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Les déterminants de la croissance économique au Sénégal.

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par Oumar DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 en Méthodes Statistiques et Econométriques 2013
  

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2. L'approche postkeynésienne et néoclassique de la croissance économique

a. L'approche postkeynésienne

Inspirés par les travaux de John Maynard Keynes, après la crise de 1929, des économistes comme Roy Forbes Harrod et Evsey Domar vont s'interroger sur les éventualités d'une croissance équilibrée. Les modèles de ces deux économistes vont ainsi chercher à expliquer des conditions et caractéristiques de l'équilibre d'une économie capitaliste en croissance.

Selon Domar, tout investissement a deux effets :

- A court terme, lors de sa réalisation il augmente la demande puisqu'il implique une demande de biens de production.

L'analyse de l'effet se fait à travers le multiplicateur d'investissement keynésien. En notant, OQd l'augmentation de la demande :

OQd = m
· O1
(1)

Où le multiplicateur d'investissement m vaut :

1

m=

 

1 - c

Avec c qui est la propension à consommer.

Si on note s la propension à épargner, on a, par définition, c + s = 1. Par conséquent, (1) peut s'écrire :

s (2)

d O1 OQ =

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- A long terme, l'investissement a un effet sur l'offre avec l'accroissement des capacités de production.

L'investissement augmente l'offre. En notant cette augmentation de l'offre, ?????, on a :

??

?????= ?? (3)

Où ?? est le coefficient de capital, qui correspond à l'inverse de la productivité du capital. Domar présuppose, en effet, que la productivité du capital (??/??) est constante : chaque unité de capital supplémentaire engendre la même croissance supplémentaire.

Pour que la croissance soit équilibrée, il faut que l'augmentation de la demande soit égale à l'augmentation de l'offre, donc que ????? = ?????, c'est-à-dire en arrangeant (2) et (3) que :

???

??

?? = ?? (4)

On constate en regardant (2) et (3) que l'effet d'offre de l'investissement est proportionnel à cet investissement, alors que l'effet sur la demande est proportionnel à la variation de l'investissement, ce qui laisse supposer que rien ne garantit que la croissance de le demande soit suffisante pour valider la croissance de l'offre. Rien ne garantit donc que la croissance soit équilibrée.

Domar considère que le coefficient de capital est constant, le taux de croissance de l'investissement est égal au taux de croissance, ???/?? = ??. L'équation (4) montre donc que pour que la croissance soit équilibrée, il faut qu'elle soit égale au rapport ??/??. Or il y a une indépendance entre la propension à épargner, le coefficient de capital et le taux de croissance de la production. Donc un taux de croissance donnant une croissance équilibrée n'a aucune raison de se réalisé.

Domar distingue deux situations :

Si l'augmentation de la demande est supérieure à l'augmentation de l'offre, c'est-à-dire si ?? > ??/??, alors le déséquilibre engendrera de l'inflation.

Si l'augmentation de la demande est insuffisante par rapport à celle de l'offre, c'est-à-dire si ?? < ??/??, alors le déséquilibre engendrera une crise déflationniste.

Page 11

Cela veut dire en partant d'un niveau d'investissement d'équilibre, ce qui correspond au plein emploi, si l'investissement croit à un taux inférieur à s/k, les capacités de production augmentent donc plus que la demande (chômage). Cette seconde situation est la plus probable à Domar, marqué par la crise de 1929.

Domar s'identifie ainsi, en longue période, les conclusions que Keynes formulait pour la courte période : l'équilibre de sous-emploi est le plus probable dans une économie de marché. Pour la plupart du temps, l'augmentation de l'investissement n'est pas suffisante pour générer une demande convenable aux capacités de production supplémentaire qu'elle induit : le chômage en est la conséquence.

Domar accorde à l'Etat un rôle important de régulateur de la demande globale. L'équation (1) est valable pour toute dépense autonome : l'Etat est capable de stimuler la demande sans augmenter l'investissement et donc sans accroître les capacités de l'offre, ramenant ainsi l'équilibre au plein emploi. L'Etat peut aussi changer, par sa politique fiscale, la répartition des revenus de manière à augmenter les revenus des plus pauvres, qui épargnent moins, au détriment des plus riches. Cela diminue la propension à épargner de l'économie s, par la suite le ratio s/k baisse. Le taux de croissance de l'investissement nécessaire au maintien du plein emploi est donc plus faible.

Ce modèle est limité car il manque de dynamisme. En particulier, il n'incorpore aucune fonction d'investissement. Il transpose uniquement deux conditions d'équilibre de court terme sur le long terme. Ainsi, en mettant une fonction d'investissement élémentaire dans ce modèle, cette situation peut être dépassée en partie même si ses conclusions sont proches.

Le modèle de Harrod comprend trois notions essentielles :

- Le taux de croissance garanti noté (g?? ) : C'est le taux de croissance qui permet l'équilibre sur le marché des biens sur la longue période. C'est-à-dire que les décisions d'épargne des ménages égales aux décisions d'investissement des entreprises ex ante (effectué avant qu'il soit produit) sur le long terme, permettant la réalisation des investissements désirés par les entrepreneurs.

- Le taux de croissance réalisé : c'est-à-dire le taux de croissance effectif de l'économie.

- Le taux de croissance naturel de la population active, qui est exogène à l'économie.

Harrod se pose deux questions importantes :

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A quelles conditions le taux de croissance réalisé peut-il être égal au taux de croissance garanti ? Autrement dit, l'économie peut-elle être sur un sentier de croissance stable, permettant un équilibre durable des décisions d'épargne et d'investissement ?

Le taux de croissance garanti est-il compatible avec le taux de croissance naturel ? Autrement dit, le taux de croissance d'équilibre de l'économie est-il suffisant pour que l'augmentation de la population active ne débouche pas sur une augmentation du chômage ?

Le sentier d'équilibre : taux de croissance garanti et taux de croissance réalisé

En partant des formulations de Keynes, Harrod pose que l'épargne (??) est proportionnelle au revenu (??) :

??= ???? (1)

Où ?? est la propension à épargner, comprise entre 0 et 1.

Harrod suppose également que l'investissement (??) est proportionnel aux variations du revenu, selon le principe de l'accélérateur d'investissement :

??= ?? · ??? (2)

Où ?? est le coefficient de capital égal à ??/?? (rapport entre le capital disponible et la production qu'il permet de mettre en oeuvre).

Pour qu'il y ait équilibre sur le marché des biens, on doit avoir ?? = ??.

??= ????= ??= ?? · ??? (3)

Ce qui se simplifie en :

????= ?? · ??? (4)

Ce qui donne en réarrangeant (4) :

???

?? = ???? =

??

?? (5)

L'équilibre implique donc que le taux de croissance garanti soit égal au rapport ??/??. Or, il n'y a pas de raison pour que le taux de croissance réalisé, qui dépend de décisions individuelles, respecte ce ratio, qui dépend des structures de l'économie (de sa propension à épargner et de son coefficient de capital).

Taux de croissance garanti et croissance de la population active

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Harrod note ???? le taux de croissance de la population active. Il affirme que celui-ci est exogène à l'économie : il ne dépend que de la croissance de la population, qui n'est pas influencée par les phénomènes économiques. Pour que le taux de chômage reste stable, il faut que la population active augmente au même rythme que le taux de croissance

garanti : ???? = ????. Pour que la croissance soit équilibrée et sans chômage, on doit donc
avoir :

????=

??

?? (6)

Or, il n'y a aucune raison pour que cette dernière égalité soit réalisée : les trois variables ????, ?? et ?? sont toutes indépendantes les unes des autres. Par conséquent, pour Harrod, la croissance est fondamentalement instable et porteuse de chômage.

Le modèle de Harrod-Domar a été mis en place comme un modèle du cycle des affaires car il a exercé une importante influence sur l'économie du développement. En effet, la productivité du capital (égale à 1/??) était supposée constante, car dépendante des paramètres technologiques. Le modèle disait que le seul moyen pour un pays en développement d'accroître son taux de croissance passait par une augmentation de son épargne. Du fait de l'insuffisance de l'épargne privée dans les pays en développement, seule une aide étrangère et l'Etat par une politique d'excédents budgétaires, pouvaient accroître le taux d'épargne de l'économie, finançant ainsi un taux d'investissement plus élevé. Selon Bhagwati, le développement dépend plus de l'accroissement de la productivité du capital que de l'accroissement du taux d'investissement. Par ailleurs, rien ne garantit que l'aide étrangère se traduise par un accroissement identique de l'investissement : elle peut provoquer une baisse de l'épargne privée et de la productivité du capital.

Pour Harrod et Domar, la croissance est toujours instable, et peut s'accompagner d'un chômage durable. L'Etat à lui seul peut stabiliser le sentier de la croissance de l'économie, en régulant la demande globale. Ce modèle est sans doute critiquable en raison des hypothèses qui le fondent :

Hypothèse 1 : La propension marginale à épargner est stable, et ne dépend pas des autres variables du modèle. Or, sur le long terme, la propension à épargner d'une économie varie. C'est ce qui a conduit les postkeynésiens de Cambridge (Joan Robinson et Nicolas Kaldor, en

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particulier) à mettre en place à partir du modèle de Harrod-Domar et de l'oeuvre de Mickai Kalecki, des modèles de croissance où l'épargne joue le rôle de variable d'ajustement.

Hypothèse 2 : le travail et le capital ne sont pas substituables. Une augmentation de la production entraîne un accroissement proportionnel du capital et de la main-d'oeuvre. La fonction de production est à proportion de facteurs fixes. Les ratios K/Y (coefficient de capital) et L/Y (coefficient de travail) sont donc stables. Cette hypothèse est difficile à soutenir pour la longue période, où se situe le modèle. Sur une longue période, la main d'oeuvre et le capital peuvent être substitués, si le prix de la main d'oeuvre baisse à celui du capital.

Robert Solow affirme que si le ratio k/y reste constant, « l'histoire du capitalisme aurait été bien plus erratique qu'elle ne l'a été ». En lissant les fluctuations, la tendance de longue période est loin de « la croissance sur le fil du rasoir » que suggère le modèle de Harrod-Domar. Ce qui pousse Robert Solow à travailler son modèle avec une fonction de production où le capital et le travail sont substituables : si le coefficient de capital est variable alors la croissance peut être durable. Aujourd'hui, ce modèle est une référence en science économique et rend célèbre le modèle de Harrod-Domar.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore