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Les interactions habitants et quartiers politique de la ville de l'agglomération mancelle: quels impacts ?


par Habib ADEBO
Université de Tours  - Master 2 Géographie, Aménagement, Développement et Environnement mention Management des territoires et Urbanisme  2019
  

Disponible en mode multipage

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Département de Géographie

Direction Proximité -Tranquillité Service Politique de la Ville

Les interactions habitants - quartiers Politique de la ville de l'agglomération mancelle : Quels impacts ?

Par

Habib ADEBO

Mémoire de Master 2 de Géographie
Management des Territoires et Urbanisme
Préparé sous la direction de Monsieur Hovig Ter Minassian, Maître de Conférences
Madame Judith BOITARD, Directrice Service Politique de la ville - Le Mans Métropole

13 Septembre 2019

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Sommaire

Remerciements

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Liste des sigles et acronymes 5

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Introduction

Chapitre I : La participation des habitants au coeur de la Politique de la ville

I- La Politique de la ville et les enjeux de la participation des habitants

II- La méthodologie de recherche

III-

31

34

35

35

Présentation du terrain d'étude 24

IV- Les chiffres clés de l'enquête

V- L'accueil et les limites

Chapitre II : Les interactions habitants et quartier prioritaires

I- Les facteurs d'appréciation du quartier

II- Les forces du quartier : Représentation, sociabilité et attachement 52

III-

68

Les points à améliorer

Conclusion 70

Bibliographie 72

Table des illustrations 75

77

85

Annexes

Tables des matières

3

Remerciements

Et nous voici au bout du tunnel ! Un chemin parsemé d'élans enthousiastes et de longues réflexions. Un chemin qui nous a amené de Porto-Novo notre ville (Bénin) où nous avions laissé notre jeune carrière de professeur d'histoire-Géographie, poussé par une envie de nous spécialiser en France dans ce vaste domaine qu'est la géographie. Nous voici donc au terme de deux années d'études à l'université de Tours dont la 2ème année de Master Management des Territoires et Urbanisme (MTU) dans le cadre de notre stage nous a fait découvrir la ville du Mans.

Notre parcours très atypique, nous a fait rencontrer des hommes et des femmes qui, par leur soutien, leur apport, leur conseil nous ont encouragés et à qui nous voudrions rendre hommage dans les lignes qui suivent.

À Monsieur Hovig Ter Minassian, responsable du master 2 MTU, notre directeur de mémoire, nous exprimons notre profonde gratitude pour nous avoir donné la chance de nous spécialiser dans ce vaste domaine qu'est la géographie et pour nous avoir accompagné tout au long de l'année. Nous exprimons notre gratitude à tous les enseignants que nous avions croisés au cours de notre étude à l'université de Tours.

À Madame Judith Boitard, Directrice du Service Politique de la ville - Le Mans Métropole, notre tutrice professionnelle, nous tenons à rendre vibrant hommage pour sa disponibilité, son accompagnement, ses conseils dans le cadre de notre stage.

Nous tenons à remercier sincèrement tout le personnel du service Politique de la ville et plus particulièrement les membres du groupe diagnostic Temps Fort : Audrey De Coster, Rosane Breux, Marie Bizeray, Marylène Renaudin et Timon Baileul avec lesquels nous avions beaucoup travaillé dans le cadre de notre mission.

Dans le cadre plus précis des enquêtes, nous tenons à remercier très sincèrement toutes les personnes que nous avions pu rencontrer au cours de nos différentes sorties de terrain ainsi que les différentes structures qui nous ont ouvert leur porte et accompagnées. Nous n'oublions pas nos amis de culture du coeur : Willy Bruyère, Christophe Couvrand, Mathieu Raab et Anne Camut, ces médiateurs qui nous ont facilité le contact avec les habitants. Nous remercions tous les principaux des collèges, les directeurs des centres sociaux, les responsables de la mission locale, des services jeunesses et autres associations pour leur collaboration.

Nous désirons évidemment remercier chaleureusement tous les hommes et toutes les femmes qui se sont montrés disponibles pour répondre à notre questionnaire et ceux avec lesquels nous avions réalisé des entretiens.

Une pensée toute spéciale à Halim Adébo et son épouse Sonia de Souza Adébo, à Oumouani Lanian, à Fabrice Capo-Chichi, à Mohamed Dambaba, à Hervé Davo, à Yolène Grondin, à Jean - Luc et Alice de Souza. Merci infiniment d'être toujours là pour moi et de m'avoir si bien accompagné jusqu'à la fin du parcours.

Nous remercions tous nos collègues du Master 2 MTU, qui affectueusement nous appellent «Président» (doyen d'âge de la promotion), sachez que vous resterez à jamais gravés dans notre mémoire. À vous tous nous disons un grand Merci !

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Ce travail à toute ma famille et à la mémoire de mes soeurs jumelles

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Liste des sigles

ACSE : Agence de Cohésion Sociale et de l'Egalité des Chances

ANRU : Agence Nationale de Rénovation Urbaine

CGET : Commissariat Général de l'Egalité des Territoires

CUCS : Contrat Urbain de Cohésion Sociale

EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale

HLM : Habitation à Loyer Modéré

INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

LMM : Le Mans Métropole

MTU : Management des Territoires et urbanisme

QPV : Quartiers Politique de la ville

SPV : Service Politique de la ville

ZUS : Zone Urbaine Sensible

ZRU : Zone de Redynamisation Urbaine

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Introduction

« Notre quartier est mal coté de l'extérieur. Il est vu comme un lieu où règnent la misère, la pauvreté, l'insécurité, la délinquance de toutes les formes. Un lieu qui regroupe les cas sociaux. Le quartier a tout simplement une image négative à l'extérieur alors que nous à l'intérieur on se sent très bien, on vit bien même si ces clichés venant de l'extérieur nous touchent ».

Homme, 58 ans, père de 6 enfants, relevé d'entretien du 29 décembre 2018

Lorsque nous candidations pour le master 2 Management des Territoires et Urbanisme (MTU) et passions notre entretien d'entrée dans ce master, le vendredi 1er juin 2018, nous étions loin d'imaginer cette issue heureuse. En effet, poussé par la volonté de faire une spécialisation après quatre longues années d'études en géographie et aménagement du territoire en République du Benin et après une année d'études en master de géographie mention sociétés villes et territoires, il fallait nous inscrire dans une formation professionnalisée. Il n'était pas question de nous inscrire dans un master recherche. Les objectifs étaient clairs dès le départ. L'entrée au master visé, était conditionnée par l'obtention d'une bonne note lors de la soutenance du mémoire de master 1. A ceci, s'ajoutent aussi d'autres critères de sélection notamment celui de l'âge du candidat étant donné que cette formation se fait en apprentissage et l'accès est limité aux étudiants âgés de 30 ans au plus.

Dans notre cas, l'équation était si difficile à résoudre parce que nous avons plus de 30 ans au moment de l'inscription. Il fallait trouver impérativement soit un contrat d'apprentissage, soit un stage pour espérer intégrer ce master professionnel. Pendant tout l'été 2018, nous nous sommes mis à recherche d'un contrat de professionnalisation ou d'un stage en multipliant les candidatures spontanées et répondant aux différentes offres de stages. Des nombreuses candidatures ont été envoyées mais, ne nous ont pas permis de décrocher un contrat de professionnalisation ni un stage.

Par l'intermédiaire de Monsieur Hovig Ter Minassian, Co-responsable du master MTU, nous avions reçu l'offre de stage du Service Politique de la ville (SPV) de Le Mans Métropole (LMM) à laquelle nous avions postulée. Après avoir passé l'entretien, nous voilà stagiaire dont la mission est de réaliser une enquête auprès des habitants des quartiers prioritaires sur leur

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rapport au quartier et les différents liens qu'ils entretiennent avec ce dernier. De cette mission nous avions retenu un thème pour le mémoire de fin d'études :

Les interactions entre habitants et quartiers Politique de la ville de l'agglomération mancelle : quels impacts ?

Le thème ainsi défini, est relatif au rapport (interactions) habitants - quartier. Nous allons nous atteler à définir ces mots qui constituent les éléments clés pour lesquels, il semble utile d'apporter quelques éclaircissements en vue d'une familiarisation.

Nous entendons par interaction, les relations, les liens de réciprocité qui existent entre habitant et quartier ainsi que les différentes influences que l'un exerce sur l'autre. Une interaction, c'est aussi un échange entre deux entités sociales. Notre travail s'intéresse au lieu où s'effectuent ces différentes interactions : Le quartier. Selon Brunet, Ferras et Théry, (1992) cité par Humain-Lamoure (2007) le quartier est : « Étymologiquement, une portion d'un tout divisé en quatre parties (quartier de pomme). Portion assez quelconque de l'espace E...] ; le mot est étendu à toutes sortes de divisions : quartier de brie, quartier d'orange, et même bloc détaché d'un tout mal défini (quartier de roche) ». Cette définition du dictionnaire Les Mots de la géographie, est une sorte de non-définition du quartier qui n'a aucune utilité en géographie urbaine. Pour Humain-Lamoure (2007), « le quartier n'est donc pas une réalité géographique mais un morceau d'espace ubiquiste, sans échelle, ni lieu propre ». Ainsi dans le contexte d'un renouvellement des problématiques et des méthodes de la géographie, le quartier devient à la fois échelle et objet dans la géographie urbaine et prend sens qu'à la fin des années 1970.

Par ailleurs, cette même auteure, voit le quartier comme un espace longtemps mal défini. En effet, pour elle, le quartier oscille grossièrement, selon les études entre deux définitions. La première reprend la vision fonctionnaliste des aménageurs. Pour ces derniers, une division technique et sociale sur la base de simples typologies « quartiers des affaires », « quartiers industriels », « quartiers résidentiels » et « quartier ethniques (...) ». Cette vision du quartier par les aménageurs, est perpétuée dans les grands manuels de géographie urbaine où le quartier est défini comme : « une fraction d'espace urbain présentant des caractères commun ». Dans la deuxième interprétation proposée par Humain-Lamoure (2007) citant Badet (1948), le quartier « doit être un microcosme qui permet à la vie de la femme et de l'enfant de s'épanouir aisément dans les fonctions de protection, de reproduction et

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d'éducation ». Ainsi le quartier à cette échelle, constitue une sociabilité sur le modèle d'un village rural.

Malgré ces interprétations, elle définit le quartier comme une « fraction du territoire d'une ville, dotée d'une physionomie propre et caractérisée par des traits distinctifs lui conférant une certaine unité et une certaine individualité ». Cela suppose que chaque quartier doit avoir son identité propre dans sa composition sociale et spatiale.

Depuis le milieu des années 1980, selon Tissot, (2007) cité par Authier (2008), le quartier constitue en France un territoire d'intervention privilégié des politiques de la ville. Pour les concepteurs et animateurs de ces politiques, selon Perec, (1974) cité par Authier (2008), cette « espèce d'espace » est considérée comme « l'instance sociétale de proximité » qu'il convient de privilégier pour, tout à la fois, résoudre les problèmes sociaux, reconstruire de l'appartenance sociale et traiter l'exclusion économique selon Genestier, (1999) cité par Authier (2008). Le dictionnaire Larousse quant à lui, définit le quartier comme étant une division administrative d'une ville ou la partie d'une ville ayant certaines caractéristiques ou une certaine unité ou encore les environs immédiats, dans une ville, du lieu où on se trouve et, en particulier, du lieu d'habitation ou encore un ensemble des habitants du voisinage.

En se réfèrent à toutes définitions citées, nous constatons que la définition du quartier n'est pas univoque. Cela fait dire à Humain-Lamoure (2007) que le quartier apparait comme un objet polymorphe et ubiquiste qui est tantôt mis en avant à l'exclusion de tout autre, tantôt articulé à d'autres échelles de la ville.

Notre étude ne prend pas en compte le quartier dans son ensemble, mais elle s'intéresse spécifiquement à une autre division du quartier : Les quartiers prioritaires. Ils sont selon l'Insee, des territoires d'intervention du ministère de la Ville. Ces territoires sont définis par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014. Leur liste et leurs contours ont été élaborés par le Commissariat général à l'égalité des territoires. En métropole, en Martinique et à la Réunion, ils ont été identifiés selon un critère unique, celui du revenu par habitants. L'identification des quartiers prioritaires a été réalisée à partir des données carroyées de l'Insee (source : RFL 2011). Ces nouveaux dispositifs ont redéfini les périmètres d'intervention de la géographie prioritaire. Ils ont permis de mettre fin à la superposition des zonages : Zone Urbaine Sensible (ZUS) Zone de Redynamisation Urbaine (ZRU) Contrat Urbain de Cohésion Sociale (Cucs). Aujourd'hui, un périmètre regroupe toutes ces zones : Le quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV).

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Notre travail s'inscrit dans une optique. Il vise principalement à étudier les interactions qui existent entre les habitants - quartiers prioritaires de l'agglomération mancelle. Cette réflexion s'inscrit dans une démarche de renouvellement de la Politique de la ville en 2020 et donc d'actualisation du diagnostic posé dans le contrat de ville. Ce diagnostic nécessite l'implication de tous les partenaires de la Politique de la ville, les différents services de l'Etat, les professionnels sans oublier les habitants qui sont des acteurs à part entière de la construction des contrats de ville. Il contribuera alors à la définition avec l'ensemble de ces acteurs, des enjeux et des priorités d'intervention. Ce travail, présente les résultats issus d'une enquête réalisée auprès des habitants des quartiers Politique de la ville (QPV) de l'agglomération mancelle dans le cadre de l'actualisation du diagnostic posé dans le contrat de ville initiée par le Service Politique de la Ville (SPV) - Le Mans Métropole (LMM).

Ainsi dans ce document, nous présenterons dans un premier temps les éléments méthodologiques qui retracent le contexte et la problématique de recherche ainsi que les questions qui ont guidé la démarche de recherche et les hypothèses de l'étude. Dans ce chapitre premier, nous présenterons aussi le cadre géographique, les chiffres clés de l'enquête sans oublier les difficultés rencontrées au cours des sorties de terrain ainsi que les limites de l'enquête. Nous aborderons ensuite dans le chapitre 2, la question du rapport qui existe entre habitants - quartier et de ses impacts, en analysant les facteurs de l'appréciation du quartier et les forces du quartier.

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Chapitre I : La participation des habitants au coeur de la Politique de la ville

Ce chapitre, présente le contexte, la problématique, met en relief les hypothèses et les objectifs ainsi que la méthodologie de recherche utilisée. Il permet également de faire l'état des lieux de notre terrain d'étude.

I. La Politique de la ville et la participation des habitants

A. Le cadre général sur la Politique de la ville 1. La Politique de ville en France

Depuis plusieurs décennies, les grands ensembles souvent sont considérés dans l'opinion publique et les politiques comme des lieux de dysfonctionnement, de déficit et de problèmes avec la plus grande part de population défavorisée avec une multiplicité d'origines en situation de précarité. Kokoreff (2003) comme Avenel ( 2004) disent tous, que ces quartiers souvent parés de divers attributs, les « quartiers sensibles » ou les « quartiers en difficultés » évoquant des lieux qui concentreraient tous les problèmes sociaux, des territoires anomiques où règnerait l'anonymat, « des zones de non droit » où l'exaction serait devenue la norme (cités dans Authier (2008). Toutes ces représentations communes du quartier se sont imposées dans la société française à partir des années 1980.

A ces territoires sont associés de représentations négatives. Ils sont souvent vus comme des lieux de concentration de population d'origine étrangère, d'émeutes urbaines, d'habitat dégradé, où les situations de délinquance, d'insécurité ou de banditisme sont plus ou moins fréquentes. L'échec scolaire, la précarité de l'emploi, le chômage des jeunes sont aussi plus présents dans ces zones urbaines qu'ailleurs. En effet, le taux de chômage dans ces quartiers était de 24,7 % en 2017 contre 9 % à l'échelle nationale du territoire. Ce taux y demeure 2,7 fois plus élevé qu'ailleurs (cget, 2018).

La lutte contre l'exclusion urbaine et sociale passe par une action en faveur des quartiers en difficulté. Ainsi, des dispositifs spécifiques, qui privilégient le quartier comme niveau d'intervention d'une politique de discrimination positive, essayent d'apporter des réponses aux différents problèmes de ces quartiers sensibles des villes françaises. Depuis lors,

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différentes politiques se sont succédé. En effet, le besoin d'enrayer la dégradation physique et sociale des grands ensembles, s'est fait sentir à la fin des années 70. Les opérations "Habitat et vie sociale", directement pilotées par l'État sont mises en place. Il s'agit de réhabiliter les HLM avec l'aide financière de l'État. Aussi, au début des années 80, la Politique de la ville est mise en place en France. En effet, la Politique de la ville est une politique publique complémentaire d'exception, de cohésion urbaine et de solidarité envers les quartiers les plus défavorisés. Elle désigne une politique mise en place par les pouvoirs publics afin de revaloriser les zones urbaines en difficulté et de réduire les inégalités sociales et économiques entre les territoires. Elle agit sur tous les pans du droit commun en mettant en place des projets locaux pour l'amélioration du cadre de vie, de l'accès à la culture et à la santé, au niveau de l'emploi, de l'éducation. A travers cette politique, l'intervention publique est renforcée dans des quartiers urbains en difficultés pour la restauration de l'égalité républicaine et l'amélioration des conditions de vie des habitants. Elle est consacrée à la lutte contre les inégalités sociales et territoriales.

Le développement social des quartiers (années 1980), la mobilisation du droit commun par les contrats de ville (années 90) et la rénovation urbaine (années 2000) correspondent aux trois âges de la Politique de la ville en France. En effet, Epstein (2014), trouve que ces trois périodes correspondent à des orientations nationales successives. Il qualifie la première période « d'approche remontante des années 1980 » de démocratisation des institutions urbaines, la deuxième est vue comme étant « une approche transversale des années 1990 » où l'on a assisté à la territorialisation des politiques publiques et enfin dans les années 2000 où l'on voit s'installer la normalisation socio-urbaine de cette politique. Epstein (2014) qualifie cette approche de « descendante » avec la reprise en main de l'Etat avec la mise en place des agences comme l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU), chargée d'accompagner des projets globaux pour transformer en profondeur les quartiers. L'ANRU est créée par la loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003. L'Etat a mis en place aussi l'Agence de Cohésion Sociale et de l'Egalité des Chances (ACSE), qui quant à elle, créée par la loi pour l'égalité des chances du 31 mars 2006, est chargée de renforcer la cohésion sociale de territoires de la Politique de la ville.

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Pendant ces trois périodes, des actions ont été menées en faveur des quartiers populaires et des grands ensembles. Mais plusieurs difficultés entravent l'atteinte des objectifs fixés et des critiques s'expriment. En effet, les élections présidentielles de 2012 se traduisent par l'élection de François Hollande grâce à un vote massif des habitants des quartiers populaires. Ce dernier avait critiqué dans son discours du 16 mars 2012 les limites et les incohérences de la politique issue des réformes radicales de la loi Borloo, loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine adoptée en 2003. Et il a souhaité de rompre symboliquement avec le gouvernement précédent dont il considère que les actions avaient abandonné et stigmatisé les quartiers populaires.

De même, en juillet 2012, un rapport conséquent intitulé La Politique de la ville : une décennie de réformes de la Cour des Comptes souligne que la plupart des objectifs de la Politique de la ville n'ont pas été atteints et y voit des problèmes de gouvernance. Dans ce rapport, la Cour estimait que « la géographie prioritaire retenue est trop complexe et la dilution des interventions trop importante, sur un trop grand nombre de zones ont pénalisé le dispositif ». Elle note également que cette politique « aborde très peu le volet social, souligne que très peu de moyens sont mis à disposition pour atteindre les objectifs et un manque de pilotage qui n'a pas contribué à la réduction des inégalités ».

D'autres critiques font état de ce que la Politique de la ville n'est pas parvenue à instaurer les démarches participatives des habitants et une dynamique sociale de cette politique peine à se mettre en oeuvre. Basée sur les enjeux de proximité, la participation des habitants dans les quartiers était souhaitée selon Boudeghdegh, Le Dû et Valbon (2012), « Dès les premières mesures Habitat et Vie Sociale en 1977 et il s'agit alors de les associer à la gestion de services nouveaux à titre expérimental, tels les régies de quartier, les haltes garderies, etc ». Elle n'est donc pas une question nouvelle dans la Politique de la ville et selon, Bacqué et Mechmache (2014), « Faire des habitants les acteurs du changement de la participation des habitants était l'approche préconisée dans le rapport Dubedout en 1983 ». Pour eux, « la Politique de la ville a constitué un lieu riche d'expérimentations participatives mais elle est restée une politique conduite et décidée par le haut ». Certes, la Politique de la ville a permis d'avoir des effets positifs en matière d'aménagements urbains ou de renforcement des services publics de proximité mais elle n'a pas permis de donner un nouveau souffle à la dynamique sociale attendue.

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Ainsi, en octobre 2012, les travaux de réforme pour une redéfinition de la Politique de ville ont été entamés par le ministère de la ville dans le cadre d'une concertation nationale. Ces travaux ont permis d'aboutir à des propositions relatives à la révision de la géographie prioritaire, qui selon Damon (2018) « s'étend et se rétracte comme un soufflet d'accordéon », à l'intégration des volets urbain et social de la Politique de la ville dans le nouveau cadre contractuel et à la mobilisation des politiques du droit commun en faveur des quartiers prioritaires.

En janvier 2013, le ministre délégué pour la ville, François Lamy missionne Marie-Hélène Bacqué, sociologue, enseignante - chercheure et Mohammed Mechmache, acteur associatif, fondateur et président d'honneur du collectif « Pas sans nous », pour formuler des propositions sur la participation citoyenne dans la nouvelle Politique de la ville. Cette commande est réalisée partant du constat que les acteurs de la Politique de la ville et les habitants ne seraient pas assez impliqués ou peu écoutés par les politiques publiques. Le 8 juillet 2018, le rapport Pour une réforme radicale de la Politique de la ville. Ça ne se fera pas sans nous. Citoyenneté et pouvoir d'agir dans les quartiers populaires, construit à partir des auditions, d'échanges avec plusieurs acteurs (les professionnels, des élus locaux, des responsables associatifs, des chercheurs), a été déposé au ministre Lamy. Les co-auteurs de ce rapport proposent une réforme radicale mettant en avant « un empowerment à la française » qui ferait des habitants le coeur d'une Politique de la ville co-élaborée. Ce « pouvoir d'agir » repose sur cinq enjeux majeurs. Il mettra les citoyens au coeur des services publics en prenant de mieux en compte leurs avis, en appuyant le développement du pouvoir d'agir, en changeant l'image des quartiers, en démocratisant la Politique de la ville et renversant la démarche de la formation tout en favorisant les démarches de co-formation et d'accompagnement des usagers.

Dans le rapport, les co-auteurs proposent six groupes de propositions concrètes. Ils proposent d'abord de financer la participation des habitants en donnant des moyens à l'interpellation citoyenne, ensuite de soutenir la création d'espaces citoyens en mettant en place des lieux de débat, d'échanges et de propositions aux échelles locale et nationale, tout en favorisant le développement associatif en rendant le financement des associations plus sécurisé, plus indépendant et transparent en évitant les logiques de clientélistes et partisanes. Bacqué et Mechmache proposent aussi que les instances de la Politique de la ville soient des lieux de co-élaboration et co-décision. Il s'agit donc d'associer les citoyens à la co-élaboration

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des projets de territoires et des contrats de ville dans toutes les phases. Enfin, dans les deux dernières propositions qui sont transversales, les auteurs suggèrent une série de mesures pour changer l'image des quartiers populaire et la mise en place d'une méthode de coproduction, de co-formation et d'évaluation qui consiste à transformer les pratiques des élus et des professionnels.

Les reformes de la Politique de la ville ont été traduites dans la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 (dite loi Lamy). Elles rénovent en profondeur les méthodes, la simplification des dispositifs tout en donnant une meilleure lisibilité à la Politique de la ville, concentrer les moyens vers les quartiers et optimiser les leviers d'actions publiques dans une démarche intégrée (économique, social et urbain). Cette loi inscrit le principe d'une co-construction de la Politique de la ville avec les habitants, ils participeront notamment à la réflexion autour des projets de renouvellement urbain. Elle favorise aussi l'association des habitants aux politiques qui les concernent, afin de combattre les discriminations dont ils sont victimes. En plus d'avoir défini une nouvelle géographie prioritaire (carroyage) qui s'appuie sur un indicateur unique du revenu médian, les reformes prônent le renforcement de la participation des habitants. Elles créent les conseils citoyens et les maisons du projet pour porter l'initiative citoyenne, garantir la place de l'habitant dans toutes les instances de pilotage en mettant en place un espace de propositions et d'initiatives à partir des besoins des habitants.

Ces nouvelles orientations visent donc à donner plus de place aux citoyens dans la Politique de la ville, mieux les intégrés. Il en découle l'intérêt de réfléchir à la place des citoyens dans la vie des quartiers, leur sentiment d'appartenance, leur attachement au quartier qui peuvent alors servir de leviers pour mieux les intégrer aux processus décisionnels ou , moins , mieux prendre en compte leur avis. Ainsi, cela répond d'une certaine manière aux recommandations du rapport Bacqué-Mechmache.

Par ailleurs, la loi Lamy attribue la Politique de la ville comme une nouvelle compétence pour l'intercommunalité et réaffirme le droit commun. Cela marque ainsi un nouveau départ pour la Politique de la ville. En France métropolitaine, 4,8 millions de personnes vivent dans les 1 300 quartiers de la Politique de la ville (insee, 2015). Dans l'agglomération mancelle, cinq quartiers prioritaires et plus 26 300 habitants bénéficient des moyens et d'actions spécifiques au titre de la Politique de la ville.

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2. La Politique de la ville active sur l'agglomération mancelle

Dans les années 1950 à 1970, de grands ensembles d'habitats collectifs se sont imposés dans l'agglomération mancelle dans les communes d'Allonnes, de Coulaines et de Le Mans. Cette situation est due à la croissance industrielle et à l'arrivée massive de nouvelles populations. Ces communes ont bénéficié des dispositifs liés à la Politique de la ville et au développement social relayés par le contrat de ville dès le début des années 1980 suite à des problèmes sociaux et urbains auxquels sont confrontés certains grands ensembles. Les dispositifs, liés au Développement Social et urbain et à la politique de ville, sont actifs sur l'agglomération depuis plusieurs années et ont permis de mieux intégrer les grands ensembles dans la ville avec pour intention d'améliorer les conditions de vie des habitants et de changer l'image des quartiers. En effet, l'agglomération mancelle a bénéficié des dispositifs liés à « l'habitat et Vie Sociale » à travers deux opérations réalisées dans les quartiers Glonnières (Le Mans) et Chaoué (Allonnes). Les quartiers Les Sablons (Le Mans) et Perrières (Allonnes) bénéficieront par la suite des opérations « Développement Social Urbain (DSU) et « Développement Social des Quartiers (DSQ) ».

Par ailleurs, dès 1994, les quartiers en zone franche urbaine ou en zone de redynamisation urbaine en grandes difficultés économiques, et sociales classés en Zones Urbaines Sensibles (ZUS), ont bénéficié d'un premier contrat de ville et d'autres dispositifs comme le Programme de Réussite Educative (PRE), le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS) les Programmes de Rénovation Urbaine (PRU) liés à Politique de la ville jusqu'à 2015. Suivant les orientations de la loi Lamy, l'agglomération mancelle a adopté la compétence Politique de la ville et s'est attelée à la rendre effective dans les trois communes concernées (Le Mans, Coulaines et Allonnes).

Aujourd'hui, les quartiers Bellevue-Carnac, Chaoué-Perrières, L'Epine, Les Sablons - Bords - de l'Huisne et Ronceray - Vauguyon - Glonnières constituent les entités bénéficiaires des dispositifs du contrat de ville (2015-2020) au sein de la communauté urbaine Le Mans Métropole avec près 26 300 habitants. Ils représentent 12.8 % de la population de l'agglomération. C'est au Service Politique de la ville (SPV) mis en place en janvier 2016 que revient la mise en oeuvre de ce contrat, la coordination entre les acteurs concernés en lien avec l'Etat. La carte suivante, présente les cinq quartiers prioritaires de l'agglomération mancelle.

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Les 5 quartiers prioritaires de l'agglomération mancelle en 2019

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A l'approche de 2020, terme du contrat de ville en cours, le SPV se mobilise afin de proposer une réflexion et un état des lieux de la vie des quartiers. Cette réflexion s'inscrit dans une démarche de renouvellement de la Politique de la ville en 2020 et donc d'actualisation du diagnostic posé dans le contrat de ville.

Cette étude est née de la volonté du service dans le cadre de la révision du contrat de ville d'organiser d'abord, une journée sur le thème de la Politique de la ville en direction de ses acteurs, un « temps fort » pour mars 2019. Celle-ci qui visait notamment à mettre en lumière le travail mené par tous au sein des quartiers prioritaires, puis à réfléchir aux perspectives à donner localement.

Cette journée a trouvé des formes et des contenus variés construits avec les partenaires. L'un des volets a concerné l'actualisation du diagnostic qui avait été réalisé lors de la construction de l'actuel contrat de ville. L'enjeu était bien de chercher à identifier, collectivement, comment ont évolué les différents quartiers prioritaires dans toutes leurs dimensions, et à interroger les différents acteurs de la Politique de la ville. Tout ceci est en lien avec l'actualité politique consacrée à l'action publique en faveur des quartiers prioritaires de la Politique de la ville. En effet, le discours du Président de la République le 24 novembre 2017 à Tourcoing, a lancé la grande démarche de mobilisation de l'ensemble des parties prenantes de la Politique de la ville pour les habitants des quartiers afin de renforcer des dispositifs existants, mais aussi de déployer de nouvelles mesures.

Dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances pour 2019, les députés ont voté un amendement gouvernemental prévoyant de proroger de deux ans les contrats de ville en cours depuis 2014. Cette prorogation des contrats de ville à 2022, prend la forme d'un simple avenant en se référant la circulaire signée par le Premier ministre Edouard Philippe, le 22 janvier 2019. Ainsi les contrats de ville 2014-2020 doivent être révisés à mi-parcours soit à l'été 2019 et ne seront pas renouvelés. Cette révision des contrats de ville doit donner lieu à la définition d'un protocole d'engagements renforcés et réciproques entre l'Etat et les collectivités. Dans le processus de l'élaboration du protocole d'engagements renforcés et réciproques, le SPV décidé de réaliser un diagnostic.

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B. Les objectifs et hypothèses de l'enquête

Prenant en compte la nécessité de mettre les habitants au coeur de la Politique de ville et les considérant comme des acteurs détenteurs de savoir d'usage et de ressources capables de penser leur transformations, le SPV a manifesté le désir d'associer les habitants des quartiers au diagnostic sous la forme d'un diagnostic partagé associant élus et partenaires et sollicitant les habitants quant à leur rapport habitant/quartier. C'est dans ce cadre que le service a souhaité recruter un stagiaire pour interroger les habitants des QPV afin recueillir leurs avis sur l'impact que le quartier a sur leur vie. Il s'agit pour ce stagiaire de se rapprocher des habitants des quartiers prioritaires afin de recueillir leurs observations et des éléments de connaissance quant à la façon dont ils vivent leur quartier et dont celui-ci influence leur vie. De façon spécifique, il s'agit donc de :

? Comprendre la manière dont l'habitat, le quartier, le voisinage, les espaces publics, les aménagements, les équipements font sens pour les habitants.

? Comprendre les rapports que les habitants entretiennent avec leur quartier.

? Identifier les différents usages que les habitants font de leur quartier.

Ce travail s'inscrit dans une seule logique, celle de voir les liens ou les relations que les habitants entretiennent avec leur quartier dans la mesure où pour P. Sansot (1980) cité par Humain-Lamoure (2007), un quartier se constitue de la valeur et de l'attachement nés de la ritualisation des pratiques répétitives de ses habitants. Le renouvellement quotidien des gestes et de situations très simples est le support concret à l'appropriation de l'espace.

Nous formulons donc l'hypothèse que :

La qualité de vie du quartier aurait une influence sur la perception que les gens ont de leur quartier, leurs sentiments, leurs comportements et leur rapport au quartier.

La proximité des équipements, les aménités du quartier, les relations de voisinage favorisent la satisfaction à l'égard de la vie dans le quartier.

L'endroit où l'on habite peut exercer une influence déterminante sur ses sentiments, le quartier influence négativement des habitants ou qu'il existe un rapport positif au quartier.

L'environnement, le voisinage, la propreté, les sentiments de sécurité, de bien - être et d'attachement peuvent influencer positivement ou négativement les façons dont les

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habitants s'approprient et se représentent leur quartier. De toutes ces hypothèses, découle

un certain nombre de questionnement :

Quels rapports les habitants entretiennent- ils avec leur quartier ?

Quels usages font - ils par exemple des commerces, des parcs, des espaces publics ou bien

encore des équipements proches de leur lieu de vie ?

Quelles valeurs accordent - ils à cet espace ?

Quelles relations entretiennent - ils avec leurs voisins ?

Quels impacts cet espace proche de leur logement a-t-il sur leur vie ?

Pour répondre au questionnement, il est important de définir une méthodologie de recherche

et de présenter notre terrain d'étude.

II. La méthodologie d'enquête

Pour répondre aux objectifs de l'étude, différents outils ont été mobilisés. La toute première étape a été les travaux préparatoires, (la visite de quartier, l'élaboration de la méthodologie d'enquête et l'élaboration du questionnaire). Ensuite, pour recueillir les observations des habitants, l'étude s'est attachée à les interroger directement à partir d'un questionnaire, la réalisation d'entretiens avec l'association de la carte mentale.

A. Les travaux préparatoires

Les enquêtes de terrain ont débuté en octobre 2018 et ont pris fin en mai 2019 avec plusieurs étapes successives. Les travaux préparatoires ont couvert la période du 22 octobre 2018 au 02 novembre 2018. Ils ont constitué la toute première étape des enquêtes et ont permis dans un premier temps de prendre connaissance de notre terrain d'étude à travers les visites de terrain (visites de quartier,). En effet, accompagné par un chargé de mission ou un référent famille du SPV, nous avons exploré le terrain. Ceci nous a permis de prendre connaissance de notre secteur d'étude, de faire certaines observations, de repérer les potentiels lieux où nous pourrions rencontrer du monde. Pendant cette période de pré-enquête, nous avons participé à des réunions avec « Le groupe Temps fort diagnostic » du SPV. Ces différentes réunions ont permis l'élaboration de la méthodologie d'enquête, la rédaction du questionnaire, du guide d'entretien et la validation du protocole d'enquête.

Par ailleurs, pendant cette période, des contacts ont été pris. Ainsi, les différents acteurs locaux, partenaires de la Politique de la ville ont été rencontrés. Les différentes

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réunions ont permis d'expliquer la démarche et solliciter leur collaboration pour la réalisation des enquêtes auprès des habitants.

B. La production des données

Les enquêtes proprement dites se sont déroulées entre le 26 novembre 2018 et le 31 mai 2019. Nous avons sillonné les différents terrains d'études à la rencontre des habitants afin de recueillir leur avis et des éléments quant à la façon dont ils vivent le quartier à l'aide de différents outils d'enquête.

1. Les outils de production de données

Les différents outils utilisés dans le cadre de cette étude pour produire les données sont : le guide d'entretien, le questionnaire et la carte mentale.

a. Le guide d'entretien

Construit autour de 8 thématiques (La perception du lieu habité, l'appréciation du logement, l'appréciation du quartier et de son environnement, les pratiques et les lieux des pratiques dans le quartier, la perception des atouts et des problèmes du quartier, les relations de sociabilité (nature et lieux), la perception des actions de certaines institutions et la perception de son avenir dans le quartier) contenant chacune des questions, le guide d'entretien a permis d'avoir un fil conducteur lors des entretiens réalisés selon le ressenti avec la personne.

b. Le questionnaire

Le questionnaire a été rédigé en lien étroit avec le service Politique de la ville notamment avec « Le groupe Temps fort diagnostic » (cf. Questionnaire en annexe). Nous avons veillé à ce qu'il soit adapté au public ciblé, d'où le format court (un recto-verso) avec des réponses prédéfinies. Pour la rédaction du questionnaire, nous avons utilisé un vocabulaire simple, compréhensible par tous. Le questionnaire comprend 16 questions avec des réponses prédéfinies et comporte quatre différentes parties.

? L'identification de l'enquêté

Cette première partie du questionnaire a permis de collecter des informations relatives à la commune et au quartier d'origine de l'enquêté, son âge, le genre, son statut, sa situation

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matrimoniale. Il faut souligner que le questionnaire étant anonyme et facultatif, nous n'avions pas recueilli des informations concernant le nom, prénoms et l'adresse de l'enquêté.

? La vision du quartier

Il prend en compte des informations relatives à la durée d'installation sur le quartier, à l'attachement au quartier, à l'état de propreté du quartier, du logement, au sentiment de sécurité, au niveau de délinquance perçu , aux liens de sociabilité dans le quartier, le bien-être et à l'envie de quitter ou non le quartier.

? La vision de l'enquêté des équipements du quartier

Cette troisième partie du questionnaire prend en compte les questions relatives à la présence en nombre suffisant ou non des équipements dans le quartier, leur utilité. Elle prend en compte aussi les questions relatives à la fréquentation, l'accessibilité des équipements, à l'accès à la culture, la connaissance ou non des différents services présents sur le quartier.

? La mobilité interne et externe de l'enquêté

Elle regroupe les questions liées aux différents lieux ou endroits où se rend l'enquêté dans ou en dehors de son quartier, où il fait ses courses et autres activités.

Les répondants choisissent parmi les modalités des réponses prédéfinies avec une partie ouverte presque avec une possibilité d'évoquer les raisons qui motivent leur choix sur chaque question et dans un second temps, ils réaliseront un dessin.

c. La carte mentale

La carte mentale est un construit qui enveloppe les processus cognitifs (percevoir, penser, imaginer, raisonner, juger, se souvenir). Ainsi, chaque individu, à l'intérieur de son espace personnel établit des relations de nature topographique ou sentimentale et élabore ainsi dans sa tête une carte des lieux. C'est un outil à la fois social, symbolique et sentimental, nous permettant de maîtriser plus ou moins notre espace et nous permettent aussi de représenter le monde comme les individus se l'imaginent (André et al, 1989). Elle est un outil qui donne à voir la maîtrise (et la connaissance) que l'on a de notre espace.

Aussi, la carte mentale peut permettre de montrer quelles sont les représentations, les connaissances, les espaces vécus et les pratiques spatiales des habitants de ces quartiers prioritaires.

Dans le cadre de notre étude, la carte mentale a été associée aux enquêtes par entretien et par questionnaire avec pour objectif de comprendre les représentations et usages

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du quartier par les habitants. Le protocole a proposé aux interrogés de dessiner de mémoire sur une fiche les endroits qu'ils fréquentent dans leur quartier. Ceci permettra d'apprécier leur connaissance du quartier, des équipements du quartier, les trajets pratiqués, les espaces appréciés ou mal aimés de leur quartier.

2. Les lieux et le mode de passation du questionnaire et du guide d'entretien

Cette étude n'a pas fait l'objet d'un échantillonnage. Aucun nombre fixe de personnes à interroger n'a été déterminé. Il nous a fallu nous adapter au terrain, rencontrer les acteurs et partenaires du contrat de ville entre autres : les centres sociaux, la mission locale, les services jeunesse, les établissements scolaires, les bailleurs et les associations.

En effet, pour l'enquête auprès des collégiens, il a fallu, en collaboration avec le responsable du pôle cohésion sociale - éducation du service Politique de la ville, entrer en contacts avec les principaux des collèges afin de leur présenter la démarche. Nous avons donc échangé plusieurs mails, appels téléphoniques avec ces responsables et effectué des déplacements multiples pour leur apporter des explications quant aux objectifs et déroulé de l'enquête. Tous ces échanges ont permis aussi mettre en place une technique adaptée pour passer le questionnaire auprès de ces adolescents. L'enquête auprès des collégiens s'est donc faite à l'intérieur des collèges dans les salles de classes. Il faut préciser que l'autorisation des parents d'élèves n'a pas été nécessaire dans la réalisation de cette enquête auprès des collégiens de Vauguyon, de Costa Gavras, de Le Marin, de Jean de l'Epine, d'Alain Fournier et Kennedy. Mais, elle a été l'une des raisons pour lesquelles l'enquête n'a pas été réalisée auprès des collégiens du collège Léon Tolstoï de Bellevue - Carnac. Il est important de préciser que pour faute de quitus de l'administration du collège Jean Cocteau, situé dans la commune de Coulaines, l'enquête n'a pas pris en compte les collégiens de cet établissement. Les collégiens de cette commune n'ont pas pu se prononcer.

Pour l'enquête auprès des autres habitants (15ans et plus), la population interrogée est rencontrée au hasard dans l'espace public (rues, parcs, plaines, marchés, cafés, bars), aux arrêts transports en commun, des halls d'immeubles. A l'entrée d'équipements : gymnases, centres sociaux, établissements scolaires, médiathèques, mission locale, service jeunesse, maison de quartiers, d'équipements de commerce etc) des cinq quartiers Politique de la ville. La collaboration avec les médiateurs de l'association Culture du coeur nous a facilité la tâche pour la réalisation du porte à porte dans les quartiers.

Photo 1 : A la rencontre des habitants au gymnase et au Restau du coeur de Chaoué-Perrières, Source : H. ADEBO, 2019

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Par ailleurs, le dépouillement et le traitement des données ont suivi aussitôt l'étape de la collecte. A l'issue des observations, des entretiens et la passation de questionnaire, il a été procédé au dépouillement des fiches d'enquête à l'aide du logiciel sphinx. Les résultats issus de cette enquête ont été présentés aux professionnels, aux habitants et aux élus lors des réunions de quartier organisées par le service Politique de la ville.

Le tableau ci-après présente le calendrier et la temporalité de l'étude.

Tableau 1 : calendrier et la temporalité de l'étude

Périodes

Les étapes

Méthodologie

22 /10/2018 au 02 /11/2018

Les travaux préparatoires

- Visite de quartier

- Observation

- Rencontre des partenaires

- réunion de groupe

- Elaboration/validation

méthodologie d'enquête

26 /11/2018 au 31 /05/2019

Production de données Collégiens (10-14 ans)

- Questionnaire

- Entretien

- Cartes mentales

Autres jeunes (15- 25 ans)

Autres habitants (26 ans et plus)

1er/06/2019 au 12 /07/2019

- Traitement, résultats et analyses des données

- Présentation des résultats aux professionnels et habitants lors des

réunions de quartier

- Présentation des résultats aux élus

- Présentation des résultats à la réunion de service

Par ailleurs, quelles sont les caractéristiques de notre terrain d'étude ?

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III. Présentation du territoire d'étude

A. Le Mans, une métropole en développement

À mi - chemin entre la capitale française et la façade atlantique, plus précisément dans le département de la Sarthe et la région Les Pays de la Loire, l'agglomération du Mans a été notre terrain d'étude. Le Mans Métropole est un EPCI, en dépit de son nom contenant le terme « métropole », sa forme est une communauté urbaine. Cette intercommunalité créée le 19 novembre 1971 s'est agrandie depuis les réformes de 2017 avec l'intégration de cinq nouvelles communes : Chaufour-Notre-Dame, Fay, Pruillé-le-Chétif, Saint-Georges-du-Bois et Trangé.

Aujourd'hui, elle regroupe 19 communes avec une population de 205 399 habitants répartie sur une superficie de 267,1 km2 soit une densité de 768,1 habitants par km2. Elle présente une situation démographique caractérisée par une tendance à l'étalement urbain qui semble s'inverser, un vieillissement de la population et une baisse de la taille des ménages. Avec 72 % d'actif et 59,6 % d'actifs ayant un emploi, son territoire est attractif en termes d'emploi dont 80 % dans le secteur tertiaire. L'agglomération convenable à l'implantation des entreprises, compte 52 zones d'activités avec plus 800 entreprises. Elle dispose des équipements et des infrastructures de transports et de communication, culturels ou sportifs et de nombreux équipements de proximité.

La carte suivante présente les communes de l'agglomération mancelle en 2019

Les communes de la Communauté Urbaine Le Mans Métropole en 2019

25

Source : lemans-tourisme.com

26

Notre étude s'est intéressée aux quartiers prioritaires de la communauté urbaine Le Mans Métropole. Ces quartiers constituent des entités urbaines spécifiques et font partie intégrante du tissu urbain concentrant des habitants à revenus faibles. Ils ont aussi des caractéristiques communes de par leur composition sociale, le revenu des habitants, le types d'habitats, le taux de chômage et sont des zones de concentration urbaine de population à faibles revenus. Ils s'insèrent dans une agglomération où la pauvreté est relativement marquée : 16 % des habitants de l'unité urbaine du Mans vivent sous le seuil de pauvreté, soit 5 points de plus que dans celle de Nantes et 3 points de plus qu'en moyenne dans les 11 agglomérations comportant des QPV.

De même, la moitié de la population des QPV de l'agglomération mancelle est pauvre, contre 42 % en moyenne dans les QPV de la région sauf dans le quartier de Chaoué - Perrières. Les habitants rencontrent également des difficultés en matière d'emploi, particulièrement aux Sablons et à Ronceray Glonnières (insee, 2017). Afin de mieux connaître le terrain d'étude, il nous semble important de présenter les quartiers prioritaires et leurs caractéristiques socio démographiques.

B. Les quartiers Politique de la ville de l'agglomération mancelle 1. Le quartier Bellevue-Carnac : A cheval entre Le Mans et Coulaines

Bellevue-Carnac a la particularité d'être à cheval sur deux communes, Le Mans et Coulaines dont une partie notamment haute est desservie par le tramway. Ce quartier regroupe 4264 habitants avec un parc de logements composé à 97,3 % de logements sociaux. Ce quartier est dense et proche des espaces naturels mais peu d'espaces extérieurs. On retrouve dans ce quartier de nombreux équipements socio-culturels et sportifs.

Dans ce quartier, 98 % des ménages sont locataires, 5 % d'entre eux se composent de six personnes et plus, 28 % reçoivent au moins une allocation chômage. La part des familles monoparentales et des personnes ayant moins de 14 ans est de 26 % contre 14 % pour celles ayant 60 ans et plus. La part des habitants percevant des bas revenus est de 35 %. Il faut noter que 9 % des habitants de ce quartier sont des étrangers. Le revenu médian disponible par mois des habitants de Bellevue - Carnac est 1008 euros avec un taux de pauvreté de 34 %.

La photo ci-après montre la place de l'Europe, véritable place de rencontres située à proximité de service et commerces.

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Photo 2 : Place de l'Europe, Bellevue-Carnac

Source : H. ADEBO, 2019

2. Le quartier Chaoué- Perrières

Situé dans la commune d'Allonnes, Chaoué-Perrières est composé d'immeubles collectifs en urbanisme de barre et de tours essentiellement du logement social (75 %). Ce quartier représente 55 % de la commune d'Allonnes avec une population de 5407 habitants dont 7 % d'étrangers. On y retrouve un ensemble de services et d'équipements. Les liaisons entre ce quartier et les autres parties de la commune ou de l'agglomération sont assurées par une ligne de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS). Le revenu médian disponible par mois est 1156 euros dans ce quartier.

Dans ce quartier, 82 % des ménages sont locataires, 28 % sont des familles monoparentales. 28 % des ménages perçoivent au moins une allocation chômage. De plus, 3 % des ménages se composent de 6 personnes et plus. Les personnes recevant de bas revenus représentent 27 % des habitants et la part des personnes ayant moins de 14 ans est 21 %. La photo suivante montre l'imposante tour dénommée la tour étoile et la place du maille servant de lieu pour le marché du quartier.

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Photo 3 : La tour étoile et le maille à Chaoué -Perrières

Source : www.lemans.fr

3. Le petit quartier L'épine

Le quartier de l'Epine est nettement perçu comme un milieu fermé, isolé et petit avec sa superficie de 11 ha et sa population de 880 habitants. Le quartier de l'Epine est situé dans la commune de Le Mans. La vie commerciale y est presque éteinte, le parc de logements est composé à 99 % de logements sociaux. Ce parc datant des années 1960 fortement désuet et la population qui y vit est d'origine diverse avec 11 % de population étrangère. Un quartier invisible, coincé entre plusieurs espaces attractifs à côté. Aux alentours de ce quartier, on trouve diverses infrastructures de loisirs, de transport, d'éducation. Il est relié aux autres quartiers de la commune par les transports en commun (la ligne du tramway et le bus). Il se présente comme un quartier à redynamiser dont le revenu médian disponible par mois est de 981 euros.

Dans ce quartier, 98 % des ménages sont locataires, la part des personnes percevant de bas revenus est 41 %. Celle des personnes ayant moins de 14 ans représentent 25 %. Quant aux ménages, 98 % d'entre eux sont des locataires, 22 % perçoivent au moins une allocation

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chômage et 3 % se composent de 6 personnes et plus. La part des familles monoparentales est de 24 %. Le taux de pauvreté dans ce quartier est 30 %.

4. Le quartier Les Sablons Bords de l'Huisne : Le plus grand quartier d'habitat social de l'agglomération

Le quartier répond à la définition d'habitats de grands ensembles avec de nombreux tours et de grandes barres HLM dont 84 % de logements sociaux. Un quartier très étendu avec plusieurs infra territoires, traversés par la rocade et relié par le tramway. Il est un quartier de la ville du Mans avec une population de 9714 habitants composée 18 % de personnes étrangères. Les Sablons est le deuxième QPV le plus peuplé de la région, après Bellevue à Nantes, avec 9 700 habitants Le revenu médian disponible par mois est de 965 euros (insee, 2017). On note une importante présence d'équipements de proximité ou structurants, commerces et activité économique.

Le revenu médian disponible par mois dans ce quartier est de 965 euros. La part des familles monoparentales est de 22 % et celle des personnes ayant moins de 14 ans est de 40 %. 89 % des ménages sont locataires, 26 % perçoivent au moins une allocation chômage et 6 % des ménages se composent de 6 % de personnes et plus. Le taux de pauvreté dans ce quartier est de 38 %.

5. Le quartier Ronceray- Vauguyon-Glonnières

Situé au sud de la commune de Le Mans, ce quartier prioritaire compte 6000 âmes avec un revenu médian par mois de 1025 euros pour un taux de pauvreté de 38 %. Ce quartier est constitué des trois ensembles délimités et desservis par un réseau viaire structurant et le tramway. On retrouve des infrastructures et équipements d'éducation, sportifs, de loisirs types de logements plus variés et hétérogènes. On note également la présence des services publics de proximité.

On y retrouve de grands espaces verts le tout connecté à un centre commercial (cf. photo). La part de logements sociaux est 81 % dans lesquels logent 91 % de ménages locataires. 17 % de familles sont monoparentales. Les ménages recevant au moins une allocation chômage représentent 23 %, et ceux qui se composent de 6 personnes et plus sont

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de 4 %. La part des personnes ayant moins de 14 ans est de 21 % et celle des habitants percevant de bas revenus est 38 %.

Les photos suivantes présentent quelques équipements du quartier notamment le city stade des Glonnières, le centre commercial Sud et la maison de quartier Jean Moulin de Vauguyon.

Photo 4 : City stade des Glonnières

Photo 5 : Maison de quartier Jean Moulin

 
 
 

Photo 6 : Centre commercial Sud

 
 

Source : H. ADEBO, 2019

Les enquêtes réalisées dans cinq quartiers prioritaires de l'agglomération, ont permis de collecter des données qualitatives et quantitatives.

IV. Les chiffres clés représentatifs de l'enquête

Les chiffres présentés, sont ceux des données recueillies lors des enquêtes réalisées entre novembre 2018 et mai 2019 dans les cinq quartiers prioritaires de l'agglomération. Il s'agit des données relatives au nombre de fiches collectées, à la répartition des enquêtés par sexe, par tranche d'âge, par quartier prioritaire et leur statut.

31

Source : Enquêtes de terrain, H.ADEBO, 2019

Nous avions réalisé trois enquêtes par questionnaire auprès de trois différents publics. En effet, pour la première enquête, nous avons souhaité porter un regard sur le public « jeune » surtout ceux qui ne sont jamais questionnés sans les démarches institutionnelles classiques : les adolescents âgés entre 10 ans et 14 ans. Nous avons donc interrogé des collégiens quant à leur rapport avec le territoire à partir d'un questionnaire avec des items liés à la vision du quartier, de ses équipements etc. Cette enquête a permis de cibler les élèves des collèges Alain Fournier, Vauguyon, Costa Gavras, Le Marin, John Kennedy et Jean de l'Epine situés dans quatre quartiers prioritaires sur les cinq que compte l'agglomération mancelle (Sablons, Ronceray-Vauguyon-Glonnières, Epine et Chaoué-Perrières).

Les répondants étaient des élèves de deux promotions. Nous avons souhaité que le questionnaire puisse être rempli, de manière anonyme, par une classe d'élèves de 6ème et une classe de 3ème par collège. Nous avons interrogé 179 collégiens en début et en fin de cycle sur la base du questionnaire (voir annexe). Le taux de remplissage global du questionnaire

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collégiens est de 90 %. Par ailleurs, une restitution des résultats de cette enquête a été faite du temps fort de mars 2019 organisé par le service Politique de la ville.

La deuxième enquête de terrain s'est orientée vers des personnes âgées entre 15 et 25 ans, habitants les QPV. Elle a permis de recueillir les avis et les éléments de connaissances du quartier auprès de 161 individus avec un taux de remplissage global de 91,4 %. Enfin, 220 répondants âgés de 26 ans et plus ont répondu au questionnaire dans le cadre de la troisième période d'enquête avec un taux de remplissage global de 92,5 %.

Au total nous avions rencontré 560 habitants soit 2.05 % de la population des QPV. Un effectif composé de 288 hommes (51 %) contre 272 femmes (49 %) ayant entre 10 et plus de 60 ans.

Graphique 2 : Répartition des enquêtés par tranche d'âge

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

Cette portion de population enquêtée est composée de collégiens, de lycéens, d'étudiants, de salariés, des retraités et des personnes à la recherche d'un emploi. Le graphique ci-dessous présente la répartition par des enquêtés par quartier prioritaire. En effet, lors de nos sorties de terrain, nous avions rencontré 122 individus à Chaoué Perrières. 77 personnes ont été questionnées sur les quartiers Bellevue-Carnac 65 à l'Epine. Les

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habitants interrogés aux Sablons représentent près de 62 % contre 21 % au Ronceray-Vauguyon-Glonnières

Graphique 3 : Statuts des enquêtés

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

Ces chiffres sont représentatifs de chaque quartier puisque qu'ils correspondent proportionnellement à l'effectif démographique de chaque quartier prioritaire.

Graphique 4 : Répartition des enquêtés par quartier prioritaire

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

Par ailleurs, la collecte de ces données ne s'est pas faite sans difficultés. Quel a été l'accueil réservé par les habitants ? Quelles sont les limites de notre recherche ?

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V. L'accueil et les limites de la recherche

Les différentes structures et répondants nous ont bien accueillis. Nos différentes descentes sur le terrain dans les cinq QPV se sont déroulées dans de très bonnes conditions. Par contre, l'attitude désintéressée de certains habitants, la non disponibilité dont ils ont parfois fait preuve, la réticence et la méfiance de certaines personnes à se faire enregistrer lors des entretiens ont ralenti le cours des travaux.

Par ailleurs, il serait prétentieux de croire que cette recherche a pris en compte toutes les problématiques de la Politique de la ville et nous sommes conscients que notre enquête comporte un certain nombre d'insuffisances. Néanmoins ces insuffisances n'ont pas d'effets sur les résultats de la recherche mais nous devons en tenir compte lors d'une étude ultérieure. Tout d'abord, le terrain d'étude a été trop vaste car regroupant cinq quartiers localisés dans trois communes. Ceci a eu un impact sur le taux d'échantillonnage qui reste faible, il est alors impossible de généraliser les résultats obtenus et de les prendre comme ceux de l'ensemble des habitants prioritaires de l'agglomération. Les échantillons ne sont donc pas représentatifs de l'ensemble des résidents.

A l'inverse, les résultats obtenus ont permis de ressortir les perceptions des habitants et d'identifier les problématiques propres à chaque quartier, les points à améliorer et les axes à renforcer. Aussi dans notre questionnaire, il manquait un certain nombre de questions relatives à l'emploi et à l'insertion professionnelles des jeunes.

De même, il a fallu gérer le temps car le début de la mission était prévu pour septembre mais, nous n'avons commencé que vers la fin du mois d'octobre. Les premiers résultats de l'enquête étant attendus pour fin janvier 2019 en prélude au temps fort qui sera organisé par le SPV le 14 mars, il a fallu trouver une entrée pour collecter rapidement les données. En plus, il nous était impossible de travailler à temps plein sur cette mission puisqu'il fallait alterner la période des cours et celle du stage.

Malgré les difficultés rencontrées, la méthodologie adoptée a permis d'obtenir des résultats présentés et interprétés dans le chapitre suivant. L'exploitation des données issues de ces enquêtes, permet de manière générale de montrer l'importance des relations qui existent entre les habitants et leur quartier, des usages et des liens de sociabilité, d'attachement qui s'y règnent.

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Chapitre II : Les interactions habitants et quartiers prioritaires

Ce chapitre, présente les relations qui existent entre les habitants des QPV de l'agglomération mancelle et leur quartier, à partir des données issues de l'enquête présentées dans le chapitre précèdent. Il ressort la représentation que les habitants ont de leur milieu de vie ainsi que les perceptions qu'ils ont du cadre, de la sécurité, de la propreté. Ce chapitre nous présente aussi les forces du quartier entre autre la sociabilité et l'attachement ainsi que les usages du quartier.

I. Les facteurs de l'appréciation du quartier

L'appréciation du quartier découle de plusieurs facteurs entre autres : la présence des équipements de proximité et de nombreux services, la tranquillité, la sécurité, la propreté, les bonnes relations avec le voisinage, des logements décents, les aménités du quartier (bois, parc, les offres de loisirs et animation, l'accessibilité etc). Tous ces facteurs constituent des éléments importants que prennent en compte les habitants et sont déterminants pour leur épanouissement et leur bien - être. Selon Pan Ke Shon (2005), « l'appréciation du quartier peut aussi découler d'une aisance matérielle qui favoriserait un état d'esprit propice à l'environnement dans laquelle la personne est plongée ». Ainsi les avantages procurés par le quartier, constituent des éléments d'appréciation et de satisfaction globale. Il en découle alors des sentiments positifs.

Les quartiers dans lesquels nous avions effectué nos enquêtes offrent - ils des conditions pour l'épanouissement des habitants ?

A. Le quartier : un cadre de vie bien apprécié 1. Des quartiers prioritaires « sûrs et propres »

En réponse à la question, « Je trouve que mon quartier est : pas du tout propre, pas très propre, plutôt propre, très propre », 60 % des répondants trouvent de façon générale que leur quartier est « plutôt propre ou très propre ».

L'enquête auprès des collégiens révèle que 62 % des élèves rencontrés trouvent leur quartier « plutôt propre ou très propre ». Celle réalisée auprès des 15 - 25 ans et des 26 ans et plus, montre respectivement que près de 65 % et 56 % des répondants apprécient l'état de propreté de leur lieu d'habitation.

36

Néanmoins, il faut préciser que la question de la propreté du quartier est différemment appréciée par les 26 ans et plus. En effet, le pourcentage de perception positive sur la propreté des interrogés de cette catégorie est inférieur à celui du général. Cela suppose que les plus âgés sont beaucoup plus stricts en matière de propreté de leur quartier et font attention aux détails par exemple les crottes de chiens sur les trottoirs, les déchets déposés à côté de poubelles enterrées, les encombrants qui jonchent les trottoirs etc.

« Je trouve mon quartier plutôt propre, sauf les aires de jeux et à proximité des poubelles. Les déchets sont laissés juste à côté ».

Femme, 38 ans, à la recherche d'un emploi, célibataire, questionnaire 1er trimestre

2019

Graphique 4 : Propreté des quartiers

Je trouve que mon quartier est

70,00%

 
 
 

60,37%

 

60,00%

 
 
 

50,00%

 
 
 

40,00%

 
 
 
 
 
 
 

31,60%

 

30,00%

 
 
 
 
 

20,00%

 
 
 
 
 

10,00%

 
 
 
 
 

8,03%

 
 
 
 
 
 
 
 
 

0,00%

Propre/Très propre Pas propre Pas du tout propre

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

En ce qui concerne la sécurité, les sentiments sont peu marqués et les répondants manifestent peu d'inquiétudes sur les problèmes d'insécurité. En effet, à la lecture des réponses apportées à la question « Je me sens en sécurité dans le quartier : pas du tout d'accord, pas d'accord, d'accord, complètement d'accord », en général, près 73 % des

37

enquêtés se sentent en sécurité dans leur quartier (77 % des collégiens, 69 % des 26 ans et plus et 72 % des 15 -25 ans).

En analysant les résultats issus de cette question sur le sentiment de sécurité, nous remarquons globalement que le sentiment vis-à-vis du quartier semble plutôt positif. Aussi que ce soit sur le plan de la propreté, de la sécurité, les avis sont favorables. Cela va dans le sens de la stigmatisation dont se sentent souvent victimes les habitants des quartiers prioritaires, et surtout les discours qui se construisent sur ces quartiers (vus de l'extérieur comme des quartiers « dangereux », « sales », présence de groupes sociaux particuliers etc.) et surtout sur la façon « aveugle » dont ces quartiers sont dénigrés de l'extérieur et dans les médias comme le rappelle en effet, Patrick Kanner, ancien ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports dans un courrier adressé le 28 décembre 2015 aux Vice-présidents du conseil national des villes dans lequel il estimait que « trop souvent les quartiers prioritaires sont présentés dans les médias de manière négative et stéréotypée, ce dont les élus et les habitants se plaignent régulièrement à juste titre. Les nombreuses réussites et avancées sont en effet rarement relayées. Il conviendrait donc de proposer des pistes concrètes permettant de valoriser les quartiers, leurs potentialités et la population qui y vit. (....) »

Graphique 6 : Sentiment de sécurité dans les quartiers

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

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Ces sentiments positifs se traduisent dans les propos recueillis de quelques habitants lors des entretiens ou sur les relevés de questionnaire.

« Je me sens en sécurité dans le quartier. C'est partout pareil. Le problème d'insécurité est général. Je suis ma propre sécurité. J'évite de trainer dehors ».

Femme, 50 ans, mariée et mère de 2 enfants, Relevé d'entretien du 06 Février 2019 « Je me sens très en sécurité. C'est vachement calme comparé à là où j'avais habité en Îles de France (....). Il y a des quartiers où c'est chaud mais ici c'est calme. Je dirai même très calme ».

Homme, 31 ans, sans emploi, 2 enfants, Relevé d'entretien du 29 décembre 2018

Néanmoins, 27 % des personnes interrogées estiment ne pas se sentir en sécurité dans leur quartier. Plusieurs d'entre elles ont déjà renoncé à sortir de chez elles à certaines heures du soir pour des raisons de sécurité. Ces personnes choisissent les heures auxquelles elles sortent et renoncent à emprunter certaines rues ou de fréquenter certains lieux du quartier. Elles adaptent leur déplacement et évitent les lieux de regroupement des jeunes.

« Je me sens pas du tout en sécurité. Je ne sors pas le soir car j'ai toujours peur d'être agressée. Avec mon âge, je ne peux pas me défendre. Je ne me promène plus le soir parce qu'il y a des jeunes en bas des immeubles, tu ne sais pas trop ce qu'ils font ».

Femme, 66 ans, mariée et mère de 2 enfants, Relevé d'entretien du 06 février 2019

D'autres, n'hésitent pas s'enfermer chez eux de peur d'être agressées ou de se faire

voler.

« Je passe beaucoup plus de temps enfermé chez moi. Je sors rarement et que pour faire des courses et voir mon médecin. Le reste du temps, je le passe dans mon canapé car les temps ont changé. Les jeunes n'ont plus le respect des anciens. L'alcool, les drogues fortes les excitent et ils ne contrôlent plus rien. La peur d'être agressé est quotidienne. »

Homme, 74 ans, Retraité, père de 4 enfants, Relevé d'entretien du 15 Janvier 2019 Ces personnes ont donc peu de mobilité et restent isolées. Cela entraine un repli sur soi, un mal-être et des envies d'ailleurs pour ces individus.

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2. Un niveau de délinquance perçu peu marqué

Dans son rapport 2018, l'Observatoire national de la Politique de la ville met en évidence une délinquance spécifique aux quartiers prioritaires, notamment les infractions liées aux stupéfiants, et un sentiment d'insécurité croissant.

Sur la question du sentiment de délinquance perçu (Question : Le niveau de délinquance dans le quartier est : bas, très bas, élevé, très élevé), 48,3 % des personnes questionnées, perçoivent le niveau de délinquance « bas », 9,2 % le jugent « très bas». Pour 31,60 % des individus sollicités pour cette enquête, le niveau de délinquance est « élevé » alors que 11,07 % pensent qu'il est « très élevé ».

Au total, 57 % des questionnés perçoivent le niveau « bas ou très bas » contre 42 % des habitants questionnés qui l'estiment « élevé/très élevé ».

Graphique 7 : Le niveau de délinquance perçu

Niveau de délinquance perçu

60,00%

 
 

50,00%

48,20%

 

40,00%

 
 
 
 
 
 
 
 

31,60%

30,00%

 
 
 
 
 
 

20,00%

 
 
 
 
 
 
 
 
 

9,13%

 
 

11,07%

10,00%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

0,00%

 
 
 

Bas Très bas

Elevé Très élévé

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

Si les habitants de ces quartiers prioritaires sont plus souvent témoins de trafics et de consommation exagérée d'alcool, nous avons constaté une certaine banalisation de la question de sécurité. Les gens se sentent en sécurité dans leur quartier mais tout ce qui se passe autour d'eux comme les regroupements des jeunes, les faits de petite délinquance, les

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descentes de police etc, attirent leur attention mais puisqu'ils ne sont pas directement impliqués, concernés ou touchés alors ce n'est plus leur problème.

« C'est vrai qu'il y a des problèmes de deal, de squat, de regroupements des jeunes, de descente de police. Mais cela n'a jamais été une menace pour ma famille et moi. Les jeunes si tu ne les provoques pas, ils ne te provoqueront pas »

Femme, 36 ans, Caissière, mariée et mère de 2 enfants, Relevé d'entretien du 18 Janvier 2019 « Ce n'est pas un quartier très calme. Il y a beaucoup de trafic de drogues. Les jeunes zonent tout le temps. Ils ont envahi les caves des immeubles. C'est le problème. Je ne me sens pas spécialement en insécurité parce que je n'ai jamais été victime d'agression ».

Homme, 47 ans, Salarié, marié et père deux enfants, Relevé d'entretien du 18 janvier 2019

Même si les opinions sont nuancées sur le niveau de délinquance dans les quartiers, (57 % contre 43 %), les opinions restent positives quand la sécurité et la propreté sur l'ensemble des quartiers. Néanmoins, la perception des répondants sur le quartier des Sablons - Bords - de - l'Huisne sur ces questions est plus mitigée que sur les autres quartiers.

3. Des logements relativement en « moyen et bon état »

L'Observatoire national de la Politique de la ville du CGET s'est penché sur les conditions de logement dans les quartiers prioritaires dans sa dernière étude, parue le 26 octobre 2018. Selon les résultats publiés par CGET, trois quarts des ménages sont locataires du parc social sur ces territoires urbains. En effet, 74 % des ménages habitent dans le parc social dans des logements souvent collectifs, et seulement 12 % sont propriétaires de leur logement. Dans cette étude de la CGET, il ressort dans les deux cas, que les habitants connaissent un surpeuplement plus fréquent qu'ailleurs : 22,4 % des ménages des quartiers prioritaires habitent un logement surpeuplé.

Dans l'agglomération mancelle sur l'ensemble des cinq quartiers prioritaires, les logements sont composés à 84 % de logements sociaux dont 60 % sont à bas loyer (Contrat de ville, bilan 2017). Dans le souci de connaitre l'état des logements dans lesquels vivent les habitants des quartiers Politique de la ville de LMM, nous les avons interrogés à travers la question « Mon logement est : dégradé, en mauvais état, en moyen état, en bon état ». Majoritairement, les habitants interrogés apprécient leur logement. Ils déclarent habiter dans des logements en « bon état » (60,80 %) ou « en moyen état » (30,17 %). Au total près 91 %

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des personnes interrogées, se déclarent « satisfaits ou très satisfaits » de leurs conditions de

logement. Ce taux est assez élevé et à contre - courant des clichés.

« C'est un logement social bien entretenu à l'intérieur ».

Homme, 18-25 ans, Salarié, célibataire, questionnaire 1er trimestre 2019

« Mon logement est en état moyen, avec des fissures sur le mur ».

Femme, 26 ans et plus, recherche d'un emploi, célibataire, questionnaire 1er trimestre 2019.

Graphique 8 : L'état des logements dans les quartiers

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO 2019

La part des opinions négatives sur l'état des logements, est très faible (8,03%. Néanmoins les remarques majeures faites par ces habitants concernent les cages d'escalier ou des espaces communs qu'ils qualifient d'insalubres.

« Mon logement est en bon état, sauf la couleur des bâtiments. Il y a souvent de l'urine, c'est sale et cela sent mauvais ».

Femme, 26 ans et plus, à la recherche d'un emploi, célibataire, questionnaire 1er trimestre 2019

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B. Le quartier : un cadre de vie bien doté en équipements de proximité 1. Une bonne proximité et utilité des équipements de quartier

Selon Poyraz (2003), les équipements socioculturels de proximité représentent un intérêt vital pour les habitants, cela leur évite l'isolement car ils diminuent leur isolement et ouvrent une fenêtre vers, l'extérieur. Ce sont tous des équipements de quartier. C'est-à-dire des lieux d'activités pour tous, d'animation de la vie d'un quartier, des espaces de vie associative et de services. Afin de recueillir les observations des répondants, quant à la bonne proximité et utilité des équipements présents sur leur quartier, nous avons cherché à savoir s'ils trouvent que les équipements sur le quartier sont en nombre « Suffisants/Très suffisants» ou « peu suffisants/ Insuffisants » d'une part «Utiles/Très utiles » ou « Pas utiles/Pas du tout utiles » d'autre part.

En réponse à ces interrogations, sur l'ensemble des individus rencontrés, de façon générale, près de 70 % estiment que des équipements sont suffisamment présents sur leur quartier et 85 % trouvent ces équipements « utiles ou très utiles » à l'exception du quartier de l'Epine où les habitants interrogées, trouvent les équipements « insuffisants » et font le constat que l'absence des équipements de proximité sur ce quartier vient renforcer le sentiment de relégation et d'isolement de leur quartier.

Les habitants interrogés sont satisfaits des équipements de leur quartier. En effet,

66 % des collégiens (10 - 14 ans), 60 % des 15 - 25 ans et 76 % des 26 ans et plus, trouvent que les équipements de leur quartier sont en nombre « suffisant ou très suffisant ». Quant à l'utilité des équipements, 80 % des collégiens (10 - 14 ans), 74 % des 15 - 25 ans et 86 % des 26 ans et plus estiment que ces derniers sont « utiles ou très utiles ».

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Graphique 9 : Présence des équipements de proximité

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

« Le quartier est agréable à vivre. On a tout à proximité, les services, les commerces et différents équipements. C'est très bien d'avoir tout à proximité (...) ». Homme, 47 ans, Salarié, marié et père deux enfants, Relevé d'entretien du 18 janvier 2019

« Notre quartier n'est pas isolé, nous avons tous les équipements à côté, des écoles, des commerces, des parcs, les transports en communs, les médecins et d'autres équipements d'une grande utilité. Nous sommes bien heureux nous ».

Homme, 58 ans, sans emploi, Glonnières, Relevé d'entretien du 29 décembre 2018

Globalement les opinions quant aux équipements présents sur les quartiers sont favorables et positives. Ainsi, les habitants de ces quartiers bénéficient d'un service public dans leur environnement immédiat. Ils peuvent aisément faire leurs courses dans les commerces à proximité, acheter dans la boulangerie à côté, ou prendre de l'air en pleine nature dans le non loin du leur domicile tout en regardant les enfants joués sur les différentes aires de jeux. Ils ont accès à un équipement sportif, culturel ou de loisir dans le quartier sans pour autant parcourir de longues distances. Les habitants estiment avoir tout à proximité. Ils trouvent leur quartier bien situé et bien desservi par les transports en commun. Certains ressortent la tranquillité des lieux, le calme qui y règne.

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Graphique 10 : Utilité des équipements

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

Néanmoins le quartier de l'Epine n'est pas logé à la même enseigne que les autres en matière d'équipements. En effet, 87,70 % des résidents de ce quartier interrogés trouvent les équipements sont insuffisants sur leur quartier et expriment leur désarroi quant à la situation de leur quartier.

« Il n'a rien ici à part le parc de l'Epine, le centre commercial est vide, la boulangerie, la pharmacie, la boucherie ont fermé ».

Femme, 60 ans, retraitée, questionnaire 1er trimestre 2019

« Les équipements sur un quartier sont utiles mais ici, ils sont inexistants. Il n'y a rien à l'intérieur du quartier. Pas assez de jeux sur le parc ».

Homme, 33 ans, Salarié, questionnaire 1er trimestre 2019

« Le commerce est trop loin. Il n'y a pas de commerce de proximité. Rien pour faire les courses ».

Femme, 42 ans, mère au foyer, mariée, questionnaire 1er trimestre 2019

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2. Le quartier : Lieu bien connu et bien maîtrisé par les habitants

Les résidents interrogés ont une bonne connaissance des équipements commerciaux, socioculturels, sportifs, de loisirs présents sur leurs quartiers. En reprenant Cauvin (1999), la fréquentation régulière de certains lieux (pour les achats, les promenades, les relations sociales,) permet en effet aux individus, d'une part, d'intégrer ces lieux à leur espace familier et, d'autre part, de réunir un ensemble de repères dans le paysage sur lesquels se construisent les représentations spatiales. Pour cette auteure, dans le même temps, la perception du quartier influence l'espace d'activité des habitants : les actions réalisées par les individus, sont « inséparables » de la perception dont elles constituent à la fois une condition essentielle, un des moteurs et le feed-back qui permet de vérifier que l'élaboration perceptive est pertinente » comme le dit Levy-Leboyer (1980).

De même, selon K. Lynch (1960) cité par Cauvin (1999), les images de l'environnement sont le résultat d'une opération de va-et-vient entre l'observateur et son milieu. Ceci signifie donc que les représentations cognitives proviennent des relations, et donc des actions entre les sujets et l'environnement - ici, l'espace intra-urbain.

Dans le cas de nos travaux, il s'agit des relations entre habitant et quartier. Pour appréhender le niveau de connaissance des équipements de proximité et la pratique spatiale des habitants, nous les avons soumis à un exercice au cours de nos enquêtes. Il s'est agi de demander à l'enquêté de dessiner les endroits qu'il fréquente dans son quartier. De nombreuses cartes mentales recueillies, montrent que les équipements socioculturels de proximité présentent un intérêt majeur les habitants interrogés. Cette observation se traduit dans les différentes cartes mentales réalisées par les habitants où nous relevons l'importance des city stades, des parcs, des aires de jeux, des différents services de proximité et autres structures présents sur les quartiers.

Les cartes représentent un environnement bien connu et maitrisé. Les auteurs ont précisé le nom de la rue et y ont bien disposé l'équipement représenté. Les trajets effectués, sont symbolisés par des flèches. Les répondants ont fait des dessins simples des équipements. Les bâtiments dessinés sur les cartes sont situés en majorité au bon endroit. Les lieux sont clairement identifiés. Les enquêtés ont pris le soin de notifier le nom des endroits représentés. Ces indications montrent l'appropriation des lieux par l'individu. Elles prouvent aussi leur connaissance, leur maitrise de cet environnement et de ses équipements. Les cartes mentales

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recueillies, ont permis connaitre les équipements fréquentés par les adolescents, les jeunes et plus âgés qu'ils soient collégiens, lycéens, étudiants, retraités ou à la recherche d'emploi.

Les dessins montrent que les personnes à la recherche d'un emploi, de formation ou d'insertion professionnelle vont souvent à la mission locale qui a pour premier rôle d'accueillir, d'informer, d'orienter et d'accompagner des jeunes le plus souvent sortis du système scolaire en liens avec les dispositifs de pôle emploi. Les collégiens vont dans les city stades qui sont des terrains multisports gratuits et libres d'accès, dans les parcs comportant différents aires de jeux.

Ces city stades constituent pour ces adolescents de véritables lieux de rendez-vous et de rencontre. Ils permettent de répondre aux attentes des jeunes désireux de se retrouver dans un lieu convivial pour faire du sport. Les jeunes se retrouvent aussi dans les services jeunesse, qui leur proposent plusieurs activités de loisirs et d'animations qu'elles soient ludiques, éducatives, sportives ou culturelles.

Les personnes âgées vont dans les centres sociaux où le plus souvent, participent à des activités ou servent de bénévoles. Tous les habitants questionnés, qu'ils soient jeunes ou âgés vont dans les médiathèques, les centres commerciaux, les parcs, le service public et autres. En conclusion, on peut insister que les cartes mentales montrent bien quels sont les équipements structurants du quartier selon les tranches d'âge et le statut d'occupation et l'importance de tous les maintenir.

Les figures suivantes montrent quelques cartes mentales recueillies lors des enquêtes

de terrain.

Figure 1 : Collégienne, 14 ans, Collège Le Marin, Chaoué - Perrières

Figure 2 : Homme, 23 ans, sans emploi, Chaoué - Perrières

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Figure 3 : Retraité, 62 ans, Glonnières

Figure 4 : Collégienne, 3ème 14 ans, Collège Vauguyon

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Figure 6 : Collégien, 14 ans, Collège Costa Gavras, Les Sablons-Bords-de-l 'Huisne

Figure 5 : Retraitée, 68 ans, Chaoué - Perrières

 
 
 

Figure 7 : Femme, Sans emploi, 23 ans Bellevue-Carnac

 
 

Figure 8 : Homme 24 ans, Chaoué - Perrières

 
 
 

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Figure 9 : Chauffeur Poids - lourds, 41 ans Bords de l'Huisne, Les Sablons-Bords- de l'Huisne

 
 
 
 
 
 

Figure 10 : Collégien, 14 ans, Collège Vauguyon, Ronceray-Vauguyon-Glonnières

Les équipements commerciaux, socioculturels, sportifs, de loisirs présents sur les quartiers sont fréquentés par les habitants questionnés. Les personnes interrogées, investissent très souvent ou assez souvent ces équipements à cause de leur facilité d'accès, de leur présence en grand nombre et de leur proximité. Néanmoins d'autres, utilisent ou fréquentent occasionnellement ou rarement ces équipements, ou ne s»y rendent quasiment jamais.

Il est important de souligner que l'ensemble des habitants ont d'autres usages et fréquentent aussi des équipements qui sont hors des limites de leurs quartiers. La plupart affirme faire ses achats dans les commerces situés soit à l'intérieur du quartier soit à l'extérieur du quartier. Ils vont souvent dans d'autres quartiers pour profiter rendre visite à des connaissances ou faire des activités.

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Graphique 11 : L'usage des commerces

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

Même si ces territoires sont fortement marqués par la pauvreté, le chômage etc, les habitants s'adonnent à plusieurs activités. En effet, le loisir défini comme une occupation du temps libre, basée sur le choix personnel et sur le plaisir (Rauch, 1986) cité par Marchiset et Gasparini (2010), n'est pas seulement réservé aux groupes sociaux favorisés. Pour les loisirs, les habitants interrogés vont au cinéma, au restaurant, à la salle de sport. Ils se livrent aussi à d'autres activités telles que le jardinage, la pêche, les randonnées etc.

Graphique 12 : Les loisirs

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

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Néanmoins, d'autres habitants n'ont pas accès aux loisirs. Ils ne peuvent pas s'offrir une soirée au cinéma, assister à un concert ou encore aller à cause du prix trop élevé des places. Cela se justifie par le fait que ces habitants vivent dans la précarité avec des revenus assez bas qui ne leur permettent pas de subvenir à tous leurs besoins et même s'offrir des loisirs.

« Le cinéma, je n'y vais plus. As - tu le prix des places ? Au temps aller sur internet pour télécharger. C'est plus facile et moins coûteux. Cela fait plus de 25 ans que je n'y ai plus jamais mis pieds. J'y suis allé une fois récemment à la place des jacobins. Le billet de 10 euros, il est parti. Heureusement que j'étais seul. Imagine si je aller avec toute ma famille. Cela m'aurait couté une fortune. Face à tout cela, j'y ai mis un terme. Plus de cinéma »

Homme, 58 ans, père de 6 enfants, relevé d'entretien du 29 décembre 2018

« Je fais du sport aux Sablons sur l'îles aux sport. Les salles de sport sont chères. Je ne me vois pas aller donner 30 euros dans une salle de musculature alors qu'aux Sablons, il y a des trucs gratuits. Je suis sans emploi, les salles de sport sont chères. J'ai des charges. Je suis au RSA. Je dois payer mon loyer et autres. J'ai ma famille dont je dois prendre soins. Il n'y a plus rien. Les 30 euros que je vais donner pour faire du sport, je préfère acheter du lait et des couches à mon enfant. Aussi, je vais qu'aux spectacles gratuits. Pour l'instant je n'ai pas de revenus pour m'offrir les loisirs que je veux ».

Homme, 31 ans, père de 2 enfants, relevé d'entretien du 29 décembre 2018

Pour conclure, les habitants interrogés sont satisfaits de l'endroit où ils vivent. Cette satisfaction est due à la propreté, à la sécurité dans le quartier, à la qualité des logements, à la proximité des équipements et aux aménités des lieux. Tous ces éléments constituent des valeurs fondamentales pour les résidents. Mais pour Lagony et al (1985) cité par Grillon et al (2012), la satisfaction ne dépend pas uniquement des variables objectives mais également de la perception qu'ont les habitants des relations de voisinage. Il faut donc prendre en compte l'environnement physique et social qui selon Herting et Guest (1985) cité par Grillon et al (2012) constituent les facteurs les plus prédictifs d'une satisfaction positive. Pour ces auteurs, en plus des caractéristiques du logement, la propreté, la sécurité, les qualités esthétiques, il faut ajouter les relations sociales.

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Quel est l'état des relations entre habitants dans le quartier ? Où sont - elles nouées ? Ces valeurs créent - elles des liens entre le quartier et ses habitants ?

II. La force des quartiers : représentation, sociabilité et attachement

A. Le quartier : un lieu de sociabilité

1. La notion de sociabilité

Selon Bigot (2001), la sociabilité est une notion ambiguë. Elle désigne à la fois l'aptitude à vivre en société et le principe des relations entre les personnes. Pour cet auteur l'aptitude à vivre en société est psychologique et les relations entre personnes est sociologique. En reprenant la citation de Degehne et Forsé (1994), Bigot (2001) montre que pour le sociologue, la sociabilité n'est pas une qualité propre d'un être qui permet de faire la différence entre les moins et les plus sociables mais plutôt comme : « comme l'ensemble des relations qu'un individu (ou un groupe) entretient avec d'autres, compte tenu de la forme que prennent ces relations ». Elle représente les relations menées avec l'entourage sans qu'elles soient obligées (parents, amis, camarades, connaissances, voisins, voire collègues et commerçants etc), selon Pan ké Shon (2005).

La sociabilité est donc l'ensemble des relations entre des individus. Elle repose sur les rencontres, la réalisation d'activités de loisirs ou sportives en commun, les discussions, les sorties. Ces relations sont interpersonnelles, réciproques et choisies. Elles aussi des relations organisées parce qu'elles sont plus ou moins contraintes par le fait que les individus partagent un même cadre d'existence comme par exemple un même lieu de travail. Il existe d'autres formes de sociabilité dans lesquelles les relations avec autrui se choisissent en dehors du lieu de travail comme par exemple des amis, les voisins ou restent intimes dans le cercle familial ou tournée vers l'extérieur comme dans les associations, les cafés et autres.

2. Le voisinage comme lieu de sociabilité

Le voisinage renvoie à une double dimension : une spatiale et une sociale. En effet la dimension spatiale représente l'espace géographique, c'est - à - dire l'endroit où l'on vit (l'espace de vie) et la dimension sociale renvoie aux relations avec les voisins c'est à dire les

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personnes avec lesquelles l'on partage cet espace et les rapports avec eux. On peut alors considérer comme son voisin, un individu qui habite le plus près de chez soi dont le lieu est contigu ou adjacent au nôtre. Il s'agit d'onc du voisin immédiat. Selon Rey-Debove et Rey (2013) cités par Armstrong et Boucher (2013), le voisinage: « constitue un ensemble de voisins, c'est-à-dire des individus qui se situent à une distance relativement petite d'une personne ou d'un lieu ». Le voisinage serait donc l'ensemble des ménages situés dans notre environnement immédiat, ou ceux avec qui nous partageons un espace géographique commun.

Pour Armstrong et Boucher (2013), le voisinage constitue une unité géographique dans laquelle un réseau de sociabilité peut exister. Pour ces auteurs, dans un réseau de sociabilité basé sur le voisinage, l'existence d'un lien social est directement liée à la proximité physique des individus. D'ailleurs, comme le mentionne Fortin et al (1987) cité par Armstrong et Boucher (2013), dans Histoire de familles et de réseaux : « la proximité géographique joue un rôle crucial dans les fréquentations aussi bien dans le choix des personnes rencontrées que dans la fréquence des rencontres », et ce, principalement dans les quartiers populaires, où la parenté et les amis habitent souvent à quelques minutes de marche seulement.

Armstrong et Boucher (2013), trouvent aussi que les échanges entre voisins seraient entre autres structurés par le type d'habitation et la densité de population dans le quartier. En effet, pour eux, habiter dans des logements regroupant plusieurs ménages ainsi que vivre dans un quartier dans lequel la densité de population est importante favorise les rencontres, car on ne peut sortir de chez soi sans croiser des voisins, des connaissances. Ainsi, le fait d'habiter les grands ensembles favoriserait plus les rencontres et le tissage des liens.

Au cours de nos enquêtes de terrain, nous avons cherché à travers le questionnaire et le guide d'entretien à connaître la perception que les répondants ont de leur voisinage, de savoir quels sont les échanges entretenus, la manière dont ils qualifient les relations avec le voisinage, les endroits où se tiennent ces relations et les activités faites avec leurs voisins. Les résultats montrent que le quartier se présente ici comme un endroit où les habitants entretiennent des liens de sociabilité.

En effet, 55 % des personnes interrogées entretiennent des relations de voisinage à l'intérieur de leur immeuble, près de 60 % entretiennent des relations avec d'autres habitants mais hors de leur immeuble mais dans le quartier et 51 % à l'extérieur du quartier. Contrairement aux idées reçues, il y a tout de même la moitié de la population enquêtée dans certains quartiers qui est ouverte sur l'extérieur du quartier à l'exception, de

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Chaoué - Perrières. En effet, dans ce quartier les relations se tiennent à l'intérieur du quartier (69 %) dans l'immeuble, à l'intérieur du quartier hors de l'immeuble des enquêtés (57 %) et à l'extérieur du quartier (47 %).

Graphique 13 : Les lieux de relations de voisinage dans le quartier

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

La question « En dehors de endroits que je fréquente dans mon quartier, je vais » a permis vérifier, les lieux où vont les personnes interrogées en dehors de leur quartier et ce qu'ils vont y faire. La réponse à cette interrogation montre que les individus vont au centre - ville, dans les communes voisines pour le travail, ou chercher du travail, rendre visite à des proches (ami(es), familles) et pour les études etc.

De même, en réponse à la question « Je qualifie les relations que j'ai avec d'autres habitants du quartier de fraternelles, amicales, tendues/conflictuelles, violentes », près de 92 % répondants qualifient ces relations « d'amicales et de fraternelles ».

En effet, ces habitants interrogés entretiennent donc de bonnes relations avec leur voisin et ensemble, ils font plusieurs activités en commun. Ils se rendent mutuellement visite. Il y a ceux qui partagent un café, un thé même un repas ensemble.

« J'ai de très bonnes relations de voisinage. On s'entend tous bien. J'ai une relation très amicale avec ma voisine d'en face à qui je rends souvent visite et qui en fait de même. On discute beaucoup autour d'un thé ou d'un café et on fait des repas en commun ».

Ménagère, 55 ans, veuve et mère de 3 enfants, Relevé d'entretien du 05 février 2019

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« Pour moi pas de problème de voisinage. Dans tout le bâtiment, tous les voisins se connaissent, il n'y a jamais de problème de voisinage. Il y a la tranquillité, une bonne ambiance. C'est le plus important pour moi dans le quartier. Quand il fait beau, on fait sortir les enfants au parc. On fait un goûter à Chaoué dans la nature. On va l'un chez l'autre de temps en temps pour partager un repas ».

Mère au foyer, 36 ans, mariée et mère de 3 enfants, Relevé d'entretien du 14 Janvier 2019 Graphique 14 : Les relations de voisinage dans le quartier

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

Par contre pour d'autres, les relations restent juste des relations de politesse s'arrêtant aux salutations.

« Les relations avec mes voisins s'arrêtent aux salutations, à la courtoisie, bonjour, bonsoir, rien de plus. Je ne fais rien avec eux »

Homme, 32 ans, Agent de sécurité, célibataire, Relevé d'entretien du 13 décembre 2019 Seulement 8 % des habitants questionnés entretiennent des relations tendues, conflictuelles et parfois violentes avec les autres habitants.

« Nos relations sont peu tendues en ce moment à cause nuisances et des tapages nocturnes. Ils mettent de la musique à fond et cela m'empêche de me concentrer pour réviser».

Etudiant, 21 ans, Relevé d'entretien du 16 janvier 2019

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« Je n'aime pas du tout mon voisin au-dessus. J'ai la malchance d'habiter au rez-de-chaussée. Ce monsieur ne respecte vraiment pas la tranquillité des autres. Un jour, j'ai failli lui casser la gueule ».

Homme, 47 ans, chauffeur-livreur, Relevé d'entretien du 12 décembre 2018

Lorsque les relations avec les autres dans le voisinage sont conflictuelles, violentes ou tendues, on assiste au repli, à l'isolement des individus et très souvent à des problèmes de voisinage. De même, ces individus construisent leurs relations ailleurs et effacent le voisinage de leur vie privée.

Par contre, les bonnes relations, les relations amicales ou fraternelles avec les autres dans le quartier, sont une forme de sociabilité. Elles participent à l'appréciation du quartier et contribuent au bien-être des habitants. Ces rapports riches et positifs entre habitants créent un sentiment d'attachement au quartier.

B. Le quartier : un lieu de réel attachement 1. La notion d'attachement au lieu

Selon Sébastien (2016) le thème spécifique de l'attachement au lieu est très peu présent dans la littérature francophone. Par contre, trois notions (l'appropriation de l'espace, l'appartenance au lieu et l'identité spatiale) découlant de la notion d'attachement sont abordées. Ainsi pour Ripoll et Veschambres (2005), cités par Sébastian (2016), l'attachement au lieu se rapproche de l'appropriation de l'espace et est défini comme « le sentiment de se sentir à sa place voire chez soi quelque part ». Ce sentiment se transforme alors en un sentiment d'appartenance que Sencébé (2004) voit comme « un processus dynamique en tension entre les pôles de l'attachement et de la distanciation ».

Ce sentiment d'appartenance permet donc de s'identifier personnellement à un groupe et à un milieu de vie, tout en partageant les valeurs de cette communauté. Cela entraîne une certaine réciprocité du rapport au lieu. Altman et Low, (1992) cités par Sébastian (2016), définissent l'attachement au lieu comme « un phénomène complexe qui souligne un lien affectif positif entre des individus et des lieux familiers (lieux de vie, de vacances, de mémoire, de famille) ». Pour être un peu plus clair, Grillon et al (2012), en reprenant Le Conte et al (2012), définit la notion d'attachement au lieu comme « un lien affectif qui unit les

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individus à leur environnement ». Mais, elle estime que même si cette définition est la plus couramment utilisée, celle proposée par Hidalgo et Hernandez (2001), est la plus développée. Ainsi, l'attachement au lieu renvoie à « un lien affectif positif entre un individu et un lieu, la principale caractéristique de celui-ci étant la tendance qu'a l'individu à vouloir maintenir proche de lui cet endroit ». Les habitants des quartiers prioritaires de l'agglomération sont- ils attachés à leur lieu de vie ? Quelle est la nature du rapport qu'ils entretiennent avec leur quartier ?

2. L'attachement réel au quartier malgré les difficultés

Au cours de nos enquêtes, nous avions cherché à savoir les liens que les répondants ont avec leur quartier, s'ils y sont attachés, très attachés, peu attachés ou pas du tout attachés. De façon générale sur la question de l'attachement au quartier près de 62 % des interrogés restent « attachés ou très attachés à leur quartier ». 25 % des répondants déclarent être « peu attachés » à leur lieu de résidence. Pour Avenel (2006) « Le quartier a beau être un lieu de stigmatisation et de ségrégation, il donne lieu aussi à un très vif sentiment d'attachement ». Ce sentiment d'attachement et d'appartenance au quartier est présent dans les tous quartiers et chez toutes les catégories de publics questionnés.

En effet, chez les collégiens (10 - 14 ans), en réponse à la question de l'attachement au quartier, les résultats montrent que 61 % des enquêtés déclarent « être attachés ou très attachés » à leur quartier contre 39 % qui estiment être « peu ou pas attachés » à celui-ci. Pour des personnes âgées entre 15ans et 25 ans, 58 % des individus consultés, estiment « être attachés ou très attachés » à leur milieu contre 42 % qui avouent être « peu ou pas attachés » à ce dernier. Pour les 26 ans et plus 35 % des personnes sollicitées sont « peu ou pas attachés » alors que 66 % confient être « attachés ou très attachés » à leur lieu de résidence.

Dans la majorité, le quartier représente beaucoup pour habitants interrogés. En reprenant les propos de Avenel (2006), le quartier constitue d'une part pour les adolescents une dimension essentielle de leur identité et par conséquent un point d'ancrage et cet attachement dénote bien le mode de socialisation spécifique des adolescents des cités et d'autre part la charge affective du territoire de l'enfance et la dimension familière d'un espace

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connu depuis toujours expliquent en grande partie cette vision largement positive que ces adolescents ont de leur cité.

Graphique 15 : Attachement au quartier

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

« Je suis née dans ce quartier, je kiffe trop mon quartier je l'adore mon quartier, il est

beau ».

Collégienne, 12 ans, 6ème, Collège Vauguyon, questionnaire fin trimestre 2018

« Cela fait longtemps que j'habite ici, j'y suis attaché et je connais le quartier comme ma poche »

Collégien 6ème, 11 ans, Collège Jean de l'Epine, questionnaire 1er trimestre 2019

« Cela fait 11 ans que j'habite et je connais tout le monde, et tout le monde me connait. Les gens sont sympathiques ».

Collégien 3ème, 14 ans, Collège Le Marin, questionnaire 1er trimestre 2019

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« Je suis né ici, j'ai grandi ici, c'est là où je me sens le mieux. J'adore mon quartier et j'y suis fortement attaché ».

Collégien 3ème, 14 ans, Collège Fournier, questionnaire 1er trimestre 2019

Pour ces collégiens, le rapport au quartier, qui les as vus naitre et grandir, reste affectif, émotionnel et un point essentiel à leur identité. Un lieu qu'ils connaissent depuis toujours et qui a une signification importante à leurs yeux. Ils estiment avoir des liens très forts avec le quartier, certains y sont nés, ils y ont toujours habité avec toute leur famille. Ils n'ont jamais vécu ailleurs.

Même stigmatisé, discriminé, objet d'image négative, le quartier prioritaire est un haut lieu d'attachement et d'appartenance. L'attachement implique un lien fort au lieu jusqu'à ce qu'il devienne partie de l'identité de l'individu ou une extension de soi selon Williams et Van Patten (2006) cité par Sébastien (2016). Les habitants se reconnaissent alors à travers le quartier et le considèrent comme faisant partie d'eux, de leur existence et de leur identité.

« C'est la terre de mes ancêtres parce que ma famille a toujours vécu ici depuis de nombreuses générations. Toute ma vie se trouve ici ».

Retraitée, 77 ans, divorcée et mère de 6 enfants, Relevé d'entretien du 18 mars 2019

Pour cette dame, le quartier reste donc un lieu ayant une signification particulière car y repose dans ce dernier, l'histoire de sa famille depuis des générations, son existence, son vécu, sa mémoire, ses expériences passées et souvenirs rattachés à ce lieu.

Pour certains, le sentiment d'attachement et d'appartenance est traduit par l'environnement physique du quartier au travers de sa nature, son aspect physique, la perception de l'environnement.

« Pour moi le quartier représente la verdure. On est près de la rivière. J'aime bien ce coin-là. C'est le coin le plus vert et il le bois derrière. Ce quartier est très agréable à vivre ». Mère au foyer, 52 ans, veuve et mère de 3 enfants, Relevé d'entretien du 10 décembre 2018

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« Je suis attaché à ce quartier à cause des entités qui le composent entre autres : les arbres, le paysage, la rivière, les espaces naturels. J'aurais le coeur brisé si tout cela venait à disparaitre ».

Homme, 32 ans, Agent de sécurité, célibataire, Relevé d'entretien du 13 décembre 2019

Pour d'autres, installés dans le quartier pour des raisons diverses : divorce, perte d'emploi, fuite des conflits dans leur pays, demande d'asile etc, même si le sentiment d'attachement n'est pas aussi fort, il existe car le quartier leur a apporté ce qu'ils n'ont pas pu obtenir ailleurs.

« Le quartier représente beaucoup pour moi parce que j'étais à la Haute-Savoie. Quand je suis arrivé à Bellevue-Carnac, j'ai trouvé que le quartier était calme et même en peu de temps ce que je n'avais pas à la Haute-Savoie, je l'ai eu. J'ai eu un logement, je suis très à l'aise et je me sens bien ».

Homme, demandeur d'asile, 30 ans, Célibataire Bellevue-Carnac, Relevé d'entretien du 12 décembre 2018

« J'e n'ai aucun lien particulier avec ce quartier, mes parents et moi sommes installés il y a peu de temps. Nous venons d'ailleurs et là-bas, on était bien, j'avais tous mes amis, tous mes souvenirs et une grande partie de ma vie. Mais ici, il y a la paix et je suis en sécurité loin du conflit dans mon pays ».

Homme, 21 ans, questionnaire 1er trimestre 2019

En conclusion, le sentiment d'attachement et d'appartenance au quartier est bien présent chez les habitants questionnés malgré les difficultés. La plupart des habitants s'identifient à leur quartier. Ils appartiennent à leur quartier. Ce dernier constitue pour eux, un moyen d'identification, les aide à exister et sert de « résistance » selon Concoran (2002) cité par Grillon et al (2012) face au sentiment de vivre dans un lieu précaire ou quartiers marginalisés.

Dans les écrits scientifiques recensés par Sandrine Jean (2014), on réfère souvent aux dimensions physiques et sociales de l'attachement au quartier (Hidalgo et Hernandez 2001; Lewicka 2011; Riger et Lavrakas 1981; Zhu, Breitung et Li 2011). Dans ces écrits, le premier comprend l'attachement à l'environnement physique du quartier. Il se traduit généralement par la satisfaction face aux conditions matérielles et physiques, à la fois objectives et perçues,

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du logement et du quartier. Cela suppose que les habitants développent un sentiment d'attachement à partir des aménités des lieux dans leur perception de l'environnement. L'attachement aux dimensions sociales fait plutôt référence aux relations de voisinage et à la sociabilité. Ainsi, la qualité des relations avec autrui dans le quartier favorise l'apparition d'un lien affectif entre l'individu et l'environnement dans lequel ces relations grandissent. Par contre, si la cohésion sociale, le vivre ensemble, les relations sociales entre résidents se passent mal et sont perçus comme désagréables et pas d'une bonne qualité, cela entraine chez ces individus un sentiment faible attachement au quartier voire même le repli sur soi.

Nous avons, par le biais des croisements, observé des variantes quant à l'attachement selon le sexe, la tranche d'âge et la durée d'installation et même le statut de l'enquêté. Nous avons remarqué que le sentiment d'attachement et d'appartenance au quartier est variable selon la durée d'installation sur le quartier, le sexe, l'âge et le statut de l'enquêté.

a. L'attachement au quartier selon l'âge

Le croisement de l'attachement au quartier et l'âge des enquêtés, montre que 59 % des interviewés âgés entre 10 et 11 ans sont « très attachés » à leur quartier alors que ceux âgés entre 12 et 13 ans sont « peu attachés » à leur quartier (60 %).

Nous constatons que l'attachement au quartier des préadolescents est fort et est très présent. Pour ces enfants, leur quartier constitue leur lieu de naissance. Ils y ont grandi et se sont familiarisé avec environnement.

Cela témoigne de la charge effective du territoire de l'enfance et la dimension familière d'un espace connu depuis toujours. D'autre part, il convient de noter que ce sentiment d'attachement, diminue à mesure que les jeunes grandissent. La proportion s'inverse, à effectifs à peu près égaux, entre les plus jeunes (12 - 13 ans) et les préadolescents (10-11ans).

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Graphique 16 : Attachement au quartier par tranche d'âge

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

Nous avons, à travers la deuxième enquête (autres jeunes 15 - 25 ans) cherché à vérifier avec des entretiens et le questionnaire. En effet, en analysant les résultats de la figure du croisement de l'attachement et de la tranche d'âge des 15 - 25 ans, nous remarquons que 60 % des jeunes ayant entre 15 et 18 ans et près 83 % de ceux ayant entre 19 et 25 ans interrogés sont « peu ou pas attachés » à leur quartier.

La tendance observée chez les adolescents pour la première enquête (Collèges) se confirme chez les plus âgés (15 - 25 ans). Cela signifie qu'en grandissant, les jeunes se sentent de moins en moins bien et deviennent « moins attachés » à leur quartier et ont envie de partir, sans doute pour plusieurs raisons : lassitude ? Envie de bouger ? De changer d'air ? Prise de conscience qu'il n'y a pas ou peu de travail ?

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Graphique 17 : Attachement au quartier par tranche d'âge

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

En effet, pour certains jeunes interrogés, il n'y a absolument rien pour eux sur le quartier. Ils ont envie d'aller voir ailleurs. Aussi, c'est le propre des adolescents d'aller voir ailleurs. Avant tout, ils sont jeunes.

« J'aime le quartier mais j'ai envie de quitter pour découvrir de nouvelles choses. J'attends de décrocher mon bac pour quitter ce quartier ».

Lycéen, 17ans, questionnaire 1er trimestre 2019

« Il n'y a pas d'emploi pour nous ici. On nous propose que des missions temporaires. La précarité nous guette et nous serons obligés de faire comme certains. Moi je rêve d'ailleurs et d'une vie meilleure ».

Homme, 28 ans, sans emploi, questionnaire 1er trimestre 2019

Par ailleurs, le croisement de l'attachement au quartier et le statut de l'enquête montre que 66 % des retraités interrogés sont « très attachés ». Ces personnes âgées restent très attachées à leur quartier. Elles sont pour la plupart dans le quartier depuis de nombreuses années. Elles ont développé des liens étroits avec leur quartier comme l'affirment plusieurs auteurs qui stipulent que les résidents hautement attachés sont souvent plus âgés (Lawton,

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1990) et passent plus de temps dans le quartier (Fuhrer, Kaiser & Hartig, 1993). Les personnes en recherche d'emploi (67 %) quant à elles, sont « pas attachées » à leur quartier comme le montre le croisement attachement au quartier et statut de l'enquêté. Ce résultat peut se justifier par le fait que les problématiques liées à l'emploi sont présentes dans tous les quartiers prioritaires et les jeunes n'ont un accès facile à l'emploi à cause de plusieurs barrières notamment les faiblesses liées à la formation initiale, les difficultés liées au phénomène de réseaux, l'existence de discriminations liées aux origines et à l'adresse. Face à toutes ces difficultés les jeunes se trouvent dans une situation difficile. Cela appelle à une interrogation : comment inciter les jeunes à rester, à s'investir dans le quartier ? C'est dans tous les cas une question sans doute importante pour les politiques publiques.

Néanmoins sur l'agglomération mancelle, de nombreuses actions sont menées pour accompagner l'accès à l'emploi des jeunes, lever les freins d'accès à l'emploi, accompagner l'insertion professionnelle et optimiser la mise en réseau des acteurs face à cette envie de départ, au peu d'attachement à leur lieu d'habitation jeunes.

b. L'attachement selon la durée d'installation

Les données issues du croisement entre l'attachement et la durée d'installation dans le quartier montrent que 53 % des collégiens âgés entre 10 et 14 ans qui résident sur le quartier depuis au moins 5 ans sont « très attachés au quartier » alors que 60 % des habitants âgés de 15 ans et plus qui y vivent depuis 10 ans et plus, y sont « très attachés ». Ces résultats confirment les affirmations de plusieurs auteurs et témoignent du rapport entre attachement à un lieu et la durée d'installation.

En effet, la question de la temporalité est un facteur directement impliqué dans la problématique de l'attachement, puisque le lieu est associé au temps passé, présent et futur et participe ainsi au développement d'un lien affectif. Un autre facteur important qui rentre en jeu dans le développement de l'attachement à un niveau résidentiel est celui de la durée de résidence. Il a été démontré que plus la durée de résidence dans un lieu est élevée, plus l'attachement à ce lieu le sera (Brown, Perkins, Brown, 2003, Hernandez, Hidalgo Salazar-Laplace, Hess, 2007) cités par Grillon et al (2012). Aussi la durée de résidence contribue à la création de liens sociaux. De ce fait, plus les gens habitent plus longtemps un lieu, plus la chance de nouer des relations est grande. Ainsi l'attachement à ce lieu grandit et devient fort au fil des années. Cela fait naître un sentiment d'appartenance au milieu de vie donc l'une des

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échelles est l'ancrage ou l'enracinement dans le quartier. L'enracinement dépend aussi des liens tissés dans le voisinage. Ce qui fait dire à Fortin et al (1987) cité par Armstrong et Boucher (2013), que les variables pertinentes pour l'évaluation de l'enracinement des individus dans leur lieu de résidence sont principalement la distance du lieu d'origine, la proximité de la parenté et le nombre d'années passées dans le lieu de résidence.

c. L'attachement au quartier selon le sexe

Le croisement de l'attachement au quartier et le genre, montre que sur 272 les femmes interrogées, près de 65 % et près de 60 % des 288 hommes questionnés ont des liens forts avec leur lieu de résidence. Le résultat le plus frappant pour ce croisement, est celui des adolescents.

Graphique 18 : L'attachement au quartier selon le sexe des habitants

Attachement au quartier selon le sexe

 

59,03%

 

64,70%

 
 
 
 

40,97%

 
 
 
 
 
 
 
 

35,30%

 
 

Hommes Femmes

Attaché/Très attaché Peu/Pas attaché

70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00%

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

En observant les résultats issus de ce croisement, le résultat est d'autant plus net chez les collégiens ou on voit cette différence. Nous constatons que l'attachement au quartier dépend pour partie du genre. L'attachement au quartier du sexe féminin est plus fort que celui

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du sexe masculin. En effet, le croisement montre que 73 % des garçons interrogés ne sont « pas du tout attachés » à leur quartier alors que 64 % des filles font cas de leur attachement à leur quartier contrairement aux garçons. Ce rapport particulier des filles au quartier, montre qu'il existe bien une différence sexuée sur l'attachement au quartier. Cela pourrait s'expliquer par le fait que l'attachement au quartier des filles se repose sur les bases affectives. Elles sont le plus souvent au côté de leur mère. Elles ne se regroupent pas dans les parties communes de l'immeuble comme le font souvent les hommes. Elles ne trainent pas dans la rue. Les voir dehors, occuper les cages des escaliers, les halls d'immeuble serait source de mauvaises interprétations. Cette différence sexuée de l'attachement au quartier pose aussi la question du partage et de l'occupation de l'espace public par les femmes. L'espace public est un lieu d'appartenance, singulier ou collectif. Toutefois, ce sentiment d'appartenance possède une dimension genrée.

Graphique 19 : L'attachement des collégiens au quartier selon le sexe

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

En effet, les normes de genre pèsent sur la manière dont on s'approprie l'espace public et impactent la mobilité (L'atelier 2018). L'espace public n'est pas occupé de la même manière que l'on soit hommes ou femmes. Le plus souvent, les femmes ne se sentent en sécurité dans l'espace public mais pas victimes de stigmatisation. Elles sont attachées à leur quartier parce qu'elles trouvent en ce lieu le réconfort. Alors que les femmes occupent l'espace public par besoin et restent en mouvement, les hommes l'occupent par plaisir et sont davantage

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statiques. L'éducation des parents joue aussi un important rôle. Depuis leur jeune âge, les jeunes filles sont invitées à limiter leur déplacement extérieur de peur du danger qui les guette. Elles voient en leur quartier un refuge.

C. Le quartier : un lieu de bien - être

En réponse à la question « Je me sens : bien, très bien, pas très bien, pas du tout bien dans le quartier », près de 80 % habitants interrogés déclarent se sentir « bien ou très bien » dans leur lieu de résidence. Ils trouvent leur quartier agréable à vivre. Il y règne une ambiance très bonne et très conviviale. Ils sont satisfaits de leur condition de logement. Ils ont développé des liens sociaux. Ils se sentent en sécurité et ont tous les équipements à proximité.

L'ensemble des opinions positives crée chez les résidents une sensation de bien-être et de sécurité, voire un sentiment d'attachement et d'appartenance au quartier.

Graphique 20 : Le sentiment de bien- être dans les quartiers

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

Ainsi, ces différentes interactions sont agréables et contribuent au bien-être des individus qui trouvent que leur quartier est agréable à vivre et les réponses des habitants issus de ces quartiers stigmatisés tordent le cou à l'image négative qui accompagne souvent leur lieu de vie. En effet, même si les habitants des quartiers prioritaires font face à des difficultés, ils se sentent bien dans leur quartier.

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« Notre quartier est mal coté de l'extérieur. Il est vu comme un lieu où règnent la misère, la pauvreté, l'insécurité, la délinquance de toutes les formes. Un lieu qui regroupe les cas sociaux. Le quartier a tout simplement une image négative à l'extérieur alors que nous à l'intérieur on se sent très bien, on vit bien même si ces clichés venant de l'extérieur nous touchent ».

Homme, 58 ans, père de 6 enfants, relevé d'entretien du 29 décembre 2018

En dépit de toutes ses opinions favorables, de ses sentiments d'attachement et d'appartenance, de ces bonnes relations entre voisins de ces nombreuses satisfactions et malgré l'état de bien - être généralisé, les habitants souhaitent l'amélioration de plusieurs points.

III. Les points à améliorer

Graphique 21 : Points à améliorer par ordre de priorité....

Pour les 15 - 25 ans

Pour les 10 - 14 ans

 
 

Pour les 26 ans et plus

Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO, 2019

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Malgré les sentiments de satisfaction générale, en réponse à la question « Choisis les principaux points à améliorer par ordre de priorité dans le quartier dans le quartier la liste suivante : la sécurité, la propreté, les logements, les transports, les aires de jeux, les centres de loisirs, des jardins, des parcs, autres (préciser) », les habitants rencontrés ont souhaité l'amélioration de nombreux points.

Pour les collégiens et les 15 ans - 25 ans, ce sont les équipements du quotidien qui sont demandés : les aires de jeux et les parcs. Certes, sécurité et propreté sont bien placés, mais pas en tête. Pour ces préadolescents, adolescents et plus âgés, en quête d'identité et d'affirmation, la pratique des activités en accès libre est d'une importance capitale. L'aménagement des espaces ou lieux dans leur quartier pour se regrouper, s'amuser, se distraire serait donc une priorité à leurs yeux. Par ailleurs, pour les 26 ans et plus, l'amélioration de la sécurité et de la propreté a été la plus citée. Malgré les opinions positives sur ces questions et l'absence de menaces ou de danger réel, les habitants souhaitent quand même l'amélioration du cadre vie et la sécurité des biens et des personnes.

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Conclusion

Les politiques publiques considèrent le quartier comme l'échelon idéal pour une territorialisation des politiques socioéconomiques et des démarches participatives. La Politique de la ville, une politique mise en place en faveur des habitants des quartiers prioritaires, est un bel exemple de territorialisation des politiques publiques d'une part et d'autre part de la participation des habitants. La participation des habitants est un enjeu majeur de la Politique de la ville comme le soulignent Boudeghdegh, Le Dû et Valbon (2012). En effet, associer les habitants à la gestion de services nouveaux à titre expérimental, était le souhait en 1977 des premières mesures Habitat et Vie Sociale. La participation des habitants devient alors formelle dès 1998 et une condition à la signature par l'Etat des contrats 20002006. Cette formalisation a été faite par le Comité Interministériel des Villes qui juge qu'il « convient d'organiser les démarches permettant aux habitants de se prononcer, en amont de l'élaboration des projets, sur les priorités des programmes d'actions qui concernent le cadre de leur vie quotidienne. Il est également nécessaire de les associer à l'élaboration, à la mise en oeuvre et à l'évaluation en continu des actions qui seront décidées par les partenaires du contrat de ville ». La participation des habitants reste alors un élément primordial pour la Politique de la ville. Ainsi les habitants et les acteurs locaux sont appelés à mobiliser leur expertise et contribuer, conjointement avec l'État, les collectivités territoriales et les associations, à la définition des actions les plus pertinentes au regard des besoins identifiés dans le quartier. C'est dans cette optique, dans le cadre de la réalisation du protocole d'engagements réciproques, le service Politique de la ville a jugé nécessaire d'associer les habitants des quartiers dans sa démarche conformément aux prescriptions en vigueur. Sachant que les habitants des quartiers sont mieux placés pour connaitre les atouts, les faiblesses de leur quartier que quiconque, leur association aux instances de décisions, est dotant plus bénéfique qu'elle permet de définir des politiques les mieux adaptées et les mieux conformes à leurs besoins.

Rencontrer les habitants des quartiers de l'agglomération afin de recueillir leur avis, leurs observations quant à la façon dont ils vivent le quartier et la façon celui-ci influence leur vie, a été notre mission. Au cours des enquêtes de terrain, nous avions sillonné les cinq quartiers. Les résultats obtenus au cours cette enquête, ont permis de voir l'importance des

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relations qui existent entre les habitants et leur quartier et les facteurs qui contribuent à la naissance de ces relations. En effet, ces résultats montrent que le quartier constitue une ressource pour les habitants interrogés et les relations sociales développées contribuent à leur bien - être.

De même la perception que les habitants ont de leur quartier peut influencer sur leur qualité de vie. Cette perception du quartier, qu'elle soit positive ou négative, peut naitre un sentiment d'attachement et d'appartenance ou au contraire de rejet, de repli sur soi et d'évitement. De plus, les représentations positives de ces quartiers montrent que nombreux progrès ont été réalisés pour changer l'image de ces quartiers prioritaires. Les quartiers sillonnés sont « sûrs et propres » même s'il existe quelques poches d'insécurité et d'insalubrité. Ils sont bien dotés en équipements socioculturels de proximité. Ces équipements sont bien fréquentés par les résidents. En reprenant Humain-Lamoure (2007), le quartier n'existe que parce qu'il y a des lieux de rencontres ayant des formes d'occupation spécifiques et dans lesquels la population a construit au cours du temps des relations ritualisées et c'est par ce phénomène que le quartier acquiert sa signification symbolique et que les habitants nouent avec lui des liens émotionnels et identitaires. Alors défini comme un objet socio spatial, le quartier serait le résultat de la manière dont l'individu conçoit les rapports entre l'espace privé, l'espace public du quartier et au-delà. Il existe entre le quartier et les habitants questionnés un rapport au quartier très fort malgré les difficultés et la pauvreté qui règnent dans leur habitat. Les opinions positives sur le cadre de vie, les liens de sociabilité, l'enracinement dans le milieu, la durée, les aménités du quartier, la forte présence des équipements sont autant de facteurs qui contribuent au développement de liens fort entre les habitants et leur lieu de résidence.

En dépit des difficultés rencontrées et des limites de cette recherche, les résultats obtenus sont très intéressants. Ces résultats ont permis de voir l'écart qu'il y a entre les réalités dans les quartiers prioritaires et les perceptions qu'ont des personnes extérieures à ces quartiers.

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Pan Ke Shon, J. L. 2005 : La représentation des habitants de leur quartier : entre bien-être et repli, Economie et statistique, n°386, p. 3-35.

Rowntree B. 1997 : Les cartes mentales, outil géographique pour la connaissance urbaine. Le cas d'Angers (Maine-et-Loire). In: Norois, n°176, Octobre-Décembre. pp. 585-604

Santelli E. 2002 : Les jeunes et leur quartier : vers une nouvelle approche. In : Agora débats/jeunesses, Les jeunes et le risque. pp. 132-144.

Sebastian L. 2016 : L'attachement au lieu, vecteur de mobilisation collective ?, Étude de cinq territoires ruraux, université de Toulouse, 41 pages

Semmoud N. 2008. : « Urbanisme et représentations de quartiers. Le cas de Bellevue (Saint-Étienne) », L'Espace géographique, vol. Tome 37, no. 1, pp. 32-44.

Vieille Marchiset G et Gasparini W. 2010 : Les loisirs sportifs dans les quartiers populaires : modalités de pratiques et rapports au corps, dans Staps 0/1 (n° 87), pp 93-107

74

Sites consultés

Le pacte de Dijon

https://www.gouvernement.fr/partage/10408-signature-du-pacte-de-dijon consulté le 15 mai 2019

La mobilisation nationale en faveur des quartiers

http://circulaires.legifrance.gouv.fr/pdf/2019/01/cir44291.pdf consulté le 15 mai 2019

La nouvelle étape de la politique de ville

http://www.ville.gouv.fr/IMG/pdf/faqvmaj.pdf consulté le 15 mai 2019

L'atelier des artisan(es) des droits humaines 2018 : Quelle place pour les femmes dans l'espace

public ?

http://laaatelier.org/egalite/2018/07/25/quelle-place-pour-les-femmes-dans-lespace-public

consulté le 15 mai 2019

75

Table des illustrations

Listes des cartes

Carte 1 : Les 5 quartiers prioritaires de l'agglomération mancelle en 2019

15

 

Carte 2 : Les communes de la Communauté Urbaine Le Mans Métropole en 2019 ... 25

Liste des photos

Photo 1 : A la rencontre des habitants au gymnase et au Restau du coeur

de Chaoué-Perrières . 23

Photo 2 : Place de l'Europe, Bellevue-Carnac 27

Photo 3 : La tour étoile et le maille à Chaoué - Perrières 28

Photo 4 : city stade des Glonnières 30

30

Photo 5 : Maison de quartier Jean Moulin

Photo 6 : Centre commercial Sud 30

Listes des graphiques

31

Graphique 1 : Nombre de fiches collectées par enquête

Graphique 2 : Répartition des enquêtés par tranche d'âge 32

Graphique 3 : Statuts des enquêtés 33

Graphique 4 : Répartition des enquêtés par quartier prioritaire 33

37

39

41

Graphique 5 : Propreté des quartiers 36

Graphique 6 : Sentiment de sécurité dans les quartiers

Graphique 7 : Le niveau de délinquance perçu

Graphique 8 : L'état des logements dans les quartiers

Graphique 9 : Présence des équipements de proximité 43

Graphique 10 : Utilité des équipements 44

Graphique 11 : L'usage des commerces 50

54

55

58

62

Graphique 12 : Les loisirs 50

Graphique 13 : Les lieux de relations de voisinage dans le quartier
Graphique 14 : Les relations de voisinage dans le quartier

Graphique 15 : Attachement au quartier

Graphique 16 : Attachement au quartier par tranche d'âge

76

Graphique 17 : Attachement au quartier par tranche d'âge 63

65

66

67

68

47

47

Graphique 18 : L'attachement au quartier selon le sexe des habitants

Graphique 19: L'attachement des collégiens au quartier selon le sexe

Graphique 20 : Le sentiment de bien- être dans les quartiers

Graphique 21 : Points à améliorer par ordre de priorité

Liste des figures

Figure 1 : Collégienne, 14 ans, Collège Le Marin, Chaoué - Perrières

Figure 2 : Homme, 23 ans, sans emploi, Chaoué - Perrières

Figure 3 : Retraité, 62 ans, Glonnières 47

48

48

48

48

48

49

Figure 4 : Collégienne, 3ème 14 ans, Collège Vauguyon
Figure 5 : Retraitée, 68 ans, Chaoué - Perrières

Figure 6 : Collégien, 14 ans, Collège Costa Gavras, Les Sablons

Figure 7 : Femme, Sans emploi, 23 ans, Bellevue- Carnac

Figure 8: Homme 24 ans, Chaoué - Perrières

Figure 9 : Chauffeur Poids - lourds, 41 ans Bords de l'Huisne, Les Sablons

Figure 10 : Collégien, 14 ans, Collège Vauguyon, Ronceray-Vauguyon-Glonnières 49

Liste des tableaux

Tableau 1 : calendrier et la temporalité de l'étude

23

 

77

Annexes

Les interactions habitants-quartiers prioritaires

GUIDE D'ENTRETIEN

1- La perception du lieu habité

a- Comment s'appelle votre quartier ?

c- Pour vous le quartier il va d'où à où ?

b- Depuis quand habitez-vous dans le quartier ?

d-Pouvez-vous dire en quelques mots ce que votre quartier représente pour vous ?

2-L'appréciation du logement

a-Comment trouvez-vous l'état actuel de votre logement ?

b-Comment vous sentez vous dans votre logement ?

3- L'appréciation du quartier et de son environnement

a-Quels sont les liens que vous avez avec le quartier ?

e- Qu'est ce qui fait qu'on y vit mal ?

b-Comment vous sentez-vous dans le quartier ?

f- Qu'est- ce qui ferait qu'on pourrait y vivre mieux ?

c-Votre quartier est -il agréable à vivre ?

g- Selon vous quelle est l'image que les gens de l'extérieur ont du quartier ?

 

d-Qu' est ce qui fait qu'on y vit bien ?

 

4-Les pratiques et les lieux des pratiques dans le quartier

a-Sortez-vous souvent de votre domicile ? où allez- vous ?

e- Est-ce que vous allez à la fête foraine ?

b- Où allez-vous dans le quartier ?

f- Où pratiquez-vous vos activités sportives ou associatives ?

C- Où allez-vous pour vos loisirs ?

g- Fréquentez-vous les commerces situés à proximité de votre domicile ?

a-Allez-vous au cinéma ?

h- Avez-vous accès aux équipements (services et commerces locaux) ?

 

5-Perception des atouts et des problèmes du quartier

a-Quels sont les atouts du quartier ?

c-Vous Sentez-vous en sécurité dans votre quartier ? Pourquoi ?

b-Avez-vous le sentiment que votre quartier est isolé ? Pourquoi ?

 

6-Les relations de sociabilité (nature et lieux)

a-Quelles relations entretenez-vous avec vos voisins et autres habitants du quartier ?

d- si oui , pouvez-vous donner des exemples ? -si non, pourquoi ?

b- Peut-on qualifier ces relations :-de bon voisinage, -d'amicales ou de conflictuelles ?

e-Que faites-vous en commun avec vos voisins ou d'autres habitants du quartier ?

c- Participez-vous à la vie associative et collective du quartier ?

f-Que faites-vous en commun avec des habitants d'autres quartiers ?

 
 

7-La perception des actions de certaines institutions

a- Etes-vous impliqué dans le travail des associations ?

b-D'après vous quelle institution peut vous aider pour trouver de l'emploi (logement, accès à la culture....)

 
 

8-La perception de son avenir dans le quartier

a-Souhaiteriez-vous continuer de vivre ici ?

c-Comment développer le lien social ?

a-Qu'est qu'il y a dans d'autres quartiers que vous n'avez pas dans le vôtre ?

d-Que souhaiteriez-vous améliorer sur le quartier ?

b-Comment chacun peut-il améliorer la vie de tous les jours dans quartier ?

Age, collégien, lycéen, étudiant, salarié, en recherche d'emploi profession et statut, situation matrimoniale

78

 
 

DIRECTION PROXIMITE ET TRANQUILLITE
SERVICE POLITIQUE DE LA VILLE

5 place Paul Cézanne 72100 LE MANS

spv@lemans.fr

Enquête par questionnaire /collèges

Thème : Relations jeunes-quartiers

I-Identification

Commune :
Nom du collège :

Age :

Classe : 6ème 3ème

Genre : Homme Femme

II-vision du quartier

1-Le nom de mon quartier est 2-J'habite dans le quartier depuis....

q 0 à 1 an 2 à 4 ans 5 à 9 ans 10 ans et plus 3-Je suis ...

q attaché à mon quartier très attaché à mon quartier peu attaché à mon quartier Pas du tout attaché à mon quartier

4-Je trouve que mon quartier est ...

q Pas du tout propre Pas très propre Plutôt propre Très propre

5- Mon logement est ...

q dégradé très dégradé en mauvais état en moyen état en bon état

6-Je me sens en sécurité dans le quartier...

q Pas du tout d'accord Pas d'accord D'accord Complètement d'accord

7-Je qualifie les relations que j'ai avec d'autres jeunes du quartier de...

q Fraternelles Amicales tendues / conflictuelles Violentes

8-Le niveau de délinquance dans le quartier est

q très élevé élevé bas très bas

9- Je souhaite quitter le quartier

q pas du tout peut-être oui bientôt je ne sais pas

III-Vision des équipements du quartier

10-Je trouve que les équipements (services publics, centres de loisirs, salles de spectacles, écoles, terrain de sports, aires de jeux, des jardins, des parcs bibliothèque, etc.) sur le quartier sont en nombre.....

[j] très suffisant [j]suffisant [j] peu suffisant [j]insuffisant

11-Je trouve que les équipements sur le quartier sont....

[j] très utiles [j] utiles [j] pas utiles [j] pas du tout utiles

12-Je fréquente les centres culturels, sportifs et de loisirs.

[j] Jamais [j] Rarement [j] Occasionnellement [j] Assez Souvent [j] Très Souvent

13-J'ai un accès aux équipements / Je trouve l'accès aux équipements

[j] pas du tout facile [j] pas facile [j] plutôt facile [j] très facile

14- Choisis les principaux points à améliorer par ordre de priorité dans le quartier dans la liste suivante (utilise uniquement les lettres) : la sécurité, la propreté, les logements, les transports, les aires de jeux, centre de loisirs, des jardins, des parcs, (autres précisez)

a) b)

c) d)

e) f)

g) h)

j) j

IV- Mobilités externes

15- En dehors des lieux que je fréquente dans mon quartier, je vais souvent à

79

Merci pour votre participation à cette enquête !

80

 
 

DIRECTION PROXIMITE ET TRANQUILLITE
SERVICE POLITIQUE DE LA VILLE

5 place Paul Cézanne 72100 LE MANS

spv@lemans.fr

Enquête par questionnaire /autres jeunes

Thème : Relations jeunes-quartiers

I-Identification

Commune :

Âge : 15-19ans 20-24ans 25 -26 ans Genre : Homme Femme

q collégien lycéen étudiant salarié : en recherche d'emploi

II-vision du quartier

1-Le nom de mon quartier est 2-J'habite dans le quartier depuis....

q 0 à 1 an 2 à 4 ans 5 à 9 ans 10 ans et plus 3-Je suis ...

q attaché à mon quartier très attaché à mon quartier peu attaché à mon quartier Pas du tout attaché à mon quartier

. 4-Je trouve que mon quartier est ...

q Pas du tout propre Pas très propre Plutôt propre Très propre

5- Mon logement est ...

q dégradé très dégradé en mauvais état en moyen état en bon état

6-Je me sens en sécurité dans le quartier...

q Pas du tout d'accord Pas d'accord D'accord Complètement d'accord

7-Je qualifie les relations que j'ai avec d'autres jeunes du quartier de...

q Fraternelles Amicales tendues / conflictuelles Violentes

8-Le niveau de délinquance dans le quartier est

q très élevé élevé bas très bas

9- Je souhaite quitter le quartier

q pas du tout peut-être oui bientôt je ne sais pas

III-Vision des équipements du quartier

10-Je trouve que les équipements (services publics, centres de loisirs, salles de spectacles, écoles, terrain de sports, aires de jeux, des jardins, des parcs bibliothèque, etc.) sur le quartier sont en nombre

q très suffisants suffisants peu suffisants insuffisants

11-Je trouve que les équipements sur le quartier sont....

q très utiles utiles pas utiles pas du tout utiles

12-Je fréquente les centres culturels, sportifs et de loisirs.

q Jamais Rarement Occasionnellement Assez Souvent Très Souvent

13-J'ai un accès aux offres culturelles (cinéma, concerts, expositions, foire, spectacles...)

q pas du tout facile pas facile plutôt facile très facile

14- Choisis les principaux points à améliorer par ordre de priorité dans le quartier dans la liste suivante (utilise uniquement les lettres) : la sécurité, la propreté, les logements, les transports, les aires de jeux, les centres de loisirs, des jardins, des parcs, (autres précisez)

a) b)

c) d)

e) f)

g) h)

i) k)

15-dis l'institution (service, structure) qui peut t'aider à :

Trouver un emploi

Trouver un logement

Avoir accès à la culture

En cas de difficultés

IV- Mobilités internes et externes

16- Dans mon quartier je vais à

17-En dehors des lieux que je fréquente dans mon quartier, je vais souvent à

18- Je fais mes courses dans les commerces (supermarché, épicerie, boucherie, boulangerie etc.)

q du quartier en dehors du quartier* les deux

*Précisez :

19- Je fais des activités à l'extérieur que je ne peux pas faire dans mon quartier.

81

Merci pour votre participation à cette enquête !

82

 
 
 

Enquête par questionnaire

Thème : Relations habitants-quartiers

I-Identification

Commune :

Âge :

Genre : Homme Femme

q Étudiant salarié en recherche d'emploi retraité

q Situation Matrimoniale : Célibataire Marié (e) divorcé(e) veuf (ve)

II-vision du quartier

1-Le nom de mon quartier est 2-J'habite dans le quartier depuis....

q 0 à 1 an 2 à 4 ans 5 à 9 ans 10 ans et plus 3-Je suis ...

q attaché à mon quartier très attaché à mon quartier peu attaché à mon quartier Pas du tout attaché à mon quartier

4-Je trouve que mon quartier est ...

q Pas du tout propre Pas très propre Plutôt propre Très propre

5- Mon logement est ...

q dégradé très dégradé en mauvais état en moyen état en bon état

6-Je me sens en sécurité dans le quartier...

q Pas du tout d'accord Pas d'accord D'accord Complètement d'accord

7-Je qualifie les relations que j'ai avec d'autres habitants du quartier de...

q Fraternelles Amicales tendues / conflictuelles Violentes

8-J'entretien des relations de voisinage (plusieurs réponses possibles)

q Dans mon immeuble hors de mon immeuble dans le quartier à l'extérieur du quartier

9-Le niveau de délinquance dans le quartier est

q très élevé élevé bas très bas

10- Je me sens très bien dans le quartier

q Pas du tout bien Pas très bien Plutôt bien Très bien

11-Je souhaite quitter le quartier

q pas du tout peut-être oui bientôt je ne sais pas

83

III-Vision des équipements du quartier

12-Je trouve que les équipements (services publics, centres de loisirs, salles de spectacles, écoles, terrain de sports, aires de jeux, des jardins, des parcs bibliothèque, etc.) sur le quartier sont en nombre

? très suffisants ? suffisants ? peu suffisants ? insuffisants

13-Je trouve que les équipements sur le quartier sont....

? très utiles ? utiles ? pas utiles ? pas du tout utiles

14-Je fais mes activités culturelles, artistiques et sportives.

? à l'intérieur du quartier ? à l'extérieur du quartier ? Les deux ? aucune activité

15-Pour mes loisirs, je vais souvent (plusieurs réponses possibles)

? au cinéma, au théâtre, à des concerts ? Restaurant ? salle de sport ? Aucun loisir ? autres (Précisez)

16- Choisis les principaux points à améliorer par ordre de priorité dans le quartier dans la liste suivante (utilise uniquement les lettres) : la sécurité, la propreté, les logements, les transports, les aires de jeux, les centres de loisirs, des jardins, des parcs, (autres précisez)

a) b)

c) d)

e)

f)

g) h)

i) k)

Autres

IV- Mobilités internes et externes

17- Dans mon quartier je vais souvent à

18-En dehors des lieux que je fréquente dans mon quartier, je vais souvent à

19- Je fais mes courses dans les commerces (supermarché, épicerie, boucherie, boulangerie etc.)

? à l'intérieur du quartier ? à l'extérieur du quartier* ? Les deux

*Précisez :

20- Je cite des activités que je fais à l'extérieur du quartier avec d'autres habitants des autres quartiers.

Merci pour votre participation à cette enquête !

84

Sur cette fiche, dessine les endroits que tu fréquentes dans ton quartier à en précisant le nom des lieux que tu as dessinés.

85

Table des matières

Sommaire

Remerciements

Liste des sigles

Introduction

Chapitre I : La participation des habitants au coeur de la Politique de la ville

2

3

5

6

10

I.

 

La Politique de la ville et la participation des habitants

10

A.

 

Le cadre général sur la Politique de la ville

10

 

1.

La Politique de ville en France

10

 

2.

La Politique de la ville active sur l'agglomération mancelle

15

 
 

B.

Les objectifs et hypothèses de l'enquête

18

 

II.

La méthodologie d'enquête

19

 

A.

Les travaux préparatoires

19

 

B.

La production des données

20

 

1.

Les outils de production de données

20

 

a.

Le guide d'entretien

20

 

b.

Le questionnaire

20

 

c.

La carte mentale

21

 
 

2.

Les lieux et le mode de passation du questionnaire et du guide d'entretien

22

 

III.

Présentation du territoire d'étude

24

 

A.

Le Mans, une métropole en développement

24

 

B.

Les quartiers Politique de la ville de l'agglomération mancelle

26

 
 

1.

Le quartier Bellevue-Carnac : A cheval entre Le Mans et Coulaines

26

 

2.

Le quartier Chaoué- Perrières

27

 

3.

Le petit quartier L'épine

28

 

4.

Le quartier Les Sablons Bords de l'Huisne : Le plus grand quartier d'habitat social

 

de l'agglomération 29

5. Le quartier Ronceray- Vauguyon-Glonnières 29

IV. Les chiffres clés représentatifs de l'enquête 31

V. L'accueil et les limites de la recherche 34

Chapitre II : Les interactions habitants et quartiers prioritaires 35

I. Les facteurs de l'appréciation du quartier 35

A. Le quartier : un cadre de vie bien apprécié 35

1. Des quartiers prioritaires « sûrs et propres » 35

2. Un niveau de délinquance perçu peu marqué 39

3. Des logements relativement en « moyen et bon état » 40

B. Le quartier : un cadre de vie bien doté en équipements de proximité 42

1.

86

Une bonne proximité et utilité des équipements de quartier 42

2. Le quartier : Lieu bien connu et bien maîtrisé par les habitants 45

II. La force des quartiers : représentation, sociabilité et attachement 52

A. Le quartier : un lieu de sociabilité 52

1. La notion de sociabilité 52

2. Le voisinage comme lieu de sociabilité 52

B. Le quartier : un lieu de réel attachement 56

1. La notion d'attachement au lieu 56

2. L'attachement réel au quartier malgré les difficultés 57

a. L'attachement au quartier selon l'âge 61

b. L'attachement selon la durée d'installation 64

c. L'attachement au quartier selon le sexe 65

C. Le quartier : un lieu de bien - être 67

III. Les points à améliorer 68

Conclusion 70

Bibliographie 72

Table des illustrations 75

Annexes 77

Table des matières 85






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault