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Urbanisation et précarité de l’énergie électrique dans les grandes villes d’Afrique de l’ouest. Exemple de Niamey au Niger (analyse bibliographique.


par Abassa Abdourazack Niandou
Université Abdou Moumouni de Niamey au Niger - Master II Aménagement des espaces urbains 2017
  

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3.2.3.3. Impacts de la précarité de l'énergie électrique à Niamey

La NIGELEC, société d'Etat, dispose d'un monopole dans la production, la distribution et la commercialisation du courant électrique. Cette société qui reçoit des subventions de l'Etat et plusieurs autres partenaires, rencontre des difficultés à jouer son rôle tout en assurant sa mission de service public par la fourniture efficace et continue de l'électricité devant alimenter les ménages et les commerces mais aussi les services de l'Etat et autres pour que ces derniers soient rentables en exécutant convenablement les taches, chacun en ce qui le concerne, au grand profit de l'intérêt de tous. Ce qui se traduit par la précarité du service et cela se manifeste à travers des coupures intempestives. Ces dernières ne sont pas sans conséquence sur le développement socioéconomique de la ville. Ainsi, nous assistons à des supplices de plusieurs ordres.

D'après un article publié par le COURIER le 02 Octobre 2015 à 16heure 19 minutes dans société, « on assiste à un climat nauséabond de vie chez les ménages, qui caractérise le quotidien des populations car sans électricité la vie ressemble à une sorte de non vie et que tout bien être devient impossible ajoutés aux pertes énormes enregistrées grâce à l'arrêt ou la reprise subites de la fourniture du courant qui détruisent des appareils électroniques et électroménagers par le dérèglement de l'intensité du courant ». Cela a été démontré par DEDJINOU V. F. (2014) au Benin où il montre que les ménages, surtout ceux à faible revenu sont plus touchés par les coupures d'électricité du fait des dégâts causés par ces derniers. D'après toujours le COURIER, durant les périodes d'hivernage finissantes, les familles dorment encore dans les chambres, en recourant notamment à des appareils (ventilateurs, humidificateurs, climatiseurs, etc.) pour atténuer les piqûres de moustiques, qui sont à l'origine du paludisme. La fourniture d'énergie électrique n'étant plus régulière la nuit, les familles sont du coup exposé à cette maladie fortement mortelle. C'est dans ce même cadre qu'a été démontré en France par EDF et col (2011) et MARION C. (2013) que la précarité énergétique a un impact sur la santé des populations car l'inconfort permanent provoque le développement des maladies pulmonaires, des infections et même des décès.

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Les coupures d'électricité plongent généralement la ville dans l'obscurité à travers le manque de l'éclairage publique affirme SALEY M. (2008). Pour cet auteur, l'absence de cet éclairage de manière générale, favorise la criminalité, le banditisme et les accidents de la circulation et ne favorise pas les activités marchandes se développant le long des rues. Ce qui entraine un manque à gagner pour le petit commerce se développant la nuit.

Selon MOUNKAILA A. (2014), les commerçants, surtout ceux qui utilisent ou s'alimentent à base du courant électrique, sont simplement en cessation d'activité du fait de l'arrêt de la fourniture ou de son caractère intermittent qui ne facilite pas la bonne marche des affaires donc une stagnation de l'activité économique ou de son ralentissement. Cela s'est confirmé pendant notre passage dans quelques supers marchés de la place. Ces derniers subissent des dommages de plusieurs ordres et qui ne sont pas remboursés par la NIGELEC. En effet, des avaries des réfrigérateurs et plusieurs autres produits cosmétiques sont observées dans toutes ses unités commerciales. Ce qui n'est pas sans conséquence sur leurs chiffres d'affaire. Les dommages sont estimés de 5 000 à 20 000 par jours (pendant la saison chaude, période pendant laquelle les coupures sont répétées) selon la taille de la boutique et souvent conduit à l'endettement des propriétaires comme l'Affirme EDF et col (2011) en France ou la fermeture systématique des boutiques. C'est dans cette optique que IBRAHIM A. affirme à travers le journal ?Administrateur que « tous les produits liés au froid sont en danger et beaucoup de petits commerçants qui ne vivent que de cette activité ont fermé boutiques». Par contre fait la joie des vendeurs des lampes (à piles ou à pétroles) et bougies qui voient l'écoulement rapide de leurs produits.

Les coupures de courant pèsent lourdement sur l'économie. En effet, les études de ANTOIN E. et al (2006) et de la BANQUE MONDIALE (2009), montrent qu'en termes de ventes perdues et de dégâts matériels, le coût moyen se chiffre à 2,1 % du PIB en Afrique subsaharienne et le manque à gagner pour les entreprises, représente 6 % du chiffre d'affaires en moyenne pour les entreprises du secteur structuré, et près de 16 % pour les entreprises du secteur informel qui ne disposent pas de système d'alimentation de secours. Ces pourcentages expriment l'impact de la précarité de l'énergie électrique sur les activités commerciales.

Autre secteur paralysé, c'est celui de l'administration publique dans la fourniture des services publics aux usagers en l'occurrence les contribuables de l'Etat car les fonctionnaires, certains d'entre eux désertent les postes de travail en cas de coupure et d'autres restent sur place sans aucune utilité en attendant vainement le rétablissement inespéré de la fourniture pour enfin vaquer normalement à leurs tâches qui ne sont pas du tout aisées dans ce contexte de forte canicule ajoute MOUNKAILA A. (opp cit). Cela est l'un des problèmes dont souffre

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l'administration Nigérienne en générale et celle de Niamey en particulière. C'est dans cette optique que le chef du département de géographie de l'Université Abdou Moumouni, DAMBO L. (2016), affirme au cours de notre entretien que les coupures d'électricité constituent un blocus pour le bon fonctionnement de l'administration et l'arrêt systématique des cours dans certaines salles comme l'Amphi A de la Faculté des lettres et Sciences Humaines. Et cela est l'une des causes du retard académique que connait l'université de manière générale. Selon toujours le chef du département, ces coupures provoquent aussi des dégâts matériels.

L'énergie est incontestablement la base du développement de l'activité humaine et industrielle et du surcroit le mobil pour une véritable production de richesse dans un pays.

Pour DJIBY D. et al (2009) et VIJAY, et al (2005), la précarité énergétique a aussi un impact sur les services sociaux de base. En effet l'électricité joue un rôle crucial dans la fourniture des services sociaux de base dont l'accès à l'eau, à l'éducation et la sante, où le manque d'énergie constitue souvent un obstacle à la stérilisation, l'approvisionnement en eau, sa purification, à l'assainissement et à l'hygiène ainsi qu'à la réfrigération des médicaments. Ainsi, l'adjoint au chef maintenancien de l'hôpital Lamordé nous, a souligné (le 13 juin 2016) un certain nombre des problèmes liés aux coupures d'électricité. Ces dernières pèsent lourdement sur le bon fonctionnement du dit hôpital. C'est ainsi qu'il assiste à des dommages de plusieurs ordres dont nous avons, les avaries des produits sanitaires et des matériels liés au soin ou à la climatisation. Ces dommages pouvant aller jusqu'à l'atteinte de vies des patients affirme le maintenancien adjoint. En termes de pertes financières, les dommages matériels sont estimés à plus de 6 million par an. Le manque d'énergie est le principal facteur de la discontinuité de la fourniture d'eau dans les villes sahéliennes en générale et à Niamey en particulier pendant les périodes de canicule affirme HASSANE Y. (2014). Il ajoute aussi que ces périodes sont marquées par une forte demande en eau et en énergie, ce qui occasionne des multiples intermittences qui vont jusqu'à l'arrêt total de la fourniture du service d'eau potable de la ville. Ainsi, les Niaméens sont durement frappés par cette situation qui plonge les ménages branchés et ceux qui ne le sont pas dans le même calvaire en les lançant dans un combat pour s'approvisionner aux points d'eau collectifs. Ce qui amène selon AMY G. (2012), les ménages branchés à faire des dépenses imprévues pour l'eau qu'ils auraient pu investir ailleurs et cela pourrait provoquer une instabilité financière qui n'empêchera pas de payer la facture d'eau. C'est ainsi qu'un fût de 120 litres d'eau potable qui se vendait ?en temps normal à 350 FCFA? se négocie ?jusqu'à 1 000 FCFA?, a dénoncé un résident de Lazaret, un quartier périphérique et populaire de Niamey. Il est, à noter le cramage des

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installations électriques comme les armoires électriques, affirme le chef d'exploitation des eaux de Niamey Mr ABDOUL-RAZAK7. Aussi faute de courant, des télévisions locales sont contraintes d'arrêter de diffuser leurs émissions plus tôt que prévu (AFP, 12 mai 2016).

Cette précarité de l'énergie électrique apparait comme le principal facteur de dysfonctionnement des sociétés chargées de distribuer l'eau potable presque partout en Afrique souligne YOUNSA H (opp cit). En effet, le service d'eau est largement dépendant de la disponibilité de l'électricité étant donné que la production de l'eau est assujettie à celle de l'électricité ajoute AMY G. (opp cit). Ainsi, pour SOGHA H. (SPEN, 2016), la précarité de l'énergie électrique a trois dimensions : elle a d'abord une dimension sociale. A cet effet, elle crée des mécontentements des populations voir même des soulèvements ; puis une dimension financière à travers les moyens que la société mettra en place pendant les périodes des coupures afin de permettre la continuité de la prestation du service ; enfin, une dimension technique par la destruction sans dédommagement de certains matériels. Ce point de vue de SOGHA H. (2016) est aussi partagé par TAHIROU D. (2016), le chef de surveillance de la station de pompage de Goudel. En effet celui-ci nous fait comprendre que l'usine n'est pas épargnée des coupures d'électricité et ces dernières pèsent lourdement sur le fonctionnement régulier de l'usine car pouvant aller jusqu'à 8heures de temps par jour. Ainsi, pendant ces périodes de coupures, il arrive souvent que les moteurs de secours consomment plus de 2000 litres de gasoil par jour sur fond propre de la SEEN. Ces coupures provoquent aussi l'avarie de certains appareils. Mais ces derniers sont remboursés par l'UGAN grâce à un contrat d'assurance.

Cette précarité a également des effets sur le fonctionnement de la NIGELEC. En effet, du fait de la chaleur exceptionnelle et de la forte demande, des évènements se manifestent sur certaines composantes du réseau de distribution. Il s'agit essentiellement de : certains câbles souterrains qui, ne pouvant plus dissiper la chaleur dégagée du fait du transit de la forte puissance fournie aux clients dans un sol déjà surchauffé par le soleil, se mettent à se détériorer par claquage de l'isolant, ce qui crée des courts circuits et empêche d'assurer la continuité du service sur les tronçons concernés. Certains transformateurs, particulièrement ceux qui sont dans les postes cabines maçonnés, soumis aussi à la fois à la chaleur ambiante excessive et à l'échauffement lié à la forte demande d'énergie, subissent des avaries qui les rendent indisponibles et parfois jusqu'à provoquer des incendies affirme MOUSTAPHA K. (2010). Ce qui selon l'auteur a des répercussions financières sur la société. Ainsi, on assiste à

7 Chef d'exploitation des eaux de Niamey au titre de l'année 2016

l'achat des pièces de rechange ou aux remplacements des certains matériels. Il est aussi prévu sur fond propre de la NIGELEC, la production d'énergie électrique par des groupes diesels en place, en cas de problèmes survenu sur la ligne d'interconnexion du Nigeria ou pendant les fortes canicules. Durant ces périodes la NIGELEC consomme plus d'un milliard de gasoil par mois fournis par la SONIDEP.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery