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Le design comme moyen de reconstruction d'une identité territoriale. Cas de la ville de Saint-Etienne.

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par Inès Marandon
Kedge Business School - Master Ecole Supérieur de Commerce 2016
  

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REVUE DE LITTERATURE

1 Le design, un moyen de renouvellement urbain

1.1 Tentative de définition du design

En anglais, « to design » signifie littéralement « concevoir ». Il serait donc logique de penser que le mot design fait référence à tout ce qui touche à la conception. Mais ce n'est pas si simple que cela. En effet, l'introduction en 1965 du mot « design » dans notre langue française a suscité bien des débats, d'après Claire Fayolle... Ce n'est qu'en 1971 que l'Académie Française accepte le mot design, même si de nombreux pouvoirs publics et linguistes proposent de le remplacer par « esthétique industrielle », « stylisme », « stylique »... La Presse véhicule d'ailleurs l'image que design fait référence à un style, le « style design » lié à l'univers contemporain... Ces débats autour du langage sont la preuve d'une « réelle difficulté à cerner la réalité du design » (Fayolle, 2002).

S'il on demande à plusieurs individus, des designers, des communicants, bref, des acteurs différentes, de définir le design, on se rend vite compte que les réponses divergent. Pour certains comme Mathilde de Brétillot (designer), « c'est le risque de se tromper, de plaire... ». Pour Béatrice Saint Laurent, « le design est une pratique, et un objet fonctionnel, avec les qualités techniques et esthétiques. Il peut également peut être une forme d'art. » Pour Stéphane Vial, (docteur en philosophie et maitre de conférences en sciences du design à l'université de Nîmes), le design est une « philosophie impliquée ». D'autres prônent le fait que le design n'a pas de définition, ni de frontières, comme Stéphane Vial « Design, le mot a bien voyagé, de revues de modes en conversations détendues, sorte de pin's sémantique (É) voulant tout dire il ne dit plus rien (Vial, Court traité du design, 2014) » voici ce que François Barré affirme lorsque l'on lui demande sa perception du design... Le design est donc une notion relativement subjective. Il est donc légitime de se poser les questions suivantes : « Est-

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il possible de parler de design en général ? Existe-t-il une pensée design commune et transversale ? » (Vial, Le design, Que sais-je ?, 2015)

Pourquoi le design est-il si difficile à définir ?

Stéphane Vial a tenté de trouver des explications à cette indéfinition du design : d'après lui, il s'agirait d'un symptôme d'ordre épistémologique :

La notion du design a explosé ces 20 dernières années, a beaucoup plus évolué entre 1990 et 2010 qu'entre 1960... Laissant place à une multitude d'approches vis à vis du design aujourd'hui.

S'il on en croit l'expertise de Stéphane Vial et de Claire Fayolle, tous les deux partagent le même avis : le design fait parler de lui, et sa signification reste floue et subjective. Le design ne semble donc pas avoir de définition unique.

S'il on s'intéresse à la définition du design dans le Design Dictionary, un dictionnaire de référence spécialisé dans cette discipline, voici ce que l'on peut lire : « au risque de vous décevoir, cher lecteur, il est impossible de donner une définition unique et faisant autorité du terme central de ce dictionnaire - design... »1

L'analyse de Stéphane Vial révèle que le design est un terme complexe. D'après lui, il est clair que le design est difficile à définir, tant il existe une multitude d'approches. Etant donné les points de vue variés concernant ce qu'est le design, j'ai décidé d'établir une classification des différentes pensées.

Le design existe depuis toujours

Pour certains, le design a toujours existé. Le mot design serait alors un nouveau mot pour qualifier les inventeurs d'autrefois. Ceux qui affirment cela pensent que le design n'est « propre ni au XXème siècle ni à la société de consommation ni à la société industrielle ». Pour eux, « c'est l'un des plus vieux métiers du monde ». S'il on en croit cette théorie, le design est donc un nouveau mot, qui dérange peut-être par son appellation, mais qui n'apporte rien de

1 T. Marshall, Design Dictionary, Basel, Boston, Berlin, Birkhauser, 2008, p.104

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plus que ce qu'on appelait inventeur, ou concepteur. Ils insistent sur le fait que les « beaux objets, objets d'art, objets industriels, objets de grande consommation se confondent... ».

Le design est partout

Une autre approche2 consiste à « voir le design partout et à étendre son champ d'application à tout ce qui nous entoure », soit sur un mode critique « tout est aujourd'hui affaire de design », soit sur un mode enjoué au service de l'addiction consumériste : « envahis par lui, nous ne pouvons plus nous passer du design. »3 Le design serait donc omniprésent, tout autour de nous.

Cette vision est dangereuse d'après Stéphane VIAL, car elle tombe dans le piège du « quand tout est design, rien n'est design »4. Cette approche a donc ses limites, et n'apporte pas de définition claire sur ce qu'est le design, car s'il est tout, il n'est rien...

Le design se distingue de l'artisanat : sa visée est industrielle

L'industrie et l'artisanat ont tous les deux ont en commun l'activité de conception, mais le design n'a pas comme l'artisanat, le même mode de production : à l'inverse de l'artisanat, le design consiste en la fabrication d'ordre uniquement industrielle, c'est à dire, non réalisée par les mains mais à l'aide de machines ou de technologies. Les objets de designers ne sont plus uniques, à contrario des objets d'art. Le design ferait partie du tout-fait-machine :

Il était une fois un monde manichéen objectif : il y avait les objets quotidiens d'une part et les objets d'art de l'autre. Une immense distance les séparait : d'un côté le tout-fait-machine et de l'autre le tout-fait-main.

La définition officielle, adoptée à Londres en 1969, au Conseil international des sociétés de design industriel, indique : « Le design est une activité créatrice qui consiste à déterminer les propriétés formelles des objets que l'on veut produire industriellement » (Maldonado, 1961). Serait objet du design, tout objet, à la seule condition qu'il date d'après la révolution industrielle. Pourquoi pas avant ?

2 Flusser V., Petite philosophie du design (posthume, 1993), Belval, Circé, 2002, p. 11

3 Vial Stéphane, Le design, Paris, Presses Universitaires de France « Que sais-je ? », 2015

4 Artifact, The Design Concept Anthology, Call for Papers, janvier 2014

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Auparavant, celui qui imaginait un objet se confondait avec celui qui le fabriquait, à savoir l'artisan. La révolution industrielle engendre le partage des tâches : d'un côté le designer qui conçoit, de l'autre l'ingénieur qui fabrique. (Bianchi, 2010)

Un champ d'intervention large

Le design intervient dans divers secteurs d'activités. Certains designers sont amenés à répondre à des commandes industrielles, donc à concevoir divers produits : une affiche, un logo, des motifs textiles, un biberon, un emballage. L'activité de chacun relève respectivement du design textile, du graphisme, du design produit, design industriel, de l'architecture commerciale, du packaging...

Le designer conçoit parfois pour de la consommation de masse : prenons l'exemple de Philippe Starck qui a déjà designé des brosses à dents. D'ailleurs, cela n'est donc pas un hasard s'il on retrouve des designers dans de nombreuses entreprises, qui collaborent avec des fabricants, des ingénieurs, des marqueteurs, pour concevoir des produits destinés à une cible parfois massive, mais surtout qui sera fabriquée en grande série, à l'identique pour tous.

Les métiers du design peuvent aider à cerner le champ d'action des designers : là encore, Claire Fayolle affirme que les métiers du design sont larges : « être designer n'implique pas une manière unique d'exercer son métier. Certains travaillent en agence, d'autres en entreprises, ou en tant qu'indépendant, etc. ». Les designers indépendants peuvent être amenés à effectuer diverses missions comme répondre à une commande industrielle, développer un travail personnel pour une galerie ou un éditeur, etc.

Le design est de l'art

Une théorie intéressante met en avant que le design peut être assimilé à de l'art. Un bon exemple est le fait que certains designers voient leurs oeuvres exposées dans des galeries d'art, et des musées (ex. Charlotte Perriand au Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne). Certains produisent d'ailleurs des oeuvres en séries limitées, pour donner un caractère unique aux produits, ce qui les rapproche de l'art dont l'unicité est une caractéristique principale. On parle même de design d'art.

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Le design est avant tout fonctionnel

Le designer, lors d'une création, place l'utilisateur au centre de sa réflexion. Il cherche à comprendre ce dont il a besoin. Il s'intéresse donc à la fonction de l'objet avant tout. Prenons l'exemple du design d'un canapé : modifier sa forme ne transforme pas forcément sa fonction globale, mais change le rapport de l'usager à l'objet. Il pourra par exemple prendre en compte le confort. Pour Dieter Rams, « rien n'est laissé au hasard. L'expérience de l'utilisateur est pensée du début à la fin » (Saffré, 2013). C'est la raison pour laquelle le métier de designer ne se réduit pas au métier de simple décorateur. D'ailleurs, en voici une preuve (Bianchi, 2010) :

En 1983, lorsque le Journal Officiel publia une liste des mots à proscrire, parmi lesquels «design» et «designer», qu'il préconisait de remplacer par «stylique» et «stylicien», les designers français protestèrent en disant que leur travail ne consistait pas seulement à choisir la couleur des emballages.

D'après Stéphane Vial, « le mot désigne en effet des domaines d'activités et des pratiques variés ayant pour dénominateur commun de façonner notre environnement privé et collectif, de la petite cuillère à la ville ». Claire Fayolle rejoint son avis : les pratiques du design sont larges et ont comme point commun de changer, d'améliorer notre environnement privé et collectif. Ainsi, l'essentiel à retenir serait la théorie suivante : « du moment qu'un objet a une fonction, quand bien même sa forme serait redessinée par Picasso, ce n'est pas d'art mais de design qu'il s'agit ».

Le design doit être esthétique

Pour certains, le design est purement esthétique. On parle d'« activité créatrice consistant à remodeler des objets déjà existants sans que la fonction desdits objets n'en soit fondamentalement modifiée » (Stéphane Vial, 2015). Cette vision réduit donc le design a un aspect beau, visuel.

Pour d'autres, le design doit allier à la fois l'esthétique et le fonctionnel. D'après Dieter Rams, « après l'utilité du design, une certaine beauté est requise ».

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Le design est une stratégie marketing

Philippe Starck considéré comme un grand designer, est aussi connu pour être un très bon homme d'affaires. Il a déjà été amené à concevoir des objets comme la brosse à dents Fluocaril qui s'est vendue à 400 000 exemplaires. Le design serait donc utilisé pour vendre.

Le concept du design évolue constamment

L'International Council of Societies of Industrial Design déclare être « actuellement en train de renouveler sa définition du design industriel, par conséquent l'ancienne définition est temporairement inaccessible » (International Council of Societies of Industrial Design, 2014).

Un nouveau concept de design serait donc en train d'émerger (Stéphane VIAL). A l'heure actuelle, « les formes se distinguent autant qu'elle se recoupent » sans converger vers un cadre global unique ; mais « le changement de modèle est nettement visible », toutes ces nouvelles formes de design sont centrées sur l'humain, plutôt que sur le marché. Depuis plusieurs décennies, il s'est développé un « discours de la méthode en design ». Ceci a conduit à l'élaboration de plusieurs modélisations de l'acte de design, dont le « design thinking », mais également l'émergence d'un nouveau domaine scientifique, la recherche en design.

Représentation personnelle du design

A titre personnel, j'ai remarqué que le mot « design » était un terme (trop) largement utilisé en communication pour désigner des produits modernes, contemporains. Je pense que la majorité du grand public perçoit le design comme un terme qui désigne un « style », quelque chose de moderne et sobre. Cela reste un avis subjectif mais je pense que nous sommes prédisposés à méconnaitre les réalités du design. Avant d'effectuer mes recherches sur le design, j'étais ignorante de tous ces différents points de vue. J'ai l'impression de désormais mieux saisir ce qu'est le design, qui interroge et suscite de nombreux débats. Ce concept ne semble donc pas compris par tous.

Mais qu'est-il finalement ? D'après mon avis, pour le comprendre, il est indispensable de s'intéresser au métier du designer. Ce dernier cherche des solutions pour résoudre les

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problèmes des utilisateurs, ou tout simplement proposer des nouveaux modes de vie. Bref, un designer conçoit, en s'intéressant avant tout à l'usager. L'aspect esthétique est important mais la fonction reste avant tout une priorité.

Est-ce qu'une ville peut être identifiée comme ville de design ? Quelle est sa place dans les villes ? Quelles sont ces villes qui s'y intéressent ? Avant de répondre à ces questions, nous allons examiner l'intérêt du design en général, puis nous tenterons de répondre aux interrogations précédentes.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery