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Transmission générationnelle des langues à  Gamboma.


par Frydh ONDELE
Université Marien Ngouabi - Master 2 en sciences du langage 2015
  

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7. CONCLUSION GÉNÉRALE

À l'issue de notre travail, nous rappelons que la problématique est organisée autour de différentes questions de recherche que nous avons traitées tout au long du développement. Partant de l'idée de la famille comme institution attitrée dans la transmission des langues, et de l'hypothèse de l'émergence des langues véhiculaires comme L1 transmises, nous nous sommes mis à étudier les usages des langues à Gamboma ; à vérifier les langues hautement et faiblement transmises par les parents aux enfants et les langues premières déclarées par les enfants. Nous avons cherché à saisir les raisons pour lesquelles les parents transmettent aux enfants telle ou telle langue. Enfin, nous avons abordé la question de la sauvegarde des langues faiblement transmises.

Avant d'aborder le phénomène dans son ampleur, nous avons examiné la situation sociolinguistique de la commune de Gamboma. Nous y avons identifié onze langues bantoues : deux langues véhiculaires, le lingala et le kituba, et neuf langues vernaculaires, le gangoulou, le mbochi, le boma, le téké, le koyo, le laari, l'akwa, le moyi et le kikoongo. Le français et l'anglais sont les deux langues étrangères répertoriées.

Des deux méthodes employées, le questionnaire et l'observation, les deux générations des enquêtés (parents et enfants) usent plus des langues véhiculaires que des langues vernaculaires, notamment en milieux cosmopolites.

Globalement, les langues véhiculaires sont hautement transmises par rapport aux langues vernaculaires. Toutefois dans les détails, le lingala étant la langue transmise à un plus haut degré, est suivi de très près par le

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gangoulou. Langue vernaculaire et autochtone de la commune, le gangoulou est fortement transmise et supplante les deux autres langues véhiculaires du pays. Le français est la troisième langue transmise suivi du mbochi. Les autres langues vernaculaires sont faiblement transmises. Elles le sont surtout en situations de bilinguisme et de trilinguisme, caractérisées par la présence d'une ou de deux langue(s) véhiculaire(s).

Les parents natifs du centre urbain, particulièrement les hommes ont transmis à un haut degré à leurs enfants les langues véhiculaires. Par contre, ceux qui sont venus des villages, en particulier les femmes ont en général transmis les langues vernaculaires. Les parents ayant un niveau intellectuel (Bac et plus) ont généralement transmis le français, qualifié de langue des élites. Le gangoulou est fortement transmis étant la L1 de ceux-ci.

L'évolution de la transmission des langues entre les générations des grands-parents et des parents a révélé que toutes les langues vernaculaires sont de moins en moins transmises. À la génération des grands-parents, elles exerçaient la suprématie de la transmission, alors qu'à celle des parents, ce sont les langues véhiculaires qui l'exercent.

Les langues véhiculaires sont plus L1 des enfants enquêtés dont l'âge varie entre 10 et 14 ans. Les enfants des tranches d'âge de 15 à 18 ans et de 19 à 25 ans ont plus de langues vernaculaires comme L1. Plus les années s'écoulent, plus le phénomène de l'émergence des langues véhiculaires comme L1 des enfants gagne du terrain.

Nous avons vu que les facteurs qui sont à l'origine de la progression et de la régression de la transmission des langues, des parents aux enfants sont multiples : la concurrence des langues véhiculaires, l'hétérogénéité linguistique des couples, le phénomène de véhicularité et le niveau intellectuel des parents. L'environnement dans lequel les langues sont parlées

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est aussi un facteur important de la progression de la transmission de certaines langues (dominantes du milieu) et de la régression d'autres. Néanmoins les enquêtés ont affirmé transmettre les langues vernaculaires parce qu'elles sont les langues des aïeux.

Les enquêtés ont reconnu la nécessité de sauvegarder les langues locales qui sont en voie d'extinction parce que la diversité linguistique doit être maintenue à travers le monde. Ces langues locales sont les langues des aïeux, et les locuteurs de ces langues s'identifient par elles. Elles doivent être conservées parce qu'elles véhiculent les cultures des communautés qui les parlent. Elles sont aussi utiles dans l'apprentissage des langues européennes chez les locuteurs ayant ces langues locales comme L1. Elles sont les seules langues de communion et de communication des personnes n'ayant pas appris une langue véhiculaire comme L2. Selon les enquêtés, la maitrise de ces langues est aussi nécessaire en cas de conflits interethniques.

Plusieurs institutions peuvent s'impliquer dans la conservation des langues vernaculaires. Chaque instance intervenant a un rôle bien précis. Il s'agit de l'État ; des linguistes ; des communautés de locuteurs, particulièrement des parents et même des églises.

En dépit des différentes questions que nous avons abordées et des réponses apportées, nous rappelons que nous n'avons pas traité toutes les questions relatives à cette étude. Les fiches des deux méthodes d'enquêtes utilisées sont immenses et n'ont pas été entièrement exploitées. D'autres questions auraient dû être étudiées. Il s'agit des questions comme le rôle des médias (Radio, T.V.) dans la transmission des langues ; les langues parlées correctement par les enquêtés ; leurs préférences linguistiques; les attitudes des enquêtés vis-à-vis des langues locales dans une génération où les individus aspirent à apprendre à écrire et à parler les langues dominantes du territoire national et les langues étrangères, de grande diffusion.

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Ce travail ne constitue qu'un jalon des différents travaux de sociolinguistique urbaine qui seront menés dans la ville de Gamboma. Comme il se présente, il est à prendre comme un appel à la valorisation, à la transmission et à la conservation des langues locales, particulièrement des langues africaines ; car :

« Nous considérons la transmission des langues comme un aspect important de la vitalité linguistique. Lorsqu'elle est quantitativement bien assurée d'une génération à la suivante, la langue gagne en locuteurs jeunes et est promis à un bel avenir. Moins la transmission est assurée, plus la langue perd en locuteurs potentiels et en vitalité au profit des variétés concurrentes sur le marché linguistique. Les langues effectivement transmises par les parents à leur progéniture sont exclusivement celles que les parents utilisent quotidiennement avec leurs enfants. 52»

52 Bitjaa Kody, Zachée Denis, « Vitalité des langues à Yaoundé : choix conscient », in Le plurilinguisme urbain, actes du colloque de Libreville "Les villes plurilingues" (25-29 septembre 2000), Calvet, L.-J. & Moussirou-Mouyama, A., Institut de la Francophonie, Diffusion Didier Érudition, Paris, 2000, p.171.

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