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Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement.

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par Anne-Sophie LE GALL
Université de Strasbourg - Master 2 Droit de là¢â‚¬â„¢environnement, des territoires et des risques 2016
  

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Chapitre III : Les dommages aux autres espaces

Certains espaces, sans pour autant être des espaces internationalisés, ne font pas partie du territoire d'un Etat. C'est le cas de la Zone économique exclusive (ZEE), à savoir la zone située au-delà de la mer territoriale et adjacente à celle-ci, qui ne s'étend pas au-delà de 200 milles marins des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale112.

Dans la ZEE, l'Etat côtier a des droits souverains et juridiction en ce qui concerne la mise en place et l'utilisation d'îles artificielles, d'installations et d'ouvrages, la recherche scientifique marine, et la protection et la préservation du milieu marin113. Il arrive que des personnes privées exercent des activités dans la ZEE, qui peuvent causer un dommage à la ZEE, voire au territoire de l'Etat côtier.

C'est le cas de la multinationale britannique BP, qui louait une plate-forme pétrolière pour forer dans la Zone Economique Exclusive (ZEE) des Etats-Unis. Cette plate-forme a explosé en 2010, déversant ainsi une énorme quantité d'hydrocarbure dans le Golfe du Mexique et tuant 11 personnes.

C'est aussi le cas du pétrolier maltais Erika, qui a fait naufrage en 1999 au large des côtes Bretonnes, déversant un peu moins de 20 000 tonnes de pétrole, polluant ainsi environ 400 km de côtes114.

Le bien--fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement

Lorsqu'un dommage est causé au territoire d'un autre Etat par une activité exercée dans la ZEE, ces personnes privées ne relèvent pas de la juridiction ni du contrôle de l'Etat sur le territoire duquel elles causent un dommage. En revanche, elles relèvent de la juridiction pénale de leur Etat de nationalité. Or certains Etats ont des réglementations environnementales très souples et se refusent à exercer leur juridiction à l'encontre de ces entreprises. Ce sont les Etats de complaisance. Là encore, le dommage pourra ne pas être sanctionné.

Dans le cas de l'explosion Deepwater Horizon, la compagnie pétrolière a pu être condamnée sur le plan civil, à payer plus de 20 billions de dollars115. Cependant, elle n'a pas été condamnée sur le plan pénal pour les atteintes qu'elle a portées à l'environnement. En outre, seul le décès des 11 salariés causé par l'explosion a fait l'objet d'une incrimination pénale.

Dans le cas de l'affaire de l'Erika, l'Etat lésé, en l'occurrence la France, a préféré rechercher directement la responsabilité de l'entreprise qui a causé le dommage, plutôt que de mettre en cause la responsabilité de l'Etat qui n'a pas respecté son obligation de s'assurer que les activités sous sa juridiction ou son contrôle n'ont pas causé de dommage au territoire d'un autre Etat.

Dans ces deux cas, un dommage a été causé à la ZEE mais aussi à l'Etat côtier. Dans la première affaire, l'Etat côtier n'a pas exercé sa compétence pénale, mais uniquement sa compétence civile. Cela est conforme au droit international puisque la compétence pénale revient en principe à l'Etat de nationalité de l'auteur du dommage, qui n'a pas non plus exercé sa compétence pénale. En revanche, dans la seconde affaire, l'Etat côtier a exercé sa compétence pénale, alors même qu'il n'était pas compétent en vertu du droit international.

Dans le cas où un dommage est causé uniquement à la ZEE et pas à l'Etat côtier, comme pour les dommages causés à des territoires régis par le droit international, aucune action ne sera menée.

Il résulte de ce qui précède que pour les dommages au territoire d'un autre Etat, l'Etat compétent n'exerce parfois pas sa compétence pénale, tandis que pour les dommages à un territoire régi par le droit international, aucune compétence (civile ou pénale) n'est parfois exercée. Dans toutes ces hypothèses d'absence d'exercice de la juridiction d'un Etat, le dommage causé à l'environnement par ces personnes restera impuni. D'où la nécessité d'une juridiction internationale compétente en droit de l'environnement, pour pallier ce défaut des Etats.

115 Jana Kasperkevic, BP oil spill: judge grants final approval for $20bn settlement, The Guardian, 4 avril 2016.

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Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement

Partie II: Le bien--fondé de l'extension de la compétence de juridictions internationales existantes

Une juridiction internationale compétente en environnement pourrait prendre deux formes. Il est en effet possible d'argumenter qu'il est préférable de renforcer le pouvoir des juridictions internationales existantes pour qu'elles acquièrent une compétence en matière environnementale, plutôt que de créer une nouvelle juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement.

L'extension de la compétence d'une juridiction internationale permanente et universelle existante, telle que la Cour Internationale de Justice, la Cour Pénale Internationale et le Tribunal international du droit de la mer serait-elle plus efficace que la création d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement, afin de protéger l'environnement?

Une importance fondamentale est à noter ici entre la CIJ et le Tribunal international du droit de la mer d'une part, et la CPI d'autre part. En effet, l'extension de la compétence de la CIJ et du Tribunal international du droit de la mer implique la rédaction d'une nouvelle convention internationale environnementale générale qui donnerait compétence à ces juridictions en cas de différends relatifs à la convention. En revanche, l'extension de la compétence de la CPI implique une modification de son statut.

Titre Ier : La Cour Internationale de Justice (CIJ)

La CIJ a été instituée par le chapitre VIX de la Charte des Nations Unies. C'est l'organe judiciaire principal des Nations Unies116. Le statut de la CIJ est fondé sur le statut de la Cour Permanente Internationale de Justice et fait partie intégrante de la Charte des Nations Unies. Il définit la constitution et le fonctionnement de la Cour117. A noter que tous les membres des Nations Unies sont ipso facto parties au statut de la CIJ, même si des Etats non membres des Nations Unies peuvent devenir parties au statut de la CIJ118. De plus, cela n'empêche pas les Etats membres des Nations Unies de pouvoir soumettre leurs différends à d'autres juridictions internationales que la CIJ119. Les Etats membres des Nations Unies s'engagent à respecter les arrêts de la CIJ rendus sur des affaires auxquelles ils sont parties120. A défaut, les autres Etats peuvent avoir recours au Conseil de Sécurité.

116 Charte des Nations Unies, Article 92.

117 Statut de la Cour Internationale de Justice, Article 1.

118 Charte des Nations Unies, Article 93.

119 Charte des Nations Unies, Article 95.

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120 Charte des Nations Unies, Article 94.

Le bien-fondé d'une juridiction internationale spécialisée en droit de l'environnement

Il n'y a que peu d'affaires de la Cour Internationale de Justice (CIJ) qui traitent du droit international de l'environnement. L'extension de la compétence de la CIJ en matière environnementale permettrait de juger des Etats en cas de non-respect de leur obligation de s'assurer que les activités exercées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de dommage au territoire d'autres Etats ou à des territoires régis par le droit international. Cependant, l'extension de la compétence de la CIJ en matière environnementale comporte aussi des inconvénients.

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