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Histoire de la production du coton dans les cercles de la moyenne vallée du fleuve Sénégal de 1920à  1960.

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par Insa BA
Université Cheikh Anta DIOP - Master 2 2014
  

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    UNIVERSITE CKHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

    FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

    DEPARTEMENT D'HISTOIRE

    MEMOIRE DE MASTER

    HIMAF

    SUJET

    HISTOIRE DE LA PRODUCTION DU COTON DANS LES CERCLES DE LA MOYENNE VALLEE DU FLEUVE SENEGAL DE 1920 à 1960

    PRESENTE PAR : SOUS LA DIRECTION DE :

    Insa BA M. Daha Chérif BA

    Maitre de Conférences

    ANNEE UNIVERSITAIRE : 2014/2015

    Dédicaces

    Louange à Allah, Seigneur de l'univers, le tout puissant et Miséricordieux qui m'a inspiré et comblé de bienfaits. Je lui rends grâce

    A la mémoire de mon père Insa Ba,

    A ma mère Marie Mariama Sarr, vous êtes pour moi une source de vie car sans vos sacrifices, votre tendresse et votre affection je ne pourrai arriver jusqu'au bout .Je me réjouis de cet amour filial. Que Dieu vous garde encore très longtemps afin que votre regard puisse suivre ma destinée

    A mon, épouse Daba Sarr ; à mes deux enfants Cheikhou BA et Mariama BA,

    A mes frères et Soeurs Cheikhou BA^, Fatou POUYE ,Souleymane BA, Yacine BA, Ngoné BaA, Béty BA, Astou BA

    Remerciements

    Je remercie très sincèrement Monsieur Daha Chérif Ba Professeur et maitre de conférences au Département d'Histoire.

    Merci...C'est un mot trop simple .Ce que je souhaite d'exprimer est au-dessus de cela.

    Je suis à la fois touché et reconnaissant pour l'aide et l'encadrement que vous m'avait apportés...et je ne pourrai jamais vous remercier assez.

    A Monsieur Mon Principal Macodou Ndiaye à qui je voudrais remercier car ce fut une période difficile et votre aide fut plus qu'appréciable .C'est si bon de savoir que vous étiez présent à mes cotés. Sachez que votre main tendue restera à jamais dans mon coeur .

    A ceux qui se sont toujours dévoués et qui se sont sacrifiés pour moi.

    A tous mes collégues et amis des colléges de Ndiar ( I.E.F Thiés Département) et de Keur Momar Sarr ( I.E.F de Louga) avec qui j'ai partagé des moments exceptionnels de labeur, d' échanges, d'estime et de paix.

    « Le coton en France, comme dans la plus part des pays d'Europe, a ceci de particulier qu'il est à la fois le textile le plus important sous beaucoup de rapports et qu'il dépend entièrement de l'importation.

    A vrai dire, seule l'importation de matière brute est indispensable. L'industrie nationale est assez fortement outillée pour assurer la transformation du coton brut en produit fini »

    M. Waddington, Président de l'A.C.C

    SOMMAIRE Pages

    Introduction générale 9

    1-Choix et intérêt du sujet 9

    2-Problématique 13

    3-Délimitation du sujet 16

    4-Méthodologie 17

    5-La revue et critique de la littérature préalable 18

    a. Les sources d'archives 18

    b. Les sources archéologiques 23

    c. Les sources historiques 27

    d. Les sources arabes 30

    e. Les études sur la culture du coton 35

    Première Partie : le choix de la vallée du fleuve : une région propice à la culture cotonnière 42

    Chapitre I. La Physionomie Générale de la vallée du fleuve 42

    I.1 : La création et l'administration des cercles de la vallée du Sénégal 42

    I.2 : Le Sénégal et sa vallée : description et importance 43

    I.3 : Les facteurs du milieu 49

    Chapitre II : Notion générale sur le coton 52

     II.1 : Taxonomie et botanique du cotonnier 55

    II.2 : Fleur et Fruit du Cotonnier 55

    II.3 : Les variétés de coton 56

    Chapitre III : La Colonisation indigène dans la vallée 57

    III.1 : Le recrutement forcé 61

    III.2 : Pauvreté et coercition 63

    III.3 : Résistance des paysans 64

    Deuxième partie : Les nouvelles tentatives d'exploitation cotonnière dans la vallée de 1920 à 1930 65

    Chapitre I : Les variétés cultivées dans la vallée 68

    I.1 : Le N'Dar-N'Gau 68

    I.2 : Le Mokho 69

    I.3 : Le N'Guiné 70

    Chapitre II : Les structures de la production 71

    II.1 : Le service des textiles 71

    II.2 : Les stations agricoles 73

    II.3 : Les fermes familiales 75

    Troisième partie : L'évolution de la production cotonnière dans la moyenne vallée de 1930 à 1960 81

    Chapitre I : Introduction de nouvelles variétés en culture sèche 81

    I.1: A Richar-Toll 85

    I.2: A Matam 86

    I.3: A Podor 87

    Chapitre II : La Crise agricole de 1931à 1934 89

    II.1 : La genèse de la crise 89

    II.2 : La crise de 1930 et le congrès national du coton de 1931 91

    II.3 : La répercussion de la crise dans la vallée 91

    Chapitre III : L'intensification de la production du coton dans la vallée de 1935 à1959 92

    III.1 : Les facteurs de la production cotonnière 94

    III.1.1 : Le renforcement du régime fiscal 94

    III.1.2 : L'aménagement de la vallée 94

    Conclusion 105

    Bibliographie 107

    Supports 120

    L'HISTOIRE DE LA PRODUCTION DU COTON DANS LA MOYENNE VALLEE DU FLEUVE SENEGAL DE 1920 A 1960

    INTRODUCTION GENERALE

    PREMIERE PARTIE : le choix de la vallée du fleuve : une région propice à la culture cotonnière

    Chapitre I. La Physionomie Générale de la vallée du fleuve

    I.1 : La création et l'administration des cercles de la vallée du Sénégal

    I.2 : Le Sénégal et sa vallée : description et importance

    I.3 : Les facteurs du milieu

     Chapitre II : Notion générale sur le coton

    II.1 : Taxonomie et botanique du cotonnier

    II.2 : Fleur et Fruit du Cotonnier

    II.3 : Les variétés de coton

    Chapitre III : La Colonisation indigène dans la vallée

    III.1 : Le recrutement forcé

    III.2 : Pauvreté et coercition

    III.3 : Résistance des paysans

    DEUXIEME PARTIE : Les nouvelles tentatives d'exploitation cotonnière dans la vallée

    Chapitre I : Les variétés cultivées dans la vallée de 1920 à 1930

    I.1 : Le N'Dar-N'Gau

    I.2 : Le Mokho

    I.3 : Le N'Guiné

    Chapitre II : Les structures de la production

    II.1 : Le service des textiles

    II.2 : Les stations agricoles

    II.3 : Les fermes familiales

    TROISIEME PARTIE : l'évolution de la production cotonnière dans la moyenne vallée de 1930 à 1960

    Chapitre I : Introduction de nouvelles variétés en culture sèche.

    I.1: A Dagana

    I.2: A Matam

    I.3 : A Podor

    Chapitre II : La Crise agricole de 1931à 1934

    II.1 : La genèse de la crise

    II.2 : La crise de 1930 et le congrès national de 1931

    II.3 : La répercussion de la crise dans la vallée

    Chapitre III : L'intensification de la production du coton dans la vallée de 1935 à1960

    III.1 : Les facteurs à la production du coton

    III.1.1 : Le renforcement du régime fiscal

    III.1.2 : L'aménagement de la vallée

    Conclusion

    INTRODUCTION GENERALE

    1-Choix et intérêt du sujet

    A la fin du XIXème Siècle, avec les débuts de la période coloniale, l'administration reçoit pour consigne de faire de l'Afrique Occidentale Française un « grenier » de produits agricoles exportables à l'exemple de l'arachide, dont les tonnages fournis par le Sénégal ne cessaient d'accroitre .Le coton produit « roi » en France, devient une fourniture nécessaire à une industrie, et dépend totalement de la production des Etas Unis. Albert SARRAUT avait écrit : « En Afrique Occidentale Française, spécialement, la culture du coton n'a pas su progresser depuis vingt ans parce que la métropole s'y montrait complètement indifférente (...) il y avait, en somme, que la bonne volonté des gouvernements et des administrateurs et les moyens étaient insuffisants »1(*)

    L'autorité coloniale élabora un ambitieux projet d'exploitation de mise en valeur des colonies.

    Ce programme mettait cependant en avant les intérêts économiques, politiques et sociaux du colonisateur. La France, organise l'exploitation pour son avantage, mais aussi pour l'intérêt général du monde. La métropole, dans sa mission civilisatrice, doit s'occuper des territoires arriérés et de leurs ressources. Ces contrées trop faibles ou techniquement en retard, ne pouvaient à elles seules ou ne savaient pas se mettre en valeur, et donc le profit était ainsi perdu pour elles, comme pour la collectivité.

    Le ministre français des colonies, Albert SARRAUT, raisonnait ainsi : « Dès lors, dans l'expansion coloniale ainsi comprise, il n'y avait plus comme à l'origine droit du plus fort, mais bien droit du plus fort à aider le plus faible »2(*).

    Pour assurer l'exploitation économique, l'envahisseur exerce une pression sur les cultivateurs indigènes à diversifier leurs productions. A côté des cultures vivrières, ils pratiquaient des cultures d'exportation comme le coton et l'arachide. La dépendance endigue les colonies dans le joug étroit du colonialisme qui les surexploite à son avantage, et sans tenir compte de leurs aspirations, leur impose les cultures les plus rentables à son économie : « Fidèle à sa mission traditionnelle, la France entend conduire les peuples dont elle a la charge à la liberté de s'administrer eux- mêmes (...) Donner des droits politiques à l'individu c'est bien ! Et c'est juste ! Mais faut également lui fournir, d'accord avec lui et avec l'aide de son travail les moyens de vivre mieux dans un milieu où il pourra trouver la facilité de s'alimenter plus largement de fournir d'avantage aux besoins des siens, de tirer plus de son labeur, d'accroitre ses disponibilités financières par la ressource plus ample que produira la mise en valeur plus méthodique des richesses naturelles de son terroir. L'accroissement de cette mise en valeur ne profitera qu'à lui seul et aux siens ; par elles, seront mieux approvisionnés les marchés de la métropole et ceux dehors, et la France pour des heures critiques y trouvera les réserves d'un abondant et précieux ravitaillement (...) S'il est une période où la mise en valeur de cet équipement est apparue impérieuse, vitale, indispensable, c'est celle qui a suivi la guerre. »3(*)

    En dépit de cette subordination, le pouvoir colonial établit une politique de domination économique pour satisfaire ses besoins en matières premières. La culture du coton en est une culture obligatoire à laquelle les indigènes doivent impérativement s'adonner pour assurer le ravitaillement de la métropole en matières premières. Cette plante constituait pour l'administration coloniale, un précieux moyen d'exploitation et de mise en valeur de la colonie du Sénégal et de la vallée du fleuve.

    L'étude de l'histoire de la culture du coton dans la vallée du fleuve, trouve son importance du fait que les cultures de rentes comme le coton, sont non seulement le levier de l'économie coloniale de la France, mais aussi elles contribuaient à assujettir les populations indigènes de la vallée. Face à ce constat, E. MBOKOLO appelait à des recherches qui « ne se contenteraient pas de faire l'histoire de la culture coton mais se préoccuperaient aussi de situer la place de cette plante dans l'histoire coloniale et dans leur apport avec les facteurs économiques, sociaux et politiques »4(*)

    A cet effet, l'une des cultures de rente les plus prisées de l'époque coloniale en terme économique, est incontestablement le coton. Ce dernier est une fibre végétale qui entoure les graines des cotonniers5(*). Cette fibre est généralement transformée en fil qui est tissé pour fabriquer les vêtements. Avec une production qui a connu des hausses importantes au cours de la décennie 1980, le coton est aujourd'hui une culture de rente plutôt bien épousée par les paysans. Il n'en était pas ainsi. Sa vulgarisation a été laborieuse. Rendue obligatoire par l'autorité coloniale française de 1920 à 1959, ce trafic agricole est resté très longtemps contaminé d'une image franchement négative.

    Le coton semble toujours donner satisfaction aux usagers et cela demeure jusqu'à la période coloniale. La France a cherché à diffuser la culture du coton dans ses territoires d'Afrique noire dès le début de la colonisation, afin de ravitailler son industrie textile, qui était alors en pleine expansion et très tributaire des Etats Unis pour son approvisionnement en fibres. Le coton n'y était pas inconnu, il alimentait un artisanat destiné principalement aux besoins locaux ou régionaux.

    Les traditions orales de la quasi-totalité des sociétés qui constituent la vallée du fleuve, sont formelles : la culture du coton a tout le temps occupé une place importante.

    Sous ce rapport, Schwartz , gouverneur du Sénégal d'alors disait :« A l'époque précoloniale, la finalité de cette culture est de trois ordres :la satisfaction de besoins domestiques, à travers la production d'habits ;la satisfaction des besoins rituels, à travers la production de pagnes utilisés comme linceuls funéraires ;la satisfaction de besoins économiques, à travers la production en bandes tissées utilisés comme monnaie dans les transactions liées aux courants d'échange de longue distance ;acquisition en particulier de sel gemme en provenance des salines du Sahara ou de kola en provenance de la foret tropicale ».6(*)

    La colonisation marqua une étape importante pour cette filière lucrative. La France, à l'instar des autres métropoles européennes, chercha à développer cette culture dans ses possessions.

    Les tentatives se succédèrent, au fur et à mesure de la prise de possession des territoires et de l'ouverture des voies de communication : d'abord en Afrique Occidentale, région la plus proche de la métropole et colonisée la première, ensuite en A.E.F (Oubangui-Chari et Tchad) pénalisée par son éloignement et son enclavement, où eut lieu, dans les années trente, la décisive introduction de la culture cotonnière pour l'avenir de la métropole avec l'intervention de sociétés privées.

    Les acteurs furent différents selon les époques et les lieux. Les tout premiers furent les administrateurs, véritables pionniers, qui ouvrirent la voie à l'industrie et aux autorités politiques métropolitaines, lesquelles cherchèrent  dés lors à diffuser la culture du coton dans les périodes de pénurie ,en particulier en Afrique occidentale où les conditions étaient les plus favorables .Les autorités territoriales ,plus occupées par la mise en valeur de leurs colonies avec le souci de se procurer des revenus pour celles-ci et pour les paysans ,menèrent des actions moins tributaires du marché et concernant souvent les régions les plus démunies .

    Ainsi, en choisissant comme sujet « L'histoire de la production du coton dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal de 1920 à 1960 », nous avons pour ambition d'apporter une modeste contribution à l'étude du passé de cette région. La culture du coton dans la vallée du fleuve est l'une des pages les plus sombres de l'histoire coloniale. Autrement dit, son étude a été traitée comme parent pauvre de l'historiographie de la vallée du fleuve.

    L'histoire de la culture du coton a été longtemps perçue comme un secteur sous analysé, un terrain en friche au Sénégal car durant fort longtemps les aspects botaniques ont été mis en exergue par les spécialistes et les chercheurs. Cette affirmation est confirmée par bon nombre d'historiens comme Berthe, S. , qui constate le caractère tardif et épars des recherches proprement historiques sur le coton .Retard qu'il attribue d'une part au fait que s'engager dans une recherche historique sur le coton suppose des connaissances techniques préalables, notamment en botanique, en biologie et en écologie etc. ;pourtant, l'Afrique en général et le Sénégal en particulier, offre ,du point de vue de son statut de colonie française, toute une possibilité d'études dans ce domaine .En effet , de tous les maux auxquels la colonie du Sénégal colonial doit faire face, la question de la culture du coton, reste à la première place et ne cesse d'alimenter de nombreux débats.

    2-Problématique

    Pour bien comprendre certains problèmes de développement que connaissent beaucoup de peuples des pays pauvres, les questions relatives à la culture du coton doivent être prises en compte. L'importance d'une telle affirmation réside dans le fait que le facteur « exploitation agricole » constitue à lui seul, un phénomène qui influe sur l'économie métropolitaine.

    Ce fait mérite d'être approfondi pour bien comprendre l'évolution de la culture du coton dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, car beaucoup de retards économiques que connait actuellement le Sénégal, peuvent être justifiés par une colonisation agricole telle que la colonisation du Walo et de sa vallée, qui participe grandement au développement des puissances coloniales.

    Dans cette optique, la culture du coton est considérée dans les colonies comme un critère du niveau politico-économique d'une puissance. En outre, il n'y pas de domination économique sans le travail forcé considéré comme moteur de développement des territoires conquis dans la mesure où l'occupation des sphères d'influence prédispose la France à se hisser au rang des grandes puissances impérialistes. Or une puissance coloniale ne peut être forte que si elle a des territoires conquis : « Un peuple qui colonise c'est un peuple qui jette les assises de sa grandeur dans l'avenir et de sa suprématie future. Toutes les forces vives de la nation colonisatrice sont accrues par ce débordement au dehors de son exubérante activité. Au point de vue matériel le nombre des individus qui forme la race augmente dans une proportion sans limite ; la quantité des ressources nouvelles, des nouveaux produits, des équivalents en échange jusqu'alors inconnus qui se trouvent solliciter l'industrie métropolitaine est incommensurable. »7(*)

    Au lendemain de la première guerre mondiale (1914 1918), les activités de l'industrie textile en France connurent une diminution liée aux difficultés d'approvisionnement en matières premières et à la perte de ses placements à l'étranger. Jean Suret canal, historien éminent de l'Afrique, évalue à 10 milliards de franc-or en Russie8(*).Or les importations de coton en provenance des Etats Unies d'Amérique, qui commençaient à rivaliser avec celles des anciennes puissances, exigeaient plus de fonds.

    La seconde guerre mondiale ne permit pas de relancer la culture du coton dans les colonies et coupa la France de ses sources d'approvisionnement, elle amena le gouvernement Français à adopter enfin une véritable politique cotonnière dans ses territoires africains. Forts de ces expériences ; celui-ci met en place dès la fin du conflit deux organismes chargés de promouvoir la culture cotonnière en Afrique tropicale : l'Institut de recherche du Coton et des Textiles (IRCT) en 1946 et la Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles (CFDT) en 1949.

    La diminution des quantités de fibre et l'accroissement de la consommation des filatures, avaient nécessairement provoqué une hausse du cours de la matière première9(*).

    L'Europe n'était plus à l'abri d'une rupture de stock et une incertitude pesait désormais sur l'avenir de l'industrie textile. Pour éviter une asphyxie de ses unités de production, le gouvernement français décida de s'affranchir en partie du ravitaillement étranger. Il s'intéressa davantage aux produits coloniaux en renforçant l'exportation en provenance de ses possessions .Dès lors l'accent fut mis particulièrement sur la culture du coton en Afrique Occidentale Française. En effet, la politique de mise en valeur appelée « plan Sarraut » (du nom d'Albert Sarraut, Ministre des colonies), élaborée en 1921, aboutit à une intensification d'une nouvelle production agricole10(*).

    C'est pourquoi, pour nombre de dirigeants français, le salut économique passe par les colonies qui doivent devenir les principaux fournisseurs de matières premières et les premiers industriels s'intensifient, et font de la question coloniale une affaire nationale : « la production du coton est devenue une nécessité nationale. L'intention fermement poursuivie par les Américains d'arriver progressivement à manufacturer toute leur récolte est de nature à apporter dans peu d'années une gêne considérable à notre industrie textile .C'est un danger très réel auquel il faut parer et qui menace non seulement la France mais tous les pays de l'Europe »11(*)

    Ainsi, le programme d'action mis au point en 1919 par le ministre des Colonies SIMON, est axé sur la réalisation de grands travaux d'infrastructures ouvrant la voie à une exploitation économique accrue des colonies. Leur réalisation doit être confiée à des entreprises privées, avec le soutien de l'État. C'est dans ce contexte que l'ingénieur des travaux publics de l'État Émile Bélime, se voit chargé d'une mission d'étude des possibilités d'irrigation dans la vallée du fleuve Sénégal.

    L'économie coloniale y fut organisée autour de la production des fibres textiles. Certes avant l'arrivée des Européens, la population autochtone y pratiquait la culture du coton : « le coton a été signalé par tous les voyageurs qui ont parcouru le Sénégal et le Soudan. On le rencontre partout et parfois en assez grandes quantités »12(*).

    Cependant, l'action menée par la France dans le cadre de la colonisation française effective en Afrique Occidentale Française, fit de la vallée du fleuve une plaque tournante de l'économie métropolitaine .Cette région devint une zone agricole par excellence parmi les autres contrées de l'Afrique de l'Ouest. Leur population était constituée de cultivateurs.

    Mais les champs de la plupart des villageois étaient peu étendus .Autour des cases, on remarquait quelques cotonniers dont les récoltes servaient à tisser des bandes utilisées pour l'habillement. Ainsi d'après Valentin Fernandes : « Les négres les mettent à tous usages, soit pour se vêtir, soit pour se coucher. Ce sont leur linceul, leurs serviettes ; leurs nappes ; leurs habits ; leurs drapeaux. »13(*).

    L'histoire de la culture du coton dans la vallée du fleuve Sénégal est très mal connue, celle de son origine en particulier demeure énigmatique. Elle n'a fait l'objet que de quelques rares études, fautes de sources vraisemblablement. Peu de travaux en langue française lui ont été consacrés ; un article de J. Vuillet, « l'introduction de la culture du cotonnier en Afrique Occidentale » (1920), et surtout l'ouvrage de l'administrateur de la France d'Outre - mer, Charles Monteil, le coton chez les noirs, qui porte principalement sur la période médiévale et moderne et demeure des références malgré leur ancienneté.

    De ce fait, la question principale de notre étude porte sur la politique agricole mise en place par le pouvoir colonial. Plus concrètement, ce travail portera sur les interrogations suivantes :

    -Cette étude s'attache-t-elle plus particulièrement au développement de la culture du coton dans la vallée du fleuve ? Implique-t-elle une réflexion sur le rôle assigné aux cercles du fleuve dans le processus de la production du coton ?

    -Quelle a été la politique agricole mise en place par le pouvoir colonial ? Les mesures prises en la matière ont - elle été effectives ? Quels en furent les résultats ?

    -Quel a été l'intérêt de la culture du coton pour le pouvoir métropolitain et pour les indigènes ? Quels sont les obstacles et les difficultés rencontrés par le souverain colonial tout au long de cette période ? Autant de questions qui suscitent des réponses dans cette étude.

    3-Délimitation du sujet

    Dans le cadre de ce travail, notre étude couvrira la moyenne vallée du fleuve Sénégal de 1920 à 1960.

    -Sur le plan spatial, nous avons choisi comme espace d'étude la vallée du fleuve Sénégal pour pouvoir traiter véritablement l'histoire de la production du coton dans les cercles de la moyenne vallée du fleuve Sénégal des années 1920 à1960.

    La vallée du fleuve Sénégal, foyer de culture et de civilisations brillantes, apparait comme étant l'une des entités territoriales les plus dynamiques de la colonie du Sénégal dans le domaine agricole. Cet espace géographique, fut avant l'occupation française, un important carrefour où se croisaient plusieurs routes reliant les vastes plaines agricoles du Walo et la région de la Sénégambie septentrionale. En effet, l'économie coloniale y fut organisée autour de la vallée du fleuve longtemps considéré comme le grenier du soudan occidental.

    -Sur le plan temporel, l'année 1920 marque notre point de départ. C'est en effet, cette date fut marquée par l'introduction d'une nouvelle politique coloniale dans les possessions françaises. Elle avait pour objectif principal de créer des conditions sans commune mesure à l'accroissement de la production .Et l'année 1960 constituant notre point d'arrivée, marque le début de la fin de la période coloniale et le début d'une nouvelle époque, l'ère des indépendances. Cette année, marque aussi la fin de la politique coloniale, ce qui impliqua fondamentalement la participation des Sénégalais à la gestion de leur propre pays, notamment dans le secteur agricole.

    4-Méthodologie

    Dans cette étude historique de la culture du coton, l'approche analytique est à la fois la plus simple et la plus féconde. Et la colonisation agricole au sein d'une population déterminée et très attachée à leur terre, forme un ensemble duquel une étude particulière ne doit se dérober. Ce qui veut dire que la fréquence et la consolidation de la domination impériale dans chaque colonie, dépendent, en plus de divers facteurs économiques et sociaux, de la motivation et de la volonté des puissances coloniales à se tailler une sphère d'influence comme la vallée du fleuve. Ceci traduit, pour chacune des puissances, en particulier pour la France, l'intérêt qu'elle porte à la colonisation agricole de la vallée. Nous porterons donc un regard attentif à l'histoire de la culture du coton pour mieux dégager l'importance de notre recherche.

    L'étude sur la production du coton a connu une évolution lente qui affecte le potentiel économique de la métropole. L'histoire des essais de culture cotonnière a souvent été étudiée de façon analytique c'est-à-dire en examinant le développement dans le temps la culture du coton. Cette approche a cependant le défaut de laisser dans l'ombre des faits historiques concernant l'influence d'une telle politique agricole dans la vallée du fleuve par le colonisateur.

    Nous allons donc utiliser la méthode historique qui est une méthode de connaissance qui met en évidence l'exploitation des données par leur analyse et interprétation profondes14(*).Cette méthode d'explication exploite en ce qui nous concerne deux approches : quantitative et qualitative. L'étude de l'histoire de la culture du coton dans la vallée du fleuve Sénégal soulève diverses questions .Les unes d'ordre technique -agronomique, industriel et commercial ; sont liées afin de produire une fibre compétitive. Les autres politiques et économiques s' interrogent sur le rôle respectif des pouvoirs publics métropolitains ; de l'industrie textile et de l'administration territoriale dans ses interventions .Enfin se posent celles des réactions des producteurs, selon les conditions de la culture-libre ou plus ou moins contraignante et leur intérêt personnel.

    La première étape de notre recherche nous autorise à exploiter les sources écrites comme les documents d'archives, les récits de voyages notamment arabes au moyen âge et européens des temps modernes. Les ouvrages généraux et spécialisés sur le thème, des mémoires, des études et des articles, ne seront pas en reste.

    5-La revue et critique de la littérature préalable

    Les problématiques des recherches sur l'histoire de la culture du coton en Afrique se sont enrichies et diversifiées .De nouvelles approches ainsi que des perspectives nouvelles ont été élaborées. De même de nombreuses sources se sont progressivement ouvertes aux investigations des chercheurs.

    La revue et la critique de la littérature préexistante portent sur les ouvrages généraux et spécifiques, les sources manuscrites (archives nationales, les Cahiers Ponty), les sources imprimées (journaux, périodiques et relations de voyage), les sources orales.

    Nous avons recouru aux sources d'archives conservées à Dakar et à la bibliothèque universitaire de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar ; aux sources tracées composées de récits de voyages, de journaux et de revues ainsi qu'à la littérature savante.

    Il faut souligner que des dossiers entiers ne renferment que des données concernant par exemple des affaires agricoles que le colonisateur a consignées sur les fonds des archives.

    Il est causant de souligner que les dossiers d'archives comportent de nombreuses carences et des insuffisances certaines au-delà desquelles le chercheur doit absolument s'évertuer à rétablir l'authenticité historique. Il importe alors de faire parler ces documents, des livres pour élucider véritablement notre réflexion sur l'histoire de la culture du coton.

    Le fardeau colonial est fort accablant dont il convient de briser pour discerner la réalité des faits historiques consacrés à la culture de la fibre blanche dans les cercles de la vallée du fleuve Sénégal.

    a)Les sources d'archives

    Aux Archives Nationales du Sénégal (ANS), nous avons consulté les fonds du Gouvernement Général de l'Afrique Occidentale Française (AOF) et ceux dits du « Sénégal Ancien », notamment, en leurs séries A, B, C, G, K, L, P,Q, R, S,.T.

    La Série A15(*) comprend les arrêtés, ordres et décisions du gouverneur du Sénégal, les arrêtés, les décisions et circulaires du gouverneur général, les ordres et décisions du commandant des cercles. S'ajoutent à cela les bulletins et journaux officiels .Ces documents nous permettent de comprendre fondamentalement les politiques de l'administration coloniale.

    La série B16(*) est constituée des correspondances que les gouverneurs ont envoyées ou reçues soit des commandants militaires chefs des postes et des administrateurs des cercles, soit des chefs locaux et des populations indigènes ayant tardivement découvert les valeurs de l'administration coloniale. Cette série nous familiarise avec les correspondances départs du gouverneur du Sénégal au ministre .Celles-ci donnent un excellent panorama de la colonie.

    Elles constituent un moyen de contrôle du ministre sur l'action menée par le gouverneur.

    La sous série 3B17(*), permet d'éclairer l'histoire des relations de la colonie avec les royaumes environnants .Elle peut aider à mieux comprendre l'expérience de la colonisation agricole et des explorations.

    Toujours est-il que les correspondances relatives aux directions des affaires politiques de l'A.O.F ont été aussi scrutées pour les besoins de notre étude. Les chefs de canton, de province et de village, avec leurs coteries sont placés sous l'aile protectrice de l'administrateur du cercle qui qualifie toute réclamation et toute dénonciation, de récalcitrants qu'il faut expulser du cercle.

    La série C 718(*) concerne les dossiers du personnel colonial, en général et des chefs de Canton, en particulier. Plusieurs dossiers, dont les plus importants ont été déchirés, du moins, les renseignements relatifs à notre sujet ont été retirés.

    Pour exemple, les dossiers de la série C du Personnel administratif colonial sont considérablement diminués de leurs substances dans la mesure où certains chefs de canton qui ont marqué l'histoire et la vie des populations sénégambiennes en général et celles de la vallée du fleuve Sénégal en particulier, sont désormais soustraits du regard public et de la plume des chercheurs. Les intempéries, les déménagements et les transferts intempestifs et désordonnés, le manque d'intérêt réel des pouvoirs publics, ont fini par en détruire des pans entiers.

    La Série G19(*) et en particulier la sous-série 2G20(*), comportant des rapports périodiques des administrateurs des cercles adressés aux autorités hiérarchiques, donne des informations sur la politique à mener par les autorités coloniales afin de booster la culture du coton dans les territoires nouvellement conquis.

    La Série 4G21(*) a été également consultée. Elle est particulièrement importante car elle nous renseigne sur les services rattachés à l'administration .Mais aussi, ce dossier nous éclaire sur les troubles ou situations de crise sur lesquels les autorités locales sont peu loquaces.

    La série 13G22(*) relative aux affaires politiques et administratives, nous édifie sur l'installation progressive du colonisateur. L'implantation française se consolide avec la politique expansionniste du gouverneur Faidherbe sur le Sénégal en 1854.La conquête fut parachevée en 1887, tout le territoire conquis est divisé en deux colonies : les pays d'administration directe et les pays de protectorat .Elles seront fédérées en 1920 .Cette série est pour nous, une source de première importance pour l'étude de la vie politique et administrative du Sénégal, des cercles, du commandement indigène, de la résistance.

    La sous-série 18G23(*), comportant des fonds particulièrement riches et importants pour les affaires administratives de l'A.O.F., fournit des informations sur les dossiers relatifs à l'organisation administrative générale et officielle de la colonie, à la délimitation des frontières, au commandement indigène, à l'inspection des affaires administratives, aux observations de liquidations et de transfert des services du groupe de l'A.O.F, aux subventions , aux conférences interterritoriales .

    La série K24(*) et surtout la Sous-Série 1K25(*) (travail et main-d'oeuvre dans la colonie), nous y retrouvons de nombreux problèmes liés au travail et à la main d'oeuvre, main d'oeuvre indigène et étrangère, salaires, coûts de la vie, conflit du travail, corvée obligatoire et prestations, accident du travail. Des documents concernent la deuxième partie postérieure à 1920. Les indigènes étaient contrôlés par l'inspection du travail et de la main d'oeuvre.

    La France, soucieuse à sa nouvelle politique de domination et de réorganisation de ses territoires, s'occupa du travail indigène, des contrats de travail et de nouvelles méthodes techniques de culture pour la vulgarisation de la culture du coton en Afrique Occidentale.

    La série Q26(*) (affaires économiques) est aussi importante pour notre thème. La sous série 3Q27(*) qui contient les dossiers portant sur les chambres de commerce d'agriculture et d'industrie de Dakar, du Sénégal et des autres territoires. C'est aussi une source pour la production industrielle cotonnière.

    La série R 28(*)(Affaires agricoles) est source de première importance pour notre étude.

    La sous série 1R29(*) est constituée des correspondances portant sur l'agriculture en A.O.F notamment sur les produits agricoles : le coton. Cette série nous familiarise avec les projets ambitieux de la métropole sur sa politique de vulgarisation de la culture du coton dans la vallée du fleuve Sénégal .Ses engagements pour la mise en valeur des vallées du Niger et du Sénégal ; pour la recherche agronomique ; de l'enseignement agricole.

    Les populations sont alors victimes de la colonisation agricole aussi servile que cynique. Il en est suivi des confiscations de leurs biens, de leurs terrains de culture, voire de leurs progénitures pour la main d'oeuvre.

    Les séries S et T concernant l'impôt et les finances, fournissent des informations intéressantes sur le régime fiscal des différentes colonies de l'Afrique Occidentale Française, des orientations sur les questions d'ordre financier, économique et social.

    Les sources imprimées sont constituées par un ensemble d'actes officiels et de monographies publiés dans le journal officiel, l'Annuaire du Sénégal et Dépendance, le Moniteur du Sénégal et dans les autres publications du Gouvernement Général de L'A.O.F.

    Absorbée par le souci de mieux connaître les peuples colonisés, la France se rapproche davantage de ceux -ci pour apprendre les us et coutumes , leurs systèmes politiques, économiques et leur organisation sociale .Cette politique met en lumière les préoccupations de Napoléon Bonaparte qui disait : « Même si on peut gouverner de loin on ne peut administrer que de prés ».

    Ainsi, beaucoup d'administrateurs ont publié des monographies sur leur circonscription administrative. Pour s'en convaincre, il suffit de voir Louis Léon Faidherbe qui fournit une notice sur la colonie du Sénégal, 1859 .Dans son étude, il étale pleinement son rôle de « colonisateur », il jette les bases de la future Afrique Occidentale Française .Mieux pendant la pénurie de coton causée par la guerre de sécession américaine à partir de 1861, il favorisa des plantations qui fournirent annuellement 50 tonnes de coton jusqu'en 1868.

    On peut y ajouter aussi ses travaux linguistiques et ethnographiques sur lesquels il s'intéressa aux dialectes locaux, aux coutumes et rédigea plusieurs travaux d'ethnographie et de géographie sur l'Afrique occidentale, ainsi qu'un Annuaire du Sénégal en quatre langues ; français, wolof, toucouleur et soninké. 31(*)

    L'administrateur Albert Sarraut publie des travaux sur la mise en valeur des colonies. Les idées qu'il expose dans son ouvrage, forment une doctrine cohérente de la colonisation économique de la vallée du fleuve, qui justifie le souci de l'administration envers les populations locales.

    Après la conquête définitive des pays riverains du fleuve, l'administration coloniale avec l'aide des ingénieurs agronomes, à l'image d'Emile Bélime, crée des périmètres irrigués, destinés à développer la culture du coton en Afrique Occidentale.32(*) Bélime, dans la plus part de ses études agronomiques, fournit des propositions d'aménagement de la vallée du fleuve.

    Yves Henri lui, aborde les questions cotonnières et les cultures irriguées en Afrique noire. Il milite en faveur d'une politique de développement du coton en Afrique occidentale française.

    Ces études sont à prendre par l'historien avec beaucoup de réserves, avec un sens critique. Militant en faveur des possibilités de culture du coton dans la vallée du fleuve et du Niger, ces auteurs voulaient prouver l'importance de ces régions qui selon à leur avis, conviennent le mieux à la culture du coton, et qui se trouvent situées avantageusement par rapport aux principales voies de communication.

    Ces sources archivistiques ou imprimées sont l'oeuvre du colonisateur. Elles suscitent l'intérêt des occidentaux sur le coton en Afrique. Tous sont émus par les descriptions des régions du fleuve Niger et du Sénégal. Ils souhaitent que leur gouvernement intervienne pour assurer l'avenir économique de la colonie au profit des industries vitales de la métropole.

    C'est pourquoi beaucoup d'informations fournies dans leurs rapports semblent exagérées.

    Ces données écrites stipulent le désir du colonisateur d'exploiter les abondantes ressources des territoires conquis. La France est alors très en avance en termes d'industrialisation .Cette phase nécessite d'abondantes matières premières, que les territoires colonisés fournissent à bas couts : bois, coton, caoutchouc. Cela explique que la colonisation suscite l'appétit des compagnies privées.

    Les déficiences et insuffisances des archives et des sources imprimées sont manifestes.

    Elles sont loin de satisfaire au chercheur qui aspire à rétablir la vérité historique surtout celle de la culture du coton dans la vallée du fleuve. S'enfoncer profondément dans ces documents et en adhérant religieusement à ces idées, comportent des dangers assez risqués tels que les plagiats et les recopies calquées sur les écrits de l'envahisseur.

    Ainsi pour diminuer la marge de subjectivité, la tradition orale est incontestablement incontournable. C'est la version des faits par le colonisé, du moins de l'opprimé. Elle nous retrace la naïveté de l'administrateur, qui jugeait et condamnait très vite les indigènes considérés comme des sous hommes. Mais aussi, elle expose le climat dans lequel, l'imposition de la culture du coton est perçue par les gens de la vallée.

    b)-Les sources archéologiques

    L'apport le plus fructueux à la perception de l'histoire de la culture cotonnière c'est sans commune mesure l'archéologie .Elle a permis de revisiter l'histoire du coton au plus loin vers les sources. On distingue dans ce domaine deux grands ensembles :

    -D'une part l'art rupestre au Sahara qui nous documente sur les traits vestimentaires des habitants, d'autre part divers sites en particulier en Nubie et en Afrique soudanienne où on a retrouvé les vestiges directement liés au coton.

    L'art rupestre du Sahara selon J.Kizerbo est « le premier livre d'histoire de l'Afrique ».

    Cet art est symbolisé par une multitude de représentations et de peintures murales que l'on a retrouvées sur les murs pierreux disséminés dans tout le Sahara occidental et central.

    Ces oeuvres qui datent du VIIème siècle ou peut être du VIIIème siècle, ont fait l'objet d'une nomenclature et d'un classement chronologique effectué par la mission Henri Lhote en 1956 -1957.33(*) Elles ne fournissent aucune orientation précise sur les plantes faisant l'objet d'une cueillette ou d'une culture.

    Par contre, elles montrent la façon dont les occupants de la localité étaient vêtus. Celles que nous avons maintenues, sont localisées de trois zones proches les unes des autres sur les bordures méridionales du Tassili.

    Les personnages de la période la plus ancienne des chasseurs négroïdes armés d'arcs et de bâton, portent un pagne très court. Les hommes de la période « Tête rondes » sont souvent nus, le corps orné de dessin. Ils peuvent néanmoins porter les caches visages, des petits pagnes et des jambières en particulier lors des fêtes comme les danseurs et les danseuses masqués de « Safar ».

    Les femmes sont parfois forts également accoutrées comme la célèbre « Dame blanche » ou « Déesse cornue » qui porte un cache sexe, des brassards, des manchons et des archières.

    La femme masquée est vêtue de façon plus ordinaire, par contre sa ceinture rappelle certains caches sexes répandues dans toute l'Afrique soudanienne jusqu'à l'époque contemporaine.

    Joseph Kizerbo (1980 : 715) captivé par cette garde-robe, souligne cette ressemblance : les femmes portent souvent un vêtement réduit au minimum, portant parfois le lampé de bande de coton passée parfois entre les jambes sur une ceinture et retombait devant et derrière, familier aux jeunes filles de la région soudanienne.

    Deux autres oeuvres découverts à Tissali, apportent un élément de taille avec la bandelette multicolore de leur coiffure. Il s'agit du soldat grec et des édiles.

    Voici ce qu'a écrit Lhote à leur propos : « Nous avons retrouvé dans d'autres sites de Jabbaren des figurations masculines de même styles malheureusement très efficace mais où apparait la coiffure particulière des homes, constitués par une sorte de casque formés de bandes multicolores que surmontent une culotte à fond arrondi ». 34(*)

    Les hommes de la seconde période, celle des « Pasteurs bovidés » sont très différents des précédents aussi bien par leur type physique qui évoque celui des peuls que par leur vêtement. Ces derniers sont divers, depuis les simples parures de fibres tressées jusqu'à la longue tunique en passant par des pagnes courts. L'oeuvre la plus significative de cette période des boudés est la célèbre peinture baptisée « les jeunes filles aux robes sans couture ».

    Ces oeuvres ne permettent pas de connaitre la nature de ou des fibres utilisés et l'on en est réduit à ce domaine des suppositions ; la première qui vient à l'esprit est celle de la laine : 

    « Des béliers sont représentés sur les fresques dès la période bubale. Cependant, sans que l'on ait pu déterminer leurs caractères sauvages ou domestiques »35(*) au dire de Lhote.

    A l'époque des pasteurs de bovidés par contre, l'élevage des moutons est avéré. Faut- il en déduire que tous les habitants du Sahara ont connu l'usage de la laine plutôt que le coton ou à l'exclusion de celui-ci .Nous ne devons pas manquer de remarquer que le climat de la période la plus humide, permettait la culture ou la cueillette du coton. Cette hypothèse comme Kizerbo qui sans se prononcer, fait allusion au coton des lampés.

    Quant à la technique du tressage ou du tissage, on doit différencier deux grandes périodes, : celle des Têtes rondes et celle des Pasteurs ainsi que des types d'ouvrages.

    Dans la description qu'il donne des parures de la « Dame blanche », H.Lhote parle de tissage : « les chevilles sont ornées de larges tresses qui devaient être en fibres comme des manchon ».36(*)

    Le lempé de la « femme masquée » et également les bandes multicolores des coiffés de juge de paix et du Guerrier grec semble plutôt tissés , et surtout évoquent irrésistiblement les bandelettes de cotonnade unies ou multicolores .Il est possible que le tissage des bandes étroites, soit venu de l'Egypte où l'on sait que les momies37(*) ,étaient enveloppées de bandelettes de lin .On remarque paradoxalement que la technique utilisée semble plutôt être le tressage pour les oeuvres dites à l'influence égyptienne et le tissage pour les autres , ce qui permet d'envisager une origine saharienne pour celui-ci.

    D'autres vestiges significatifs ont été retrouvés dans des sites divers allant de la Nubie aux pays dogon en passant par l'Ethiopie, l'Egypte et le lac Tchad. Ces restes apportent une civilisation essentielle du coton en Afrique. Le vestige le plus ancien a été retrouvé en Nubie. Cette région de pays de « Kouch » est située pour sa grande partie dans la moitié nord de l'actuel Soudan, débordant un peu le sud de l'Egypte. Elle constitue, vraisemblablement avec le Soudan central le berceau du peuplement de l'Afrique équatoriale au Paléolithique et au Néolithique, tendant à migrer de l'une à l'autre région selon les phases climatiques.

    Des restes de coton ont été retrouvés en Haute Egypte à Affia, site circonscrit sur la rive occidentale de l'actuel lac Nasser entre Aswan et Abu simbel : « les premières preuves de l'existence du coton en Afrique se trouvent en Nubie à Afia, (un établissement du groupe A), qui date du IIIème millénaire, on a découvert des semences de coton ainsi que des fibres de coton dans la fumure de chèvre et de mouton. Il est vrai qu'on retrouve là-bas en rapport étroit avec les tombes du groupe A non seulement des morceaux de cuir et des peaux, mais aussi des morceaux de simples tissus tissés.

    Celles-ci n'ont pas été examinées de plus près comme il existe aucune indication des personnes du groupe A, concernant le coton filé (fusaïole)38(*) ou tissé, il est possible qu'on connait le coton, mais qu'on les donnait à manger aux animaux »39(*)

    Des vestiges plus récents confirment l'ancienneté de la culture du coton dans la région. Dans les caveaux funéraires nubiens datant du nouvel empire (vers 1580-1100 av JC) l'archéologue Firth découvrit « une quantité de matériel du venteux qui ressemblerait à la laine provenant à la graine (le coton) ». Ce qui l'amena à conclure que ces caveaux auraient pu servir d'entrepôt, pour les graines ou même pour le coton » (Firth, 1987 : 14).Ces divers restes sont autant de signes témoignant, sinon du caractère indigène de la culture, du moins de l'ancienneté dans la région.

    c)-Les sources historiques

    Elles sont variées et nous documentent davantage sur la vulgarisation de la culture et de l'artisanat que sur l'origine du coton : elles apportent néanmoins un éclairage sur le sujet.

    On peut distinguer parmi celles-ci, les sources écrites auxquelles on doit ajouter la tradition orale, et ce qui concerne les métiers à tisser.

    Les sources écrites antiques et arabes, sont peu nombreuses, en particulier pour l'Afrique noire qui nous intéresse en priorité .Faute d'écrits autonomes, il s'agit de quelques textes d'auteurs grecs et romains pour la période antique et des récits arabes pour la période médiévale.

    Concernant les textes d'écrivains gréco-romains, les écrits de cette époque faisant allusion au coton, sont très rares .Les auteurs grecs et romains connaissent essentiellement le monde méditerranéen où le coton semble inconnu : aucun texte ne le signal en Basse et Moyenne Egypte .Une omission est particulièrement significative : celle d'Hérodote qui a exploré l'Egypte jusqu'à l'Ile de l'Eléphantine vers 450 av JC , alors que celui-ci connaissait l'existence des cotonniers , comme le montre la description qu'il donne de ceux de l'Inde dont il a entendu parlé : « certains arbres sauvages portent , au lieu de fruit , de la laine plus blanche que le lin et surpassant en bonté et finissent celles des brebis et des Indiens tissent des vêtements avec celle-ci »40(*) .

    Ainsi, le coton est le textile national de l'Inde : il y fut cultivé dès la plus haute antiquité. Il en est en effet question dans les lois de Manou (800av.J.C) sous le nom de karpasi d'où le nom moderne de kapas .La Grèce en a eu de bonne heure connaissance. Hérodote, dans sa description de l'Inde, parle du produit d'un arbre dont on fait des habits. Théophraste, après l'expédition d'Alexandre, décrit nettement la manière de cultiver la plante. Enfin le périple de la mer Erythrée, ce guide du navigateur commerçant dans la mer des Indes, signal vers la fin du 1ér siècle après J.-C., les tissus de coton comme un des produits que les Arabes allaient chercher, à Bargaza notamment, c'est-à-dire à l'embouchure de la Nerbuda, à destination des ports de la mer rouge, puis de l'Europe. Le coton existait donc dès cette époque dans la partie du Décan où on le trouve actuellement.

    Deux textes de Pline au I er siècle apr.  JC mentionnent le coton en Haute Egypte : « la partie supérieure de l'Egypte du côté de l'Arabie produit un arbuste appelé par quelques-uns Gossypion et par plusieurs d'autres Xylon d'où vient le nom Xylana donné au fils qu'on obtient. Il est petit et porte un fruit semblable à celui de la noix barbue, dont on tisse la laine extraite de l'intérieur » 41(*)

    L'autre signale une utilisation beaucoup plus ancienne : « vers 550 av ; JC le Roi Amassis a des temples grecs des vêtements pourvus de broderies en laine d'arbre »42(*)

    Ces textes, qui confirment les données archéologiques, semblent bien indiquer que le cotonnier a d'abord été connu en Haute Egypte .Le dernier montre le caractère exceptionnel de cette fibre en Egypte au VIème siècle. Le périple de la Mer Erythrée d'Arrien (environ 63 av JC) rapporte qu'à cette époque des navigateurs arabes et grecs allaient en Inde chercher des cotonnades qu'ils vendaient dans les ports de la mer rouge en particulier à Adulis (Zoulla) devenue le plus grand marché de l'Ethiopie (P.Senay 1937.P.20). La culture du coton n'est jamais mentionnée dans les récits concernant l'actuel Maghreb (y compris la Libye).Quant à l'Afrique noire, elle est encore dans la littérature « terre incognita ».43(*)

    C'est ainsi que qu'au XVe siècle Alvice de Cada Mosto, lors de son périple dans les côtes occidentales d'Afrique nous renseignent sur le mode d'habillement des peuples qui habitent le « royaume de Sénégal et ses confins »44(*). Il les scinde en deux classes.

    Selon lui « Ces peuples- ci y vont quasi continuellement sans se couvrir d'aucune sorte d'habillement, forts qu'ils portent un cuir de chèvre façonné d'un hall de chausses avec lequel ils se couvrent les parties secrètes »45(*) et d'un autre côté  « les seigneurs et gens d'autorité vêtent des chemises de coton, pour ce que ce pays en produit une grande quantité, que les femmes filent, et duquel elles font des draps de la largeur d'une palme, mesure qu'elles ne peuvent excéder, à cause qu'elles ne savent faire les pagnes pour les tisser. Tellement qu'il faut coudre quatre ou cinq pièces de ces draps ensemble, quand on veut faire quelques ouvrages de largeur. »46(*)

    Le voyage de Valentin Fernandes en Afrique de l'Ouest nous permet de remarquer, du point de vue commercial que : « les Mandings sont des hommes biens,...très habile de leurs mains pour la couture et le tissage. Les femmes de ce pays et de toute la guinée cultivent et labourent et sèment et nourrissent leurs maris et filent le coton et font beaucoup de tissus de coton tant pour se vêtir que pour le vendre. »47(*)

    Le Maire dans sa relation de voyage, confirme que «  le coton dont ces peuples s'habillent viendrait chez eux en abondance...Les femmes filent le coton et les hommes font la toile, dont la pièce n'a que cinq doigt de largeur, faute d'avoir des outils nécessaires pour la faire plus large car du reste ils font aussi bons tisserand qu'en France. Ils joignent ensemble dix ou douze pour avoir un pagne ou d'une aune de large ».48(*)

    Dans le Boundou, les gens cultivent le coton et l'indigo. Des pagnes fabriqués avec du coton, se présentent sous catégories. La première est celle des pagnes de sept bandes et la seconde qualité  est plus grossière, et sert à habiller les hommes «  Les pagnes qui une plus grande largeur sont travaillés, souvent elles sont bordées ou rayées de rouge, leur l'épaisseur est plus que celle de la gosse toile de coton, les femmes de Bambouk les recherchent et s'en habillent depuis le haut de l'estomac jusqu'aux pieds, elles paient une pagne de cette première qualité un gros et douze grains d'or ; la seconde qualité est plus grossière, et sert à habiller les hommes. Celles sont composées de cinq bandes seulement, de largeur de six à sept pouces, et de la longueur de trois coudées ; elles sont teintes en bleu foncé avec l'indigo du Boudou et se vendent un demi-gros et quinze grains »49(*)

    Ainsi, H. Lecomte dans son étude consacrée au coton dans le monde, annonce : « qu'au Boundou on y trouve des champs très étendus de ce précieux textile, les indigènes savent bien le filer et le tisser, soit seul, soit associé à la soie pour en faire des pagnes souvent très beaux qu'on trouve à Saint Louis et à Bakel sous le nom de Pagne de Sore »50(*)

    Ensuite, il décrit les diverses tentatives de culture du coton au Sénégal : « Au moment de la guerre de sécession, on a fait quelques essais de grandes cultures au Sénégal en 1866 existaient des plantations importantes chez les Sérères puis à Dakar et au confluent du Taouey avec le Sénégal»51(*) .Il poursuit en remarquant que la culture du coton par les indigènes ne fait que péricliter. Il remarque que : « l'introduction de tissus d'Europe ressemblant aux plus beaux pagnes amena une baisse rapide et considérable de prix pour les tissus indigènes »52(*)

    Après avoir parcouru toutes ces traces écrites sur la culture et l'utilisation du coton, nous estimons qu'au XVI éme siècle ou au XVII éme siècle à peu près tous les pays d'Europe occidentale étaient entrés dans la voie de l'utilisation du coton, soit en mélange, soit pur, soit, la soie ou la laine .Il est piquant de noter que le coton ,faisait alors figure de textile nouveau, au même titre que la fibre ou le nilon aujourd'hui et que son emploi suscitait l'opposition des utilisateurs de textiles traditionnels .

    e)-Les sources arabes

    Nous disposons de nombreux écrits arabes concernant le monde noir du VIIème au XVème Siècle, avec un minimum au XIVème Siècle. Cette période correspond au renouveau des échanges entre le monde méditerranéen et le monde noir après la conquête de l'Afrique Septentrionale par les musulmans et avant l'arrivée des Européens sur la côte atlantique qui a détourné les voies du commerce noir vers l'océan.

    Au 16e siècle, le centre économique de l'Europe se déplace de la Méditerranée (débouché des routes de la soie, des épices et de l'or) vers l'Océan Atlantique.

    Les états du Maghreb et du Soudan qui vivaient du commerce transsaharien dont la Méditerranée était le centre, voient leurs économies péricliter. C'est la victoire de la caravelle sur la caravane.

    L'Océan Atlantique devient ainsi la plaque tournante du commerce international avec surtout le développement de la traite négrière et du commerce des épices avec l'Asie ; les Portugais se substituent progressivement aux Arabes dans le contrôle des activités économiques entre la côte de l'Océan Indien et l'Asie.

    Ces écrits sont l'oeuvre d'auteurs qui pour la plus part n'ont pas été sur place, mais ils s'informent auprès des voyageurs, commerçants ou caravaniers le plus souvent qui relatent ce qu'ils ont vu ou entendu dire ; quelques-uns sont bien documentés comme Al Bakri à la fin du XIème siècle ou AL Oumary au début du XIVème siècle.

    Deux écrivains ont été sur place et donnent donc un témoignage direct : Ibn Batuta au XIV éme Siècle et Léo Africain au début du XVIème siècle. Leurs récits fournissent des indications sur le coton et sa culture, sur l'artisanat, sur les vêtements portés par les autochtones, enfin sur les autres usages des cotonnades. Ils n'évoquent pas la question de l'origine de la culture du coton en Afrique, mais montrent clairement le rôle joué par l'islam dans la diffusion du port du vêtement.53(*)

    Notons cependant que si les arabes ont introduit sa culture tout autour de la méditerranéen lors de la conquête, sa fibre ne remplaça le lin que progressivement en Afrique du Nord où il reste longtemps un textile de luxe.

    En effet, nous retrouvons dans les écrits d'Al Bekri l'usage du coton dans certaines régions du Soudan. Selon l'auteur : « Outre le roi et son héritier...les aitres qu'eux se vêtent de pagnes de coton, de soie ou de brocart selon leur moyen »54(*) Et il précise encore que le coton est peu abondant, bien que chaque maison pousse un cotonnier. Mais aussi les gens de Silla (actuel Bakel) font le commerce..., de gracieux pagnes de coton appelés shaggiyyat. »55(*)

    Ces écrits forment la base de la documentation des auteurs qui ont étudié l'histoire de la culture du coton en Afrique subsaharienne à l'époque médiévale, en particulier Ch. Monteil et R. Mauny .Ils sont le support principal de la thèse selon laquelle ce sont les Arabes qui auraient diffusé cette culture en Afrique noire par le commerce caravanier.

    Un autre chercheur cependant J. Veuillet, auteur d'une étude antérieure aux précédentes : l'introduction de la culture cotonnière en Afrique Occidentale, avait émis en se fondant sur les mêmes textes un point de vue inverse, à première vue, il semble bien que l'usage du coton et la culture du cotonnier dans la vallée du Sénégal soit antérieur à l'islamisation de ce pays

    Les écrits arabes apportent de précieuses indications sur le coton, ils comportent néanmoins de graves lacunes et imprécisions, du fait des conditions dans lesquelles ils ont été rédigés.

    Les Arabes ignorant tout du monde noir, à l'exception de l'Abyssinie. Ils n'ont aucun repaire ni culturel ni géographique : les localisations en particulier sont très imprécises comme cette carte ébauchée de Ibn Saïd au XIIIème siècle.

    Définition et clarification des concepts

    Des chercheurs et intellectuels contemporains se sont longtemps penchés sur ces concepts. De nombreuses controverses qui ont porté sur ces concepts, ont passionné les débats Aussi, nombreuses sont alors les définitions qui concernent les concepts de « histoire » de « production ».

    Avant d'en venir à l'étude de la situation paysanne de la moyenne vallée du fleuve, par rapport à la culture cotonnière, il convient de définir, de façon succincte les concepts d'histoire, de production qui sont des catégories ou concepts cruciaux pour notre recherche. Ici, les disciplines que sont l'épistémologie, l'anthropologie et la philosophie de l'histoire sont d'un grand recours.

    La définition d'histoire des dictionnaires est presque toujours insatisfaisante. Les dictionnaires et utilitaires de philosophie scindent en effet quasi-systématiquement l'histoire en deux, et seulement deux, pôles différents :

    On a un pôle de réalité objective : ce qui s'est passé, qui a eu lieu, indépendamment de la connaissance qu'on en a. S'il n'y avait pas une seule ligne de vrai dans les livres d'histoire, des choses auraient tout de même eu lieu. Il y aurait eu des événements, mais personne ne les connaîtrait plus, parce qu'il nous en manquerait la trace.

    On a un pôle récit du passé : ce que nous disons avoir eu lieu, ce que nous pensons qu'il s'est passé. On tient pour établir que Socrate est mort en -399. Peut-être que nous nous trompons. Il est possible que Socrate ne soit pas mort à cette date. Il peut toujours avoir un écart entre la réalité telle qu'elle s'est passée et notre connaissance de cette réalité.

    À suivre un dictionnaire de philosophie, l'histoire se définirait ainsi : L'histoire, c'est le compte rendu raisonné d'une enquête scientifique dans le passé humain à jamais refermé sur lui-même, sous le regard amusé d'une fée retorse, nommée Vérité.

    Cette vision en deux aspects est toutefois trop sommaire. Elle masque que l'histoire n'est pas qu'un récit. Elle est aussi une discipline, une science ou une étude qui s'intéresse au passé. Avant d'écrire l'histoire, il faut étudier le passé.

    L'histoire est une étude du passé humain. On parle parfois de discipline ou de science, mais « étude » est plus précise. L'histoire a été pratiquée bien avant d'être constituée en discipline comme on l'entend aujourd'hui. Dire que l'histoire est une science n'est pas anodin. Les débats sur la scientificité de l'histoire ont été nombreux.

    Précisément, l'histoire est une étude du passé humain collectif. Elle s'intéresse au passé des sociétés humaines. Elle ne s'attarde sur des individus que s'ils jouent un rôle important au sein de leur société. La biographie d'un inconnu n'est pas de l'histoire. L'objet propre de l'histoire étude est l'histoire réalité. Le rôle de l'étude historique est de connaître et de reconstruire la réalité passée.

    L'histoire cherche à fournir des connaissances, à établir des éléments objectifs. L'historien est donc dans une perspective scientifique. Toutefois, le statut de science a souvent été contesté à l'histoire. L'histoire traite du singulier, de l'unique, alors que la science traiterait du général. L'histoire ne pourrait donc pas être une science pour ce motif. On dit parfois également que la science sert à prédire les faits, alors que l'histoire vise à les expliquer.

    Ce sens historique rejoint aussi ce qu'on appelle aujourd'hui le « devoir de mémoire », la nécessité de collecter et de faire connaître les mésaventures humaines, pour que les souffrances du passé n'aient pas été de vaines souffrances. On a beau soi-même avoir compris que les génocides étaient inhumains, il faut le dire et le redire dans les écoles, pour sensibiliser les jeunes générations au problème et affiner leur conscience morale, et ne pas manquer une occasion d'en avertir l'opinion. L'historien, s'il mène souvent une recherche aride sur des sujets étroits, pour préciser tel ou tel point du tableau historique, doit aussi faire étinceler l'histoire ainsi forgée aux yeux du grand public. La conscientisation des masses est un rempart contre les abus du pouvoir qui oriente l'information.

    Pour cette raison, notre sujet orienté sur la culture du coton dans la moyenne vallée, chaque événement du passé, doit être présenté dans toute sa complexité, ses tenants et aboutissants, et sans maquillage. Au même titre que la philosophie, l'histoire devient alors une méthode de pensée qui forge des esprits capables par eux-mêmes de juger de la valeur des choses, tout en ayant le sens de la relativité des conclusions dégagées.

    Définir la production

    Du latin productio, allongement, prolongation (du temps), construit à partir de pro, en avant et de ducere, conduire. La production est l'action de produire des biens ainsi que le résultat de cette action le mot production se rapporte à l'action de produire, à la chose produite, au moyen de produire ou à l'ensemble des produits du sol, de la terre ou de l'industrie. Le verbe produire, pour sa part, a à voir avec engendrer, procréer, créer, fournir, être à l'origine de provoquer, occasionner et fabriquer. S'il s'agit d'un terrain, par exemple, produire signifie porter des fruits. D'autre part, lorsque le mot produire se réfère à une chose, elle veut dire rapporter ou obtenir des profits.

    Sur le plan de l'économie, la production est l'activité qui apporte de la valeur ajoutée par la réalisation des biens et services. Elle consiste à transformer des facteurs de productions (matières premières, produits intermédiaires, mains d'oeuvre, énergie...) .Autrement dit la production est la création et le traitement de biens et de marchandises. Le processus englobe, parmi d'autres étapes, la conception, le traitement et le financement. La production est l'un des processus économiques majeurs et le moyen par lequel le travail humain génère de la richesse. Il existe plusieurs modes de production au sein d'une société, déterminés par les relations de production que les personnes établissent entre elles. Par le biais des relations de production, le travail individuel devient une partie du travail social.

    Pour le philosophe allemand Karl Marx, le mode de production n'est pas déterminé par ce qui est produit ni par combien, mais plutôt comment a lieu ladite production. Il avance pour dire : « Par l'amélioration rapide de tous les instruments de production, les communications rendues infiniment plus faciles, la bourgeoisie entraine toutes les nations, jusqu'au plus barbares, dans le courant de la civilisation .Le bas prix de ces marchandises, est son artillerie lourde , avec laquelle elle rase toutes les murailles de chine, avec laquelle elle contraint à capituler les barbares xénophobes les plus entêtés .Elle contraint toutes les nations , sous peine de courir à leur perte, à adopter le mode de production bourgeois ; elle l'est contraint d'importer chez elle ce qui s'appelle la civilisation, autrement dit : elle en fait des nations de bourgeois. En un mot, elle crée un monde à son image ».56(*)

    Parmi les différents modes de production, il y a lieu de retenir l'esclavage (où la force productive est esclave, raison pour laquelle le travailleur n'a aucune propriété), le féodalisme (en rapport avec l'activité agricole) et le capitalisme (où le travailleur, moyennant un contrat, vend sa force productive en échange au profit d'un salaire).

    A travers la littérature existante et dans les travaux récents de sciences sociales, on rencontre deux types de productions :

    Le premier est la production marchande .Elle se définie comme la production de biens et des services susceptibles d'être écoulés sur un marché contre un prix. Pour l'I.N.S.E.E57(*)elle est constituée des produits vendus à un prix économiquement significatif ou utilisés pour effectuer des paiements en nature y compris des rémunérations des salariés.

    La production marchande peut se subdiviser en deux catégories :

    -La production marchande simple lorsque le producteur vend son produit sur un marché ou vend un service marchand à titre individuel,

    -La production marchande capitaliste lorsque le produit ou le service est la propriété du détenteur de l'outil de production, le capitaliste. La production est ensuite vendue comme marchandise afin de réaliser un bénéfice

    La production non marchande correspond à la fourniture d'un produit ou d'un service gratuitement ou dont le prix n'excède pas la moitié du coût de production.

    e)-Les études sur la culture du coton

    Beaucoup d'auteurs se sont déjà penchés sur les études de la culture du coton. Des études et des travaux se mirent à jour .Le travail qui attirait le plus notre attention, est celui l'ouvrage de MALON Claude, le havre colonial de 1880 à 196058(*), Le havre, Publication des Universités de Rouen et Havre-Presse universitaires de Caen, 2005. Ce document a pour objectif d'expliquer le paradoxe d'un port réputé pour son action outre-mer alors même peu de Havrais étaient actifs outre- mer, ce qui constitue une différence clé avec Marseille et Bordeaux.

    L'ouvrage s'organise en trois parties, dont chacune privilégie une approche différente.

    La première partie « Les échanges maritimes », mesure l'apport du port Havrais dans le commerce colonial, de plus en plus africain, et surtout sa spécialisation dans le café, le cacao, le coton et les bois exotiques. Le Havre est ainsi à « l'interface du monde colonial français et de l'hinterland parisien et européen pour le transit des produits chers indispensables à la métropole » .L'auteur montre que le repli sur l'empire des années 30 a précédé la crise.

    La seconde partie « les entreprises coloniales », procède à la radiographie de 350 entreprises coloniales à participation ou à direction havraise. L'évolution conduit les plus importantes entre elles-mêmes à un engagement de plus en plus grand en Afrique ; elles procèdent elles-mêmes à des achats sur place, montent un réseau de comptoirs ou des industries de premières transformations, mais en même temps, elles ouvrent les exportations coloniales sur le marché européen et mondiale, ouverture qui les rend moins dépendantes des liens politiques entre la métropole et l'empire devenu union française.

    La troisième partie « Cheminement de l'idée coloniale » montre l'évolution de l'appréciation de l'empire au sein de la population. Ce livre constitue une contribution de toute première valeur à l'histoire du Havre, qui se trouve largement renouvelée .Il enrichit à partir d'un exemple étudié en profondeur, la réflexion sur les relations économiques entre la métropole et les colonies.

    Cavaillès Henri59(*), dans La culture du coton en Espagne .In : Annales de Géographie,

    t. 46, n° 260, 1937.pp 195-196, nous présente les difficultés éprouvées à la cour de la grande guerre pour le ravitaillement de l'industrie espagnole en fibres de coton qui provoquèrent des essais divers .L'auteur expose ici les raisons qui plaident en faveur de leur opportunité.

    Des raisons techniques d'abord : Espagne cultive surtout des plantes à racines peu profondes : le coton étant une plante à longues racines, s'adresse eux coches inférieur du sol et s'insère bien dans le système de rotation des cultures. Des raisons d'ordre social : la préparation du sol, le drainage et l'irrigation .En fin des raisons économiques, la production de vin et des huiles est très abondantes et leur exploitation devenue si difficile que leur écoulement est, pour l'Espagne, un véritable problème.

    Paul Mingret60(*), dans son grand article, l'évolution de la culture du coton dans la vallée de Mississipi. In : revue de géographie de Lyon, vol 43, n° 2, 1968.PP.179-224, nous rend compte de manière magistrale, en commençant par une présentation physique de la vallée l'évolution de cette région .Cette évolution s'est faite au sens inverse de celle qui s'est produite dans de nombreuses régions européennes. Il nous décrit comment la vallée de Mississipi a été occupée, seules les terres étant transformées en champs de coton, tandis que les régions recevaient de l'extérieur non seulement des produits industriels mais même des produits agricoles. Puis après la crise de 1929 et plus encore pendant et après la seconde guerre mondiale, l'occupation de la vallée est devenue beaucoup plus complète et la superficie des terres utilisées s'est considérablement élargie par suite de l'introduction de nouvelles cultures.

    Il expose ici l'idée qui consiste à dire que la vallée de Mississipi ,offre cependant l'exemple d'une évolution plus complexe et dans lesquelles les structures héritées du passé jouent un rôle important .En effet, la culture du coton ayant été effectuée longtemps entièrement avec la main , de fortes densités de population se sont formées selon les terres à coton .Par suite de la mécanisation de cette récolte et de regroupement des terres en très grandes exploitations, une partie importante de la population, comportant un fort pourcentage de Noirs, s'est trouvée sans travail.

    Pierre - Yves Toullalan61(*) dans son article intitulé, Le coton polynésien : un mythe tenace, met en lumière toutes les productions agricoles. Ces dernières furent essayées au XIXème siècle en Polysémie française .Aujourd'hui bien oublié la production du coton représente 40 pour cent de toutes les exportations de la colonie. L'auteur retrace les différentes étapes de cette culture entre l'époque de la guerre de sécession américaine et l'ultime tentative de la société cotonnière en 1909.

    Pendant deux décennies de 18865à 1885, le coton joua un rôle considérable intégrant la production locale à l'économie mondiale .Par la suite sa culture déclinée, complétée ou remplacée par celle de cocotier et la vanille. Hormis le problème foncier et les difficultés obtenues, la main d'oeuvre nécessaire, c'est l'absence d'une véritable classe de planteurs qui explique l'échec final de cette production malgré les efforts obstinés de l'administration coloniale.

    Auguste Chevalier62(*), dans son étude, les cotonniers indigènes du Sénégal et du Soudan. In : Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 10 années, bulletin n° 111, novembre 1930. Pp 874-880, nous fournit une étude approfondie des différentes variétés cotonnières indigènes en Afrique. Le Sénégal, faisant partie du soudan occidental, a connu plusieurs variétés de coton cultivées à travers le pays.

    Régine Levrat63(*), auteur du livre, le coton en Afrique Occidentale et Centrale avant 1950 : un exemple de la politique coloniale de la Franc, Paris, l'harmattan, 2009,370p. A partir de la culture du coton, cette étude apporte un éclairage sur l'histoire précoloniale de l'Afrique Occidentale et centrale et sur la politique coloniale de la France dans cet ensemble.

    Sur le plan local, les études concernant la culture du coton sont rares. Quelques travaux universitaires portent se sont timidement signalés. Le premier travail sur le coton est celui Moussa SOUMAH 64(*) a étudié l'essor de la culture cotonnière en élaborant les différentes opérations en coton au Sénégal et au Mali.

    Serigne FALL65(*) a étudié le coton en retraçant ses origines .Il présente les diverses zones porteuses de cette culture à travers une étude géographique.

    El hadji Moussa NOUHOU66(*) a étudié les effets de changement des graines de coton dans l'alimentation du bétail .Il met en évidence les performances de croissance de la chèvre par l'utilisation des graines de coton.

    Des ouvrages généraux existent sur la culture du coton, des aménagements du bassin du fleuve Sénégal, sur la colonisation agricole, l'idéologie coloniale de la mise en valeur, et.

    La quasi-totalité de ces productions est cependant redevable aux théoriciens de la colonisation. Un esprit fortement chauvin plane sur ces documents car, beaucoup d'entre eux, envoyés par le colonisateur, écrivaient pour mieux asseoir les fondements de leur domination.

    Plan de travail

    Totalement, notre travail s'articule autour de trois parties.

    Dans un premier temps, nous nous essayerons de faire la présentation de la physionomie générale de la vallée du fleuve Sénégal. Pourquoi avons-nous décidé de commencer par la présentation du milieu ? C'est parce que nous voulons tout simplement cartographier notre lieu d'étude pour mieux cerner les cadres spatio-temporels de notre sujet en mettent en évidence les facteurs climatiques du milieu .En outre, les phénomènes géographiques sont essentiels pour replacer notre étude dans son contexte historique local. Ce faisant, nous sommes en phase avec la réalité du terrain où l'administration coloniale a toujours imposé sa domination sur les populations indigènes.

    En second lieu, nous aborderons les notions générales du coton et la colonisation agricole de la vallée. La France, le début du XIX éme siècle, récupéra la colonie du Sénégal aux mains des Anglais et s'engagea dans une entreprise de colonisation agricole dans le royaume du walo et à l'embouchure du fleuve Sénégal .Ce projet colonial, a fait de la vallée du fleuve un véritable « grenier » de l'Afrique Occidentale Française.

    Cette colonisation indigène, dirigée par la France sous la direction du colonel Schwartz, était liée aux travaux forcés, à la soumission des paysans et à la résistance. Les paysans qui vivaient dans l'opulence et dans la prospérité, virent leurs prestiges et leurs biens disparaitre. La culture du coton, imposée aux paysans de la vallée, se révèle plus efficace et plus rentable avec l'intervention de l'administration pour avoir mis en place un système de monitorat et de contrôle des cultures.

    La deuxième partie va nous permettre de passer en revue les nouvelles tentatives d'exploitation cotonnière. Nous présenterons les différentes structures de la production agricole mises en place par les pouvoirs publics métropolitains. Ceci est aussi important pour nous car le Service des Textiles procédera à toutes les études destinées à préparer ; par l'emploi des méthodes nouvelles et l'installation d'outillages d'hydraulique agricole, une production plus rationnelle et plus fructueuse qui permettra à l'Afrique Occidentale d'apporter une contribution prépondérante au ravitaillement de notre industrie culturelle. Nous ajoutons à cela les stations agricoles, et les fermes familiales, éléments essentiels pour la production du coton dans la vallée du fleuve.

    La troisième partie s'ouvre avec l'évolution de la production cotonnière dans la vallée du fleuve en 1930. En dépit des difficultés notoires liées à toute périodisation, nous nous efforçons de trouver une orientation chronologique à notre thème : le premier cadrage s'avère être l'année 1920, l'année qui a vu la consécration et la mise en place effective de l'administration française en Afrique Occidentale Française. Mais, il y a bien des raisons de débuter notre troisième partie au XXème siècle, c'est-à-dire en 1920 jusqu'à l'année 1930. C'est ainsi que le début des années 1920 que fut marqué par l'introduction d'une nouvelle politique de la production agricole dans les possessions Françaises .Elle avait pour ultime mission de créer les conditions indispensables à l'accroissement de la production. L'administration métropolitaine étant réunie en un seul ensemble, voit ses circonscriptions administratives se rayonner, surtout les cercles de la vallée du fleuve.

    Dans le chapitre II de cette même partie, la crise économique des années trente et la deuxième guerre mondiale a donné un coup de fouet à cette nouvelle politique agricole amorcée au début du XXème Siècle. Cette crise sans précédent, est intrinsèquement liée à l'économie européenne et mondiale. L'Afrique, continent très tôt soumis à la domination coloniale, ne put échapper aux effets de la crise : les courroies de transmission jouèrent à plein, sur le plan financier, avec la baisse des capitaux disponibles et les difficultés d'approvisionnements qui en découlèrent, et sur le plan commercial du fait des problèmes de surproduction mondiale et de la chute des prix.

    La vallée du fleuve fut influencée par le marasme plus ou moins persistant dans la métropole ainsi que par les aléas des politiques, souvent inefficaces, mises en oeuvre pour assainir la situation.

    La culture du coton dépend d'une manière ou d'une autre, du climat, du rythme pluviométrique, de la nature du terrain de la vallée du fleuve. Cependant, l'analyse et l'étude physionomique générale du milieu est importante sinon capitale. Dans cette étude du milieu, nous allons présenter les milieux physiques, le climat, la végétation, les sols, les étendues d'eau et terres cultivables et pâturables.

    PREMIERE PARTIE : LE CHOIX DE LA VALLEE, UN MIMIEU PROPICE A LA CULTURE DU COTON

    Chapitre I : Physionomie générale de la vallée du fleuve

    Nombreuses études significatives se sont penchées sur la vallée du fleuve Sénégal.

    La plupart d'entre elles ont examiné avec force les divers aspects de la région.

    Les études géographiques sont rares ou insignifiantes en ce domaine. Dans leurs récits de voyages, d'opérations et de périples, les Européens ont éprouvé le désir de faire la description du paysage, du climat, et de toutes les variétés d'écosystèmes qui s'y trouvent.

    Ils amorcent ainsi une géographie avérée de la région du fleuve, en particulier et de la Sénégambie, en général. Ils menèrent en effet de grandes études géographiques qui permettent de connaitre la configuration des cours d'eau, (les fleuves, les marigots, les lacs) comme voies de pénétration vers le Soudan. En plus, ils complétèrent la carte du tracé des fleuves, répertorièrent les potentiels du continent. De plus, ils rédigèrent des rapports pour encourager les impérialistes à se lancer dans la conquête .Tous émus par les gammes de richesses dont regorgent le sol africain et des marchés d'esclaves ,ils souhaitèrent que les grandes nations interviennent ,non seulement pour piller toutes les ressources , mais aussi et surtout pour faire cesser les abominations.

    La vallée du fleuve fut très tôt avant l'implantation française, le carrefour de nombreux groupes et d' « Etats » organisés où se sont succédé des pouvoirs dynastiques, tour à tour peuls, arabo-berbères, soninkés, malinkés et toucouleurs.

    Le fleuve Sénégal, située à mi-chemin entre les pays voisins de l'Afrique noire et sa partie septentrionale, est considéré comme un entrepôt où sont réunis les produits des pays quelque fois très lointains pour être acheminés et vendus ensuite dans toutes les contrées.

    L'action menée par la France dans le cadre de la colonisation agricole de l'Afrique Occidentale fit de la vallée du fleuve, une région agricole par excellence parmi les autres contrées africaines .Sa population était composée en majorité de cultivateurs. Leur entreprise avait été favorisée par la fertilité des terres.

    1.1 : La création et l'administration des cercles de la moyenne vallée du Sénégal

    La France occupa un immense empire dont l'étendue du territoire est entrecoupée en deux par le désert, qui constitue un obstacle majeur à son accès.

    Composées de Huit colonies administrées par les lieutenant-gouverneurs sous l'autorité d'un gouvernement général qui a son quartier général à Dakar67(*)

    Ses fonctions et ses compétences ont été successivement élargies ou déterminées par les décrets des 17 octobre 1899,1er octobre 1902,18octobre 1904.Ce dernier décret a doté le gouvernement général d'un budget de recettes propres, dont le plus important est constitué par les droits de douane perçus à l'entrée et à la sortie des possessions68(*).

    Le Gouverneur Général est le dépositaire des pouvoirs de la République et a seul droit de correspondre avec le gouvernement métropolitain. Il est assisté d'un conseil de gouvernent dont la composition a été modifiée par le décret du 4 décembre 1920 69(*)

    Ces territoires comprennent le bassin fluvial du Sénégal, la quasi-totalité du bassin du Niger Supérieur et Moyen, les bassins des petits fleuves côtiers se jetant au sud-ouest dans le golfe de Guinée.

    Mais quelle était l'armature politico-administrative de la France ? La France contrôlait en Afrique de l'Ouest un territoire d'un seul tenant, qui égalait neuf fois sa propre superficie, soit cinq millions de kilomètres carrés.

    Ce pays très varié s'étendait depuis les espaces désertiques du Hodh, jusqu'aux forêts obscures du pays Guerzé et du Mayombe. Peut-être, cet éparpillement même a poussé les Français à mettre sur pied un système dont la rigidité puisse maintenir la cohérence d'un ensemble si disparate70(*). Mais, il y'a aussi des raisons proprement historiques .En effet l'empire colonial Français d'Afrique Noire avait hérité, de la IIIème République, le régime autocratique de Napoléon III. Le petit territoire sénégalais qui était effectivement contrôlé par la France autour des centres comme Gorée, Saint - Louis, Rufisque, Dakar, aurait pu être facilement assimilé et a commencé de l'être effectivement.

    Or, on savait que le Sénégal a été la base de départ pour la conquête de tout le reste l'Ouest africain. On comprend alors, que les Français aient été tentés d'extrapoler purement et simplement à tout le reste de leurs acquisitions le statut de leur domaine sénégalais. Contrairement au système de l'indirect rule appliqué dans les colonies britanniques, la France a instauré un système d'administration sensiblement différent dans son empire.

    Par décret du 18 octobre 1904, le Sénégal a été divisé en deux territoires : les territoires d'administration directe ou territoires annexés71(*) et les territoires correspondant aux pays de protectorat tous gouvernés selon les mêmes structures administratives. Un tel mode de gestion centralisée nécessitait du personnel en grand nombre. Ce qui n'était pas le cas dans un territoire où l'éducation de type occidental démarrait à peine avec l'Ecole des fils de chef et l'enseignement mutuel introduit par Jean Dart à Saint-Louis. Pour faire face à la pénurie de cadres métropolitains, l'administration dut recourir à des structures permettant la participation des élites indigènes favorables à l'ordre colonial. Les collectivités locales sont ainsi nées au Sénégal dans la seconde moitié du XIX° siècle.

    La précision mérite d'être faite, car au Sénégal l'administration reposait sur une organisation visant en partie le territoire du Sénégal proprement dit, en partie l'ensemble des territoires du groupe de l'A.O.F.

    Saint-Louis a été le chef lieu du territoire et de l'A.O.F jusqu'en 1957. Durant une brève période, de 1895 à 1904, elle a été le siège du Gouvernement Général de l'A.O.F avant le transfert de celui-ci à Dakar. Les deux fonctions capitales ont été cumulativement assurées par Dakar à partir de 1957. De 1828 jusqu'en 1957, l'administration du territoire a été placée sous la responsabilité d'un Gouverneur72(*). Mais ce dernier n'agissait pas en solitaire bien que détenteur de larges pouvoirs. Outre les chefs de ses services centraux, il appuyait son action sur le Conseil Privé de la colonie73(*) qui était une assemblée consultative nommée pour donner des avis sur la gestion du territoire. A Gorée, le second pôle de l'administration de la colonie jusqu'en 1904, le Commandant de la place s'appuyait sur le Conseil d'arrondissement.

    Au début de l'entreprise de la colonisation, le pouvoir dans l'intérieur du Sénégal était abrité par des postes militaires et commerciaux sous la garde d'une poignée de soldats généralement recrutés au sein de la population locale.

    C'est l'arrêté du 10 mars 1859 qui a substitué à cet encadrement territorial le maillage des zones soumises en cercles. Le nombre et la répartition géographique de ces circonscriptions ont varié au fil du temps. Les suppressions ont vraisemblablement ont été dues à l'enclavement géographique, à une faiblesse démographique ou à la faible contribution financière des localités concernées pour la construction de la colonie. Il y a eu :

    - 10 cercles en 1905 : notamment le long du fleuve Sénégal (Saint-Louis, Podor, Kaédi, Matam), sur le Sine (Foundiougne, Sine), sur la Casamance (Sédhiou, Karabane), Nioro du Rip et à Thiès. 13 cercles en 1908 : Dagana, Podor, Saldé, Matam sur le fleuve ont été confirmés, Bakel a été une entité nouvelle ; Sédhiou a été confirmé.

    Tout compte fait, la conquête fut aussi marquée par l'organisation militaire et que des pans entiers de territoires conquis, sont restés longtemps sous l'administration militaire. Les séquelles de cette situation se reflétèrent dans l'uniforme chamarré des commandants et dans l'appareil de gardes et de saluts qui entourait le représentant de l'autorité .Il est certain que l'esprit cartésien et le sentiment jacobin, plus ou moins sous-jacents, ont aussi joué leur rôle , pour la mise en place d'un système pyramidal, dont le sommet était le ministre des colonies et la base la masse des sujets en voie plus ou moins avancée d'assimilation74(*).

    Mais entre ces principes et la réalité, il y'a de nombreux accommodements. Les territoires furent d'abord regroupés en deux ensembles : l'A.O.F composée de sept puis de huit territoires quand en 1919 le Haut -Sénégal-Niger fut scindé pour constituer deux colonies, les autres étant le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée, la Cote d'Ivoire, le Niger et le Dahomey.

    A la tête de l'appareil, Il y a donc le Ministre des Colonies, responsable de l'administration coloniale devant l'Assemblée Nationale .Celle-ci, en principe, pouvait légiférer pour les colonies .Néanmoins le manque d'intérêt ou la méconnaissance des dossiers, l'amenèrent à se décharger pratiquement sur le Ministre qui guidait la marche des colonies par décrets. Mais le Ministre lui-même était trop loin et trop occupé car il dirigeait en plus de Madagascar, les domaines Nord -africain, asiatique et américain de la France. Le personnage clé fut donc naturellement l'homme qui, dans chaque fédération75(*), était à la tête de l'administration : le Gouverneur Général. Représentant et détenteur des pouvoirs du gouvernement de la République, il est ordonnateur du budget général, maître des forces armées, et chef des services administratifs centraux de la Fédération .Or aucune loi, ni aucun décret venu de France n'est applicable dans son secteur s'il n'en a pas fait la promulgation. Cette disposition lui donne pratiquement une sorte de droit de véto suspensif pour les mesures qui lui déplaisent, bien qu'il doive compter avec les intérêts économiques puissamment représentés au parlement et au gouvernement.

    Le gouvernement conduisait le travail pratiqué par un réseau de commandants de cercle, ultérieurement secondés par des chefs de subdivision .Dans ces nouvelles circonscriptions, le Commandant de cercle représentait le Gouverneur du Sénégal, et, dirigeait le cas échéant la commune mixte. Il délivrait les permis de déplacement et de port d'arme, veillait à la bonne administration de la justice et organisait les recensements de la population pour la fiscalité et les recrutements militaires. Enfin il pilotait la gestion de la société indigène de prévoyance - devancière de la coopérative rurale dans sa circonscription. Un conseil de notables76(*) était convoqué une fois par an pour lui donner un avis sur les affaires concernant le cercle.

    Chaque cercle était découpé en un certain nombre de subdivisions, de cantons et de villages où l'autorité était incarnée respectivement par l'Administrateur de la subdivision, le Chef de canton et le Chef de village. Ces démembrements du cercle étaient dirigés par des fonctionnaires coloniaux au niveau des subdivisions et des chefs indigènes au niveau des cantons et des villages77(*). A chaque échelle territoriale, l'autorité était assistée par des conseils consultatifs, et, ainsi ce système très hiérarchisé jouait le rôle d'une courroie de transmission entre le colonisateur et les populations à la base. Mais les représentants légitimes des autochtones ne détenaient aucun pouvoir sur les décisions censées servir leurs intérêts.

    La chefferie traditionnelle était réduite au silence, voire déchue et remplacée par une nouvelle notabilité plus dévouée à l'ordre colonial78(*). Par le contrôle pesant exercé sur la population, les commandants de cercles et les chefs de cantons étaient les véritables maîtres du pays profond. Ils ont détenu des pouvoirs quasiment sans limites du fait de l'infériorité juridique frappant leurs administrés qui, en milieu rural, ont vécu sous le régime de l'indigénat jusque tard vers la fin de la colonisation .Le Commandant de cercle est réellement la cheville ouvrière de tout le système. Soucieux d'y raffermir son autorité, le Gouvernement français créa le cercle au sein du Haut -Sénégal Niger.

    La constitution de la nouvelle entité territoriale obéissait aux caractères économiques.

    En effet, « il s'agissait de se tailler un domaine qu'il fallait exploiter, rentabilisé pour les besoins de l'industrie métropolitaine par l'importation des produits du cru et de l'écoulement des produits usinés »79(*)

    En 192080(*), une décision ministérielle relative à l'organisation de la vallée du Sénégal, précisera les territoires et le divisa en trois circonscriptions à savoir le cercle de Dagana, le Cercle de Podor et le cercle de Matam -Diorbivol. La circonscription de Matam était constituée de plusieurs cantons .Sa population s'élevait à 143 850 habitants .Celles de Podor et de Dagana, formées de plusieurs cantons comptaient respectivement 87 145 et 30 855. Habitants. Richard -Toll était en outre un poste militaire .Il devait servir à dissuader les populations à se révolter.

    L'administration de chaque cercle, fut confiée à un commandant dont les attributions demeuraient diverses81(*). L'exécution de ses multiples taches, l'amenait à travailler en étroite collaboration avec des cadres européens venus de la métropole et des autochtones .La mise en place de l'appareil administratif traduisait la tendance assimilationniste du système colonial français .En effet, la nomination d'un commandant de cercle, placé sous l'autorité du gouverneur de la colonie, répondait aux exigences de la centralisation voulue par la France dans le but de sauvegarder ses intérêts en Afrique .La population indigène de la vallée comprend une grande diversité d'ethnies qui se caractérise par une multitude d'idiomes . Les seules langues écrites sont l'arabe et le français.

    Au nord de la vallée du fleuve, s'installèrent les maures et les touaregs, qui ne sont pas des noirs, mais des sémites souvent métissés. Partout ailleurs la population est de race noire et sédentaire, divisée en tribus et villages, sauf les peulhs au teint cuivré probablement d'origine éthiopienne, et répandus du Tchad au Sénégal

    Certes le suivi de l'exécution de projets de mise en valeur du cercle fut l'oeuvre de ce dispositif administratif. Mais force est de reconnaitre que sa tâche fut facilitée par l'existence d'un milieu naturel non hostile aux activités agricoles.

    La vallée du fleuve était divisée en plusieurs cantons. Cette organisation fut modifiée par l'arrêté du 4 mai 1908 qui restreint le nombre de canton pour l'ensemble de la vallée.

    En principe, le canton était considéré comme « un territoire de superficie variable, aux limites tracées en tenant compte des données historiques, géographiques ou ethnologiques »82(*) de façon à permettre aux populations d'évoluer en conservant leur particularisme. Dans la vallée du fleuve, cet axiome fut déjà mis en place. A la tête de chaque province, on nomma un chef de province ou chef supérieur .Les cantons furent administrés par des chefs de canton. L'unité de base étant le village dirigé par un chef de village.

    Vu l'immensité de l'espace à administrer et la modicité des effectifs français, l'autorité coloniale était obligée de faire recours aux chefs des localités pour mieux consolider sa domination. Ce recours à la chefferie traditionnelle, entrait dans la logique même du système colonial car, « il y'a pas de colonisation sans chefs indigènes ; et pas de commandement territorial sans chefs indigènes qui servent de rouages entre l'autorité coloniale et les populations »83(*)

    En réalité, le choix de ces chefs devait s'effectuer en se basant sur des coutumes du pays conquis. Le gouverneur Ponty, dans une circulaire du 22 septembre 1909, rappelait qu'il y avait des avantages à choisir les titulaires des nouveaux cantons par le moyen de la coutume 84(*) Plus tard en 1917 ; le gouverneur Van Vollenhoven notait lui aussi que «  le choix doit être fait selon le double critère de l'autorité naturelle et de l'acceptation unanime de la population »85(*)En 1930, le gouverneur Cadre dans une circulaire du 21 Juillet insistait encore sur ce principe .Mais pour lui, il était nécessaire en certains cas de reformer l'armature traditionnelle.

    Cependant, quel qu'en soit leur mode de nomination, ces chefs étaient « les hommes à tout faire de l'administration coloniale »86(*) Le gouverneur Ponty les qualifiait d' « auxiliaires de l'administration coloniale »87(*) Ils exécutaient les charges les plus mal vues : collecte de l'impôt, réquisition de main d'oeuvre, corvée, recrutement militaire, application des cultures forcées etc.  .En résumé, leurs fonctions étaient d'ordre administratif, policier comme agent commis, financier et sanitaire. Ils étaient tenus d'assurer l'exécution des ordres venant des autorités supérieures (Gouverneurs, Commandant de Cercle).Ils présentaient les nommés devant les commissions d'enrôlement pour le service militaire. Ils s'occupaient de l'état civil c'est-à-dire du répertoire nominatif des naissances, des âmes au repos et des alliances.

    Le maintien de l'ordre public leur advenait et ils alertaient les autorités coloniales des grands incidents qui se sont déroulés dans leur circonscription.

    I.2 : Le Sénégal et sa vallée : description et importance

    La vallée du fleuve Sénégal apparaît au Mali de la rencontre de deux rivières le Bakoy, qui prend sa source au Mali, et le Bafing, qui prend sa source en Guinée et sur lequel a été édifié le barrage réservoir de Manantali à la fin des années 1980. La Falémé, qui prend également sa source en Guinée, gagne le Sénégal en amont de Bakel .Le fleuve, dans son étiage supérieur, conserve les caractères de ses affluents primaires dont les vallées sont constituées par une succession de bassins que séparent les seuils rocheux sur lesquels se versent les eaux. Cette composition singulière du haut bassin sénégalais donne naissance à de belles chutes.

    Les principales sont celles de Billy sur le Bakoye, puis à l'aval de Bafoulabe, celle de Gouina où le Sénégal se dépêche d'une vingtaine de mètres de hauteur, enfin à une quinzaine de Kilomètres au dessus de Kayes, le déversoir de Félou, grand escalier de grés creusé à travers un contrefort des montagnes de Khasso. De là, le fleuve Sénégal parcoure deux contrées semi désertiques : il laisse au côté droit de la rive, les dunes de Mauritanie et en rive gauche le Ferlo, zone latéritique située au nord-est du Sénégal.

    On distingue alors deux grands ensembles : la « vallée » proprement dite, depuis Bakel jusqu'à Dagana et Richard-Toll188(*), puis le « delta » qui correspond à l'estuaire du fleuve.

    La pente du Sénégal à l'aval de Bakel est très faible. Cette faible dénivellation est repartie entre un certain nombre de seuil formant l'escalier, entre lesquels les biefs, durant la saison sèche sont presque horizontaux. Cela engendre de nombreux méandres, et la vallée s'organise autour du fleuve, de ses bras, défluents et cuvettes d'inondation. Le lit majeur du Sénégal - surnommé le walo - est ainsi large de 10 à 25 km jusque Dagana et limité sur les deux rives par une zone dunaire dénommée le diéri. Les pluies, qui arrosent le massif du Fouta-Djalon, engendrent les crues du fleuve qui emplissent les défluents et inondent les cuvettes. La vallée du Sénégal constitue ainsi un ruban fertile entre deux déserts.

    En aval, le delta est constitué de multiples défluents et marigots qui alimentent des cuvettes plus ou moins larges lors des crues du fleuve. Les lacs de Rkiz en Mauritanie et de Guiers au Sénégal sont de vastes dépressions reliées directement au lit mineur et donc alimentées de façon ininterrompue par le fleuve. La zone du delta est quasiment plate89(*) et subit l'influence de la marée. Avant la mise en place du barrage de Diama, les eaux marines remontaient dans le delta et la vallée en saison sèche. Cette remontée d'eau marine, dénommée « langue salée », pouvait être ressentie jusque 200 km à l'amont.

    Malgré ses nombreux bras et méandres, le delta du Sénégal ne présente qu'une seule embouchure, située au sud de Saint-Louis. Lorsqu'il atteint enfin la côte, le lit du fleuve oblique vers le Sud et reste séparé de l'Océan Atlantique sur plusieurs dizaines de kilomètres par un fin cordon dunaire dénommé la « Langue de Barbarie »90(*)

    De Bafoulabe à Kayes, le fleuve s'abaisse ainsi d'une cinquantaine de mettre, par chutes brusques entre les lesquelles règnent des biefs d'eaux calmes coupés çà et là de petits rapides. Kayes marque, sinon l'origine, du moins un premier point d'épanouissement de la vallée alluvionnaire. Sur la rive gauche les chaines de montagneuses du Bambouk s'écartent graduellement du fleuve, tandis qu'à droite les collines de Diomoko retroussées vers les nord dès l'aval de Médine, dominent une vaste plaine sans grand relief dans laquelle circulent le Kolombini et le Kara-Koro. La rivière de Kolombini ou marigot de Koulou se jette dans la Sénégal à deux kilomètres de Kayes. Elle apporte les eaux de ruissellement des pays de Nioro.

    Après avoir parcouru tout une série de mares ; le Kolombini entre dans une dépression dite étang de Magui qui, en hivernage mesure plus de 150 kilomètres carrés de superficie. Pendant les trois premiers mois de l'année, les pirogues indigènes peuvent remonter jusqu'à cette dépression, le cours inférieur de la rivière. Le Kara-Koro vient de l'arrière -pays de Nioro. C'est son embouchure, un cours d'eau large et profond qui tarit pendant un trimestre.

    A l'aval de Kayes, le Sénégal est un beau fleuve large de 400 métres au lit profondément encaissé entre les berges abruptes hautes de 10 à 12métres. Les obstacles rocheux si abondants dans son cours supérieur, formant des rapides assez importants pour gêner la navigation au début et à la fin de la crue. Au-dessous de ses petites rapides, le Sénégal reçoit sur sa rive gauche près du village du Koutioubé, son affluent principal la rivière Falémé.

    La Falémé prend sa source sur les revers septentrionaux du Fouta-Djalon. Formé à l'origine de trois branches, son cours est coupé de seuils rocheux donnant naissance aux chutes de Ouaida et d'Irimalo, aux rapides de Toumbifara et Kolongina .C'est à Kolongina, à 170kilométres de son confluent, que la Falémé devient navigable. En temps normal, des bateaux de 2 mètres de tirant d'eau peuvent y circuler d'aout à octobre.

    En aval de Bakel, les mots de Mauritanie bordent de près le fleuve tandis que qu'il existe sur la rive gauche une plaine, qui en certains points, atteint une largeur de dix Kilomètres. Jusqu'à Lobali la vallée conserve ses caractères habituels : « La vallée a une forme concave, lit majeur unique et très encaissé. Mais au-dessous de cette localité, le Sénégal prend un nouvel aspect. Sa vallée constitue un long couloir de largeur assez uniforme dans lequel le chenal s'est déplacé en se divisant en plusieurs bras ».91(*)

    1.3 : Les facteurs du milieu naturel

    Les principaux éléments du milieu naturel à savoir le relief, le climat et les sols et la végétation ont une grande influence sur le rendement agricole.

    La vallée alluviale du Sénégal s'étend de Bakel à Saint-Louis .Elle forme un immense arc de cercle d'une longueur de 600 Km, sa largeur peut atteindre 200 Km en territoire sénégalais.

    La basse vallée du Sénégal a été occupée par la mer lors de la dernière transgression marine92(*) , il y'a 5 500 ans.

    Puis le fleuve construit de grands bourrelets de berge et édifie un delta très allongé .Ces hautes levées fluviales et deltaïques sont constituées de sables fin et limon. Elles délimitent les cuvettes argileuses plus ou moins inondées par la crue annuelle. Le Sénégal trace de nombreux méandres avec des faisceaux levés récents .Sa vallée présente donc un microrelief complexe. Ces alluvions portent divers types de sols hydromorphes en fonction du modelé et de la submersion par les eaux. Il passe à des sols halomorphes dans la région du delta à l'ouest de Richard -toll .Les cultures de décrue appelées le Walo se font dans les cuvettes argileuses. Le falo qui correspond à la pente douce de la rive convexe des méandres porte les jardins de case.

    Le fondé abrite des cultures de maïs et sert de sites aux villages. Chez les Toucouleurs93(*), l'exploitation typique traditionnelle comporte environ 4 ha, dont 2 ,5 en Walo et 1,5 en diéri. Chaque homme marié était à la tête d'une exploitation avec sa famille de 5ou de 6 personnes en moyenne dont au moins 3 actives. La culture de décrue dépend , étroitement de la crue du fleuve ;lorsqu'elle est forte , elle permet de cultiver de vastes superficies et même une bonne partie des anciennes levées ,lorsqu'elle est faible, par contre, elle réduit considérablement les surfaces cultivées responsables.

    Dans le diéri, territoire jamais atteint par la crue, les cultures sont plus aléatoires parce qu'elles dépendent de la pluie Le coton couvre moins de 50 pour cent des superficies cultivées, au profit du petit mil, du mais et du niébé. Les rendements sont ici variables à cause des déficits pluviométriques récurents, de la menace acridienne et de la très faible teneur des sols (sablonneux) en argile.

    Dans sa configuration, le relief de la vallée du fleuve n'entravait absolument pas le développement de la culture du coton. Il ne gênait pas non plus l'aménagement de la vallée, élément important pour l'accroissement des produits agricoles94(*).

    Les climats et les productions de la vallée du fleuve sont très variés. Ils sont constitués principalement par la chute des pluies et le régime des vents.

    Le Haut-Sénégal95(*), situé, sur le plan climatique dans la zone soudanienne, subit l'influence du climat correspondant, c'est-à-dire l'alternance saison sèche allant de six à huit mois et une saison humide. Les précipitations atteignaient leur maxima en Juillet. On remarquait que le temps des cultures était limité par la concentration des précipitations en cinq mois .Leur violence pourrait causer la dégradation des sols ainsi que la destruction des jeunes plantes, le Bas-Sénégal, quant à lui, est au contraire le trait union entre la zone sahélienne et la zone soudanienne. Cette région subit, dans son ensemble, un climat de type sahélien.

    Les précipitations sont insignifiantes, rares et inégalement réparties dans l'année.

    Cette irrégularité des pluies, d'une année à une autre, avait un impact sur l'exploitation des terres. Les mauvaises récoltes en coton étaient liées à ces aléas. Les populations Toucouleurs, Soninkés et wolofs, surtout les femmes, par exemple, en période de saison des pluies, n'hésitent pas à se consacrer à la culture cotonnière au bord de la vallée du fleuve. Le climat rude et rigoureux de la vallée du fleuve Sénégal a impacté véritablement sur les différents aspects de la production du coton.

    Le vent d'est ou harmattan est un vent chaud et sec provenant du désert, qui pendant la saison sèche, souffle durant de longues semaines plusieurs heures par jour avec des alternatives de calme sur la majeure partie du Soudan septentrional du central, et du Sénégal. Il se déclenche quelquefois subitement avant la fin de la saison des pluies et détruit les récoltes à maturité.

    La vallée du fleuve peut se diviser en trois grandes zones climatiques96(*) :

    -1 : Le domaine sahélien côtier s'étend tout le long de la grande côte du Sénégal et se prolonge jusqu'à Saint-Louis. Les précipitations sont liées aux invasions d'air polaire pendant la période hivernale et aux remontés de la mousson pendant les situations météorologiques particulières en été .Sous l'influence de l'océan, les températures sont fraiches et les amplitudes thermiques faibles. L'humidité est forte. C'est au nord de la région, aux proches de Saint-Louis, que le climat connait une nuance la plus fraiche et la plus sèche.

    -2 : Le domaine nord dit zone sahélienne continentale est la partie la plus aride du pays .On retrouve dans ce domaine les stations de Podor et de Matam .Il s'inscrit entre les isohyètes 100 et de 500 mm et se caractérise par la faiblesse de ses précipitations .Celles -ci sont liées à la présence de la mousson pendant 3à 4mois .Le maximum de température intervient en mai ou en juin et le fléchissement du mois en à peine marqué en raison de la faiblesse des précipitations.

    -3 : Le domine central à climat tropical où la saison des pluies commence en juin et se termine en octobre, novembre. La chute annuelle d'eau est sensiblement moins élevée et la végétation est moins luxuriante. La température n'a plus la même régularité et varie suivant les saisons et le jour ou la nuit de 10 à 40 degrés.

    La végétation reflétait la fertilité des sols, du climat et ainsi que le rythme pluviométrique de la vallée du fleuve .Les régions s'étendant dans la zone haute et dans la contrée accidentée, constituaient une zone de forêt - savane.

    L'altitude est moyenne dans la zone de transition ; la flore se modifie et naissent des parkia biglobosa, ou des andropogons. Une zone de petites prairies se trouve dans la partie sèche.Dans la zone argileuse notamment, la végétation se caractérise par des espèces comme le loudetia coarctata. La végétation du waalo est constituée de « gallinacés qui y surabondent et alimentent les cheptels, surtout pendant la saison sèche, époque où, par suite de l'infécondité du désert, les pasteurs sont obligés de rallier les rives du fleuve »97(*).

    Les sols de la vallée sont de deux types :

    Sols argileux, sols sablonneux. Leur mélange donne souvent des sols silico-argileux. Les argileux sont imperméables et la sécheresse persistante du climat leur donne une dureté telle qu'ils ne sont cultivables qu'après avoir été largement et longtemps imbibés d'eau. Ce sol se crevasse profondément avec la sécheresse qui amène la mort des arbustes un peu délicats comme le cotonnier.

    Les sols sablonneux absorbent rapidement l'eau et la laisse s'écouler à une grande profondeur, si elle n'est pas arrêtée à faible distance par un sol imperméable.

    La vallée du fleuve était considérée comme le « château d'eau » de la colonie du Sénégal. Ce milieu naturel demeurait propice aux différentes cultures et l'amélioration du rendement y fut davantage favorisée par la création de plusieurs structures.

    Chapitre II : Notion générale sur le coton

    Le cotonnier (genre Gossypium, famille des malvacées) est une plante des pays tropicaux et humides .On le trouve à l'état sauvage en Asie, en Amérique et en Afrique où sa fibre, objet d'une simple cueillette, alimente un artisanat séculaire. Il faut savoir que l'origine du coton est très ancienne, des scientifiques ont retrouvé au Pakistan des fragments de tissus datant de 8000 ans avant J.C. Dès le VIIe Siècle, les conquêtes arabes diffusent l'usage du coton en Afrique du Nord et en Europe. Le commerce entre l'Europe et l'Inde prend une nouvelle dimension notamment grâce à l'ouverture de la route des Indes par Vasco de Gama en 1497.Avec l'invention du métier à tisser de Jaguard, le coton participe à la révolution industrielle européenne. La culture du coton commence aux alentours du XVIIe siècle dans le sud des Etats-Unis. La production américaine augmente rapidement, ce qui nécessite de plus en plus de main- d'oeuvre et qui contribue donc à l'augmentation du nombre d'esclaves jusqu'à l'abolition de l'esclavage en 1865.Le tissage et la filature furent perfectionnés.

    II.1 Taxonomie et botanique du cotonnier

    Le cotonnier appartient à la famille des Malvacées ; à la sous tributes Hibiscus, genre Gossypuim et à l'espèce hirsutum. L'aspect général et la mesure du cotonnier sont très divers. Les cotonniers sont des plantes vivaces et arbustives. Certains cotonniers sauvages peuvent atteindre la taille d'un petit arbre, mais la quasi-totalité des espèces ne dépassent pas la taille de 1 à 1 ,5 m .Il est capable seulement de vivre quelques années d'où l'espérance de vie varie entre 10 à 15 ans. Toutefois, on trouve des formes pérennes subspontannées dans beaucoup de villages dans la partie ouest du continent africain.

    Le cotonnier est une culture annuelle. Il est une phanérogame à l'appareil végétatif et reproducteur complet, comprenant les racines, les tiges, les feuilles et les fleurs .Le système racinaire est pivotant. Il peut atteindre une profondeur de 2,5 à 2 m sur les côtés. La tige du cotonnier est rectiligne ramifiée et ligneuse. Elle comporte deux types de rameaux fruitières.

    Les branches végétatives se développent à partir des premiers noeuds cotylédonaires et ne portent pas directement les fruits.

    Les branches fruitières sont de deux ordres : les branches fruitières définies et les branches fruitières indéfinies .Les branches fruitières définies portent des capsules qui sont formées à l'extrémité du premier entre-noeud, tandis que les branches fruitières sont caractérisées par la formation des fleurs au niveau de chaque entre-noeud.

    II.2 Fleur et Fruit du Cotonnier

    La fleur apparait sur les ramifications sous formes de petites structures vertes pyramidales appelées « squares ». Elle est hermaphrodite. Son mode de production dominant est l'autogamie. Son taux d'autogamie peut atteindre 30% dans certaines localités en fonction des insectes polinisateurs.

    Le fruit est une capsule qui comprend un péricarpe de la paroi de l'ovaire. La forme est la grosseur des capsules sont caractéristiques d'un cultivar. A l'intérieur, se développent les graines sur les lesquelles croisent les fibres .Les graines au nombre de 6 à 12 par loge sont assez volumineuses .Elles sont de formes ovoïdes ou piriformes, fixées à un placenta par le hile. Le cycle est très divers selon les localités et les zones de culture : « Le cycle de la plante diffère selon les espèces et le type de culture, pérenne ou annuelle, pluviale ou irriguée, de 4 mois en Inde à 8 mois en Egypte. Voyons le cas de l'espèce introduite en Afrique, Gossypium hirsutum, à laquelle appartiennent la plus part des variétés cultivées dans le monde en mode pluvial. Ces variétés, ont un cycle de 5à 8mois, plus bref dans les régions sèches et biens ensoleillées, plus long dans les zones humides. Celui-ci commence dès les premières pluies abondantes avec le semis durant 6 à 7 mois : la plante demande en effet beaucoup d'eau pendant les premiers mois, période de sa croissance, et au contraire une sécheresse absolue pour la maturation et l'éclosion »98(*)

    La germination et la levée sont l'affaire de quelques jours : 8 à 12. La croissance est longue : 14 à 15 semaines. La floraison commence bien avant la pleine croissance de l'arbuste (7 à 9 semaines après le semis) et se gradue sur 6 à 8 semaines, débutant à la base de la plante et allant jusqu'à la tête : elle atteint son maximum lorsque les cotonniers ont leur taille adulte et peut se poursuivre pendant un mois.

    Le cycle est souvent perturbé par manque d'eau : « Le cycle est souvent interrompu par l'arrêt des pluies en fin de saison : toutes les capsules sommitales se dessèchent entrainant un manque à gagner plus ou moins important, compensé partiellement par le fait que celles de la base sont les plus grosses et donnent le meilleur coton.99(*)

    Concernant son fruit, le cotonnier est renfermé dans une capsule contenant des boulettes blanchâtres et duveteuses qui se fleurissent au fur et à mesure de son éclosion et se détachent d'elles-mêmes lorsque le fruit est mûr. La fibre du coton et les graines forment ces boulettes.100(*)

    La fibre du coton encore appelée 'soie'' ou 'Lint'', présente des caractéristiques différentes selon les variétés et les conditions de la culture .Elle est généralement blanchâtre, mais peut être certainement colorée, verte ou brune. Les fibres des variétés cultivées anciennement pour l'usage artisanal, étaient courtes et souvent grossières, mais solides.

    Les graines sont plus ou moins abondantes et grosses selon les variétés : 25 à 30. Dans les variétés antiques, elles étaient plus nombreuses et représentaient un poids intéressant. Les graines ont un aspect très différent selon les variétés : elles peuvent être nues ou lisses, ce qui facilite le semis et l'égrainage.

    II.3 Les variétés de coton

    Plusieurs d'espèces et de variétés de coton existent .On peut les classer en fonction de la longueur de la fibre et les espèces en trois classes101(*).

    -Les cotons à fibres courtes (13 à 25mm), on les appelle habituellement coton ou cotonnier « asiatique » par opposition aux cotonniers « américains » à fibres plus longues, et parce que qu'on a longtemps comme originaire de ce continent .Ils sont plus crépis que les cotonniers américains. Ils appartiennent à deux espèces : Gossypuim herbaceum et Gossypuim arborum auxquelles se rattachent toutes les variétés cultivées dans le passé en Asie et en Afrique

    Gossypuim herbaceum est un arbuste ou arbrisseau avec une tige principale épaisse et rigide, ne distançant guère 2 m de haut ; il est cultivé couramment par an. Sa fibre est plutôt sauvage et de couleur blanc grisâtre.

    Gossypium arboreum est un arbrisseau très branchu, cultivé normalement sous forme pérenne : sa taille est d'environ 3 m mais peut atteindre et dépasser 6métres si on laisse la plante se développer au delà de quelques années de production. Sa soie est blanche et très laineuse. Il a été pendant longtemps l'espèce la plus cultivée en Afrique, d'où il a pratiquement disparu, sauf comme plante ornementale ou fétiche, au Benin notamment.

    Les fibres issues de ces deux espèces, courtes, mais épaisses et solides, convenaient bien au travail artisanal, filature au fuseau et tissage manuel. L'industrialisation a amené leur abandon progressif au profit d'espèces à soies plus longues et plus fines.

    -Les cotons à fibres moyennes (25 à 32-35mm)

    Ils appartiennent à l'espèce Gossypium hirsutum, ainsi nommé parce que ses graines sont revêtues d'un duvet qui rend la plante velue. Cette espèce est également appelée coton upland du nom d'une de ses variétés, ou coton américain du fait de son origine géographique.

    G. hirsutum est un petit arbrisseau cultivé le plus souvent de façon annuelle, atteignant alors de 0,80 à 2 mètres. Il est branchu, avec des branches végétatives à la base du plan, les rameaux fructifiées se trouvant dans la partie médiane et supérieure .Les fibres, d'un blanc laiteux, ont une longueur moyenne et une bonne résistance. Les graines sont plus petites que celles des cotonniers rustiques, ce qui donne à ce coton un bon rendement en fibres. Ce cotonnier peut être cultivé sous pluie, avec parfois un complément d'irrigation lors que la pluviométrie est insuffisante. G. hirsutum est devenu l'espèce de base de la plus grande partie des cotonniers cultivés dans le monde, du fait de ses qualités et de ses exigences, qui en font un produit de gamme moyenne, fournissant environ 90 % de la fibre mondiale .La plus part des fibres actuelles , en Afrique tropicale en particulier, sont issues de cette espèce ;elles font l'objet d'une sélection permanente qui permet d'améliorer les qualités technologiques des fibres agronomiques des plantes.

    -Les cotons à fibres longues (35 à 70 mm)

    Ils appartiennent à l'espèce Gossypium barbadense, cultivée au Pérou et en Equateur par les Incas, avant être diffusée dans l'ile de la Barbade, puis en Caroline du sud. Toutes les variétés à longue soie cultivée actuellement sont des Barbadense. Il s'agit d'une plante annuelle, dont les planches sont toutes fructifiées .Les Barbadense ont un cycle végétatif court, mais demandent beaucoup de chaleur et d'humidité : les régions maritimes les conviennent naturellement ; ils sont néanmoins cultivés le plus souvent dans des régions de climat méditerranéen ou désertique, sur des terres irriguées. Ils sont réservés à la fabrication des étoffes les plus fines102(*) et à celle des articles de mercerie, en particulier les fils à coudre .Les coton longue soie, représentent environ 7% de la consommation mondiale. Les principaux producteurs sont en Afrique : Egypte103(*), Soudan, Maroc et Mali : les autres sont en Inde, au Kazakhstan, et aux États-Unis (Californie).

    La culture du cotonnier est délicate du fait de ses exigences écologiques et culturales lors que l'on passe du stade de la cueillette à celui de la culture annuelle. Les conditions écologiques exigent une forte quantité d'eau et des sols fertiles.

    Concernant les exigences climatiques, elles sont les plus strictes et délimitent les régions où la culture est possible. L'aire originelle du cotonnier, la zone tropicale, a pu cependant être élargie en adoptant les variétés et les méthodes de culture .Le cotonnier demande durant la période végétative des températures élevées et des précipitations abondantes, suivies d'une période de sécheresse pour la maturation des capsules, leur éclosion, la cueillette.

    Les températures idéales sont de 25 à 34 degrés pendant trois ou quatre mois. La plante peut s'adapter à des températures supérieures à 40°.Aux États-Unis et dans les pays méditerranés, le coton est semé au printemps après les dernières gelées et récolté avant les pluies d'automne. Dans les zones tropicales, l'insuffisance des températures ne représente aucun obstacle dans les régions de haute montagne : on le cultivait sous forme pérenne dans certains massifs montagneux de faible altitude en Afrique Occidentale et Centrale : actuellement il est cultivé sous forme annuelle sur les plateaux d'Afrique orientale où sa croissance est cependant ralentie par les écarts de températures élevées et la fraicheur des nuits.

    C'est le régime des pluies qui détermine les zones de culture, notamment en Afrique tropicale où la culture est pratiquée 'sous pluie'', sans irrigation complémentaire. La plante a besoin d'une période pluvieuse de 105 à 125 jours .La meilleur zone climatique est celle du climat sud-soudanien /nord-guinéen comprise entre les isohyètes 800 et 1200 mm : le cotonnier en particulier sous forme pérenne, peut néanmoins s'adopter à des précipitations inférieures ou supérieures. De façon générale, on peut considérer les isohyètes 700- 800 mm comme la limite inférieure de la culture annuelle sans irrigation en Afrique, en deçà même si le total des précipitations est suffisant, la durée de la saison pluvieuse ne permet pas le déroulement complet du cycle de la plante, et les aléas d'une année sur l'autre sont trop importants .Au delà des isohyètes 1200 mm, la culture est encore possible dans les régions recevant jusqu'à 1400 mm d'eau, isohyète qui marque approximativement la limite sud de son aire en Afrique Occidentale et Centrale. L'excès d'eau présente en effet, une série d'inconvénients : tendance de la plante à développer exagérément son système végétatif au détriment des fruits, chute des boutons floraux, accroissement important du parasitisme, enfin risques de détérioration du coton par des pluies tardives.

    L'hygrométrie et l'ensoleillement, jouent un rôle important sur la récolte. L'humidité ou la siccité peuvent corriger ou au contraire aggraver les effets de la sécheresse, en particulier en début de saison pour les jeunes plants assoiffés :ils ont également des répercussions sur la qualité de la fibre qui souffre aussi bien d'un excès que d'un déficit hydrométrique .Un bon ensoleillement accélère le cycle de la plante, un ensoleillement déficient entraine l'étiolement des plants et le ralentissement du cycle. Dans les régions les plus humides, la lenteur de maturation est composée par le prolongement des pluies : cependant, la qualité de la fibre s'en ressent, car un bon ensoleillement au moment de la maturation des fruits rend la fibre plus blanche et plus résistante.

    Les vents à leur tour peuvent provoquer des dégâts, qu'il s'agisse des tornades de fin de saison des pluies ou l'harmattan : ils font tomber les premiéres capsules écloses ; et surtout salissent la fibre par les particules de terre ou de végétaux qu'ils soulèvent. Nonobstant l'incidence des autres facteurs, c'est de la pluviométrie que dépend principalement la récolte. Il est significatif que tous les rapports de campagnes cotonnières commencent par un compte-rendu du déroulement de la saison des pluies104(*).

    Le cotonnier aime les sols profonds, meubles et perméables. Les sols argilo-sableux ou argilo-calcaires, ni trop lourds ni trop légers, lui conviennent particulièrement, car leur bonne relation en eau permet à la fructification de se prolonger pendant des semaines après l'arrêt des pluies .Le cotonnier peut néanmoins se contenter des sols sableux, si ses besoins en eau sont couverts, soit par une natte phréatique accessible, soit par des pluies abondantes : cependant, il ne donne alors sans amendement qu'une maigre récolte.

    Chapitre III : La colonisation indigène dans la vallée

    En 1819 la France récupère la colonie du Sénégal aux mains des Anglais et s'engage dans une entreprise de la colonisation agricole dans le royaume du walo, à l'embouchure du fleuve Sénégal. Ce projet d'adaptation aux nouvelles conditions économiques crées par la suppression de la traite négriére est ardument défendue par le nouveau gouverneur du Sénégal, le colonel Schmaltz dés son arrivée .Le gouverneur décrit ainsi son projet dans sa lettre adressée au Ministre « J'ai soigneusement observé que j'ai parcouru et je n'ai pas vu de plus beau, de plus propre à de grande entreprises que le Sénégal. Les bords du Gange ne m'ont point paru plus fertiles que ceux de notre fleuve et je n'ai le moindre doute d'y réussir toutes les cultures qu'on y voudra .Nos projets de colonisation agricole consiste à introduire dans un vaste pays peuplé de plusieurs millions d'hommes, à les déterminer par les avantages qu'ils ne peuvent y trouver sans nous, à les y attacher par l'augmentation graduelle de leur besoins présents, à les diriger utilement pour nos intérêts par des exemples tendant à perfectionner leur agriculture, à les ranger insensiblement sous la domination française »105(*)

    Afin de réaliser ses objectifs, l'administration coloniale a cherché à allier ce qu'elle considérait comme les points forts de l'agriculture de plantation avec les « vertus »de l'agriculture paysanne106(*) .Les Français, comme d'autres pouvoirs coloniaux, considéraient les paysans comme les producteurs qui réagissaient trop lentement aux demandes des marchés.

    Ils voyaient les plantations avec des ouvriers travaillant sous le contrôle d'un européen comme plus efficace et plus rapide dans leur adaptation aux marchés. Mais, ils reconnaissaient qu'aucun paysan ne viendrait volontiers travailler dans une plantation s'il avait la possibilité de cultiver en tant qu'indépendant .La politique de colonisation indigène adoptée par l'administration chercher à combiner les deux approches : une gestion européenne et « scientifique » avec l'organisation du travail dans les mains de la famille paysanne.

    La puissance métropolitaine voudrait recruter des familles entières dans des zones surpeuplées, établir d'une façon pérennante sur les terres irriguées .Groupés autour d'un centre, ces paysans seraient obligés de cultiver la terre intensivement à la charrue ; suivant une rotation déterminer par le centre.

    Cette colonisation indigène, était étroitement liée à de nouvelles perspectives sur l'Afrique. Elle rejetait des arguments « biologiques » pour l'infériorité de l'Afrique mais retenait des arguments de type « environnementale ». L'infériorité de l'Afrique était due à son isolement, l'insécurité politique et les guerres .La supposition fondamentale restait que l'Europe , était supérieure à l'Afrique dans tous les domaines .La colonisation était perçue comme nécessaire pour l'avancement de l'Afrique .Les français croyaient que cette supériorité était due à une population dense, une agriculture intensive, la propriété privée et la famille nucléaire .Avec la politique de colonisation indigène, ils cherchaient à recréer ces conditions en Afrique.

    Avec la colonisation indigène, l'administration coloniale voudrait créer des communautés à population dense .Dans ces communautés, les colons enlevés des « insuffisances néfastes » du village d'origine, seraient initiés à la culture intensive à la charrue .Ceci mènerait à la propriété privée, ensuite à l'avancement de l'Afrique .Henri Labouret, auteur de paysans d'Afrique Occidentale écrivait ainsi de la disparition future de la culture extensive :« Le travail à la charrue en permettant la culture intensive et pérennante des lopins de terre, doit modifier profondément tout cela ; la possession précaire, souvent collective, va se changer en propriété individuelle, transformer probablement le régime successoral, la constitution de la famille, et entrainer une évolution complète des sociétés intéressées.

    Celles- ci passeront sous nos yeux d'un certain type attardé de civilisation à un autre plus avancé »107(*).

    Chacun des facteurs, une population dense, la culture intensive, la propriété privée, la famille nucléaire, était essentielle l'un pour l'autre, étant même temps la cause et les résultats de part et d'autre. Toutefois, le facteur essentiel était une politique à base néo-malthusienne. L'administration voudrait augmenter la population mais aussi convaincue, en voyant des famines et des disettes, que le Soudan ne pouvait pas soutenir une population plus nombreuse.

    Selon les Français, l'agriculture intensive ne pouvait pas produire suffisamment et en plus, elle était la cause de la dégradation de l'environnement .Ils croyaient que les changements dans les méthodes culturales, étaient essentiels pour permettre une augmentation de population. Si une population dense était nécessaire pour l'avancement, elle ne le garantirait pas .Si une seule chose pourrait être le catalyseur, se serait la charrue .Mais la charrue seule ne modifierait pas nécessairement l'habitude de culture extensive que les français croyaient pouvoir changer pour éviter un désastre écologique. La politique de colonisation indigène permettrait aux colonisateurs d'éviter ce désastre en introduisant la charrue et la culture intensive simultanément sous la supervision des agents européens.

    III.1 : Le recrutement forcé

    La vallée du fleuve, région très peuplée avait été choisie pour initier le projet.

    Le gouvernement colonial a recruté par la force la grande majorité des indigènes qui se sont installés dans les cercles de la vallée avant 1946 l'année qui consacre l'abolition du travail forcé, et la corvée obligatoire. Etant une région dont la pression démographique est dense, la vallée du fleuve, vulnérable et précaire aux intempéries et aux aléas du climat, la région était pour les français, un réservoir de mains d'oeuvre. Ainsi, la région de la vallée fournissait des tirailleurs, de la main d'oeuvre pour la deuxième portion .Les cercles de l'ouest n'étaient pas touchés, le gouvernement préférant ne pas perturber la migration des navétanes vers le Saloum pour la production arachidière.

    Dans le recrutement les colons comptaient sur la collaboration des commandants de cercle, et des chefs de canton .Les Français utilisaient les personnes influentes pour faire la propagande. Les familles recrutées étaient souvent celles qui avaient des relations difficiles avec le chef de canton ou avec les chefs de village.

    Beaucoup de colons ont insisté sur l'impossibilité d'éviter le recrutement une fois choisi108(*).Toutefois de nombreux désignés pour la métropole, ont cherché à éviter le départ .La méthode la plus commune était d'offrir des cadeaux ou de l'argent aux chefs de village. D'autres personnes se sont réfugiées dans des colonies voisines109(*).

    Avec les réformes sociales de 1946, les recrutements forcés ont pris fin. Pendant quelques années, la vallée du fleuve a eu des difficultés de retrouver des colons .Mais pendant 1950, le projet commençait à avoir plus d'intéressés dans la colonie. Les raisons pour cette transformation sont nombreuses et multiples. Plusieurs colons étaient des retraités de l'administration et d'anciens combattants110(*).

    D'autres cherchaient peut-être l'opportunité de cultiver du riz, un produit avec un marché toujours croissant 111(*).La volonté de quitter les fermes- écoles quand on voulait, était aussi probablement considérée comme un avantage .Il est sans commune mesure, et même intéressant de remarquer que les niveaux de départ sont restés assez élevés. Ceci laisse supposer que beaucoup de colons ne sont venus que pour une courte période.

    III. 2 : Pauvreté et coercition

    Les indigènes partout dans la vallée du fleuve, correspondaient à ceux qui étaient enrôlés par l'administration coloniale esclaves du blanc. Les conditions de vie dans la vallée étaient sévères. Surtout avant 1946, l'administration du projet n'hésitait pas d'exiger ses directives de manière contraignante. Des moniteurs pouvaient carillonner une cloche ou aller de porte en porte pour faire partir aux champs tous les paysans. Des gardes cercles contrôlaient les routes pour éviter les fuites des indigènes et de la récolte. Les activités secondaires telles que la pêche, le tissage ou le jardinage étaient aussi restreints. Cependant, ces limitations n'étaient pas appliquées uniformément .Certains moniteurs étaient plus dévoués que d'autres et pendant la saison sèche quand la récolte était terminée, les paysans avaient plus de liberté.

    Après 1946, les outils pour contrôler les cultivateurs ont changé. L'administration a autorisé les inspecteurs et instructeurs de tenir des auditions sur les infractions du règlement d'irrigation.112(*) Les sanctions étaient de 50 à 500 f et ou un emprisonnement de six jours à un mois.

    En plus, le gouverneur du Soudan avait commencé à demander aux Commandants de Cercle de la vallée, le renvoi de colons, donnant comme raison la fainéantise, le refus de payer les impôts et le manque de capacité de travail .Entre 1946 et 1955, le gouverneur113(*) a autorisé l'expulsion de 156 colons des 440 demandés par les commandants des cercles de la vallée.

    L'administration coloniale cherchait à présenter le projet de la colonisation indigène comme une amélioration de la vie paysanne. Plusieurs fois dans les années 1930 et 1940, il y'a eu des pénuries de nourriture parmi les colons, et l'administration était obligée de distribuer des céréales aux paysans. Apparemment ces pénuries ont été dues au fait que trop peu de terres dans les zones cotonnières étaient allouées à la production du mil .Une irrigation inadéquate était aussi une cause de mauvaise récolte. Parfois certaines régions étaient inondées tandis que d'autres pouvaient manquer d'eau.

    Avec le temps, les anciens champs ont commencé à perdre leur fertilité. Le riz sauvage et d'autres mauvaises herbes ont envahi les champs .En 1945, certains champs avaient des rendements de 100 ou de 1200Kg par hectare .Dans les années 1950, le problème était tellement grave que les rendements pouvaient être négatifs. Plusieurs fois les colons n'avaient pas suffisamment de grains pour ensemencer leurs champs.

    Les rendements réduisant les charges élevées, ont mené à l'endettement des colons. Pendant plusieurs années l'administration coloniale de la vallée considérait les redevances impayées comme le problème le plus grave.

    II.3 : Résistance des paysans

    L'intensification des réquisitions de l'Etat sous forme de denrées, de coton, de tirailleurs et de main d'oeuvre n'allait pas sans une certaine résistance de la part de la population locale. Dans le rapport politique et économique de la vallée du fleuve en 1920, le commandant de cercle écrivait que « certains chefs ont opposé la force d'inertie à ses ordres »114(*)Il constatait que la résistance venait des chefs qui croyaient « posséder » les gens que le gouvernement colonial leur permettrait d'administrer. De plus les « chefs de famille », avec plus de raisons cette fois, pensent que nous diminuons leur force de production en leur enlevant des instruments de travail »115(*)

    Les agissements quotidiens entrepris par les paysans tels que les cultures hors casiers ou la liquidation de la récolte sur le marché parallèle, peuvent être considérée comme une forme de résistance des paysans au contrôle que l'administration coloniale tentait à exercer sur leur vie. Mais les paysans ont aussi mis en place des actions plus extraordinaires pour échapper aux demandes ou même changer la politique de l'administration.

    En 1946, l'évasion individuelle ou collective était la forme de résistance la plus commune. L'administration cherchait à minimiser les fuites, plaçant des gardes-cercles pour surveiller les routes et punissant les membres de la famille de ceux qui avaient fui116(*). Cependant, chaque année l'administration perdait en moyenne 4 pour cent .Après les reformes de 1946 et jusqu'en 1949, l'administration a perdu le plus grand nombre de paysans .Pendant cette période sa population était réduite de 20 pour cent.

    Si la fuite individuelle était une forme d'opposition très commune avant 1946, les actions collectives étaient les plus menées .Le premier effort de résistance collective, est venue en 1935 quand les villageois recrutés par l'administration de la vallée ont tenté de quitter les champs.

    Les colons se sont plaints d'avoir perdu les bonnes terres de n'avoir pas d'argent pour payer les impôts ; de n'avoir rien à manger ; et d'être interdits de chercher du travail en dehors de leur terroir. L'administration choquée par cette menace, a augmenté le prix du coton, distribué des vivres et promis de ne pas redistribuer les terres.

    Après 1946, la menace de fuite n'était plus utilisée par les colons et d'autres actions orientées vers une amélioration des conditions sont devenues plus communes .Les paysans ont refusé de faire certaines tâches et ont exigé des changements dans la commercialisation et le paiement de redevances. Les revendications ; les manifestations des colons pour les redevances et des augmentations pour le prix du coton sont devenues étroitement liées à la résistance et à l'opposition des paysans de la vallée.

    Pour vaincre la résistance des paysans face à la culture forcée, l'administration coloniale prit trois mesures .La première consistait à offrir des prix intéressants aux producteurs de façon de les insister à augmenter leur production pour le marché. Le gouverneur général exprima ce raisonnement dans une lettre aux gouverneurs de l'A.O.F : « l'indigène de l'A.O.F n'est pas autrement fait que le reste de l'humanité .Il est venu offrir son travail et ses produits chaque fois qu'on lui a offert des prix rémunérateurs. Par contre, il s'est refusé à travailler chaque fois qu'il estimait son salaire insuffisant. On a pu dire sans exagération, que le rendement des récoltes, était en A.O.F ; fonction non du climat, des prix payés à la récolte précédente »117(*)

    Contrairement à cet exemple de discours valorisant la rationalité paysanne, les producteurs de coton étaient rarement rémunérés pour leur travail. L'argent obtenu pour la vente du coton allait habituellement aux chefs de village et de canton .Si des prix plus élevés devaient inciter à augmenter la production, le colonisateur aurait dû payer les producteurs individuellement. Mais l'utilisation des chefs comme intermédiaires et les avantages de la monoculture perpétuaient la pratique des champs collectifs et des paiements des chefs de canton et de village. Ainsi, les relations de production en vigueur exigeaient que les paysans et l'Etat suivent une deuxième voie qui avait fait ses preuves : inciter les chefs à intensifier la production agricole en leur offrant crédits, primes et commissions.

    Une troisième manière d'augmenter les rendements, consiste à accentuer la coercition .Exiger que les productions augmentent la surface cultivée devint une pratique courante.

    Mais l'extension de la surface cultivée en coton ne garantissait pas une augmentation de la production .Dès lors, l'Etat devait renforcer ses contrôles .Une fois ensemencés, les champs étaient facilement négligés.

    DEUXIEME PARTIE : LES NOUVELLES TENTATIVES D'EXPLOITATION COTONNIERE DANS LA MOYENNE VALLEE DU FLEUVE

    Chapitre I : Les variétés cultivées dans la vallée

    L'aménagement des eaux et des terres pose la question du choix des cultures. Depuis longtemps, dans la vallée du Sénégal on a pu légitimement fonder les plus sérieux espoirs sur la production cotonnière. Les efforts ont manqué d'envergure et de méthodes et, sans avoir échoué, ils n'ont donné que des résultats inférieurs.

    Les habitants de la vallée entretiennent sur la bordure des bassins d'inondation de petites cotonneries que les crues inondent plus ou moins chaque année. Il existe plusieurs variétés et d'espèces de coton que l'on peut regrouper selon la longueur de la fibre et les espèces en trois catégories majeures.

    I.1 : Le N'Dar-N'Gau

    On le retrouve partout au Sénégal, au soudan, en Casamance et en particulier dans la vallée du fleuve Sénégal. Bien que le cotonnier ne soit cultivé dans ces régions que pour son usage domestique et très faibles quantités, il en existe fréquemment à proximité de chaque village quelques pieds au mieux en apparence naturalisés. On l'appelle aussi vitente ou Lado qui n'est autre qu'un Gossypium Hirsutum118(*), abâtardi par l'acclimatement et hybridation naturelle, mais dont la fibre conserve encore beaucoup de ses qualités. Nommée ainsi parce que ses graines sont revêtues d'un duvet qui rend la plante velue, cette espèce est également appelée Uppland du nom d'une de ses variétés, ou coton américain du fait de son origine géographique.

    Le N'Dar-N'Gau est le plus productif, il se trouve dans le Oualo, le Cayor, Baol, Sine, Saloum .C'est probablement que les Toucouleurs appellent Lado qui est la variété la plus répandue le long du fleuve dans les cercles de Kaédi, Matam.

    Sa soie est courte et résistante. Elle sert à confectionner des tissus solides et d'un long usage. Ses feuilles sont régulières et présentent une coloration rouge vineuse vers l'extrémité. Ses fleurs sont jaunes avec l'intérieur de la corolle rougeâtre. Ses capsules sont assez bien développées. C'est même la seule qu'on ensemence. On la trouve partout où il existe des villages du Sénégal, au Soudan, en Casamance.

    I.2 : Le Mokho

    Le Mokho est peu cultivé par suite de son faible rendement. Il acquiert un médiocre développement. Ses feuilles sont petites, régulières à lobes arrondis. Ce coton fixe une grande quantité de teinture et, est très apprécié pour les étoffes à teindre en bleu indigo. Son produit est très estimé des indigènes pour la fabrication d'étoffes fines et bon teint ; malheureusement son faible rendement (la moitié du Ndargau) fait que sa culture est très peu développée .C'est la même variété désignée par les Toucouleurs sous le nom de « Rimo » qui est le Gossypium Herbaceum119(*) .Elle est tardive comme production, la récolte ne commence pas avant le mois de janvier et se poursuit jusqu'en avril. Les feuilles sont persistantes, la plante est vivace.

    La végétation est beaucoup moins rapide. Les feuilles sont grandes, glabres souvent irrégulières parfois entières et pyriformes, mais habituellement fortement lobées à acumen très prononcé, 3-5 lobes .Les jeunes pousses sont verdâtres à section nettement polygonales parfois triangulaires. Les fleurs jaunes et les capsules grasses de 3-5loges contenant du coton teinté, tantôt légèrement parfois d'un rouge assez prononcé.

    D'autres le nomme Gossypium obtifoluim ou encore, cette espèce a reçu le nom de G. punctatum var.accrifolum120(*).

    Elle est peu répandue et les indigènes les multiplient qu'accidentellement. C'est pourquoi l'auteur botaniste Perrotet en 1830 disait déjà à son sujet : « qu'elle n'était pas cultivée et qu'elle vivait dans les plantations mêlée au types, les indigènes l'arrachaient même quand ils l'observaient. A cette époque ils le nommaient Outen boukit »120(*).Actuellement on le nomme généralement Mokho.

    I.3 : Le N'Guiné

    C'est de toutes les variétés les moins appréciées des noirs à cause de la teinte rougeâtre de ses fibres. On le rencontre un peu partout ; mais en très petites quantités ou isolément .Elle présente également une très belle végétation, ses feuilles sont grandes, glabres souvent irrégulières, parfois entières et pyriformes, mais habituellement fortement lobés, à acumen très prononcé, 3-5lobes .Les jeunes pousses sont verdâtres ,les fleurs jaunes et les capsules grosses de 3-5lobes contenant un coton coloré, tantôt légèrement, parfois d'un rouge assez prononcé .Gossysypium vilifolium se rencontre par pieds isolés au Sénégal, dans les endroits frais.

    Cette espèce s'est développée dans la vallée du fleuve, dans la presqu'il du Cap-Vert et sur la petite côte .C'est le Nguiné des wolofs .D'après M. le Dr Forres se référant aux déterminations des agronomes anglais, ce serait la sorte Ishan du Nigéria .Les deux dernières variétés semblent avoir été introduites accidentellement d'Amérique à l'époque de la traite des esclaves. Nous nous sommes demandés à quelle époque ces espèces avaient été introduites au Sénégal en général et dans la vallée du fleuve en particulier. ADASON qui a vécu dans cette zone de 1730 à 1734 a récolté les deux espèces G. puntatum et G. obtisifolium. Son herbier entré depuis peu à Paris est très intéressant à consulter pour la flore du Sénégal.

    Toutefois, ces différentes variétés de cotonnier présentent des comportements aussi variés que divers en fonction du terrain de culture : Sur le fondé, le départ des cotonniers est normal, mais arrivées à la capsulaison, les plantes semblent souffrir d'un manque d'humanité du sol et les capsules se dessèchent sur pied. Le parasitisme est fort, certainement dû à la proximité de N'Dargau abandonné dans les jachères. Sur le falo, le développement végétatif est très beau : plants de 0,8 m à 1,5m .Par contre le parasitisme est assez important. Sa culture associée au coton-maïs est intéressante et sera de vulgarisation facile. Sur holladé, l'aspect végétatif est beau : plants de 0,40 à 0,60 m. La capsulaison satisfaisante si le semis est effectué avant fin novembre, le parasitisme, faible. »121(*)

    Ces cotonniers en relation avec les conditions météorologiques adoptent des comportements différents .Il semble bien qu'on puisse parler d'une véritable période critique par rapport au froid dans la première phase du développement. Les cotonniers semés fin novembre ou dans les premiers jours de décembre, ont vu leur croissance arrêtée, par contre les plants qui atteignaient 15 ou 20 cm continuaient à croitre régulièrement.

    Chapitre II : Les structures de la production

    Il s'agissait principalement du service des textiles, des stations agricoles et des fermes familiales, dont le fonctionnement aboutit d'une part à l'expérimentation de nouvelles methodes de cultures et d'autre part à l'encadrement des paysans en vue de diffuser des méthodes culturales dites modernes.

    II.1 : Le service des textiles

    Un Service Général des Textiles fut créé en Afrique Occidentale Française en 1924.

    Son objectif était d'y renforcer la dynamique de la production cotonnière .Son siège fut fixé à Ségou (Soudan Français) et sa direction confiée à E.Belime122(*) (un ingénieur hydraulicien) Celui-ci avait réalisé une étude sur l'aménagement de la vallée du fleuve Sénégal qui contribua au développement de la culture irriguée du coton. La coordination des actions à entreprendre par le Service Général des Textiles nécessita l'installation d'une représentation régionale dans chaque possession. La colonie du Sénégal en fut dotée par l'application d'un arrêté du Gouverneur de la colonie daté du 24 Avril 1908 portant répartition des services de l'agriculture. Mais le décret du 31 décembre 1920 crée dans chaque colonie un service de l'agriculture.

    Dès sa constitution, ce service local des textiles, dirigé par un inspecteur des services administratifs et des affaires économiques, se chargea de l'exécution des programmes agricoles, du transport et de la répartition des semences. Il fournit immédiatement aux cercles de la vallée du fleuve environ 100 tonnes de graines à semer123(*).

    La sélection rigoureuse des graines et leur distribution dans les meilleurs délais, réduisaient considérablement le coût de la production et faisaient accroitre le rendement .Le semis d'un hectare de coton, exigeait l'utilisation d'une vingtaine de kilogramme de graines, soit une tonne pour l'exploitation de 50 hectares. Il existait également dans chaque cercle de la vallée, un service agricole ayant pour mission l'encadrement des cultivateurs de la vallée. Il comptait un personnel qualifié composé d'ingénieurs agronomes et de conducteurs de travaux agricoles.

    Il y a une collaboration étroite entre les deux services chargés du développement agricole et l'association cotonnière coloniale123(*).Celle-ci avait plusieurs objectifs qui consistaient entre autres à subventionner des essais de culture dans les possessions, à installer des égreneuses et à encourager l'achat ainsi que l'utilisation du coton colonial par l'industrie métropolitaine.

    En outre, l'Association Cotonnière Coloniale qui vit le jour le 4 Janvier 1903 avec pour fondateur Esnault Pelterie président du syndicat général de l'industrie cotonnière française (SGICF).Sa création est liée à la volonté politique agraire des autorités françaises coloniales. Elles voulurent développer la culture cotonnière dans les colonies. La fibre américaine alimentait à bon compte, une industrie dont les besoins étaient encore limités.

    En effet des commerçants néanmoins avaient cherché dès le XIIIème siècle à acheter du coton brut aux indigènes dans les comptoirs établis sur la cote d'Afrique Occidentale. Les essais de culture de coton consécutifs à la guerre de sécession, avaient suscité de l'intérêt comme en témoigne la présentation de l'échantillon de fibres provenant de Gran-Bassam d'Assinie et du Dahomey à l'exposition de 1886 124(*)

    Le président fondateur de l'Association Cotonnière sollicita quelques spécialistes, parmi lesquels A. Chevalier et s'inspira de l'exemple des industriels britanniques qui venaient de fonder une association intervenant au Nigéria. Mieux l'origine et les objectifs de l'A.C.C sont présentés par Yves Henry, alors inspecteur de l'Agriculture de l'A.O.F : « La tendance très marquée des Etats Unis à monopoliser non seulement la production mais encore l'industrialisation du coton et apparu comme une menace constante pour les intérêts de nos usines de filatures et de tissage ainsi que pour la population de 250 000 ouvriers qu'elles utilisent. La question cotonnière qui était du reste pas neuve, a pris corps en France par la création d'un organe d'intérêt national l'A.C.C qui s'est fondée pour étudier et défendre les intérêts économiques, industriels et commerciaux de l'industrie cotonnière française »125(*)

    L'association intervient sur deux terrains : la métropole où elle s'efforça d'informer l'opinion publique française par des publications et des conférences afin de créer un courant en faveur d'une politique coloniale et les colonies ,principalement l'Afrique de l'Ouest où son action fut capitale pendant la période qui précède la première guerre mondiale comme le souligne Yves Henry ,qui a collaboré étroitement avec elle : «  À partir de ce moment (fondation),on peut dire que toute la question cotonnière est liée à cette association, à ses composition, à ses conceptions, à ces moyens d'action »126(*)

    Dans une lettre adressée en 1920 aux différents commandants des cercles de la vallée par l'entremise du Gouverneur du Sénégal, le Président du comité de Direction de l'Association Cotonnière Coloniale se prononça en faveur de la production du coton. Il écrit : « l'Association Cotonnière Coloniale étend davantage son action dans les circonscriptions de Matam, Richard-Toll et Dagana pour faire développer la culture du coton sous toutes ses formes .Elle y assure aussi le classement, l'égrenage et le pressage du produit dans les meilleures conditions de prix .Elle fera tout ce qui lui sera possible pour aider l'administration à mettre en service des trieuses à graines »127(*) .

    Les deux services chargés de la culture des fibres textiles et l'Association Cotonnière Coloniale, avaient donné à la vallée du fleuve toute sa dimension agricole. Les stations agricoles y agirent dans ce sens.

    II.2 : Les stations agricoles

    L'administration créa diverses stations agricoles dans les cercles de la vallée, dont les objectifs étaient de multiplier le nombre de tonnes de production et de former des moniteurs ayant pour fonction d'encadrer les indigènes impliqués dans la récolte de coton .A ces débuts ; les résultats obtenus ne sont guère satisfaisants.

    La première guerre mondiale (1914-1918) provoqua un ralentissement notable des activités des stations agricoles de la vallée. À partir de 1920, les stations avaient commencé à fonctionner régulièrement en introduisant la culture du coton égyptien dans la subdivision et en distribuant des semences et des primes aux meilleurs producteurs.

    En vue de la vulgarisation des procédés culturaux par l'emploi de la charrue et autres instruments aratoires, quelques jeunes y furent formés comme laboureurs. Il s'agissait les fils de chefs traditionnels .Pour les récompenser, l'administration remit à chaque chef, deux boeufs avec jougs, une charrue et une herse. Les moniteurs chargés de la formation des cultivateurs, recevaient à la fin du mois un salaire qui était régulièrement révisé. Celui de Matam-Diorbivol fixé à 60 francs en 1920, atteignit 150 francs en 1921128(*).

    Cette augmentation du traitement avait pour but d'encourager à exécuter leur tâche avec promptitude .Celle -ci demeurait un facteur d'extension des surfaces exploitées.

    Dès sa création, le centre de Diorbivol entreprit des essais de culture du coton en vue d'améliorer la variété indigène. Les paysans avaient essayé d'accroitre leur production en sélectionnant les graines des récoltes précédentes. Ce simple procédé n'était pas suffisant pour donner une longue fibre au cotonnier local. Il fallait au préalable, appliquer des méthodes scientifiques dans des champs d'expérimentation assez vastes pour éviter les croissements au moment de la floraison. Dans la vallée du Sénégal, l'application des nouvelles méthodes culturales à savoir la sélection des semences, l'emploi des moyens de production appropriés (Charrues, herses...), l'utilisation des engrais et le recours à l'assolement, permirent d'augmenter le rendement du coton indigène. Il passa de 60 à 400 Kg à l'hectare.129(*).

    Pour diversifier la production, des variétés étrangères comme le coton Allen et le Mit-Afifi furent introduites et acclimatées dans les cercles de la vallée. Ils avaient une plus grande valeur marchande .Les graines issues des expériences faites à la station, furent distribuées aux producteurs .Ces résultats restaient sans doute importants. Mais la diffusion des méthodes modernes de culture, imposaient l'encadrement des populations autochtones par des moniteurs d'agriculture.

    Le recrutement des élèves fut placé sous le contrôle du commandant de cercle. Son choix porta, en, général sur les chefs traditionnels ayant une influence morale dans leur canton. Selon la vision de l'administration coloniale, cette formation favorisait une rapide diffusion des connaissances pratiques en agriculture. Ils étaient divisés en deux groupes.

    Le premier comprenait des élèves réguliers (moniteurs et cultivateurs) qui suivaient une formation de deux ans. Le cercle leur allouait une ration alimentaire et une indemnité journalière fixée à 1,5 franc en deuxième année. Le second était composé d'élèves  « libres » c'est-à-dire des personnes désireuses d'apprendre les techniques agricoles nouvellement introduites dans leur localité. Ils recevaient uniquement une ration alimentaire pendant leur formation dont la durée n'est pas précisée131(*).

    Le programme, élaboré par le chef de service de l'agriculture et soumis à l'approbation du Gouverneur de la colonie, comportait des notions relatives au dressage des animaux, à la maitrise des instruments aratoires et à la conservation des récoltes .Au terme de leur formation, les jeunes recevaient chacun une charrue et accessoires pour usage personnel.

    Devenus de véritables moniteurs d'agriculture, ils étaient chargés de prodiguer des conseils aux habitants de leur circonscription et de les inciter à utiliser l'outillage recommandé par l'administration .Il allégeait l'effort physique fourni par l'homme et permettait de réaliser une meilleure exploitation du sol. Il faut reconnaitre que les stations agricoles, avaient été pour les populations de la vallée, de véritables centres d'amélioration de la production à travers la sélection des semences et des plants ainsi que l'introduction de nouvelles variétés à cultiver. Elles avaient également contribué à répandre l'emploi de la charrue.

    Ces efforts déployés dans le domaine de la production, furent d'avantage renforcés par la création des fermes familiales.

    II.3 : Les fermes familiales

    La politique d'accroissement des surfaces cultivées en vue d'obtenir une augmentation de la population, avait amené l'administration à instituer des champs collectifs .Chaque cercle devait consacrer une certaine étendue de terre aux cultures de rente .Ces surfaces mises en valeur étaient communément appelées les « champs du Commandant ». Les récoltes étaient fournies à l'administration .Les chefs de subdivision se chargeaient de communiquer les ordres de canton, qui entourés de surveillants, conduisaient les travaux agricoles.

    Ainsi au nom du Commandant de cercle, des champs vastes, devraient être cultivés par les populations autochtones .Les paysans, n'adhérent pas massivement à cette nouvelle forme de la mise en valeur des terres agricoles .Elle était en désaccord complet avec les habitudes de l'indigène qui n'était plus libre d'organiser le travail .Ce mode de production fut un échec

    Cette nouvelle vision de mise en valeur mit fin à l'existence des champs collectifs exploités au profit des chefs de canton et autorisa la création de fermes familiales dont le rôle consistait à pratiquer la culture attelée et à produire par rotation le coton, l'arachide et le mil.132(*)

    Ces nouvelles structures devaient comporter des maisons d'habitation, des puits et des abris pour protéger le bétail et le matériel agricole. Mais ce projet d'équipement ne fut point réaliser .En plus, elles furent détournées de leur objectif premier en devenant des sortes de champs collectifs exploités par les chefs de canton .Pour éviter les insurrections éventuelles et stimuler la production, l'administration modifia le fonctionnement des fermes.

    Désormais une étendue de terre était allouée à une famille qui avait la charge de l'exploiter par ses propres moyens .Elle recevait de la part des autorités, des semences et des engrais à rembourser en nature. La contrainte semble être abandonnée, mais l'exploitation d'une ferme nécessitait des investissements importants .Le prix d'un attelage variait de 925 ,87 à 941, 78 francs, ce qui représentait une forte somme pour le paysan dont les moyens financiers étaient limités par la baisse des cours des produits et par l'augmentation du taux de l'impôt.

    L'obtention des résultats encourageants, amena l'administration des cercles de la moyenne vallée à mettre des charrues au service des exploitants :  « Nous avons que l'indigène ignore en général les premiers éléments d'une culture rationnelle .En ce qui concerne les conditions d'exploitation, l'expérience a montré que le pays ,dans la majeur partie, ne parait pas mur pour les plantations dirigées par des blancs et qu'il a intérêt à initier le noir à l'usage de l'animal de trait et de la charrue »133(*).

    Les projets de culture étaient dorénavant conçus et exécutés selon la force du travail et les moyens de production dont disposait chaque famille. On remarquait que l'administration consciente des possibilités de la vallée du fleuve à produire des fibres de meilleures qualités, y encouragea la création de plusieurs structures .Loin de se gêner, elle avait oeuvré pour le développement de la production agricole.

    Les chercheurs qui ont travaillé sur la culture du coton ,en l'occurrence en Amérique et en Angleterre, estiment que dans le monde entier le coton doit être un produit récolté par le Négre et, qu'en conséquence l'énergie déployée par les pouvoirs publiques et des Associations devrait porter sur la transmutation de la culture en une industrie indigène commercialement organisée .

    Le Chinois, l'Hindou, le Cambodgien, cultivent également le coton et rien ne tend à démontrer que la prolifique race jaune ne serait pas capable de s'adapter à la culture des pays tropicaux africains. Il est urgent d'éduquer l'indigène afin de résoudre, au moins partiellement, le problème ardu de la main -d'oeuvre .L'initiative prise par les colons s'avère très difficile, du moins impossible dans une région qui ne possède pas les premiers éléments de la civilisation.

    L'enseignement agricole élémentaire, qui parait simple d'une part, présente en réalité d'énormes complications considérables et demande un effort suivi et soutenu .Les conseils, les orientations, les encensements, sont ainsi pour de nuls effets sur les méthodes de culture des noirs. Les inspections des administrateurs et des moniteurs de culture, les palabres et les conseils aux chefs de villages et aux indigènes, le travail dans les champs d'essais, les encouragements sous diverses formes, sont restés presque sans résultat devant la routine et la force d'inertie.

    Des charrues ont été distribuées par des sociétés privées et l'administration. Le noir le range en bonne place dans sa case comme un meuble de luxe et un souvenir de l'industrie du blanc.

    Cela justifie pour autant, que le cultivateur indigène reste foncièrement attacher à son système de culture. Le blanc doit s'efforcer à instruire le noir par un travail de longue haleine134(*)

    Devant les échecs récurrents du passé, des moyens efficaces ont été déployés, débouchant sur la création où seraient pratiqués l'élevage et le dressage des animaux de trait, l'emploi suivi de la charrue et des instruments agricoles, une culture rationnelle du sol.

    La ferme - école recruta des élèves de 16 à 20 ans dans la population agricole des différents districts. L'enrôlement, admet les plus intelligents ; les plus dociles et les plus forts en vue de pouvoir vaquer aux plus durs travaux nécessités par la culture du coton. Ils travaillaient suivant un plan d'instruction comprenant tous les travaux relatifs à la culture et à la préparation du coton.

    Les apprenants y étaient spécialement instruits dans le choix de bonnes graines, l'examen des conditions climatiques ,l'époque et la profondeur correcte de la plantation ,l'emploi pratique de la charrue et des instruments aratoires rationnels ;les soins à donner au bétail de trait ; l'adoption des moyens de transport par animaux de trait ;la réalisation d'engrais naturel ; l'application d'une succession convenable de produits du sol et les mesures nécessaires à l'amélioration des variétés de coton.

    Chaque élève possédait personnellement un champ d'un hectare qu'il exploitait lui-même au cours de sa deuxième année d'école .Les dividendes réalisés sur la moisson jusqu'à sa sortie de l'école lui revenaient de droit. Pour exciter l'émulation, les élèves dont le champ était le mieux exploité et rapportait plus, recevaient des prix. Pendant la troisième année, chaque élève devait planter les meilleurs des graines obtenues dans son champ la deuxième année ; de la sorte, on les guidait dans un choix judicieux de la semence.

    Les élèves touchaient une indemnité mensuelle 12f la première année, et15f la seconde et la troisième année, avec plus, le produit de la moisson de leur petit champ, qui devait servir à leur entretien pendant les premiers mois d'établissement à leur compte .

    Les élèves dont la formation était venue à terme, retournaient dans leur district d'origine où ils s'établissaient sur un terrain concédé par le commandant de cercle ; mais comme plus tard ils avaient encore besoin d'être contrôlés et surveillés, ils n'étaient pas dispersés dans tout le district ; au contraire on les regroupait autant que possible dans des établissements fermés.

    Ces élèves dont l'instruction était terminée, recevaient, à leur sortie de l'école, une pioche, une houe, une fourche à fumier, quatre chaines d'attelage et un sceau ; la commune mettait à leur disposition deux à trois boeufs de trait, de façon à leur permettre d'exploiter leur concession d'une manière rationnelle.

    Il semble que cette méthode d'enseignement, apparemment bien conçue, aurait dû donner d'excellents résultats. Il n'en fut rien .L'administration, abandonna cette forme d'enseignement en mettant en place une nouvelle école dite village - école. Les élèves ne sont pas des jeunes gens isolés, mais de jeunes familles, de jeunes noirs mariés, ayant une ou plusieurs femmes suivants les moeurs de la religion. Ils sont installés comme fermier avec leurs femmes et leurs jeunes enfants .Le moniteur européen a sur eux une autorité toute particulière.

    L'emplacement du village, est choisi le long une voie ferrée ou sur un point du fleuve navigable et régulièrement desservi. L'eau potable et l'eau d'arrosage sont abondantes, la terre fertile, la population locale assez dense afin de profiter de l'exemple et de permettre le développement de l'instruction agricole. Chaque ferme, comprend au moins, la maison d'habitation pour l'élève noir, sa femme, ses enfants et un ou plusieurs auxiliaires ; une écurie, un hangar pour remiser le matériel, un hangar à récoltes, une pompe ou une prise d'eau et les accessoires indispensables.

    Le personnel européen est composé du directeur du village-école, du directeur de la ferme d'essais de culture, d'élevage et de dressage d'animaux de trait ,du missionnaire catholique ou protestant, d'un instituteur et d'une institutrice européens, quatre femmes européennes chargées du dispensaire, d'enseignement ménager, et du bureau de poste, des agents de commerce du comptoir.

    Tableau 1 : Etat des fermes familiales dans les cercles de la vallée du fleuve

    CERCLES

    BONNES

    MAUVAISES

    EN CREATION

    PREVUES

    TOTAL

    Dagana

    7

    4

    8

    2

    21

    Podor

    8

    5

    8

    4

    25

    Matam

    17

    5

    2

    3

    27

    TOTAL

    32

    14

    18

    9

    73

    Source : Archives Nationales du Sénégal, 2G 30 /69, service de l'agriculture des cercles de la vallée.

    TROISIEME PARTIE : L'EVOLUTION DE LA PRODUCTION COTONNNIERE DANS LA MOYENNE VALLEE DU FLEUVE DE 1920 à 1930

    Chapitre I : Introduction de nouvelles variétés en culture sèche

    La guerre avait révélé la fragilité de l'approvisionnement en coton et suscité des efforts de la part de l'Association Cotonnière Coloniale, mais sans amener le pouvoir métropolitain à prendre position. Il fallut attendre, sans l'ombre d'un doute, le déclenchement d'une nouvelle crise du marché, laissant craindre au-delà de la pénurie temporaire une hausse durable des prix, pour qu'il décide de mettre en route une politique de coton colonial.

    Les années d'après-guerre ( 1923 -1924) marquent un tournant dans la politique cotonnière du gouvernement français comme le souligne F.Ch. Hesling dans son rapport de 1931 : « C'est seulement à partir de 1923- 1924 que l'on peut fixer l'entrée du programme cotonnier français dans une phase réellement active et productive .La grande guerre avait révélé la nécessité pour la France d'intensifier sa production coloniale pour se procurer chez elle, le plus possible les matières premières nécessaires pour son industrie ».

    C'est à partir de cette date que l'on constate un véritable essor de la culture cotonnière en Algérie et au Maroc, dans les Etats du levant sous mandat français ,en A.O.F et en A.E.F.Grace aux premiers efforts de l'Association Cotonnière Coloniale servant d'exemple, grâce aux initiatives de certaines sociétés de coton colonial les unes et les autres secondées par l'industrie cotonnière métropolitaine, grâce enfin à la nouvelle politique cotonnière instaurée à partir de 1923-1924 par les pouvoirs publics et plusieurs gouvernements coloniaux, il est tout d'abord acquis d'une façon indéniable aujourd'hui que nos possessions extérieures, sont d'une façon générale particulièrement aptes à la culture du coton 135(*)

    Le Gouvernement Français, attache une importance remarquable, aux essais de culture du coton .Ces expériences ont été, sans doute, entreprises dans différentes régions de la colonie. La question cotonnière présente, en effet un caractère très particulier d'intérêt et d'actualité aussi bien pour l'avenir économique de la France que pour celui des industries vitales de la métropole. C'est à juste raison que le Gouverneur a adressé une correspondance aux commandants de cercle de la colonie : «  c'est pour ce motif que dès l'année dernière ,je vous ai demandé instamment de prêter tout appui de votre autorité au représentant de l'association cotonnière coloniale chargé par ce comité de procéder dans vos cercles à des tentatives d'introduction de meilleures variétés de coton exotique .Il a été décidé depuis dans les régions qui conviennent le mieux à la culture du coton et qui se trouvent situées avantageusement par rapport à nos principales voies de communication »136(*)

    Le coton, avait véritablement constitué la majeure partie des produits récoltés dans les subdivisions dépendant du cercle de la vallée .Il faisait l'objet de soins particuliers et l'évolution annuelle du rendement fut sensible.

    Traditionnellement, le coton est cultivé pour les besoins de la consommation locale dans l'est du territoire et dans la vallée du fleuve. Après de nombreuses tentatives de développement, en particulier dans la vallée et après la guerre 1914-1918, l'effondrement des cours mondiaux en 1932, provoqua l'arrêt brusque des achats par les maisons de commerce, et depuis cette époque le coton du Sénégal ne figure même plus dans les statistiques de production.

    Toutefois, des possibilités de culture de certains cotonniers et surtout l'utilisation de toutes les ressources du territoire, le problème cotonnier a été reconsidéré en 1954 dans les zones marginales du bassin arachidier.

    A cet effet, une collaboration avec le C.F.D.T a été élaborée en vue d'une étude des possibilités de culture de cotonniers autochtones par des variétés plus productives en haute vallée .

    I.1 : A Dagana

    Pendant la période coloniale, les Français construisent des forts sur les côtes, pour le commerce, mais ne pénétrèrent l'intérieur des terres que deux siècles plus tard. Pour exploiter ces possessions, les colons français mettent en place une structure nommée 'la compagnie royale d'Afrique ''. Cette structure chargée de développer le coton Sénégalais, échoua lamentablement dans une première tentative en envoyant des esclaves de Jamaïque en1720.

    La hausse des cours mondiaux accroit les besoins en coton .Le baron Pierre Barthélémy Portale d'Alba Rades, ministre de la marine et de la colonie, nomme le colonel Julien Schwartz (1771-1827) gouverneur Français du Sénégal. Il était chargé de lancer un vaste plan de colonisation agricole137(*).On essaya alors les espèces de coton indigène venant du Fouta-Toro où les soninkés disposent une longue tradition cotonnière. Ces essais échouent suite aux hostilités de l'empire toucouleur à la colonisation française. Cette opposition lui força d'aller plutôt chez les wolofs dans le walo138(*).

    Les essais d'expérimentation de Jean Michel Claude Richard (1787- 1849) que le baron Jacques François Roger lui demande de créer en 1822 à Richard -Toll, petit fort à l'embouchure du fleuve Sénégal ; entre 1822 et 1825 Richard -Toll produisait 50 tonnes de coton bruit par an139(*), mais cela était insuffisant pour couvrir les besoins de l'industrie métropolitaine.

    La forte croissance économique mondiale des années 1850 crée une demande importante de l'industrie textile ce qui incite la France à expérimenter à nouveau la culture irriguée du coton à Richard-Toll, puis en Casamance, et dans la vallée du fleuve Sénégal, des expérimentations qui resteront sans suite .Pendant la pénurie de fibre blanche causée par la guerre de sécession américaine à partir de 1863, Louis Faidherbe, militaire français chargé d' administrer le Sénégal favorise à nouveau les plantations.

    En 1862, la question fut reprise par l'autorité administrative et des essais de culture sous irrigation furent tentés à Richard-Toll sous la direction de M.Lagard. Les quantités de coton fibre exportés du bas Sénégal furent de :

    -40 000 Kg en 1863,

    -50 000Kg en 1864.

    Cependant, cette nouvelle tentation ne donna pas de résultats satisfaisants que celle de 1820.

    Pendant la pénurie de fibre blanche causée par la guerre de Sécession américaine à partir de 1863, Louis Faidherbe, militaire français chargé d'administrer le Sénégal favorise à nouveau les plantations. Les expériences de Théodore Lecard directeur du jardin botanique de Richard Toll, ont montré en 1865 que les rendements étaient plus que décuplés en culture d'irrigation, atteignant 200 à 300 kilos de coton par hectare mais pouvant dépasser 1 150 kilos pour les bonnes terres.

    Ces expériences furent reprises en 1903 par Henry Rabaud un négociant de Saint-Louis, du Sénégal, sous l'impulsion de l' Association cotonnière coloniale140(*). C'est surtout le bassin du fleuve Niger qui est alors jugé éventuellement porteur par les Français en Afrique Occidentale et c'est dans cette optique que l'irrigation est envisagée. II n'y a pas à tenir compte des anciennes tentatives de culture du coton faites au Sénégal vers 1825 (...) que 1a mauvaise foi des colons a fait échouer", écrit alors l'inspecteur général de l'Agriculture aux Colonies Yves Henry .

    De nombreux essais furent tentés, très prometteurs lorsque la culture était bien conduite et le sol abondamment fumé. Le service agricole de Richard-Toll avait enregistré 250kg à l'hectare avec la variété égyptienne MIT-AFIFI140(*). La station agricole de Diorvivol enregistre jusqu'à 300 kg à l'hectare d'où une légère baisse des rendements après deux années de culture, mais la moyenne pour les six années d'expérience reste élevée : 2000 à 2500 kg à l'hectare. Ces essais s'avèrent très décevants lorsqu'on s'attacha à réduire à l'extrême les frais de culture.

    Toutefois, l'administration coloniale s'évertue à introduire des variétés américaines en terrains inondés .Ace effet, un champ d'expérience élaboré par des indigènes, fut établi sous la surveillance directe d'un agent de culture M. Claveau. Ainsi, à l'entame des cultures faites entièrement par les indigènes avec des graines de Mississipi, ses essais réalisés dans les terrains inondés de Dagana, sont voués à l'échec : « Les champs des cotonniers indigènes ayant été entièrement détruits par l'inondation .M ; le lieutenant- gouverneur a autorisé la distribution environ d'une tonne de graines »141(*) .Toutes les cultures ont été entièrement détruites. A plusieurs reprises, dans cette partie de la moyenne vallée, les sauterelles se sont abattus sur les champs de culture et ont complètement dévoré les cotonniers .Toutefois, des cultures de coton ont été lancées à Matam.

    I.2 : A Matam

    Les essais dans le cercle de Matam furent conduits par un agent de la C.F.D.T142(*) assisté des moniteurs d'agriculture locaux. Le but cherché, était l'implantation de la culture du coton dans le cercle des cultures de crue sur terres coutelières habituellement réservées aux mils ou aux maïs. La récolte du coton, est une longue opération qui exige beaucoup de mains d'oeuvre.

    On estime qu'une personne peut récolter 3 kg de grains par jour .Le total des superficies ensemencées, est de l'ordre de 400 Ha dont 3 /5 sont en « fondé » le reste en « diéri ».

    La récolte, abondante qu'elle soit, avait été utilisée sur place à la confection des bandes de tissus. La valeur locale d'échange du coton est celle qui est rattachée au mil avec le plus de rigueur .Le prix pratiqué en 1924 à Matam, varie entre 45 et 55 F le Kilogramme.

    En 1925, époque à laquelle, le prix du coton avait subi une hausse considérable, la production atteignit 700 tonnes et 200 tonnes furent exportées dont les 4 /5 en provenance de Matam143(*).

    Des semences furent distribuées, la propagande pour le coton fut pressante et vers 1926, on signale l'achat de 400 tonnes de coton graine dans le haut fleuve. Le cultivateur satisfait du prix de 2F.5O qui lui est alors offert, intensifie sa production, des marchés de coton sont ouverts et en 1926, la société industrielle et commerciale (S.IA.C.O.F) installe à Matam, une usine d'égrenage comportant trois égreneuses de 70 scies chacune. Devès et Chaum exportait 65 tonnes sur le Soudan et que l'on estimait à 45 tonnes les quantités achetées par les petits traitants locaux.144(*)

    La S.I.A.C.O.F se mit donc à péricliter rapidement, les frais de transport du lieu de production à l'usine étaient trop élevés. En effet, les frais généraux de cette usine gravant trop lourdement l'affaire. Les prix pratiqués à l'achat deviennent vite inférieurs à ceux offerts par les concurrents locaux, si bien qu'en 1929 la société de prévoyance du cercle fut amenée à soutenir la S.I.A.C.O.F en versant une prime de 0F25 / Kg aux cultivateurs qui ravitaillaient l'usine. C'est pourquoi sur une note au sujet de la culture du coton dans la vallée du fleuve Sénégal : « Des diverses tentatives effectuées au Sénégal pour développer dans cette colonie la production cotonnière ; il ressort que la médiocrité des résultats obtenus à ce jour est dû surtout d'une part à l'insuffisance des prix offerts par le commerce intérieur à ceux pratiqués dans les transactions locales, d'autre part aux difficultés d'égrenage et d'évacuation du produit » 145(*)

    Le coton brut, en effet, en raison de son faible rendement à l'égrenage, est d'un transport onéreux sur de longue distance, il est donc indispensable qu'il soit défibré sur place ce qui semble pouvoir être réaliser par la mise en marche dans la région cotonnière envisagées de petites usines de faibles puissances ou encore mieux à l'aide du grand mobile. Depuis 1937, les messageries du Sénégal n'ont plus transportées du coton, si l'on excepte en 1948, 32 tonnes en provenance de Matam.

    L'action de l'administration pour l'amélioration des techniques, s'est appliquée à l'égrenage et au tissage .C'est sous ce rapport que : « l'Association Cotonnière Coloniale devait se consacrer à toutes les questions d'ordre économique et d'ordre industrielle, principalement à l'organisation d'un système d'achat et à l'installation d'usine d'égrenage au moyen d'argent qu'elle enverrait dans la colonie  »146(*).

    Une usine d'égrenage, propriété de la Société indigène de la prévoyance (S.I.P) de Matam ou plus exactement du fonds commun, a été installée à Ouandé pendant la seconde guerre mondiale.

    La S.I.P147(*) installée durant les dernières années de guerre, a approvisionné l'hôpital de Saint-Louis en bandelettes et en coton bruit. A Matam même existait jusqu'en 1944 une usine analogue, mais plus importante appartenant à la F.A.O .Les essais pour l'introduction du métier à tisser semi-perfectionné, se bornèrent à débiter des bandes de 65 m de large produites par la S.I.P de Matam.

    Ce métier fut installé dans le plus gros centre de production du cercle, au domicile même du chef de canton où un moniteur venu également au Soudan, eut fait d'en apprendre pendant la seconde moitié de la seconde guerre mondiale. Ce métier approvisionna en nappes, serviettes, draps de lit, voire peignoirs de bain d'une solidité à toute épreuve, un grand nombre de fonctionnaires.

    I. 3 : A Podor

    Un peu avant l'arrivée à Thilogne et de à Oréfondé, se trouvent de nombreux champs de coton. L'essor de la production du coton à Podor fut soutenu par une meilleure méthode de culture, un renforcement de la protection des peuplements contre les feux de brousse et une multiplication du nombre de plantations .La production avait beaucoup souffert du mode de culture .L'absence de moyens appropriés, amenaient les indigènes à des productions dérisoires et quasi faibles .L'administration parvint à mettre fin à ces pratiques en imposant l'emploi d'une gaule ou d'un crochet .Cet instrument permettait de cueillir la fibre blanche sans détériorer le cotonnier.

    De nouvelles variétés furent introduites comme Allen .Yves Henry avait déjà amené à concevoir la culture du cotonnier par l'indigène en pleine zone inondée après le retrait des eaux et le ressuyage des terres .Les expériences de cultures irriguées à Podor, faites industriellement sous la direction des européens, avaient montré qu'on pouvait obtenir les mêmes résultats qu'en Egypte.

    Toutefois, la compagne dans cette région a été engagée dans de très mauvaises conditions. L'agent agricole de la C .F.D.T est arrivé sur les lieux très tard alors la décrue a commencé un mois avant. Les terrains étaient mal préparés, les semis étaient mal faits ou exécutés avec bien du retard. Les sarclages et les binages indispensables n'ont pu être obtenus de la part des cultivateurs. Enfin les troupeaux ont commis des dégâts très importants .La récolte serait dérisoire et le principal enseignement de la campagne fut de montrer ce qu'on ne devait pas faire .Cependant des renseignements intéressants étaient obtenus ; l'expérience montrait :

    - Que la culture à contre saison est possible dans la vallée du Sénégal et que le cycle végétatif du cotonnier est voisin du mil.

    - Qu'il est très important de semer le plus tôt possible après le retrait des eaux.

    - Qu'il faut semer des variétés à cycle cour, à floraison précoce. Le nombre des capsules est moins élevé, des chances de fluctuation sont plus grandes. Des variétés testées, Bar, Pima, Allen, l'une d'elle est à éliminer, c'est le Bar. Le plant lui-même résiste très bien aux chaleurs, mais donne ses capsules tardivement et ne peut les mener à maturité complète.

    Outre des questions concernant la culture proprement dite et l'installation des usines d'égrenage, le pouvoir colonial se préoccupait aussi de développer du personnel de second rang composé d'un nombre très insuffisant d'européens148(*).Il est tout aussi, envisagé de doubler ce personnel supérieur d'un personnel de second rang susceptible de le seconder, voire de le remplacer pendant les périodes de congé ou en cas de maladie .Un troisième rang est prévu à travers la formation d'un personnel européens et indigènes, des mécaniciens, des employés agriculteurs.

    Tableau n°2 : Les rendements de l'essai inter variétal

    Variétés

    1°Récolte

    2°Récolte

    Total par Variété

    Rendement à l'hectare

    ASHMOUNI

    0

    11,984

    11,984

    168 kg

    MESSILA VALLEY

    12,101

    4,161

    16,262

    223,5 kg

    LIGHTNING EXPRESS

    18,462

    3,207

    21,669

    304,01

    PAYMASTER

    17, 743

    5,589

    23,332

    327,4

    AGALA

    10,180

    10,090

    20,270

    284,4

    ALLEN

    4,894

    4,953

    9, 847

    138,2

    Source : Rapport sur la culture cotonnière dans la vallée du fleuve Sénégal, par J. Maymard, ORSTOM, Juin 1959

    Chapitre II : La crise agricole : 1931à 1934

    Les Etats Unis, ayant profité de la guerre, sont dans une période de grande prospérité économique .Dans le même temps, l'Europe entame sa reconstruction .L'euphorie économique entraine rapidement une crise de surproduction, qui entraine la saturation des marchés débouchant sur une crise boursière aux Etas Unis .Celle-ci se propage rapidement en Europe et dans le reste du monde avec des conséquences sur le plan économique et social.

    A partir de 1930, l'Afrique Noire enregistra un net recul de sa production agricole .

    Il en résulta de la dépression qui n'avait épargné aucun secteur de l'économie occidentale.

    II.1 : La genèse de la crise

    Durant la première moitié du XXe siècle, l'économie de l'Occident fut marquée par le développement de la production industrielle, l'accroissement des échanges commerciaux et l'imbrication des systèmes monétaires et bancaires. Ces mutations donnaient un nouvel aspect à la crise économique .En effet, liée à la surproduction industrielle, elle devenait plus longue et plus grave. Ce fut le cas en 1929.

    La crise débuta par un Krach149(*) sans précédent à la bourse des valeurs de New York qui provoqua la dépréciation des valeurs et la ruine des banques .Le marasme économique , monétaire et financier s'installa aux Etat Unis d'Amérique qui représentaient un impressionnant poids économique dans le monde avec une production industrielle estimée à 45%.Il se transforma en une crise internationale : « Au congrès des filateurs et des planteurs tenu à Atlanta(Géorgie),les planteurs des Etats du Sud qui forment l'élément prédominant de la production américaine firent connaitre aux industriels leur décision de se regrouper et de ne livrer le coton qu'au prix qui leur conviendrait .Ce groupement de producteur qui exigeait d'abord un prix de 15cent livre surgissait à une époque où, après une forte récolte de l'année précédente ,une récolte estimée abondante devait largement pourvoir le marché et alors que les hautes prévisions de la consommation mondiale ne se réalisaient pas .On sait la forte crise financière et économique qui survit aussitôt en Amérique et s'étendit au monde entier, amenant une dépression très grave sur le marché cotonnier »150(*).

    En 1931 , la fermeture du « Kreditanstalf » ,la plus importante banque de Vienne, entraina une crise monétaire en Europe qui avait jusqu'ici résisté comparativement à l'Amérique et le nouveau monde c'est-à-dire l'Australie et la Nouvelle Zélande151(*).Au début de la dépression économique , la France avait été soutenue par la solidité de sa monnaie .Il y avait eu l'afflux des capitaux et une croissance industrielle favorisée par une réorganisation de la production qui s'appuya sur la constitution d'un vaste marché .Mais , elle avait fini par être touchée à son tour par la crise .

    Son économie fut alors caractérisée par une diminution des profits industriels, provoquée par la baisse de la production et des prix. En France, 1200 industriels et 6 millions ouvriers environ peuvent être ruinés ou plongés dans la misère par l'arrêt de l'approvisionnement.  

    En 1932, les exportations des cotonnades de la France passèrent de 30 000 à 17 000 tonnes. L'industrie textile ne parvenait à faire fonctionner que 63% des broches contre 70% pour les autres pays152(*)

    Tous les secteurs industriels, sans exception, firent, sans doute, durement atteints. Le revenu agricole, l'investissement et l'épargne, reculèrent considérablement avec la faillite de plusieurs établissements bancaires parmi lesquels figurait la Banque National du Crédit.

    La crise s'y manifesta également par un fléchissement de l'indice qui n'atteignait que 68 contre 100 .Malgré une réduction du temps de travail, le chômage progressa. Le nombre de chômeurs passa de 270 000 en 1932 à 500 000 en 1935.A la même année, les recettes budgétaires furent évaluées à 39 milliards alors qu'elles avaient atteint 50,7 milliards à 60 milliards153(*).Alors que le gouvernement décida de réduire de 10% les dépenses de l'Etat.

    La crise boursière qui éclata à Wall Street le 24 octobre 1929 (le jeudi noir)154(*), et se répercuta sur les autres places financières occidentales déboucha sur la plus grande crise économique que le monde ait jamais connue : faillites en cascades, effondrement des prix, notamment des matières premières agricoles, chute de la production industrielle. Désormais liés à l'économie européenne et mondiale, l'Afrique en général et le Sénégal en particulier  n'ont pas put échapper aux effets de la crise : « courroie de transmission jouèrent à plein, sur le plan financier, avec la baise des capitaux disponibles et des difficultés d'investissements qui en découlèrent, et sur le plan commercial, du fait des problèmes de surproduction mondiale et de la chute des prix. Chaque colonie fut influencée par le marasme plus ou moins persistant dans sa métropole de tutelle ainsi que par les aléas des politiques, souvent inefficaces, mises en oeuvre pour assainir la situation »155(*)

    En résumé, la France connut le passage d'une phase de prospérité caractérisée par une intense activité économique à une phase de dépression. Sa situation économique sera redressée plus tard grâce à une relance des investissements, l'accroissement de la production, la maitrise de l'inflation, l'équilibre de la balance commerciale et la stabilité du franc. Des conséquences sans précédent vont se répercuter inlassablement dans la vallée du fleuve.

    II.2 : La crise de 1930 et le congrès national du coton de 1931

    En faisant baisser brutalement et durablement les cours de toutes les matières premières, la crise va changer les données du problème. Le gouvernement français, secoué par cette crise, réagit par une politique de soutien des prix des produits coloniaux, qui furent achetés à un prix supérieur aux cours mondiaux par le biais des primes à la production. Ce choix se justifie par la volonté de rattacher les colonies à l'économie nationale, face à la montée du péril allemand et aux revendications coloniales de cette puissance.

    Cependant, contrairement aux autres cultures, le coton ne bénéficia que passagèrement de cette aide, du fait de la légère remontée des cours de la fibre puis de leur stabilisation. Quelques mesures générales furent prisent au plus fort de la crise, alors que le prix de revient du coton d'Afrique noire était supérieure au cours mondial, afin de permettre le maintien de la culture. Une prime à l'exportation fut accordée par un décret présidentiel du 8 mai 1931156(*).

    Localement un arrêté du Gouverneur général de l'A.O.F du 1ér Décembre exempta temporairement de la taxe sur le chiffre d'affaire du coton exporté ; les tarifs de l'usinage furent abaissés, passant de 700 f la tonne à 500 f en 1931puis 300 tonnes en 1932 ainsi que ceux des chemins de fer et des ports .Ces mesures furent que transitoires et les aides dont bénéficiaient les producteurs de l'Afrique française restèrent bien inférieures157(*).

    M. Waddington, président de l'A.C.C, avait pour mandat d'assurer la promotion et la vulgarisation de la culture du coton en Afrique noire : « Il faut que notre production se défende par elle-même ;que le coton justifie sa raison d'être non par une culture artificielle, exceptionnellement soutenue, par l'établissement d'un prix de revient lui permettant lui permettant de se défendre sur le marché et de laisser un bénéfice au producteur comme à l'importateur. »158(*)

    III.3 : La répercussion de la crise dans la vallée

    Quel lien peut -on établir entre le Krach boursier survenu aux Etas Unis d'Amérique qui toucha toute l'Europe Occidentale et la crise ressentie en Afrique ? L économie coloniale était intégrée au commerce international et aux institutions financières .Le négoce africain était basé sur un certain nombre de produits vendus en Europe et leur prix dépendait de l'évolution des cours mondiaux. Entrés dans le circuit monétaire, les cercles de la vallée du fleuve ne pouvaient pas échapper aux conséquences et incertitudes subies par l'économie mondiale.

    Au même titre que la métropole, il était appelé à faire face aux fluctuations de prix de matières premières, aux difficultés monétaires et aux crises financières .Retenons tout de même que les manifestations de la crise en Afrique n'avaient été identiques à celles observées en occident. Elles n'avaient connu ni la même évolution, ni la même ampleur.

    L'Afrique Noire est touchée par la crise en 1931159(*) .Elle se manifesta par une nette diminution des récoltes liée à la dévalorisation du prix des produits160(*).La dépréciation du cours des denrées destinées à l'exportation, provoqua des perturbations au niveau du commerce et eut des répercussions sur les prévisions budgétaires .En effet, les recettes provenant des droits de douanes diminuèrent .

    Dans le budget de l'Afrique Occidentale Française, elle n'intervenait qu'à 41% en 1931 contre 72% en 1928161(*).Comparativement à certaines possessions françaises d'Afrique Occidentale à l'instar de la Cote d'Ivoire, la Haute Volta constituait une colonie à économie de marché peu développée. Ces ressources étaient fort limitées. Cette situation financière fit l'impôt de capitation l'une des plus importantes sources des recettes budgétaires. Il y contribuait à près de 80%.

    La baisse du prix de vente des produits agricoles, entraina des difficultés pour le paysan de s'acquitter de son impôt. La colonie fut alors confrontée à un blocage administratif suite à une impasse budgétaire .Or en 1900, le parlement français avait voté le principe de l'autonomie financière selon lequel, chaque territoire de l'empire devait prendre en charge les frais de fonctionnement de son administration exception faite des dépenses militaires.

    Un régime de confiscation sans précédent, mettait en grand danger la sécurité vivrière des ménages. La crise a frappé de plein fouet les habitants de la moyenne vallée, réduisant encore plus les productivités des cultures à cycles longs comme le coton. La crise de 1929, la sécheresse s'ajoutant à la culture forcée du coton et la faiblesse des prix sur le marché, accrurent une situation déjà alarmante .De graves disettes frappèrent tout le cercle. Les prix officiels du marché étaient très bas avec un kilo de coton vendu à 0,65 F. Comme l'exprimait avec indignation au Gouverneur, dans une lettre au Gouverneur Général en aout 1932, « les prix de vente actuels sont de véritables prix de famine »162(*).

    En fait, le tonnage vendu sur les marchés locaux, est très vraisemblablement sous-estimé. Le service des textiles pouvait calculer le tonnage exploité à partir des relevés effectués par des personnes intervenant dans l'engrenage pratiqué dans les cercles de la vallée.

    Evaluation de la production du coton indigène de 1931à 1934 (Tonnes)

    Variétés

    1931

    1932

    1933

    1934

    N'Dar-N'Gau

    700

    595

    523

    654

    Mokho

    60

    45

    34

    54

    N'Guiné

    100

    70

    25

    80

    Source : Archives Nationales du Sénégal, 1/R00035 : Culture du coton : Rapport généraux au Soudan, au Dahomey, Togo et Sénégal.

    Chapitre III : L'intensification de la production du coton dans la vallée 1935 à 1959

    L'année 1935 avait été marquée par un redémarrage des activités agricoles dans toutes les circonscriptions administratives de la colonie du Sénégal .Plusieurs facteurs avaient concouru à ce développement.

    III.1. Les facteurs à la production du coton dans la vallée

    Pour relancer l'agriculture coloniale, la conférence impériale tenue en 1935, proposa de diversifier encore les cultures163(*). Sans écarter cette mesure qui pouvait donner élan à la production, on avait préféré s'appuyer sur l'impôt et l'aménagement du fleuve pour faire augmenter le rendement des terres cultivées.

    III.1.1 : Le renforcement du régime fiscal

    Il ressort de l'analyse de l'organisation des cultures, l'absence d'un incident économique favorable au développement de la production .L'emploi d'un outillage rudimentaire et la fixation d'un bas prix à la production, ne pouvaient inciter le paysan de la vallée à s'adonner entièrement aux cultures de rente164(*). Notons que, l'organisation traditionnelle de la société basée sur la consommation au sein de la famille, procurait aux populations une subsistance165(*).

    Il fallait donc recourir à d'autres mesures, pour amener le paysan de la vallée à s'intéresser davantage à la culture du coton .Alors, l'administration se servit de l'impôt de capitation payé annuellement par tous les indigènes de la vallée, exception faite des personnes âgées, des infirmes et des enfants ayant moins de 8 ans. Cet impôt de capitation a été formellement institué dans les cercles de la vallée dans les années 1900 à la suite de la promulgation de la loi de l'autonomie financière.

    Établi dans les colonies un tournant du XIXe siècle, l'impôt de capitation fut conçu comme le moyen le plus efficace devant permettre de trouver les ressources financières indispensables à la mise en valeur des terres nouvellement occupées. En théorie, l'impôt est un tribut versé à l'Etat qui n'a pas pour contrepartie un avantage particulier reçu par le contribuable. Son but premier doit être de transférer la maitrise des ressources économiques des prestataires à l'Etat pour que celui-ci les utilise directement.166(*)

    Cependant, le pouvoir colonial eut une autre vision de l'impôt. La justification de celui- ci trouvait ses racines au sein même des grandes théories de la colonisation, se référant au « lourd fardeau de l'homme blanc » qui se devait d'apporter les lumières de la colonisation occidentale chez les peuplades engouffrées dans les ténèbres des tropiques.

    En effet, les primitifs devaient fournir une contribution pour mieux bénéficier des bienfaits de la civilisation européenne. Dans les milieux coloniaux, le choix était net : la pacification, l'accès à la civilisation, la protection doivent être compensés par un tribut167(*)Ainsi l'impôt apparait comme « la juste rétribution des efforts du colonisateur, l'application normale du droit absolu d'obliger les populations noires, auxquelles il apporte la paix et la sécurité, à contribuer dans la mesure de leur moyen aux dépenses d'utilité générale ».168(*)

    Aux yeux du colonisateur, l'impôt constituait un moyen efficace d'incitation au travail, de lutte contre la paresse, le farniente, l'oisiveté, l'inaction, en somme un vigoureux levier susceptible de vaincre le fatalisme, de promouvoir la responsabilité et de prouver l'obéissance des paysans à l'autorité établie. On peut distinguer ainsi trois fonctions de la fiscalité coloniale :

    - une fonction budgétaire qui avait pour but d'assurer la couverture des dépenses publiques. C'est le sens de la loi des finances du 13 avril 1900 ;

    - une fonction économique qui a pour but l'investissement et l'épargne ;

    - Et une fonction morale et sociale, car habituant les indigènes au travail par conséquent à l'amélioration de leur condition d'existence.

    En vérité la fonction budgétaire est la plus valable car la logique coloniale s'intéressait beaucoup plus à la mise en place des structures d'exploitation et de domination qu'au bien-être social des populations indigènes.

    Dans l'imaginaire colonial, la capitation avait pour conséquence l'obligation de chercher des ressources pour s'en acquitter, et par la suite créer le goût du travail chez les paysans dont la capacité d'activité était limitée par la mollesse que favorisait un milieu naturel peu charitable.

    Tel était l'argumentaire utilisé par le colonisateur pour justifier cette décision sans doute empirique au point de vue idéologique, mais qui a été surtout dictée par des raisons politiques par le désir de sauvegarder les intérêts économiques de la métropole.

    La colonie se trouvait dans l'obligation de faire fonctionner l'appareil administratif et de mettre sur pied des équipements nécessaires à son essor. A cet effet, la colonie devrait être administrée avec le minimum de frais et de maximum de frais financier de la part des administrés169(*).Le fonctionnement de la colonie ne doit rien valoir à la métropole.

    Cette vision met en lumière la question essentielle en matière d'organisation des finances coloniales : « Au point de vue des finances publiques, la colonie idéale, pour une métropole serait celle qui couterait rien au budget de l'Etat .Ce rêve on pourrait même le pousser encore plus loin en cherchant dans les revenus du pays colonisés, un apport aux recettes générales de la puissance souveraine de laquelle il dépend »170(*)

    Comment est-il devenu un progrès dans le domaine agricole ? Jadis, les activités des paysans de la vallée étaient limitées .Ils pratiquaient une agriculture de subsistance et la pratique du troc lui permettait de se procurer d'autres produits. Plus tard l'introduction de la monnaie dans les opérations commerciales n'avait fait qu'augmenter que de très faiblement leurs revenus alors que l'impôt de capitation était payé en espèce. Pour s'en acquitter, le cultivateur fut obligé de produire des matières premières achetées par les maisons de commerce et livrées aux industries européennes.

    Ainsi, l'accroissement du taux de capitation provoquait nécessairement une augmentation des récoltes. Il fallait produire davantage pour se procurer l'argent nécessaire à la capitation. Celle-ci devint donc un puissant moyen de pression. Son taux variait par cercles et par catégories sociales .Les variations avaient également lieu d'une année à une autre.

    Certes, il existait dans la vallée un service financier, mais la répartition et la perception de l'impôt de capitation relevaient directement de l'autorité du Commandant de cercle.

    Les rôles étaient établis après le recensement de la population. Généralement, les chiffres étaient surévalués afin de dégager un surplus considérer comme étant l'impôt en proportion de leur population réelle. Les chefs traditionnels exerçaient la fonction de collecteur et percevaient 1% des sommes versées à l'administration.

    Au cours des années, le taux de l'impôt de capitation avait évolué de manière suivante :« Chaque révision de l'assiette fiscale correspondait à l'extension des surfaces mis en valeur. Au début de la saison des pluies, un administrateur du cercle rappelait le rapport existant entre l'impôt et le travail agricole en s'adressant aux paysans en ces termes : « vous avez dans la terre votre impôt et le mariage de vos filles »171(*).Soumis rarement à des abattements, l'impôt de capitation fut un moyen d'incitation à la culture des produits tropicaux .Il fallait alors faciliter l'écoulement de la production.

    Tableau 4 : Evolution de l'impôt de capitation de 1920 à 1940

    1920

    3 à 5F

    1935

    15 à 20F

    1925

    5 à 6F

    1940

    20 à 25F

    1930

    10 à 13F

     
     

    Source : J.O.S., Décret du 4 juillet 1920 portant l'unification de l'impôt au Sénégal.

    III.1.2 : L'aménagement de la vallée du fleuve Sénégal

    Durant la première période de la colonisation française, la logique d'envol du fleuve, répondait avant tout à des objectifs de navigabilité. Au XIXe siècle en effet, des intérêts à la fois militaires et commerciaux font du fleuve un foyer nourricier et civilisateur.

    D'importance militaire, car les autorités coloniales y trouvent un vecteur d'expansion (1a conquête de la haute vallée se termine effectivement vers 1885), commerciale, car derrière l'opiniâtreté des pouvoirs impérialistes, se trouve aussi celle des grandes industries françaises, qui visent des matières premières bon marché et découvrent dans le fleuve une voie de pénétration du commerce européen vers le Soudan pour l'arachide, la gomme arabique et le coton.

    Cette contrariété, rendait obligatoire la connaissance du fleuve et de ses fluctuations de son économie. Il va falloir ainsi disposer aujourd'hui d'une remarquable chronique des écoulements depuis le début du siècle.172(*) Le développement des capacités agricoles, va devenir, de 1910 à 1960 l'objectif ultime de la colonisation. Jusqu'à la seconde guerre mondiale, le développement du fleuve, était perçue par les autorités coloniales comme un moyen de produire du coton au profit de la métropole alors qu'après 1945 ce développement favorisera la riziculture, plus au profit des populations indigènes.

    Au début du siècle, l'exemple de la réalisation par les anglais du barrage d'Assouan et de la mise en valeur réussie de la vallée du Nil, font rêver les autorités coloniales .Elles pensent tout naturellement à faire de même avec les vallées du Niger et du Sénégal. Car à cette époque l'enjeu majeur, c'est la production de coton: les industries textiles françaises sont en effet dépendantes d'importations en provenance des États-Unis et de l'empire britannique : « L'industrie cotonnière européenne se trouve, pour l'obtention de sa matière première, dans la dépendance très étroite des Etats Unis .Cette dépendance a mis depuis une vingtaine d'années, mis à chaque instant en péril le fonctionnement régulier ou même l'existence de nos filatures et les industries qui en dépendent. Et les crises graves qui se sont succédé, ont montré impérieusement la nécessité qu'il y avait pour l'Europe et la France en particulier, à s'assurer une source de production du coton »173(*)

    L'association cotonnière coloniale, créée dans cette optique, entreprend des essais subventionnés de culture irriguée de coton à Richard-ToIl en 1909. La première récolte est très prometteuse mais le rendement décline rapidement. Et la crise climatique qui survient entre 1912 et 1916 (62 % d'écoulements en moins lors de la saison des pluies 1913-1914) sonne le glas de la culture du coton à l'embouchure de la Taouey : la remontée de l'eau salée a perturbé l'irrigation. Les essais entamés dans la vallée du fleuve, sont alors arrêtés pour manque de rentabilité. Pourtant d'après les responsables de l'exploitation agricole, il aurait suffi d'empêcher la remontée saline d'entrer dans le lac de Guiers (par un barrage) pour remédier à ce problème.

    On commence ainsi à se soucier de la réserve d'eau douce que constitue le lac de Guiers. En 1914, plusieurs missions scientifiques destinées à améliorer les rendements agricoles, prospectent la région de la vallée.174(*) Elles font ainsi prendre conscience de l'interdépendance du fleuve et du lac ; mais aussi de la valeur du lac lui-même, en raison de la qualité de son eau et de l'utilisation agricole par irrigation qu'il permet.

    La période de l'après-guerre, avec la reconstruction des régions dévastées puis la crise économique, amène la métropole à comprendre l'intérêt de mettre en valeur l'Empire. Un programme d'action et de recherche est élaboré, avec au premier plan l'hydraulique agricole.

    En ce qui concerne le choix de culture, on pense en priorité au coton mais aussi au riz, dont les importations asiatiques avaient été entravées par la guerre175(*). L'ingénieur Émile Belime (par ailleurs pionnier du développement du fleuve Niger) est envoyé en "éclaireur" afin de déceler les possibilités de valorisations de la vallée du fleuve Sénégal. Son rapport de 1922, d'une rigueur et d'une richesse étonnante, va marquer l'histoire du développement du fleuve dans la mesure où il contient déjà, en substance, l'ensemble des propositions d'aménagements futurs : « le cotonnier américain ou égyptien pouvait donner de bonnes récoltes dans la vallée du fleuve pourvu qu'on y pratique l'irrigation .Mais devait pratiquer l'irrigation que si le cotonnier devait une culture rentable d'exportation d'ouvrage hydraulique et de l'aménagement agricole des terres »176(*)

    Même si sa conclusion d'alors fut justement d'en mettre en doute l'utilité un diagnostic sur lequel il reviendra partiellement dans son second rapport de 1934. A savoir :

    - la prise de conscience que la culture traditionnelle de décrue est aléatoire (la sécheresse de 1913 l'a prouvé). "Quelles que soient les améliorations qui pourraient être apportées au régime de l'inondation naturelle, il subsistera toujours dans ce mode de culture un aléa d'ordre climatique qui lui enlèvera toute sécurité"177(*).

    - la constatation de la difficulté de la culture cotonnière dans la basse vallée car le cotonnier requiert un sol bien drainé : la conversion des terres inondées en rizières serait sans doute plus intéressante. De toute manière, il est certain que l'irrigation est le seule dénouement permettant un développement agricole de la vallée. Logiquement, il pense alors à utiliser l'énergie hydroélectrique pour permettre l'irrigation par pompage : le site des chutes du Félou à l'amont de Kayes est proposé.

    - la préconisation d'un grand barrage régulateur dans la haute vallée afin de permettre la normalisation du débit pour la navigation et un écrêtement des crues. Le système devant être complété par l'établissement de digues pour une protection agissante des terrains de culture. Ses investigations l'amènent même à envisager le détournement des eaux de crues excédentaires vers la vallée desséchée du Ferlo, par Bakel.178(*)

    Cependant, nous retenons , après avoir inventorié les différentes possibilités d'aménagements du fleuve Sénégal, que le problème principal reste celui de la rentabilité de ces projets. Les montants des aménagements seraient probablement exorbitants par rapport aux profits attendus, du fait aussi que l'objectif de l'époque n'est pas le développement local (la région est dépeuplée) mais un transfert de ressources vers la métropole.

    Dans ces conditions, aucun aménagement n'apparaît profitable. Bélime avait ainsi décelé les principales contraintes d'une politique d'aménagement centrée sur la création d'une agriculture mécaniquement irriguée. A savoir :

    - la nécessité d'un aménagement intégré d'ensemble, avec un barrage régulateur en amont, compte tenu du régime hydrologique du fleuve (forte saisonnalité, irrégularité interannuelle) et de la géomorphologie de la vallée (faible pente) ;

    - une capacité agricole étréci par la difficulté de la remontée des eaux salines, aux conséquences négatives directes (eau salée inadaptée à l'irrigation) et indirects (salure des eaux souterraines) ;

    - une combinaison de facteurs géographiques qui rend les aménagements laborieux d'un point de vue technique et probablement peu rentables d'un point de vue pécuniaire179(*).

    Il faudra attendre 1925 pour que l'administration coloniale reconnaisse la question de l'eau comme le problème capital du Sénégal, à la fois pour l'alimentation en eau potable des populations (forage e puits) et pour le développement d'une agriculture irriguée. S'appuyant sur les études de Bélime, la "conférence économique du Sénégal", en janvier 1925, prône alors la mise en valeur économique de la vallée (Brasseur : 1952) basée sur la régularisation des eaux du fleuve.

    Le projet consistait alors à édifier un barrage à fonctionnement automatique à l'amont des rapides de Gouïna, créant ainsi un réservoir, dont les lâchés devaient assurer l'irrigation de quelques 800 000 ha de Waalo- situés à l'aval de Bakel, ainsi que l'accès permanent au port de Kayes pour les cargos de haute mer provenant de la métropole. Ce barrage approvisionnerait en outre une centrale hydroélectrique de grande puissance, permettant l'électrification du chemin de fer et la mise en valeur industrielle de la vallée et du pays.

    Ce projet donnera lieu en 1927, sous l'égide de l'Union Hydroélectrique Africaine (société gouvernementale créée pour l'occasion et ayant pour objet essentiel "la mise en valeur des ressources naturelles de l'A.O.F"), à un dossier technique appuyé de plans extrêmement détaillés de l'ensemble des ouvrages. Il prévoyait ainsi l'aménagement intégral du fleuve au triple point de vue de la navigation, de l'irrigation et de la force motrice. Cet aménagement étant basé sur un barrage de 750 mètres de long, muni d'une centrale hydroélectrique, sur le seuil de Gouïna.

    En outre, dans l'esprit de l'auteur, P. Augier, cet aménagement et la gestion des lâchés du réservoir devait aussi assurer la navigabilité permanente du fleuve, éviter la remontée des eaux désagréables dans le delta du fleuve et donc permettre la culture d'immenses étendues, d'utiliser enfin une partie des crues du Sénégal pour la pousser vers les terres devenues infécondes et infertiles du Ferlo. L'ensemble des hypothèses de Bélime s'y retrouvaient donc, à la fois démesurées et épurées de tout pyrrhonisme, traduites en projets techniques tangibles.

    Ce fut le premier projet multifonctions de développement du fleuve Sénégal. Il était remarquablement étudié du point de vue technique (barrage, centrale électrique, digues, tracé des lignes électriques) et financier (évaluation du coût des travaux).

    Cependant, l'administration coloniale refusera de le mettre en pratique, qualifiant ses options techniques de « bluff' ». Le problème est principalement financier : les bénéfices escomptés de ces aménagements ne semblent pas encore suffisants par rapport aux coûts.

    Pour l'administration coloniale le delta intérieur du Niger présentait en effet des possibilités de valorisation supérieures. En outre, il avait l'avantage politique d'être quasiment inhabité et l'aménagement hydro-agricole est souvent source de conflits avec les cultures pluviales itinérantes et les cultures de décrue. Les ingénieurs de l'époque (et notamment Bélime) étaient conscients de ces difficultés et préféraient ainsi des aménagements dans des lieux déserts (Bourrières : 1979).

    Quoi qu'il en soit, l'aménagement multifonctions du fleuve est provisoirement mis en sommeil, mais refera surface dans les années 1950. Une petite unité hydroélectrique sur les chutes du Félou a été crée en 1929. Le projet de l'UHEA aura au moins permis de prendre conscience des potentialités hydroélectriques du fleuve, alors que s'annonce l'ère des "grands barrages".

    Les projets de création d'une culture irriguée dans la vallée du fleuve et son delta existaient donc mais, dans un premier temps, l'administration coloniale préféra développer la culture de l'arachide. Dès 1850, en effet, on lança ce type de culture au sud du Walo, puis, plus vers le sud, jusqu'au Sine-Saloum et en Casamance. Ceci eut pour conséquence de consacrer Dakar et son port abrité comme principal centre économique du pays, au détriment de St Louis et de la vallée du fleuve, dont la production comme l'intérêt stratégique déclinèrent.

    Néanmoins, la spécialisation des paysans dans la culture arachidière s'était effectuée au détriment de leur production céréalière traditionnelle (le mil, par ex.). Ce phénomène, associé à une poussée de l'urbanisation (déjà...) nécessita des importations de riz asiatique de plus en plus massives. Il fallait diversifier la production.

    C'est dans ce contexte que fut créée en 1934 la mission d'étude du fleuve Sénégal, "chargée de la conduite et de l'exécution de toutes les études et travaux expérimentaux à réaliser dans l'étendue du bassin versant du fleuve Sénégal et en vue de l'aménagement de ce bassin au triple point de vue de l'agriculture, de la navigation et de la production de force motrice". Pour les raisons citées plus haut, c'est l'agriculture que l'on privilégiera.

    En 1938, on substitue à l'organisme initial la Mission d'Aménagement du fleuve Sénégal (MAS), qui est chargée de poursuivre les travaux commencés en les étendant aux territoires du Sénégal, du Soudan (Mali), de la Mauritanie et de la Guinée. La MAS est ainsi la première institution stable de mise en valeur du fleuve. Son objectif principal, à ses débuts, sous la tutelle technique de Belime, fut le développement de la culture du coton, objectif encore prédominant à l'époque. Jusqu'à 1945, la MAS portera ses efforts sur la vallée du fleuve en amont de Richard-TolI, sans doctrine établie quant à l'utilisation agricole optimale des zones étudiées, sans référence à la nécessité d'un grand barrage régulateur.

    Un important travail de levées et de reconnaissances est effectué. En 1939, la MAS crée la station expérimentale de Diorbivol et le casier de Guédé (1 000 ha). La technique de la submersion contrôlée (importée d'Indochine et déjà expérimentée sur le fleuve Niger) y est mise avec succès en faisant associer la population locale (Brasseur, 1952). La station de Diorbivol a pour objet de développer la culture du coton et les résultats sont excellents. Mais en 1942, l'union cotonnière de l'empire français est créée. La production de coton est collectée et on favorise les productions du Bénin, du Niger ou de la Côte d'Ivoire plus rentables (Bernard : 1995).

    Les résultats de la Mission d'Aménagement Sénégal ne sont pourtant pas considérés, en métropole, comme satisfaisants. Jusqu'à 1950, près de 1,5 Milliards de CFA furent investis par la Mission sans que les résultats escomptés fussent atteints, la production restant toujours faible. En 1953, la Mission d'Aménagement du Sénégal est donc réorganisée et doit reprendre les études hydrologiques, agronomiques et pédologiques qui avaient été négligées (Bernard, 1995). Ce retour à l'objectif initial va donner naissance aux deux rapports fondamentaux de la MAS, ceux de 1953 ("Propositions pour l'aménagement du fleuve Sénégal") et de 1955 ("Nouvelles propositions pour l'aménagement du fleuve Sénégal").

    Ainsi la mission d'aménagement du fleuve Sénégal fut amenée à mettre en place un plan d'aménagement d'ensemble de la vallée, à partir de la somme de connaissances accumulées sur la mise en valeur agricole de la vallée. Une agriculture irriguée ne peut être, en effet, développée sans une régularisation du fleuve et cette régularisation devait être quantitative mais aussi qualitative, compte tenu de la remontée saline qui "stérilisait" la culture dans le delta une bonne partie de l'année. P. Augier, fondateur de l'UHEA, remit alors en chantier son plan de 1927, pour le compte de la MAS cette fois-ci. Le système repose toujours sur un grand barrage à Gouïna, retenant 6 milliards de m3 et permettant d'alimenter une centrale hydroélectrique.

    Conclusion

    En définitive, cette étude met en évidence le développement économique des cercles de la vallée du fleuve à travers la production du coton .L'extension des cultures avait été favorisée par la création des structures indispensables à la revalorisation des produits agricoles .Parmi elles, figuraient le service des textiles et les stations agricoles qui avaient participé activement à l'élaboration et à l'exécution des projets agricoles sous le contrôle de l'administration coloniale. En effet cette structure avait organisé la sélection et la distribution des semences et assuré la formation des moniteurs chargés de l'encadrement des paysans dans le cadre de la vulgarisation des nouvelles méthodes de culture.

    Les cercles de la vallée du fleuve ont été une zone agricole par excellence .Cette remarque est fondée sur l'augmentation régulière des rendements des surfaces réservées à la production du coton. L'année 1930 fut marquée par la création des fermes familiales qui instaura l'exploitation libre d'une étendue de terre confiée à une famille. Ce mode de production, favorablement accueilli par les populations locales, permit d'accroitre les rendements de la production du coton.

    La manifestation de la crise économique dans la vallée à partir de 1931, témoigna sa dépendance de la conjoncture métropolitaine. Par l'intermédiaire des puissances occidentales, l'activité économique dans les colonies obéissait aux lois du marché international.

    De 1935 à 1940, on ne remarque aucune diminution de la production du coton. Cette période avait été caractérisée par la révision fréquente du taux de l'impôt en 1934.L'impôt était devenu un stimulant de la production agricole parce que les paysans devaient se servir des cultures industrielles comme génératrices de revenus permettant de faire face à la lourdeur de la fiscalité.

    L'une des faiblesses de cette agriculture fut l'insuffisance des investissements en faveur de la modernisation de l'outillage. Les moyens de production rudimentaires n'avaient pas été supplantés par l'utilisation de l'énergie animale et mécanique.

    La production cotonnière avait été marquée à partir de 1935 par une intervention de plus en plus directe de l'administration .Elle utilisa diverses méthodes pour amener les paysans à retrouver une pleine confiance aux cultures de rente .Le Commandant de cercle s'impliqua personnellement dans l'exécution des projets agricoles en entreprenant de longues tournées pour expliquer aux populations le bien-fondé de la culture du coton .A chaque déplacement ,il mettait en évidence les revenus qui en découlaient .

    Ainsi, on essayait de faire accepter au paysan, que sa source de revenu restait la production des denrées transformées dans les usines de la métropole. On lui fit également croire qu'il pouvait échapper au paiement d'une amande ou d'une peine d'emprisonnement en fournissant à l'administration une quantité de produits.

    L'exploitation de nouveaux champs, s'accompagna d'une nouvelle méthode de distribution de semences dans les cercles. Autrefois, les graines distribuées aux producteurs étaient d'origines diverses .Elles provenaient des usines d'égrenage, qui traitaient différemment le coton récolté dans les cercles de la vallée .A la fin de 1935, les communautés villageoises utilisaient seulement des semences distribuées dans les cercles, contrôlées auparavant par les services textiles .Pour obtenir des récoltes abondantes de première qualité, il fallait aussi protéger les cultures contre les insectes.

    BIBLIOGRAPHIE

    I. Instruments de recherche

    a. Annuaires, bibliographies, dictionnaires, catalogues.

    Annuaire du Gouvernement Général de l'Afrique Occidentale Française (A.O.F.) : 1900

    Annuaire du Sénégal et Dépendances : 1898

    Bouteiller, S .Méthodologie de la thèse et du mémoire, 3éme édition, Paris, Studyrama ,2007.

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    ROUVEYRAN, J,-C. Le guide de la thèse, le guide du mémoire. Du projet à la soutenance, règles et traditions universitaires, techniques d'aujourd'hui, traitement de texte, CD-ROM, internet, Paris ; Maisonneuve et larose ; 2001 ,249p.

    Catalogue des Périodiques d'Afrique Noire francophone : (1858-1962). Catalogues et Documents n° XIX, Dakar : Université de Dakar, I.F.A.N., par Marguerite Thomassery.

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    Lucie Gallistel Colvin. Historical Dictionary of Senegal. African Historical

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    Mauss, (M.) Manuel d'ethnographie. Paris : Petite bibliothèque, Payot, 1967, 262 p.

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    Samb, (D.) Manuel de méthodologie et de normalisation. (Catalogues et Documents),

    XXIV. Dakar : Université Cheikh Anta Diop de Dakar-IFAN Cheikh Anta Diop, 1999,

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    b. Liste des Répertoires des Archives Nationales du Sénégal : séries A, B, C, F, G, K, M.Q, R

    1. Répertoires des Archives.

    Série A : Actes officiels

    Série B : Correspondance générale : 1779-1895, par Claude Faure et Jacques Charpy.

    Rufisque : Imprimerie du Gouvernement général, 1955, VII, 70 p.

    Série C : Dossiers de personnel.

    Série G : Politique et administration générales. Rufisque : Imprimerie du Gouvernement

    Général, 1955.

    Sous-série 2G : Rapports périodiques, (1895 - 1940). Première tranche, par Abdoulaye

    Gamby Ndiaye. Dakar, 1975, 448p.

    Sous-séries 2G : Rapports périodiques, (1940 - 1960). Deuxième tranche, par Abdoulaye

    Gamby Ndiaye. Dakar, 1975, 389p.

    Sous-série 1G : Etudes générale. Missions. Notices et Monographies, (1818-1921).

    Rufisque : Imprimerie du Gouvernement général, 1955.

    Sous-série 1 G : Etudes générales. Missions. Notices. Monographies, 1818-1920.

    Sous-série 13G : Sénégal, affaires politiques, administratives et musulmanes.

    2G30/69 : Sénégal- Service de l'Agriculture. Rapports Agricoles annuels des cercles de Diourbel et de Podor

    2K : Travail, main d'oeuvre, (1807 - 1958).

    Série Q : Affaires économiques

    3Q : Chambre de commerce, d'agriculture et d'industrie, banque

    Série R. : Agriculture, Elevage, Eaux et Foret, Pêche dans la colonie du Sénégal 1864-1959

    R.13 : Rapports agricoles de M. Yves Henry, Inspecteur 1911-197

    R.15 : Agriculture de l'A.O.F.Etude agronomique du Sénégal (Région du fleuve)

    R.11 : Etude agricole de la région de Taouey-Lac de Guier de 1910 par MM .LEMMET ET SCOREL.

    R.17 : Etude sur la culture du coton aux U.S.A 1903-1914

    1R / 00001 : Agriculture en A.O.F, culture du sisal, activités de la compagnie de culture cotonnière du Niger, questions de DIRE, Production de café cote d'Ivoire : notes, correspondances, rapports (1938-1939)

    1R / 00018 : Coton, documentation sur la culture du coton dans le monde 1886-1938

    1R / 00035 : Culture du coton : Rapport généraux au Soudan, au Dahomey, Togo et Sénégal

    1R / 00050 : Coton, cultures dans les différentes colonies de l'A.O.F, en Amérique Latine, Asie, Europe.

    1R134 : Rapport sur la culture sèche du cotonnier en A.O.F., 1921-1955, 140p

    1R354 : Coton. Essai de culture au Sénégal, culture sèche du cotonnier en A.O.F., maladies et parasites du coton, activités de la CDFT : notes, rapports, correspondances 1899-1959, .120p

    1 T : Budget

    II. Bibliographie

    A. Sources imprimées (récits de voyage).

    Adanson, (M.) Histoire naturelle du Sénégal. Avec la relation abrégée d'un voyage fait en ce pays, pendant les années 1749, 1750,1751, 1752 et 1753. Paris, 1757, 275 p.

    Deschamps, (H.) L'Afrique Occidentale en 1818 vue par un explorateur français

    Gaspard Théodore Mollien. Paris : Calman Lévy. [Temps et Continents], 1967, 300 p.

    Faidherbe, (L. L.) Le Sénégal. La France dans l'Afrique occidentale. Paris : Hachette, 1889, 501 p.

    Fromaget, (E.) Instructions nautiques du fleuve Sénégal, d'après les travaux de la mission de balisage, 1906-1907-1908. [Colonie du Sénégal. Direction des Travaux Publics].Bordeaux: Imprimerie G. Gounouilhou, 1908, 125 p.

    Imbert, (Capt.) « Reconnaissance au Nord de Bakel ». Bulletin de la Société de

    Géographie. Tome XVIII, avril-mai, 1897, pp. 312-339.

    Lamiral, (M.) L'Afrique et le peuple africain, considérés sous tous leurs rapports avec notre commerce et nos colonies. Paris : Dessenne. Librairie Palais Royal, n° 3 et chez les Marchands de Nouveautés, M.DCC. LXXXIX, 1789, 399 p.

    Mage, (A.E.) Voyage dans le Soudan occidental (Sénégambie-Niger). Paris : Hachette, 1877, 303 p.

    Marres, (M.) « Deux lettres à Monsieur le Gouverneur du Sénégal ». Bulletin de la Société de Géographie, n° 76, août 1829. [Rubrique : Mémoire. Extraits. Analyses et Rapports], pp. 127-130.

    Monteil, (C.) « La remontée du Sénégal en chaland de Saint-Louis à Médine, du 24 février au 20 mars 1897 ». Bulletin de l'IFAN, série B, Sciences Humaines, Tome XX, n° 3, 1968, pp.1195-1204.

    Raffenel, (A.) Voyage dans l'Afrique occidentale ... exécuté en 1843 et 1844. Paris : Arthus Bertrand, 1846, 512 p.

    Walckenaer, (C.A.) Histoire générale des voyages ou nouvelle collection des relations de voyages par mer et par terre. Livre II : Premiers voyages des vénitiens sur la côte occidentale d'Afrique. Paris : Lefèvre. Tome I. MDCCCXXVL, 21 volumes, 1826-1931.

    B. Travaux et études

    I. Travaux

    Annuaire du Gouvernement général de l'A.O.F. Paris.

    L'Afrique Française, bulletin du comité de l'Afrique française, mensuel, Paris

    L'Afrique Occidentale française, numéro spécial de la revue la vie technique, industrielle, agricole et coloniale, Paris.

    L'Agriculture pratique des pays chauds, revue mensuelle d'agronomie coloniale, Paris

    L'Agronomie coloniale, bulletin mensuel du jardin colonial Adams, (A.) La terre et les gens du fleuve. Jalons, balises. Paris : Editions L'Harmattan,

    1985, 243 p.

    Albergel, (J.), Bader, (J.C), Lamagat, (.I.P.) et Ségus, (L.) Crues et sécheresses sur un grand fleuve tropical de l'ouest africain : application à la gestion de la crue du fleuve Sénégal. Sécheresse, n ? 4, vol. 4, p. /43-152.

    Augier, (P.) Régularisation et aménagement du fleuve Sénégal. Canevas synoptique. UHEA, centre de documentation de l'OMVS, St Louis, 64 p.

    André (J), La culture du cotonnier, Paris : Librairie africaine & coloniale, 1901.

    Ambrosi, (C), Les grandes puissances du monde contemporain, Tome I et II, Delagrave, Paris, 1972, 318p. Becker (C et al.) 1988 Cartes historiques de la vallée du Sénégal. Document interne, ORSTOM, Dakar

    Batenga (M), « Production agricole en Pays Moaga à la veille des années 1930 : ambiguïté et aléas »

    Bernard (C.) « Les aménagements du fleuve Sénégal pendant la colonisation (1858 -1960) », Paris : Université de Paris VII, Faculté des Lettres et de sciences humaines (Thèse pour le Doctorat de 3e cycle d'Histoire), 1995, 574 p.

    Boutillier (J.L.), Schmitz (J.), « Gestion des terres (système de décrue / système de crue) et transition vers l'irrigation : le cas de la vallée du fleuve Sénégal ». ORSTOM série sciences humaines, 1987, vol 23 n° 3-4. 654p.

    Bulletin de l'Association Cotonnière Coloniale, n° 1 à 69. Paris

    Bulletin di comité d'études historiques et scientifiques de l'a ; o ; f Paris

    Bulletin et Publication de la British Cotton Growing Association. Manchester.

    Bulletin et Publication du Kolonial Komitee .Berlin Congres d'Agriculture Coloniale, 21-25 mai 1918, compte rendu des travaux publiés sous la direction de M. J. Chailley, président du congrès, D. Zolla, Secrétaire général du comité d'Action agricole coloniale, 4 vols. in-8. Paris.

    Bilan de l'industrie française du coton. In : Etudes et conjoncture-Union française / économie française, 5année, n°2, 1950.p 240

    Le problème du coton en A.O.F Compte rendu de la séance du 9Juillet 1924 du conseil supérieur des colonies, section des textiles, Paris.

    Rapport officiels des dix premiers congrès internationaux des délégués représentants les Associations patronales filateurs et manufacturiers de coton Manchester.

    La Revue indigène, mensuelle, Paris.

    Revue scientifique bimestrielle. Paris, février mars 1925, articles de M. Auguste Chevalier.

    Bérenger-Féraud, J.-B. Les peuplades de la Sénégambie ; histoire ethnographie, moeurs et coutumes, légendes etc.

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    Etudes universitaires sur le coton

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    FALL, SERIGNE (Modou), Le coton et son industrie au Sénégal : étude géographique, 1990, Thèse 3éme cycle

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    SYLLA, (A), L'artisanat Sénégalais, Presse Universitaire de Dakar, 2004, 139 p.

    LA VALLEE DU FLEUVE AU SENEGAL

    Le Fleuve Sénégal



    LA PRODUCTION DU FIBRE COTONNIERE AU SENEGAL

    Photo 1 : Cotonnier le Ndargau

    Photo 2 : Cotonnier : Le Mokho

    Photo 3 : Cotonnier le Guinée

    Photo 4 : Les Femmes productrices de coton

    251653120

    Photo 5 : Les paysans Photo 6 : Le portage

    251655168

    251654144

    Photo 7 : La collecte pour la vente Photo 8 : Le transport

    251659264

    251658240

    Photo 9 : La production cotonniére Photo 10 : Femmes paysannes

    TABLE DES MATIERES Pages

    Introduction générale 9

    1-Choix et intérêt du sujet 9

    2-Problématique 13

    3-Délimitation du sujet 16

    4-Méthodologie 17

    5-La revue et critique de la littérature préalable 18

    a. Les sources d'archives 18

    b. Les sources archéologiques 23

    c. Les sources historiques 27

    d. Les sources arabes 30

    e. Les études sur la culture du coton 35

    Première Partie : le choix de la vallée du fleuve : une région propice à la culture cotonnière 42

    Chapitre I. La Physionomie Générale de la vallée du fleuve 42

    I.1 : La création et l'administration des cercles de la vallée du Sénégal 42

    I.2 : Le Sénégal et sa vallée : description et importance 43

    I.3 : Les facteurs du milieu 49

    Chapitre II : Notion général sur le coton 52

     II.1 : Taxonomie et botanique du cotonnier 55

    II.2 : Fleur et Fruit du Cotonnier 55

    II.3 : Les variétés de coton 56

    Chapitre III : La Colonisation indigène dans la vallée 57

    III.1 : Le recrutement forcé 61

    III.2 : Pauvreté et coercition 63

    III.3 : Résistance des paysans 64

    Deuxième partie : Les nouvelles tentatives d'exploitation cotonnière dans la vallée de 1920 à 1930 65

    Chapitre I : Les variétés cultivées dans la vallée 68

    I.1 : Le N'Dar-N'Gau 68

    I.2 : Le Mokho 69

    I.3 : Le N'Guiné 70

    Chapitre II : Les structures de la production 71

    II.1 : Le service des textiles 71

    II.2 : Les stations agricoles 73

    II.3 : Les fermes familiales 75

    Troisième partie : L'évolution de la production cotonnière dans la moyenne vallée de 1930 à 1960 81

    Chapitre I : Introduction de nouvelles variétés en culture sèche 81

    I.1: A Dagana 85

    I.2: A Matam 86

    I.3 : A Podor 87

    Chapitre II : La Crise agricole de 1931à 1934 89

    II.1 : La genèse de la crise 89

    II.2 : La crise de 1930 et le congrès national du coton de 1931 91

    II.3 : La répercussion de la crise dans la vallée 91

    Chapitre III : L'intensification de la production du coton dans la vallée de 1935 à1959 92

    III.1 : Les facteurs de la production cotonnière 94

    III.1.1 : Le renforcement du régime fiscal 94

    III.1.2 : L'aménagement de la vallée 94

    Conclusion 105

    Bibliographie 107

    Supports 120

    * 1 Sarraut, (A.,) La mise en valeur des colonies française, Payot, 1923, p405

    * 2 Sarraut, (A.,) op. Cit., p. 103.

    * 3 Sarraut, (A.,) op. Cit.,

    * 4 M'bokolo, (E.,) Afrique noire. Histoire et civilisation, tome II : XIX et XXéme siècle, Paris, Hatier, 1992, p.220

    * 5 Les cotonniers sont un arbuste de la famille des malvacées. Les espèces qui ont fourni des variétés dans les centres de production d'Amérique, d'Espagne, des Indes et du Turkestan se classe en :

    Cotonnier des Barbades, Gossypium barbadeuse, originaire des Antilles, qui a pour type le Sea Island, des iles côtières de la Géorgie, remarquable par la longueur et la finesse des fibres qu'il produit. Il a donné la plupart des variétés à longue soie, qu'elle soit américaines comme Sea Island, le Géorgie longues soies ou égyptiennes comme l'Abassi ou le Mit-Affifi.

    Cotonnier hirsute, Gossypium hirsutum, originaire des pays chauds de l'Amérique Centrale et du Mexique, donnant à des fibres de longueur et de finesse moyenne. On compte aux Etats Unis plus de 600 variétés de cotonniers dont la plus part dérivent ders cotonniers hirsutes. Cette espèce a fourni quelques variétés à longue soie, soit par sélection directe, soit par croissement avec le Sea Island.

    Cotonnier herbacé, Gossypuim herbaceum. Cette espèce indigène asiatique, assez voisin du cotonnier hirsute d'un moindre intérêt pour le planteur. Les vibres sont généralement courtes et grosses .Les cotonniers indigènes de l'AOF appartiennent pour la plupart à cette espèce, dont plusieurs variétés donnent des fibres de longueur et de finesse moyennes, semblables aux produits américains du cotonnier hirsute, mais le plus souvent semblable aux produits de l'Inde ou du Turkestan.

    Cotonnier des religieux ou du Pérou, Gossypuim religiosum .Cette espèce à grand développement se rencontre dans toute l'Amérique du Sud les fibres sont nerveuses et quelquefois longues. Il fournit quelques types culturaux intéressants pour l'industrie, mais l'accolement des graines forme des rognons très gênants à l'égrenage.

    Cotonnier arborescent, Gossypium arboreum .Il prend des proportions arbustives et atteint quelquefois une grande dimension .On le cultive à peine pour ses graines et jusqu'ici ne présente pas d'intérêt pour le planteur.

    Chacune de ces espèces se subdivise en un très grand nombre de variétés suivant le climat, la nature du terrain, la sélection, les croissements, le mode de culture. La longueur des fibres varie de 30 à 55 millimètres pour les longues soies et de 20 à 28 millimètres pour les courtes soies.

    Il y'a lieu de retenir que la variété à longue soie Mit-Afifi représente 90 pour cent de la production égyptienne et n'est cultivée que par irrigation. Les courtes soies fournissent la grande majorité de la production américaine .La plus courtes soies sont cultivées sans irrigation dans des sols siliceux ou silico-argileux très répandus dans les Etats cotonniers américains et en AOF.

    * 6 Schwartz, (A), La politique coloniale de la mise en valeur agricole de la Haute Volta, (in la haute volta coloniale sous la direction de Gabriel Massa et George Madiéga, Karthala, Paris, 1995, p 268.

    * 7 Paul Leroy, (-B.,), De la colonisation chez les peuples modernes, 1874.

    * 8 Suret Canal (J), L'Afrique Noire, l'ère coloniale 1900- 1945. Editions sociales, Paris, 1982, p.352.

    * 9 Schwartz (A) 0p. Cit., id. confirme qu'entre 1912 et 1920 le cout des importations cotonnières de la France avait doublé à cause de l'augmentation du prix et de la détérioration du cours du change.

    * 10 Le plan Sarraut favorisait la mise en place des infrastructures favorable à l'extension des cultures des cultures d'exportation. La construction des chemins de fer, de port et le système d'irrigation en A.O.F étaient évalués en environ 900millions de francs.

    * 11 Henry, (y.) « Irrigation et cultures irriguées en Afrique de l'Ouest », Paris, Larose, 1918, pp222-223.

    * 12 Lecomte, (H.), « le coton : Monographie, Culture, Histoire économique », Paris, challamel 1900, pp43-44.

    * 13 Labat,P.J.B. ,Nouvelle relation de l'Afrique occidentale contenant une description en acte du Sénégal et des pays situés entre le Cap blanc et la rivière de Sierra -Léone....avec un état ancien et présent des compagnies qui y font le commerce, Paris, Guillaume Cavalier, tome2,1728,p.2235-236.

    * 14 Tshund'olela, (E, S.,), « Un impératif épistémologique : Revisiter et redéfinir l'histoire, son domaine, sa méthode et son esprit », in Somba Kinyamba, S, Paris, l'Harmattan, 2007, pp63-97.

    * 15 Faure, (C.) et Charpy, (J.) ANS Série A. Répertoire des Archives Actes officiels de l'administration coloniale Française. . Rufisque : Imprimerie du Haut-commissariat, 1958, in 8° ,18p.

    * 16 Faure, (C.) et Charpy, (J.) Série B : Correspondance générale, 1779-1895. Rufisque : Imprimerie du Gouvernement général, 1955, VII, 70 p.

    * 17 ib. , ibid.

    * 18 ANS. Série C. Dossiers de personnels de l'Administration coloniale Française.

    * 19 ANS. Répertoire des Archives. Série G. Politique et administration générale. Rufisque : Imprimerie du

    Gouvernement général, 1955.

    * 20 ANS. Sous Série 2G. Rapports périodiques

    * 21 ANS. Sous Série 4G. Inspection, missions d'inspection des colonies.

    * 22 ANS. Sous Série 13G. Sénégal : Affaires politiques, administratives et musulmanes

    * 23 ANS. Série K. Esclavage et captivité, 1807-1915

    * 24 Lire Charpy, (J.) Répertoire imprimé série K pour la période 1920-1958(deuxième tranche) Rufisque : Imprimerie du Gouvernement général, 1956, 90 p.

    * 25 Id., ib. ; p.60

    * 26 ANS. Série Q. Dossiers des affaires économiques des colonies d'Afrique Occidentale Française.

    * 27 ANS. Sous Série 3Q. Chambres de commerce, d'agriculture et d'industrie, banques, 1919-1958.

    * 28 ANS. Série R. Affaires agricoles, 1822-1959.

    * 29Charpy, (J.) Répertoire des Archives. Série R. Affaires agricoles, 1822-1959. Rufisque : Imprimerie du

    Gouvernement général, 1956, 90 p.

    Voir aussi Sané, (O.) et al. Répertoire dactylographié : séries R. Affaires agricoles, Dakar : 1979, 102p.

    30 ANS. Sous série 1R. Agriculture .

    * 31 Faidherbe, (L.) Annuaire français avec leurs correspondances en ouolof, en Poular en Soninké, 1864, Saint-Louis, Imprimerie du Gouvernement, 1864, 70P.

    * 32 Bélime, (E.), La production du coton en A.O.F : Le programme Cadre, Paris, 1925, 350. P.

    Voir aussi Henri Lecomte dans son étude intitulée : « Le coton : Monographie, culture, Histoire économique », Paris, 1925.

    * 33 Lhote (H). « L'art rupestre de l'Afrique mineure et du Sahara », in l'âge de pierre, 1960, pp 92- 147.

    L'auteur différencie quatre ères dont une seule nous concerne celle des têtes rondes appartenant à la plus ancienne (VIII éme millénaire), dont les personnages sont négroïdes, et celles des pasteurs bovidés (4000 à 1200 av JC).

    * 34 Lhote (H). , .Op. Cit, p.77.

    * 35 Lhote (H), Op. Cit, p. 79.

    * 36 Lhote (H), p136.

    * 37 Précisons cependant que, pendant l'Egypte pharaonique, les morts étaient conservés au moyen de matières balsamiques, pour l'embaumement ; voir entre autres, Leca A. P., Les momies, Paris, Hachette, 1976, px. « Pigmentation des anciens Egyptiens. Test par mélanine », Bulletin de l'IFAN, série B.T.XXXV, n 3, 1973, p. 515-531.

    * 38 Petit disque d'un trou central, servant à filer le coton à la main.

    * 39 Nous nous referons pour cette partie sur les découvertes archéologiques de Nubie, au compte rendu qu'en a donné K.F. S .Schaelder dans un ouvrage publié à Munich et traduit en français .Le tissage en Afrique au sud du Sahara, 1987, p14.

    * 40 Senay, (P.) Le coton, sa production et sa distribution dans le monde : Tome I, 1937, pp. 30-35.

    * 41 Idem, pp. 20-25.

    * 42 Idem, p. 35.

    Lire aussi Senay, (P.) P, (J) in : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 1, n°7-9 Juillet 6aout-septembre 1954. L'auteur dans ce livre met en lumière son expérience de botaniste en classant systématiquement des espèces et variétés .Il montre comment on distingue les différentes sortes de fibres, quelles sont physiques, mentionne les insectes, les maladies.

    * 43 Une terra incognita (du latin signifiant « terre inconnue » est un territoire qui n'a pas encore exploré par l'homme, ou par les explorateurs, voyageurs ou marchands européens. Cette inscription figurait sur les cartes géographiques, notamment les mappemondes, pour désigner les terres situées au-delà des zones connues par les européens. Ainsi l'Afrique intérieure a très longtemps considérée comme terra incognita, de même que les espaces situés au sud de la Nouvelle -Zélande.

    * 44 Léon l'Africain, De l'Afrique contenant la description de ce pays .Et la navigation des anciens capitaines portugais aux Indes orientales et occidentales, traduction J. Temporal, Paris, 1830, p. 382.

    * 45 Léon l'Africain, 1830, p. 15.

    * 46 Le Maire, (J,) Illustration sur les voyage du Sieur aux Îles Canaries, Cap- Vert, Sénégal et Gambie, paris, J ; Collombat, 1965, pp113-114.

    * 47 Monod, T., Teixeira de Mota, A ? Et Mauny, R., Description de la côte occidentale d'Afrique (Sénégal au cap de Monté, Archipels), par Valentin Fernandes (1506-1510), Bissau, Centre de Estudos da Guiné Portuguesa, n 11, 1951, p.37-39.

    * 48, Le Maire, (J,), op. Cit., p.155.

    * 49 Golbéry, S.X.M., Fragments d'un voyage en Afrique fait pendant les années 1785, 1786, 1787 dans les contrées occidentales de ce continent, comprises entre le Cap Blanc de Barbarie ...et le Cap de Palme, Paris, tome1, 1802, pp. 416-417.

    * 50 Lecomte. , (H) « le coton : Monographie, Culture, Histoire économique », Paris, 1900, p 183.

    * 51 Idem, pp. 189-190.

    * 52 Idem, p.195.

    * 53 Cuoq., (J.) Recueil des sources arabes concernant l'Afrique occidentale du VIIIe au XVI siècle (Bilal al Soudan), Paris, Edition CNRS, 1975, p.100.

    * 54 Idem, pp.250.

    * 55Idem, pp109-110 .

    * 56 Marx, (K.) et Engels, (F.) Le manifeste du parti communiste, 1848

    * 57 Institut national de la statistique et des études économiques est une direction générale du ministère de l'Economie des Finances et de l'Industrie. Elle est chargée de la production, de l »'analyse et de la diffusion des statistiques officielles en France .Elle exploite des sources administratives, gère des bases de données et réalise des recensements et des enquêtes auprès des ménages et des entreprises.

    * 58 Claude, (M.) le havre colonial de 1880 à 1960.In outre-mer, tome 93, n ° 352-353, 2006, P. 450.

    * 59 Henri, (C.) La culture du coton en Espagne .In : Annales de Géographie, t. 46, n° 260, 1937.pp 195-196.

    * 60 Mingret, (P.), l'évolution de la culture du coton dans la vallée de Mississipi. In : revue de géographie de Lyon, vol 43, n° 2, 1968.PP.179-224.

    * 61 Toullalan, (P-Y.) Le coton polynésien : un mythe tenace.

    * 62Chevalier, (A.), les cotonniers indigènes du Sénégal et du Soudan. In : Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 10 années, bulletin n° 111, novembre 1930. Pp 874-880.

    * 63 Levrat, (R.) le coton en Afrique Occidentale et Centrale avant 1950 : un exemple de la politique coloniale de la France, Paris, le harmattan, 2009,370p.

    * 64 Soumah, (M.) « L'économie cotonnière ouest africaine, les opérations en coton au Sénégal et au Mali » ; Université de Dakar, 1972, Thèse 3éme Cycle.

    * 65 Fall, (S.M.,), Le coton et son industrie au Sénégal : étude géographique Université de Dakar, 1990, Thèse 3éme Cycle.

    * 66 Nouhou, (M) Effet d'une substitution du tourteau de graine de coton par les gousses de pilosligmareti calatum (de Candolle) hochstetter dans l'alimentation sur les performances de croissance de la chèvre rousse de Maradi ; Mémoire, Master II, 2014.

    * 67 Villard (A), Histoire du Sénégal .préface du gouverneur général pierre Boisson, Dakar, viale, 1943, 133p.

    * 68 Villard (A), op. Cit., p, 124.

    * 69 Id., ib. , p98.

    * 70 Faidherbe, (L.), Le Sénégal. La France dans l'Afrique occidentale française, Paris, Hachette et Cie, 189, p78.

    * 71 Il s'agissait des quatre communes et de leurs banlieues ainsi que des provinces conquises.

    * 72 De 1816 à 1828, le chef de la colonie a porté le titre de Commandant pour le Roi ; de 1828 à 1895 il a été désigné par le titre de Gouverneur ; après la création de l'AOF il est devenu Lieutenant-gouverneur.

    * 73 En 1830, il a remplacé le Conseil de gouvernement et d'administration de la colonie créé déjà en 1819 sous le magistère du Colonel Julien Schwartz, avant de disparaître en 1957 et d'être remplacé par le Conseil de gouvernement issu de la Loi-cadre.

    * 74 Boahem. (A)., « L'Afrique face au défi colonial » in Boahen, A. (dir), histoire générale de l'Afrique. L'Afrique sous domination coloniale, 1880-1935, Paris, UNESCO/NEA, T7, 1987, pp 51-75.

    * 75Ici la fédération se résume par les deux grands ensembles de l'Afrique noire : A.O.F et A.E.F.

    * 76 Ce conseil a été institué par décret du 21 mai 1919puis par un autre du 1er avril 1936.

    * 77 Jusqu'en 1964, le découpage territorial a comporté des cercles correspondant à des sous territoires au sein des régions nouvellement instituées et dirigées comme les autres échelons de l'administration par des agents non choisis en fonction de leurs origines familiales, mais en qualité de fonctionnaires que l'Etat peut affecter dans n'importe quelle région, département ou arrondissement selon les nécessités de service, sans référence à des critères de famille, de clan ou d'ethnie .

    * 78 Après des chefs traditionnels, les royaumes ont été démembrés en cantons dont la chefferie a été placée entre les mains de la famille de chefs soumis à l'autorité coloniale.

    * 79 Ki-Zerbo (J), Histoire de l'Afrique d'Hier à Demain, Librairie Hatier, Paris, 1972, P .437.

    * 80 L'année 1920 est une charnière de l'histoire de la domination coloniale en Afrique occidentale française .Elle marque un grand moment de l'histoire de l'administration métropolitaine .Elle inaugure la période d'installation effective de l'administration coloniale .A cet effet, l'espace de la vallée du fleuve Sénégal s'est donc profondément transformé.

    * 81ANS. Moniteur. Journal Officiel de l'Afrique Occidentale Française. Jeudi, 10 septembre 1920, n°2869.

    * 82 Zucarelli, (F.) « De la chefferie traditionnelle au canton : évolution du canton colonial au Sénégal (1855- 1960) »in, Cahier d'Etudes Africaines, vol. XIII, Mouton et Co., 1973, p. 213.

    * 83 Delavignette, (R.,) Les vrais chefs de l'empire, Paris, Gallimard, 1939, p. 124

    * 84 A.N.S. 13G75 : Politique indigène, circulaire du Gouverneur général Ponty au sujet du rôle des chefs indigènes, 22septembre 1909.

    * 85 A.N.S. 13G75 : Politique indigène, circulaire du Gouverneur général Van Vollenhoven au sujet du rôle des chefs indigènes, 15aoùt 1917.

    * 86 Coquery-Vidrovitch C., L'Afrique Occidentale au temps des Francais.Colonisateurs et colonisés (1860- 1960), Paris, La Découverte, 1992, p. 89.

    * 87 A.N.S. 13G75, Op. Cit..

    * 88 Littéralement « le jardin de Richard » du nom d'un botaniste français, Jean-Michel Claude Richard qui créa, au début du XIXème siècle, le premier jardin d'essai en Afrique en tentant d'acclimater certaines espèces végétales européennes. Ces tentatives sont à l'origine des expériences de cultures irriguées.

    * 89 Cette absence de pente a fait dire à Emile Bélime, un ingénieur au début du siècle dernier qui dirigea l'Office du Niger au Mali, que l'irrigation dans la vallée coûterait trop cher puisqu'il faudrait pomper l'eau pour irriguer les casiers...

    * 90 Ce fin cordon a été ouvert artificiellement sur quelques mètres au sud de St-Louis en 2003 pour réduire les risques d'inondation de la ville. L'ouverture s'est élargie et atteint maintenant plusieurs centaines de mètres.

    * 91Henry, y. « Irrigation et cultures irriguées en Afrique de l'Ouest », Paris, Larose, 1918, in -8°, V- 292p.

    * 92 Carrère, (F.) et Holle, (P.) De la Sénégambie française. Paris : Firmin Didot, 1855, 393 p.

    * 93 Lericollais, (A.), Diallo, (Y.) Peuplement et cultures de saison sèche dans la vallée du Sénégal. Paris.

    ORSTOM/OMVS, 1980. Notes illustratives, n° 81. Sur l'étude physique de la vallée du fleuve Sénégal, nous avons abondamment puisé dans ce travail scientifique, étudiant tous les facteurs de cet immense espace.

    Les chercheurs ont découpé de manière systématique en différents secteurs la vallée du fleuve, d'où facilitent la lecture et la compréhension de cet espace.

    * 94 Paul., (L.) « La vallée du Sénégal. Agriculture traditionnelle et riziculture mécanisée». Les Cahiers d'Outre- Mer, octobre-décembre 1951, n° 16, pp. 280-282.

    * 95 Lericollais, (A.) et al. La vallée du fleuve Sénégal et ses aménagements. Etudes scientifiques. Paris :ORSTOM ; Décembre 1981, pp. 13-19.

    * 96 Lericollais, (A.), Diallo, (Y.) Peuplement et cultures de saison sèche dans la vallée du Sénégal. Paris.

    ORSTOM/OMVS, 1980, p22-27

    * 97 Idem, p 30

    * 98 Levrat, (R.,), le coton en Afrique Occidentale et Centrale avant 1950 : un exemple de la politique coloniale de la Franc, Paris, l'harmattan, 2009, p. 10.

    * 99 Levrat, (R.,) Op., Cit., pp 14-15.

    * 100 Sément, (G.,) « Le cotonnier en Afrique tropicale, 1986

    * 101 Deux appellations sont usage : fibres ou soies, étant l'unité de masure initiale .Ces termes sont orthographiés en genre et en nombre.

    * 102 Cette variété de coton est exclusivement réservée dans la fabrication des batistes, tendelles, popeline.

    * 103 .Réputée pour son coton 'Jumel ', du nom de l'ingénieur français qui le découvrit à l'époque de Mehmet Ali.

    * 104 La dépendance de la culture par rapport aux pluies est plus ou moins grande selon la nature des sols et selon le type de culture, avec ou sans engrais : un sol riche est fertilisé assure une bien meilleure rétention de l'eau et représente une assurance contre les aléas pluviométriques.

    * 105 ANS. Sous Série 2B 4. Correspondance du gouverneur au ministre, Saint-Louis, 04 Septembre 1819.

    * 106 Henry, (B). Le problème cotonnier et l'Afrique Occidentale Française : Une solution nationale, Paris, Larose, 1925, pp 20-40.

    * 107 Henri ((L), Paysans d'Afrique occidentale, Paris : Gallimard, 1941, p238.

    Cet argument peut être trouvé aussi dans son article « Irrigation, colonisation intérieure et main d'oeuvre au Soudan, » Annale d'histoire économique et sociale, 1929, pp375-376.

    * 108 Entretien avec Samba Diaw. Samedi 27 mars 2008. Lors du marché hebdomadaire de Keur Momar Sarr.Les gens de Dagana, de Richard - Toll viennent en masse pour écouler leurs marchandises.

    * 109 ANS. Sous Série 1 R 42, rapport sur l'importance et les causes des mouvements, s.d.

    * 110 Entretien avec Massar Sarr, chef de village de Keur Momar Sarr. Dimanche 28 mars 2008.

    * 111 Entretien avec Matar Fall, notable vieux du village de Keur Momar Sarr. Dimanche 28 mars 2008.

    * 112 Henri ((L), op. cit. p248.

    * 113 Le Gouverneur général exerce une action coercitive et de régulatrice respectueuse b d'une sage décentralisation que les gouverneurs généraux s'attachent à appliquer scrupuleusement.

    * 114 ANS, 1R. /0035. Note au sujet de la culture du coton dans la vallée du fleuve Sénégal, 02aout 1937, pièce 158, 11 p.

    * 115 Id., Ibid.

    * 116 Henri ((L), op. cit, pp. 230-231.

    * 117 Henri ((L), op. cit, p240.

    * 118 Gossypium Hirsutum est un petit arbrisseau cultivé le plus souvent de façon annuelle atteignant alors de 0.8 à 2métres. Il est branchi avec des branches végétatives à la base du plan, les rameaux fructifères se trouvant dans les parties médianes et supérieures.

    * 119 Le Gossypium Herbaceum est un arbuste ou arbrisseau avec une tige principale épaisse et rigide, ne dépassant guère 2m de haut ; il est cultivé habituellement annuellement. Sa fibre est plutôt grossière et de couleur grisâtre.

    101 Guil, et Perrottet, tentamen Florae Sénégambiae p. 62.

    * 120 « Outen boukit   »littéralement ce terme signifie en Ouolof. Coton du lièvre et cela, le nom donné à cette variété en référence de son caractère grossière .et sauvage.

    * 121 Mymard, (J.) Rapport sur la production cotonnière dans la vallée du Sénégal, bulletin MAS n°63.Paris. ORSTOM-/OMVS, Juin 1956, pp 5-6.

    * 122 Emile Bélime, né le 28Juilet 1883 à Villeurbanne(Rhône), mort en juillet 1969, est un ingénieur des travaux publics de l'Etat français .Haut-commissaire au Niger .A la suite d'une mission au Soudan français (actuel Mali) en 1919-1920, il est l'origine de la création du périmètre irrigué de l'office de Niger qu'il a dirigé de sa création en 1932 jusqu'à 1944.

    * 123 Elle fut fondée en janvier 1903 par le syndicat général de l'industrie cotonnière. Son siège social fut fixé au 4, Rue de la Paix à Paris. Tous ses membres avaient des intérêts dans l'industrie cotonnière de la France et payaient une cotisation annuelle qui variait entre 50 à1000francs. Elle était administrée par un comité de direction élu pour trois ans par l'assemblée générale des membres.

    * 124 Lecomte, (H.) « Irrigation et cultures irriguées en Afrique de l'ouest », Paris, Larose, in-8, V P, 105.

    * 125 Henry, (Y.), « culture pratique du cotonnier », 1vol. in-6, Paris, challamel, 1906, p29

    * 126 Idem, pp. 30-31.

    * 127 ANS .Sous série 1R/0035(158), Note au sujet de la culture du coton dans la vallée du Sénégal-2Aout 1937.

    * 128ANS, colonie du Sénégal. Association cotonnière coloniale, correspondance sur les services agricoles de la vallée,

    1920-1925 .

    * 129 130ANS, colonie du Sénégal. Association cotonnière coloniale, rapport annuel politique et économique, 1920.

    * 131 ANS, colonie du Sénégal. Circulaire relative au recrutement des élèves des fermes agricoles, 1929.

    * 132 Schwartz, (A.), 0p. Cit. , p 268.

    * 133 Monteil (C,) Le coton chez les noirs, Paris, Lorose 1927, p210.

    * 134 Entretien du 23 octobre 2010 au marché hebdomadaire de Keur Momar Sarr avec Abdoulaye Thiane Sarr .Grand jour de rencontre avec tous les marchands de la région du fleuve (Dagana, Podor, Matam) .

    * 135 Archive Nationale de l'Afrique Occidentale, Rapport annuel, politique et économique, 1924.

    * 136 Archive Nationale de l'Afrique Occidentale, Op., Cit., Rapport annuel, politique et économique, 1924.

    * 137 Mamadou Diouf, Le kajoor au XIXème siècle : pouvoir ceedo et conquête coloniale ,123p.

    * 138 Mamadou Diouf, Op. Cit. Pp 130.

    * 139 Barry, (B,). Le royaume du Waalo : le Sénégal avant la conquête ,222p.

    * 140 Variété exotique d'origine égyptienne vulgarisée par les Anglais en Egypte au bord du Nil.

    * 141 ANS. Sous série 2G 6-1. Rapport périodique 1920- 1930.

    * 142 La compagnie française pour le développement des fibres textiles (C.F.D.T) est une société cotonnière crée en partenariat avec les dirigeant africain dans les années suivant la libération et aujourd'hui transformée en plusieurs sociétés nationales.

    Lire aussi le Havre colonial de 1880 à 1960 par Claude Malon où l'auteur se propose étudier les relations entre le havre et les colonies françaises .Les fonctions de la C.F.D.T sont bien définies par l'auteur

    * 143 Henry, (H.) « Le coton dans l'A.O.F », Challamel, 1925, p.123.

    * 144 ANS. Sous série -1R 00 35. Note sur la culture du coton au Sénégal (cercle de Matam), 1930-1935.

    * 145ANS. Sous série -1R 00 35. Note sur la culture du coton au Sénégal (cercle de Matam), 1930-1935.

    * 146 ANS. Sous série -1R 00 35, op, cit.

    * 147 Sociétés indigènes de prévoyance créée 1893.Mais l'origine remonte à la sécheresse qui sévit en Algérie en 1891-1892 : leur objectif initial visait à stocker les semences de céréales, pour remédier aux carences dues aux calamités naturelles (épizooties, invasions de criquets et sauterelles) et aux razzias. Elle deviennent rapidement réserve d'argent, servant à la « mise en valeur territoire » puis peu à peu dans toutes les colonies (1920 au Sénégal).Elles assurent plusieurs fonctions en rapport avec le développement agricole, mais demeurent toujours sous la tutelle de l'administration. Les fonds permettent leur fonctionnement provenaient de cotisations obligatoires qui furent souvent assimilées à un impôt supplémentaire auxquelles il fallait la cotisation à la S.I.P. (« le franc du commandant »).

    * 148 Il y avait un seul agent par colonie. Les services agricoles comprennent des agents européens, des agents indigènes. Il est prévu que l'agent européen joue un rôle de vulgarisation et d'apprentissage agricole, qui renseignera les colons, étudiera les dispositions relatives à l'irrigation, organisera les plantations modèles, enfin étudiera les diverses questions et de législations rurales.

    * 149 Krach signifie en allemand 'bruit'' 'boucan'' et de manière métaphorique 'catastrophe' 'Le terme apparait lors de la chute des bourses de Viennes et de Berlin en &t& et en automne 1873.De fait, les prononciations Krax ou Krix sont usitées. Faisant généralement référence à la bourse, à l'inverse de la crise économique dont la portée est beaucoup plus large, l'expression Krach boursier semble un pléonasme ; toutefois, le terme originairement allemand désigne fréquemment une baisse brutale sur d'autres marchés. Les cours des actions ou des marchandises baissent brutalement, le nombre des vendeurs excédents largement le nombre d'acheteurs. Les vendeurs en arrivent à vouloir à vendre à n'importe quel prix, ce qui précipite la chute des titres.

    * 150 Ambrosi, (C.), Les grandes puissances du monde, Tome I et II, Delagrave, Paris, 1972, p261.

    * 151 En 1930, les effets de la crise économique les obligèrent à dévaluer leur monnaie à 50%.

    * 152 Ambrosi, (C.), Op. Cit. pp. 75-76.

    * 153 Il fut de l'ordre de 70 et 67 pour l'Allemagne et l'Angleterre.

    * 154 Le jeudi noir du 24 Novembre 1929, qui vit l'effondrement de la bourse de New York, signe précurseur de la grande dépression des années 30.

    * 155 Le Callennec, (S.) « Afrique Noire, histoire et civilisation », Paris, Hatier-Aupelf, Tome 2, 1992, p130.

    * 156 J.O.S., Décret du 8mai 1931instituant les primes à l'exportation.

    * 157 J.O.S., arrêté du Gouverneur général de l'A.O.F du 1ér Décembre instituant la baisse des taxes.

    * 158 M. Waddington, président de l'A.C.C, déclarait ses propos à l'occasion du congrès national du coton de 1931.

    * 159 Coquery-Vidrovitch (C), « L'Afrique coloniale française et la crise de 1930 : crise structurelle et genèse du sous-développement » in revue d'Histoire d'outre-mer, Tome LXIII, n -232-233, Société Française d'outre-mer, Paris, 1976, pp. 386-387.

    * 160 De 1929 à 1933, la baisse des cours fut évaluée de la façon suivante : 58% pour l'arachide, 59% pour le coton, 65% pour les peaux, 67% pour le cacao et les palmistes, 70% pour les huiles de palme, 73% pour la gomme.

    * 161 Borbie,( F. ), « L'investissement public en Afrique Noire Française entre 1924 et 1938 », contribution méthodologique in revue d'histoire d'outre-Mer,TomeLXIII,n 232-233,Société Française d'Outre-mer, Paris, p472.

    * 162 ANS. Sous-Série. 1R / 00050 : Coton, cultures dans les différentes colonies de l'A.O.F, en Amérique Latine, Asie, Europe

    * 163 Gallisot (R), Rapports coloniaux raciaux et impérialisme in revue d'Histoire d'outre-mer, Tome LXIII, 1920, p.695.

    * 164 Moreau(P), Les indigènes d'AOF ; Leur condition politique et économique, Edition Donat-Montchrestien, Paris, 1938, pp81-80.

    * 165 Borbie, (F.), Op., Cit., pp. 75-76.

    * 166 Duverger (M.). , Eléments de fiscalité, Paris, P.U.F, 1976.

    * 167 Touré (A.,) « L'impôt de capitation dans le Sénégal unifié : une constante dans son rôle d'instrument de domination coloniale (1921-1936) », in Annales de la faculté des lettres et sciences humaines de Dakar, n°26, 1996, p.73.

    * 168 Coquery-Vidrovitch (C.), L'Afrique occidentale au temps des français .Colonisateurs et colonisés (1860-1960), Paris, La découverte, 1992, p. 108.

    * 169 A.N.S. S14 : Régime fiscal : enquête poursuivie par l'union coloniale au sujet des impôts directs dans les colonies, 26 juillet 1912.

    * 170 Duchenne, (A.,) Histoire des finances coloniales de la France, Paris, Payot, 1938, p. 169.

    * 171 Dalavignette., (R), Les paysans noirs, Stock, Paris, 1947, p.45.

    * 172 Boutillier (J.L.), Schmitz (J.), « Gestion des terres (système de décrue / système de crue) et transition vers l'irrigation : le cas de la vallée du fleuve Sénégal ». ORSTOM série sciences humaines, 1987, vol 23 n° 3-4 pp. 533-554.

    * 173 Lecomte, (H.) op. Cit. Pp. 111-112.

    * 174 Bernard (C.) « Les aménagements du fleuve Sénégal pendant la colonisation (1858 -1960) », Paris : Université de Paris VII, Faculté des Lettres et de sciences humaines (Thèse pour le Doctorat de 3e cycle d'Histoire), 1995, 574 p.

    * 175 Idem, pp. 130-135.

    * 176 Belime (E.) Rapport sur les possibilités d'aménagement offertes par la vallée du fleuve Sénégal. Centre de documentation de l'O.M.V.S de Saint Louis, 1922, pp 34- 38.

    * 177 Idem, pp.4 3-44.

    * 178 Idem, pp. 50-51.

    * 179 Idem, pp. 63-65.






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