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Dynamique professionnelle et transformations de l'action publique. Réformer l'organisation des soins dans les prisons françaises. Les tentatives de spécialisation de la « médecine pénitentiaire » (1970-1994).

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par Eric FARGES
Université Lyon 2 - Sciences Po - THESE EN SCIENCES POLITIQUES 2013
  

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Une littérature médicale éparse mais précieuse

La défense de la médecine pénitentiaire apparaissait inextricablement liée à la croyance que cette dernière constituait une spécialité médicale, croyance à laquelle se sont par la suite opposés les partisans d'un transfert au ministère de la Santé. On a par conséquent souhaité retracer cette logique de spécialisation par le biais des revues médicales susceptibles de traiter des prisons. Dans un premier temps ont été privilégiées les publications ayant une dimension de santé publique (Actualité et dossier en santé publique, La santé de l'homme, La revue française des affaires sociales) ou celles traitant des questions de sida ou toxicomanie (Remaides, Le journal du sida), et ce depuis la fin des années quatre-vingt. La déception fut grande : ces revues ont publié la quasi-totalité de leurs articles concernant la prison uniquement après la réforme de 1994. Cette absence permettait néanmoins de fortement relativiser l'intérêt que le monde de la santé publique aurait éprouvé à l'égard de la question carcérale au début des années quatre-vingt-dix. Si les spécialistes de la santé publique s'intéressent aux prisons, c'est surtout depuis que la prise en charge sanitaire des détenus relève du ministère de la Santé, et non l'inverse.

Il apparaissait en revanche fastidieux de dépouiller systématiquement les revues de médecine générale (La revue du praticien, La gazette médicale de France, Le concours médical) au vu du faible nombre d'occurrences concernant notre sujet. On a procédé à l'étude des revues médicales, notamment celles plus scientifiques, de façon incrémentale, c'est-à-dire essentiellement à partir de renvois bibliographiques. Ce travail a permis d'identifier une cinquantaine d'articles, très inégaux, traitant du milieu carcéral et publiés dans une pluralité de revues. La forte surreprésentation, parmi ces dernières, des revues de santé mentale (L'information psychiatrique, Psychiatrie aujourd'hui, Soins Psychiatrie) attestaient une reconnaissance plus avancée des psychiatres hospitaliers intervenant en prison. Exerçant quasi-exclusivement de façon libérale, les généralistes travaillant en détention avaient rarement l'opportunité de publier dans des revues scientifiques.

Deux autres sources permirent de pallier ce faible nombre d'articles traitant de la médecine somatique. Les actes des congrès de médecine pénitentiaire constituèrent, tout d'abord, un moyen privilégié afin d'étudier la structuration de ce groupe professionnel. Des quatre colloques organisés de 1963 à 1972 par le premier Médecin-inspecteur, Georges Fully, seuls deux ont cependant donné lieu à publication d'une brochure. Second problème, mêmes si les trois congrès organisés de 1975 à 1982 par le second Médecin-inspecteur, Solange Troisier, avaient été publiés, les actes apparaissaient de plus en plus pauvres. Le peu de place accordé aux ateliers, lieu de confrontations entre magistrats et praticiens, témoignait d'un contrôle accru exercé sur ces rencontres, souvent limitées à la succession de propos élogieux. Sauf exception, ces publications ne permirent pas d'observer les logiques sociales qui étaient à l'oeuvre. Là aussi, l'entretien ne suffît pas à compenser ces lacunes, aucun interviewé n'ayant un souvenir précis de ces rencontres trop éloignées. En outre, aucune archive ne fut trouvée sur l'organisation de ces rencontres.

De manière plus tardive, on recourut, troisième type de source écrite concernant la discipline médicale pénitentiaire, aux thèses de médecine traitant du milieu carcéral168(*). Pour la plupart effectuées par des internes ayant travaillé en prison, elles permirent d'apporter de très nombreuses données quant à la structuration de ce groupe professionnel. Elles permirent également de retracer les logiques par lesquelles les médecins pénitentiaires défendaient la spécificité de cette discipline en voie de reconnaissance. Une dernière source apparut potentiellement riche mais presque introuvable. Il s'agit des enseignements de médecine pénitentiaire professés dans le cadre de l'attestation d'études instaurée en 1965 à la Faculté de Paris puis, dans un second temps, dans le cadre de la chaire de médecine pénitentiaire inaugurée en 1977 au CHU Lariboisière Saint-Louis (Paris VII). En dépit de nos efforts, un seul tome de ces enseignements fut retrouvé à la bibliothèque de l'Académie de médecine et un tome nous fut remis par un interviewé ayant suivi cet enseignement169(*). La difficulté à regrouper des documents médicaux traitant de la médecine pénitentiaire, qui attestait de l'échec à inscrire cette activité au sein de l'espace universitaire, incita à s'intéresser à la documentation administrative traitant de la santé en prison.

* 168 Cette analyse repose sur les index des thèses de médecine soutenues en France (depuis 1950) ainsi que les fichiers manuels (depuis la Libération) présents à la Bibliothèque inter-universitaire de médecine (BIUM) à Paris. On a exclu les thèses consacrées à la psychiatrie pour ne retenir que celles qui relevaient de la médecine somatique. Malgré le fait que cette recherche ne prétende pas avoir recensé toutes les thèses portant sur le milieu pénitentiaire, en l'absence d'un fichier centralisant toutes les thèses françaises de médecine depuis les années cinquante, elle donne un aperçu de l'évolution de la place de l'organisation des soins en prison au sein du champ médical. Pour la liste des thèses voir l'Annexe n°4.

* 169 Les cours étaient visiblement dactylographiés comme cela est usuel en médecine mais la Faculté de médecine de Lariboisière ne dispose d'aucun volume. On peut regretter que les cours ne soient pas systématiquement conservés par l'Université où ils sont dispensés.

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