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La pression foncière face aux enjeux de la gestion des ressources naturelles dans la province du Kadiogo.


par Youssouf TIENDREBEOGO
Universite Ouaga I Professeur Joseph KI ZERBO - MASTER II Géographie option Gestion des Ressources Naturelles 2017
  

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IV. I.1.3. La perte des espaces cultivables et l'accentuation de la pauvreté

La dégradation du couvert végétal réduit les capacités productives des sols et conduit inexorablement à une baisse de la production agricole. Par ailleurs, la réduction des espaces cultivables des paysans a pour conséquence la baisse des rendements agricoles. En effet, après la vente des terres, les paysans exploitent de petites superficies pour l'agriculture ; étant donné qu'ils n'ont pas suffisamment des moyens pour pratiquer une agriculture intensive, ils se retrouvent face à la diminution des récoltes. Cette situation contribue à la détérioration des

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conditions de vie des populations. En plus, la FAO montrait en 2011 que les habitants les plus pauvres sont aussi ceux qui accèdent le plus difficilement aux ressources en terre et en eau. Ceux-ci sont piégés par la pauvreté, parce que leurs exploitations sont petites, qu'ils disposent des sols de mauvaise qualité. Ils sont particulièrement touchés par la dégradation des terres et les effets des aléas climatiques. Ces deux facteurs réunis montrent qu'il y a une menace sur la population rurale pauvre et dépourvue de terre. Le pire est que les paysans pauvres qui possédaient des espaces cultivables se retrouvent au fil des ans sans terre et sans ressources financières. Par ailleurs, ceux-ci sont exposés à la misère, à cause du fait qu'ils n'ont pas de qualification pour prétendre à un emploi, ni ne disposent d'autres sources de revenus. Aussi, par manque de capital et d'opportunités économiques, ces populations pauvres sont amenées à surexploiter leurs ressources limitées pour satisfaire leurs besoins pressants. Cela aggrave les processus de dégradation des ressources. Il y a donc un cercle vicieux entre dégradation des ressources et pauvreté. En effet, la dégradation des terres accroît la pauvreté qui en retour conduit à des pratiques néfastes sur le milieu naturel (REQUIER-DESJARDINS M., 2006). De plus, la pauvreté, le manque de capital et de protection sociale, obligent les populations dont la subsistance dépend de la terre à surexploiter celle-ci pour s'alimenter, se loger, disposer de sources d'énergie et de revenus (TIENDREBEOGO Y., 2013).

IV. I.1.4. Les conflits fonciers

Les conflits liés aux ressources naturelles ont toujours existé, en partie à cause des demandes multiples et des pressions concurrentes s'exerçant sur les ressources (FAO, 2001).

La population vivant dans l'interface Ouagadougou Tanghin-Dassouri fait savoir qu'il y a de temps à autre des conflits liés au partage des revenus de la vente des terres et de la gestion des ressources naturelles existantes sur les terrains vendus. En effet, les terres appartiennent généralement à toute une famille, les personnes souvent à l'origine de la vente de celle-ci ne veulent pas partager le gain avec l'ensemble des héritiers. Cela crée parfois des tensions, voire des conflits au sein des familles. Par ailleurs, les terres sont parfois bradées sans l'assentiment de l'ensemble des héritiers. L'un des faits marquant est le sort réservé aux générations futures, car 64,67 % de la population estiment que leurs enfants n'auront pas de terres à cause de la vente. Cette étude vient renforcer celle menée par la GRAF en 2011, qui révèle que les communes rurales sont confrontées à la disparition de leur domaine foncier. À l'échelle des familles, le problème de l'avenir des jeunes générations se pose déjà, surtout dans un contexte où l'agriculture reste la seule perspective d'emploi pour les ruraux. L'arrivée des nouveaux

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acteurs engendre de nombreux conflits dont les conséquences peuvent être des crises entre les différentes fractions de la société.

En outre, l'achat des grands domaines fonciers dans cette partie du Burkina s'opère souvent par le biais d'une expropriation des populations rurales, et une appropriation privative des ressources, auparavant communautaires. Cette population sans terres cultivables est obligée de s'installer dans des quartiers informels (zone non lotie), exposés à la précarité et souvent privée des services sociaux élémentaires. A l'avenir, les descendants de ces populations dépourvues de terres risquent de troubler la quiétude des agrobusiness men, car selon la FAO, (2001), les conflits peuvent apparaître en cas d'exclusion des groupes d'utilisateurs de la gestion des ressources naturelles.

Au plan social, on note une augmentation des tensions entre autochtones, migrants et agro-pasteurs d'une part, et d'autre part, des difficultés d'accès au foncier pour les jeunes agriculteurs. À l'intérieur du pays, des conflits opposent les autochtones aux migrants suite aux retraits des terres, les autochtones aux éleveurs pour les mêmes raisons, auxquelles on peut ajouter l'occupation des pistes à bétail, des berges, la disparition des pâturages, etc. Par ailleurs, on se doit aussi de faire mention des conflits intrafamiliaux liés à la vente des réserves foncières par quelques membres de la famille (GRAF, 2011). Dans la province du Kadiogo, en plus des problèmes ci-dessus cités, la pression sur les terres est responsable de la modification des rapports socioéconomiques entre éleveurs et agriculteurs (LIEUGOMG M., et al., 2007). La forte croissance démographique qui amène la population à demander davantage de terres cultivables est également la cause de la recrudescence de ces tensions. Par ailleurs, l'occupation non autorisée (et non consensuelle) de terres appartenant aux autochtones et l'expropriation de celles-ci pourraient être des sources de conflits.

Selon ZONGO M., 2011, les conflits fonciers sont généralement déclenchés par un faisceau de causes. Si la raréfaction des terres constitue une première tentative d'explication crédible, celle-ci cache cependant d'autres raisons, notamment, l'interprétation divergente de la nature des anciennes transactions ; le renouvellement des générations ; l'émergence de la monétarisation ; le pluralisme institutionnel ; l'interprétation conflictuelle des lois foncières de l'État.

Une grande partie de la population rurale ne peut subvenir à ses besoins en raison des inégalités d'accès à la terre et/ou aux ressources qu'elle porte (eau, terre, couverture végétale, potentiel touristique, etc.). La préférence souvent accordée à l'agrobusiness dans les politiques économiques accentue la pression sur les terres, avec de forts risques économiques, sociaux et environnementaux à moyen et long termes (COMITE TECHNIQUE, FONCIER ET DÉVELOPPEMENT, 2008).

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Dans l'avenir, à la périphérie de la ville de Ouagadougou, la population sans terre et sans qualification aura du mal à trouver de quoi se nourrir, se soigner, etc. Il pourrait y avoir donc des conflits non pas comme ceux qui se passent ailleurs entre éleveurs et agriculteurs, mais cette fois-ci entre les héritiers du foncier (autochtones) et les nouveaux acteurs.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus