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Les aspects socio-juridiques de la prise en charge des réfugiés : cas des réfugiés maliens

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par Saïdou KABORE
ECOLE NATIONALE D?ADMINISTRATION ET DE MAGISTRATURE - Administrateurs civils 2014
  

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Paragraphe II : Le renforcement de la politique nationale de protection et d'assistance aux réfugiés

Avoir une politique nationale de protection des réfugiés en adéquations avec les normes et les pratiques internationales en la matière représente un grand atout pour un pays comme le nôtre. Car étant un pays d'accueil de potentiels demandeurs d'asile, il se doit d'être bien outillé. Le renforcement des capacités de réponse du Burkina Faso pour les cas d'afflux massif de réfugiés passe par un renforcement en moyens,des structures et une amélioration du cadre d'exécution des actions de protection et d'assistance aux réfugiés. D'abord en matière d'accueil, la précipitation et le manque de coordination qui a été constatée dans les premières heures de l'afflux des réfugiés maliens au Burkina Faso nécessite la mise en place d'une structure d'alerte pouvant être opérationnelle à tout moment.

Aussi l'action des ONG sur le terrain gagnerait à mieux être coordonnée et dynamisée, la participation de ces derniers étant d'un appui louable pour la prise en charge des réfugiés. A cet effet, une Agence pour la protection et l'assistance aux réfugiés regroupant le H.C.R., les organismes gouvernementaux et les ONG humanitaires pourrait voir le jour. Elle aura pour tâche essentiel de canaliser tous les efforts en faveur des réfugiés et mieux les préparer aux solutions durables.

Les structures en charge de la prise en charge des réfugiés doivent continuer à travailler à éloigner les réfugiés des zones non conventionnelles afin de mieux les protéger des menaces éventuelles.

En ce qui concerne les réfugiés, des mesures doivent être prises à l'endroit des réfugiés maliens qui font des va et viens dans leurs pays d'origine. Ces réfugiés doivent être amenés à faire un choix pour faciliter leur prise en charge et sécuriser les autres réfugiés au Burkina Faso.

Les besoins spécifiques des réfugiés éleveurs doivent être pris en compte et cela passe par une évaluation de l'impact socio-environnemental de leur bétail sur les zones d'accueil en consultant aussi bien les autorités locales, les populations locales que les réfugiés eux même, au regard de l'insuffisante disponibilité de pâturages et d'eau.

S'agissant du problème des minorités Touaregs noirs et des tensions culturelles, les acteurs humanitaires doivent mettre en place des mécanismes de régulation et de médiation, capables de résoudre les tensions tout en gardant en vue la réalité d'une situation très complexe.

Concernant le problème de l'habitude alimentaire des réfugiés maliens,il conviendrait de part et d'autre de faire un effort.Aux acteurs humanitaires de prendre mieux en compte les cultures alimentaires des réfugiés par l'introduction du mil, du sucre et du lait. Cela contribuerait à améliorer leur ration alimentaire car quand on en pense,ça n'a aucun sens de distribuer des vivres qu'on va ensuite retrouver le lendemain sur les marchés en vente.Aux réfugiés,de prendre à sa juste valeur l'assistance qui leur est apportée car cette assistance obéit à de nombreuses contraintes.

Les tensions entre les communautés hôtes et les réfugiés peuvent être prévenues en formant des leaders des communautés sur la résolution des conflits liés à l'accès et à la gestion des ressources naturelles, et en créant des comités de médiation pour le règlement des différends éventuels.La CONAREF doit multiplier la sensibilisation qu'elle a entreprise envers les réfugiés et les populations hôtes en vue de promouvoir les valeurs indispensables à la cohabitation pacifique. La connaissance des textes par les réfugiés et par conséquent celle des droits et devoirs du réfugié leur permettra de mieux s'intégrer dans les villages d'accueil et de cultiver la paix avec les populations locales indispensables pour une meilleure protection et un asile paisible. Aussi, des voies et moyens doivent être recherchés pour améliorer les capacités productives des réfugiés, leur autosuffisance et celles de leurs communautés d'accueil dans le but de réduire leur dépendance à l'assistance humanitaire et de leur permettre de contribuer au développement du Burkina Fasopendant l'exil, et à la reconstruction du Maliune fois rapatriés.

Des solutions doivent être également recherchées pour la question des véhicules non immatriculés que les réfugiés maliens apportent avec eux dans leurs exils. Faut-il leurs appliquer la législation burkinabé en la matière? Sinon un texte doit être pris pour encadrer la situation.

Un autre point qu'il sied de relever, est que l'Etat burkinabé devrait travailler à doter la CONAREF, le CONASUR et les autres structures étatiques acteurs de la prise en charge des réfugiés d'un budget réel d'activité. Cela les éviterait eux aussi d'être des «assistés» du H.C.R. Les moyens matériels et humains de ces structures méritent d'être encore plus renforcés surtout pour la CONAREF, même si nous ne devons pas occulter l'effort gouvernemental pour répondre à l'afflux des réfugiés maliens par le recrutement de contractuels au profit decette.

En ce qui concerne le H.C.R., un effort doit être fait pour ce qui est de son budget. En effet il est important que la solidarité nationale et internationale soit plus grande. Et pour inciter les donateurs à s'y intéresser comme le propose WILKINSON94(*), cela passe par une médiatisation permanente des hostilités et des drames dans les pays du Sud afin d'attirer l'attention de la communauté internationale sur la situation des réfugiés des pays du Sud dans les camps. C'est une sorte de partage de responsabilité.

Le H.C.R. gagnerait également en la création d'une cellule de communication qui aurait pour rôle d'informer les réfugiés sur le rôle du H.C.R., sa mission et la limite de ses prérogatives. Cela pourrait se faire lors des rencontres dans les camps et diminuerait les incompréhensions entre le H.C.R. et les réfugiés qui pensent que le H.C.R. doit satisfaire à tous leur besoins. Cela serait des occasions de préciser aux réfugiés déjà dès les premiers jours de leur asile, les services précis d'assistance auxquels le H.C.R. pourrait subvenir pendant l'asile au Burkina Faso bien sûr en fonction des contraintes de financement de ses activités. Les autres services pouvant être des services extraordinaires.

* 94 WILKLISON, R. L'Afrique sur la brèche : le bilan humain est terrifiant...des jours meilleurs se profilent-ils à l'horizon ?, Réfugiés, n°131, vol2, p.12-14.

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