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Quête bigmaniaque et légitimation politique locale des élites urbaines au Cameroun. Cas de l'arrondissement de Zoétélé.


par Julio Herman Assomo
Université de Yaoundé 2 - Master en Sciences politiques 2013
  

Disponible en mode multipage

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AVERTISSEMENT

L'Université de Yaoundé II n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions contenues dans ce mémoire, qui doivent être considérées comme propres à leur auteur.

DEDICACE

A mes défunts parents

A mon fils...

REMERCIEMENTS

Nous tenons sincèrement à remercier tous ceux et celles qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce modeste travail de recherche. Notre gratitude s'adresse particulièrement :

Au Pr Ibrahim MOUICHE, pour la direction de ce travail, sa patience, sa disponibilité et surtout ses conseils et remarques ô combien édifiants ;

A l'université de Yaoundé 2, notamment aux enseignants dont les cours et les conseils nous ont permis de grandir dans le monde de la science, tout en développant nos qualités humaines ;

SOMMAIRE

AVERTISSEMENT.............................................................................................................i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

SOMMAIRE iv

RESUME v

ABSTRACT vi

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : TRAJECTOIRES DE DEPLOIEMENT DU BIGMANISME ET MOBILISATION DU CAPITAL SOCIAL DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE 29

CHAPITRE 1 : QUETE BIGMANIAQUE ET RECHERCHE DU CAPITAL SOCIAL PAR LES ELITES URBAINES DE ZOETELE 31

SECTION I : Recherche du capital social par les élites bureaucratiques 33

SECTION II : Recherche du capital social par les entrepreneurs économiques 38

CHAPITRE 2 : RECHERCHE DE LEGITIMITE ET LUTTES FACTIONNELLES 42

SECTION 1 : Recherche de légitimité politique 44

SECTION 2 : Concurrence politique et luttes factionnelles 50

DEUXIEME PARTIE : IMPACT SOCIOPOLITIQUE ET ECONOMIQUE DE LA RECHERCHE BIGMANIAQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE 58

CHAPITRE 3 : DE LA PORTEE POLITIQUE DE LA QUETE BIGMANIAQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE 60

SECTION 1 : Un effet de consolidation de la domination partisane 62

SECTION 2 : Portée politique de la quête bigmaniaque sur les élites 64

SECTION 3: Impact politique de la quête bigmaniaque sur les différentes factions..........................67

CHAPITRE 4 : IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE LA QUETE BIGMANIAQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE 72

SECTION 1 : Impact de la quête bigmaniaque sur le développement de l'arrondissement de ZOETELE 74

SECTION 2 :Quête bigmaniaque: Le paradoxe d'un facteur de développement source de son propre blocage. 73

CONCLUSION GENERALE 82

BIBLIOGRAPHIE 85

LISTE DES ANNEXES 93

TABLE DES MATIERES 100

RESUME

Le vent de la libéralisation qui a soufflé en Afrique au début de la décennie 1990 a eu pour effet, entre autres, de donner une nouvelle dynamique à la vie politique d'un certain nombre de pays parmi lesquels le Cameroun. En effet, le retour au multipartisme et, notamment le libre accès à la concurrence politique dans ce pays a ouvert la voie à de nouveaux acteurs politiques. Ces acteurs, constitués en majorité des élites urbaines et des big men, ont investi le champ politique local avec l'ambition de s'y imposer. Cette ambition constitue pour ces entrepreneurs politiques le socle d'une multitude de démarches vouées à la quête de légitimité politique. Parmi lesdites démarches se situe en bonne place le bigmanisme qui est un phénomène lié essentiellement à la redistribution, avec pour objectif d'accroître la popularité de ceux des entrepreneurs politiques qui s'y adonnent. Vu le caractère particulièrement concurrentiel de l'espace politique, ce bigmanisme revêt davantage une apparence compétitive et s'avère être ce qu'il est convenu d'appeler la quête bigmaniaque, c'est-à-dire, une dérivation hégémonique de la redistribution comme mode de légitimation  mettant les entrepreneurs politiques en concurrence.

Etude ayant comme site d'observation l'arrondissement de Zoétélé, il s'avère à l'analyse que le phénomène de bigmanisme sous son prisme concurrentiel, c'est-à-dire, la quête bigmaniaque est propre aux moeurs politiques de cette localité. Les entrepreneurs politiques y recourent incessamment soit pour rechercher la légitimité politique, soit pour consolider leur position déja acquise. Cette quête bigmaniaque a certes pour résultat de conduire ceux qui en ont recours à leurs objectifs à savoir la légitimité politique. Cependant cette stratégie n'est pas toujours porteuse des résultats escomptés.

Cela étant, la recherche de légitimité politique, à travers les multiples réalisations des élites urbaines a pour effet d'influencer plus ou moins le développement de la localité de Zoétélé.

MOTSCLES : Bigmanisme, Capital social, Légitimation politique, Elites urbaines, Big men,

ABSTRACT

The wind of the liberalization that flew in Africa at the beginning of the 90's brought a new dynamic in the political arenas of some countries among which Cameroon. In fact, the return to the multipartism and, especially the access to the political competition in that country opened a way for some new political actors. These political actors, among whom the urban elites, and the big men, inter alia, have reached the political arena whit the aim to reach thear objectives. The ambition to win constituted for those political entrepreneurs, a plinth for a multitude of strategies, set for the quest of political legitimacy; among those strategies, there is bigmanism, which is a phenomenon tied essentially on redistribution; with the aim to grow the giver's popularity. Seen how competitive is the political arena, that bigmanism appears as what is agreed to be called the bigmaniac quest, that is to say, an hegemonic derivation of the redistribution as a mode of legitimation putting the political entrepreneurs into a competition.

This study was based on the subdivision of Zoétélé's political arena. The analyses shown that the bigmanism phenomenon, under its competitive prism is out there. The political entrepreneurs, whose are overall the urban elites, resort it incessantly. That bigmaniac quest leads certainly to the expected result, bringing some of those who use it to their expected objectives, the political legitimacy. However, the said bigmaniac quest doesn't always lead to that political legitimacy.

The quest of the political legitimacy, through the multiple realizations of the urban elites certainly influences the Zoétélé subdivision's development.

KEY WORDS:Bigmanism, Capital social, Political legitimation, Urban elites, Big men.

INTRODUCTION GENERALE

L'entrepreneuriat politique répond à un certain nombre de réalités dont les plus marquantes sont d'ordre socioculturel et confortées par des « logiques [dites] du terroir »1(*) en rapport avec la dynamique de la vie politique dans le contexte africain. Les acteurs politiques sont ainsi amenés à construire leurs carrières sur des bases objectives certes, mais aussi et surtout en s'appuyant sur leurs localités d'origine. Ainsi, entreprendre une carrière politique au Cameroun nécessite dans la plupart des cas, d'avoir au préalable une base locale sur laquelle s'appuyer ; «il faut être connu» pour emprunter l'expression à Dogan Mattei.2(*)Il s'agit, en plus de l'appartenance à un parti politique ou de sa création par l'entrepreneur politique concerné, d'avoir une certaine légitimité au sein de sa communauté socioculturelle ; ladite légitimité permettant à ce dernier d'assoir son influence en tant qu'élite politique.3(*)De plus, ce souci de visibilité locale peut être porté par deux principales motivations d'après Séverin Cécile ABEGA4(*) ; notamment le lien affectif et la nécessité de garder sa place dans sa communauté de départ, place que l'élite en question est appelée à entretenir d'une manière ou d'une autre, sinon elle se perd, ou devient floue.

La politique dans ce contexte est fortement liée à la base qui cependant, sait mobiliser sa position pour profiter des élites en quête de légitimité.5(*)Il s'agit des diverses formes de pressions exercées par cette base là pour jouir des produits matériels et symboliquesprocurés par l'aspirant; entre autres, des multiples biens et services relevant du capital social développé par ce dernier. Il en ressort que par le truchement de cette forme de redistribution, les élites peuvent accéder à la consécration politique escomptée. C'est dire que le développement d'un capital social est un préalable précieux quant à la quête de légitimité au sein de la localité qui, faut-il le souligner, constitue un théâtre de la vie politique ayant des répercussions à l'échelle nationale dans la mesure où celui-ci est un lieu de confrontation entre les élites politiques.6(*) Autrement dit, l'obtention de la légitimité politique passe par la transformation par les élites, de leur capital social en capital politique.7(*)Cependant, ces élites se heurtent dans la majeure partie des cas, à l'adversité de leurs semblables ayant les mêmes aspirations. Ce qui explique le caractère compétitif et relativement hostile que revêt ledit processus de légitimation politique. Cette légitimité représente enfin le billet d'accès à des postes électifs, entre autres. C'est en cela que tient le phénomène de quête bigmaniaque8(*) quant à la recherche de légitimité politique par les élites urbaines.

Le but de la présente étude, dont le titre est : « Quête bigmaniaque et légitimation politique locale des élites urbaines au Cameroun : le cas de l'arrondissement de Zoétélé », est d'étudier à partir de l'observation d'une localité, l'influence de l'activité bigmaniaque et son impact non seulement sur le processus de légitimation des élites urbaines mais aussi sur la localité elle-même. Il s'agira d'analyser entre autres les trajectoires de transformation du capital social et symbolique des élites urbaines en capital politique àtravers les logiques dites bigmaniaques, et ensuite d'en éprouver la portée quant à ladite légitimation politique et son influence sur le développement de la localité.

Comme tout travail scientifique s'appuie sur un objet bien défini et analysé à travers une méthodologie bien rigoureuse, nous voudrions au préalable, afin de ne pas déroger à la règle, clarifier au préalable les concepts (I) ; faire ensuite une revue de la littérature (II) dont le parcours des travaux antérieurs sur la question permettra une meilleure situation de notre objet d'étude et le lieu d'en éprouver la spécificité. Puis s'en suivra la problématique (III) et le bloc des hypothèses (IV) qui seront au coeur de notre développement, la détermination du champ d'analyse (V) et enfin les considérations méthodologiques (VI).

I - LA CLARIFICATION CONCEPTUELLE

Emile Durkheim affirme que : « la première démarche du sociologue doit être de définir les choses dont il traite afin que l'on sache bien de quoi il est question ».9(*)Madeleine Grawitz s'inscrit dans la même logique en précisant que le concept « c'est une représentation mentale universelle et abstraite, obtenue en retenant les aspects essentiels de l'objet. La définition est la délimitation par ses caractéristiques du domaine de la recherche ».10(*)

Dans notre étude, les concepts : élite, quête bigmaniaque et légitimation politique feront ici l'objet d'une clarification.

A. Elite/ élites

N'ayant aucune prétention d'émettre une définition universelle et unanime de la notion d'élite/ élites, nous parcourons, dans le cadre de la présente étude les approches les plus pertinentes en la matière, vue la polysémie dont peuvent faire l'objet certaines notions comme celle-ci en science sociales.

La notion d'élite fut systématisée en 1916 par Pareto Vilfredo11(*)dont les travaux font partie de la théorie classique (avec Mosca, Michels, Mills, entre autres). Cet auteur analysera ce concept sous un double prisme mettant en valeur son aspect général, tout en soulignant un autre, plus restreint.

Du point de vue global, « les élites » renvoient à l'ensemble de ceux qui, dans les diverses activités, se sont élevés en haut de la hiérarchie et occupent des positions privilégiées que consacre l'importance soit des revenus, soit du prestige.12(*)Il s'agit de ceux qui excellent dans leurs divers secteurs d'activités et domaines socioprofessionnels. Pareto définit « les élites » comme des « catégories sociales composées d'individus ayant la note la plus élevée dans leur branche d'activité ».13(*) De ce point de vue, cet auteur parle des « individus qui occupent les couches supérieures, dans la figure qui représente la distribution du génie mathématique ou poétique » voire de leur domaine d'activité, et, qu'il conseille de distinguer avec « ceux qui occupent les couches supérieures, dans la figure qui donne la distribution de la richesse. ».14(*)De plus, Pareto appuie sa démarche sur des indices de comparaison des niveaux de performance entre des individus placés dans de différents champs d'activité quelconques au sein de la société. Il parle ainsi de « l'élite sportive », de « l'élite militaire », de  « l'élite ouvrière » ou encore de « l'élite intellectuelle», entre autres. De ce fait, cette globalité indique la pluralité catégorielle des élites plus que l'hétérogénéité potentielle d'un groupe social.

Du point de vue restreint, « l'élite » apparait comme un groupe dont la définition même est fondée sur l'exercice du pouvoir : « l'élite gouvernementale » ou classes dirigeantes, qui détient effectivement le pouvoir, et « « l'élite non gouvernementale » ou classes dominantes, qui sans exercer le pouvoir soutient la précédente et sert éventuellement d'intermédiaire entrel'élite dirigeante et la masse »15(*)De ce point de vue, l'élite renvoie à une minorité de personnes qui dirigent ou influencent d'une manière ou d'une autre la vie sociopolitique. Mills la désigne comme étant l'« élite du pouvoir »,16(*) R. Aron de « classe politique »16(*) et Bottomore d'élite dirigeante.16(*)

Gaetano Mosca parle lui de « classe politique dirigeante »16(*)pour désigner la minorité dominante, c'est-à-dire, celle qui détient le pouvoir dans une société. D'après ce dernier, « dans toutes les sociétés, depuis les moins développées et civilisées jusqu'aux plus avancées et puissantes, apparaissent deux classes de gens- une classe qui gouverne et une classe qui est gouvernée. La première, toujours la moins nombreuse, assume toutes fonctions politiques, monopolise le pouvoir et jouit des avantages qu'il entraine ».16(*) Cette minorité organisée et consciente constitue une classe sociale. De ce fait, elle est dotée d'une communauté de pensée, d'intérêts, de culture, de parenté et de puissance économique. Cette élite impose à la majorité ses valeurs et ses principes de légitimité. Enfin, elle est constituée d'un noyau central dirigeant, c'est-à-dire, «les chefs supérieurs », plus puissants que les autres, notamment les «chefs secondaires». Le premier groupe assure la cohésion et la force en même temps que le commandement de l'ensemble.

L'élite pour Charles Wright Mills se compose de ces hommes d'envergure «qui ont le plus de tout ce qu'il faut avoir, c'est-à-dire généralement l'argent, le pouvoir, le prestige et tous les styles de vie que ces choses permettent».17(*)

Robert Dahl lui, pense que dans les démocraties pluralistes, le pouvoir des élites s'apparente à une polyarchie en raison, notamment, de la multiplicité des ressources et de la diversité des organisations. De ce fait, le pouvoir politique n'est pas détenu par un seul groupe social homogène, mais par une multiplicité d'élites économiques, administratives ou culturelles quisont contraintes de s'allier selon les circonstances et de former des compromis pour pouvoir diriger.17(*)

Dans la même lancée, Guy Rocher souligne que l'élite renvoie aux personnes ou groupe de personnes qui par suite du pouvoir qu'ils détiennent ou l'influence qu'ils exercent contribuent à l'action historique d'une collectivité, soit par les décisions qu'ils prennent, soit par les idées, les sentiments ou les émotions qu'ils symbolisent.18(*)

Dans le même ordre d'idées, mais d'un point de vu plus restreint, KengneFodouop souligne que l'élite représente des personnes ayant réussi une carrière dans un domaine quelconque (secteur économique, politique, administratif) et qui contribuent de diverses manières au développement de leurs localités, ceci pour des motivations personnelles, civiques ou encore économiques.18(*)

Cette dernière approche est celle sur laquelle le présent travail s'appuiera de façon globale. Le but étant de démonter dans quelle mesure les élites urbaines se livrent (de façon directe ou indirecte) une concurrence en confrontant entre autres leurs influences ; influences liées à leurs capital social, notamment leurs capacités de redistribution à travers diverses actions dans le but de s'imposer dans le champ politique concerné ; l'arrondissement de Zoétélé en l'occurrence.

Notons enfin que dans le cadre de notre étude, le concept d'élites urbaines s'apparente à la conception d'Ibrahim Mouiche19(*) qui relève que les élites urbaines sont des composantes politiques, économiques et intellectuelles qui, en fonction des ressources et investissements qu'elles multiplient en direction de leur région d'origine, y exercent une influence politique et y établissent des liens de «dépendances» auprès de la population19(*).

B- Bigmanisme/ Quête bigmaniaque

Définir la notion de quête bigmaniaque19(*) nécessite au préalable une compréhension de celle de big man dont elle dérive. Notion conceptualisée en anthropologie par Marshal Sahlins20(*) lors d'une étude comparative entre des « grands hommes » de MELANESIE et de POLYNESIE, le big man est « une personne que les gens suivent dans la mesure où elle peut leur procurer des bénéfices ».20(*) Il s'agît d'un meneur, qui, par ses efforts a pu se distinguer de la masse et qui s'impose à un groupe par son charisme, sa propre force ou habileté et non par héritage de sa fonction d'un ascendant et jouit de ce fait d'une certaine influence. Yves Faure et Jean François Medard20(*) adaptent brillamment ce modèle au contexte africain pour mettre en exergue l'évolution de ses élites en milieux politiques et économiques. En effet, la quête bigmaniaque est ce processus perpétuel de quête de visibilité et de légitimité en politique qui amène les grands hommes en général, et les big men en particulier, à chercher à s'ériger et à demeurer des figures dominantes et indiscutées écrasant tout challenger en vertu des capacités supérieures de redistribution.21(*)

Dans le cadre de cette étude, il sera question de  s'attarder sur cette capacité de redistribution des grands hommes, c'est-à-dire, leurs différentes activités et actions socioéconomiques et symboliques au sein de leur localité contribuant de cette quête bigmaniaque. Aussi, il est important de relever que tout grand homme n'est pas nécessairement un big man du point de vue de Marshal Sahlins. En fait, le big man se distingue du grand homme par la pratique de l'évergétisme, c'est-à-dire, la forte capacité de redistribution pouvant lui permettre de se distinguer. Face à ce constat, notons pour plus de précision que toutes les élites politiques ne sont pas nécessairement des big men et n'ont pas, à ce propos, toujours eues recours à des logiques bigmaniaques pour se légitimer politiquement. Dans le cadre de la présente étude, l'aspect concurrentiel lié à cette quête bigmaniaque retiendra particulièrement notre attention. Quant au bigmanisme, il renvoie aux différentes actions menées par le big man ; notamment l'ensemble des activités économiques, politiques sociales, entre autres, permettant à ce dernier d'influencer son environnement, généralement en sa faveur, surtout du point de vu politique.

C- Légitimation politique

En ce qui concerne la légitimationpolitique, elle est le processus d'accession à la légitimité politique. Le processus ici renvoyantdans un sens très large, à «une évolution complexe, impliquant une coordination de causes et d'effets».22(*) La légitimité quant à elle, est du point de vue de D. Gaxie «l'état de ce qui est justifié d'exister»23(*) et qui est admis comme tel. A partir de cette acception générale, François Rangeons23(*) distingue deux types de légitimité : d'abord une légitimité liée à une activité qui serait considérée soit comme «naturelle», soit comme « normale » c'est-à-dire conforme aux normes sociales en vigueur, qu'elles soient ou non codifiées par le droit.Ensuite, une légitimité liée à un pouvoir qui serait a priori accepté, reconnu comme valide par la plupart de ceux sur lesquels il s'exerce, quels que soient par ailleurs les motifs de cette reconnaissance.

Par ailleurs, Max Weber distingue «trois fondements de la légitimité»23(*) (1959 : 102). Notamment la légitimité traditionnelle, la légitimité charismatique et celle légale ou rationnelle. Cet auteur souligne cependant que «dans la réalité, on ne rencontre que très rarement ces trois types purs» de légitimités, mais plutôt «des variétés, des transitions et des combinaisons embrouillées»23(*)de celles-ci. C'est dans cette optique que Karine Gatelier24(*) considère que la légitimité est diverse et de diverses natures dont la légitimité électorale, la légitimité traditionnelle, la légitimité idéologique et celle circonstancielle, entre autres. Cependant, précise cet auteur, dans un système démocratique, la légitimité vient essentiellement des élections, c'est-à-dire du type légal wébérien, bien que ce modèle de démocratie représentative par le suffrage universel doive cohabiter avec des pratiques de légitimation dites traditionnelles ou locales. Cette approche est celle qui se rapproche le mieux de la conception de la légitimation politique telle que retenue pour la présente étude, à la seule différence que dans notre contexte, la plupart des élites sont bureaucratiques et jouissent davantage d'une notoriété liée à leurs différentes réalisations dans la localité. Notons pour mieux nous entendre que dans les périphéries ou les localités, la légitimité est généralement due dans un premier temps, à l'autorité ou à l'influence charismatique propre à la conception wébérienne, ensuite à l'élection ou à l'obtention de suffrages au profit des partis politiques et candidats soutenus par ces élites. C'est dire que dans ce contexte la légitimation politique passe dans la plupart des cas par un double processus : le développement d'un charisme à traversdans un premier temps la recherche par l'acteur d'un capital social. Une fois acquis, ce dernier est converti en capital politique. A cet effet, Karine Gateliersouligne que « les processus de légitimité ne sont pas d'une seule nature mais la légitimation a souvent plusieurs sources qu'elle concilie et plusieurs modes ».25(*)

La clarification conceptuelle étant effectuée, il importe à présent de parcourir de précédents travaux scientifiques en rapport avec notre thème d'étude. D'abord pour en évoquer les différentes approches et apports, et ensuite pour en dégager la spécificité quant à notre étude.

II- REVUE DE LA LITTERATURE

Une recherche bien menée nécessite un parcours préalable des travaux et publications liés à l'objet étudié. A ce propos,« la revue de la littérature est, comme » le dirait Dumez, « le travail d'un nain qui doit réaliser que des géants ont accumulé une montagne de savoir qu'il va falloir escalader ».26(*) C'est dans cette perspective qu'un travail théorique d'interrogation des processus de légitimation politique locale des élites urbaines à travers la transformation de leur capital social et symbolique en capital politique s'appuyant sur le phénomène de quête bigmaniaque sera ici effectué. Ce travail consistera pour l'essentiel, à observer les différents apports d'auteurs sur le binôme quête bigmaniaque (notamment la mise en exergue du capital social, symbolique et économique), et légitimation politique. A cet effet, on peut constater globalement une double tendance. La première porte sur les approches mobilisationnistes et interactionnistes, la manière avec laquelle les élites gagnent en légitimité politique grâce à des logiques dites bigmaniaques. La seconde thèse consolide la première mais insiste davantage sur les limites, mieux, les dérives de ces logiques.

Selon la première thèse, l'activité bigmaniaque représente un atout dans la quête de légitimité politique comme le démontre Ibrahim mouiche dans son ouvrage « Démocratisation et intégration sociopolitique des minorités ethniques au Cameroun ». 27(*)Soulignant que la politique au Cameroun est aussi basée sur le bigmanisme, cet auteur montre comment cette activité constitue un élément de positionnement et de valorisation de leur image par les élites ou les politiciens en quête de légitimité. En effet, l'élite met en exergue son capital social, symbolique et économique à travers une diversité d'actions et de réalisations au profit d'une communauté (sa localité d'origine dans la majeure partie des cas). Toutes choses qui participent de l'amélioration de l'image de ce dernier tout en augmentant son influence. Notamment son capital social qu'il pourrait éventuellement convertir en capital politique, c'est-à-dire en légitimité auprès de l'électorat.

A ce propos, les élites mobilisent des ressources de nature diverse pour atteindre leurs objectifs. C'est dans cette mesure qu'Ibrahim Mouiche souligne que « [les] ressources sont aussi des « biens », des « choses » rares, assimilables à des valeurs échangeables ou plus précisément à de l'argent ou de la monnaie [...] La société est conçue comme un marché économique où des biens sont changés et investis pour produire du pouvoir ».28(*)De ce point de vue, les ressources sont des biens propres aux élites, des richesses matérielles, entre autres, mobilisées et redistribuées sous diverses formes, et constituant les enjeux de domination ou d'actions.

Les élites mettent ainsi en valeur leur capital social à travers diverses ressources pour se positionner dans l'espace sociopolitique.

Dans la même perspective, et pour une autre contribution, nous avons cet apport du même auteur qui s'attarde davantage sur l'impact du bigmanisme dans le processus de légitimation politique, surtout locale. En effet, dans son article intitulé «Processus de démocratisation et rotation locale des élites au Cameroun ».29(*)Ibrahim MOUICHE analyse la dynamique de renouvellement des élites dans la sphère politique locale au Cameroun dans le nouveau contexte de multipartisme démocratique de la décennie 1990. Cet auteur démontre à travers quelques études de cas, l'impact de la redistribution comme élément important de développement du capital social et politique. Dans un contexte sociopolitique qui quelques années plus tôt ne connaissait pas de compétitions politiques ouvertes, et dans lequel seule une certaine catégorie de personnes (plus ou moins privilégiées par le système politique alors en vigueur) prenait part aux activités politiques. Parmi lesdites personnes privilégiées, il y avait les chefs traditionnels, notamment dans les différents cas étudiés, sa Majesté NgniéKamga Joseph dans la localité de Bandjoun et sa Majesté Ibrahim MbomboNjoya dans la localité de Foumban. Le nouveau contexte de libéralisation mentionné plus haut, favorisera l'émergence de nouvelles élites dont (respectivement opposées aux chefs traditionnels dans les deux cas cité plus haut) l'industriel Fotso Victor et le haut fonctionnaire reconverti en politique AdamouNdamNjoya. La notoriété de l'un consacrée par la puissance économique, et celle l'autre par l'influence charismatique, entre autres. C'est dans cette perspective que le présent auteur montre, en s'appuyant sur ces deux cas étudiés dans la région de l'ouest, comment cet avènement de nouveaux acteurs sur la scène politique par le truchement du libéralisme a généré un renouvellement, soit, une rotation de l'élite, du point de vue politique. La fonction politique, dont celle municipale en l'occurrence est au centre de cette analyse.

Cette contribution permet de voir le poids de la notoriété et de la redistribution comme étant des éléments de légitimation politique importants, ayant permis de renverser (politiquement) même des chefs traditionnels, autrefois « intouchables ».

A côté de cette contribution, on a celle d'Alexis FERRAND qui parle du capital social comme étant en quintessence un échange. En effet, dans un article intitulé « capital social commeéchange social ».30(*) Cet auteur appuie son analyse sur la définition de la notion de capital d'après Pierre Bourdieu30(*) et J. Coleman30(*). Il démontre que seule la théorie de l'échange pourrait rendre compte de la circulation des ressources. Se référant aux études de Coleman, l'auteur se propose de définir le crédit réputationnel comme l'équivalent universel permettant (dans la majeure partie des cas) à des « élites » de consolider leur position sur l'échiquier social. A cet effet, il s'appuie sur P. Bourdieu pour montrer que « l'étendue du capital social que possède un agent particulier dépend de l'étendue du réseau des liaisons qu'il peut effectivement mobiliser et du volume du capital (économique, culturel ou symbolique) possédé en propre par chacun de ceux auxquels il est lié ».31(*) De plus, cet auteur affirme avec Radcliffe Brown qu'il s'agit là « [d'] un complexe de relations sociales ».32(*)Autrement dit, « l'individu et ses relations immédiates, qui l'insèrent dans le macro-réseau d'une collectivité. Il est constitué par l'ensemble -spécifique à chaque acteur- des ressources détenues par les connaissances qui composent son réseau personnel. Ce réseau ne serait pas un donné social, constitué une fois pour toutes [...] mais le produit du travail d'instauration et d'entretien qui est nécessaire pour produire des liaisons utiles et durables, propres à procurer des profits matériels ou symboliques ».32(*)

Pris dans notre contexte, cet apport permet de voir la nécessité d'entretenir des relations d'échanges favorables à l'entretien de leur capital social par les élites urbaines, notamment au niveau du terroir.

Un autre apport non négligeable est celui d'AlawadiZelao qui met en exergue la place du bigmanisme traditionnel consacré par le pouvoir centro-étatique dans le contexte monolithique autrefois en vigueur au Cameroun. En effet, dans son article «élites traditionnelles et domination dans le champ politique local : illustration à partir de l'arrondissement de Tokombéré dans l'extrême nord Cameroun».32(*) L'auteur s'attarde notamment sur la légitimation politique des chefs traditionnels, notamment les lamidos, par l'Etat et leur « position quasi hégémonique dans la société politique locale »33(*). En effet, l'auteur précise que à « Tokombéré, ce sont les chefs traditionnels qui constituent l'essentiel des conseillers municipaux de la commune de cet arrondissement. Le maire actuellement en poste, BoukarTikre, qui a été élu aux élections municipales du 30 septembre 2013 est lamidodu canton de Makalingai à l'instar de ses homologues des autres arrondissements du département du Mayo-Sava ; à savoir le maire de Kolofata, SeiniBoukar Lamine, lamido de la même ville et le maire de Mora, AbbaBoukar, Notable au sultanat de Mora. Au parlement siègent également les chefs traditionnels. Le cas le plus emblématique est celui de CavayeYéguié Djibril, député de Tokombéré et président de l'Assemblée nationale depuis 1992 »34(*). Cet auteur souligne ainsi l'omniprésence des autorités traditionnelles à des postes privilégiés. Il insiste sur le fait que, bien qu'étant politiquement légitimés « par le haut », cet état des faits se traduit par le poids socioculturel dont jouissent préalablement ces autorités traditionnelles. Cela justifierait l'émergence des chefs en tant que figures dominantes et influentes de l'espace politique de leurs localités. Zelao affirme à ce propos : «  la perspective bigmaniaque développée par la sociologie politique africaniste met en relief le rôle des acteurs de premier plan dans la modulation de la scène sociopolitique dans l'environnement socioculturel»35(*).

Cette contribution montre l'aspect de la légitimation politique des big men locaux et autres élites locales, non pas par la redistribution mais par une simple conversion consacrée de leur pouvoir traditionnel et charismatique en pouvoir politique ; une configuration lamidale de la société politique locale à Tokombéré.

Dans le cadre de notre étude, il sera question d'éprouver la probabilité de ces hypothèses dans l'arrondissement de Zoétélé. Analyser l'apport du bigmanisme, et, notamment, son aspect concurrentiel en ce qui concerne la course à la légitimité politique des élites urbaines de cette localité.

La deuxième thèse quant à elle, sans toutefois remettre en question la première, la consolide tout en insistant sur les dérives liées à des logiques bigmaniaques.

Dans un premier temps, nous avons les travaux de Jean François Médard et Yves Faure36(*) qui mettent en exergue l'impact des logiques bigmaniaques dans la consolidation des positions de domination des élites. Ces auteurs analysent avec pertinence la manière avec laquelle les élites en général, et les big men en particulier, dont les élites politico-administratives mobilisent des ressources de toutes natures pour entretenir leur légitimité, ou pour accéder à cette dernière. Situant leurs analyses dans le contexte africain, ces auteurs montrent l'entretien de factions par les élites urbaines, notamment au sein de leurs terroirs.

Cependant Médard et Faure mettent en lumière le caractère quelque peu douteux de l'origine des ressources mobilisées par les élites urbaines dans leurs recherches bigmaniaques. De ce point de vue, ils analysent la compétition bigmaniaque, non pas comme un moyen d'obtenir de la légitimité, mais plutôt sur les effets néfastes que cause l'obsession qui la caractérise ; notamment en ce qui concerne les méthodes d'accumulation des richesses et des ressources servant aux big men et autres élites à entretenir leurs courtiers et à assoir leur légitimité, de même que leur influence à l'échelle locale ou nationale ; ceci en fonction de leurs ambitions politiques. C'est ainsi qu'ils précisent que « tel Etat (ivoirien) peut-il apparaitre « comme un conglomérat de positions de pouvoir dont les occupants sont en mesure à la fois de s'assurer à eux-mêmes de substantiels revenus et de répandre autour d'eux places, prébendes, gratifications et services »37(*). De plus, ces auteurs insistent sur l'aspect néo-patrimonial, soulignant que « processus par lequel à la fois le politique est réduit à l'économique et, d'une certaine manière, l'économique au politique »38(*). Ils poursuivent en soulignant qu' « en régime patrimonial, pouvoir politique, richesse et prestige sont largement confondus. Ils finissent par se coaguler dans un processus complexe et cumulatif. Mais à l'origine, ce n'est pas tant la richesse qui est source de pouvoir que le pouvoir qui est la source de la richesse. Le pouvoir étant à l'origine des occasions d'enrichissement il prend par là même une nature économique »39(*)

S'inscrivant dans la même logique, Jean François Bayart40(*) raisonne lui, en termes de formation d'une classe dominante et de recherche hégémonique. D'après ses analyses, les interactions bigmaniaques entre les grands hommes et leurs factions ne relèveraient que de l'échange de services, échanges dont dépendrait la recherche bigmaniaque elle-même. De ce point de vue, la légitimation politique ne tiendrait qu'aux dons et services qu'offrent les dominants, c'est-à-dire, les big men ou les élites urbaines aux clients que sont les populations locales. De plus, ce dernier insiste sur les dérives patrimoniales auxquelles conduit la quête bigmaniaque quant à la recherche de légitimité par les élites urbaines. Notons à cet effet que le patrimonialisme, selon Max Weber41(*)est un type idéal de domination traditionnelle fondé sur l'absence de différenciation entre le public et le privé.

On a en outre les travaux de Laurent Pierre Joseph41(*)qui mettent en exergue la théorie de la « dépendance-obligation ». En effet, en étudiant le cas des interactions entre un big man local et sa communauté, cet auteur a démontré que les membres de ladite communauté se comportaient comme des courtiers. Toujours obsédés par l'idée de tirer avantage du big man en lui extirpant à la moindre occasion, quelques biens de toutes natures. De son côté, le big man en réagissant favorablement à ces sollicitations entretient la « soumission » et la collaboration de ces courtiers à son égard. Ce dernier tiendrait donc son statut (entre autres, légitimité politique, postes électifs) de sa capacité à organiser une rente, dont une partie alimente les réseaux (réseaux constitués de courtiers). Ces différents réseaux possédant en commun, et pour diverses raisons la capacité d'obliger le leader, c'est-à-dire le big man, tout en se soumettant à lui. Bien qu'ayant centré ses travaux sur l'aspect de la corruption comme impact de la quête bigmaniaque, il n'en demeure pas moins que cette dernière est clairement mise en exergue à travers le tandem obligation (corruption du big man en l'obligeant) et dépendance (corruption des membres du réseau en leur offrant).

Dans la même dynamique, nous avons une fois de plus Ibrahim MOUICHE41(*) dont les travaux s'attardent sur le caractère quelque peu biaisé de la démocratie post libéralisation au Cameroun. Observant les différentes échéances électorales depuis 1990, et, s'appuyant sur le concept de «bigmanisme politique», il met en exergue l'impact des référents identitaires sur la politique camerounaise. En effet, depuis l'avènement du multipartisme ici, le constat selon lequel la politique est basée plus sur les personnalités que sur les projets et autres idéologies proposés par les candidats est pertinent. S'attardant sur une expérience de terrain42(*) cet auteur montre qu' « il s'agit bien davantage d'une politique de rassemblement derrière quelqu'un en vue. Les partis politiques vont surtout placer en tête de liste des candidats à l'aura certaine qui se sont déjà illustrés par leurs actions au village. Ces élites rassembleront plus les électeurs sur leurs noms que sur leur programme [...] ».43(*) Les électeurs votent ainsi pour les élites qui redistribuent au village. Le concept de « bigmanisme politique » permet ici de voir les dérives néo-patrimoniales liées à la personnalisation du pouvoir, le clientélisme et la corruption. La politique d'après cette analyse est mue par les « pressions ethniques » ; la redistribution garantissant le soutien du terroir aux élites urbaines et aux big men.

Ces deux différentes postures théoriques seront mobilisées dans le cadre de notre étude. Il sera question d'observer, à la lumière de ces différentes contributions théoriques, l'impact, et éventuellement les dysfonctionnements liés au phénomène de quête bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé.

III-LA PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE

La problématique d'après Bernard Dionne est «la mise en perspective de l'ensemble des liens qui existent entre les faits, les acteurs et les composantes d'un problème donné».44(*) La construction de notre problématique suivra cette démarche

Depuis la libéralisation politique des années 1990 au Cameroun, on constate que la compétition politique est une réalité. Cette compétition, à bien des égards, est encore plus relevée au niveau des localités de par les paramètres socioculturels propres à ces arènes politiques périphériques et le nombre de places, mieux de positions de pouvoir limitées auxquelles ont accès les candidats ; candidats qui pour la plupart sont des fils du terroir ayant fait fortune ailleurs (dans la haute administration ou dans les affaires, entre autres). Ces derniers se livrent une concurrence quasi incessante à travers divers domaines, donnant ainsi jour au phénomène de quête bigmaniaque. C'est à cet effet qu'on observe des grands hommes ou fils du terroir transformer leur capital social, économique et symbolique en capital politique. A titre d'exemple, citons le cas de l'entrepreneur Victor Fotso. Ce dernier, grâce à son évergétisme, notamment les différentes réalisations sociales et économiques contribuant au développement du terroir qu'il a faites, s'est imposé comme figure dominante dans la localité de Bandjoun, accédant par là même à la légitimité politique se matérialisant par son élection au poste de Maire de la commune de Bandjoun.45(*)

Dans le cas de l'arrondissement de Zoétélé, on observe de part et d'autres un certain nombre d'investissements sociaux réalisés par des fils du terroir tels que la construction de centres de santé, des marchés et des salles de classe, entre autres. En contribuant ainsi au développement de la localité, ces fils du terroir gagnent en popularité ; popularité qu'ils mobilisent généralement dans le champ politique.

Du point de vue compétitif, on observe entre les prétendants à l'élite politique locale ici, une concurrence très relevée dans la mesure où cet arrondissement se situe dans une aire socioculturelle particulière. En effet, il s'agit de la région du Sud Cameroun, constituée dans sa quasi-totalité de sociétés de type lignagère, c'est-à-dire, sans chef et sans une forme d'autorité centrale structurée et organisée de façon complexe. Ainsi, l'accès à l'autorité et à son exercice dans ces sociétés à fonction politique diffuse à l'origine se mérite entre autres par la démonstration de capacités « supérieures » ou particulières, notamment, un talent suscitant le respect et l'admiration de l'ensemble de la communauté et profitant éventuellement à cette dernière. Autrefois ce talent pouvait être celui de chasseur, de guérisseur ou de guerrier. De nos jours il s'agit de ceux-là ayant mobilisé une forte capacité de redistribution en terme de biens matériels et symboliques, en plus de diverses réalisations, tel que mentionné plus haut. Dans le cadre de notre étude, nous nous attarderons sur des entrepreneurs économiques tels que MengueNkili ; Bikié Rose; d'élites politico-administratives à l'instar de Rémy ZeMeka ; Jean Jacques Ndoudoumou ; Belinga Eboutou ; Polycarpe Abah ; Edgar Alain MebeNgo'o ; entre autres.

Par ailleurs, Ces élites affirment leur appartenance à la communauté à travers leurs différentes réalisations et leur participation au développement de la localité. Cependant, ladite communauté exerce une certaine pression sur ses élites. Le digne fils du terroir est donc celui-là qui redistribue et dont on peut « palper » les fruits de la réussite. Peter Geschiere souligne à cet effet que « les villageois  voient « leurs » élites urbaines comme des défenseurs attitrés de leurs intérêts à l'extérieur »46(*). De ce fait, les rapports élite-village deviennent des rapports clés, minés d'ambiguités mais d'une signification profonde pour les deux parties.

L'observation des précédents cas de figures nous conduisent au questionnement suivant :

Comment se manifeste le phénomène de quête bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé ?

A cette question principale s'ajoutent d'autres, à savoir :

Comment la quête bigmaniaque contribuet'elle à légitimer politiquement les élites urbaines dans l'arrondissement de Zoétélé ?

La recherche bigmaniaque, au-delà du jeu politique, a-t-elle une influence sur le développement de cette localité?

La quête bigmaniaque est-elle toujours bénéfique pour cet arrondissement, ou plutôt porteuse de dysfonctionnements ?

IV- HYPOTHESES DE L'ETUDE

L'hypothèse d'après Raymond Trembley et Yvan Perrier47(*), est une supposition qui est faite en réponse à une question de recherche. Dans cette perspective, notre étude s'articule autour d'une hypothèse principale, suivie de quelques hypothèses secondaires.

L'hypothèse principale est la suivante :

La quête bigmaniaque se déploie dans l'arrondissement de Zoétélé à travers la mise en exergue de leur capital social, économique et symbolique par les élites urbaines. Il s'agit d'une mobilisation de leur influence et de leurs ressources matérielles, financières et économiques au service de la communauté à travers diverses réalisations et apports en vue de gagner davantage en capital social.

Hypothèses secondaires :

La quête bigmaniaque est un facteur important, quasi indispensable dans le champ politique de l'arrondissement de Zoétélé au regard de la place qu'elle occupe dans le processus de légitimation des élites urbaines.

Les élites urbaines contribuent au développement de l'arrondissement de Zoétélé à travers l'activité bigmaniaque à laquelle elles se livrent pour la plupart, notamment pour les candidats qu'elles soutiennent, lorsqu'elles ne sont pas elles-mêmes candidates auxdits postes électifs.

Les élites urbaines s'investissent politiquement en soutenant d'autres acteurs politiques dans l'espoir de tirer profit de la réussite desdits acteurs, ou pour conforter leurs propres positions.

Enfin, bien qu'étant un élément capital dans le processus de légitimation politique au sein de l'arrondissement de Zoétélé, la recherche bigmaniaque n'est pas toujours porteuse d'attendus positifs au regard des dysfonctionnements auxquels elle peut aboutir, dont le sous-développement, des luttes factionnelles, cause de nombreuses frustrations, etc.

V- LA DETERMINATION DU CHAMP DE L'ETUDE

Zoétélé (en langue fong : Eléphant debout) se situe dans la région du Sud Cameroun, dans le département du Dja et Lobo. La ville est le chef-lieu de l'arrondissement qui porte le même nom. Créée, du point de vue historique en 1954, le village d'OyonoEyamo, grand chef du peuple fong que l'on avait surnommé « Zoétélé » c'est-à-dire l'éléphant debout, à cause de sa grande stature et de son charisme, a en effet été érigé en poste administratif le 08 juillet 1954, puis en district en 1958 et enfin en arrondissement en 1962.Cet arrondissement compte de nos jours une population d'environ 50000 habitants dont 13000 dans le centre urbain.48(*)

L'arrondissement de Zoétélé est un terroir fong, sous-groupe ethnique béti. Les fong sont en effet une société lignagère par excellence et factionnelle, l'autorité coutumière chez les fong est généralement détenue et exercée par les patriarches qui en maîtrisent les contours. Ce sont en effet les gardiens et les héritiers de la tradition. Le peuple fong est composé de différents clans et groupements (quelquefois en compétitions pour des raisons socioculturelles et/ou politiques) parmi lesquels :

- le groupement MvogMezang; 

- le groupement MvogZomo;

- le groupement Mvog Ella;

- le groupement MvogZang;

- le groupement Esse;

- le groupement Yemfeck.

La scolarisation dans cet arrondissement connait quelques difficultés à cause du déficit infrastructurel, surtout en zone rurale. Notons néanmoins qu'on y compte quarante-huit (48) écoles primaires dont trois (03) privées et quarante-cinq (45) publiques, huit (08) écoles maternelles. Le centre urbain abrite quatre (04) écoles publiques dont deux privées et trois (03) écoles maternelles. L'enseignement secondaire compte trois (03) collèges d'enseignement secondaire (CES), un lycée d'enseignement général, un (01) lycée d'enseignement technique.

L'activité socio-économique ici est diverse bien que n'étant pas très développée, elle est souvent exercée à l'échelle familiale. On y exerce l'agriculture,la pêche, la chasse (légalement encadrée), l'élevage. D'autres activités plus lucratives s'y exercent aussi. Il s'agit de l'agro foresterie, la foresterie, la micro finance regroupant plusieurs associations dont des tontines et des groupements d'initiatives communes (GIC), entre autres ; enfin le commerce et l'artisanat.

Du point de vue politique, Zoétélé est une arène politique très active, surtout en période électorale. Le RDPC49(*), parti au pouvoir y est fortement installé et compte dans ses rangs la plupart des grands hommes et des membres de l'élite politico-administrative, économique et traditionnelle de l'arrondissement, entre autres. Ces différentes catégories d'acteurs se livrent une concurrence farouche soit pour la conquête des positions de pouvoir, soit pour de l'influence. A côté de ce parti, on compte des partis dont l'influence est relative, tels que le SDF50(*) et l'UNDP51(*), entre autres.

Zoétélé est un arrondissement qui rencontre de nombreuses difficultés infrastructurelles et économiques qui souvent, deviennent de grands enjeux quant à la légitimation politique locale des élites urbaines dont les populations attendent souvent des réalisations, qu'elles soulagent leurs difficultés ; c'est le cas notamment en ce qui concerne les infrastructures routières, scolaires, les besoins en eau, en électricité, etc. C'est donc dire que la redistribution ici est un élément important quant à ce processus de légitimation.

VI- CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES

A- Les méthodes d'analyse : l'ethnométhodologie et la méthode interactionniste

D'après Madeleine GRAWITZ52(*), la méthode est l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités quelle poursuit, les démontre, les vérifie.Dans le même ordre d'idées, Mucchielli lui, la définit comme étant une « procédure de réflexion [...] qui mène à une meilleure connaissance d'un phénomène »53(*). Dans notre cas, elle permettra, à travers l'agencement de « certaines techniques d'investigation propres à larecherche »54(*), une meilleure appréhension du phénomène étudié, notamment la légitimation politique locale des élites urbaines dans l'arrondissement de Zoétélé.

1-L'ethnométhodologie

L'ethnométhodologie, dont les principaux précurseurs sont Talcott Parsons et Alfred Schutz, a été développée par Garfinkel dans les années 1960 aux Etats unis. Ce dernier met en exergue le concept des ethno méthodes, c'est-à-dire, des procédures qui constituent ce qu'il appelle « le raisonnement sociologique pratique » des acteurs sociaux eux-mêmes. A propos des recherches en ethnométhodologie, Garfinkel les définit et les situe ainsi : « celles-ci analysent les activités de la vie quotidienne en tant que méthodes des membres pour rendre ces mêmes activités visiblement rationnelles et rapportables à toutes fins pratiques, c'est-à-dire « descriptibles » (accountable) comme organisations des activités ordinaires de tous les jours ».55(*) En effet, l'ethnométhodologie s'institue sur la reconnaissance de la capacité réflexive et interprétative propre à tout acteur social ; autrement dit, sur la « connaissance pratique »56(*). Elle substitue le concept de modèles à celui de processus. Garfinkel pense à cet effet que là où d'autres voient des données, des faits, des choses, l'ethnométhodologie voit un processus à travers lequel les traits de l'apparente stabilité de l'organisation sociale sont continuellement créés. Ainsi, l'une des principales quêtes de l'ethnométhodologie est l'observation attentive et l'analyse des processus dans les actions et interactions des acteurs sociaux qui permettent de décoder les procédures d'interprétation de la réalité sociale. Ellese concentre sur le sens que des personnes donnent à leurs actes, même s'ils sont parfois en contradiction avec ce que leur entourage pourrait penser ou déduire ; Garfinkel parle alors de « rendre visible des scènes banales »57(*)Coulon(1987, 124, citant Garfinkel) ajoutera à ce propos que « La réalité objective des faits sociaux, en tant que toute société est produite localement, est naturellement organisée, est réflexivement descriptible, est un accomplissement continu et pratique, en tant que cette réalité objective est partout, toujours, seulement, exactement et entièrement le travail des membres, elle est le phénomène fondamental de la sociologie »58(*)

L'ethnométhodologie nous permettra donc de prendre avec la plus grande attention, le point de vue des acteurs concernés, mieux, impliqués et influencés par notre objet de recherche à savoir l'impact du bigmanisme sur le processus de légitimation politique locale des élites urbaines dans l'arrondissement de Zoétélé ; en effet cette méthode d'analyse, au regard de ses postulats dont la pratique quotidienne, la réflexivité, la notion de membre entre autres, permettra de mieux appréhender le sentiment et le vécu, bref le sens que les différents acteurs (actifs et passifs) du jeu politique dans l'arrondissement de Zoétélé donnent à leur implication dans ce processus. Aussi, cette méthode nous permettra de mieux éprouver, au-delà du jeu politique la manière avec laquelle les populations concernées perçoivent, vivent et ressentent les effets du bigmanisme politique, tant du point de vue socioéconomique que socioculturel. Il s'agira en fait, de comprendre leur appréciation du développement de l'arrondissement lié à la quête bigmaniaque ou alors des tares apportées par cette dernière.

2- La méthode interactionniste

Par interaction, « Goffman entend à [...] les influences réciproques que [des personnes exercent] sur leurs actions respectives, lorsqu'ils sont en présence physique les uns des autres».59(*)

La méthode interactionnistes consiste en l'étude des grandes organisations, représentatives des sociétés contemporaines et dont le but est d'élaborer une théorie générale des systèmes culturels contemporains mettant l'accent sur l'étude du comportement des individus en situation avec d'autres. Il s'agit d'une démarche scientifique basée en quintessence sur une double approche dont l'interactionnisme symbolique et l'analyse stratégique.

En ce qui concerne l'interactionnisme symbolique, il s'agit, d'après Erving Goffman,  de concevoir la société dans une perspective de mise en scène de la vie quotidienne par l'affectation d'un coefficient de symbolisme à toutes les interactions par le jeu de communication. D'après cet auteur, les relations individuelles sont des actes de représentations théâtrales.60(*) Becker soutient qu'il s'agit d'un programme spécifique d'analyse du social. Considérant qu'aucune situation ne peut se déduire mécaniquement d'un système, mais plutôt de la construction de sens que réalisent les participants au travers de leurs interactions.61(*)

Parlant de l'aspect stratégique de l'interactionnisme, Michel Crozier62(*) souligne que chaque individu « est aussi et avant tout une tête,c'est-à-dire une liberté ou, en termes plus concrets, un agent autonome qui est capable de calcul et de manipulation et qui s'adapte et invente en fonction des circonstances et des mouvements de ses partenaires » ; il est question pour cet individu d'accroître sa liberté de manoeuvre tout en essayant de réduire celle des autres. Autrement dit, « le jeu concilie la liberté et la contrainte. Le joueur reste libre, mais doit, s'il veut gagner, adopter une stratégie rationnelle en fonction de la nature du jeu et respecter les règles de celui-ci »63(*).Cette méthode d'analyse permet, du point de vue de Jacques Lagroye « de comprendre et de vérifier quel type de relation relie diverses unités sociales et structure les rapports que les unités entretiennent».64(*) De ce fait, l'usage des expressions « jeu » et « marché » permettent de rendre compte des rapports de pouvoir et les relations entre agents dans une perspective relationnelle et dans des systèmes d'interaction. Cette méthode cherche à expliquer pourquoi telle unité sociale participe à l'interaction, ses intérêts à «entrer dans le jeu», les comportements qu'elles parviennent à imposer et les ressources dont elles disposent dans la compétition. David Le Breton lui, souligne que « pour l'interactionnisme, l'individu est un acteur interagissant avec les éléments sociaux et non un agent passif subissant de plein fouet les structures sociales à cause de son habitus ou de la «force » du système ou de sa culture d'appartenance».65(*)

Ces deux aspects de la méthode interactionnistenous permettront d'étudier plus en profondeur les types de relations entre les différents acteurs interagissant dans l'univers d'analyse à savoir les élites. Ensuite, elle nous permettra de mettre davantage en exergue les relations d'échanges, de pressions et de positionnement entre ces élites et les populations locales en fonction des différents intérêts de part et d'autres. En effet, il sera question d'étudier les interactions entre les élites urbaines en quête de légitimaté politique dans la localité de Zoétélé à travers l'activité bigmaniaque d'une part ; ensuite d'analyser les interactions entre ces élites et les acteurs représentant la communauté locale, soit l'électorat. De plus, nous nous attarderons davantage sur les différentes ressources mobilisées par les grands hommes et les élites (bureaucratiques, économiques, intellectuelles, etc.) pour peser sur l'échiquier politique local, c'est-à-dire, compter parmi les « dignes » fils du terroir ; enfin de montrer les différentes influences exercées de part et d'autre entre les élites urbaines, les élites et les populations, les populations entre elles selon les intérêts (économiques, politiques, etc.) de clans ou de factions.

B- Les techniques de collecte des données : la recherche documentaire, l'entretien et l'observation participante

Pour M. GRAWITZ66(*), toute recherche scientifique « doit comporter l'utilisation des procédés opératoires rigoureux bien définis, transmissibles, susceptibles d'être appliqués dans les mêmes conditions, adaptés au genre de problème en cause : ce sont là des techniques ». Les techniques choisies nous ont permis de collecter des informations importantes quant à la compréhension de la légitimation politique locale des élites urbaines à travers l'activité bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé. Il s'agit de l'analyse documentaire, l'entretien et l'observation participante.

1- La recherche documentaire

La recherche documentaire d'après G.R. ASSIE et R.R. KOUASSI consiste en « la collecte d'informations à travers des documents et supports divers »67(*) dont entre autres « des documents écrits, sonores, visuels, audiovisuels ou des objets »68(*). Autrement dit, c'est le traitement intellectuel de documents servant à décrire et à caractériser le contenu d'un document en y repérant des éléments d'informations essentiels et en les « traduisant » sous une forme concise et précise.

La technique documentaire nous a permis de parcourir des ouvrages généraux, des articles plus ou moins spécialisés, la visite de sites internet spécialisés (sur la vie politique, les institutions étatiques tutélaires des institutions politiques locales, sur l'arrondissement de Zoétélé, entre autres). Lesdits documents ont été consultés entre autres dans les archives de la mairie de Zoétélé, des articles et documents de presse tant écrite que numérique (notamment cameroon-tribune.cm ; Zoétéléactu.com ; Nkul-beti-camer.com ; arte.tv ; cameroon-info.net, etc.), des sites institutionnels (minatd.cm ; statistics-cameroon.org ; rdpcpdm.cm, etc.), des sites de publications scientifiques et des oeuvres de recherches (dont les sites leportique.revue.org ; cairn.info ; cerium.umontreal.ca ; editions-harmattan.fr ; karthala.fr ; persee.fr ; politique-africaine.com, mémoire-online.org ; etudeafricaines.revue.org). Nous avons aussi eu accès à des documents privés de l'ancien maire de Zoétélé, Mme MENGUE NKILI. Tous ces documents nous ont donné d'avoir une meilleure connaissance de la vie sociopolitique de la localité de Zoétélé.

2- L'entretien

L'entretien d'après Madeleine Grawitz69(*) est un «procédé d'investigation scientifique, utilisant un processus de communication verbale, pour recueillir des informations en relation avec le but fixé». L'entretien permet, d'après Ibrahima Lo70(*) d'instaurer un échange au terme duquel l'interlocuteur exprime ses perceptions d'un évènement ou ses expériences. Cette technique a pour avantage, entre autres, de faciliter l'analyse du sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux évènements auxquels ils sont confrontés, autrement dit, une certaine profondeur de l'analyse des éléments recueillis à travers notamment une souplesse du dispositif permettant de récolter les témoignages et les interprétations des interlocuteurs en respectant leurs propres cadres de références. 

Cette technique nous a permis d'aller à la rencontre des acteurs dont certaines élites, des citoyens ordinaires, entre autres, pour découvrir la manière dont les concernés, acteurs actifs et passifs de la vie politique de l'arrondissement de Zoétélé vivent le phénomène de quête bigmaniaque et l'idée qu'ils ont de son poids sur la légitimation politique de ces « grands hommes », mais aussi son influence sur la localité en général.

Nous avons en effet effectué une enquête de terrain en deux phases. Au cours de la première phase qui eut lieu entre le 02 et le 16 avril 2015, nous avons rencontré le maire de la commune de Zoétélé, quelques responsables locaux de partis politiques et des responsables de certaines institutions publiques et parapubliques représentées dans l'arrondissement. Cette première phase nous a permis d'avoir un premier aperçu sur les réalités de la vie politique dans l'arrondissement de Zoétélé et surtout l'impact de l'action des grands hommes et autres élites urbaines en ce qui concerne le bigmanisme et la quête légitimité politique.

Quant à la deuxième phase qui a eu lieu entre le 29 avril et le 22 mai, nous avons effectué de nouveaux entretiens avec des élites (notamment celles identifiées comme étant politiquement active d'une manière ou d'une autre dans l'arrondissement) afin de mieux les connaitre, mais aussi de savoir quel est leur aperçu de la vie politique et de son aspect concurrentiel lié à la redistribution en l'occurrence dans la localité. Nous avons aussi effectué des entretiens semi directifs avec un corpus constitué de citoyens «ordinaires » ; soit une cinquantaine, au total. Au demeurant, nous avons retenu de ces enquêtes que les grands hommes, entrepreneurs politiques ou non, accordent une place importante à la redistribution comme(étant pour eux) un moyen d'affirmation et de développement de la localité d'une part, et que d'autre part, les populations, plus exigeantes avec le temps, mesurent la légitimité des grands hommes à leurs capacité de redistribuer et d'influencer le développement sous diverses formes au sein de la localité.

3- L'observation participante

L'observation participante est une technique de recherche qui permet de rendre visible des aspects de la réalité sociale inaccessible dans les représentations courantes du phénomène étudié71(*). Il s'agit d'une technique d'immersion, de participation à la dynamique de l'objet étudié comme le souligne si bien Howard Becker : « l'observateur participant rassemble des données en prenant part à la vie quotidienne du groupe ou de l'organisation qu'il étudie. Il regarde à quelles situations sont confrontées les personnes qu'il fréquente, comment elles s'y comportent, et il discute avec certaines d'entre elles pour connaitre leurs interprétations des évènements qu'il a observé ».72(*) L'observation participante est un exercice délicat, a priori aisé, mais au demeurant jonché de multiples exigences car il s'agit d'une technique d'enquête qui implique prioritairement les relations humaines73(*). En effet, « le travail de terrain sera envisagé ici comme l'observation des gens in situ : il s'agit de les rencontrer là où ils se trouvent, de rester en leur compagnie en jouant un rôle qui, acceptable pour eux, permette d'observer de près certains de leurs comportements et d'en donner une description qui soitutile pour les sciences sociales tout en ne faisant pas de tort à ceux que l'on observe. Même dans le cas le plus favorable, il n'est pas facile de trouver la démarche appropriée ».74(*)

Cette technique nous a permis de nous imprégner des réalités liées à la vie politique dans la localité de Zoétélé. Nous avons pour ainsi dire participé à de nombreuses activités telles que des meetings politiques lors de la campagne électorale liée aux municipales de septembres 2013, puis à celle liée au renouvellement des organes de base du RDPC en décembre 2015, entre autres. Nous avons aussi suivi de près des militants dans leurs multiples activités, suivi et écouté de près certaines élites candidates à des postes électifs, ou bien des élites urbaines soutenant des candidats de leurs factions.

Notre travail se structure en deux parties constituées de deux chapitres chacune. La première partie porte sur les trajectoires de déploiement du bigmanisme et la mobilisation du capital social dans la recherche de légitimité par les élites de Zoétélé. Il s'agit dans le premier chapitre de la mise en lumière de la recherche du capital social par les élites urbaines, de la recherche de légitimité politique par la mobilisation dudit capital social et des luttes factionnelles suscitées par la concurrence créée par cette recherche dans le second chapitre. La seconde partie quant à elle porte sur l'impact sociopolitique et économique de la recherche bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé. Dans son premier chapitre (soit le troisème en général) il est question de la portée politique de la quête bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé, et la mise en exergue de son impact socioéconomique dans le second chapitre.

PREMIERE PARTIE :

TRAJECTOIRES DE DEPLOIEMENT DU BIGMANISME ET MOBILISATION DU CAPITAL SOCIAL DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE

L'activité politique en Afrique et notamment au Cameroun est constituée d'un certain nombre de réalités qui lui sont inhérentes. Loin d'être seulement ce que Jean François Bayart75(*) décrit comme étant la politique du ventre, il est opportun de souligner la place importante qu'occupe cet aspect du phénomène en ce qui concerne le processus de légitimation politique des différents acteurs.

Dans le cas de l'arrondissement de Zoétélé, les trajectoires de légitimation politique reposent sur la mobilisation de leur capital social par les élites urbaines ; mieux encore, cette mobilisation est davantage consolidée par le caractère concurrentiel que revêt l'activité politique dans cette aire qui est un espace de confrontation concrète de ces élites en interaction autours d'enjeux communs76(*).

Dans cette première partie, nous nous proposons de mettre en contexte la recherche du capital social par les élites urbaines (chapitre I) dans le but d'analyser les différentes luttes factionnelles liées à la recherche de légitimité politique dans l'arrondissement de Zoétélé (chapitreII).

CHAPITRE 1 :

QUETE BIGMANIAQUE ET RECHERCHE DU CAPITAL SOCIAL PAR LES ELITES URBAINES DE ZOETELE

Pour Pierre Bourdieu77(*), le capital social s'entretient, quel que soit le domaine où il s'acquière et/ou sert. Il est un élément incontournable pour les acteurs en ce qui concerne la vie politique. Exister pour un acteur politique, c'est d'abord jouir d'une réputation favorable à un positionnement stratégique sur l'échiquier politique convoité. La recherche du capital social constitue de ce fait une quête permanente ; quête qui se structure de diverses manières selon le domaine socioprofessionnel d'origine de l'acteur politique en question78(*). Des plus nantis aux moins bien lotis, la construction d'une réputation est un souci permanent ici. Tous types de moyens sont alors mobilisés pour engranger des points. C'est dans cette optique que la redistribution, entre autres, sous diverses formes apparaît comme une ponctuation incessamment activée et dont les répercussions sont assez palpables dans la plupart des cas.

Dans le contexte africain et celui camerounais plus précisément, la construction et la mobilisation du capital social en politique par les acteurs ne fait pas exception ; d'autant plus que ladite construction se base d'abord et surtout sur la redistribution ; une redistribution qui aurait tendance à s'accentuer en période électorale. Le but pour les acteurs politiques étant de raviver la sympathie des populations en leur faveur ou bien de mieux se faire connaître.

L'arrondissement de Zoétélé est sans déroger à cette réalité. Comme ailleurs, l'entretien du capital social en vue d'une conquête de l'espace politique est une effective. Pour être plus précis, jouissent d'une certaine popularité, ceux des membres de la communauté dont les activités profitent à cette dernière. De la capacité à entretenir des factions et des courtiers79(*) dépend la qualité du capital social des hommes ou femmes engagés en politique. La mise en commun des initiatives individuelles porteuses de profits devient de ce fait une nécessité de la part de cette catégorie d'individus leur ouvrant ainsi les portes du bigmanisme. Dans le cadre de la présente étude, il est question, concernant le présent chapitre, de tester la pertinence de la redistribution comme étant un vecteur de relèvement du capital social des élites urbaines, dont les entrepreneurs économiques et les élites bureaucratiques. En d'autres termes, nous nous attarderons sur la recherche du capital social par les élites bureaucratiques d'une part, et par les entrepreneurs économiques d'autre part. En ce qui concerne ces derniers, il serait opportun de nous attarder sur quelques cas précis, tirés sur le volet, et englobant dans une certaine mesure les éléments de recherche de capital social sus mentionnés, afin de tester la pertinence de cette hypothèse. De ce fait, nous mobiliserons les approches réputationnelles, décisionnelles, positionnelle80(*) et surtout l'approche par l'activité sociale qui nous permettra de mesurer leur niveau de participation au développement de la localité en tant qu'élites.

SECTION I : RECHERCHE DU CAPITAL SOCIAL PAR LES ELITES BUREAUCRATIQUES.

L'arrondissement de Zoétélé se situe dans un espace socioculturel dans lequel la reconnaissance de « la valeur » d'un individu dépend de ses « preuves ». Il y a lieu de souligner ici l'aspect stratégique de cette redistribution au-delà de celui purement affectif lié à l'appartenance à la localité. Max Weber81(*) met en exergue l'idée selon laquelle l'activité politique, pour être bien menée, fait appel à de nombreux moyens matériels; notamment des moyens financiers et logistique politique, entre autres, permettant aux acteurs engagés dans ce secteur de garantir le fonctionnement structurel et organisationnel de leur entreprise politique. Dans le contexte Africain et, plus précisément de l'arrondissement de Zoétélé, cette réalité parait incontournable ; d'autant plus qu'il s'agît d'une aire socioculturelle où exister véritablement en tant qu'élite c'est aussi redistribuer ; redistribuer pour entretenir et maintenir toujours relevé sa notoriété ; ladite notoriété étant garantie par la communauté (constituée entre autres des populations de la localité dont le clan originaire des acteurs, les autorités traditionnelles et des fois étatiques, des connaissances et courtiers de tous bords) qui profite des retombées liées à la relation de dépendance à laquelle conduit le souci des élites à se construire un capital social mobilisable en politique. Il s'agît bien là d'un pan d'une relation de type «dépendance-obligation» telle que décrite par Laurent P.J.82(*) Dans le cadre de cette section, nous structurons les élites bureaucratiques en deux catégories. D'une part les élites politico administratives, soit les hauts fonctionnaires et commis d'Etat en poste, et d'autre part, les élites bureaucratiques complètement reconverties en politique, dont des anciens directeurs et des fonctionnaires à la retraite pour la plupart.

Paragraphe I : Les élites politico administratives

Lors de nos enquêtes de terrain, la plupart des personnes interrogées affirmaient qu'elles attendaient beaucoup des élites de la localité, surtout des élites urbaine dont à l'observation, la notoriété et la reconnaissance par la communauté dépendaient de leur capacité et de leur propension à redistribuer. C'est par les réalisations effectuées par ces élites que les populations jugent du degré d'attachement de ces dernières à la localité. Il en est de même pour l'accès à la légitimité politique produisant des profits (accès à plus de voix pour eux ou pour leur parti, accès à de divers postes électifs, accès à la notoriété politique, etc.). Il y a lieux de comprendre, l'accentuation de l'aspect redistributif qui entoure les campagnes lors des périodes électorales.

Sous diverses formes, on peut observer de multiples réalisations matérielles et symboliques faites par des élites politico administratives ici. Cette course à la redistribution est aussi due à une double réalité politique et économique.

La réalité politique, à l'observation, nous a amené à faire le constat selon lequel les élites urbaines sont dans l'obligation de présenter leurs réalisations à la communauté pour gagner une clientèle politique soit pour eux même, soit pour leur parti ou encore pour un candidat qu'ils soutiennent. La réalité économique quant à elle renvoie aux difficultés de la localité en termes d'infrastructures sociales, entre autres. Carence structurelle liée aux difficultés de l'Etat à assurer tout seul le développement de l'arrondissement. De ce fait, la redistribution des élites serait aussi motivée par le souci de contribuer au développement de la localité par simple évergétisme. Cet état des faits est à l'origine des diverses réalisations et investissements faits dans la localité par les élites urbaines. Réalisations et investissements à but lucratif ou à caractère purement social, au profit de la localité.

Dans cet ordre d'idées, de nombreuses initiatives telles que la promotion des infrastructures et matériels scolaires sont réalisées par des élites. La construction dans son village (Meyila) d'un collège d'enseignement secondaire par Polycarpe AbahAbah et le soutien aux élèves promus à des examens officiels par l'octroi de bourses d'études en est un exemple. Chaque fin d'années scolaire depuis 2002, le directeur général (1998-2004) des impôts puis ministre des finances(2004-2007) organisait des cérémonies de remises de lauriers audits élèves (ceci jusqu'en 2007, année de son arrestation par les autorités judiciaires).

Nous avons aussi le tournoi de football organisé par Jean Jacques NDOUDOUMOU chaque vacances scolaire depuis une dizaine d'années et qui contribue à l'épanouissement de la jeunesse de cette localité. En marge de ce tournoi sont organisées des campagnes de sensibilisations contre les infections sexuellement transmissibles, ainsi que des conférences débat avec des thèmes axés sur la responsabilisation de ladite jeunesse et son implication au développement local, etc.

Par ailleurs, on compte des investissements telles que des plantations, des menuiseries entres autres, mises en places par ces élites bureaucratiques et offrant des emplois aux jeunes (ruraux pour la plupart) tel que le montre la présente illustration :

Tableau de quelques investissements des élites urbaines dans la localité de Zoétélé :

ELITES

REALISATIONS

Rémy ZE MEKA

Des plantations (dont une grande palmeraie) ; des investissements immobiliers dans la ville de Zoétélé.

Polycarpe ABAH ABAH

Des plantations (dont une palmeraie étalée sur environs 180 hectares) ; une « petite » usine (MeyilaOil Corporation) de transformation d'huile de palme, notamment en plusieurs produits dérivés dont des savons, etc.

J.J. NDOUDOUMOU

Un domaine touristique dans le village Mvoutessi.

Martin BELINGA E.

Des plantations dont une grande palmeraie.

(Source : enquêtes)

Ce tableaux faut-il le notifier ne prétend pas restituer de manière exhaustive les différents investissements des élites bureaucratiques dans l'arrondissement de Zoétélé. Il s'agit là des élites urbaines les plus en vue en termes d'investissements.

De ce point de vue, il appert que la plupart des élites politico-administratives de la localité de Zoétélé investissent au terroir. L'une des raisons de ces investissements se justifie, d'après la plupart des personnes interrogées lors de nos entretiens, par le souci des différents promoteurs de démontrer leur capacité à investir dans la localité, à créer des emplois ou encore à influencer le développement de la localité ; Toutes choses qui dénotent du souci de création et de consolidation d'un capital social et politique dans la sphère locale.

PARAGRAPHE 2 : les fonctionnaires reconvertis en politique : de la nécessité de consolider leur capital social

Parmi les élites bureaucratiques, il y a une catégorisation qui se dégage. Nous avons d'une part les élites en poste, dont des hauts fonctionnaires, des cadres moyens, etc. D'autre part, les élites (hauts cadres d'administration et fonctionnaires) à la retraite soit de façon ordinaire soit par simple reconversion en politique.

Cette autre catégorie d'élites urbaines se livre soit à la recherche d'un capital social, soit à la quête incessante de sa consolidation. A cet effet, on observe une diversité de réalisations au profit de la localité, et participant de cette démarche. Il s'agit d'un ensemble d'actes symboliques posés par ces élites dans la perspective d'une meilleure visibilité, mais aussi pour une consolidation, voire une amélioration positionnelle pour ceux qui ont déjà accès à des positions politiques porteuses d'avantages. A titre d'illustration, nous nous attardons sur deux cas d'élites urbaines reconverties en politique et se livrant à la redistribution, source de capital social.

Dans un premier temps, nous avons le sénateur RDPC Calvin ZANG OYONO, ancien directeur général des impôts dont l'action s'inscrit dans le soutien au secteur de l'éducation. Depuis plusieurs années, ce dernier se démarque à travers des dons divers aux écoles de l'arrondissement. C'est ainsi par exemple que le 17 Octobre 2015, il a fait une descente sur le terrain avec des dons tel qu'il en a prit l'usage comme le relate Désiré Aba'aNko'o 83(*) : « C'est le 17 octobre que le sénateur originaire de l'arrondissement de Zoétélé, Honorable ZangOyono Calvin, a effectué une descente sur le terrain pour remettre aux populations de sa circonscription électorale des dons divers. La remise desdits dons avait pour cadre la maison du parti de Zoétélé [...] les dons en eux-mêmes étaient constitués du matériel didactique et des bourses d'études aux élèves. S'agissant du matériel, le sénateur a offert 500 tables bancs à une vingtaine d'école. La distribution desdits table bancs a été fonction des demandes recensées au préalable par école Quant aux bourses d'études, l'Honorable sénateur a contribué à la promotion de l'excellence scolaire en dotant une bourse de 50.000 frs à tous les élèves admis au baccalauréat, toutes séries confondues dans l'ensemble de l'arrondissement [...] les dons de ce 17 octobre 2015 ont une valeur de près de 7.000.000 de frs CFA ».84(*) A coté de ce don, ce sénateur a réhabilité le CETIC de Nsimi, un village de l'arrondissement facilitant ainsi les conditions d'enseignement dans cette contrée. Aussi, Calvin ZANG OYONO est promoteur d'une scierie et d'une menuiserie dont les populations de l'arrondissement se réjouissent.

Inscrit dans la même dynamique, Le député RDPC Prosper MériméMonessel, professeur des lycées et ancien intendant du lycée de Zoétété, présidait un grand meeting à la place des fêtes de Zoétélé le 1er aout 2015, meeting qui marquait la clôture d'une tournée effectué par ce dernier dans la plupart des villages de l'arrondissement ; tournée placée sous le signe de la gratitude d'après ses propres déclarations : « je suis venu dire merci à mes camarades pour m'avoir accordé leur vote. Ensemble, nous travaillerons pour le développement de notre section ».85(*) De ce fait, « comme le veut la tradition africaine, Prosper MériméMonessel n'est pas allé les mains vides. Il a remis des dons d'une valeur de 10 millions de F aux populations. Des houes et des machettes aux agriculteurs et des lits équipés aux centres de santé de la section RDPC de Dja-et-Lobo II- Zoétélé [...] l'année dernière, il a remis le matériel scolaire aux établissements secondaires et primaires du public et du privé de sa circonscription politique ».86(*)

Toutes ces réalisations et investissements contribuent effectivement à dorer l'image des élites qui s'y adonnent. Cependant, ces différents aspects de la redistribution ne leurs permettent pas toujours d'accéder à la légitimité politique (tel que nous le montrerons plus loin dans ce travail). Si oui, pas de façon systématique. Certes, peut-on dire dans la plupart des cas que la politique en Afrique est très peu basée sur le facteur idéologique, mais cependant, il ne s'agît pas d'une réalité propre au continent Africain, tel que le soutiennent certains auteurs africanistes (Faverjon)87(*).

SECTION II : RECHERCHE DU CAPITAL SOCIAL PAR LES ENTREPRENEURS ECONOMIQUES

Les entrepreneurs économiques occupent une place importante dans la vie socio-économique de Zoétélé. A travers leurs différentes activités, ils influencent le développement de la localité et se créent par ce fait même une notoriété qui leur est si précieuse pour un engagement et une pérennisation en politique. De ce point de vue, cette section s'attardera sur deux cas d'élites urbaines, entrepreneurs économiques aux trajectoires semblables qui ont développé leur capital social à travers diverses formes d'investissements dans le secteur social et économique. Toutes choses qui leur ont ouvert les portes de la légitimité politique; notamment la magistrature municipale. Comme le souligne si bien Max WEBER, l'entrepreneuriat politique fait appel à d'énormes moyens matériels tels que l'argent, la logistique politique et infrastructurelle, entre autres, permettant aux entrepreneurs du domaine de s'assurer non seulement de leur survie, mais aussi de leur pérennité dans cette activité.88(*) Ainsi, l'analyse des trajectoires de ces deux entrepreneurs du secteur socioéconomique, reconvertis en entrepreneurs politiques aura retenu notre attention. Il s'agit de Pauline MENGUE NKILI d'une part, et de MGBWA Odile d'autre part.

Paragraphe 1 : Pauline MENGUE NKILI : du souci d'émancipation à l'activisme politique

MENGUE NKILI a connu une enfance difficile; difficulté doublement caractérisée par une vie paysanne précaire et par des discriminations liées à son statut de jeune fille. En effet, elle ne connaîtra pas le bonheur d'aller à l'école à temps comme la majeure partie des jeunes filles de sa génération, son père soutenant alors que l'instruction scolaire de la jeune fille était inutile. Frustrée et révoltée, elle fera de l'idée de s'émanciper une obsession. Cependant, elle consacrera la majeure partie de son temps à des travaux agricoles (entre les plantations familiales et celles de la contrée où elle travaillait moyennant un prix) et au petit commerce. De plus, ayant ouvert une caisse (d'épargne), elle s'inscrira elle-même à l'école grâce aux 15000f de son épargne personnelle. Elle obtiendra plus tard une bourse pour étudier aux Etats-Unis d'où elle reviendra avec un diplôme d'institutrice adjointe, elle accèdera ensuite à l'école normale supérieure de Yaoundé d'où elle sortira comme professeur des lycées. Elle prendra fonction au CETIC89(*) de Ngoa-Ekellé à Yaoundé jusqu'au moment où elle se consacrera entièrement aux affaires et à l'action sociale.

Soucieuse de promouvoir l'éducation de la jeune fille, notamment dans sa localité d'origine (Zoétélé), elle créera en 1984 la « fondation menguenkili », puis un foyer pour enfants en détresse destiné plus particulièrement aux orphelines en 1989; ledit foyer sera transformé quelques années plus tard en lieu d'accueil de jeunes des deux sexes, des élèves pour la plupart. Cette fondation à la vocation multiple est aussi pourvoyeuse de bourses scolaires à des élèves des deux sexes.

MENGUE NKILI accèdera dès lors à une popularité qui ne cessera de croître. Ceci grâce à ses diverses réalisations liées au social dans la localité. Cependant cette nouvelle popularité dont elle jouit ne lui apportera pas que des admirateurs. En effet elle commence à ressentir de l'adversité de la part de certaines élites de l'arrondissement qui voyaient en elle un potentiel adversaire politique. Loin de la décourager, cette adversité va la pousser, elle qui n'en avait pas vraiment l'intention au départ, à s'engager en politique. S'appuyant ainsi sur la notoriété que ses réalisations lui avaient garantie.

MENGUE NKILI entre en politique en 1996, dans l'opposition notamment dans le MDR90(*). Cette dernière trouvera en Polycarpe ABAH ABAH un solide allié politique. Au début de l'année 2000, elle est cooptée par le RDPC et crée le 31 décembre de la même année la sous-section91(*) d'Akok dans laquelle elle est élue présidente. Aux municipales de 2002, elle est élue maire de l'arrondissement de Zoétélé. Elle occupera ce poste jusqu'en septembre 2013.

MENGUE NKILI dénonce le degré d'adversité trop élevé dans l'arrondissement dont elle a été maire. Elle insiste notamment sur les luttes de positionnement et de déstabilisation qui règnent entre les fils (élites) de l'arrondissement et en interne au sein du RDPC, parti majoritaire.

Paragraphe 2: NGBWA Odile : de l'action socioéconomique à l'entrepreneuriat politique

BIKIE Odile épouse NGBWA est originaire de Ngoulemakong par Ebolowa où elle est née il y a une cinquantaine d'années. Adolescente, elle souhaite entrer au couvent et devenir bonne soeur, voeux qui malheureusement ne se réalisera jamais. C'est dans cette perspective qu'elle va adhérer, en marge de sa profession d'institutrice, à des associations caritatives ; de plus, voyant les difficultés que rencontraient les villageois et les populations de l'arrondissement, cette dernière va créer une association à caractère socioéconomique qui contribuera à soulager lesdits villageois de plusieurs difficultés liées à leurs difficultés agricoles.

NGBWA Odile crée en 1996 le réseau des hommes et des femmes de Zoétélé (RESOHFEZ) dont elle est présidente. Il s'agit d'un réseau réunissant de nombreux groupements d'initiative commune (GIC) en plus de plusieurs cultivateurs et petits commerçants indépendants. Cette association assiste les différents acteurs du secteur agricole à travers entre autres des services tels que, l'octroi de microcrédits, l'épargne, les tontines volontaires pour les membres et non membres de l'association. NGBWA Odile, à travers cette association, aidera les villageois à valoriser leurs épargnes en investissant ensemble dans plusieurs domaines dont celui agricole. A ce propos, l'association est par exemple propriétaire de plusieurs bananeraies au sein de l'arrondissement. Ces différentes réalisations permettront à cette dernière de gagner la sympathie des populations dans la plupart des contrées de l'arrondissement.

Son entrée en politique sera influencée par deux facteurs : premièrement, en constatant que l'initiative associationnelle dont elle était l'auteur fonctionnait bien et lui attirait une certaine popularité. L'idée de transformer le capital social ainsi développé en capital politique lui vint à l'esprit. Deuxièmement, elle sera fortement inspirée par ses modèles en politique à savoir, entre autres, Madame ETO'O Juliette, présidente de sous-section OFRDPC à Zoétélé au début des années 1990 et Madame Rose OBOUNOU AKONG, femme active au sein du même parti au début des années 1990. De plus, le maire NGBWA Odile soutient qu'il existe un lien direct entre la politique et l'action sociale. De ce fait, pour elle, pour mieux exercer l'un, il faut être adepte de l'autre. Cette dernière s'engage donc en politique au sein du RDPC en 1996 et devient présidente de la sous-section OFRDPC92(*) à Zoétélé en 1998, puis présidente de cellule du comité de base cumulativement avec le poste de présidente de sous-section. Elle occupera cette position jusqu'à l'accession au poste de maire de la commune d'arrondissement de Zoétélé lors de l'échéance électorale de septembre 2013, avec le soutiens des élites urbaines. A titre d'exemple, plusieurs habitants de la localité interrogés lors des entretiens sur le terrain ont fait mention d'une certaine proximité entre Odile NGBWA (maire de Zoétélé) et Edgard Alain MEBE NGO'O. Ce dernier se serait d'ailleurs assez impliqué pendant la campagne électorale liée aux municipales de 2013 ayant conduit à l'élection de Mme NGBWA.

NGBWA Odile a donc su mobiliser son influence économique pour développer un capital social.

CONCLUSION

Il appert en fin de compte que les élites urbaines et les grands hommes se construisent un capital social dans une dynamique bigmaniaque fondée sur des logiques redistributives ; logiques qui leur permettent de se positionner comme étant des personnalités importantes dans l'espace sociopolitique de l'arrondissement de Zoétélé. Dune part les élites bureaucratiques et d'autre part, des entrepreneurs économiques, tous en quête d'une certaine notoriété. Il devient aisé de comprendre la mise en valeur de leurs multiples réalisations en période électorale. C'est dire que la redistribution dans ce contexte est certes motivée par un certain évergétisme, mais au-delà de ce fait, elle représente pour les élites urbaines et les grands hommes, un moyen de développer un capital social convertible en légitimité politique.

CHAPITRE 2 :

RECHERCHE DE LEGITIMITE POLITIQUE ET LUTTES FACTIONNELLES

L'entrepreneuriat politique a ceci de particulier qu'il peut mettre en branle toute élite ou membre d'un parti politique avant, pendant et après la période électorale. En effet, mue par un activisme à multiples facettes, les élites engagées en politique se battent pour un rayonnement de leurs formations politiques tout en se positionnant ; positionnement ayant pour but, soit de se maintenir à un poste de pouvoir obtenu (électif ou nominatif, pour ce qui est du parti au pouvoir) grâce au militantisme, soit d'y accéder. Dans l'un et l'autre cas, il s'agit bien d'accéder à la légitimité politique. Pour y arriver, les différents acteurs impliqués (dont les élites urbaines et les entrepreneurs économiques engagé en politique) ne lésinent sur aucun moyen (matériel, financier, symbolique, etc.) afin d'atteindre leurs objectifs. C'est dans cette perspective qu'on constate une mobilisation des différentes réalisations faites dans la localité pars les acteurs en quête de légitimité politique. Aussi, cette quête de légitimité et la « diversité dans la trajectoire des politiciens »93(*) jette les jalons d'une concurrence politique quasi incessante, tant dans un contexte électoral qu'en période ordinaire. Il s'agit des luttes factionnelles liées à cette concurrence politique. Il est question pour les uns et les autres de s'assurer constamment une visibilité leur assurant une légitimité politique.

SECTION 1 : RECHERCHE DE LEGITIMITE POLITIQUE 

Pour accéder à la légitimité politique, les élites urbaines et les entrepreneurs politiques s'appuient sur leur popularité ; popularité due à la redistribution, notamment leurs différentes réalisations au profit de la localité pour se propulser sur la scène politique. La recherche de légitimité est dès lors un des véritables objectifs liés à la quête d'un éventuel capital social.

A coté de la mobilisation du capital social dans la recherche de légitimité politique, les entrepreneurs politiques impliquent d'autres ressources ; il s'agit en ce qui concerne les élites bureaucratiques, des ressources institutionnelles, conduisant souvent ces derniers au phénomène de straddling,94(*) entre autres.

L'objectif de la présente section est de montrer dans quelle mesure les élites urbaines mobilisent leurs différentes réalisations au profit du terroir, ainsi qu'une diversité de ressources dans leur souci d'accéder à la légitimité politique.

Paragraphe 1 : Recherche de légitimité politique et mise en exergue du capital social

Le bigmanisme politique est une réalité liée à la redistribution en milieux politique, notamment en Afrique où son impact est certain et observable. Cependant, cela n'est pas le propre de la seule société africaine. Il s'agit bien d'une situation vérifiable ailleurs, telle que le démontre si bien Jean Louis Briquet95(*) lorsque parlant de la Corse en France, il souligne que : «le vote se modèle fréquemment [...] sur les relations personnelles et familiales. Il s'énonce plus facilement dans les registres de la proximité individuelle (l'amitié, la confiance, la reconnaissance) que dans ceux de la conviction politique abstraite. Il peut être la contrepartie (ou l'anticipation) d'avantages matériels que l'élu local a octroyé (ou promet) à certains de ses électeurs ». Cette affirmation montre la place significative du capital social et de l'entretien de coutiers, puis de factions diverses dans leur dimension politisée et leur rôle dans la recherche de légitimité politique. Il en est ainsi dans le contexte de Zoétélé où les élites urbaines mettent en valeur leurs différentes réalisations locales pour en appeler au soutien des bénéficiaires au moment des élections en faveur de leur parti96(*). Il s'agît, comme Ramsès TSANA NGUEGUANG le décrit, d'un jeu politique basé sur des « échanges mutuels existant entre les entrepreneurs économiques [élites urbaines] qui font la politique et les populations locales. Après avoir accumulé de nombreuses ressources, les entrepreneurs les redistribuent sous forme de dons en direction de leur localité et établissent ainsi des rapports de clientèle auprès des populations et s'assurent le patronage ou l'amitié des autorités traditionnelles. Tout don appelant un contre-don, les bénéficiaires offrent dans l'immédiat au donateur des remerciements, tout en lui assurant leur soutien plus tard à travers les suffrages qu'ils lui accorderont lors des compétitions politiques locales. Cette stratégie d'échange a permis à des entrepreneurs d'accéder à des postes politiques de maire ou de députés dans leur localité et de devenir ainsi entrepreneurs-politiciens».97(*)Cet auteur souligne ainsi les rapports de dépendance-obligation98(*) que suscitent les réalisations des élites urbaines à travers sa théorie des échanges mutuels qui, comme le relève Richard BANEGAS, créent des devoirs d'entraide entre les élites et les populations, conduisant entre autres à une instrumentalisation populaire du vote clientélaire.99(*)

Il appert ainsi que le bigmanisme politique s'avère Quasi incontournable pour les élites urbaines en quête de positionnement dans le corps politique de leurs localités100(*). A Zoétélé, les entrepreneurs économiques d'une part mettent en valeur leurs réalisations pendant que les élites bureaucratiques (haute administration, structures parapubliques, etc.) rappellent entre autres leurs divers apports pour les populations de la localité, notamment leurs doléances apportées dans les hautes sphères de l'Etat (aux décideurs) dans leur intérêt ainsi que les divers outputs favorables obtenus à cet effet.

Par ailleurs, les périodes de campagne électorales sont ici une occasion de raviver les rapports de dépendance-obligation entre les élites, représentant le corps politique d'une part, et les populations locales d'autre part. Les aspirants à la légitimité politique, bien que mobilisant leurs différentes réalisations, renouvellent leur volonté de contribuer au développement de la localité (tout en offrant des festins électoraux101(*), entre autres, pour le compte de la campagne) en promettant de nouvelles réalisations.

De leur cotés, les populations (dont les autorités traditionnelles, les courtiers, entre autres, ayant la capacité de mobiliser l'électorat ou alors d'influencer le reste de la population quant au vote) font de ces ponctuations électorales, l'opportunité de renouveler leurs doléances aux élites en posant de nouveaux problèmes. Cet état des choses représente une consécration des rapports clientélistes entre les entrepreneurs politiques et les populations locales. Il s'agit d'un clientélisme renforcé en période électorale et impliquant une forme de redistribution ponctuelle visant à convaincre l'électorat. Ainsi, « hormis les promesses en dotation d'infrastructures de développement, des produits alimentaires et vestimentaires, des gadgets et des pacotilles de toutes sortes sont offerts aux populations [...] Ce sont, pour l'essentiel, de la viande (boeuf, mouton et chèvre), du poisson fumé, du riz, du vin rouge, de la bière, des liqueurs, des pagnes, des tee-shirts à l'effigie du parti, des casquettes, des écharpes, des porte-clés, etc. Bien plus, dans l'intention manifeste d'amener les populations à leur accorder leurs suffrages, les hommes politiques prennent l'engagement ferme de trouver des solutions immédiates aux doléances des populations [...] ».102(*)

Paragraphe 2 : Recherche de légitimité politique et mobilisation de ressources diverses

Pour Faure et Médard, « les ressources économiques, sociales et politiques sont ainsi à la base de l'élévation du big man dans la mesure où elles sont convertibles les unes dans les autres ».103(*)Bien que toutes les élites urbaines à Zoétélé ne soient pas nécessairement des big men, force est de constater que cette assertion est porteuse de sens dans la mesure où les élites engagées en politiques mobilisent une diversité de ressources publiques ou privées.

Anthony GIDDENS suggère que les élites sont des « individus qui occupent des positions d'autorité formellement définies à la tête d'une organisation sociale ou institutionnelle »104(*). Il en est ainsi de ces fils de l'arrondissement de Zoétélé qui occupent des positions d'autorité et de prestige au niveau de la haute administration étatique au Cameroun. Ces élites urbaines ayant en partie construit leur capital social et symbolique grâce à leur carrière bureaucratique, tirent de ces positions d'autorité pourvoyeuses d'avantages et de prébendes divers, les ressources nécessaires non seulement à leur implication politico partisane, mais aussi à leur quête personnelle de légitimité au sein de la localité. Autrement dit, ces élites assurent la légitimité de leur parti (le rassemblement démocratique du peuple camerounais, généralement) tout en s'assurant un rayonnement personnel. Cette assurance passe entre autres par l'apport de divers avantages et réalisations à la localité, mais aussi par l'entretien d'une multitude composée de courtiers en tout genre, de factions, etc.

Cet état des choses entraine généralement ces élites à se livrer au phénomène de straddling. En effet, une certaine confusion du patrimoine public et privé propre à la pratique africaine du point de vue de J.F. Médard105(*) est ici observable. D'après ce dernier, le straddling consiste en un dédoublement, mieux, un chevauchement de positions et, dans une certaine mesure, de fonctions pourvoyeuses de prébendes ; « parexemple de haut fonctionnaire et d'homme d'affaires [qui] exprime la nature politico-économico-sociale du pouvoir »106(*). La plupart des élites bureaucratiques de l'arrondissement de Zoétélé sont ainsi des big men qui profitent des avantages de leurs positions pour tirer des ressources nécessaires non seulement à la consolidation de leur capital social et symbolique, mais aussi, à leur recherche de légitimité politique. A cet effet, « les positions d'autorité offrent l'opportunité d'accès aux ressources publiques pour la satisfaction des besoins privés »107(*)

Ces big men et élites urbaines correspondent ainsi à l'illustration comparative suivante : « le grand homme accumule de la richesse afin de la distribuer ; en la distribuant il la consomme mais il la transmet en capital symbolique dont une partie peut être à son tour reconvertie en richesse. Il en est de même du politicien entrepreneur qui, dans le cas africain, profite de son accès à l'Etat pour s'enrichir. Sur la base des ressources ainsi accumulées, il investit une partie de la richesse dans des entreprises économiques variées ; en même temps il convertit une autre partie de sa richesse en capitalsymbolique, sous forme de soutiens politiques, en la redistribuant. L'art de la redistribution est la clé de la légitimation et donc de l'accumulation de capital politique ».108(*)

Il apparait évident que les ressources institutionnelles contribuent non seulement à légitimer les élites urbaines dans la mesure où elles leur permettent de distribuer et de réaliser davantage, tout en entretenant plus de courtiers. Ce qui leur facilite un positionnement aisé sur l'échiquier politique de Zoétélé, mais aussi à entretenir leur action politique pour se positionner dans l'échiquier politique. Généralement, leur activisme dans ce sens consiste à gagner des voix pour leur parti ou bien de soutenir un candidat quelconque appartenant à leurs factions.

Par ailleurs, nous avons, à coté des ressources institutionnelles mobilisées par les élites bureaucratiques, les ressources para institutionnelles.

A propos de ressources dites para-institutionnelles, il s'agit de l'ensemble des ressources plus ou moins liées aux institutions étatiques et pouvant être mobilisées par les élites en quête de légitimité politique ou de consolidation de la dite légitimité. Il s'agit là de ressources issues d'institutions telles que les partis politiques, les ONG109(*), entre autres. Il en ressort de ce fait que la capacité d'en tirer profit, dépend de l'accessibilité des élites aux « organes » porteurs desdites ressources. Autrement dit, il s'agît des ressources issues de l'Etat et de ses partenaires et dont les oeuvres profitent aux élites ayant accès à leur gestion.

Dans l'arrondissement de Zoétélé, l'accès aux ressources para-institutionnelles passe nécessairement par la capacité à accéder à certaines positions. Aussi, le positionnement partisan constitue ici le moyen d'accès auxdites ressources. De ce fait, l'omniprésence des partis politiques, et notamment de leurs militants et cadres, se justifie dans leurs diverses réalisations. En effet, les réalisations des partis politiques sont une opportunité de promotion de leur image par les élites urbaines impliquées dans lesdites réalisations ; aussi évident que cela apparait, « les positions acquises au niveau politique et social déterminent le comportement des acteurs et structurent leurs comportements »110(*)Les cadres de partis111(*) sont dans cette optique les plus en vue, d'autant plus qu'ils sont dans la majeure partie des cas, les contributeurs desdites réalisations. Le RDPC étant le parti le plus représenté ici, nous y avons appuyé notre analyse. Chaque descente sur le terrain représente pour ces acteurs une occasion d'aller au contact des populations, d'user du mobil de la descente (meeting, visite à un village précis, offre de dons, etc.) pour une opération de « séduction », soit de consolidation ou de recherche de légitimité, non seulement pour le parti, mais aussi et surtout en latence, pour leur propre compte.

Ces modes d'actions des élites sont identiques en ce qui concerne les différentes interventions économiques et sociales de l'Etat dans la localité. En réceptionnant un projet par exemple, l'élite impliquée (maire, député ou sénateur, entre autres) en profite pour mettre en valeur son image en récupérant d'une manière quelconque autant de légitimité possible. De ce fait, « Les élites urbaines mobilisées par le parti roulent pour leur propre compte même si, à travers leurs actions participent au développement de la localité »112(*)

La construction du nouveau marché de Zoétélé par la commune en partenariat avec le FEICOM113(*) entre 2012 et 2013 a été récupérée par les partisans de MENGUE NKILI, alors maire de Zoétélé. Cette réalisation a d'ailleurs été mobilisée par cette dernière pendant la campagne électorale liées aux municipales de 2013. Une certaine partie de la population interrogée lors de nos enquêtes de terrain est d'ailleurs persuadée que ce marché est une réalisation personnelle de l'ancien maire. C'est dire l'impact des ressources dites para-institutionnelles dans le processus de légitimation des élites urbaines dans l'arrondissement de Zoétélé. Médard et Faure soutiennent ainsi que « l'Etat est un capital dont il s'agit de tirer un maximum de profits ».114(*) Au demeurant, l'action des élites ici est, du fait d'une recherche incessante de légitimité, motivée par un « esprit de la rente »115(*) ; l'exploitation de diverses ressources dont des ressources institutionnelles et para-institutionnelles.

SECTION 2 : CONCURRENCE POLITIQUE ET LUTTES FACTIONNELLES

D'après Luc SINDJOUN, « on ne peut pas envisager la démocratisation indépendamment de la domination ».116(*) En effet, la dimension liée à l'aspect de la domination constitue l'un des catalyseurs des dynamiques politico-bigmaniaquesinhérentes à la démocratie, surtout dans sa dimension concurrentielle des sphères politiques abstraites. La concurrence politique suscitée par la quête de légitimité basée sur le bigmanisme est de nature à multiplier les niveaux de compétitions et à mettre en situation de concurrence les différents acteurs engagés. Comme dans toute société consacrant le libre accès à l'activité politique, les entrepreneurs politiques mobilisent tous les moyens à leur portée pour non seulement s'imposer face aux adversaires, mais aussi pour rendre pérenne leur domination dans le champ politique donné.

En ce qui concerne les différentes luttes factionnelles liées au jeu politique, force est de constater que celles-ci ont lieu à des niveaux multiples et dépendent généralement des enjeux sociopolitiques, économiques et culturels des espaces politiques concernés. Une constante demeure certaine, les entrepreneurs de la chose politique se livrent des batailles directes ou latentes visant à se positionner au mieux, voire au détriment des autres. De ce fait, l'idée du souci de s'ériger en figure dominante écrasant toutes concurrences117(*) conduit les élites urbaines, dans le cas de l'arrondissement de Zoétélé à demeurer dans une dynamique de compétition constante, mettant en exergue leur capital social et symbolique. Tant en période électorale qu'en période non électorale.

En période électorale, nos analyses s'attarderont non seulement sur les élections locales, mais aussi sur les élections présidentielles. Concernant la période ordinaire, il s'agira de mettre en exergue d'autres niveau d'affrontements entre les différentes factions et notamment leurs leaders.

Paragraphe 1 : En période électorale

Les périodes électorales sont particulièrement houleuses à Zoétélé. Les différents acteurs mobilisent tous les moyens à leur portée pour s'imposer. Il en est ainsi des logiques dites bigmaniaques qui caractérisent les comportements politiques de la plupart des acteurs impliqués. Dans un environnement politique animé par des concurrences de factions, de constantes rancoeurs politiques, il règne une atmosphère concurrentielle quasi incessante. Le positionnement politique pour les élites urbaines et les grands hommes n'est pas une aubaine offerte.

Les luttes de factions se caractérisent généralement par l'importation dans le champ politique des querelles et rivalités souvent nées sous d'autres auspices. Lesdites luttes factionnelles constituent de véritables pierres d'achoppement pour de nombreuses élites. A titre d'illustration, évoquons les dernières élections municipales du 30 septembres 2013 ayant opposé deux listes du RDPC dont les têtes de listes furent Mmes Pauline MENGUE NKILI, maire sortant d'une part, et Odile NGBWA d'autre part. Ces deux candidates se sont livré une concurrence farouche, soutenues par leurs différentes factions. La première, comptant dans ses rangs certains chefs traditionnels et des membres du clergé. Tandis que la seconde était alliée à certaines élites urbaines dont MEBE NGO'O alors ministre de la défense, entre autres. En fait, tel que le soulignait Léopold Clovis Noudjio : « Alain MebeNgo'o nourrirait l'ambition de placer ses affidés politiques comme candidats investis du RDPC et compte sur son poids gouvernemental [...] pour atteindre son objectif. Contrairement à l'autre camp où l'actuel maire MengueNkili [dont] la conviction s'appuie non seulement sur les populations, mais aussi [sur le soutien du] pasteur Ngomo Simon Pierre ».118(*) Cette ponctuation électorale ayant vu la défaite de MENGUE NKILI, elle aura néanmoins été l'apogée d'une concurrence locale de longues dates entre ces différents belligérants.119(*)

A côté de ces municipales, d'autres luttes de factions seront enregistrées lors du renouvellement des bureaux des organes de base du RDPC dans le même arrondissement entre le premier aout et le 10 décembre 2015. Lesdites luttes seront marquées du sceau d'une violence particulière et inédite dans cette localité avant et après le scrutin.

Avant le scrutin, l'arrondissement a été frappé par de nombreuses contestations et crises. A propos des contestations, nous avons par exemple le cas de Mme EBANGA Isabelle, dont le nom a été insidieusement retiré de la liste dont elle faisait partie sans explications aucune. En effet, cette dernière, jusqu'à lors secrétaire de la sous section OFRDPC de Zoétélé-ville aura démissionné de son poste pour en briguer un autre au bureau de la section OFRDPC. Grande sera sa surprise de constater quelques temps avant le scrutin qu'elle ne faisait plus partie de la liste collective qui pourtant se voulait consensuelle. Plus grave encore, elle verra s'ajouter à la liste trois nouvelles candidates en situation irrégulière. Mme EBANGA saisira ainsi M. EVINA OBAM Richard, président de la commission électorale de section Dja et Lobo 2 (Zoétélé) en ces termes : « Je viens de constater sur la liste le cumul de deux militantes qui occupent des places dans leurs sous-section d'origine. Il s'agit de Avezo'oAmougou qui occupe un poste dans son Comité de base à Ngolbang, Mbengono Cécile même chose. Or les dispositions du règlement interne de notre parti interdisent les cas de cumul »120(*) Face à cette requête, le président de la commission reportera le scrutin initialement prévu au 14 Novembre 2015 à une date ultérieure, afin d'éclaircir la situation.

A propos des noms additifs ayant remplacé celui de Mme EBANGA et faisant objet de contestations, il y a Mme MBENGONO Cécile, délégué aux conflits et aux organisations spécialisées à la sous section de Mekak-ngougoumou ; Mme AVEZO'O AMOUGOU délégué à la communication du comité de base OFRDPC de Ngolbang ; Mme MEYABEME ZANG, présidente de la cellule OFRDPC d'Elang. Ces dernières étaient en même temps candidates à leurs propres successions dans les listes de leurs sous bureaux respectifs et candidates sur la liste collective de la section OFRDPC Dja et Lobo 2.

Mme EBANGA soulignait par ailleurs le fait que tous les clans de la localité n'étaient pas représentés sur la liste querellée, notamment son clan, les MvogZomo, conformément auxindications du comité central du RDPC qui voudrait qu'il soit tenu compte d'un équilibre clanique au niveau de chaque liste.

Au demeurant, la liste querellée sera élue avec à sa tête Mme EKOTTO Adeline, et comme vice présidente, Mme NGBWA Odile (par ailleurs maire de Zoétélé et membre de la commission électorale liée à ces élections). Certains militants interrogés diront que cette dernière, de connivence avec la présidente élue, serait à l'origine des tripatouillages de la liste ayant conduit à l'exclusion de Mme EBANGA, avec qui elle ne serait pas en harmonie du fait de sa sympathie à une certaine période avec Mme MENGUE NKILI, d'autres par contre affirmeront le contraire. Mme NGBWA d'après ces derniers serait celle qui aurait suggéré à la candidate malheureuse de briguer un poste à la section, au regard de son dynamisme.121(*) A l'observation, il ne s'agit là que des points de vus de sympathisants de l'une ou de l'autre faction.

Quant aux tensions post électorales, notons qu'une vague de violence a traversé l'arrondissement de Zoétélé après la publication des résultats renouvellement des organes de base du RDPC. En exemple, nous avons le cas de Mistral Geogien ZOMO, ancien conseillé municipal et candidat malheureux à ces élections dont la concession a été assaillie par des inconnus armés de machettes la nuit du 9 au 10 février 2016. Ne l'ayant pas trouvé, ils ont menacé sa famille avant de disparaitre, promettant de revenir. A coté de ce cas, il ya celui de ELONG ABESSOLO, proche de Marc ESSAMA, candidat malheureux à la présidence de la section OJRDPC122(*), qui déposera une plainte à la brigade de gendarmerie de Zoétélé le 18 novembre 2015 pour agression à son domicile à 02 heures du matin dans la nuit du 15 au 16 novembre par deux inconnus cagoulés. D'autres cas de violence seront enregistrés après ces élections, dénotant du degré d'adversité ambiant suscité par des concurrences politiques à Zoétélé. Ces différentes situations contribuent ainsi à entretenir des rancoeurs entre certaines élites urbaines, mais aussi entre leurs factions.

Les luttes de positionnement, fruits de désillusions, entre les entrepreneurs politiques dans l'arrondissement de Zoétélé se traduisent aussi en période électorale par des consignes et contre-consignes de votes123(*) que s'opposent les différentes élites urbaines pendant les campagnes électorales. Il s'agit d'une forme de déstabilisation des concurrents sous forme de dénonciation, d'incitation de l'électorat à accepter les dons et cadeaux électoraux desdits concurrents, comme étant une restitution légitime de ce qu'il aurait dû recevoir depuis. Ce faisant, les concurrents incitent ledit électorat à voter non pas pour leur adversaire, mais contre ce dernier en guise de sanction.124(*)

Paragraphe 2 : En période non électorale

Les périodes électorales se caractérisent par des effervescences particulières à Zoétélé. Il s'agit des différentes manifestations liées aux campagnes électorales et autres luttes de factions pour un rayonnement politique des différents acteurs. Cependant force est de constater que les concurrences politiques et lesdites luttes factionnelles continuent une fois les périodes électorales révolues, prenant une forme latente et se manifestant sous d'autres aspects tels que l'aspect socioculturel et symbolique, entre autres.

Le transfert des concurrences politiques dans les sphères socioculturelles et symboliques se manifeste par une invasion des structures traditionnelles locales porteuses de valeurs. Les élites urbaines sont les plus engagées dans ces processus qui pour eux, représentent un autre enjeu de positionnement et de confortation positionnelle, de même que l'aspect symbolique qui les entoure. En effet, « Les dirigeants doivent justifier leur puissance et leurs privilèges, non seulement par l'abstraction du droit, mais surtout en éveillent des émotions, des passions politiques qui sous-entendent l'acceptation par les citoyens du pouvoir [...] De ce fait, les élites politiques et administratives émettent des discours, des symboles et des mythes par un processus plus ou moins ritualisé en vue d'assoir leur légitimité ».125(*)Cette assertion souligne la place du symbolisme dans la vie politique. Les aspects socioculturels et symboliques sont de ce fait incontournables, voire inhérents au domaine politique à Zoétélé. La ritualisation du pouvoir politique consolide, dans une certaine mesure, les acquis en termes de légitimité et de capital social et politique.

Les aspects matériels et financiers comptent certes, mais la dimension symbolique consacre davantage en termes de légitimité et de capital social.« Le dépôt de roses rouges sur les tombes de quelques héros français [dont jean Moulin, Victor Schoelcher et Jean Jaurès] au panthéon par François Mitterrand après son élection n'est pas qu'un simple hommage anodin ; il s'agit bien là d'un acte dont la valeur symbolique est porteuse de sens ».126(*) Elsa Clairon souligne à ce propos qu' « il fallait une cérémonie très solennelle pour démontrer quele Président [nouvellement élu] de la gauche était prêt à tutoyer les plus grands héros de la République, que les socialistes étaient aptes à gouverner, qu'ils n'avaient pas peur du rituel, de la grandeur qui [...] accompagne l'exercice du pouvoir. »127(*) De cette lecture, il appert que la dimension symbolique du pouvoir est d'une importance primordiale, d'autant plus qu'elle contribue du processus de légitimation des dépositaires d'autorité et de pouvoir. C'est dans cette perspective que les élites en général se ruent sur des symboles et les positions porteuses de ces derniers. C'est ainsi que dans le contexte de l'arrondissement de Zoétélé, la plupart des élites urbaines occupent des fonctions de notabilités traditionnelles.

Nombreux sont ceux qui s'improvisent dépositaires des traditions et connaissances ancestrales et se battent pour accéder à un quelconque titre de notabilité, quand bien même aucun membre de leur famille ni de leur lignage n'a jamais occupé de telles fonctions ; « en explorant les origines des uns et des autres ici, on constate ahuri qu'aucun de ces chefs n'est descendant d'un véritable chef. De qui sont-ils fils ou arrière petits-fils ? »128(*)En réalité, il s'agit là d'une autre course vers des positions permettant d'accroître plus facilement leur capital social au sein des populations locales ; capital social convertible en légitimité politique, ou encore consolidant la légitimité politique et le statut de dominant que confère la consécration politique. Pour ces élites urbaines, l'accession à des titres de noblesse représente aussi un lieu de rayonnement positionnel ; « plusieurs hautes personnalités de cette aire culturelle [région du sud] usent de leur position au pouvoir pour s'imposer comme chefs dans leurs régions d'origine, au mépris des dispositions légales »129(*).

Une réalité demeure certaine, la quête des postes d'autorités traditionnelles par les élites urbaines s'inscrit d'abord dans la dynamique du positionnement politique, bien que pouvant se justifier dans un cas ou un autre par l'argument vocationnel. Véritable phénomène à la mode, la chefferie traditionnelle et les fonctions connexes procurent un avantage certain au regard de la course vers ces derniers par les élites urbaines ; notamment dans l'arrondissement de Zoétélé, preuve qu'elle est porteuse de profits symboliques et politiques. La capacité de drainer, de rassembler les foules autour du chef, de le mettre « au-dessus de la mêlée », de lui conférer de l'autorité et des prérogatives traditionnelles et coutumières en font un élément stratégique du point de vue politique ; une véritable passerelle vers les cimes de la vie politique locale. C'est ainsi que l'arrondissement de Zoétélé compte des chefs traditionnels dont entre autres leurs Majestés Martin BELINGA EBOUTOU chef du village Nkilzok, Jean Jacques NDOUDOUMOU chef du village Mvoutessi, le sénateur Calvin ZANG OYONO chef du village Nsimi. 

CONCLUSION

Plusieurs éléments caractérisent la vie politique dans l'arrondissement de Zoétélé en termes de recherche de légitimité politique et de concurrence politique auxquelles sont liées des luttes factionnelles. La mobilisation du capital social et des ressources diverses par les élites urbaines et les grands hommes en quête de légitimité ici est un fait, tout comme les batailles houleuses, apogées des luttes factionnelles en périodes électorales. Enfin le transfert desdites concurrences vers des aspects symboliques en périodes non électorales se caractérisant par un souci de positionnement des élites urbaines et autres grands hommes à des postes de notabilité traditionnel.

CONCLUSION PARTIELLE

La démarche adoptée dans cette partie consistait à faire une économie des différentes trajectoires de déploiement du bigmanisme concurrentiel à travers la recherche du capital social par les élites urbaines et les grands hommes, entrepreneurs politiques en premier essor, ladite recherche du capital social mettant en branle les élites bureaucratiques d'une part, et les entrepreneurs économiques d'autre part. Ce capital social permettant à ces différents acteurs de se positionner en termes de recherche de légitimité politique tel que nous l'avons vu en second lieu ; une recherche de légitimité marquée par des concurrences politiques et des luttes factionnelles. Force est de constater qu'il existe en effet plusieurs niveaux de compétitions politico-bigmaniaques en période électorale, marquées par des affrontement houleux, tout comme en période non électorale où la concurrence est plus latente, marquée par des courses de la plupart des élites urbaines et les grands hommes vers l'accroissement de leur capital à travers des facteurs socioculturels et symboliques. 

DEUXIEME PARTIE :

IMPACT SOCIOPOLITIQUE ET ECONOMIQUE DE LA RECHERCHE BIGMANIAQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE

Analyser la portée de la recherche bigmaniaque par les élites urbaines dans l'arrondissement de Zoétélé constituera l'essentiel de la présente partie de notre travail. Etant établi que les élites urbaines mobilisent plusieurs ressources pour s'imposer tant symboliquement que politiquement, ceci dans une dynamique concurrentielle quasi incessante, il apparait opportun de questionner l'impact de cet activisme chercheur de légitimité. Il s'agira d'une part d'évaluer La portée du jeu politique concurrentiel lié au bigmanisme, de mettre en lumière les retombées politiques de ce phénomène à plusieurs niveaux à Zoétélé (Chapitre 3). D'autre part, il sera question de faire une économie de l'impact véritable de la quête bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé, du point de vue socioéconomique (Chapitre 4) afin d'éprouver l'idée selon laquelle la population (dont l'électorat) ne serait qu'une « paysannerie capturée »,130(*) au profit des élites urbaines en quête de positionnement politico-hégémonique.

CHAPITRE 3 :

DE LA PORTEE POLITIQUE DE LA QUETE BIGMANIAQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE

Si « l'Afrique noire, c'est toujours l'échange : un univers où dons et contre dons, accumulation et redistribution constituent la colonne vertébrale des mécanismes de légitimation du pouvoir »,131(*) le constat selon lequel la stratégie « redistributive »apparait quasi infaillible est évident. Grâce à cette stratégie, de nombreuses élites accèdent à la consécration politique. Comme dans tous champ de compétition électorale132(*), les retombées sont diverses ; tant du point de vue individuel que collectif. Notre travail en ce chapitre consistera à effectuer une analyse des dites retombées et réussites politiques ou consécrations.

Parler de retombées politique ici nécessitera une certaine classification. La consécration ou réussite politique ici se mesure à plusieurs niveaux. Le premier niveau de réussite est lié à la formation politique pour laquelle l'élite urbaine milite, c'est-à-dire une victoire de groupe, soit, celle du parti en l'occurrence (section 1). Le second niveau de réussite représente une victoire individuelle (fruit des différents efforts personnels, investissements privés, mise en exergue ou mobilisation du capital social et implications multiples pour le parti) ; il s'agit d'une part de la consécration d'une élite à un poste électif, et d'autre part du maintien à son poste ou de la promotion d'une élite dans la haute administration publique au sein de l'Etat (section 2). Nous mentionnerons un troisième niveau de réussite ayant une double nature dite individualo-groupale, consacrant en même temps le parti, les individus et la communauté, soit les factions (section 3).

SECTION 1 : UN EFFET DE CONSOLIDATION DE LA DOMINATION PARTISANE

Questionner les retombées politiques de la quête bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé en ce qui concerne le parti le plus représenté ici, à savoir le RDPC passera par une double analyse basée sur le cas des élections présidentielles de 2004, et sur des cas d'élections locales mettant en exergue les dites retombées.

Paragraphe 1 : De larges plébiscites comme portée politique de la quête bigmaniaque : le cas du RDPC aux élections présidentielles de 2004

Les élections présidentielles de 2004 ont été une occasion de démonstration de la domination effective d'un parti grâce au bigmanisme à Zoétélé. En effet, la forte victoire du RDPC en l'occurrence a été le produit d'une grande implication des élites urbaines et des grands hommes, membres de ce parti auxdites élections. Arrivé en tête du scrutin présidentiel (soit 99,59%) devant les partis adverses.

En ce qui concerne l'implication des élites urbaines dans les processus bigmaniaques ayant abouti à ce plébiscite, il s'agit de la somme des investissements desdites élites dans la localité au fil des années et au moment de la campagne électorale. En 2004 à Zoétélé, ces différentes réalisations ont été mobilisées par les élites pour montrer à la population tout ce qu'elle avait gagné grâce à leur champion133(*). Présentant à la moindre occasion, la longue litanie des avantages liés au soutien de ce champion-là à travers leurs voix. Les différents investissements, réalisations et dons sont à l'observation, comme un gage de victoire pour les partis politiques dans ce contexte, face à la population. Cette dernière serait plus ou moins « [une ressource politique], voire une force sociale non négligeable, qu'il faut contrôler et manipuler ».134(*) C'est dans cette perspective « que les élites urbaines entreprennent des relations de proximité avec les couches sociales à la base »135(*) puisqu'elles doivent obtenir « l'apathie des sujets à leursujétion ».136(*) Il appert de ce fait que les investissements dans la localité représentent un moyen non seulement d'accession à la légitimité, mais mieux encore, une assurance d'une certaine redevance de ladite localité. D'où les différentes mobilisations de leurs faits par élites urbaines en période électorale, dans l'arrondissement de Zoétélé.

Par ailleurs, dans le cadre des élections présidentielles de 2004 au sein de l'espace politique de Zoétélé par exemple, la mobilisation des faits et réalisations par les élites urbaines, membres du RDPC consistait à gagner des voix pour leur candidat. La quête de victoire dans l'intérêt du parti primait alors sur la « quêtebigmaniaque » ordinaire consistant pour ces élites à se livrer concurrence les unes aux autres, bien que ladite concurrence demeurait latente. Certes, il s'agissait pour ces élites de se positionner à travers leur activisme lors de la campagne liée à cette échéance électorale, bien que s'activant pour une victoire dans laquelle elles ne siégeaient pas aux premières loges en termes d'intérêts. En effet, il s'agissait pour certaines de ces élites urbaines, de s'attirer les faveurs du champion de leur parti en cas de réélection, pour d'autres il s'agissait de se maintenir ou bien de préserver leurs positions, soit dans le gouvernement, soit dans la haute administration publique ou parapublique ; pour d'autres encore il s'agissait de revenir dans les bonnes grâces du Président, toute chose qui les sortirait d'une lointaine déchéance. A cet effet, « la nomination à un poste de responsabilité et surtout le maintien d'un responsable n'est plus l'expression de la récompense professionnelle, mais raisonnablement l'issue heureuse du dynamisme politique de ce dernier surtout à la faveur du parti au pouvoir ». 137(*) Cet état des choses se justifie davantage au regard de la réaction des différentes élites, membres du RDPC après une campagne présidentielle victorieuse ; il en est de même pour celles de l'arrondissement de Zoétélé, tel que le décrit si bien Jean Claude Fogno après la proclamation des résultats des présidentielles d'octobre 2011 : « quelques heures seulement après la proclamation des résultats par le président de la cour suprême, Alexis DipandaMouelle donnant Paul Biya vainqueur [...] les premières litanies de félicitations ont commencé à pleuvoir comme ce fut le cas avec les appels à candidature de Paul Biya à la veille de l'élection présidentielle. Les élites du Dja et Lobo II, réunies à Zoétélé sont parmi les premières sections RDPC à adresser le message de félicitations au candidat présenté comme « le choix du peuple ». Les [...] chefs traditionnels ainsi que Martin Belinga Eboutou, directeur du cabinet civil à la présidence de la République, Edgar Alain MebéNgo'o, Rémy ZéMeka, ancien ministre de la défense en quête de positionnement et Jean Jacques Ndoudoumou de l'agence de régulation des marchés publics espèrent une récompense pour leur performance de 9,535% contre 99,59 obtenus en 2004. Ce qui les place à la tête des meilleurs scores par département ».138(*) Ce « rituel  d'adoubement » est en effet la démonstration de l'attente de « prébendes » liées aux efforts fournis en tant qu'élite urbaine militante dans terroir pour son candidat. D'où l'obsession pour ces élites de faire de l'électorat une entité acquise à leur parti.

Paragraphe 2 : Une consécration du parti lors des élections locales

La plupart des candidats aux élections locales à Zoétélé sont partisans du RDPC en général, il s'agit des big men, des élites bureaucratiques reconverties en politique, des entrepreneurs économiques. Ces différents acteurs ont en commun la recherche bigmaniaque dont les retombées sont mises en valeur lors des élections au profit du parti. Aussi, il importe de relever que lorsque les candidats aux élections ne sont pas des big men ou des grands hommes, ils sont néanmoins soutenus par ces derniers qui pour la plupart entretiennes des factions et influencent le jeu politique. De ce fait, le poids du RDPC lors des élections locales demeure grand dans la mesure où la population locale dont l'électorat, suit les big men et ceux qui peuvent leur apporter du profit. A cet effet les autres partis dont le MDR et l'UNDP ont du mal à se positionner au regard de cette configuration de l'échiquier politique. Le RDPC et, notamment ses différentes factions régnant sans partage sur dans cette localité, les unes et les autres se partageant à tour de rôle les postes électifs en jeu au rythme de leurs affrontements, mais à la gloire de leur parti qui demeure rayonnant grâce à l'activisme des différents belligérants. Le cas des factions rivales mettant en opposition MENGUE NKILI et Odile NGBWA en est un exemple des plus illustratifs.

Cette consécration quasi systématique de ce parti est donc le fruit du bigmanisme des acteurs politiques qui drainent leurs factions et donc l'électorat dans leur parti de préférence.

SECTION 2 : PORTEE POLITIQUE DE LA QUETE BIGMANIAQUE SUR LES ELITES

Le bigmanisme politique, notamment dans son aspect concurrentiel ne trouve son véritable sens que dans la mesure où il produit des effets favorables pour ses adeptes. Notre but dans cette section est de montrer la portée politique dudit bigmanisme à la faveur des élites urbaines, entre autres, dans l'arrondissement de Zoétélé. Dans un premier temps nous montrerons la consécration des élites urbaines et bureaucratiques en termes de promotion ; ensuite, nous mettrons en exergue la consécration électorale de certains de ces acteurs.

Paragraphe 1 : Promotion des élites urbaines et bureaucratiques : un feedback favorable

Les élites urbaines et bureaucratiques impliquées dans la vie politique de l'arrondissement de Zoétélé trouvent en leur activisme des prébendes et des avantages divers qui dénotent de l'efficacité de la quête bigmaniaque comme stratégie dans l'entrepreneuriat politique.

Le plébiscite du RDPC dans cette localité aux élections présidentielles de 2004 a été suivi par un feed-back favorable pour les élites urbaines et surtout bureaucratiques, feedback symbolisant une victoire individuelle pour chacune des élites récompensées. En effet, les multiples nominations des fils de cet arrondissement dans le gouvernement et à de hautes fonctions de responsabilités au sein de l'Etat auront été, à l'observation, la consécration des logiques bigmaniaques comme mode de recherche de positionnement politique au Cameroun en général, et dans l'arrondissement de Zoétélé en particulier. Au demeurant, cette forte implication des élites urbaines dans le jeu politique au sein de cet arrondissement se justifie par le fait qu'un score négatif serait mal vu par la hiérarchie du partie, et, notamment par le candidat en lice ; toutes choses qui compromettrait les différentes prébendes et autres récompenses de toutes natures escompté par ces élites. « Le statut d'élite devient [ainsi] un business qui assure une insertion dans la classe politique locale ou nationale ».139(*)

En ce qui concerne les différentes « récompenses » sus mentionnées, notamment la promotion de certaines élites et le maintien aux affaires des autres, nous avons entre autres Martin BELINGA EBOUTOU (directeur du cabinet civil de la Présidence de la République) ; Rémy ZE MEKA (ministre de la défense) ; Polycarpe ABAH ABAH (ministre des finances) ; Edgard Alain MEBE NGO'O (délégué général à la sureté nationale) ; Jean Jacques NDOUDOUMOU (directeur général de l'agence de régulation des marchés publics), etc.

Ces différentes consécrations représentent un véritable sésame ouvrant les portes de la « gloire » politique sous le prisme politico-administratif, aubaine issue du pouvoir discrétionnaire présidentiel140(*). Dans le cas d'espèce, ladite nomination symbolise généralement « la récompense» d'un activisme politique avéré du promu au profit du parti au pouvoir. En effet, l'entrepreneuriat politique dans cette localité s'articule autour de plusieurs enjeux dont deux principaux, en termes de légitimation. Le premier, obtenir de la légitimité politique pour le parti. Le second, faire l'objet d'une nomination en guise de récompense des « efforts » effectués ; ladite nomination ayant la particularité de promouvoir même les élites les plus désespérées dans le La ruée des élites urbaines vers le parti politique au pouvoir trouverait ainsi l'une des multiples explications applicables et vérifiables à cet effet. Il s'agit d'une double opportunité de positionnement que recherchent au final lesdites élites. Dans un premier temps, c'est la recherche d'un capital social et symbolique ; dans un second temps, l'accès à des positions offrant un accès aux affaires publiques, soit, à des ressources institutionnelles leur permettant de ce fait de consolider la bonne marche de « leurs affaires » ; J.F. Bayart soutient de ce fait que « l'accès au pouvoir d'Etat [....] est également l'accès aux ressources matérielles et morales de cet Etat ».141(*) D'où le caractère quasi incessamment interférentiel des « logiques politiques et [des] logiques économiques »142(*) dans l'environnement politique de l'arrondissement de Zoétélé. Ainsi, plus qu'un simple engagement militant, l'investissement dans le champ politique et, notamment dans le parti politique au pouvoir est pour les élites urbaines de cette localité, un moyen de quête de légitimité à double effet.

Paragraphe 2 : Consécration électorale des élites comme portée politique de la quête bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé

La consécration électorale représente la réussite suprême pour les entrepreneurs de la chose politique, notamment au niveau de la localité de Zoétélé. Accéder à un poste électif ici est le but recherché et nourrit par de nombreuses élites. Le caractère houleux des compétitions politiques tant en période électorale qu'en période non électorale. Une fois encore, la recherche bigmaniaque dans cette localité se trouve au centre de ces performances politiques. En effet il est très difficile de se faire élire dans l'arrondissement de Zoétélé sans toutes fois recourir à des logiques bigmaniaques, « tous les maires qui ont été élus ici à Zoétélé ont d'abord prouvé qu'ils peuvent « supporter » cette fonction »143(*)nous confiera un conseiller municipal, il ajoutera ensuite que « même au niveau des postes des organes de bases du parti, il n'y a que les « forts » qui sont élus, les autres se font éliminer ».Il apparait évident que le niveau de compétition est assez élevé dans cet arrondissement, ce qui fait de l'accès à des postes électifs un véritable exploit.

Se hisser à un poste électif à Zoétélé nécessite quasi systématiquement la mobilisation des logiques bigmaniaques, et à l'observation, ces dernières sont porteuses de résultats politiques favorables ; l'élection de certaines élites est à ce propos une parfaite illustration de ces trajectoires. Le cas de Pauline MENGUE NKILI en est un des plus illustres. Enseignante, puis entrepreneur économique, elle a su se faire une place de choix sur l'échiquier politique local à grâce à la quête bigmaniaque et a, en fin de compte été élue maire ; poste qu'elle perdra cependant après deux mandats au profit de Odile NGBWA, membre d'une faction adverse hissée à ce poste grâce aux mêmes logiques que sa concurrente de toujours.

L'arrondissement de Zoétélé est pour ainsi dire un espace politique où la quête bigmaniaque permet effectivement aux entrepreneurs politiques d'accéder à la légitimité politique, notamment à des postes électifs. Par cette consécration, ils reçoivent de la part de la communauté une invitation tacite à participer au forum très fermé et sélectif de l'élite politique. Dès lors, ils font parti de ceux-là qui jouent « un rôle immense, un rôle privilégié, parce que [ils ont] les loisirs de la fortune, de l'éducation et l'influence sociale »144(*) qui leur offrira d'avoir une « force qui [leur permettra] d'exercer [leurs] aptitudes au bénéfice de tous ».145(*)De plus, au-delà des éventuels clivages factionnels et politico-partisans, les élites consacrées ont face à elles, et avec elle la communauté toute entière. D'une part des membres de leurs factions, en attente d'une confirmation de cette réussite à travers de nouvelles redistributions ; des redistributions qui justifieront ainsi l'excellence de leur choix. D'autre part, des adversaires (l'opposition politique ou des concurrents politiques, etc.) en attente de la première erreur de la part des élus pour pointer du doigt d'éventuelles tares, et préparer ainsi une éventuelle revanche.

SECTION 3 : IMPACT POLITIQUE DE LA QUETE BIGMANIAQUE SUR LES DIFFERENTES FACTIONS

Etant avéré que la quête bigmaniaque permet à la plupart des entrepreneurs politiques et aux partis politiques qu'ils structurent d'accéder à la légitimité à Zoétélé, force est de constater que les factions auxquelles appartiennent ces acteurs politiques jouent un rôle primordial dans ce processus. Cependant, les logiques bigmaniaques n'étant pas mobilisables par tous les acteurs politiques, il appert qu'elles s'avèrent de ce point de vue, porteuse de disfonctionnements.

Paragraphe 1 : Hégémonie du parti et consécration des élites : Une victoire des factions

Les victoires du RDPC dans l'arrondissement de Zoétélé tout comme celles des élites qui y militent sont en grande partie boostées et garanties par les différentes factions actives dans cette localité. Cet état des choses implique une part de victoire à chaque faction dont un des meneurs est nommé à un poste ou bien élu. Les différentes factions sont en constante activité, presque toujours à pieds d'oeuvre pour le compte de leurs meneurs. A titre d'illustration nous nous attarderont sur le cas des deux factions les plus actives et les plus en vues ces 20 dernières années.

Les concurrences factionnelles à Zoétélé ces derniers temps ont mis en vitrine deux principales factions dont les leaders auront été d'une part Polycarpe ABAH ABAH, MENGUE NKILI et de façon quelque peu latente le pasteur NGOMO et le Dr MVIE MEKA, et d'autre part Edgar Alain MEBE NGO'O, Rémy ZE MEKA, Jean Jacques NDOUDOUMOU et le député EBANGA. Ces deux factions se sont menées une concurrence farouche dans laquelle la première prenait presque toujours le dessus au regard de ses victoires au plan local, notamment en ce qui concerne les organes de base du RDPC et surtout l'accès à la mairie de Zoétélé qui est un véritable symbole de domination d'une faction sur les autres dans cet arrondissement. En effet Pauline MENGUE NKILI aura été maire de 2002 jusqu'en 2013, échéance à laquelle la faction adverse prendra enfin le dessus à travers l'élection de Odile NGBWA. L'accès à la mairie, entre autres motifs de concurrence, constitue le pic des batailles factionnelles ici ; « qui contrôle la mairie contrôle Zoétélé » nous dira un militant du RDPC lors de la campagne électorale liée aux municipales de 2013. En effet, la plupart des maires élus à ce poste sont soutenus par des élites urbaines, notamment bureaucratiques, il s'avère ainsi que ces élites urbaines se retrouvent en concurrence à travers leurs factions et leurs candidats, d'où le caractère houleux des débats politiques et de la prépondérance des logiques bigmaniaques et donc de la quête bigmaniaque à Zoétélé.

Par ailleurs, les factions sont certes menées par des élites et autres grands hommes mais il importe de relever la force que sont les militants de la base s'inscrivants dans l'une et l'autre faction. En effet, les « petits » courtiers qui entourent ces grands hommes représentent leurs bras séculiers en ce qui concerne plusieurs taches dont la propagande en leur faveur, la mobilisation des foules pour soutenir leurs factions, notamment lors d'échéances électorales, etc.

Il apparait donc que la quête bigmaniaque est porteuse d'un véritable impact politique au niveau des factions, elle est au coeur des luttes politiques impliquant ces dernières. Les dites luttes garantissent une certaine animation de la vie politique à Zoétélé tout comme elles relèvent le niveau des concurrences politiques, donnant ainsi vie à une certaine alternance au niveau de la mairie, et des bureaux des organes de base du parti auquel appartiennent la plupart des factions concurrentes dans cet arrondissement, notamment le RDPC.

Paragraphe 2 : Quête bigmaniaque et dysfonctionnement des factions et du RDPC à Zoétélé : l'éveil d'une nouvelle génération d'entrepreneurs politiques

L'environnement sociopolitique dans l'arrondissement de Zoétélé se caractérise par un monopole quasi systématique des élites urbaines. Leur hégémonie est incontestable. Cependant ladite hégémonie ne fait pas toujours l'objet de toutes les sympathies. En effet, les élites urbaines chapeautent et mènent, souvent à leur rythme, la vie politique dans la localité, laissant ainsi peu de place et moins de visibilité à une certaine catégorie d'entrepreneurs politiques, jeune en général. Cette catégorie de « cadet politiques », ou « sous-élite »146(*)se compose d'individus de professions diverses, d'enseignants, de jeunes entrepreneurs, de « petits » agriculteurs, etc. Bien que n'ayant pas les moyens et le charisme des élites urbaines, ceux qui constituent cette catégorie que nous qualifierons de nouvelle génération d'entrepreneurs politiques, s'activent au niveau de la base au sein des partis politiques présent dans la localité, dont le RDPC. Ces derniers sont des ouvriers d'un militantisme très porteur en termes de résultats et sont souvent au coeur des luttes factionnelles comme ouvriers. Ils se chargent de la propagande et de la mobilisation des populations quelques fois hésitantes ou boudeuses. Ces militants sont en quelque sorte les gardiens de la popularité des élites urbaines et du parti qu'ils soutiennent. Cependant, ces militants rencontrent de nombreuses difficultés à se faire une place de choix au sein de l'élite politique locale.

Les militants de la base éprouvent des difficultés à s'imposer dans la sphère politique locale pour plusieurs raisons dont entre autres, l'asymétrie des moyens de concurrence, ne possédant souvent que des idées, dans un contexte où la politique se résume encore « au manger » et au « boire », soit, à des élément de conviction plutôt matériels qu'idéologiques.147(*) Ensuite, leur statut de suiveurs semble les réduire indéfiniment à jouer les seconds rôles. Tantôt courtiers chez les élites urbaines et les big men, tantôt animateurs lors des meetings politiques. Frustrée par son incapacité à sortir de la domination bigmaniaque des meneurs du jeu politique local qui tendent « à pérenniser leur positionnement et dans une certaine mesure, leur sédentarité »148(*) , incapable de tenir face à la concurrence, lorsqu'elle ose s'y engager, ne pouvant ni redistribuer à grande échelle, ni tutoyer véritablement les élites urbaines dont la renommée précède souvent l'entrée en politique pour la plupart ; cette catégorie de politiciens de « second rang » cherche sa voie à travers d'autres stratégies.

Cette nouvelle génération d'entrepreneurs politiques149(*) a pour principale démarche politique la revendication. En effet, dans l'environnement politique de l'arrondissement de Zoétélé, il règne depuis un certain nombre d'années, une atmosphère de revendications doublée de dénonciations. Les entrepreneurs politiques de la base se sentent exploités, cependant écartés au moment du profit, ou encore au moment d'accéder à des sphères porteuses de ce dernier150(*). C'est à cet effet que de plus en plus, entend on relever, notamment dans les rangs du RDPC, un certain nombre d'injustices. Du manque d'impartialité dans la redistribution des avantages politiques et autres prébendes issus du militantisme, à la non prise en compte des avis et doléances de tous, notamment de la base. Ces militants prétendent à un meilleur traitement et à plus d'estime, rebutent ainsi ce qu'ils qualifient d'abus des meneurs du parti qui ne sont autres que les élites urbaines. C'est à cet effet, que nous avons constaté de nombreuses agitations lors du dernier renouvellement des organes de base du RDPC dans la localité en décembre 2015. De nombreuses velléités d'émancipation de la base militante, en manque de visibilité et fatiguée d'évoluer à l'ombre des puissantes élites urbaines mais aussi et surtout, soucieuse de rompre avec les pratiques politiques qu'elle considère comme étant peu orthodoxes, comme le souligne si bien Jean-Marie Nkoussa : « Le département d'origine du chef de l'Etat et président national du RDPC n'est pas épargné par [les] contestations qui ont accompagné le renouvellement des organes de base du parti au pouvoirà travers le triangle national ».151(*)  « La ville de Zoétélé, arrondissement de ce département, [Dja et Lobo], est toujours empreinte à d'incessantes jérémiades et cris stridents des militants frustrés par les dysfonctionnements qui ont émaillé les élections dans leur circonscription, en dépit des plaintes et complaintes portées à l'attention de la commission départementale de supervisiondes élections [mais] sans issue. Au centre, des accusations de tripatouillages combinés au népotisme ».152(*) Ce mouvement de contestations fut créé par des disparitions mystérieuses de noms de certains militants tels que Mme Ebanga (OFRDPC), entre autres, en faveur d'une militante appartenant à l'une des factions dominantes et menée par une élite urbaine de l'arrondissement. Quelle que fut l'issue de cet épisode, il est avéré, au demeurant que les entrepreneurs politiques constituants la base émettent au fil du temps davantage de volonté de sortir de leur passivité servile pour se positionner en tant qu'acteurs politiques à part entières dans la localité. Et ce, malgré leur incapacité à mobiliser des logiques bigmaniaques ou encore à faire valoir des lauriers d'un quelconque capital social et symbolique.

CONCLUSION

Notons en guise de conclusion que la quête bigmaniaque est en effet porteuse d'effets politiques dans l'arrondissement de Zoétélé, tant en ce qui concerne la consécration, à plusieurs niveaux des différents acteurs impliqués dans le jeu politique ici, les élites, leur parti (RDPC) et leurs factions. Cependant, cette quête bigmaniaque suscite quelques dysfonctionnements, notamment à cause de l'hégémonie qu'elle consacre à une certaine catégorie d'entrepreneurs politiques, toutes choses qui implique des contestations de militants de la base constituant souvent la main d'oeuvre de ces élites urbaines et de leurs différentes factions.

CHAPITRE 4 :

IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE LA QUETE BIGMANIAQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE

Bien qu'étant un élément davantage mobilisé en politique, la quête bigmaniaque est aussi porteuse d'effets du point de vue socioéconomique. Au-delà des débats politiques, des batailles et rivalités divers, le facteur concurrentiel ou non du bigmanisme contribue à influencer plus ou moins cet arrondissement.

Le but du présent chapitre est de questionner l'apport socioéconomique de la redistribution sous le prisme du bigmanisme dans ses différentes dimensions (évergétisme, concurrence, etc.) dans l'arrondissement de Zoétélé d'une part (section 1), ensuite de montrer dans quelle mesure cet apport contribue à faire rayonner cette localité, bien que les rivalités entre les élites nuisent quelques fois la dynamique évolutive de ce développement d'autre part (section 2).

SECTION 1 : IMPACT DE LA QUETE BIGMANIAQUE SUR LE DEVELOPPEMENT DE L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE

Dans un contexte social, économique et politique marqué par l'impact de la crise économique et des effets de l'ajustement structurels des années 1990, l'Etat Camerounais s'est heurté à de nombreuses difficultés quant à la poursuite de son processus de développement153(*) face à son incapacité d'assurer son rôle d'Etat providence. C'est à cet effet que des personnes, dont des élites de divers horizons, disposant de ressources diverses se sont « appropriées » ce développement, contribuant ainsi à soutenir tant bien que mal l'Etat dans son périple vers la modernisation et le développement. S'activant davantage dans leurs terroirs, les élites urbaines entre autres, contribuent à influencer plus ou moins le progrès desdits terroirs.154(*)Il en est ainsi de l'arrondissement de Zoétélé où les élites urbaines influencent la dynamique socioéconomique tant à travers un apport certain en infrastructures diverses que par l'influence de l'activité économique, grâce à leurs investissements.

Paragraphe 1er : Un apport infrastructurel non négligeable

Le bigmanismesous toutes ses formes dans la localité de Zoétélé est porteur d'une certaine influence sur le développement infrastructurel. Autrefois un petit village, cette localité érigée en district en 1958, puis en arrondissement en 1962 a connu un développement plutôt lent. Comme la plupart des villes de cet acabit, Zoétélé a évolué, du point de vue infrastructurel dans ses premières années après sa création au rythme des infusions de l'Etat, autrefois seul pourvoyeur d'infrastructures et seul véritable contributeur au développement social et économique. Cette exclusivité sera amortie par la récession survenue dans les années dites de crise, soit vers le milieu de la décennie 1980. Dès lors, de nouveaux acteurs s'inviteront dans le processus de développement de l'arrondissement de Zoétélé, aux côtés de l'Etat dont l'action aura été plus ou moins limitée. En effet, « à côté de l'Etat qui avait jusque-là joué le rôle de principal et d'unique promoteur du développement local, des acteurs privés et autres organisations non gouvernementales se verront de plus en plus sollicités pour insuffler une dynamique nouvelle dans le processus de développement [...] ».155(*) Cet état des faits se consolidera par la libéralisation qui aura suivi cette situation de crise. C'est dans ce contexte qu'entreront en scène des acteurs tels que les élites urbaines souvent à cheval entre l'entrepreneuriat économique et l'entrepreneuriat politique, d'où l'aspect bigmaniaque lié à leurs investissements, dans la mesure politique.

Loin des contextes occidentaux où les politiques de développement des localités sont pensées et construites sur des bases mobilisationnistes des divers acteurs sociaux156(*) : mobilisation ayant pour objectif non seulement d'avoir une certaine maitrise des ressources disponibles (ou à pourvoir), mais aussi d'impliquer tous les différents acteurs au développement, le développement infrastructurel dépend des efforts diffus des divers acteurs privés, dont les élites urbaines. Ici, l'initiative desdites élites est de nature privée et généralement construite selon la totale liberté de l'initiateur, créant ainsi un développement quelque peu anarchique de la localité comme le souligne le Maire de Zoétélé, faisant état de l'étroitesse de la ville, liée à un développement non maitrisé : « L'endroit où est bâtie la ville en ce moment commence à être étroit. Il faut donc penser à reconstruire la ville ailleurs, [...] à la sortie. »157(*) Cela étant, on observe avec une certaine aisance des réalisations faites par des élites urbaines. Dans cette perspective, nous pouvons citer à titre d'exemple la menuiserie fort sollicitée par les populations locale mise sur pied par le sénateur Calvin ZANG OYONO, un site hôtelier établit par Rémy ZE MEKA, un site touristique aménagé par NDOUDOUMOU, un foyer ouvert pour accueillir les élèves venus des villages et d'ailleurs pour les études, oeuvre de MENGUE NKILI, etc.

Cependant, il est important de relever le fait selon lequel « bien que le [processus] de développement [fasse] intervenir une multitude d'acteurs sociaux »158(*), une grande partie de ces acteurs sont des élites urbaines ; souvent doublées du statut de big man, et du fait qu'elles soient dans une concurrence quasi incessante, ces élites font ainsi de l'opportunité du développement infrastructurel de l'arrondissement de Zoétélé « un lieu d'affrontement politique ».159(*) Au-delà des divers dons ponctuels (infrastructures et accessoires scolaires et sanitaires, etc.) que les élites urbaines offrent fréquemment à la localité, il est observable qu'elles participent effectivement à son développement infrastructurel.

Paragraphe 2 : Une influence certaine de l'activité économique de la localité

Le développement de l'arrondissement de Zoétélé est, comme dans la plupart des villes de la même envergure, dépendant d'un environnement socioéconomique dynamique et des infrastructures favorables à cette dynamique. A propos, l'apport infrastructurel lié à l'initiative privée joue un rôle non négligeable dans le processus de développement économique de cet arrondissement. En effet, les élites urbaines, de par leurs différents investissements, contribuent nettement, bien qu'à une échelle relative à l'observation, à influencer positivement l'activité économique de la localité. Parallèlement, bien que la majeure partie des élites urbaines ici évolue dans des initiatives isolées ou bien personnelles, force est de constater que certaines d'entre-elles animent et dirigent des groupes dits d'action locale. Un groupe d'action local doit être « composé[s] de représentantsdes intérêts socio-économiques locaux publics et privés, tels que les entrepreneurs et leurs associations, les autorités locales, les associations rurales ou de quartier, les groupes de citoyens, [...] les organisations communautaires et volontaires, etc. »160(*) Bien que ne remplissant pas tous ces critères, ces associations, sous l'impulsion (généralement) des élites urbaines, oeuvrent, de par leurs activités, au rayonnement de l'activité économique. Parmi ces groupes, citons par exemple Le RESHOFEZ161(*) mis sur pied il y a plusieurs années par Odile NGBWA, entourée de nombreux investisseurs locaux dont des agriculteurs pour la plupart. Composée essentiellement de GIC et de quelques investisseurs indépendants, cette association s'active particulièrement dans l'accompagnent financier (par l'octroi de microcrédits ou alors la facilitation de leur obtention dans une micro-finance pour les demandeurs), logistique et en encadrement divers (conseils, écoulement des produits sur le marché, etc.) de ses partenaires, mais aussi dans l'investissement agricole. Bien qu'ayant une portée relative, cette association contribue au développement de l'activité économique de la localité.

Au-delà des initiatives en synergie telles que des groupes d'action locale, l'investissement personnel représente le type d'entrepreneuriat économique le plus répandu dans l'arrondissement de Zoétélé. En effet, l'environnement économique ici est dans sa grande partie impulsé par le secteur agricole. De ce fait, on observe une multiplicité de plantations, palmeraies, bananeraies, ananeraies, entre autres, appartenant à des élites urbaines. Cependant, bien que les produits issus de ces investissements ne soient quasiment pas écoulés dans l'arrondissement, mais plutôt exportés vers d'autres marchés, il importe de souligner l'offre en termes d'emplois tant ponctuels qu'à durée indéterminée que créent ces élites urbaines à travers leurs investissements. A côté de l'activité économique agricole, d'autres investissements liés au tourisme et au transport interurbain meublent l'environnement économique au sein de l'arrondissement. Ainsi, bien que «les élites urbaines [...] roulent pour leur propre compte, celles-ci, à travers leurs actions participent au développement de la localité ».162(*)

Par ailleurs, il serait opportun de souligner le niveau d'influence quelque peu relatif de l'activité économique ici, concernant les investissements des élites urbaines par rapport au véritable potentiel économique de ladite localité. En effet, au-delà des différentes initiatives permettant à la localité de jouir d'un certain nombre d'infrastructures, « les élites pourraient mettre en valeur tout le potentiel économique dont jouit notre arrondissement. Le secteur du tourisme est très peu exploité, aussi, la plupart investissent dans les mêmes secteurs, comme l'agriculture alors qu'ils peuvent exploiter d'autres secteurs et mieux développer l'arrondissement»comme le soulignait si bien un patriarche lors de nos enquêtes.

SECTION 2 : QUETE BIGMANIAQUE : LE PARADOXE D'UN FACTEUR DE DEVELOPPEMENT SOURCE DE SON PROPRE BLOCAGE

Du fait de son impact sur le développement socioéconomique de l'arrondissement de Zoétélé, la quête bigmaniaque contribue à son rayonnement. Cependant, si l'idée d'une légitimation politique par la redistribution et le bigmanisme sous ses multiples formes est assez développée et démontrée par de nombreux auteurs163(*), force est de constater que la trop forte propension de ce phénomène à Zoétélé est une source de ralentissement dudit développement qui pourtant pourrait mieux se porter. Les rivalités entre les élites de cette localité constituent à cet effet un facteur retardant

Le but de la présente section est de montrer la contribution de la quête bigmaniaque sur le rayonnement de Zoétélé grâce à l'influence de son développement d'une part, et d'autre part de mettre en lumière l'impact des rivalités entre les élites comme étant un facteur de ralentissement de ce développement.

Paragraphe 1er : Une influence positive du rayonnement de l'arrondissement de Zoétélé

L'influence de l'arrondissement de Zoétélé par le bigmanisme concurrentiel en général et dans le sens socioéconomique en particulier est source d'un certain rayonnement pour cette localité. Du point de vue socioéconomique, social et même politique.

Du pont de vue social, par l'apport au secteur de l'éducation à travers le soutien des établissements de la localité en termes d'offre en infrastructures, salles de classes, des tables-bancs et du matériel didactique pour le corps enseignant. De plus, il est organisé chaque année par certaines élites des cérémonies de récompense des élèves de l'arrondissement qui se sont distingués l'année scolaire précédente.

Par ailleurs, l'organisation par des élites dont Jean Jacques NDOUDOUMOU, entre autres, d'un certain nombre d'activités en période de vacances scolaire n'est pas en reste ; en effet, chaque année, il est organisé des championnats de vacances dans plusieurs disciplines dont le football, le handball, le volleyball, etc.

A coté de ces activités, il est organisé des cours de vacances et de remise à niveau pour les élèves, de même que des campagnes de sensibilisation liées à la sexualité, notamment les infections sexuellement transmissibles, impliquant la jeunesse.

Du point de vue politique, les retombées pour la localité en termes de postes au sein de la haute administration étatique ces quinze années est dans une certaine mesure le fruit de cette quête bigmaniaque dont font preuve les élites de cette localité, faisant d'elle une zone pionnière dans le département du Dja et Lobo. En effet, « la petite ville aux allures de métropole qu'est Zoétélé fait une exception dans la région du sud, département du Dja et Lobo. Et parmi les arrondissements que compte ce département fief du chef de l'Etat, Zoétélé est celui qui a le plus profité de la générosité de Paul Biya [...] on se souvient qu'en 2004, l'arrondissement de Zoétélé comptait 04 de ses fils au gouvernement au gouvernement, sans oublier les directeurs généraux. Toute chose qui a frustré les élites des autres arrondissements. Imbues d'elles-mêmes les élites de Zoétélé se considéraient comme ressortissant d'un département à part et narguaient même leurs frères de Sangmelima qui se sentaient marginalisés.»164(*)

L'arrondissement de Zoétélé rayonne ainsi à travers le dynamisme de ses élites, cependant ce rayonnement serait meilleur si la quête bigmaniaque dont font preuve ces élites n'était pas aussi poussée dans le sens de l'entretien des rivalités entre les fils de ce terroir qui pourtant constitueraient une force en s'unissant tel que cela fut le cas pendant un certain nombre d'années. En effet il fut crée une ponctuation annuelle au cours de laquelle les élites se réunissaient pour tabler sur des questions liées au développement de la localité. La FEDAZ165(*) avait en effet lieu tous les 13 février, malheureusement les multiples rivalités et tensions entre les élites ont conduit à sa déchéance.

Paragraphe 2 : Quête bigmaniaque et ralentissement du développement de l'arrondissement de Zoétélé

La quête bigmaniaque est dans l'arrondissement de Zoétélé comme une épée à double tranchant dans la mesure où elle exerce, à travers les actions et investissements des élites, une certaine influence sur le développement de la localité. Cependant la très forte rivalité qu'entretiennent les élites de ce terroir fait de cette quête bigmaniaque, une source de ralentissement dudit développement.

Les rivalités entre les élites sont en effet un frein au développement de Zoétélé, au regard du potentiel dont regorge cette localité en termes de ressources humaines. Ces rivalités ont conduit à la cessation de la collaboration véritable entre les élites, notamment la fin de la fête annuelle qui réunissait les dignes fils de Zoétélé autour des problèmes de la localité. La soif de domination entre les élites, constitue de ce fait une diversion au développement de cette localité comme le souligne si bien NGWA ELLA, un patriarche de la ville de Zoétélé, « les élites auraient mieux développé notre ville si elles mettaient de temps en temps leurs égos et leurs affrontements politiques de coté, mais hélas, chacun veut que les autres deviennent ses valets ». Il ajoutera à titre d'illustration,« les adversaires de Polycarpe ABAH ABAHayant appris qu'il voulait faire construire une route ici dans l'arrondissement, ils ont tout fait pour le déstabiliser »166(*)

Aujourd'hui, « Zoétélé et ses enfants s'entre déchirent, la chute, la trahison, la décadence, la trahison, les coups bas [...] sont le leitmotiv des élites. Cette guerre a commencé en 2004, pendant la campagne présidentielle, et s'est accentuée en 2007 pendant les élections législatives et municipales ».167(*)

Le fait désolant pour le processus de développement de Zoétélé au regard de cet aspect de la quête bigmaniaque est l'importation des batailles politiques qu'il produit vers d'autres sphères, notamment en ce qui concerne le secteur socioéconomique, mettant ainsi en cause le développement de l'arrondissement au profit des querelles de personnes. Les efforts de réconciliations sont dans la plupart du temps vains, comme ce fut le cas le 14 février 2016 où, profitant de l'occasion qu'offrait le meeting d'installation des membres élus des bureaux des organes de base, le comité central du RDPC, à travers son chef de délégation, le ministre MOTAZE avait essayé de faire entendre raison à ces fils de Zoétélé comme le décrit si bien Gérard ABEGA :  « autant le dire, si le meeting [...] a permis à BELINGA EBOUTOU, MEBE NGO'O, [...] et NDOUDOUMOU de se tenir la main, image qu'on avait plus vue à Zoétélé depuis belle lurette, il est moins sûr qu'il a rapproché les militants déchirés par les dissonances cognitives orchestrées par ces mêmes élites. »168(*) Ceci montre la profondeur du phénomène. Toute chose qui souligne l'aspect négatif de la quête bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé.

CONCLUSION PARTIELLE

La mobilisation des logiques bigmaniaquesà travers la mise en exergue de leur capital social par les élites urbaines produit dans l'arrondissement de Zoétélé de nombreux effets tant sur le point politique que socioéconomique. En effet, ce bigmanisme est porteurs de résultat favorables pour ces élites urbaines et autres big men, et se caractérisant par une accession effective à la légitimité politique au sein de l'arrondissement. Une légitimation se manifestant par une consécration politique à plusieurs niveaux, notamment dans le cadre du parti dominant ici (RDPC), pour les élites et enfin pour leurs factions. Il importe de souligner que le bigmanisme et notamment la quête bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé influence la vie économique ; notamment en termes d'apport infrastructurel et par une relative redynamisation de la quasi-totalité de l'activité économique mais constitue aussi un frein à ce développement dans la mesure où les élites cessent rarement leurs rivalités pour tabler ensemble sur les problèmes de la localité.

CONCLUSION GENERALE

La motivation initiale de cette étude était de mettre en lumière un pan des multiples dynamiques de légitimations politique au Cameroun, notamment dans l'arrondissement de Zoétélé, département du Dja et Lobo, au sud du pays. Dans ce travail, il était en quintessence question de la recherche de légitimation politique basée sur la mobilisation des logiques liées au bigmanisme, par les élites ; bigmanisme doublé d'une forte dimension concurrentielle. Il fallait éprouver l'idée du déploiement de la quête bigmaniaque par les élites urbaines et les grands hommes, particulièrement à travers la mise en exergue de leur capital social et symbolique, de leurs influences multidimensionnelles, de leur poids économique en plus de leurs différentes réalisations pour la localité ; toutes choses constituant un gage d'accession à la légitimité politique grâce à l'accroissement de leur capital social. Cette approche aura constitué la principale hypothèse de cette étude. Suivie d'une double hypothèse secondaire.

Dans un premier temps, il s'est agi de présenter la quête bigmaniaque comme étant un facteur important, quasi indispensable dans le champ politique de l'arrondissement de Zoétélé en termes de construction d'un capital social et de recherche de légitimité politique. Ceci, au regard de la place qu'elle occupe dans le processus de légitimation des élites urbaines et des grands hommes. En effet, dans la perspective d'Ibrahim Mouiche169(*), nous avons montré la nécessité du bigmanisme, notamment du facteur redistributif tant dans la construction et la consolidation d'un capital social que dans la conversion dudit capital en légitimité politique. La démarche, marquée par l'étude de quelques cas de recherche et de mobilisation du capital social et symbolique nous a permis de souligner le caractère nécessairement constant du bigmanisme comme moyen de légitimation politique dans cette localité. Ensuite, nous nous sommes attardés sur les multiples éléments de compétition participant de cette recherche de légitimité mettant en marche des processus concurrentiels entre les élites. Dans un second temps, il s'est agi, dans une perspective de mise en lumière de la portée effective de la quête bigmaniaque dans cette localité en termes politique mais aussi socioéconomique. D'une part, nous avons observé les différents niveaux d'impact politique de ce phénomène. D'abord pour le parti, ensuite pour les élites et enfin pour les factions en présence dans la localité. Ensuite, nous avons questionné l'impact véritable de la quêtebigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé. A ce propos, nos travaux sur le terrain nous ont permis de relever de multiples apports au niveau du développement local liés à ce phénomène. Entre autre, une certaine influence de l'activité économique, de même qu'un apport infrastructurel non négligeable et nettement profitable à la communauté. Cependant,une analyse plus approfondie a permis de relever le caractère vicieux des logiques bigmaniaques comme facteur de développement au regard des rivalités quasi incessantes entre les principaux acteurs de la scène politique à Zoétélé, dont les élites urbaines.

En dernière analyse, notre travail aura permis de mettre en lumière la quête bigmaniaque comme facteur de positionnement et d'accession à la légitimité politique au Cameroun, et, notamment dans l'arrondissement de Zoétélé. Véritable instrument politique entre les mains des élites urbaines, le bigmanisme est néanmoins porteur de plusieurs effets tant profitable aux élites urbaines qu'à la localité où il est mobilisé. Cela étant, il y a lieu de souligner pour sortir, que la quête bigmaniaque est, à bien y regarder, plus propice à limiter l'émergence de nouveaux paradigmes politiques tels que l'affrontement purement idéologique, entre autres.

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www.uquac.uquebec.ca/zone30/Classique_des_sciences_sociales/index.html

www.zoeteleactu.com

LISTE DES ANNEXES

ANNEXE 1 : PROTOCOLE D'ENTRETIEN AVEC LE MAIRE DE ZOETELE.

ANNEXE 2 : PROTOCOLE D'ENTRETIEN AVEC LES ELITES URBAINES.

ANNEXE 3 : PROTOCOLE D'ENTRTIEN AVEC LES POPULATIONS DE L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE, DONT DES MILITANTS DU RDPC.

ANNEXE 4 : CARTE DE L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE

ANNEXE 5 : QUELQUES REALISATIONS ET INVESTISSEMENTS DES ELITES URBAINES AU SEIN DE L'ARRONDISSEMENT.

ANNEXE 1 : PROTOCOLE D'ENTRETIEN AVEC LE MAIRE DE ZOETELE.

1- Le milieu d'origine :

- Clan, famille.

- Parcours scolaire

- Arrivée en ville.

2- Découverte de la politique :

- Premier contact avec la politique (référence ou modèle ayant inspiré sa jeunesse)

3- Entrée en politique :

- Premier engagement politique (année, âge, motivation de l'époque)

- Les rapports entre la politique et le sociale.

4- Action politique et sociale au plan local :

- Qu'est-ce qui la pousse à l'action ?

- Les motivations

- le sens donné aux actions

5-Quelques données chiffrées sur les investissements.

6-Les actions sociales posées avant l'engagement politique ont-elles contribuées à construire, sinon, à renforcer sa légitimité politique dans l'arrondissement ?

7- les relations avec les autres Grands Hommes de l'arrondissement :

- Qu'est-ce qui vous distingue de ces autres leaders ?

- Qu'est-ce qui vous distingue de MENGUE NKILI à qui on vous compare et vous oppose très souvent ?

8- Les relations avec le Président de la République

9- Quelle est votre ambition politique suprême ?

10- Quelle image souhaitez-vous que l'on retienne de votre engagement dans la vie politique camerounaise en général et de ZOETELE en particulier ?

ANNEXE 2 : PROTOCOLE D'ENTRETIEN AVEC LES ELITES URBAINES.

1-Le milieu d'origine :

-clan (père, mère...)

-La place dans la famille

2 -Parcours scolaire et académique

-le primaire et le secondaire (école, lieu, date...)

-l'université :

-l'année du Baccalauréat

-les facultés fréquentées

-les diplômes obtenus

3-Parcours professionnel et politique

-les étapes marquantes de votre carrière professionnelle

-Carrière politique 

-premier engagement politique (année, âge, motivation de l'époque)

- les rapports entre votre profession et la politique

4-Action politique au plan local : de l'intérêt pour l'arrondissement.

Une enquête dans l'arrondissement vous fait apparaître comme l'une des principales personnalités de ZOETELE.

-Qu'est -ce qui vous pousse à participer aux compétitions politiques dans l'arrondissement ?

-Quelle interprétation donnez-vous à vos résultats lors des diverses élections locales ?

-Que recherchent les élites urbaines dans l'arrondissement ?

5-Avez-vous posé des actes allant dans le sens du développement de l'arrondissement ? Si oui lesquels ? Pensez-vous qu'elles ont contribuées à améliorer votre image, mieux, qu'elles vous ont permis de gagner en légitimité du point de vue politique ?

6 -Vos relations avec les autres élites de l'arrondissement.

8- Quel regard portez-vous sur la vie politique locale à ZOETELE depuis1990 ?

ANNEXE 3 : PROTOCOLE D'ENTRTIEN AVEC LES POPULATIONS DE L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE, DONT DES MILITANTS DU RDPC.

1- D'après vous qu'est-ce qu'une élite ?

2- Que vous inspirent les différentes réalisations des élites dans la localité ?

3- Comment les élites construisent-elles leur réputation auprès des populations ?

4- Quels types de relation les élites urbaines entretiennent-elles avec les populations de la localité ?

5- Existe-t-il des luttes de leadership ou des divisions entre les élites ?

ANNEXE 4 : Carte de l'arrondissement de Zoétélé

SOURCE : INSTITUT NATIONAL DE LA CARTOGRAPHIE

ANNEXE 5 : QUELQUES REALISATIONS ET INVESTISSEMENTS DES ELITES URBAINES AU SEIN DE L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE.

ELITES

REALISATIONS

Rémy ZeMeka

Des plantations (dont une grande palmeraie) ; des investissements immobiliers dans la ville de Zoétélé.

Polycarpe AbahAbah

Des plantations (dont une palmeraie étalée sur environs 180 hectares) ; une « petite » usine (MeyilaOil Corporation) de transformation d'huile de palme, notamment en plusieurs produits dérivés dont des savons, etc.

Jean Jacques Ndoudoumou

Un domaine touristique dans le village Mvoutessi.

Martin Belinga Eboutou

Des plantations dont une grande palmeraie.

(Source : enquêtes)

TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

SOMMAIRE iv

RESUME v

ABSTRACT vi

INTRODUCTION GENERALE 1

I - LA CLARIFICATION CONCEPTUELLE 4

A- Elite/ élites 4

B- Bigmanisme/ Quête bigmaniaque 7

C- Légitimation politique 8

II- REVUE DE LA LITTERATURE 10

III- LA PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE 16

IV- HYPOTHESES DE L'ETUDE 18

V- LA DETRMINATION DU CHAMP DE L'ETUDE 19

VI- CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES 22

A- Les méthodes d'analyse : l'ethnométhodologie et la méthode interactionniste 22

1-L'ethnométhodologie 22

2- La méthode interactionniste 23

B- Les techniques de collecte des données : la recherche documentaire, l'entretien et l'observation participante 25

1- La recherche documentaire 25

2- L'entretien 26

3- L'observation participante 27

PREMIERE PARTIE : TRAJECTOIRES DE DEPLOIEMENT DU BIGMANISME ET MOBILISATION DU CAPITAL SOCIAL DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE. 29

CHAPITRE 1 : QUETE BIGMANIAQUE ET RECHERCHE DU CAPITAL SOCIAL PAR LES ELITES URBAINES DE ZOETELE 31

SECTION I : RECHERCHE DU CAPITAL SOCIAL PAR LES ELITES BUREAUCRATIQUES 33

Paragraphe I : Les élites politico administratives 33

Paragraphe 2 : Les fonctionnaires reconvetis en politique: de la nécessité de consolider leur capital social 36

SECTION II : RECHERCHE DU CAPITAL SOCIAL PAR LES ENTREPRENEURS ECONOMIQUES 38

Paragraphe 1 : Pauline Mengue Nkili : du souci d'émancipation à l'activisme politique.. 38

Paragraphe 2: Ngbwa Odile : de l'action socioéconomique à l'entrepreneuriat politique.. 40

CONCLUSION 41

CHAPITRE 2 : RECHERCHE DE LEGITIMITE POLITIQUE ET LUTTES FACTIONNELLES 42

SECTION 1 : RECHERCHE DE LEGITIMITE POLITIQUE 44

Paragraphe 1 : Recherche de légitimité politique et mise en exegue du capital social 44

Paragraphe 2 : Recherche de légitimité politique et mobilisation de ressources diverses.. 46

SECTION 2 : CONCURRENCE POLITIQUE ET LUTTES FACTIONNELLES 50

Paragraphe 1 : En période électorale... 51

Paragraphe 2 : En période non électorale 54

CONCLUSION PARTIELLE 57

DEUXIEME PARTIE : IMPACT SOCIOPOLITIQUE ET ECONOMIQUE DE LA RECHERCHE BIGMANIAQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE 58

CHAPITRE 3 : DE LA PORTEE POLITIQUE DE LA QUETE BIGMANIAQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE 60

SECTION 1 : UN EFFET DE CONSOLIDATION DE LA DOMINATION PARTISANE 61

Paragraphe 1 : De larges plébiscite comme portée politique de la quête bigmaniaque: le cas du RDPC aux élections présidentielles de 2004 62

Paragraphe 2 : Une consécration du parti lors des élections locales 63

SECTION 2 : PORTEE POLITIQUE DE LA QUETE BIGMANIAQUE SUR LES ELITES 64

Paragraphe 1 : Promotion des élites urbaines et bureaucratiques: un feedback favorable. 64

Paragraphe 2 : Consécration électorale des élites comme portéepolitique de la quête bigmaniaque 66

SECTION 3: IMPACT POLITIQUE DE LA QUETE BIGMANIAQUE SUR LES DIFFERENTES FACTIONS....67

Paragraphe 1: Hégémonie du parti et consécration des élites: Une victoire des factions..67

Paragraphe 2: Quête bigmaniaque et dysfonctionnement des factions et du RDPC à Zoétélé: l'éveil d'une nouvelle génération d'entrepreneurs politiques...69

CHAPITRE 4 : IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE LA QUETE BIGMANIAQUE DANS L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE 72

SECTION 1 : IMPACT DE LA QUETE BIGMANIAQUE SUR LE DEVELOPPEMENT DE L'ARRONDISSEMENT DE ZOETELE 74

Paragraphe 1er : Un apport infrastructurel non négligeable 74

Paragraphe 2 : Une influence certaine de l'activité économique de la localité 76

SECTION 2 : QUETE BIGMANIAQUE: LE PARADOXE D'UN FACTEUR DE DEVELOPPEMENT SOURCE DE SON PROPRE BLOCAGE 77

Paragraphe 1er : Une influence positive du rayonnement de l'arrondissement de Zoétélé 78

Paragraphe 2 : Quête bigmaniaque et ralentissement du développement de l'arrondissement de Zoétélé 79

CONCLUSION PARTIELLE 81

CONCLUSION GENERALE 82

BIBLIOGRAPHIE 85

LISTE DES ANNEXES 93

TABLE DES MATIERES 100

* 1 BAKO-ARIFARI, Nassirou ; 1995, « Démocratie et logique du terroir au Bénin». in Politique africaine, nr. 59 :7-24. « Par logiques de terroir, il faut entendre l'ensemble des mécanismes et modes d'interférence des considérations d'ordre villageois dans l'exercice quotidien des activités politiques et dans le processus de promotion des élites au niveau national ».

* 2Dogan MATTEI ; 1967, « les filières de la carrière politique en France ». in  Revue française de sociologie,

8-4, pp 468-492.

* 3 ABE, C, « espace publique et recompositions de la pratique politique au Cameroun » in polis/RCSP/CPSR. Vol 13, Numéros 1-2.

* 4 Cité par YANKEU YANKEUYanik ; 2008, in «l'évaluation à mi-parcours des projets de développement communautaire : le cas des puits à pompe du projet d'appui au développement communautaire (PADC) de Mebomo et de Bikogo (centre-Cameroun)». Mémoire de Master en développement et management des projets en Afrique. Université catholique d'Afrique centrale, Yaoundé.

* 5LAURENT PIERRE Joseph ;  Le « big man » local ou la « gestion coup d'État » de l'espace public », Politique africaine 4/2000 (N° 80), p. 169-181

* 6KENGNE FODOUOP ; 2003, Citadins et développement des campagnes au Cameroun, Paris, Harmattan.

* 7Dogan MATTEI ; op. cit. p 475

* 8Daloz, J.P, concepteur de la notion de quête bigmaniaque comme étant «le souci [des big men] de s'ériger en figure politique dominante, écrasant toute concurrence [...] ». Cité par MOUICHE. Ibrahim, in cours d'anthropologie politique, Master 2, science politique, université de Yaoundé 2-SOA, avril 2014.

* 9 DURKHEIM, E. ; 1894, Les règles de la méthode sociologique, Paris, Quadrige

* 10GRAWITZ M ; 1993, Méthodes des sciences sociales, Dalloz, 9ème éd

* 11 V. Pareto, 1968, Traité de sociologie générale. OEuvres complètes : tome XII. Librairie Droz.

* 12Aron R; 1971, « Classe sociale, classe politique, classe dirigeante » in BIRNBAUM et CHAZEL, Pp. 132-133

* 13R. Bourdon, 1990, Dictionnaire critique de la sociologie, Paris. Cité par Leferme-Frédérique et Van Renterghem Vanessa in « le concept d'élite » Approches historiographiques et méthodologiques, Hypothèses, 2000/1 p. 55-67.

* 14Leferme-Frédérique et Van Renterghem Vanessa in «le concept d'élite» Approches historiographiques et méthodologiques, Hypothèses, 2000/1 p. 55-67.

* 15Wright Mills C; 1956, The Power Elite.

16Ibid.

17Aron R. 1971.Op. Cit.

18Busino G cité par Coenen-huther, 2004, sociologie des élites, Paris, Arman collin,

19Mosca G; 1896, Elementi di Scienzepolitica.

* 16Mosca G; 1896, Elementi di Scienzepolitica.OPcit

* 21Wright Mills C, Op. cit.

* 17DAHL. R; 1961, Who governs ?

23 Rocher.G, 1992; Introduction à la sociologie générale: l'action sociale, l'organisation sociale, le changement social, vol.1. Hurtubise HMH, 3è éd. 685 p.

* 18KENGNE FODOUOP; op. cit.

* 25 MOUICHE, I. ; 2005,Autorités traditionnelles et démocratisation au Cameroun entre centralité de l'État et logique de terroir, Munster, LIT VERLAG, pp 49.

26 MOUICHE, Ibrahim, cité par NUEMBISSI KOM, Paul in «élites urbaines et politique locale au Cameroun : Le cas de Bayangam ». Mémoire de Master en science politique, université de Yaoundé 2, 2007.

* 19Notion développée par jean Pascal DALOZ en 1999 dans l'ouvrage collectif (dirigé par cet auteur) intitulé  Le (non-) renouvellement des élites en Afrique subsaharienne, Talence, Cean, Institut d'Études Politique de Bordeaux 

28SAHLINS M.; 1963, ·Poor Men, Rich Men, chief: political types in Melanesia and Polynesia· in Comparative studies in society and history, vol. 3, April.

29 MOUICHE I. ;2004,« Processus de démocratisation et rotation locale des élites au Cameroun » in Law and Politics in Africa, Asia and Latin America, N°4, pp 401-431

* 20FAURE Y.A. et MÉDARD J.F. ; 1995, « L'État- business et les politiciens entrepreneurs. Néo-patrimonialisme et Big men : économie et politique »in ELLIS et FAURE (dir), Entreprises et entrepreneurs

* 21DALOZ J.P.; 1999.Op. Cit.

* 22GRAWITZ, M. ; 1983, Lexique des sciences sociales, Dalloz, 2è édition.

33 GAXIE, D. ; 1996,La démocratie représentative, Paris, Montchrestien.

* 34RANGEON, F; 1991, La communication politique, Paris, PUF.

* 36WEBER, M. ; 1959,Le savant et le politique, Paris, Plon. P 102.

* 23Ibid.

* 24 GATELIER K. 2005. La représentation du pouvoir : la quête de légitimité politique.

* 25 Ibid.

* 26 DUMEZ, 2001, cité par (G.) FONKENG, (C. I.) CHAFFI, (J.) BOMDA, Précis de méthodologie de recherche en sciences sociales, Yaoundé-Cameroun, ACCOSUP (Association camerounaise de coaching et d'orientation scolaires, universitaires et professionnels), 1ere édition février 2014, p. 49.

* 27MOUICHE I, 2012, « Démocratisation et intégration sociopolitique des minorités ethniques au Cameroun ». Codesria, Dakar.

* 28MOUICHE I, 2012, « Démocratisation et intégration sociopolitique des minorités ethniques au Cameroun ». Codesria, Dakar.Op cit, citant LAPEYRONNIE

* 29Mouiche. I ; 2004, «processus de démocratisation et rotation locale des élites au Cameroun».inLaw and Politics in Africa, Asia and Latin America, N°4, pp 401-431

* 43 FERRAND A ; 1996, «capital social comme échange social», colloque, trente ans de sociologie. Institut de sociologie de Lille, Lille de France.

44 BOURDIEU P. 1980, «le capital social. Note provisoires». Actes de la recherche en sciences sociales

* 30 COLEMAN. J. S; 1988, «Social capital in the creation of human capital». American journal of sociology, vol 94 pp 95-120

* 31 FERRAND A. 1996. Supra.

47Ibid.

* 48Ibid.

* 32Zelao. A. ;«élites traditionnelles et domination dans le champ politique local : illustration à partir de l'arrondissement de Tokombéré dans l'extrême nord Cameroun». Article lu sur le sitehttp://research.uni-leipzig.de/eniugh/congress/fileadmin/eniugh2011/papers/Zelao_Elit_traditionel_et_chanp_politic.pdf

* 33 Ibid.

* 34ibid

* 35ibid

* 36FAURE Y.A. et MÉDARD J.F. ; 1995,«L'État- business et les politiciens entrepreneurs. Néo-patrimonialisme et Big men : économie et politique »in ELLIS et FAURE (dir), Entreprises et entrepreneurs africains, Paris, Karthala/ Orstrom, Pp. 289-309

* 37Ibid, (citant Terray, 1986) pp. 290-293

* 38ibid

* 39FAURE Y.A. et MÉDARD J.F. ; 1995. «L'État- business et les politiciens entrepreneurs. Néo-patrimonialisme et Big men : économie et politique »in ELLIS et FAURE (dir), Entreprises et entrepreneurs africains, Paris, Karthala/ Orstrom, Pp. 289-309Op. Cit.

* 40Cité par Médard J.F. in «L'Etat patrimonialisé», Bordeaux, IEP-CEAN, 1995

* 58Max WEBER ; 1963, Op. Cit.  

* 59LAURENT P.J ; 4/ 2000, Op. Cit.

* 41Mouiche. I. 2008, «Multipartisme, « bigmanisme » politique et démocratisation au Cameroun». Yaoundé II, Revue africaine d'étude politique et stratégique (RAESP), n° 5.

* 42 Expérience vécue par François Faverjon.

* 43 MOUICHE I. 2008. CitantFaverjon.Op cit.

* 44DIONNE B. 1998.Guide méthodologique pour les études et la recherche, 3è éd. Etudes vivantes, pp190-196.

* 45 MOUICHE I.Op.cit.

* 46GESCHIERE P., 1995, » Sorcellerie et politique en Afrique. La viande des autres », Paris, Karthala.

* 47TREMBLEY R. & PERRIER Y. ; 2006, Savoir plus : outils et méthodes de travail intellectuel, Les éditions de la Chenelièreinc. 2e édition.

* 48 Source : www.zoétéléactu.com (Site visité le 07 juin 2015).

* 49 Rassemblement démocratique du peuple camerounais.

* 50 Social Democratic Front

* 51 Union Nationale Pour La Démocratie et Le Progrès.

* 52GRAWITZ. M. 1993. Op cit.

* 53MUCCHIELLI, A ; 1996, Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales, Paris : Armand Colin. 2e édition.

* 54DORTIER, J.F, 2005, Dictionnaire des sciences humaines. Paris : Editions Sciences Humaines.

* 55GARFINKEL.H.1967. «Studies in ethnomethodology». Englewood Cliffs, New Jersey: Prentice-Hall.

* 56Ibid

* 57GARFINKEL H. 1967. Op cit.

* 58COULON A. ; 1987, L'ethnométhodologie, Paris, PUF

* 59NJOYA Jean. 2012, cours de sociologie des organisations, Master 1. Université de yaoundé 2- Soa

* 60NJOYA Jean. 2012, cours de sociologie des organisations, Master 1.Op. cit

* 61Cité par ZOLESIO E. In « préparation à l'agrégation sociale ». ENS-LSH Lyon.

* 62 CROSIER M. & FRIEDBERG E. 1977. L'acteur et le système. Le Seuil.

* 63 CROSIER M. & FRIEDBERG E. 1977. L'acteur et le système. Opcit.

* 64LAGROYE J. 1991, Sociologie politique, Paris, P.F.N.S.P/Dalloz

* 65 LEBRETON D. 2004, L'interactionnisme symbolique, Paris, PUF, Quadrige Manuels, 249 p.

* 66 GRAWITZ. D, 1993.Op. cit.

* 67 ASSIE, G.R. & KOUASSI R.R.Cours d'initiation à la recherche, ABIDJAN, EPCCI.

* 68ASSIE, G.R. & KOUASSI R.R. op.cit.

* 69 GRAWITZ M.1993. Op. Cit.

* 70 Lo. Ibrahima ; Cours de méthodologie de la rechercheen science sociale.Université Cheikh AntaDiop, Dakar.

* 71 REVILLARD A. Cours d'introduction à la sociologie. Université Paris 13 - L1 AES.

* 72 BECKER H. 2003. « inférence et preuve en observation participante. Fiabilité des données et validité des hypothèses ». In L'enquête de terrain, sous la direction de Céfai Daniel, Paris, La découverte, p350-351. Cité par REVILLARD. In Cours d'introduction à la sociologie. Université Paris 13 - L1 AES.

* 73REVILLARD A. Supra.

* 74HUGHES E.C. 1996.« La place du travail de terrain dans les sciences sociales.», in Le regard sociologique, Paris : EHESS, p.267.

* 75BAYART J.F. 1989, Op. Cit.

* 76 NOUEMBISSI KOM ; 2007, Op. Cit. Citant Olivier de SARDAN

* 77 BOURDIEU P. 1980.Op. Cit.

* 78 MOUICHE I. 2004. Op. Cit.

* 79LAURENT P.J. 2000. Op. Cit.

* 80 BIRNBAUM P. 1973. Le pouvoir local : de la décision au système. In: Revue française de sociologie, 14-3 ; pp. 336-351

* 81 WEBER M.Le savant et le politique. Op.cit. p. 137.

* 82 LAURENT P. J.« Le « big-man » local ou la « gestion coup d'Etat » de l'espace public ». Politique africaine 4/2000 (N° 80), p. 169-191. OP. Cit.

* 83 Journaliste. Rédacteur en chef du Magazine « King Zok »

* 84 www.zoeteleactu.com

* 85 Propos recueillis par Pierre Rostand Essomba, in « Prosper MériméMonessel chez les siens », Cameroon-Tribune du 06 Août 2015.

* 86 Propos recueillis par Pierre Rostand Essomba, in « Prosper MériméMonessel chez les siens », Cameroon-Tribune du 06 Août 2015.Op.cit.

* 87 Cité par MOUICHE, 2005 ; Autorités traditionnelles et démocratisation au Cameroun entre centralité de l'État et logique de terroir, Munster, LIT VERLAGOp.cit.

* 88 Max WEBER, Le savant et le politique, op.cit., p. 137.

* 89 Collège d'enseignement technique, industriel et commercial.

* 90 Mouvement Démocratique pour la défense de la République. Parti de l'opposition dirigé par DAKOLE DAISSALA. Ce parti est faiblement représenté dans cette localité, contrairement au rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).

* 91 Le comité central du RDPC est composé de quatre organes de base dont (selon l'ordre croissant) la cellule, le comité de base, la sous section et la section.

* 92 Organisation des femmes du rassemblement démocratique du peuple camerounais.

* 93 Ibrahim MOUICHE, « Processus de démocratisation et rotation locale des élites au Cameroun », op.cit. p. 401.

* 94 Sur le « straddling » (chevauchement) lire à cet effet, Jean- François BAYART, L'Etat en Afrique, Paris, Fayard, 1989, p. 132 ; J.-F. MEDARD, « Consolidation démocratique et changement des élites au Botswana : du parti dominant au bipartisme » in J.-P. DALOZ, Le (non-)renouvellement des élites en Afrique subsaharienne, Bordeaux, CEAN, 1999. Pp. 187-215 ; Y.-A. FAURE et J.-F. MEDARD, « L'Etat business et les politiciens entrepreneurs. Néo-patrimonialisme et Big men : économie et politique », Paris, Karthala, 1995, p. 298.

* 95 Briquet L. 1997. La tradition en mouvement, clientélisme et politique en Corse. Belin.

* 96 Notons que la quasi-totalité des grands hommes et élites urbaines à Zoétélé sont membres du RDPC, parti dominant dans cette localité.

* 97 TSANA NGUEGANG R. 2015/4 ; « Entrepreneur-politiciens et populations locales au Cameroun. Entre clientélisme et échanges mutuels ». Cahier d'études africaines, N° 220. 248 p.

* 98 LAURENT PIERRE-JOSEPH, « Le « big-man » local ou la « gestion coup d'Etat » de l'espace public », Politique africaine 4/2000 (N° 80), p. 169-191. OP. Cit.

* 99Banégas, R. 1998 ; « Bouffer l'argent. » Politique du ventre, démocratie et clientélisme au Bénin ». Le clientélisme politique dans les sociétés contemporaines. Puf.

* 100 MOUICHE I. 2008, «Multipartisme, « bigmanisme » politique et démocratisation au Cameroun». Yaoundé II, Revue africaine d'étude politique et stratégique (RAESP), n° 5. Op. Cit.

* 101 L'expression « festin électoral » est employée par Antoine SOCPA pour désigner un pan des différentes formes de redistributions liées aux périodes électorales dans l'espace politique camerounais. Cet auteur met en exergue la place de ce qu'il appelle « des dons électoraux » pendant les campagnes électorales dans ce champ d'étude, ainsi que leur capacité à mobiliser de nombreuses personnes en faveur des donateurs, les politiciens en l'occurrence. In « les dons dans le jeu électoral au Cameroun », cahiers d'études africaines [en ligne], 157|2000, mis en ligne le 20 novembre 2013, consulté le 19 juin 2016. URL : http://etudesafricaines.revues.org/5

* 102 SOCPA A. 2000 ; Ibid.

* 103 FAURE Y.A., MEDARD J.F. 1995, « L'Etat-business et les politiciens entrepreneurs, Néo-patrimonialisme et big men : économie et politique : économie e politique » in Ellis S. (ed) FAURE YVES-ANDRE (ED), Entreprise et entrepreneurs africains. Paris, Karthala p.289-309. Op. Cit.

* 104 Genieys William. 2011 ; Sociologie politique des élite(s). Armand Colin- Collection U. Sociologie.

* 105 MEDARD J.F. 1990. « L'Etat patrimonialisé » in Politique africaine n° 39 p.25-36

* 106 FAURE Y.A., MEDARD J.F. 1995, « L'Etat-business et les politiciens entrepreneurs, Néo-patrimonialisme et big men : économie et politique : économie e politique » in Ellis S. (ed) FAURE YVES-ANDRE (ED), Entreprise et entrepreneurs africains. Paris, Karthala p.289-309.

* 107 BIGOMBE LOGO P.« Les élites et la gestion décentralisée des forêts au Cameroun. Essai d'analyse politiste de la gestion néo-patrimoniale de la rente forestière en contexte de décentralisation ».in CERAD-GEPAC-GRAPS. P 18.

* 108 FAURE Y.A., MEDARD J.F. 1995 idem.

* 109 Organisation non gouvernementale.

* 110 BIGOMBE LOGO P.« Les élites et la gestion décentralisée des forêts au Cameroun. Essai d'analyse politiste de la gestion néo-patrimoniale de la rente forestière en contexte de décentralisation ». Op. Cit.

* 111Que sont les grands hommes et les élites urbaines (dont certains sont des big men).

* 112 MIMCHE H ; NELEM B ; NJOYA MAMA M ; 2006 ; « Les Elites Urbaines et le développement local au Cameroun », GEO I NOVA, Revista do departamento de Geographia e planeamentoRegional, Lisboa, n° 12, pp. 107- 128.

* 113 Fond spécial d'équipement et d'intervention intercommunale.

* 114 FAURE Y.A., MEDARD J.F. 1995, « L'Etat-business et les politiciens entrepreneurs, Néo-patrimonialisme et big men : économie et politique : économie e politique » in Ellis S. (ed) FAURE YVES-ANDRE (ED), Entreprise et entrepreneurs africains. Paris, Karthala p.289-309. Op. Cit.

* 115 MBEMBE A. « Pouvoir, violence et accumulation », in : (J.-F.) BAYART, (A.) MBEMBE, (C.) TOULABOR, (dir.), Le politique par le bas en Afrique noire. Contributions à une problématique de la démocratie, Paris, Karthala, 1992, p. 245.

* 116 Luc SINDJOUN, « Science politique réflexive et savoirs sur les pratiques politiques en Afrique noire ». Op.cit., p. 26.

* 117 DALLOZ J.P. «le souci [des big men] de s'ériger en figure politique dominante, écrasant toute concurrence [...] ». Cité par MOUICHE Ibrahim, in cours d'anthropologie politique, Master 2, science politique, université de Yaoundé 2-SOA, avril 2014. Op. Cit.

* 118Léopold Clovis Noudjio. « Cameroun/Zoétélé-MebeNgo'o et MengueNkili: La guerre ne fait que commencer ». In Journal L'Epervier du 09 juillet 2013.

* 119 La version des faits de l'ancien maire MengueNkili concordera avec celle de Léopold Clovis Noudjio du journal L'Epervier, notamment en ce qui concerne la lutte de factions l'ayant opposée à l'actuel maire (Odile Ngbwa), soutenue par Le ministre MebeNgo'o qui « avait juré » selon ses propos de la faire partir de la mairie de Zoétélé après qu'ils se soient brouillés quelques années plus tôt. « il ne supporte pas qu'on s'oppose à lui de quelque manière que ce soit, il faut soutenir « sa cause » même si elle est injuste ; et comme moi je suis intègre il a fait de moi son adversaire ». Elle précisera cependant que le pasteur cité dans l'article n'était qu'un ami de longue date qui l'a certes beaucoup soutenue par la prière, et non un allié politique, et qu'il subissait malgré lui les effets d'une adversité avec laquelle il n'avait rien à voir, apolitique qu'il est.

* 120 Extrait de la requête adressée au président de la commission communale de renouvellement des bureaux des organes de base du secteur politique Dja et Lobo 2.

* 121Madame EBANGA nous dira que certains fils du terroir, hauts cadres de la République et membres influents du RDPC n'apprécient pas son dynamisme politique au sein de la localité. Elle n'en dira pas davantage.

* 122 Organisation des jeunes du rassemblement démocratique du peuple camerounais.

* 123 SOCPA Antoine, « Les dons et contre dons dans le jeu électoral au Cameroun », Cahier d'études africaines [En ligne], 157| 2000, mis en ligne le 20 novembre 2013, consulté le 10 décembre 2013. http://etudesafricaines.revue.org/5

* 124.SOCPA Antoine. 2000. ibid.

* 125 MIMCHE H ; NELEM B ; NJOYA MAMA M. 2006 ; « Les Elites Urbaines et le développement local au Cameroun », GEO I NOVA, Revista do departamento de Geographia e planeamentoRegional, Lisboa, n° 12, pp. 107- 128. Op. Cit.

* 126 NJOYA Jean ; Cours de sociologie des organisations, Master 1, Avril 2012.

* 127 Commentaires de Elsa Clairon sur la chaine Arte en ligne, émission « Karambolage » numéro 237 du 8 mai 2011 commémorant les 30 ans de l'investiture de François Mitterrand. Sites.arte.tv/karambolage/fr/larchive-linvestiture-de-francois-mitterrand-karambolage. visité le 10 mai 2016.

* 128 ONDOA Cyr, « chefferies dans le grand sud Cameroun : le bal des imposteurs » paru dans le journal Emergence du 12-10-2012. Article consulté sur le site www.nkul-beti-camer.com/ekang-people-label.php visité le 10 mai 2016.

* 129ONDOA Cyr, « chefferies dans le grand sud Cameroun : le bal des imposteurs » paru dans le journal Emergence du 12-10-2012. Op.cit.A propos des dispositions légales, voir le décret n° 77/245 du 15 juillet 1977 modifié et complété par le décret n° 2013/332 du 13 septembre 2013 portant organisation des chefferies traditionnelles. Cet investigateur met la lumière sur le fait que d'après cette loi, les chefs traditionnels doivent être choisis au sein des familles appelées à exercer coutumièrement le commandement traditionnel. Il insiste davantage sur l'aspect héréditaire qui prime au moment de choisir un successeur à un quelconque trône.

* 130MIMCHE H; NELEM B; NJOYA MAMA M. 2006.« Les Elites Urbaines et le développement local au Cameroun », GEO I NOVA, Revista do departamento de Geographia e planeamentoRegional, Lisboa, n° 12, pp. 107- 128. Op. Cit.

* 131 DALOZ J-P. 1999 (dir.), Le (non-) renouvellement..., op.cit., p. 18.

* 132 SINDJOUN L. 1997, « Elections et politique au Cameroun : concurrence déloyale, coalition de stabilité hégémonique et politique d'affection », RAEPS vol 2, n°1 pp 89-121. (Par champ de la compétition électorale, cet auteur désigne « le lieu où les relations de concurrence, de coalition et de transaction entre acteurs politiques en quête du droit de représenter et d'agir au nom des gouvernés soit sur le plan local » p 91).

* 133Le Président Paul Biya, alors candidat à sa propre succession.

* 134MIMCHE H ; NELEM B ; NJOYA MAMA M. 2006 ; « Les Elites Urbaines et le développement local... ». Op.cit. citant Denis Constant Martin.

* 135 Ibid.

* 136Ibid

* 137MIMCHE H ; NELEM B ; NJOYA MAMA M. 2006 ; « Les Elites Urbaines et le développement local... ». Op.cit.

* 138 FOGNO J.C. « Présidentielle-Après la victoire : Bal des vautours autour du gâteau national ». in Le quotidien L'Actu du 25 Octobre 2011. L'auteur insiste sur les comportements liés à « La répartition des postes en fonction de l'apport des uns et des autres pour la victoire de Paul Biya explique ces bousculades pour l'accès au cercle de la « mangeoire nationale » ».

* 139 MIMCHE H ; NELEM B ; NJOYA MAMA M. 2006 ; « Les Elites Urbaines et le développement local... ». Op.cit.

* 140 Selon l'article 8 (10) de la constitution camerounaise, le Président de la République «nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat ; » 

* 141 Cité par AWONO Cyprien. 2011.« Le néo-patrimonialisme au Cameroun. Les leçons sur le mal africain ». Mémoire en vue de l'obtention du diplôme de maître es en sciences politiques. Université de Sherbrooke.

* 142OWONA NGUINI M. E. « L'Etat et les milieux d'affaires au Cameroun : autoritarisme, ajustement au marché et démocratie (1986-1996) », Polis, Revue camerounaise de science politique, vol. n°2, pp.43-67.

* 143 Propos recueillis lors d'un entretien le 5 avril 2015. Par « supporter », ce dernier voulait dire être capable de redistribuer et de tenir face à la concurrence des adversaires à cet effet.

* 144 DOGAN MATTEI ; 1967, «les filières de la carrière politique... ». Op. Cit. Citant Gambetta, PP 469

* 145Ibid.

* 146 BLANCHET Gilles. 1969. Réflexions sur les élites et le développement en Afrique noire. Paris. ORSTROM.

* 147BAYART J.F. ; 1989, L'État en Afrique. La politique du ventre, Paris Fayard, 439p. Op.cit.

* 148 KAPTCHOUANG, TCHEJIP, Célestin, Les partis politiques et démocratie locale au Cameroun : une analyse de la compétition politique locale, Thèse de Doctorat en science politique, Université de Yaoundé II, 2006

* 149 Nouvelle parce qu'elle tend à rompre avec l'étiquette de militantisme de rang, ou de factions soutenant plus des individus que la construction de leur propre carrière ou bien la recherches personnelle de prébendes politiques.

* 150Mouiche Ibrahim. 1996 « Mutations socio-politiques et replis identitaires en Afrique : Le cas du Cameroun ». In Revue Africaine de Science Politique. Vol 1 N° 2, pp 17-201.

* 151 NKOUSSA J.M. « Cameroun- Elections RDPC : Risques d'implosion chez Paul Biya ». www.cameroon-info.net (visité le 10 février 2016).

* 152Ibid. (citant le journal « La nouvelle expression »).

* 153 MIMCHEH ; NELEM B ; NJOYAMAMA M. 2006.« Les Elites Urbaines et le développement local... » Op.cit.

* 154 MOUICHE I. 2004, « processus... ». Op.cit.

* 155 MIMCHE H ; NELEM B ; NJOYA MAMA M. 2006. Supra.

* 156 TEISSERENC Pierre. 1994. « Politique de développement local : la mobilisation des acteurs ». In : Sociétés contemporaines N°18-19, juin/ Septembre. Langage en pratique. Pp. 187-213.

* 157 Interview donné au magazine « kingzock » n° zéro. Consulté le 30 juin 2015 sur le site www.zoeteleactu.com

* 158 Olivier de Sardan J.P. 1993. « Le développement comme champ politique local », Bulletin de l'APAD [En ligne] mis en ligne le 10 mars 2008, consulté le 08 juillet 2015. URL://apad.revues.org/2473

* 159 Ibid.

* 160 Commission européenne. « Développement local mené par les acteurs locaux » in : Politique de cohésion. Article consulté le 12 juillet 2015 http://ec.europa.eu/regional_policy/what/future/publication/index_fr.cfm

* 161 RESHOFEZ ou réseau des hommes et femmes de Zoétélé.

* 162MIMCHEH ; NELEM B ; NJOYAMAMA M. 2006.« Les Elites Urbaines et le développement local... » Op.cit.

* 163MOUICHE I. 2004, 2008 ; DALOZ 1999 ; PIERRE-JOSEPH LAURENT 2000 ; etc.

* 164Léopold Clovis Noudjio. « Cameroun/Zoétélé-MebeNgo'o et MengueNkili: La guerre ne fait que commencer ». In Journal L'Epervier du 09 juillet 2013.Op Cit

* 165Fête des élites pour le développement de l'arrondissement de Zoétélé.

* 166 En effet Polycarpe ABAH projetait de faire construire une route reliant le village Nsimi situé sur la route nationale n° 9 à l'arrondissement de Zoétélé en passant par son village Meyila, mais il ira en prison, et le projet tombera à l'eau.

* 167 Léopold Clovis Noudjio. « Cameroun/Zoétélé-MebeNgo'o et MengueNkili: La guerre ne fait que commencer ». In Journal L'Epervier du 09 juillet 2013. Op Cit

* 168 Gérard ABEGA « réconciliation en trompe l'oeil à Zoétélé » in le journal Sans détour du 17 février 2016

* 169 MOUICHE I. 2004. « Processus électoraux et rotation locale des élites au Cameroun» in Law and Politics in Africa, Asia and Latin America, N°4, pp 401-432. Op.cit.






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