesurer la probabilité qu'un jeune porteur de projet bénéficie de l'appui financier d'un proche. Il ressort des résultats que 13.6% des sondés pensent qu'il est fortement probable d'en bénéficieret 52.93% pensent cela probable. À l'inverse, 21.13% pensent cela plutôt improbable et 11.09% qui pensent que cela est fortement improbable.

Un autre niveau d'analyse pour cerner les facteurs de démotivation à l'entrepreneuriat nous a amené à nous pencher sur la connaissance des jeunes de l'existence de structures d'appui à la création d'entreprises. Les données indiquent que 59.62% des jeunes n'en ont aucune connaissance contre 28.03% qui disent avoir connaissance de l'existence de telles structures.

Ceux qui ne souhaitent pas se lancer dans la dynamique entrepreneuriale et ayant connaissance de l'existence d'un dispositif d'aide à la création d'entreprisespensent que ces structures ne sont pas à même de relever le défi en matière d'entrepreneuriat des jeunes.Ils pensent que c'est uniquement du bluff (30.76%) ;les conditions d'accès au dispositif mis en place ne sont passatisfaisantes (30.76%) ; le manque de volonté (23.07%) et la complexité du processus d'accès à l'appui de ces structures (15.38%).

Tableau 6.7 :Raison du manque d'intérêt à l'entrepreneuriat

 

Fréquence

C'est du bluff

30.76%

Les conditions d'accès ne sont pas profitables

30.76%

Manque d'intérêt à l'entrepreneuriat

23.07%

Le processus est trop compliqué

15.38%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

La maitrise du processus de création d'entreprises est une variable que nous avons mise à contribution dans l'analyse des facteurs de démotivation à l'entrepreneuriat. Interrogés sur la connaissance qu'ils ont de ce processus, 57.95% des sondés déclarent ne pas connaître les différentes étapes contre 31.8% qui pensent les connaître.

Le fameux plan d'affaires considéré comme l'un des éléments nécessaires à la création et à la réussite d'entreprise est un outil dont 57.74% des sondés déclarent ne pas savoir concevoir contre 28.03% qui pensent en être à mesure.

Sous-section 4 : Profil des entreprises de jeunes

Comme l'indique le graphique 6.8 ci-dessous, les entreprises créées par les jeunes guinéens de Conakry évoluent principalement dans le secteur tertiaire. Il s'agit notamment du commerce (51.52%), de la prestation de service (30.3%), des services de beauté (15.15%) et de la formation (3.03%).

Figure 6.8 : Répartition des entreprises créées par les jeunes interviewés lors de l'enquête en fonction du secteur d'activité

Plus de la moitié de ces entreprises (69.7%) sont des propriétés individuelles contre 30.3% de propriété collective. Au moment de l'enquête, ces entreprises avaient une durée de vie comprise entre 1 et 25 ans (5.25 ans en moyenne). Une distribution sur le nombre d'années d'existence indique que plus de la moitié (53%) ont moins de 5 ans, 36.5% entre 5 et 10 ans, 6% entre 11 et 15 ans. Il n'y a que 5% des entreprises sondées qui ont une existence qui va au-delà de 15 ans. Cette distribution est illustrée par la figure 6.9 ci-dessous.

Figure 6.9 :Nombre d'années d'existence des entreprises sondées

Comme on peut le voir, plus de la moitié d'entre elles évoluent sans aucune existence légale. Les résultats de notre enquête indiquent que 53.03% de ces entreprises ne sont pas enregistrées au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM) contre 46.97% qui y sont enregistrées. Soit ces entreprises ne disposent d'aucune forme juridique (71.21% des cas) ou encore sont des sociétés à responsabilité limitée (28.79% des cas).

Généralement de petites tailles, les entreprises des jeunes ont un faible nombre d'employés. Elles comptent en leur sein 1 employé au minimum et 30 au maximum (3 employés en moyenne). La mise en classe de cette série avec une amplitude constante de 2 indique que 42.42% d'entre elles emploient entre 2 et 3 personnes et 34.85% évoluent avec un seul employé(généralement le propriétaire). Celles qui ont un nombre plus important d'employéssont de l'ordre de 10.61% qui emploient entre 4 et 5 personnes, de 3.03% entre 6 et 7 personnes et 9.09% deplus de 8 personnes.

Une analyse bidimensionnelle (de niveau 2) nous a permis de mieux cerner cette distribution. Nous avons à cet effet fait un croisement entre le nombre d'employés de l'entreprise et le secteur d'activités de celle-ci. Les résultats de cette analyse sont présentés dans la figure 6.10 ci-dessous.

Figure 6.10 : Nombre d'employésde l'entreprise par secteur d'activité

Ce sont les secteurs du commerce et de la prestation de services qui embauchent un nombre élevé d'employés. Les entreprises qui emploient entre 2 et 3 personnes sont celles qui exercent le commerce (18.18%) et la prestation de services (16.67%). Il y a également 7.58% dans les services de beauté.

Les entreprises qui emploient huit (8) personnes et plus sont représentées à 4.55% dans le domaine du commerce, 3.03% dans les services de beauté (service à la personne) et 1.52% dans les prestations de service.

Les entreprises créées par les jeunes sont généralement celles dont la création ne nécessite pas un montant important en matière d'investissement. Notre enquête a révélé que la création de 50% des entreprises de jeunes a nécessité un investissement en deçà de 10 millions de franc guinéens. 19.7% à un montant de 10 à 20 millions, de 21 à 30 millions et de 31 à 40 millions, 3.03% chacun. Seulement 1.52% des entreprises créées par les jeunes ont investi plus de 40 millions GNFau moment de leur création.

Sous-section 5 : Profil des jeunes créateurs d'entreprises

Certains jeunes ont exercé un autre emploi avant de se lancer dans une carrière entrepreneuriale. Ils représentent 33.33% des entrepreneurs interrogés pendant l'enquête. Les autres jeunes créateurs d'entreprises sondés (43.94%) ont commencé leur carrière professionnelle en créant et en gérant directement leur propre entreprise.Après s'être lancés dans l'entrepreneuriat, 9.09% des entrepreneurs continuent néanmoins d'exercer un autre emploi. Ils disent confier une partie de la gestion de leur entreprise à une tierce personne.

Parmiles entrepreneurs qui ont exercé un autre emploi avant de créer la leur propre, 13.64% ont fait plus de 4 ans dans l'exercice de leur précédent emploi, 10.61% de 2 à 4 ans et 9.09% de moins de 2 ans.

La formation en entrepreneuriat ne semble pas être un facteur déterminant dans la décision d'entreprendre. 68.18% des jeunes créateurs d'entreprisesdéclarent n'avoir bénéficié d'aucune formation spécifique en création ou gestion d'entreprise. Il n'y a que 28.9% des entrepreneurs qui ont suivi au moins un module qui traite de l'entrepreneuriat et 3.03% qui ont suivi une formation qui débouche sur l'obtention d'un diplôme en entrepreneuriat ou création d'entreprises.

Figure 6.11 : Formation des jeunes en entrepreneuriat et création d'entreprises

L'origine sociale semble être un facteur déterminant dans le processus de décision de se lancer dans la dynamique entrepreneuriale. 77.27% des jeunes entrepreneurs déclarent avoir des parents qui sont ou ont été dans les affaires entrepreneuriales contre 22.73%.

Sous-section 6 : Jeunes et processus entrepreneurial

La création d'une entreprise est un processus qui comprend un certain nombre d'étapes. Le créateur d'entreprises doit avoir une vision globale de ces différentes étapes pour se préparer et donner un élan vital à son entreprise. Conscient de de fait, nous avons entrepris dans notre enquête d'interroger ceux qui ont créé leur entreprise surla maîtrise qu'ils pensent avoir de ce processus. Les réponses obtenues indiquent que plus de la moitié (69.7%) des entrepreneurs ne connaissent pas les étapes de ce processus contre 30.3%.

Dans la littérature entrepreneuriale traditionnelle, il est conseillé de se renseigner sur le marché dans lequel l'on souhaite se lancer. Il faut à ce sujet identifier ses concurrents, leurs avantages et leurs faiblesses. Les données collectées indiquent que 89.39% des entrepreneurs cohabitent avec leurs concurrents offrant les mêmes produits/services qu'eux et dans le même secteur géographique. Par contre, 10.61% n'ont pas de concurrents évoluant dans la même aire géographique. Plus de la moitié des entrepreneurs (57.58%)avaient connaissance de l'existence d'entreprises concurrentes avant de créer la leur contre 12.12% qui n'en avaient pas du tout connaissance.

Pour justifier pourquoi ils ont décidé d'installer leur entreprise aumilieu de la concurrence, 36.36% des entrepreneurs indiquent que « chacun a sa chance dans les affaires ». Une proportion de 24.06% explique la qualité de leurs produits/services dépasse celle de la concurrence. Pour 10.61% d'entre les sondés, la présence des besoins non satisfait malgré les solutions proposées par la concurrence, a motivé leur passage à l'acte entrepreneurial.

Les entreprises créées par les jeunes sont à 54.55% financées à partir des apports personnels de ou des entrepreneurs, 28.79% par l'aide des parents ou de proches et seulement 3.04% qui ont bénéficié d'un emprunt auprès d'un établissement financier (banque).

Une proportion de 72.73% des répondants déclare ne pas être capable de concevoir un business plan contre 27.27% qui déclare pouvoir le faire. 56.06% des créateurs n'ont pas conçude plan d'affaires contre 21.21%.13.64% des créateurs ont eu recours au service d'une tierce personne pour le concevoir contre 3.03% qui l'on fait tout seul.

Ceux qui n'ont pas conçude plan d'affaires ne savent pas ce que c'est (40.91%) ; pensent que c'est trop compliqué de le concevoir (6.06%), n'ont pas été assisté par quelqu'un pour le concevoir (6.06%), ne voulaient simplement pas le faire (1.52%) ou pensent que ce n'est pas nécessaire d'en concevoir (1.52%).

Les entreprises de jeunes réalisent généralement un chiffre d'affaire très faible. Les entrepreneurs sondés lors de cette enquête déclarent dans 36.36% des cas avoir réalisé un chiffre d'affaires inférieur à 5 millions GNF, 36.36% de 5 à 10 millions GNF l'année ayant précédé l'enquête (2014). Seule 3.03% des entreprises ont généré un chiffre d'affaires supérieur à 30 millions GNF. Voir la figure 6.12 ci-dessous.

Figure 6.12 : Chiffresd'affaires réalisés par les entreprises des jeunes en GNF

Malgré cette faiblesse du chiffre d'affaires annuel réalisé par les entreprises, la quasi-totalité (90.91%) des entrepreneurs pensent réaliser des bénéfices contre 6.06% qui, au contraire, pensent être en situation de perte et 3.03% pensent fonctionner au seuil de rentabilité (ne perdent ni ne gagnent).

Il ressort de l'analyse des données que 80.3% des répondants font un bilan régulier de leur entreprise contre 17.9% qui n'en font pas. Ce bilan se fait en fonction du rythme décrit dans la figure ci-dessous.

Figure 6.13 :Fréquence du bilan des entreprises de jeunes

Interrogés sur les difficultés rencontrées pendant le processus de création de leur entreprise, les jeunes entrepreneurs en ont évoqué plusieurs. Les difficultés à trouver un local pour l'entreprise a été cité par 59.1% des répondants. Quant à la difficulté de trouver des fonds pour financer les investissements, 59.09% en ont fait mention. Les difficultés à gagner la confiance des gens et/ou le manque de clients représentent 24.26%. L'obtention des documents légaux est la dernière difficulté citée (9.1%).

Figure 6.14 : Difficultés rencontrées par les jeunes créateurs d'entreprises

Section 2 : Données qualitatives

Cette section présente les différentes analyses faites sur les données qualitatives. Ces dernières proviennent des entretiens réalisésauprès de certaines structures d'appui à la création d'entreprises. Ces informations ont été regroupées dans deux sous-sections. La première fait une présentation de la politique d'aide à la création d'entreprises pour jeunes et la dernière traite de la stratégie d'accompagnement des créateurs d'entreprises.

Sous-section 1 : Politique d'aide à la création d'entreprises pour jeunes

La politique d'aide à la création d'entreprises pour les jeunes s'exprime en termes d'accompagnement. Nos investigations ont permis d'identifier différentes structures d'aide à la création d'entreprises. Nous pouvons les regrouper en trois catégories. Il s'agit des incubateurs, des structures étatiques (publiques) d'aide à la création d'entreprises pour jeune et les établissements financiers.

Les structures étatiques d'aide à la création d'entreprises sont des organismes mis en place par le gouvernement guinéen pour accroître l'employabilité des jeunes. Ces organismes bénéficient d'un appui de la part des institutions internationales dans le cadre de la réduction de la pauvreté et de la promotion de l'emploi des jeunes.

Ces structures fournissent de l'aide sous plusieurs formes. Cette aide vise à appuyer les entrepreneurs. Elle peut prendre la forme d'un renforcement de capacité du créateur d'entreprises, la structuration de son projet, l'appui à la recherche de financement, le financement de la création et/ou du développement de l'entreprise, l'appui à la gestion, etc.

L'aide apportée par ces organismes s'adresse uniquement aux jeunes porteurs de projets d'entreprises. Il s'agit de ceux âgés de 18 à 35 ans.Ces organismes d'aide ont pour tâche,nous confiait l'un des interviewés,de :

S'occuper de la vie entrepreneuriale des jeunes, c'est-à-dire de la politique à la conception, jusqu'à la mise en oeuvre de toute la politique nationale liée à l'auto-emploi des jeunes. Quand on parle de jeunes, ce sont ceux qui sont âgés de 18 à 35 ans. Tous les jeunes qui sont scolarisés, déscolarisés, non scolarisés, ou même issus des familles très pauvres et qui n'ont pas cette chance-là d'avoir une formation académique comme certains, constituent en fait notre cible privilégiée dans l'accompagnement.

Nous avons regroupé sous le vocable `'établissements financiers'', toutes les institutions d'épargne et de crédits. Il s'agit des banques primaires et des agences de micro-finances. Ces institutions apportent leur soutien à l'éclosion entrepreneuriale sous plusieurs formes.

Contrairement aux structures étatiques d'aide à la création d'entreprises, les établissements financiers ne font pas de l'âge un critère spécifique déterminant l'accompagnement d'un porteur de projet. Ils proposent plutôt des produits/services en tenant compte des besoins exprimés par ces derniers.

Sous-section 2 : Stratégie d'accompagnement des créateurs d'entreprises

Les structures étatiques d'aide à la création d'entreprises offrent aux jeunes porteurs de projet une aide que l'on peut situer à deux niveaux. Dans un premier temps, l'aide peut consister en un appui à la constitution de l'entreprise et ensuite, en une orientation des jeunes entrepreneurs pour une meilleure gestion de leurs entreprises. Le propos ci-dessous recueillisauprès de l'une de ces structures, illustre bien le fait :

L'aide que nous apportons va dans deux sens. D'abord la formation et la mise à disposition des fonds. Nous avons tout un mécanisme d'accompagnement, de l'idée d'entreprise à la matérialisation de cette idée en business plan jusqu'à la mise à disposition des fonds, et ensuite, nous les aidons à se constituer et à gérer l'entreprise qu'ils viennent de créer.

La mise à disposition des fonds prend deux formes principales. La structure peut octroyer un montant bien déterminé à l'entrepreneur pour financer sa création ou encore aider celui-ci à obtenir le financement d'une institution internationale. Le première forme de mise à disposition des fonds est une aide « pour la création des micros entreprises, des petits projets ». Le montant peut aller « de 20 000 0000 GNF à 50 000 000 GNF ».Les institutions internationales partenaires de ces structures offrent un financement dont la valeur« dépend du coût global du projet » présenté par le jeune entrepreneur.

L'accès à l'appui des structures étatiques d'aide à la création d'entreprises dépend en grande partie de quatre conditions. Il faut : 1) être jeune, 2) de nationalité guinéenne, 3) porteur de projet et 4) accepter se soumettre à l'idée de se faire accompagner par une institution de promotion d'emploi des jeunes.

La durée de l'accompagnement fourni par les structures étatiques est flexible. De la soumission du projet par le jeune entrepreneur à la formation de celui-ci, peuvent s'écouler trois (3) mois. Ces trois (3) mois sont mis à profit « pour préparer le jeune à affronter le marché de l'entrepreneuriat »nous disait l'un de nos interviewés. Après la mise à disposition des fonds, la durée de l'accompagnement « dépend de la durée du projet qui peut aller de dix-huit mois à trois ans par exemple ».

L'appui accordé par ces structures est gratuit. Seul le montant du financement est à rembourser et généralement avec un intérêt dont le taux est très faible en comparaison àceluides banques. À propos de ce montant, l'une des structures interviewées déclare : « C'est un crédit révolving que nous avons et non une subvention. Quand on te donne de l'argent pour financer ton entreprise, au retour il faut que tu puisses payer cet argent avec un taux d'intérêt qui n'est pas considérable comme les institutions bancaires. »

L'appui des établissements financiers à la création d'entreprises est fonction de la catégorie à laquelle elles appartiennent. Certains financent la création et le développement de l'entreprise, tandis que d'autres ne financent uniquement que son développement et non sa création.

En plus de l'octroi de prêts, les établissements financiers orientent également les porteurs de projets. Ils leur prodiguent des conseils et les aident à structurer leurs projets.

L'aide que nous apportons aux porteurs de projets d'entreprises, en général c'est qu'ils nous demandent de réévaluer leurs projets, de les lire, peut-être de leur donner des conseils, leur apporter un accompagnement financier. Ce que les gens oublient, c'est que la banque n'est pas là pour seulement donner de l'argent. La banque peut aussi aider un promoteur à le structurer. Elle peut aider un promoteur en lui donnant des conseils sur le choix de ses partenaires par exemple. Donc, nous donnons parfois des conseils, des conseils d'ordre financiers, bref, tous types de conseils qu'on peut donner.

Le cas spécifique des institutions de microfinance fonctionnant sur le principe des coopératives est particulièrement intéressant. Elles offrent un éventail de solutions à leurs membres qui souhaitent développer leurs affaires. En plus d'octroyer une aide financière sous forme de prêt, un appui à l'organisation et une formation à la gestion de l'entreprise, elles font aussi un accompagnement ennature.

L'accompagnement en nature se fait de la façon suivante. On peut recevoir des coopératives de pêche par exemple. Quand elles viennent, ce n'est pas de l'argent qu'on leur donne. On leur demande ce dont ils ont besoin pour faire avancer leurs activités. Il peut s'avérer que leur besoin soit de disposer de filets de pêche, de moteur hors-bord, de pirogues, etc. À notre tour, au lieu de leur donner de l'argent pour acheter ces équipements, nous les achetons nous-mêmes et les mettons à leur disposition.

Comme développé précédemment, l'aide apportée par ces établissements ne tient pas forcément compte de l'âge de celui qui la sollicite. Les établissements financiers offrent des produits/services à tous ceux qui ont l'âge requis par la loi pour disposer d'un compte bancaire. À la seule différence que ces institutions proposent des produits/services adaptés aux besoins des clients.

Les membres des institutions de microfinances qui fonctionnent sur le principe des coopératives ont droit à tous lesservices qu'elles offrent. La plupart de ceux qui adhèrent à ces coopératives sont des femmes, des jeunes, des organisations non-gouvernementales et parfois des entreprises. Ces institutions appuient le développement des entreprises qui existent déjà et non celles qui sont en phase de création.

Nous, nous assistons des ONG, des organisations, des groupements, des sociétés ou des organismes, mais pas celles qui sont en phase de création. Nous assistons des ONG, des organisations, des groupements, des sociétés ou des organismes de femmes qui existent déjà, qui n'ont pas de moyens pour se développer ou qui sont vers la faillite. Nous venons pour leur donner un coup de main pour qu'ils se développent et ne tombent pas ou encore pour qu'ils élargissent leurs activités. C'est le cas particulier des commerçants.On ne donne pas de l'argent à quelqu'un pour qu'il commence son commerce. Non ! Mais si tu es commerçant déjà avec un capital de cinq millions, nous on peut venir auprès de toi pour que tu accroisses ton commerce. On augmente tes cinq millions à dix millions, par exemple.

Les établissements financiers octroient des prêts aux entrepreneurs en fonction de certains paramètres. Les banques primaires ne fixent généralement pas un montant maximum pour le prêt à accorder à un porteur de projet. Leur financement est fonction de la vision du projet, de sa rentabilité, de son coût et des garanties de paiement. L'accès à un prêt important auprès d'une institution de microfinance fonctionnant sous forme de coopérative dépend en grande partie de l'ancienneté du membre dans la coopérative (institution de microfinance).

Ça dépend du projet et de la fidélité de son porteur à notre coopérative. Toi tu as fait un an, deux ans, trois ans avec nous, tu as bénéficié d'un prêt, de deux prêts avec nous, on ne peut pas te donner cinq millions et donner cinq millions à quelqu'un qui est venu hier. Nous nous partons d'abord de la confiance. Il faut travailler avec nous, avoir notre confiance et puis encore travailler avec. Le montant dépend du projet. C'est de 100 000 GNF au minimum à5 000 000 GNF en fonction de la durée, de la fidélité, en un mot,de ce que tu as avec nous.

Outre cela, celui qui souhaite avoir un prêt auprès de la coopérative de crédit doit au préalable avoir épargné au moins 20 à 30% du montant qu'il souhaite emprunter.

Les conditions d'accès aux prêts sont nombreuses et varient d'une institution financière à l'autre et de la catégorie à laquelle elle appartient. Fondamentalement, les banques accordent un prêt à un porteur de projet après avoir analysé son projet. Cette analyse porte dans un premier temps sur le projet. L'un des représentants de ces structures nous a confié:

Les conditions d'accès à la banque ou au financement de la banque, c'est exclusivement le respect des procédures de la banque. Il faut avoir la maitrise de ce que l'on veut faire parce que c'est ce qui est le plus important. Avoir de l'expérience et la logistique dans ce qu'on veut faire, avoir les hommes qui peuvent porter le projet, qui peuvent conduire votre affaire. Lorsqu'on a tout ça, on regardera ce que le projet apportera. Bref c'est l'analyse du projet qui est la pièce fondamentale. Parce que c'est un investissement que nous voulons faire dans ton projet.Donc nous chercherons à savoir ce que le projet nous donnera en retour en termes de profit.

Une fois que le banquier est rassuré de la rentabilité et de la faisabilité du projet, il procède à une seconde analyse. Celle-ci aura pour objet, le porteur de projet. Le banquier cherchera à se rassurer que « le promoteur a une bonne moralité, qu'il dispose des garanties (hypothèque par exemple) et que le secteur de financement est un secteur dans lequel la banque a défini un quota dans son budget »,nous confiaitl'un des interviewés.

Les taux d'intérêt et les assurances sont d'autres paramètres que la banque prend également en considération. Le banquier et le porteur du projet doivent s'accorder sur un taux avantageux pour chacun. L'approche de la banque sur les taux d'intérêt dépend de la nature du prêt sollicité par le porteur de projet. Le taux diffère selon que le prêt soit à court, moyen ou long terme.

La durée de l'accompagnement d'un porteur de projet dépend des besoins spécifiques qu'il exprime. Il peut concerner la structuration de son projet ou sa nature même. L'échéance de remboursement du prêt dépend du rythme de génération des flux financiers du projet. L'analyse du projet permet au banquier de déterminer la capacité de l'entrepreneur à rembourser le prêt àl'échéancier convenu.

Sous-section 3 : Obstacles à l'appui à la création d'entreprises

De l'avis des structures étatiques d'aide à la création d'entreprises et des établissements financiers, l'accompagnement des jeunes porteurs de projets d'entreprise n'est pas toujours facile.Les difficultés rencontrées par les structures d'aide à la création d'entreprisesqui accompagnent les jeunes porteurs de projets dans leur démarche entrepreneuriale sont liées àla vision que ces jeunes ontde l'entrepreneuriat, de la nature,la rentabilité et la structuration de leur projet.

Les structures étatiques d'aide à la création d'entreprises reprochent aux jeunes guinéens le manque de vision. Beaucoup s'intéressent peu ou pas du tout à l'entrepreneuriat. Depuis la mise en place de ces structures, peu de jeunes ont sollicité un accompagnement dans le domaine entrepreneurial. Le propos ci-dessous de l'un de nos interviewés illustre bien ce fait :

Les jeunes sont très lents. Ça fait près de deux ans et quelques mois mais nous n'avons même pas encore 30 personnes qui soient inscrites dans notre banque de données. Regardezvous-même dans la banque de données.Ça fait près de 32 inscrits. Parmi les 32, nous n'avons que 6 dossiers et parmi les six (6), nous avons trois (3) demandeurs d'emploi et trois (3) jeunes promoteurs qui sont d'ailleurs installés déjà.

Ceux d'entre eux qui sollicitent un accompagnement pour se lancer dans une carrière entrepreneuriale n'ont souvent pas la motivation suffisante. Il arrive parfois qu'après avoir entamé le processus, ils abandonnent. L'un de nos interviewés disait à ce propos : « quand [les jeunes porteurs de projets] viennent solliciter notre aide, nous les aidons à nettoyer leur projet. Malheureusement,après le premier rendez-vous que nous leurdonnons, ils entrecoupent. On ne les voit que deux mois plus tard et parfois jamais ».

Le plus souvent, les jeunes renoncent à poursuivre la démarche entrepreneuriale par manque de moyens financiers. En sollicitant l'accompagnement auprès des structures, ils ne disposent d'aucun moyen financier pour au moins couvrir les frais liés aux démarches administratives. Pourtant, l'aide proposée par les structures d'aide à l'entrepreneuriat jeune nécessite que le porteur contribue financièrement à la réussite de son projet pour être pris au sérieux par les financeurs. On peut le voir dans ce que nous a confié l'un de nos interviewés.

Quand ils viennent solliciter de l'aide, certains se buttent aux petites dépenses. Par exemple, il faut avoir une carte d'identité, un certificat de résidence, un casier judiciaire, mais ils ne les ont pas. Il y a l'un d'entre eux qui vient de quitter vous l'avez peut-être croisé en venant, il n'a aucun de ces documents. Je me dis mais écoute, ça on ne te dit même pas qu'il y a des dépenses qu'il faut faire même avec le contact avec le bailleur de fonds, si tu ne peux pas faire ça c'est que tu ne peux pas te lancer dans l'entrepreneuriat.Si tu ne peux pas avoir une carte d'identité, un certificat de résidence pour préparerles dossiers pour le RCCM, mais si tu ne peux pas fournir les 100 000ou 200 000 qu'ils vont te demander pour immatriculer ton entreprise, tu ne peux pas ouvrir une boite postale ni avoir un compte bancaire, tu ne peux pas avoir la confiance du bailleur.

Comme évoqué antérieurement, les établissements financiers ne financent pas la totalité des investissements du projet. Ils viennent combler le manque.

Outre les éléments ci-haut cités, les porteurs de projets n'ont souvent pas les compétences ou l'expérience nécessaire dans le domaine où ils veulent se lancer. Certains ne savent ni lire, ni écrire dans la langue de communication officielle du pays.

Une autre difficulté dans l'accompagnement des jeunes porteurs de projets est liée à la nature et à la structuration des projets pour lesquels ils sollicitent un accompagnement.Leurs projets sont souvent mal structurés, non rentables ou ne sont pas des projets d'entreprises. L'un de nos interviewés, comme nous pouvons le voir ci-dessous, est revenu sur ce faiten ces termes :

La plupart des jeunes qui viennent ici pensent que quand on parle de projet, on parle de projet de développement et ça c'est différent. C'est-à-dire pour un jeune qui vient avec un projet, il vient avec un projet par exemple de tournoi de football ainsi de suite.Pour lui, c'est un projet, alors que nous ce que nous demandons ce sont des projets de création d'entreprises basés sur des idées géniales et pouvoir accompagner les jeunes.Sinon,en termes de lacunes, c'est que les projets sont mal montés.

Les établissements financiers aussi n'accordent de prêtsaux porteurs de projets que s'ils trouvent le projet rentable. Un ensemble de paramètres estpris en considération pour prendre la décision d'accompagner ou pas. L'un de nos répondants déclarait à ce sujet :« Notre décision d'accompagner un porteur de projet dépend de l'analyse que nous faisons de son projet, de ses coûts, de la maîtrise que le promoteur a de son projet, des garanties que nous avons et de l'utilité même du projet. »Le projet doit donc disposer d'une capacité à générer des flux nécessaires au remboursement du prêt, des garanties de remboursement du prêt et de l'expérience du promoteur dans le secteur d'activités de sa futureentreprise.

Les produits et/ou services fournis par l'entreprise en constitution doivent également correspondre à un besoin exprimé par la population de son environnement. Cela a été évoquépar l'un de nos interviewés en ces termes.

Par exemple, je peux venir vous dire que j'ai un projet d'importationen Guinée des pommes de terre. Supposons que je désire installer mon entreprise à Labé et y importerde la pomme de terre.Vous-même vous convenez avec moi d'abord que la production interne de la zone est forte.Tu vas voir est ce qu'il y a une grappe que la production interne ne peut pas couvrir.Cela va définir votre besoin d'importation et c'est sur cela que la discussion avec le banquier portera. Si jamais le projet que vous soumettez n'est pas utile, ne répond pas aux besoins, bref ne vient pas couvrir une demande exprimée, ne résout pas un problème concret, le banquier aura du mal ou ne va pas le financer.

Les établissements financiers se retiennent d'accompagner certains porteurs de projets pour des raisons liées « au manque de garantie et l'inexpérience du promoteur. La banque considère que l'octroi d'un prêt à un promoteur qu'elle estime ne pas disposer de l'expérience nécessaire est un gros risque »,nous a ditl'un de nos interviewés.

CHAPITRE VII : INTERPRÉTATION DES DONNÉES

Ce chapitre porte sur l'interprétation des données collectées et analysées de la présente étude. Le chapitre est composé de deux (2) sections. La première traite des facteurs qui contribuent au développement de la culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises. La seconde quant à elle traite des facteurs qui constituent un obstacle au développement de l'entrepreneuriat.

Section 1 : Facteurs contribuant au développement de la culture entrepreneuriale et de l'entrepreneurship des jeunes de Conakry

En nous servant du paradigme des traits individuels, nous avons pu mettre en exergue plusieurs facteurs qui contribuent au développement de la culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises chez les jeunes de Conakry. Les différentes variantes du paradigme utilisées sont : les entrepreneurs viennent généralement de familles où un membre est ou a été entrepreneur ; les entrepreneurs viennent de milieux qui valorisent l'entrepreneuriat ; la carrière professionnelle, la propension à l'autonomie et le niveau d'instruction favorisent le passage à l'acte entrepreneurial.

Sous-section 1 : Entrepreneur : fruit de son milieu

Un entrepreneur se forge à partir des influences de son milieu. Aussi, un milieu qui valorise l'entrepreneuriat développe l'envie d'entreprendre des individus qui y vivent (Fortin, 2002). Développer la culture entrepreneuriale et in fine l'entrepreneurship, dépend dans une large mesure des influences du milieu. Cela est vrai dans le cas des jeunes de Conakry. Nos analyses nous ont amené à deux (2) rôles joués par ces influences sur le phénomène entrepreneurial.

Premièrement,les jeunes de Conakry qui sont issus de familles d'entrepreneurs ont une culture entrepreneuriale plus développée que les autres. Il y a 61.29% d'entre eux qui pensent que la carrière entrepreneuriale est la meilleure qui soit, 96.77% désirent créer une entreprise dans le futur et 88.88% pensent pouvoir y arriver dans les cinq prochaines années.

Cette envie d'entreprendre aussi significative chez les jeunes de Conakry s'explique par le fait qu'ils sont généralement influencés par les entrepreneurs qui sont de leurs familles. Ils les considèrent comme des modèles à imiter et sont fréquemment incités à entreprendre par les encouragements qu'ils reçoivent de leur part. C'est ainsi que 76.84% de ceux qui ont une opinion positive de l'entrepreneuriat déclarent avoir été encouragés par un proche.

En plus, la croyance en la possibilité de passer à l'acte entrepreneurial en moins de cinq ans est plus significative chez les jeunes qui viennent d'une famille d'entrepreneurs ou d'un milieu qui encourage les jeunes à l'entrepreneuriat. Les jeunes qui pensent arriver à cet objectif représentent 88.88% de ceux qui viennent de familles d'entrepreneurs, 85.6% de ceux qui ont été encouragés par leurs familles à entreprendre et 65.36% qui pensent que l'entrepreneuriat est valorisé par leur entourage. Il s'ensuit donc que les entrepreneurs sont créés par leur milieu.

Deuxièmement, les jeunes créateurs d'entreprises de Conakry venant de familles où, au moins, un membre est entrepreneur sont les plus nombreux. De nos résultats, il ressort que 74.51% des jeunes entrepreneurs qui viennent de ce type de famille. Aussi, nous en déduisons qu'il existe une espèce de reproduction des statuts sociaux (Passeron et Bourdieu, 1964) dans les familles d'entrepreneurs de Conakry.

Ces analyses confortent deux variantes du paradigme des traits individuels. Il s'agit de la variante qui explique que les entrepreneurs proviennent généralement de familles où les parents ou l'un des proches sont dans les affaires ('Gasse et D'Amours, 2000) et de celle qui explique que le milieu immédiat influence largement la création d'entreprises '''(Mezhoudi, 2001).

Cependant, il ne faut pas en conclure que le phénomène entrepreneurial est génétique. La famille et l'entourage constituent des facteurs qui prédisposent à l'entrepreneuriat. Par conséquent, il ne faut pas les considérer comme des conditions sine qua non à la création d'entreprises. Siomy (2007) expliquait d'ailleurs que le fait de penser qu'il faut appartenir à une famille ou un clan d'entrepreneurs pour devenir entrepreneur est un mythe.

Seulement, la famille et le milieu contribuent largement au lancement de l'entrepreneur. Ce qui explique le fait qu'il y ait plus de jeunes entrepreneurs venant de familles d'entrepreneurs à Conakry que d'entre ceux venant des familles dans lesquelles il n'y en a aucun.

Boutillier et Dokou (2006), expliquent également que la famille contribue de plusieurs façons au développement de l'entrepreneurship. Elle offre à l'entrepreneur son soutien financier, matériel et surtout psychologique (à partir des conseils et la participation au fonctionnement de l'entreprise). Ce soutien est un facteur déterminant dans la création de l'entreprise. Cela se vérifie également dans le cas des jeunes de Conakry.

Les jeunes de Conakry qui ont créé des entreprises déclarent avoir été appuyés financièrement par les membres de leur famille. Cet appui a contribué à accroître les capacités de financement de leurs projets entrepreneuriaux. Par exemple, toutes les entreprises (100%) que des jeunes ont créées en utilisant plus de 40 000 000 GNF dans les investissements ont bénéficié de l'aide financière d'un membre de la famille de l'entrepreneur. La moitié (50%) de celles qui ont utilisées entre 31 millions et 40 millions GNF a également bénéficié de cet appui.

En outre, la conviction de pouvoir bénéficier d'un appui financier de la part des membres de sa famille pour son projet entrepreneurial, développe la valorisation de la carrière entrepreneuriale et le désir d'entreprendre chez les jeunes. Ainsi, 67.39% d'entre eux valorisent la carrière entrepreneuriale et 67.79% veulent créer leurs propres entreprises.

Sous-section 2 : Carrière professionnelle et création d'entreprises

L'une des variantes du paradigme des traits individuels explique que l'expérience professionnelle est un facteur qui déclenche l'initiative entrepreneuriale (Jaziri, 2009). Ainsi, le fait d'avoir auparavant participé à la gestion d'une organisation sociale, d'avoir travaillé avec un proche entrepreneur et de garder un bon souvenir de l'entreprise de celui-ci, contribuent au développement de la culture entrepreneuriale et au désir de passer à l'acte entrepreneurial.

Les résultats de notre étude indiquent que les jeunes qui valorisent la carrière entrepreneuriale, qui ont l'intention de créer une entreprise et qui veulent passer à l'acte entrepreneurial sont en grande partie influencés par leur expérience professionnelle. Celle-ci a été mesurée à partir de trois variables. Il s'agit du fait d'avoir géré auparavant une organisation sociale (entreprise par exemple), d'avoir travaillé dans l'entreprise d'un proche et le fait de penser que l'entreprise de ce dernier a été une réussite.

Comme indiqué dans le tableau ci-dessous, le fait d'avoir participé à la gestion d'une organisation augmente la culture entrepreneuriale des jeunes de Conakry. Ce sont 65.28% de ces jeunes qui valorisent la carrière entrepreneuriale, 96.98% qui veulent créer leur propre entreprise et 91.05% qui ont la conviction de pouvoir passer à l'acte entrepreneurial dans les cinq prochaines années.

Tableau 7.1 : Culture entrepreneuriale et participation à la gestion d'entreprises

 

Avez-vous auparavant géré une organisation sociale ?

Culture entrepreneuriale

Oui

Non

Total

La création d'entreprise est le meilleur choix de carrière pour un jeune

65,28%

34,72%

100%

J'ai l'intention de créer une entreprise

96,98%

3,02%

100%

Dans les cinq prochaines années, je créerai mon entreprise

91,05%

8,95%

100%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Le fait d'avoir travaillé dans une entreprise, et surtout celle d'un proche, accroit la culture entrepreneuriale des jeunes de Conakry. En effet, 65.08% d'entre eux valorisent la carrière entrepreneuriale, 96.03% ont l'intention de créer leurs propres entreprises et 88.09% ont la conviction qu'ils pourront créer leurs entreprises dans les cinq prochaines années.

Tableau 7.2 : Culture entrepreneuriale et expérience dans l'entreprise d'un proche

 

Avez-vous travaillé dans l'entreprise d'un proche ?

Culture entrepreneuriale

Oui

Non

Total

La création d'entreprise est le meilleur choix de carrière pour un jeune

65,08%

34,05%

100%

J'ai l'intention de créer une entreprise

96,03%

3,97%

100%

Dans les cinq prochaines années, je créerai mon entreprise

88,09%

11,91%

100%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

La culture entrepreneuriale des jeunes est également influencée par la réussite des proches parents qui évoluent dans une carrière entrepreneuriale. Avoir la ferme conviction qu'un proche parent qui est ou qui a été entrepreneur a réussi dans son projet entrepreneurial développe la culture entrepreneuriale des jeunes de Conakry.

En effet, 61.75% des jeunes qui pensent que le projet entrepreneurial de leur proche a réussi valorisent la carrière entrepreneuriale. D'un autre côté, 97.21% d'entre eux veulent créer leurs propres entreprises et 90.18% ont la conviction de pouvoir créer une entreprise dans les cinq prochaines années.

Tableau 7.3 : Culture entrepreneuriale et conviction de la réussite du projet entrepreneurial d'un proche avec qui le jeune a travaillé

 

Pensez-vous que votre proche entrepreneur a réussi son projet entrepreneurial ?

Culture entrepreneuriale

Oui

Non

Total

La création d'entreprise est le meilleur choix de carrière pour un jeune

61,75%

38,25%

100%

J'ai l'intention de créer une entreprise

97,21%

2,79%

100%

Dans les cinq prochaines années, je créerai mon entreprise

90,18%

9,82

100%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

De ce qui précède, nous pouvons en déduire que, dans le contexte actuel de la Guinée, plusieurs variantes du paradigme des traits individuels expliquent le phénomène entrepreneurial des jeunes. Il s'agit notamment de l'origine sociale, de l'environnement et de la carrière professionnelle. Les milieux, familles et sociétés qui accordent de la valeur à l'entrepreneuriat et qui encouragent leurs jeunes à poursuivre une carrière entrepreneuriale, stimulent la culture et les actes entrepreneuriaux(Fortin, 2002).

Sous-section 3 : Propension à l'autonomie et création d'entreprises

La troisième variante du paradigme des traits individuels a également pu être vérifiée dans le cas des jeunes de Conakry. Cette variante est celle qui explique la création d'entreprises par la propension à l'autonomie. Le désir d'être autonome ou indépendant pousse les jeunes à préférer la carrière entrepreneuriale que celle du salariat.

Ce sont 49.79% des jeunes sondés lors de nos investigations qui expliquent leur envie d'entreprendre par le désir d'être autonome. Ceux qui ont créés leurs entreprises sont 68.18% à affirmer avoir créé leurs entreprises pour être autonomes ou indépendant.

Comme on peut le voir sur les tableaux ci-dessous, la propension à l'autonomie est la principale raison et la plus citée pour expliquer l'intention et le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial. Que ce soit chez les jeunes qui ont créés leurs entreprises ou chez ceux qui ne l'ont encore pas fait, les tendances sont les mêmes.

Tableau 7.4 : Motivations à la création chez les jeunes sans expérience entrepreneuriale

 

Fréquence

Pour être indépendant (autonome)

49,79%

S'épanouir/Gagner plus d'argent

42,47%

Pour se lancer un défi/réaliser un rêve

11,51%

Pour créer de l'emploi et participer au développement du pays

6,28%

Pour imiter un proche

4,81%

Répondre à un besoin non satisfait sur le marché

3,56%

Par contrainte

1,05%

Pour des raisons humanitaires

0,84%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Tableau 7.5 : Motivations du passage à l'acte entrepreneurial chez les jeunes créateurs d'entreprises

 

Fréquence

Pour être indépendant (autonome)

68,18%

S'épanouir/Gagner plus d'argent

28,79%

Répondre à un besoin non satisfait sur le marché

10,61%

Pour se lancer un défi/réaliser un rêve

6,06%

Par contrainte

1,52%

Pour imiter un proche

1,52%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Nous en déduisons donc que, la propension à l'autonomie est bien l'un des facteurs explicatifs du développement de la culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises chez les jeunes de Conakry (Menzies et al., 2002).

Sous-section 4 : Niveau d'instruction et création d'entreprises

La dernière variante du paradigme des traits individuels n'a quant à elle pas pu être vérifiée par nos résultats. Il s'agit du niveau d'instruction'(Gasse et D'Amours, 2000). Nos résultats indiquent que l'entrepreneuriat est valorisé par les jeunes de Conakry quel que soit le niveau d'instruction.

Comme l'on peut le remarquer à partir du tableau ci-dessous, la valorisation que les jeunes de Conakry ont de la carrière entrepreneuriale est significative quel que soit le niveau d'instruction. Plus de la moitié d'entre eux, en fonction de chaque niveau d'instruction, accordent plus d'importance à l'entrepreneuriat qu'au salariat.

Tableau 7.6 : Meilleur choix de carrière et niveau d'instruction

 

Niveau d'instruction

Quelle est le meilleur choix de carrière pour un jeune ?

Aucun

Baccalauréat

BEPC

Primaire

Professionnel

Université

Total

Créer une entreprise

66,67%

60,98%

68,35%

59,57%

55,32%

54,29%

59,62%

Être employé au sein d'une entreprise

8,33%

12,20%

7,59%

21,28%

14,89%

10,29%

11,51%

Être fonctionnaire de l'État

18,75%

12,20%

18,99%

14,89%

23,40%

12,57%

15,48%

Travailler au sein d'une institution internationale

4,17%

12,20%

5,06%

4,26%

6,38%

18,29%

11,09%

Travailler au sein d'une ONG nationale

2,08%

2,44%

0,00%

0,00%

0,00%

4,57%

2,30%

Total général

100%

100%

100%

100%

100%

100%

100%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

La tendance est la même quand il s'agit de l'envie d'entreprendre. Presque tous ces jeunes de Conakry veulent créer leurs propres entreprises quel que soit le niveau d'instruction.

Tableau 7.7 : Intention d'entreprendre et niveau d'instruction

 

Avez-vous l'intention de créer une entreprise ?

Niveau d'instruction

Oui

Non

NSP/RDR

Total

Aucun

97,92%

0,00%

2,08%

100,00%

BEPC

97,47%

2,53%

0,00%

100,00%

Université

94,29%

5,71%

0,00%

100,00%

Primaire

93,62%

6,38%

0,00%

100,00%

Professionnel

93,62%

6,38%

0,00%

100,00%

Baccalauréat

92,68%

4,88%

2,44%

100,00%

Total

94,77%

4,60%

0,63%

100,00%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Nous expliquons cette situation par les conditions d'employabilité qui prévalent dans le pays. L'accès des jeunes à l'emploi devient de plus en plus compliqué. Les offres d'emploi exigent des diplômes et une expérience professionnelle de plus en plus élevés. Se lancer dans une carrière entrepreneuriale devient dès lors l'unique choix qui s'offre à eux. Il devient dès lors plus facile de comprendre pourquoi ils veulent tous créer des entreprises.

Section 2 : Obstacles au développement de la culture entrepreneuriale et de l'entrepreneurship

Les résultats de notre étude ont mis en exergue trois principaux facteurs qui entravent le passage des jeunes à l'acte entrepreneurial. Il s'agit de la complexité du processus entrepreneurialproposé, de l'existence de goulots d'étranglement entre la culture et l'acte entrepreneurial et de l'inadaptation des politiques d'appui à l'entrepreneuriat. Chacun de ces facteurs est développé dans les trois sous-sections suivantes.

Sous-section 1 : Processus entrepreneurial en cause

Au regard de l'analyse des résultats, il est ressorti que l'un des principaux problèmes auxquels sont confrontés les jeunes de Conakry en matière d'entrepreneuriat est l'appréhension et la maîtrise du processus de création d'entreprises. Certains jeunes n'ont aucune connaissance des différentes étapes de ce processus ou en ont une image faussée. D'autres jeunes quant à eux trouvent que le processus de création d'entreprises est complexe.

Ce manque d'informations, cette vision faussée de l'entrepreneuriat et cette probable complexité du processus entrepreneurial influencent négativement l'attitude que les jeunes ont de l'entrepreneuriat et constituent des obstacles au passage à l'acte entrepreneurial. Cela explique la préférence de certains pour le travail salarial qui paraît moins compliqué au détriment de l'entrepreneuriat.

Le même constat ressort de l'analyse des entretiens que nous avons effectués auprès des structures d'aides à la création d'entreprises. Celles-ci mettent l'accent sur le fait que les jeunes qui prétendent vouloir se lancer dans une carrière entrepreneuriale ne savent rien de ce qu'est l'entrepreneuriat. Ils en ont une vision tordue. Ils confondent l'entrepreneuriat et l'humanitaire. Leur première rencontre avec un responsable de l'une de ces structures leur ouvre les yeux sur ce qu'est l'entrepreneuriat et ce qui les attend en se lançant dans cette dynamique. La conséquence : ils trouvent compliqué de continuer et rebroussent chemin.

Si le processus entrepreneurial constitue une barrière à l'entrée, il faut dès lors s'interroger sur ce qui fait de lui une démarche complexe. Cette analyse combinée au profil et à la vision des jeunes permettrait de rectifier le tir afin de rendre plus facile, du point de vue des jeunes, ce processus.

Le coeur du processus traditionnel de création d'entreprises est le fameux `'business plan''. Il est généralement exigé par les structures d'aide à la création d'entreprises à ceux qui souhaitent recevoir d'eux un financement. L'analyse du projet et la décision de financement ou non dépendent en large mesure de la qualité de ce document. La rentabilité prévisionnelle présentée dans le business plan devient ainsi le critère de réussite potentiel de la future entreprise.

Cet outil s'est greffé au domaine entrepreneurial depuis les années « 70 » et est devenu l'un des incontournables. Les organismes tierces d'aide à la création d'entreprises (institutions d'appui à l'entrepreneuriat et établissements financiers) en ont fait une condition pour accompagner (financer) les porteurs de projets d'entreprises (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).

Le problème avec cette exigence est que les jeunes, très souvent, ne sont pas capables de constituer un business plan ou du moins ne savent pas ce que c'est et à quoi il sert. Nos investigations ont montré que 72.73% des jeunes en général ne sont pas capables de constituer un business plan. 72.55% d'entreprises créées par des jeunes n'en ont pas eu besoin pour se créer. Ceux qui ont rédigé un business plan pour démarrer se sont fait aider dans 78.57% des cas par une tierce personne à la rédaction.

Nos résultats confirment les paroles de Claude Ananou qui traite de la notion de business plan en introduction à son cours de démarrage d'entreprises. Il met l'accent sur le fait que 95% des projets entrepreneuriaux ne sont pas dus à un plan d'affaires. Sur les 5% qui démarrent avec un, seulement 3% le suivent et parmi ces 3%, seulement 1% estime utile de l'avoir fait (Ananou, 2016).

Ces raisons évoquées ci-haut et d'autres qui ne sont pas traitées ici ont amené des chercheurs en entrepreneuriat à réfléchir sérieusement sur la véritable utilité du business plan. Ils finissent par conclure qu'il n'est finalement pas très utile dans la création d'une entreprise et peut même constituer un facteur de blocage (Chirita, Masson, et Ananou, 2012).

Plusieurs raisons ont été avancées par les chercheurs en entrepreneuriat pour expliquer l'inutilité de la rédaction d'un plan d'affaires au cours du processus de création d'une entreprise. La perte de temps liée à sa rédaction, les contraintes quant au suivi du contenu, l'usage qu'en font les financeurs, l'écart entre sa logique et la logique entrepreneuriale sont quelques points mis en avant pour soutenir leur raisonnement.

Une étude réalisée auprès d'entrepreneurs canadiens a montré que la rédaction du business plan fait perdre énormément de temps aux créateurs d'entreprises et surtout aux jeunes. En moyenne, les jeunes de 18 à 24 ans mettent 141 jours pour le faire et ceux de 25 à 35 ans 98 jours contre 35 jours pour les entrepreneurs qui ont au-delà de 35 ans (Borges, Filion, et Simard, 2010). Ce temps perdu pourrait être utilisé à d'autres activités allant dans le sens de la création proprement dite. La rédaction d'un plan d'affaires dans un processus de création est contre-productive.

En plus de cette considération, aucun organisme d'appui à l'entrepreneuriat ne décide de financer un projet entrepreneurial en se basant uniquement sur la présentation d'un business plan par le porteur de projet. Le business plan leur sert souvent de filtre car il démontre la capacité du porteur de projet à structurer ses idées en y mettant une certaine cohérence.Mais rien n'indique qu'un bon structurant d'idées soit de facto à même de s'adapter aux opportunités et aux conditions changeantes du monde de l'entrepreneuriat (Cohen et Ananou, 2007).

Une autre analyse est le fait que la logique du business plan est étrangère au milieu entrepreneurial (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012). C'est une transposition de la logique de la planification qui n'a normalement rien à avoir avec le processus de création d'entreprises. Il constitue un facteur qui retarde les entrepreneurs dans la mise en place de leur projet et constitue un obstacle à leur désir d'entreprendre (Chirita, Masson, et Ananou, 2012).

La logique de rationalisation qui se cache derrière le business plan est propre à la gestion des entreprises. Cette logique s'oppose ou du moins est différente de la logique entrepreneuriale qui ressort de l'émotionnel. Les caractéristiques que des chercheurs associent souvent aux entrepreneurs sont plutôt d'ordre émotionnel que rationnel.

Le courage, la créativité, l'innovation, l'intuition, la persévérance, etc. sont des traits de caractère qui ne relèvent pas de la sphère de la rationalité (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012). Créer une entreprise est un acte de géniteur et non d'éleveur. Un géniteur crée et un éleveur gère. Le gestionnaire est celui qui a plus besoin de cette rationalité. Le business plan relève de la gestion et non de la création d'entreprises(Ananou, 2016).

Pour Siomy (2016), la logique rationnelle met un faussé entre l'individu et la création d'entreprises. Les entrepreneurs sont conscients d'une chose : la possibilité de perdre. Cette sensibilité à la perte diffère selon que l'individu soit plus rationnel ou émotionnel. Les rationnels ont une sensibilité élevée à la perte tandis que les émotionnels en ont une moins élevée. Plus le quotient rationnel d'un individu est élevé, moins il désire se lancer dans l'entrepreneuriat (activité comportant une part de risque). Plus son quotient émotionnel l'emporte sur le rationnel, plus s'accroit son désir d'entreprendre.

Une dernière analyse est que le plan d'affaires est un outil qui fait de la création d'entreprises un processus linéaire et par conséquent manquant de flexibilité. Se proposant faire une prévision des dépenses et des recettes financières, il prétend rationnaliser le futur en se basant sur des informations qui découlent du passé et du présent. Cependant, le futur est caractérisé par l'incertitude. Des mutations peuvent se produire et affectées les prévisions. Dans de telles conditions, ces prévisions tombent à l'eau (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).

Sous-section 2 : Passage à l'acte entrepreneurial : goulots d'étranglement

L'entrepreneuriat ou la création d'entreprises crée de l'emploi et de la richesse pour les nations. Il faut cependant souligner que personne n'est prédestiné à entreprendre ou non. Le phénomène entrepreneurial n'est pas inscrit sur le code génétique des humains (Firlas, 2012).

La création d'entreprises est intimement liée au développement de la culture entrepreneuriale. Siomy (2007) expliquait que la prospérité des entreprises dépend de la mise en place de conditions-cadres favorables conséquentes.

Les conditions-cadres de l'éclosion de la vitalité entrepreneuriale résident dans le développement de la culture entrepreneuriale ou de l'esprit d'entrepreneurial. Ce développement entraine nécessairement la création d'entreprises. Ruel (2006) cité par Siomy (2007) résumait cela en indiquant que la culture entrepreneuriale permet aux entrepreneurs de naître et favorise le développement de l'entrepreneurship (la création d'entreprises).

Pour Fortin (2002) c'est l'intensité entrepreneuriale qui permet de mesurer la culture entrepreneuriale, tandis que la vitalité, elle, mesure l'entrepreneurship. La vitalité entrepreneuriale correspond à une augmentation quantitative et qualitative d'entreprises, d'emplois et d'entrepreneurs à un moment donné. L'intensité entrepreneuriale quant à elle, est la mesure à un moment donné de la culture entrepreneuriale.

Vue sous cet angle, la culture entrepreneuriale se traduirait en deux réalités, le désir (l'intention) d'entreprendre et le passage à l'acte de création. À la limite des deux, la croyance en la possibilité de passer à l'action dès la première occasion.

Les jeunes guinéens ont une vision positive de l'entrepreneuriat. Une proportion non négligeable des sondés préfère créer une entreprise que d'être employé. Ils traduisent cette volonté en préférant pour la plupart choisir l'entrepreneuriat comme le meilleur choix de carrière et première option dès que les moyens financiers seront à leur disposition.

Cependant, il faut noter qu'avoir une opinion positive de l'entrepreneuriat ne détermine pas de facto que l'on dispose d'une culture entrepreneuriale développée. Comme nous l'avons développé plus haut, la culture entrepreneuriale et l'entrepreneuriat se mesurent respectivement à travers l'intensité et la vitalité entrepreneuriales (Siomy, 2007).

Pour déterminer qu'une couche de la population dispose d'une forte culture entrepreneuriale, il faut voir au-delà de l'opinion positive qu'elle a de l'entrepreneuriat et intégrer à l'analyse de cette opinion, la dimension du passage à l'action entrepreneuriale.

Analyser sous cet angle, il faut reconnaître que les jeunes de Conakry ont à la fois une opinion positive de l'entrepreneuriat et désirent ardemment créer leur entreprise à la première occasion. À cette envie de créer une entreprise se greffe une autre dimension très importante dans le développement de la culture entrepreneuriale. Il s'agit de l'état d'esprit développé par le futur entrepreneur. S'il veut créer une entreprise et qu'il se fixe un objectif à court terme de passage à l'action, il y a de fortes chances que son idée se matérialise.

La quasi-totalité des jeunes qui se sont prêtés à nos questions pensent pouvoir créer leurs entreprises d'ici les cinq prochaines années. Cette volonté accrue de passer à l'action est en partie tributaire de l'influence de l'environnement immédiat des jeunes. Comme le soutient Jaziri (2009), l'origine sociale est l'un des facteurs déclencheurs de l'envie entrepreneuriale.

Cependant, bien qu'animés d'un fort désir de créer et ayant une vision positive de l'entrepreneuriat, certains facteurs limitent le passage des jeunes à l'acte entrepreneurial. En réalité, une bonne partie d'entre eux ne parvient pas à faire de leur envie de créer une véritable création (Borges, Filion, et Simard, 2010).

Le manque de motivation suffisante, l'absence de moyens financiers, la complexité du processus de création d'entreprises, le manque d'expérience et/ou de qualifications amènent plus d'un jeune guinéen à penser ne jamais pouvoir devenir entrepreneur. La nature de l'entreprise créée par les jeunes, les difficultés à avoir des clients, le développement des produits/services, le manque de compétences en gestion d'entreprise et les difficultés à appréhender le processus de création sont autant d'obstacles que les jeunes créateurs doivent surmonter pour créer et faire vivre leurs entreprises.

Contrairement aux entrepreneurs les plus âgés, les jeunes qui désirent entreprendre et ceux qui sont déjà dans les affaires ciblent principalement le secteur tertiaire qui ne nécessite pas un investissement important et, est à ce titre généralement moins porteurs : dans la prestation de services par exemple où le chiffre d'affaires est généralement insignifiant. Ils préfèrent ce domaine car ils n'ont souvent pas accès à des ressources importantes (Borges, Filion, et Simard, 2010) pour se lancer dans un secteur à gros investissement et générant plus de flux financiers.

Bénéficier d'un accompagnement contribue à la réussite de certains entrepreneurs. En effet, les entreprises qui bénéficient d'un accompagnement pendant leur création sont plus durables que les autres. Cet accompagnement a un effet positif sur le développement et la rentabilité d'une jeune entreprise (Leger-Jarniou, 2008b).

En Guinée, il existe des structures d'accompagnement à la création d'entreprises. Grâce à sa collaboration avec ses partenaires (institutions internationales et les établissements financiers), le gouvernement guinéen a réussi à mettre en place des projets/programmes d'appui à l'entrepreneuriat jeune. Ces projets/programmes visent à réduire le chômage des jeunes. Nonobstant cela, le nombre de jeunes sans-emploi reste fortement élevé.

Cela s'explique par le fait que la création ou la mise en place des programmes et des fonds financiers pour appuyer l'entrepreneuriat ne conduit pas automatiquement les jeunes à s'y engager ''(Dougnon et al., 2013). Dans la réalité, les jeunes ne font, en général, pas recours à ces structures (Leger-Jarniou, 2008b) ou le font très rarement.

Ce non-recours qui s'explique par le fait qu'ils ne sont pas informés de l'existence de telles structures, les pousse à considérer le processus d'accès à l'accompagnement complexe, en plus de manquer confiance aux structures d'aide à la création.

Les jeunes interviewés pendant nos investigations reprochent aux structures étatiques d'aide à la création d'entreprises le manque de sérieux dans leur travail. Ils sont en conséquence pessimistes pour ce qui est de la réussite des programmes/projets d'appui à l'entrepreneuriat jeune en Guinée. Les structures d'appui à l'entrepreneuriat jeune quant à elles reprochent aux jeunes porteurs de projets d'un manque de persévérance, de vision, de courage et ne comprennent pas ce que signifie se lancer dans la dynamique entrepreneuriale.

Nous retiendrons que, de par leurs déclarations, les jeunes de Conakry souhaitent se réaliser à travers l'entrepreneuriat et le considèrent comme leur option prioritaire. Malgré cela, le constat est que peu de jeunes passent à l'action. La nature de leurs entreprises qui sont généralement de petites tailles, évoluant dans un secteur à faible investissement et rentabilité pour la plupart, employant moins de personnes et manquant d'innovation et de créativité empêche le développement et conduit à l'échec des entreprises créées par les jeunes à la différence de celles créées par leurs ainés.

Sous-section 3 : Politique d'appui à l'entrepreneuriat en cause

L'éclosion entrepreneuriale est en grande partie liée au développement d'une culture d'autonomie, la culture entrepreneuriale. Il faut dès lors mettre en place une politique de développement de cette culture qui à son tour favorisera la création d'entreprises.

Toutes les nations du monde ont compris que la solution au problème de chômage est l'auto-emploi à travers la création d'entreprises. Chacune d'elles est en train de mettre en oeuvre des initiatives allant dans le sens du développement entrepreneurial. Plusieurs programmes/projets s'inscrivent dans cette dynamique. Pour la plupart, ces programmes visent des jeunes et des femmes.

Pour le cas spécifique de la Guinée, deux initiatives ont particulièrement attiré notre attention. Il s'agit du Fonds National pour l'Insertion des Jeunes (FONIJ) et du projet `'Booster les Compétences pour l'Employabilité des Jeunes'' (BOCEJ). Le premier est un fonds de crédit revolving destiné à financer les projets de jeunes. Quant au second, il consiste en un vaste programme visant à accroître les chances des jeunes à décrocher un emploi. L'une des composantes de ce projet - Éducation pour l'emploi - comporte un volet exclusivement destiné à la promotion des initiatives entrepreneuriales.

En plus de ces structures étatiques, ces derniers temps nous assistons à la floraison des structures d'accompagnement. Les entreprises de coaching, les incubateurs, les établissements financiers proposant des services adaptés aux besoins d'entrepreneurs sont autant d'institutions ayant pour vocation d'aider les jeunes à transformer leur désir d'entreprendre en véritable création.

Nonobstant cette augmentation du nombre de structures d'accompagnement et les encouragements des pouvoirs publics, les porteurs de projets ne font pas recours à leurs services ou pire encore les refusent (Leger-Jarniou, 2008b).

La politique d'appui à l'entrepreneuriat joue un rôle très important dans le développement entrepreneurial. Une politique mal adaptée entraine des effets pervers. Ce sur quoi se concentrent les initiatives de développement de la création d'entreprises détermine les résultats auxquels elles aboutissent. Généralement, ces initiatives se concentrent plus sur la création d'entreprises et négligent ou n'ont pas conscience du développement de la culture entrepreneuriale (Fortin, 2002; Siomy, 2007).

Cette politique traditionnelle du développement de la culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises encouragée par certains pays font que ceux-ci ont des économies caractérisées par l'importation qui surplombe l'exportation, la quasi-totalité des biens qui y sont consommés sont importés, et le degré de dépendance à l'égard de l'étranger est quasi entier. Pourtant, le pouvoir d'influence d'un acteur dans une relation dépend avant tout de son potentiel d'autonomie(Siomy, 2007). Les pays qui vivent dans la dépendance ne peuvent avoir un potentiel d'influence signifiant dans l'économie mondiale, par conséquent toujours à la traîne.

Quand on analyse la dynamique entrepreneuriale (culture entrepreneuriale et création d'entreprises), nous pouvons faire une analogie très instructive. La culture entrepreneuriale peut être comparée à un arbre et la création d'entreprises aux fruits. Pour avoir des fruits, il faut nécessairement porter l'attention sur l'arbre. Les fruits viennent naturellement d'eux-mêmes. C'est ainsi dire que la culture entrepreneuriale est la cause de la création d'entreprises et inversement, la création d'entreprises est la conséquence de la culture entrepreneuriale. Investir sur la création d'entreprises et non la culture entrepreneuriale se solde par un échec des entreprises créées (Fortin, 2002; Siomy, 2007). Comprenons que le secteur de l'entrepreneuriat en est un qui s'autofinance. Il n'a besoin que de se trouver dans de conditions-cadres pour porter ses fruits(Ruel, 2006; Siomy, 2007)

Du point de vue de l'OCDE20(*)(2004), la culture entrepreneuriale est un facteur qui contribue à la construction d'une société entrepreneuriale. Elle est en quelque sorte un déterminant important des préférences en matière de carrière et contribue à faire évoluer les mentalités face à une série de valeurs entrepreneuriales.

Il devient dès lors important de s'intéresser de près à ce qu'est la culture entrepreneuriale et sa contribution au développement entrepreneurial. Ruel (2005) la définit comme un ensemble de valeurs, d'attitudes et de messages qui font que l'on décide de se lancer dans une carrière entrepreneuriale. Siomy (2007), reprenant Stace (2000), explique pour sa part que la culture entrepreneuriale détermine significativement l'habileté d'une nation à prospérer.

Bien qu'il soit évident que la culture joue un très grand rôle dans le développement entrepreneurial, il faut par ailleurs tenir compte de ce que tout phénomène visant à transformer la culture n'est pas facile à mettre en place. Certaines cultures que l'on peut qualifier `'d'entrepreneucidaire'' peuvent empêcher le développement de la culture entrepreneuriale.

Pour résoudre les difficultés liées au développement entrepreneurial, il faut faire la promotion d'une politique holistique favorable au développement, non pas seulement de la création d'entreprises, mais de la culture entrepreneuriale. Cela sous-entend que cette politique ne doit pas être la spécialité et l'exclusivité d'un individu ou d'une structure spécifique. Il faut l'implication de tous les acteurs à différents niveaux.

Le premier niveau qui se doit de promouvoir l'épanouissement de la culture entrepreneuriale chez les jeunes est la famille. Elle constitue son environnement immédiat et la première instance de sa socialisation. Il apprend et intériorise les manières de faire, de penser, d'agir, bref la culture développée dans sa famille. Celle-ci peut donc contribuer dans une grande mesure à l'adoption de la culture d'autonomie. Cependant, le processus de développement de la culture entrepreneuriale chez un individu à l'instar de tout phénomène relevant du culturel doit se faire adopter à très bas âge pour faciliter son application et son succès (Fortin, 2002; Siomy, 2007). Cela dit, la politique holistique d'appui à l'émergence de la culture entrepreneuriale doit prendre en compte cette sphère sociétale.

En plus de la famille, les autres membres d'une société peuvent contribuer à l'émergence de la culture entrepreneuriale. Ruel (2005) expliquait à ce propos que quand la famille et le milieu accordent de la valeur à la création d'entreprises en incitant les jeunes et les adultes à se lancer dans l'entrepreneuriat, ils contribuent au développement de la culture entrepreneuriale qui à son tour se concrétisera en création d'entreprises.

L'entrepreneur est forgé par son milieu. Il n'est pas la résultante d'une génération spontanée (Fortin, 2002). Le milieu doit être favorable à l'émergence de la culture entrepreneuriale. Un milieu qui prône et encourage la dépendance n'est pas propice à l'émergence d'une génération d'entrepreneurs. La plupart de ceux qui souhaitent se lancer en entrepreneuriat sont entourés d'entrepreneurs et/ou y ont été encouragés par leur milieu.

Pour mettre en exergue le rôle que peut jouer le milieu dans la construction d'une société entrepreneuriale,Ruel (2006) déclare :

[...] toute société peut être comparée à un jardin où croissent des arbres qui porteront des fruits, et les fruits récoltés dépendront des espèces d'arbres qui auront été plantés. La richesse et la beauté d'un jardin dépendent souvent de la variété d'arbres et de fleurs que l'on y retrouve. Il en est de même de la richesse d'une société qui peut être associée à sa diversité culturelle. Et s'il est une culture qui peut être commune à de nombreuses autres cultures tout en leur permettant de s'épanouir, de se développer : c'est bien la culture entrepreneuriale. Cette culture permet aux entrepreneurs de naître et à l'entrepreneurship de se développer.

Siomy (2007) ajoute que c'est le milieu qui produit l'entrepreneur, mais ce sont les individus, les acteurs du terroir qui bâtissent le milieu idéal à l'entrepreneur.

L'un des facteurs qui limitent le développement de la culture entrepreneuriale réside dans le système éducatif courant dans la plupart des pays qui ne font pas la promotion d'une politique holistique d'autonomie. Le système est fait de sorte qu'il amène moins ses apprenants à poser des actes entrepreneuriaux (Filion, 1999).

De leurs objectifs, les systèmes éducatifs ne cherchent pas à développer la création d'entreprises et l'activité indépendante, ils visent plutôt à façonner les individus pour les mettre aux services des grandes entreprises et la fonction publique
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·(Fayolle, 2005). Au lieu de former des créateurs d'emplois, ils forment des chercheurs d'emploi. Cette logique va en droite ligne avec le développement, non d'une culture entrepreneuriale mais de celle de la dépendance.

La culture entrepreneuriale et la création d'entreprises ne sont généralement pas intégrées dans les programmes d'enseignement scolaire et académique. Les cours d'entrepreneuriat et de création d'entreprises sont plutôt considérés comme des sujets à part ou des modules de formation hors programme à traiter dans un cadre particulier. Cela fait que peu sont ceux qui découvrent ces enseignements (Siomy, 2007). La plupart de ceux qui ont suivi des cours en entrepreneuriat ou en création d'entreprises ne les ont suivis que dans un cadre hors programme estudiantin ou scolaire.

Les méthodes et les enseignements développés se caractérisent par une approche linéaire de la relation entre le présent et le futur. Le projet d'entreprise et ses composantes, comme les études de marché ou le plan de financement sont très ancrés dans cette logique. Étant donné que le présent est contraignant, si l'on transpose le présent et le passé dans le futur, le projet entrepreneurial risque d'être limité par ces contraintes avant d'avoir commencé (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).

Nous retenons que l'un des facteurs principaux qui limitent le développement d'une culture entrepreneuriale chez les jeunes guinéens en général et ceux de Conakry en particulier est l'absence d'une politique holistique d'appui au développement entrepreneurial impliquant tous les acteurs à tous les niveaux. Les politiques appliquées se concentrent uniquement à l'appui à la création d'entreprises au lieu du développement de la culture entrepreneuriale préalable et qui est déterminant en matière de création d'entreprises. Les institutions d'appui à l'entrepreneuriat pour jeune mettent ces derniers dans un processus qui limitent ou retardent leur passage à l'action.

CONCLUSION

Cette recherche portant sur la création d'entreprises en Guinée : cas des jeunes de Conakry visait à répondre à la question suivante : qu'est-ce qui empêche le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial ?L'idée derrière cette question vient d'une double observation. D'un côté, le gouvernement guinéen, préoccupé par la situation de chômage des jeunes a pris des initiatives pour les amener à faire face à leurs problèmes en s'auto-employant. De l'autre côté, la situation des jeunes guinéens, loin de s'améliorer, s'aggrave de mal en pire. Cela amène à explorer deux pistes, et c'est ce que nous avons fait, analyser la stratégie utilisée pour inciter les jeunes à l'entrepreneuriat et étudier le comportement des jeunes face à l'entrepreneuriat.

Pour guider notre réflexion durant cette recherche, nous sommes partis d'une hypothèse multidimensionnelle. L'objectif étant d'arriver à une meilleure compréhension du phénomène. Nous avions présumé que l'inadaptation des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune contribue à la complexité du processus entrepreneurial qui, à son tour, a un effet à la baisse sur la culture entrepreneuriale et handicape le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial.

Nous avons également opté pour une démarche scientifique de recherche au contenu mixte. Nous avons eu recours à des techniques quantitatives et qualitatives. Nos données proviennent de sources diverses. Certaines données viennent des jeunes eux-mêmes. Nous les avons classés en deux (2) catégories. La première catégorie était composée de jeunes n'ayant aucune expérience entrepreneuriale et la seconde était constituée de jeunes créateurs d'entreprises. Les autres informations proviennent des structures d'appui à l'entrepreneuriat jeune. L'intérêt deprocéder ainsi était de réunir un maximum d'informations en vue de faire une confrontation nécessaire à une compréhension plus affinée.

Suite à nos analyses, nous sommes arrivés à certains résultats qui sont évoqués plus haut. Nous en faisons un petit condensé à présent.

Il ressort de nos données que les jeunes de Conakry sont animés d'un fort désir d'entreprendre. Plus de la moitié d'entre eux ont une vision positive de l'entrepreneuriat, souhaitent créer une entreprise et pensent pouvoir le faire dans les prochains cinq ans. Ce désir entrepreneurial très développé dépend en large mesure de l'influence de l'environnement des jeunes. Ils sont nombreux, ceux qui déclarent avoir été encouragés à se lancer dans le monde entrepreneurial par un proche, un ami, un mentor. La plupart de ceux qui préfèrent se lancer déclarent avoir au moins un membre de leur famille qui est ou a été entrepreneur. La réussite des entreprises créées par ces proches parents subjugue plus d'un jeune et rend attrayant le monde entrepreneurial pour eux.

Mais très malheureusement, ce fort désir d'entreprendre des jeunes ne se concrétise pas dans la plupart des cas en création d'entreprises. Les jeunes ont souvent une mauvaise interprétation du projet entrepreneurial. À la découverte de ce qu'il signifie, beaucoup de jeunes abandonnent le chemin. Cette situation est liée à plusieurs facteurs. Le manque de financement de l'investissement de leur projet, le manque de confiance en soi, la complexité du processus entrepreneurial qui leur est proposé en sont des exemples. Quant à ceux qui parviennent à passer ce cap, ils se buttent à d'autres problèmes. Il s'agit notamment des difficultés à trouver des clients pour ses produits/services, la faible rentabilité de l'entreprise, la non croissance de l'entreprise.

En plus, les entreprises créées par les jeunes évoluent dans des secteurs qui ne nécessitent pas un investissement important. Le corollaire à cela est qu'une telle entreprise ne réalise généralement pas un chiffre d'affaires important. Elle ne permet donc pas à son propriétaire de s'épanouir et de combler son besoin d'accomplissement.

En ce qui concerne les politiques d'appui à l'entrepreneuriat des jeunes, il faut retenir qu'elles ne sont pas de nature holistique. Il n'y a que quelques institutions qui s'en occupent. Les politiques appliquées se concentrent uniquement sur la création d'entreprises au lieu du développement de la culture entrepreneuriale qui est un préalable et le fondement même du développement entrepreneurial. La stratégie utilisée est aussi traditionnelle. Elles mettent les jeunes dans un processus qu'ils ne maitrisent pas ou qu'ils ont du mal à maîtriser et qui est complexe. Cela limite ou retarde leur passage à l'action. Certains finissent même par se lasser et se décourager.

Cette recherche, bien que poursuivant des objectifs ambitieux et prenant en compte plusieurs dimensions de l'étude en entrepreneuriat, peut être complétée par des recherches similaires et complémentaires. Les résultats que nous avons obtenus nous ont amené à réfléchir sur d'autres pistes de recherche. Nous entrevoyons faire des recherches sur les thématiques suivantes :

- Le rôle des établissements académiques et scolaires dans le développement d'une culture entrepreneuriale chez les jeunes ;

- La contribution des établissements financiers dans la constitution d'une société entrepreneuriale ;

- Les créateurs d'entreprises et le processus entrepreneurial : le rôle du business plan.

À l'instar de toute recherche, notre étude comporte certaines limites qui ne remettent toutefois pas en question les résultats obtenus.Nous aurions pu mieux meubler cette recherche en y intégrant des données sur les statistiques de création d'entreprises par les jeunes au cours de ces dix (10) dernières années. Des contraintes liées à l'indisponibilité de telles informations ou difficilement accessibles ont limité une interprétation plus approfondie du phénomène.

Une faible représentation des structures d'aide à la création d'entreprisesparmi les interviewés a également limité l'obtention d'informations divergentes qui auraient pu être très intéressantes dans l'analyse de la politique d'aide à la création d'entreprises.

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Annexes

Annexes 1 : Outils de collecte

Appendice 1 : Questionnaire destiné aux jeunes sans expérience entrepreneuriale

Libellé de la question

Notez le code

Filtres/Observations

000

Introduction

Bonjour Monsieur/Madame/Mademoiselle. Je collecte des données dans le cadre de mon mémoire de master qui porte sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry. Je souhaite avoir votre avis sur un certain nombre de questions. Vos réponses seront bien entendu gardées confidentielles et aucun lien ne sera fait entre vous et les informations que vous me fournirez. Pouvons-nous à présent commencer ?

Ok

 

001

Enquêteur: Notez la commune dans laquelle se déroule l'interview

1= Kaloum ; 2= Dixinn ; 3= Matam ; 4= Matoto ; 5= Ratoma

/___/

 

I. INTENTION ENTREPRENEURIALE

002

À votre avis, quel est le meilleur choix de carrière pour un jeune ?

1= Créer une entreprise ; 2= Être employé au sein d'une entreprise ; 3= Être fonctionnaire de l'État ; 4= Travailler au sein d'une institution internationale ; 5= Travailler au sein d'une organisation non gouvernementale nationale ; 6= Autres, préciser

/___/

 

003

Si vous aviez les moyens, pour laquelle de ces deux opportunités opteriez-vous ?

1= Financer mes études ; 2= Créer mon entreprise

/___/

 

004

Que pensez-vous de cette affirmation ? ''Dans les cinq années qui suivent je créerai mon entreprise''.

1= Fortement d'accord ; 2= Assez d'accord ; 3= D'accord ; 4= Plutôt en désaccord ; 5= Fortement en désaccord

/___/

 

005

Avez-vous l'intention de créer une entreprise un jour?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

006

Si vous aviez les moyens de créer une entreprise, le feriez-vous?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

007

Dans quel secteur en particulier aimeriez-vous créer votre entreprise?

1= Commerce ; 2= Industrie ; 3= Service à la personne ; 4=Éducation ; 5= Prestation de service ; 6= Autres, à préciser

/___/

 

008

Pourquoi investiriez-vous dans ce domaine particulier ?

1= C'est ce que j'ai étudié ; 2= J'ai une expérience dans ce domaine ; 3= Je trouve que c'est un domaine rentable ; 4= Des gens m'ont suggéré ce domaine en particulier ; 5= Autres à préciser

/___//___//___//___/

/___/

_______________

 

II. FACTEURS DE MOTIVATION ET DE DÉMOTIVATION A LA CRÉATION D'ENTREPRISE

009

Pourquoi créeriez-vous une entreprise ?

1= Pour être indépendant (autonome) ; 2= Pour se lancer un défi/réaliser un rêve ; 3= S'épanouir/Gagner plus d'argent ; 4= Pour imiter un proche ; 5= Par contrainte ; 6= Répondre à un besoin non satisfait sur le marché ; 7= Autres à préciser

/___//___//___//___/

/___//___//___/

_________________

 

010

L'un de vos proches est-il ou a-t-il été propriétaire d'entreprise ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

011

Avez-vous travaillez quelques temps avec lui ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

012

Gardez-vous un bon souvenir de son entreprise ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

013

L'un de vos parents (proches), de vos enseignants, ami(e)s, bref de vos modèles vous a-t-il une fois encouragé à l'entrepreneuriat?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

014

Dans votre entourage, l'entrepreneuriat est-il généralement encouragé ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

015

Avez-vous auparavant géré une entreprise ou une organisation sociale ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

016

À votre avis, quelles sont les compétences et les qualités indispensables à un chef d'entreprise ?

1= Avoir l'art de gérer les ressources humaines ; 2= Être organisé ; 3= Etre créatif/innovant ; 4= Aimer prendre le risque ; 5= Avoir des compétences administratives et financières ; 6= Avoir un diplôme ; 7= Autres à préciser

/___//___//___//___/

/___//___//___/

_________________

 

017

Estimez-vous disposer quelques-unes de ces compétences ou qualités ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

018

Lesquelles de ces compétences estimez-vous disposer ?

1= Avoir l'art de gérer les ressources humaines ; 2= Être organisé ; 3= Être créatif/innovant ; 4= Aimer prendre le risque ; 5= Avoir des compétences administratives et financières ; 6= Avoir un diplôme ; 7= Autres à préciser

/___//___//___//___/

/___//___//___/

_________________

 

019

Pourquoi ne voulez-vous pas vous lancer dans la dynamique entrepreneuriale ?

1= Cela demande trop d'argent ; 2= C'est trop risqué ; 3= C'est très compliqué ; 3= C'est moins intéressant que le salariat ; 4= Ce n'est pas très rentable ; 5= J'ai de très mauvais exemples en matière d'entrepreneuriat en tête ; 6= Autres à préciser

/___//___//___//___/

/___//___/

_________________

 

020

À votre avis, qu'est ce qui pourrait constituer le principal obstacle pour un jeune qui souhaite se lancer dans la dynamique entrepreneuriale ?

1= Manque de moyens financiers ; 2= Absence de compétence managériale ; 3= Manque de réseau relationnel solide ; 4= Absence d'accompagnement ; 5= Autres à préciser

/___//___//___//___/

/___//___/

_________________

 

021

Est-ce probable que quelqu'un (un membre de votre famille par exemple) vous aide à financer la création de votre entreprise ?

1= Fortement probable ; 2= Assez probable ; 3= Probable ; 4= Plutôt improbable ; 5= Fortement improbable

/___/

 

022

Savez-vous qu'il existe un dispositif mis en place pour aider les jeunes porteurs de projets d'entreprises ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

023

Pourquoi malgré que vous ayez connaissance de l'existence de ce dispositif ne saisissez-vous pas cette opportunité ?

1= Le processus est trop compliqué ; 2= Je trouve que c'est juste du bluff ; 3= Les conditions d'accès à ce dispositif ne sont pas profitable pour moi ; 4= Rien de particulier/Je n'aime pas seulement m'y engager ; 5= Autres à préciser

/___//___//___//___/

/___/

_________________

 

024

Savez-vous constituer un plan d'affaires ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

.

025

Connaissez-vous les différentes étapes du processus de création d'entreprise?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR

/___/

 

026

Avez-vous participé à une formation en création et/ou gestion des entreprises ?

1= Oui, j'ai suivi un cours ou un module sur la création ou la gestion d'entreprise ; 2= Oui, lors d'une conférence, d'un colloque ou d'un atelier de formation ; 3= Oui, j'ai suivi une formation aboutissant à un diplôme en entrepreneuriat ou en création d'entreprise ; 4= Oui, lors d'un concours ou d'un salon en entrepreneuriat ; 5= Oui, autres à préciser ; 6= Non

/___//___//___//___/

/___/

_________________

 

III. PROFIL SOCIO DÉMOGRAPHIQUE

027

Sexe

1= Homme ; 2= Femme

/___/

 

028

Quel est votre âge ?

...........

 

029

Quelle est votre situation matrimoniale ?

1= Marié(e) ; 2= Célibataire ; Divorcé(e)/Séparé(e) ; 4= Veuf(ve) ; 5= Concubinage.

/___/

 

030

Quel est le diplôme le plus élevé que vous avez obtenu ?

1= Aucun ; 2= Primaire ; 3= BEPC ; 4= Baccalauréat ; 5= Université ; 6= Professionnel ; 7= Autodidacte.

/___/

 

031

À quel groupe ethnique appartenez-vous ?

1= Soussou ; 2= Peul ; 3= Malinké ; 4= Guerzé ; 5= Konianké ; 6= Toma ; 7= Kissi ; 8= Autres, à préciser.

/___/

____________________

 

032

À quelle confession religieuse appartenez-vous ?

1= Islam ; 2= Catholique ; 3= Protestantisme ; 4= Témoins de Jéhovah ; 5= Animisme ; 6= Bahaïe ; 7= Sans religion, 8= Autres, à préciser

/___/

____________________

 

Appendice 2 : Questionnaire destiné aux jeunes créateurs d'entreprises

Libellé de la question

Notez le code

Filtres/Observations

001

Enquêteur notez la commune

1= Kaloum ; 2= Dixin ; 3= Matam ; 4= Matoto ; 5= Ratoma ;

/___/

 

002

Vous êtes ?

1= Propriétaire de cette entreprise ? ; 2= Employé de cette entreprise ;

/___/

 
 

PROFIL DES ENTREPRISES CRÉÉES PAR LES JEUNES

003

Quelle est la nature de votre entreprise ?

1= Individuelle ; 2= Collective ;

/___/

 

004

Dans quel secteur évolue-t-elle ?

1= Industrie ; 2= Commerce ; 3= Education ; 4= Prestation de service ; 5= Service à la personne ; 6= Autres.....

/___/

 

005

Votre entreprise existe depuis combien d'années ?

......................

 

006

Il y a combien d'employé dans votre entreprise?

....................

 

007

Votre entreprise est -elle enregistré au RCCM ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.

/___/

 

008

Quelle est le statut juridique de votre entreprise ?

1= Aucun ; 2= SARL ; 3= EURL ; 4= S.A ; 5= Autres...

/___/

 

009

A combien s'élevait le montant de l'investissement des immobilisations de votre entreprise (Lire) ?

1= Moins de 10 millions ; 2= 11-20 millions ; 3= 21-30 millions ; 4= 31-40 millions ; 5= 41-50 millions ; 6= 51-60 millions ; 7= 61-70 million ; 8= 81-90 millions ; 9= 91-100 millions ; 10= Plus de 100 millions.

/___/

 
 

PROCESSUS DE CRÉATION D'ENTREPRISES

010

Y a-t-il d'autres entreprises dans le même secteur géographique que vous et qui offrent les mêmes biens et service que la vôtre ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.

/___/

 

011

Aviez-vous connaissance de leur existence avant de lancer votre entreprise ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.

/___/

 

012

Pourquoi malgré que vous aviez connaissance de leur existence, vous avez qu'à même lancé votre entreprise dans le même secteur ?

1= Chacun à sa chance dans les affaires ; 2= La qualité de mes produit/service dépasse la leur ; 3= Il y avait toujours une demande très élevé non satisfaite sur le marché ; 4= Autres.

/___//___//___//___/

 

013

Comment avez-vous obtenu le financement de l'investissement des immobilisations de votre entreprise? (Plusieurs réponses possibles).

1= Fonds propres ; 2= Aide des parents/proches; 3= Emprunt auprès d'une banque ; 4= Emprunt à travers une structure d'aide à la création d'entreprise ; 5= Emprunt auprès d'une tierce personne ; 6= Autres.

/___//___//___//___//___//___/

_______________________

 

014

Avez-vous constitué un business plan de votre entreprise ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.

/___/

 

015

Savez-vous constituer un Business Plan?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.

/___/

 

016

Quelqu'un vous a-t-il aidé à la rédaction de votre Business plan ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.

/___/

 

017

Pourquoi n'avez-vous pas constitué un dossier de Business Plan ?

1= Je ne sais pas ce que c'est; 2= C'est trop compliqué de le faire; 3= Il n'y avait personne pour m'aider; 4=Je trouve que ce n'est pas nécessaire ; 5= Je ne voulais simplement pas le faire ; 6= Autres ; 7= NSP/RDR

/___/ /___/ /___/ /___//___//___//___/

________________________

 

DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR LES JEUNES CRÉATEURS D'ENTREPRISES

018

Connaissez-vous les différentes étapes du processus de création d'entreprise ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.

/___/

 

019

Combien avez-vous réalisé comme chiffre d'affaire l'année dernière?

1= Moins de 5 millions ; 2= 5-10 millions ; 3= 11-20 millions ; 4= 21-30 millions ; 5= 31-40 millions ; 6= 41-50 millions ; 7= Plus de 50 millions ; 8= NSP/RDR.

/___/

 

020

En faisant la différence entre vos recettes et vos dépenses, trouvez-vous que votre entreprise fait:

1= Des bénéfices ? ; 2= Des pertes ? ; 3= Ni bénéfice, ni pertes ? ; 4= NSP/RDR.

/___/

 

021

Faites-vous un bilan régulier de votre entreprise ?

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.

/___/

 

022

A quelle fréquence faites-vous le bilan ?

1= Chaque jour ; 2= Par semaine; 3= Par Mois ; 4= Par trimestre ; 6= Chaque 6 mois ; 7= Par an ; 8= NSP/RDR.

/___/

 

023

Quelles sont les difficultés que vous-avez rencontrées pendant la création de votre entreprise ? (Plusieurs réponses possibles)

1= Manque de financement ; 2= Difficulté de trouver un local ; 3= Obtention des documents légaux ; 4= Autres à préciser.

/___//___//___//___/

_____________________

 

024

Exerciez-vous un autre emploi avant celui-ci ?

1= Oui, 2= Non

/___/

 

025

Êtes-vous actuellement employé au sein d'une autre entreprise ?

1= Oui, 2= Non

/___/

 

026

Combien de temps y avez-vous travaillé ? (en année)

.......................

 

027

Qu'est-ce qui vous a poussé à créer votre propre entreprise ? (Plusieurs réponses possibles)

1= Pour être indépendant (autonome) ; 2= Pour se lancer un défi/réaliser un rêve ; 3= S'épanouir/Gagner plus d'argent ; 4= Pour imiter un proche ; 5= Par contrainte ; 6= Répondre à un besoin non satisfait sur le marché ; 7= Autres.

/___//___//___//___/

/___//___//___/

________________________

 

028

Qu'est-ce qui vous a poussé à investir dans ce domaine particulier ? (Plusieurs réponses possibles)

1= C'est ce que j'ai étudié ; 2= J'ai une expérience dans ce domaine ; 3= Je trouve que c'est un domaine rentable ; 4= Des gens m'ont suggéré ce domaine particulier ; 5= Autres.

/___//___//___/

/___//___/

___________________

 

029

Avez-vous participé à une formation en création d'entreprise ?

1=Non ; 2= OUI, j'ai suivi un cours ou un module portant sur la création ou la gestion d'entreprises ; 3= OUI, J'ai suivi une formation aboutissant à un diplôme en entrepreneuriat ou en création d'entreprise ; 4= OUI, lors d'un concours ou salon de création d'entreprise ; 5= OUI, lors d'une conférence, d'un séminaire, d'un colloque ou d'un atelier de formation sur la création ou la gestion des entreprises ; 8= Oui autres, à préciser.

/___/

_______________________

 

030

Q036. L'un de vos proches est-il ou a-t-il été propriétaire d'entreprises.

1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.

/___/

 
 

PROFIL SOCIODEMOGRAPHIQUE

031

Enquêteur, indiquez le sexe du répondant

1= Homme ; 2= Femme. 

/___/

 

032

Quel est votre âge ? (en année)

........................

 

033

Quelle est votre situation matrimoniale. ?

1= Marié(e) ; 2= Célibataire ; 3= Séparé(e)/Divorcé(e) ; 4= Veuf(ve) ; 5= Concubinage.

/___/

 

034

Quel est le diplôme le plus élevé que vous-avez obtenu ?

1= Aucun ; 2= Primaire ; 3= BEPC ; 4= Baccalauréat ; 5= Professionnel ; 6= Université ; 7=Alphabétisation.

/___/

 

035

À quel groupe ethnique appartenez-vous ?

1= Soussou ; 2= Peul ; 3= Malinké ; 4= Kpèlè ; 5= Konianké ; 5= Toma ; 6= Kissi ; 7= Autres.

/___/

_________________

 

036

À quelle confession religieuse appartenez-vous ?

1= Islam ; 2= Catholique ; 3= Protestantisme ; 4= Témoins de Jéhovah ; 5= Animisme ; 6= Ba-haïe ; 7= Sans religion ; 8=Autres

/___/

_____________________

 

Appendice 3 : Guide d'entretien destiné aux structures d'aide à la création d'entreprise

Date de l'interview : ____/_____/2016

Début de l'entretien : _______________ Fin de l'entretien : _______________

Durée de l'entretien : __________________

Catégorie de l'institution interviewée

™ Centre de formalité des entreprises (CFE)

™ Incubateur d'entreprise (IE)

™ Structure étatique d'aide à la création d'entreprise (SEACE)

™ Établissement financier (EF)

Nom de l'institution interviewée : _________________________________________

______________________________________________________________________

Données à collecter

1. Parlez-nous des services que vous proposez au public. Qui sont vos cibles privilégiées ?

2. Parlez-nous de l'aide que vous apportez aux créateurs d'entreprise ? (ne pas poser cette question aux établissements financiers)

3. Quels sont les produits/services bancaires que vous proposez aux créateurs d'entreprise ? (uniquement aux établissements financiers)

4. Il y a-t-il un (produit/service) qui soit exclusivement destiné aux jeunes porteurs de projets d'entreprise ? Si Oui, parlez-nous-en ? (uniquement aux établissements financiers et aux incubateurs).

5. Quelle est la nature de l'aide que vous apportez aux porteurs de projets d'entreprise ? (si l'aide comporte une partie financière, demandez à l'interviewé de préciser le montant maximum de l'aide. S'il s'agit d'un établissement financier, demandez uniquement le montant maximum du prêt et cherchez à savoir si l'établissement fournit un accompagnement autre que le financement sous forme de prêt).

6. Quelles sont les conditions d'accès à cette aide ? (Pour les établissements financiers, il serait préférable de parler des conditions d'accès aux prêts à savoir : les garanties, le taux du prêt, les assurances, etc. Lorsque l'interviewé cite plusieurs conditions, demandez-lui de vous dire quelle est la condition la plus déterminante sans laquelle l'accompagnement est impossible.)

7. Si l'institution apporte une aide autre que le financement (tels que la formation, le réseautage, la levée de fonds, la structuration technique du projet, etc.), demandez combien de temps dure cet accompagnement.

8. Aux structures qui accordent des prêts financiers aux créateurs d'entreprises demandez l'échéance de remboursement du prêt (le nombre de tranche et la fréquence de paiement par tranche).

9. Demandez quelle est la forme de l'accompagnement (est-il payant ou gratuit ?).

10. Combien de jeunes porteurs de projets ont sollicités un accompagnement auprès de l'institution ? Combien en ont bénéficié ?

11. Si certains n'ont pas été accompagnés (ou n'en ont pas bénéficié), demandez les raisons.

12. Que diriez-vous, en termes de succès ou échec, des entrepreneurs que vous avez accompagnez (ou qui ont obtenu un prêt auprès de votre établissement) jusqu'à nos jours ?

13. Quelles stratégies de communication utilisez-vous pour faire la promotion des services que vous proposez aux entrepreneurs ?

14. Quelles sont les lacunes que vous constatez sur les projets de jeunes qui souhaitent bénéficier un accompagnement auprès de votre institution ?

15. À votre avis, quel est la clé du succès entrepreneurial.

Merci de votre collaboration !

Appendice 4 : Grille d'analyse des données qualitatives

VARIABLE

THÈMES ABORDÉS

CITATIONS ILLUSTRATIVES

CONVERGENCES

DIVERGENCES

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Annexes 2 : Description de quelques outils de traitement des données

Appendice 1 : Application de référencement bibliographique

Nous avons recouru à l'application bibliographique Zotero Standalone pour générer nos références bibliographiques. Son aperçu se présente de la façon suivante :

Le processus comprenait trois principales étapes. Nous avons au préalable fait une collecte et un référencement des ouvrages que nous avons consultés tout en indiquant le type de document, le titre, l'auteur, la date, la maison d'édition, etc. en fonction de la nature des documents. Ensuite, puisque notre application (Zotero) communiquait avec notre traitement de texte (Word 2013) grâce à un connecteur installé (zotero connector), nous avons procédé à la citation des documents en utilisant les commandes du menu Zotero.

Le format bibliographique utilité est le style Chicago manual of style 16th edition (author-date).

Les références bibliographiques sont automatiquement générées dès que l'on clique sur la commande Insert Bibliographydu menu d'extension Zotero.

Appendice 2 : Application pour la conception des questionnaires électroniques (Kobo ToolBox

Il est possible de visualiser le questionnaire en ligne. Cela donne accès à l'affichage suivant :

Appendice 3 : Collecte des données sur smartphone & application KoBo Enum

Les questionnaires ont été intégrés dans des smartphones équipés de l'application KoBoEnum. Une fois lancée, l'application présente les différentes questions selon les différents affichages ci-dessous.

Appendice 4 : Application pour la synchronisation des données (KoBo Sync)

L'application programmée sous java (KoBo Post Processor) nous a permis d'agréger les données collectées à partir de smartphones différents puis les convertir en format CSV (command separated value) exploitable sous d'autres logiciels d'analyse des données.

Appendice 5 : Applications de traitement statistique (Excel et SPSS)

Le fichier converti au format CSV à l'aide de KoBo Post Processor (KoBo Sync) a été importé dans le logiciel SPSS 20 pour être exploité et manipulé sous plusieurs autres applications. Le processus d'importation comporte six étapes. Les fenêtres ci-dessous indiquent ces étapes l'une après l'autre.

Il est ensuite possible d'exporter les données vers un autre tableur. Excel 2013 a été le tableur utilisé pour épurer et analyser les données puis représenter graphiquement les tableaux d'analyse.

Les données brutes sous Excel se présentent sous la forme suivante.

Après épuration, des données prennent la forme représentée dans le tableau ci-dessous.

Les tableaux d'analyse ont été effectués à partir de la technique du tableau croisé dynamique pour les variables qualitatives et à partir des options de l'utilitaire d'analyse pour les données quantitatives.

* 1Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Unité Universitaire à Conakry.

* 2 Bureau International du Travail.

* 3 Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement.

* 4 Centre de Vigie et de Recherche sur la Culture Entrepreneuriale.

* 5 Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement.

* 6 Perspectives Économiques en Afrique.

* 7 Secrétariat Permanent de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté.

* 8 Programme des Nations Unis pour le Développement.

* 9Chambre de Commerce et d'Industrie.

* 10Kuhn et Meyer (2008)définissent le concept paradigme comme un ensemble de convictions partagées par un groupe scientifique considéré à un moment donné de l'histoire. Cette conviction est défendue par ce groupe de toute menace et de toute atteinte par le rejet de tout élément hétérogène.Jaziri (2009)explique que le concept de paradigme pourrait se définir en entrepreneuriat comme l'ensemble des règles admises comme des « normes » par la communauté des chercheurs en entrepreneuriat, à un moment donné pour délimiter et problématiser les « faits » qu'elle juge dignes d'étude.

* 11 Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé.

* 12Application téléchargeable sur www.zotero.org

* 13Voir la trame de la grille en annexes.

* 14Application Web (plate-forme) développée par Harvard Humanitarian Initiative (HHI) utilisable sur www.kobotoolbox.org.

* 15Application pour Android disponible sur Mobogenie (Mobile market).

* 16Application Java développée par Harvard Humanitarian Initiative (HHI).

* 17Logiciel de la suite bureautique des logiciels développés par Microsoft Corporation.

* 18 Ministère des Affaires Étrangères et Développement.

* 19 Institut National de la Statistique.

* 20 Organisation de Coopération et de Développement Économiques.






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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry