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La carte nationale d'identité dans l'Adamaoua: 1960-2013

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par Gabana Jean Francis
Université de Ngaoundéré - Master Recherches en Histoire 2013
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

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Au demeurant, il était question tout au long de ce travail portant sur « la carte nationale d'identité dans l'Adamaoua», d'examiner les attitudes des citoyens à l'égard de la question d'identification. Au terme de ce travail, il ressort que la carte nationale d'identité a été instituée d'abord au Cameroun oriental indépendant en 1960, puis par la concrétisation de productions législatives, elle a été généralisée en 1964 après la réunification. Avec l'unification des deux Cameroun cette pièce a connu des modifications au niveau des énonciations. Elle est passée d'une énonciation en français pour une énonciation bilingue, justifiée par la promotion l'identité culturelle camerounaise. Ce changement a marqué une étape important pour la politique d'identification du Cameroun dans la mesure où il s'agissait de mettre fin aux idées de double nationalité qui animait certains citoyens du Cameroun Occidental. La carte nationale d'identité dans son évolution est passée de support papier (carton) en vigueur jusqu'aux années 2000 à un support plus sécurisé (Teslin), pour ainsi résoudre le problème de sécurisation de l'identité et de la nationalité et de s'arrimer aux normes internationales d'identification.

La carte nationale d'identité donne au citoyen sur le territoire national une identité établie et véritable et un signe d'appartenance à une communauté, à une nation où le citoyen à sa place. Elle est la clé qui permet d'accéder à certains services, comme par exemple des services bancaires qui offrent une sécurité et une discrétion dans les transactions. Elle garantit au citoyen pendant toute sa vie, le droit de prendre part à la vie sociale et politique de son pays.

L'accent a été aussi mis l'évolution de la structure administrative de l'Adamaoua. Cette évolution a eu un impact sur la politique d'identification dans cette Région, notamment en ce qui concerne la mise sur pied des postes d'identification. L'étude de la mise en place des postes d'identification dans l'Adamaoua a permis de cerner les pratiques d'identification. L'identification mieux, l'établissement des cartes nationales d'identité de 1960 au début des années 2000, se faisait uniquement dans les postes d'identification répartis sur le territoire de l'Adamaoua. Dans l'Adamaoua, la politique d'identification a été mise sur pied de manière progressive, avec l'évolution de cette structure administrative. D'abord présent dans les chefs-lieux de départements et d'arrondissement, les postes d'identification furent multipliés à partir de 1995, notamment avec la mise sur pied du système d'identification biométrique. À partir des

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années 2000, il y a eu changement dans la politique d'identification. Non seulement, à l'approche de chaque échéance électorale les frais d'identification étaient diminués et souvent même exemptés, mais les équipes mobiles d'identification se déployaient dans les zones qui ne disposent pas de postes d'identification pour identifier sur place les citoyens. Ce fut une manière de permettre aux Camerounais de participer à la vie politique de l'État et de sécuriser leur identité et la nationalité camerounaise.

Avec la politique de campagne d'identification (l'allègement des conditions d'établissement des cartes nationales d'identité, exemption des frais d'identification) débutée en 2002, il été révéler dans ce travail, le déploiement des équipes mobiles d'identification dans certains localités de l'Adamaoua, permettant aux populations de Belel, Ngaoui, Yargbang, Gbatoua Godolé, Kombo Laka, Danfili, de Mbakaou etc. de se faire identifier.

Par ailleurs, il s'agissait également dans ce travail d'analyser les différentes réactions des populations de l'Adamaoua à la question d'identification. Toutefois, il ressort de cette analyse que dès son institutionnalisation, la carte nationale d'identité n'a pas aussitôt été acceptée de tous les citoyens. Les trente (30) premières années ont été marquées par l'ignorance ou la réticence des citoyens vis-à-vis de la carte nationale d'identité. Plusieurs citoyens des zones rurales et même de centres urbains ont été réticents vis-à-vis de la question de la carte nationale d'identité à cause d'un manque de communication, de sensibilisation ou d'information de la part du gouvernement. La carte nationale d'identité fut introduite sans une consultation des citoyens camerounais.

Les raisons d'une politique nationale d'identification des citoyens n'avaient pas été clairement explicitées aux Camerounais. L'inefficacité des contrôles d'identité, l'inadaptation et la méconnaissance des lois relatives à l'identification par les citoyens de l'Adamaoua sont quelques raisons importantes qui expliquent les faibles taux d'établissement des cartes nationales d'identité dans l'Adamaoua au cours des périodes 1960 ; 1970 et 1980. Les périodes 1990 et 2000 ont été marquées par une ruée des citoyens dans les postes d'identification de l'Adamaoua. Cette ruée est liée à l'ouverture démocratique du Cameroun, à l'implantation des services bancaires et surtout aux contrôles systématiques d'identité dans cette Région qui accueille de nombreux immigrés centrafricains, tchadiens et nigérians. Toutefois, l'allègement des conditions

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d'identification et les opérations foraines d'établissement des cartes national d'identité ont permis d'établir et délivrer des milliers de cartes nationales par les postes d'identification de la Région de l'Adamaoua. À la suite de ces opérations, de nombreuses cartes nationales d'identité ont été abandonnées dans les postes d'identification. Il a été question dans ce travail de mettre en lumière, les mobiles qui expliquent l'abandon des cartes dans les postes d'identification. Ces raisons découlent de la mobilité des titulaires d'une part et d'autre part de l'ignorance du mécanisme d'identification par certains citoyens.

Le bilan d'identification dans l'Adamaoua renseigne sur l'évolution de demandes des cartes nationales. Ce bilan a permis de souligner les disparités entre les postes d'identification de l'Adamaoua. Les données collectées dans les postes d'identification ont permis de conclure que le poste d'identification de Ngaoundéré produit plus de cartes que les autres postes d'identification de la Région de l'Adamaoua. Bien que la politique d'identification ait permis à plusieurs citoyens de l'Adamaoua d'avoir une identité officielle et de participer à la vie politique, il a été question de souligner l'impact de l'identification sur le plan sociopolitique.

Par ailleurs, les fraudes qui font le quotidien de certains postes d'identification et de l'Adamaoua et les opérations foraines d'identification ont permis aux étrangers (immigrés) en présence dans l'Adamaoua d'acquérir illicitement la nationalité camerounaise fragilisant et rendant ainsi faillible le système de sécurisation de la nationalité camerounaise.

Étant un document incontournable dans les services administratifs du Cameroun, elle a permis à plusieurs citoyens de se faire inscrire sur les listes électorales. Le pourcentage des inscrits sur les listes électorales dans l'Adamaoua, a considérablement évolué à cause de la campagne d'identification gratuite instituée par le chef de l'État dès 2002.

Un travail sur la carte nationale d'identité dans l'Adamaoua ne pouvait se faire sans analyser les écueils qui plombent la politique d'identification dans cette Région. Les obstacles de la politique d'identification dans l'Adamaoua sont d'ordres administratif, politique, économique, infrastructurel, professionnel et géographique. Sur

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le plan administratif, le népotisme, le clientélisme et l'inertie caractérisent les postes d'identification de l'Adamaoua. Le manque de volonté des politique de développer les infrastructures notamment les bâtiments pouvant abriter les postes d'identification et les routes reliant les localités enclavées de l'Adamaoua participe à rendre plus difficile la tâche aux citoyens et rend également pénible la pratique d'identification dans l'Adamaoua. Le manque de professionnalisme des personnels d'identification demeure un problème dont le gouvernement doit apporter des solutions, en organisant par exemple des séminaires de formation, de remise à niveau ou de recyclage. Cela permettra à ceux-ci de faire moins d'erreur sur les formulaires de demandes de cartes nationales d'identité.

En fin il a été question de souligner les manquements de la politique d'identification. La politique d'identification du Cameroun, bien qu'elle ait évolué présente des limites. D'emblée, dès l'institution, le gouvernement n'a pris aucune disposition pour informer les citoyens sur les véritables raisons de la mise sur pied de la carte nationale d'identité. L'une des raisons de la mise sur pied du système d'identification biométrique était de lutter contre le vol d'identité et l'acquisition illicite de la nationalité camerounaise. L'on constate que dès la mise en la place du nouveau système d'indentification, les postes d'identification clandestins ont automatiquement disparu laissant place aux nouvelles stratégies de vol d'identité et d'acquisition de la nationalité. Tout se passe comme si les autorités administratives ignoraient ce qui se passe dans les centres d'état-civil et dans les postes d'identification où les documents d'identité sont souvent délivrés frauduleusement aux étrangers. Ce qui remet en cause les objectifs de la politique d'identification au Cameroun qui sont entre autres, protéger et sécuriser l'identité des citoyens camerounais et sécuriser la nationalité camerounaise.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon