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Pragmatique, narrativité, illocutoire et délocutivité généralisées.

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par Jean Robert RAKOTOMALALA
Université de Toliara - Doctorat 2004
  

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2. Il est aussi fort que son père

Par contre, dès que les termes mis en rapport par l'outil linguistique entretiennent une rupture isotopique manifeste, il faut conclure que « comme » exprime la similitude. C'est le cas de l'affirmation célèbre d'Éluard :

3. La terre est bleue comme une orange

Il ne s'agit plus là d'affirmer de faire avancer la connaissance de la terre à partir de quelque chose qui est connu, mais de donner à la métaphore son sens étymologique d'image, c'est-à-dire de transport d'un lieu à l'autre. Ce changement de topique dans la linguistique moderne est évalué en termes d'isotopie. Ce qui permet de dire que métaphoriser est une manière de voir.

Dans l'exemple (3), ce n'est pas la connaissance de la terre qui est la motivation de l'énonciation, mais une certaine image de la terre, une certaine vision de la terre qui ne relève plus de l'objectivité partagée, mais disons d'une objectivité subjective au même titre qu'un enfant pleure quand on lui dit que le Petit Chaperon Rouge est mort. Donnons encore des exemples qui, malgré leur proximité, marquent néanmoins la distance qui sépare la comparaison de la similitude.

4. Pierre est aussi fort que Paul

Dans cet exemple, on remarque que le comparé et le comparant entre dans le même ordre de quantité de force, il s'agit donc d'une comparaison puisqu'ils appartiennent exactement à la même isotopie. Ce qui ne sera pas le cas dans l'exemple (5) qui suit :

5. Pierre est fort comme un lion12

Puisqu'il n'y a pas de commune mesure quantitative entre la force de Pierre en tant qu'être humain et la force d'un lion. On peut alors conclure que ce comparant qui est en rupture isotopique ne fait pas intervenir une comparaison mais une similitude, donc une métaphore, c'est-à-dire une transposition d'un topique à l'autre.

Le problème qui empêche de voir une métaphore dans (5) est la présence de l'adverbe de la similitude « comme » que les analystes attachent à la comparaison. Ce qui en fait justifie la définition de la métaphore comme elliptique de l'outil de comparaison. En effet, quand on dit que : « On tend à voir dans la figure « comparaison » une opération discursive pleine de bon sens et sans envol ni mystère, tandis qu'on réserve à la métaphore le privilège de l'intuition poétique, à qui les affinités des choses sont révélées dans les éclairs de la génialité.

12 Je dois le contraste de ces exemples à LE GUERN (LE GUERN, 1972)

Il est aisé de voir que cette distinction risque d'être purement formelle. Il suffirait donc de biffer un petit adverbe, dans une « comparaison » pour la transformer en « métaphore » ? Et l'on abâtardirait une métaphore en y glissant le même adverbe ? C'est pourtant ce qui se passe, bien souvent. » (MORIER, 1981, p. 671)

On constate qu'il y a une nette volonté de séparer la métaphore de tout adverbe avilissant ou d'emploi déshonorant. La raison en est qu'il y a une confusion entre comparaison qui intervient entre des éléments du même topique et la métaphore qui se sert de l'outil de la similitude qui réalise le transport entre éléments situés sur des isotopies différentes. La fonction métaphorique est de réduire la différence isotopique.

Même LE GUERN, le premier qui a introduit cette différence entre la comparatio et la similitudo, n'ose pas franchir ce pas de crainte d'avilir la métaphore qui est victime d'une hagiographie. Il se contente de dire que la similitude et la métaphore appartiennent au même registre mais elles sont différentes :

« La distinction que le mécanisme de la similitude maintient entre les deux représentions garde à l'image plus d'épaisseur concrète, mais ne lui donne pas la même force de persuasion que l'identification établie par la métaphore. On peut rendre compte de la différence des effets produits en disant que la similitude s'adresse à l'imagination par l'intermédiaire de l'intellect, tandis que la métaphore vise la sensibilité par l'intermédiaire de l'imagination. » (LE GUERN, 1972, p. 57)

Faute de pouvoir gloser sur la différence entre sensibilité et imagination, nous allons confronter cette dernière remarque aux exemples qui servent à illustrer le scepticisme d'un MORIER qui ne fait pourtant pas la différence entre similitudo et comparatio. En tout cas, de pareille remarque relève de ce que nous appelons ici une hagiographie de la métaphore, comme si la métaphore ne pouvait qu'être une invention de poète de bonne naissance et ne peut pas du tout être attribuée à la plèbe.

Voici ces exemples : Comparaison en forme

Les eaux fuyaient comme de mouvants miroirs

Les flots glissaient le long du bord comme de vertes couleuvres

L'amour est pareil à un oiseau qui chante

L'aurore, telle une déesse aux doigts couleur de rose ...

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Raccourci métaphorique

Les eaux fuyaient, mouvants miroirs (Hugo)

Les flots le long du bord glissent, vertes couleuvres (Hugo)

L'amour est un oiseau qui chante

L'Aurore aux doigts de rose (Homère) (MORIER, 1981, p. 671)

106

Nous remarquons que tous les exemples de gauche sont anonymes, peut-être de formation plébéienne, tandis que leur conversion dans la colonne de droite fait surgir des auteurs célèbres à un exemple près. Il semble alors que la consécration de la forme sans outil explicite de liaison vise à préserver la métaphore de l'atteinte de la plèbe. C'est une attitude que condamne NIETZSCHE, nous verrons comment se passe cette condamnation dans la deuxième partie de ce travail.

Parallèlement à la différence entre performatif explicite et performatif implicite, nous sommes enclin à croire qu'il faut appeler les exemples de la colonne de gauche « métaphore explicite » et ceux de la droite « métaphore implicite ». Puisque de la même manière, que ce soit dans (6) ou dans (7), l'énonciation accomplit une affirmation, avec cette différence près que (6) comporte le préfixe performatif, alors que (7) l'économise.

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