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Effets de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine sur le commerce du Burkina Faso


par Christian KABORE
Lund University - Master 2019
  

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Abstract

The African Continental Free Trade Agreement (AfCFTA) was negotiated and signed on 21 March 2018 and entered into force on 30 May 2019. The main purpose of this paper is to analyse Burkina Faso's potential gains and losses as a result of its participation in the AfCFTA. To this end, an empirical methodology based on the gravity model is used. The gravity model is estimated by the Poisson pseudo maximum likelihood. The data cover the period 1962-2016 and come from the WITS, WDI and UNCTAD databases. Three main scenarios were examined, namely the effects of the AfCFTA if it had been implemented between 2000 and 2016, the delayed effects of the AfCFTA and the future effects of the AfCFTA. The results show that the model variables explain nearly 75% of Burkina Faso's export variance (0.72<R2<0.80). Overall, the effects of the AfCFTA on Burkina Faso's exports are positive after 12 years of implementation of the Agreement. The results show, however, that taking into account all trade costs is crucial for Burkina Faso to benefit from the positive effects of the AfCFTA.

Key words : AfCFTA ; effects ; gravity model ; exports ; Burkina Faso

I- Introduction

1

1.1 Contexte

Le système commercial multilatéral connait, au fil des années, une multiplication des accords d'intégration régionale. En effet, avec 126 Accords Commerciaux Régionaux (ACR) en 1995, on en dénombre 481 notifications au 13 septembre 2019 soit un taux de croissance de 281,74%1. L'Afrique à elle seule, compte environ 14 blocs régionaux et la plupart des pays africains sont à la fois membres de plusieurs organisations régionales.

C'est dans ce contexte que l'accord instituant la Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLECAf) a été signé2 par 44 pays et est entré en vigueur le 30 mai 2019. La ZLECAf est le premier accord du genre qui regroupe la plupart des pays africains. Sa mise en place vise l'intensification du commerce intra-africain par la création d'un marché unique pour les marchandises et les services afin d'approfondir l'intégration économique du continent africain et cela conformément à la vision panafricaine d'une « Afrique intégrée, prospère et pacifique tel qu'énoncé dans l'Agenda 2063 ».

La ZLECAf fera face à plusieurs défis à savoir le manque de capacité productive de plusieurs pays, le problème d'infrastructure, la réticence de certains pays à ouvrir leurs marchés, la crainte des petits pays d'être dominés par les grands, la faible diversification des économies africaines et les difficultés de gouvernance liées à l'incapacité des Etats à légiférer des textes et à les faire respecter.

Dans cette optique, les négociations visent un accord global et mutuellement bénéfique du commerce entre les États membres de l'Union africaine pour ainsi accroître significativement le commerce intra-africain en supprimant les barrières non tarifaires et tarifaires. Cet Accord permettrait d'aboutir à la mise en commun des ressources africaines pour améliorer la transformation structurelle et le développement des chaînes de valeur régionales et améliorer la compétitivité des biens mis sur le marché (CEA, 2017). Il ressort des simulations de la CEA que la ZLECAf accroîtrait le commerce intra-africain de 52,3 % et le commerce des produits industriels de 53,3 % en 2022.

En matière d'offre de marché des marchandises, la CEA a mené une analyse comparative, en 2018, suivant deux approches possibles. Le premier scénario, l'approche des lignes tarifaires, repose sur l'hypothèse que 90 % de toutes les lignes tarifaires doivent être pleinement libéralisées après l'entrée en vigueur de l'Accord, soit jusqu'en 2029 pour le Burkina Faso3. Les 10 % restants sont

1 http://rtais.wto.org, consulté le 13 septembre 2019

2 18ème session extraordinaire du sommet de l'Union Africaine qui s'est tenue à Kigali le 21 mars 2018

3 Période de libéralisation totale: 5 ans pour les non PMA, 10 ans pour les PMA et 13 ans pour le groupe des 7.

2

divisés, d'une part en produits sensibles4 (9 % de toutes les lignes tarifaires) devant être libéralisés au plus tard en 2042 pour le Burkina Faso et d'autre part en produits exclus de la libéralisation (soit 1 %).

Le deuxième scénario, l'approche double qualification, repose sur l'hypothèse que les produits non sensibles représentent au moins 90 % de toutes les lignes tarifaires et au moins 90 % de la valeur totale des importations, le reste se subdivisant en produits sensibles (7 %) et produits exclus (3 %).

Selon la CEA, l'approche de la double qualification devrait permettre une libéralisation conséquente des marchés et permettra à une grande partie des marchandises africaines de circuler sur le continent et pourrait rapporter des résultats plus importants et plus équilibrés pour les pays d'Afrique.

Quant à la libéralisation du commerce des services les secteurs suivants doivent être inscrits sur la liste d'engagement des pays: les services de communication, les services financiers, le tourisme, le transport et les services fournis aux entreprises.

Il est à noter, toutefois, que les effets d'un tel accord peuvent être diversement ressentis par les pays parties et pourraient être moins bénéfiques pour certains petits pays et surtout ceux sans littoral comme le Burkina Faso.

En effet, le Burkina Faso, Pays Moins Avancé (PMA) et sans littoral a signé l'accord sur la ZLECAf et compte sur son potentiel agricole et minier pour tirer profit de ce vaste marché africain. Toutefois, sa performance économique reste dépendante des aléas climatiques, des cours mondiaux de l'or, du coton et des hydrocarbures (principale source d'énergie). En outre, le pays connaît une aggravation de son déficit commercial (à 484 586 millions de FCFA5 en 2017), malgré la progression des exportations. La demande intérieure soutenue par les biens d'équipements, les produits pétroliers et les produits alimentaires a entraîné une augmentation des importations totales entre 2009 et 20136.

La politique commerciale du Burkina Faso consiste essentiellement en la mise en application des réglementations communautaires de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dont tous les pays sont également membres de la Communauté économique des états de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO). Le Burkina Faso applique, en effet, depuis le 1er janvier 2015, le Tarif

4 Période de libéralisation des produits sensibles: 10 ans pour les non PMA, 13 ans pour les PMA et le groupe des 7

5 Rapport sur la balance commerciale et commerce extérieur Burkina Faso, Direction Générale du Commerce Burkina Faso, 2017

6 Rapport sur la situation économique et financière du Burkina Faso, Centre National de Politique Economique, Burkina Faso, 2017

3

extérieur commun (TEC) de la CEDEAO. Par ailleurs, en tant que PMA, le Burkina Faso bénéficie d'un accès aux marchés des pays développés grâce à des préférences non réciproques accordées notamment dans le cadre de l'initiative "Tout sauf les armes" de l'UE, de la loi des Etats-Unis sur la Croissance et les Opportunités en Afrique (African Growth and Opportunity Act (AGOA)) et du Système généralisé de préférences en général. En outre, ses produits devraient avoir un libre accès aux marchés des pays de la CEDEAO (article 3 du traité révisé de la CEDEAO).

En termes de performance commerciale, les exportations globales du Burkina Faso s'accroissent plus vite que les importations traduisant ainsi une amélioration de ses parts de marché au niveau international. Il en résulte une croissance du taux de couverture des importations par les exportations (graphique 1). En effet, le pays est de plus en plus présent sur le marché international par l'augmentation de ses exportations même si celles-ci sont peu diversifiées. On relève qu'en 2015, seulement 5 % des exportations burkinabè sont transformées contre 33,3 % de produits n'ayant subi aucune transformation et 61,7 % d'or non monétaire (OMC, EPC, 2017). Les 5 produits les mieux exportés, par ordre d'importance, par le Burkina Faso vers le monde sont l'or non monétaire, le coton non peigné, les graines de sésame, la noix de cajou et le zinc (tableau 1). En 2016, les pays qui ont le plus échangé avec le Burkina Faso ont été la Suisse, la Chine et la Côte d'Ivoire.

Dans la zone CEDEAO, les échanges du Burkina Faso vers les pays membres s'accroissent après les années 1990, début de la mise en place du Schéma de Libéralisation des Echanges Commerciaux (SLEC) et pourraient être mis à l'actif de la libéralisation du commerce entre les Etats membres de la région ouest africaine.

En vue de mieux participer aux échanges commerciaux avec le reste du monde en général et avec l'Afrique en particulier, le Burkina Faso entreprend des réformes considérables dans les secteurs de l'industrie, du commerce et de l'artisanat. C'est à ce titre que la Stratégie nationale d'exportation (SNE) a été relue pour prendre en compte les nouvelles exigences du marché international et améliorer la production, la transformation et la commercialisation des produits des filières dites porteuses.

4

Graphique 1 : Évolution du taux de couverture des importations de biens par les exportations burkinabè en pourcentage

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

40% 39%

25% 24% 29%

29% 29% 25%

43%

96%

63%

63% 57%

74% 73% 75%

Source : Données tirées de WITS (SH 2002), consulté le 05 novembre 2018

Tableau 1: Exportations des cinq premiers produits du Burkina Faso en 2016, en millions de FCFA

Produits

valeurs

Part dans les exportations

Or non monétaire

920 380,7

61,8%

Coton, non cardé ni peigné

236 456,7

15,9%

Graines de sésame

67 415,3

4,5%

Noix de cajou

66 944,1

4,5%

Zinc sous forme brute

53 047,2

3,6%

Total

1 403 457,5

90,3%

Source : Données extraites de la balance commerciale du Burkina Faso, édition 2017 1.2 Problématique

Avec la mise en place de la ZLECAf, le Burkina Faso devient membre de 3 ACR en Afrique (CEDEAO, UEMOA, ZLECAf). La ZLECAf fait son apparition alors que la fusion réelle des institutions de politiques économiques de la CEDEAO et de l'UEMOA pour la mise en place d'un véritable marché commun tarde à venir.

Toutefois, depuis la récente création de la ZLECAf, très peu d'études se sont penchées sur ses effets sur le commerce des pays membres. Ce mémoire vise donc à apporter des éléments de réponses à la question principale suivante : quelles conséquences la ZLECAf peut-elle avoir sur les exportations du Burkina Faso? Ultimement, il importe de savoir si la ZLECAf va améliorer le commerce intra-africain du Burkina Faso par la création de commerce plutôt que par le détournement de commerce.

5

1.3 Objectifs

L'objectif principal de notre étude est d'analyser les gains et les pertes commerciales du Burkina Faso du fait de sa participation à la ZLECAf et de faire des suggestions. Dans cette perspective, deux (02) objectifs spécifiques sont définis, à savoir :

? analyser les gains commerciaux que pourraient engendrer la mise en oeuvre de la ZLECAf pour le Burkina Faso;

? analyser les coûts commerciaux qui seront supportés par le Burkina Faso dans la mise en oeuvre de ZLECAf.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault