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Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement.

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par Anne-Sophie LE GALL
Université de Strasbourg - Master 2 Droit de là¢â‚¬â„¢environnement, des territoires et des risques 2016
  

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Chapitre II: L'extension possible de la compétence de la CPI

L'extension de la juridiction de la CPI serait justifiée par l'augmentation des crimes environnementaux160. Le crime environnemental, encore appelé écocide, deviendrait un crime international. Cela permettrait de juger des personnes physiques, contrairement à l'extension de la compétence de la CIJ. De plus, cette extension de compétence aurait pour avantage, comme l'extension de la compétence de la CIJ la simplicité, puisqu'elle permettrait d'utiliser les structures de la CPI.

Polly Higgins, l'avocate britannique, propose de créer un cinquième crime international au sein de l'article 5 du statut de la CPI. Cette approche impliquerait la difficile définition du crime d'écocide. Polly Higgins propose comme définition : « La destruction, la détérioration ou la perte substantielle d'un ou plusieurs écosystèmes d'un territoire donné, que la cause en soit humaine ou autre, d'une telle ampleur que la jouissance paisible des habitants dudit territoire en est sévèrement diminuée »161. Dans cette définition, le critère déterminant du crime n'est pas tant dans l'intention de son auteur que la gravité des conséquences de l'acte pour l'environnement et l'être humain.

Le PNUE et Interpol sont clairement en faveur d'une telle extension de la compétence de la CPI.

Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement

En effet, selon ces deux Organisations Internationales, pour inverser la courbe des crimes environnementaux, les réponses doivent inclure une série de mesures légales, telles que l'exécution, la législation, la réglementation, et la gestion de l'environnement162. Le PNUE et Interpol recommandent de soutenir internationalement la chaine entière d'exécution, ce qui inclut le pouvoir judiciaire, en particulier la référence au crime environnemental163. D'après eux, il est nécessaire de définir urgemment et définitivement le crime environnemental pour assurer une compréhension commune de la terminologie164.

Cette approche nécessiterait la constitution d'une commission formée d'experts qui étudierait comment passer à cette réforme. Cette commission mettrait en place la documentation nécessaire et pourrait définir la nouvelle compétence de la CPI.

Les conditions et modalités d'adoption d'un amendement au statut de la CPI dépendent des dispositions que l'amendement a pour but de modifier. En outre, des règles différentes s'appliquent amendement aux articles 5, 6, 7 et 8 du statut, aux amendements aux dispositions du statut de caractère exclusivement institutionnel ou aux amendements aux autres dispositions du statut.

En ce qui concerne les amendements à l'article 5 du statut, les règles sont posées par l'article 121 du statut de la CPI :

- Tout Etat Partie au statut peut proposer cet amendement.

- Le texte de la proposition d'amendement devra être soumis au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, qui le communiquera sans retard à tous les Etats Parties.

- Trois mois au plus tôt après la date de cette communication, l'Assemblée des Etats Parties, à la réunion suivante, décide, à la majorité de ses membres présents et votants, de se saisir ou non de la proposition. L'Assemblée peut traiter cette proposition elle-même ou convoquer une conférence de révision si la question soulevée le justifie.

- L'adoption de l'amendement lors d'une réunion de l'Assemblée des Etats Parties ou d'une conférence de révision requerra, s'il n'est pas possible de parvenir à un consensus, la majorité des deux tiers des Etats Parties.

- L'amendement entrera en vigueur à l'égard des Etats Parties qui l'ont accepté un an après le dépôt de leurs instruments de ratification ou d'acceptation.

- La CPI n'exercera pas sa compétence à l'égard d'un crime faisant l'objet de cet amendement lorsque ce crime a été commis par un ressortissant d'un Etat Partie qui n'a pas accepté l'amendement ou sur le territoire de cet Etat.

- Le Secrétaire général de l'ONU communiquera à tous les Etats Parties l'amendement adopté lors d'une réunion de l'Assemblée des Etats Parties ou d'une conférence de révision.

Il résulte de ces dispositions que le concours d'un seul Etat est nécessaire pour proposer l'amendement, mais qu'en revanche, 83 des 124 parties au statut de la CPI devront voter en faveur de l'adoption de l'amendement.

162 Rapport de UNEP et Interpol, The environmental crime crisis, 2014, p 14.

163 Rapport de UNEP et Interpol, The environmental crime crisis, 2014, p 11.

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164 Rapport de UNEP et Interpol, The environmental crime crisis, 2014, p 17.

Le bien--fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement

L'extension de la compétence de la CPI comporte bien moins d'inconvénients que l'extension de la compétence de la CIJ, dans la mesure où cette extension serait plus efficace du point de vue de la protection de l'environnement. En outre, elle permettrait de remédier au fait que certains Etats n'exercent pas leur compétence pénale à l'égard des activités relevant de leur juridiction ou de leur contrôle. Dans la mesure où certains Etats n'exercent pas leur compétence sur les personnes privées (physiques ou morales) relevant de leur juridiction ou contrôle et causant des dommages à l'environnement, et que les autres Etats engagent rarement la responsabilité de l'Etat qui n'a pas exercé sa compétence, il paraît en effet efficace d'engager directement la responsabilité de ces personnes privées, d'un point de vue de protection environnementale.

Le défaut des Etats d'exercice de leur compétence pénale à l'égard des activités relevant de leur juridiction ou de leur contrôle n'est pas nécessairement uniquement volontaire. Selon le PNUE et Interpol, beaucoup d'Etats et organisations ne sont pas dans la capacité de combattre seuls les crimes environnementaux. Cela est dû à l'augmentation fulgurante, au degré de sophistication et au caractère global des atteintes à l'environnement165.

Cependant, la création du crime d'écocide ne permettrait pas pour autant à la CPI de juger des personnes morales, même de droit privé, en cas de commission d'un crime international environnemental. En outre, comme vu précédemment, les personnes morales ne sont pour le moment pas susceptibles de faire l'objet d'une condamnation pénale en vertu du droit international pénal.

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