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Peur de l'échec et intention entrepreneuriale des étudiants de la faculté d'économie de l'université officielle de Bukavu.


par John MUKANGA UTSHUDI
Université officielle de Bukavu - Graduat en sciences économiques et de gestion 2019
  

Disponible en mode multipage

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NREPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU
U.O.B

BP : 570 BUKAVU

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

PEUR DE L'ECHEC ET INTENTION ENTREPRENEURIALE DES
ETUDIANTS DE LA FACULTE D'ECONOMIE DE L'UNIVERSITE
OFFICIELLE DE BUKAVU

Travail de fin de cycle réalisé en vue de l'obtention du diplôme de graduat en sciences économiques et de gestion

Par : MUKANGA UTSHUDI John

Encadreur: Ass. AKILIMALI NDATABAYE Ephrem

ANNEE ACADEMIQUE 2018-2019

A mes très chers parents, A mes frères et soeurs, Je dédie ce travail

MUKANGA UTSHUDI JOHN

II

REMERCIEMENTS

Je tiens à témoigner ma profonde reconnaissance envers les autorités académiques ainsi qu'au corps professoral de l'Université Officiel de Bukavu pour leur contribution scientifique et leur encadrement.

Ma reconnaissance va également à l'assistant AKILIMALI NDATABAYE Ephrem, qui a dirigé ce travail et dont les remarques, les conseils et les encouragements furent déterminants tout au long de cette recherche. Je lui exprime toute ma gratitude et mes plus sincères remerciements pour tout ce qu'il m'a apporté et pour la confiance et le privilège qu'il m'a accordé en acceptant d'être l'encadreur de ce Travail de Fin de Cycle.

Je tiens à remercier particulièrement mes très chers parents OTSHUDI OMENGA et Julienne KOMBULA pour leur disponibilité, leurs conseils avisés ainsi que pour leur soutien tant morale que financier à mon égard.

Cette recherche doit beaucoup à l'ensemble des étudiants de l'UOB enquêtés pour leurs coopérations qui m'ont permis de parfaire les outils d'investigation et de réaliser l'enquête de recherche.

Ma reconnaissance va également à tous mes frères et soeurs, camarades étudiants, amis et connaissance pour leur affection et collaboration ainsi que pour leurs conseils et soutiens.

MUKANGA UTSHUDI JOHN

III

EPIGRAPHE

« La peur de l'échec est normale mais dangereuse car elle nous empêche de penser et d'agir»

(Anonyme)

IV

SIGLES ET ABBREVIATIONS

ACP : Analyse en Composantes Principales

AF : Analyse Factorielle

AFE : Analyse Factorielle Exploratoire

Ddl: Degré de liberté

GEM: Global Entrepreneurship Monitor

IE : Intention Entrepreneuriale

KMO : Kaiser Meyer Olkin

PE : Peur de l'Echec

PNUD: Programme de Nations Unies pour le Développement

RDC: République Démocratique du Congo

SPSS: Statistical Package for Social Sciences

UOB : Université Officielle de Bukavu

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INTRODUCTION GENERALE

Au cours de ces dernières décennies, les actions entrepreneuriales ont connu une montée en puissance. L'importance stratégique de l'entrepreneuriat n'est plus mise en doute (Schumpeter, 1975). L'entrepreneuriat est devenu une véritable arme de lutte contre le chômage. Tout porte à croire que l'entrepreneuriat a un impact positif sur le nombre d'emplois nouvellement créés et la baisse du taux de chômage (Bruyat et Julien 2001, Henry et all 2003, Reynolds et all. 2001, Wennekers and Thurik 1999). Durant ces décennies, plusieurs approches se sont alternées en vue d'expliquer le phénomène entrepreneurial, spécialement à travers l'identification des facteurs prédicteurs de l'action entrepreneuriale. A cet égard, et vue son caractère de médiateur entre les variables exogènes et l'acte de création, la phase intentionnelle mérite qu'on y apporte une attention particulière et qu'on s'y intéresse davantage. Pour Krueger et Carsrud (1993), étudier un comportement futur de création d'entreprise est inséparable des intentions qui animent les individus quant à la manifestation de ce comportement. En amont l'intention entrepreneurial représente le meilleur prédicteur de l'acte d'entreprendre (Kolvereid, 1997 ; Krueger, Brazeal, 1994 ; Krueger et alii, 2000). L'intention entrepreneuriale est souvent utilisée pour essayer de mieux comprendre l'esprit entrepreneurial d'une population ciblée et pour prédire l'acte entrepreneurial. Ainsi donc, une étude sur l'intention entrepreneuriale enrichira la compréhension du champ entrepreneurial et permettra d'avoir une image globale du processus entrepreneurial.

Il existe de nombreuses définitions de l'intention. Mais dans le cadre de ce travail, nous retenons l'approche de Kolvereid (1996) qui consiste à considérer ce qu'Ajzen et Fishbein avaient appelé une intention de choix. Pour Ajzen (1991), l'intention c'est une volonté ; un désir d'agir qui conduit à la réalisation du comportement planifié. Elle est un état d'esprit qui dirige l'attention et l'expérience vers un but spécifique; C'est une action de tendre vers un but (Bird et Jelinek, 1988). L'intention entrepreneuriale est certes la volonté d'une personne de créer une entreprise ou une organisation (Hernandez, 1991). Abidat (2014) considère l'intention entrepreneuriale comme le fait de comportement d'individus engagé vers la création d'une entreprise.

L'entrepreneuriat étant intimement lié à une prise de risque et à l'incertitude, la peur de l'échec peut entraver celui-ci. Selon Larousse (2017), la peur est une émotion ressentie généralement en présence d'un danger ou d'une menace ; c'est une émotion pénible produite par l'idée ou la

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vue d'un danger. La peur de l'échec est un facteur puissant qui empêcherait le passage de l'intention à l'acte de création (Caliendo, Fossen et Kritikos, 2009). La peur de l'échec est définie comme un blocage de l'identification d'une bonne opportunité d'affaire (Global Entrepreneurship Monitor, 2013). Elle est considérée comme un facteur qui pousse la personne à nier de s'engager dans la carrière entrepreneuriale, d'exploiter une opportunité et d'échouer même dans une situation de réussite (Heckhausen, 1991). Dans la littérature existante, cette variable a été décrite comme une émotion négative (Palzelt et Shepherd, 2011). Selon le Global Entrepreneurship Monitor, la peur de l'échec est la principale raison évoquée par les aspirants entrepreneurs pour ne pas créer leurs propres entreprises (Bosma et alii, 2007). D'après l'étude menée dans une école britannique par Henderson et Robertson (1999), les étudiants qui n'étaient pas enclins à entreprendre craignaient l'échec.

Ajzen (1991) a mis en place une théorie psychosociale cruciale qui explique mieux la genèse de l'intention entrepreneuriale ; il s'agit de la théorie du comportement planifié. Cette théorie prédit et décrit mieux l'intention entrepreneuriale et s'avèrent utile pour sonder les étudiants en vue d'identifier à quel niveau peuvent se situer d'éventuels blocages à leur esprit entrepreneurial. Pour Ajzen, l'intention entrepreneuriale est fonction de trois composantes : les attitudes associées au comportement, qui concernent l'évaluation que fait l'individu du comportement souhaité ; les normes subjectives, qui résultent de la pression sociale ; il s'agit de l'influence de personnes proches. Enfin, le contrôle comportemental perçu qui implique le degré de confiance qu'a l'individu de ses aptitudes, ainsi que de ses ressources nécessaires en vue de réalisation du comportement voulu. Cette théorie nous semble incomplète étant donné qu'elle n'a pas tenu compte d'autres facteurs psychologiques qui peuvent influencer cette intention. C'est ainsi que la théorie de la psychologie cognitive tenterait de décrire l'intention d'adopter un comportement donné.

De tous les facteurs psychologiques, notre travail se focalisera sur la peur d'échec. La peur de l'échec a une influence centrale sur la motivation des individus à atteindre leurs objectifs et leurs aspirations professionnelles (Burnstein, 1963). Ce sont ces facteurs négatifs qui entravent l'intention d'entreprendre. Certains théoriciens prouvent que la capacité perçue renforce l'intention entrepreneuriale en réduisant la peur de l'échec. Plus la personne est motivé moins sera l'impact de la peur de l'échec sur son intention. Kennedy et al. (2003) trouve, pour un échantillon de 1075 étudiants australiens que la désirabilité, la norme sociale et la faisabilité explique environ 53% de la variance de l'intention de créer son entreprise. Krueger et alii (2000), quant à eux, testent le modèle d'Ajzen et de Shapero sur 97 anciens étudiants en école

C'est dans le cadre de cette problématique que s'inscrit l'objet de notre travail qui est empirique. Il consiste à mesurer le niveau de l'intention entrepreneuriale des étudiants de la faculté

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de commerce faisant face à un choix de carrière au moment de l'étude. Seule la faisabilité perçue (p<.005) et l'attitude envers l'action (p<.05) prédisent significativement l'intention. Une étude menée par Robertson (2003) sur 340 étudiants de l'université métropolitaine au Royaume Uni, révisé à un échantillon de 252 avec un taux de réponse de 33% soit 82 étudiants montre que 5% des étudiants n'ont pas confiance en eux même et en leur personnalité pour réussir en entrepreneuriat, 6% d'étudiants n'ont pas le temps d'entreprendre, 22% n'ont pas commencé parce qu'ils ont peur d'échec et ne repèrent pas une opportunité et 7% d'étudiants ont dit qu'ils n'ont pas d'expérience professionnelle. Cette étude prouve que de tous les facteurs qui influencent négativement l'intention entrepreneuriale, la peur d'échec prend le dessus. D'où notre travail y consacre une attention particulière.

Beaucoup d'études sur l'intention entrepreneuriale ont focalisé leur attention sur la population étudiante. De toutes les études menées dans la ville de Bukavu portant sur l'intention entrepreneuriale des étudiants, aucune d'elles à notre connaissance n'a exploré le lien entre la peur d'échec et l'intention entrepreneuriale des étudiants. Notre étude visera à couvrir ce gap. De ce fait, la réflexion sur l'émergence des étudiants entrepreneurs à Bukavu est au centre de notre étude. Les recherches antérieures (Basubi, 2014 ; Chokola, 2013) prouvent qu'une faible intention entrepreneuriale se fait remarquer chez les étudiants de la ville de Bukavu. La question qu'on se pose est de savoir quelle en est la cause. Pourtant, le taux de chômage ne cesse jamais de croitre dans la ville de Bukavu et fut de 22,2% en 2013 soit le taux de chômage le plus élevé de la RDC (PNUD, 2013). De même, vu la situation dans laquelle se trouve la ville de Bukavu, ce taux nous parait faible et ne reflète pas la réalité. Les étudiants ne sont pas motivés, ils ne parviennent pas à repérer une opportunité et ne veulent pas prendre le risque. Les travaux de Nabi et Liñan (2013) montre que les personnes qui ne veulent pas prendre le risque n'ont pas intention à entreprendre étant donné qu'elles ne perçoivent pas des opportunités d'affaires. L'analyse de la peur d'échec et de l'intention entrepreneuriale des étudiants en sciences économiques et de gestion de l'UOB est susceptible de mettre à jour une approche nouvelle et différente des cas déjà traités par les études antérieures. Notre étude envisage que l'intention entrepreneuriale est susceptible d'être expliquée par la peur de l'échec dans le cas des étudiants de la ville de Bukavu. Cela étant, il parait nécessaire, pour concevoir un plan d'aide aux étudiants, de comprendre au préalable les croyances que les étudiants ont vis-à-vis de la création d'entreprise et leur niveau de la peur d'échec.

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d'économie de l'UOB et d'évaluer le niveau de la peur d'échec et de déterminer l'effet de la peur de l'échec sur l'intention entrepreneuriale de ces étudiants.

Notre travail présente un intérêt double. Sur le plan théorique, il étudie un concept du comportement psychologique (peur de l'échec) dans le domaine de l'entrepreneuriat. Ce mariage de variable n'a pas fait souvent objet des études antérieures ; pourtant une notion importante dans le processus entrepreneurial qui attirerait l'attention des entrepreneurs et des futurs chercheurs. Sur le plan pratique, cette étude fournit des évidences de ce pourquoi et comment il faut agir sur la peur de l'échec des étudiants pour accroitre leur désirabilité entrepreneuriale.

Notre étude a été faite sur un échantillon tiré sur les étudiants de la faculté de sciences économiques et de gestion de l'UOB pour l'année académique 2018-2019 qui ont répondu à notre questionnaire d'enquête. En outre, la mesure de la peur d'échec et de l'intention entrepreneuriale a été faite à partir d'échelles multi items. L'échelle d'Ajzen et Fishbein a été utilisé comme échelle opérationnalisant l'intention. Les résultats présentés proviendront à la fois d'analyses factorielles exploratoires et confirmatoires garantissant la mesure parfaite des variables de notre sujet de recherche. Un recours à la régression linéaire simple nous a paru crucial dans le cadre de cette étude.

Hormis l'introduction générale et la conclusion, notre travail est subdivisé en trois chapitres: le premier chapitre porte sur la revue de la littérature, le deuxième chapitre traite de l'approche méthodologique et enfin le troisième porte sur la présentation, l'analyse et la discussion de résultats de recherche.

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CHAPITRE PREMIER: REVUE DE LA LITTERATURE

Ce chapitre sera consacré à la littérature relative à l'intention entrepreneuriale, à la peur de l'échec, ainsi qu'au lien qui existe entre ces deux concepts. Nous allons tenter également de donner une théorie expliquant la variable dépendante de notre sujet de recherche ainsi que fournir une hypothèse a notre question de problématique.

I.1. INTENTION ENTREPRENEURIALE

Le concept intention a été définie de plusieurs façons et selon différents auteurs.

D'après Robert (1996), l'intention se définit comme le fait de poursuivre un but ou un résultat de l'action envisagée. En effet, les intentions traduisent une véritable motivation à l'action. Ajzen (1991) dans sa théorie du comportement planifié définit l'intention comme une volonté ; un désir d'agir qui conduit à la réalisation de l'acte (comportement planifié).

Elle est un désir qui dirige l'attention d'un individu à un but spécifique; C'est une volonté qui aboutit à un but (Bird et Jelinek, 1988). Il s'agit de ce fait d'un mouvement par lequel l'esprit tend vers l'objet qu'il s'est intériorisé.

En ce qui concerne cette recherche, l'accent est placé uniquement sur l'intention entrepreneuriale. Elle est certes la volonté d'une personne de créer une entreprise ou une organisation dans le futur (Hernandez, 1991).

Beaucoup d'études se sont focalisées sur l'intention entrepreneuriale. Ces études concernent Spécifiquement une population estudiantine (Kolvereid, 1996 ; Autio et al. 1997; Krueger et al. 2000 ; Emin, 2001 ; Filion, 2003 ; Tournés, 2003 ; Audet 2004 ; Weber et al. 2009 ; Boissin et al. 2009). Les deux principales théories qui ont inspirées ces chercheurs sont : la théorie de l'évènement entrepreneurial Shapero et Sokol (1982) et la théorie de comportement planifié d'Ajzen (1991).

Kolvereid (1996) identifie des éléments qui influencent l'intention entrepreneuriale et tente de comprendre cette influence sur l'intention et sa concrétisation dans un acte entrepreneurial. Ainsi, l'auteur montre que l'intention d'entreprendre dépend de l'attitude, de la norme sociale et du contrôle comportemental perçu. En coopération avec Tkachev, l'étude a été reconduite en 1999, sur un échantillon de 567 étudiants russes. L'étude reflète des résultats similaires. Le poids de la faisabilité perçue est plus fort que l'attitude sur l'intention.

Krueger et al. 2000, appliquant la méthode d'Ajzen sur le choix de carrière d'une centaine d'anciens élevés des écoles de commerce aux Etats unis, ont analysé la faisabilité perçue et les

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attitudes pouvant déterminer significativement l'intention pour aboutir au même résultat que ceux de Kolvereid. D'après ces auteurs, la faisabilité a plus d'effet sur l'intention que les attitudes comportementales.

Les recherches antérieures réalisées dans la ville de Bukavu sur l'intention entrepreneuriale (Basubi, 2014 ; Chokola, 2013) prouvent qu'une faible intention entrepreneuriale se fait remarquée chez les étudiants de la ville de Bukavu. L'étude menée par Basubi (2014) sur les étudiants de l'Université Evangélique en Afrique, montre que les normes sociales et le contrôle comportemental perçu déterminent significativement l'intention entrepreneuriale. Pour Chokola (2013), la faisabilité perçue explique environ 56% de la variance de l'intention de créer l'entreprise dans le futur chez les étudiants de la ville de Bukavu.

D'autres auteurs ont montré qu'outre les variables de l'intention citées par les théories d'Ajzen et de Shapero, il y a d'autres facteurs pouvant traduire l'intention entrepreneuriale. Ils ont montré la grande influence que peut avoir l'enseignement entrepreneurial sur l'intention.

Pour Weber et al. (2009), l'enseignement de l'entrepreneuriat augmente l'intention entrepreneuriale. Ainsi, les auteurs développent un modèle théorique de l'apprentissage dans lequel l'enseignement de l'entrepreneuriat génère des signaux qui permettent aux étudiants d'évaluer leur propre aptitude aux tâches entrepreneuriales.

Selon l'étude de Tournes (2003), l'enseignement de l'entrepreneuriat est, parmi d'autres facteurs contextuels, une des variables explicatives et prédictives de l'intention entrepreneuriale. Dans son modèle, l'intention entrepreneuriale est appréhendée à partir d'un modèle hypothético-déductif au sein duquel trois groupes de variables sont retenus. Dans le cadre de cette étude, nous nous basons sur la théorie du comportement planifié pour expliquer l'intention entrepreneuriale.

Il est fort à constater que dans ces théories, il y a une forte sous-évaluation de la place des opportunités dans l'acte entrepreneurial qui, quelque fois devancent l'intention. Dans le cadre de ce travail, nous allons nous focaliser sur la théorie du comportement planifié d'Ajzen.

Théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991)

Elle s'appuie sur le modèle de l'action raisonnée élaboré par Ajzen et Fishbein (1980) et confère à l' intention de l'individu la place centrale dans la genèse du comportement. Ajzen (1991) postule que l'intention prédit ce dernier à travers trois composantes:

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? Les attitudes associées au comportement : facteurs psychologiques/individuels

Ils impliquent l'évaluation que fait l'individu du comportement souhaité. Les attitudes personnelles dépendent de la perception de conséquences, des résultats de l'exécution du comportement désirées. Les attitudes renvoient au concept de désirabilité de Shapero et Sokol (1982).

L'attitude d'un étudiant envers la création future d'une entreprise repose sur ses valeurs, ses caractéristiques professionnelles et sur sa vision de l'entrepreneuriat (Tournes, 2006).

? Les normes subjectives : Facteurs Socioculturels

Elles résultent des perceptions de la pression sociales, ce sont les souhaits de la famille, des amis et du milieu professionnel ou académique concernant le devenir entrepreneurial. Celles-ci renvoient également à la désirabilité de Shapero et Sokol (1982). L'intention pour réaliser un comportement dépend en partie de l'influence des personnes proches à l'égard de ce comportement. La norme subjective génère les croyances normatives de l'individu. Cette composante de l'intention entrepreneuriale fut mise en doute par certains auteurs. Leurs tests sur la théorie du comportement planifié montrent que la norme subjective n'a pas d'effet significatifs pour expliquer la formation de l'intention de créer une entreprise (Boissin et Emin, 2007 ; Boissin et alii, 2005 ; Cunner et Armitage, 1998). Dans la théorie de Shapero, modélisé par Krueger (1993), ce facteur ne constitue qu'une dimension de la désirabilité de l'évènement entrepreneurial.

? Le contrôle du comportement perçu

Ajzen (1991) affirme que l'intention ne peut se concrétiser que si elle est sous le contrôle de la volonté de l'individu. Les perceptions du contrôle comportemental impliquent les degrés de connaissances et de contrôle qu'a un individu de ses aptitudes, de ses expériences, de ses obstacles antérieurs ainsi que des ressources nécessaires en vue de concrétiser le comportement voulu. Ces perceptions s'apparentent au concept de faisabilité de Shapero et Sokol (1982) et au concept d'auto efficacité de Bandura (1977).

Cette théorie a suscité des nombreuses critiques qui se résument en ce terme : la théorie du comportement planifié néglige les variables émotionnelles comme la peur et les sentiments négatifs ou positifs et les a évaluées de façon limitée.

Des facteurs autres que ceux favorisant la réalisation du comportement peuvent surgir et entraver ledit acte envisagé. C'est dans ce cadre que s'inscrit la peur de l'échec. Un facteur puissant qui peut mettre fin à un processus de création future d'une entreprise. Certains

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théoriciens (Helms 2003, Patzelt et Shepherd 2011) prouvent que la faisabilité perçue (contrôle comportemental perçu) renforce l'intention entrepreneuriale en réduisant la peur de l'échec. Plus la personne est motivé moins sera l'impact de la peur de l'échec sur son intention. De même, une forte peur de l'échec aurait un impact négatif sur les attitudes personnelles étant donné que les deux sont de facteurs émotionnels.

Vu les limites de cette théorie, nous en dérivons la théorie de la psychologie cognitive utilisée dans le domaine de l'entrepreneuriat par Bird (1988) pour expliquer les facteurs non développés par cette dernière.

La théorie de la psychologie cognitive

L'étude de l'intention entrepreneuriale produite par Bird (1988) basée sur la théorie de la psychologie cognitive, donne une importance particulière aux variables individuelles et contextuelles dans l'étude de l'intention entrepreneuriale. Elle tente de décrire l'intention d'adopter un comportement donné. L'intention est devenue le lien entre les croyances (qui traduisent les attitudes) et les comportements (Fishbein et Ajzen, 1975). Pour Bird, c'est l'assemblage des facteurs personnels et contextuels, qui apprêtent les individus à avoir une intention de créer une entreprise. Parallèlement, les facteurs personnels identifient les expériences entrepreneuriales antérieures, les traits de personnalité et les compétences de l'individu. Les facteurs contextuels se rapportent aux variables sociales, politiques et économiques, telles que les déplacements, les changements des marchés et les politiques gouvernementales. Les intentions sont structurées par l'association de deux types de pensées : rationnelle et intuitive. L'intention entrepreneuriale, selon Bird (1992), sollicite la volonté personnelle et des aptitudes pour vérifier la faisabilité d'une idée.

L'intention ne représente pas une action mais elle définit une volonté ou un désir qui peut mener vers l'action. C'est un facteur envisagé et préféré, mais non encore certain. S'appuyant sur les travaux de Giddens, l'action peut précéder l'intention ou pour le moins l'intention n'implique pas nécessairement l'action. L'individu n'a pas forcément conscience du but qu'il poursuit et peut éprouver des difficultés pour exprimer son « intention réelle ». Toutefois, un comportement ou un acte peut être planifié mais ne pas donner lieu à une création de l'entreprise. Dans certains cas, l'intention ne se forme que peu de temps avant la décision réelle et dans d'autres cas, l'intention ne mène jamais à un comportement réel de création d'entreprise.

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I.2. PEUR D'ECHEC

Deux groupes d'auteurs ont donné une définition au concept peur de l'échec. Le premier groupe la définissent en terme d'aversion au risque (Lay, 1994 ; Helms 2003 ; Wagner et Stenberg 2004, Hessels et al. 2011) et le second comme une émotion négative résultant de la perception de menaces (Patzelt et Shepherd 2011 ; Welpe et al. 2011 ; Li, 2011).

La peur de l'échec est considérée par le GEM (2013) comme blocage de l'identification d'une bonne opportunité d'affaire. Elle est un facteur qui pousse la personne à nier de s'engager dans la carrière entrepreneuriale, d'exploiter une opportunité et d'échouer même dans une situation de réussite (Heckhausen, 1991). De ce fait, la peur de l'échec se désigne par une réaction émotionnelle associée à la décision de créer ou non l'entreprise (Wennberg et al. 2013).

Dans la tradition de recherches psychologiques, le terme peur de l'échec a été utilisé pour désigner une disposition stable (par exemple McClelland, 1951 ; McClelland et al. 1953) et un état psychologique (Conroy, 2001).

L'approche dispositionnelle suppose l'étude de caractéristiques internes de la personnalité stable pour expliquer les attitudes et les comportements (Stew et Ross, 1985). Elle et une tendance stable des individus à s'inquiéter de l'échec (Atkinson et Litwin, 1973, Birney et al. 1969).

L'approche par état suppose que le comportement est fonction d'états psychologiques stimulés par des caractéristiques de la situation (Leary et Hoyle, 2009). Selon cette approche, certaines variables de la situation créent des différences dans les états psychologiques des individus. D'où, la peur de l'échec est un état cognitif et émotionnel temporaire vis-à-vis des stimuli environnementaux et qui sont appréhendés comme des menaces dans de contextes de réalisation (Conroy, 2001).

Pour mesurer la peur de l'échec, le Global Entrepreneurship Monitor utilise les tests d'anxiété de caractère qui permettent de mesurer le degré de croyances cognitives et émotionnelles des individus ; d'autres chercheurs utilisent les items et prennent pour acquis que si la peur de l'échec est présente, cela aurait toujours un effet inhibiteur (Cacciotti et Hayton, 2014). Ces mesures ne semblent pas pourtant présenter avec précision le concept de peur de l'échec. Si la peur de l'échec est la réaction cognitive et émotionnelle temporaire vis-à-vis des stimuli environnementaux qui sont perçus comme une menace dans le contexte entrepreneurial, une

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mesure de la peur de l'échec doit alors prendre en compte ses composantes à la fois cognitives et émotionnelles.

Notre littérature montre que la peur de l'échec est toujours une barrière à l'intention entrepreneuriale. La conceptualisation de la peur de l'échec reste simpliste, l'associant souvent à l'aversion pour le risque ou aux émotions négatives. La mesure de celle-ci est également très limitée et dans certains cas sa validité est discutable. Cela étant, il serait nécessaire de parvenir à un accord conceptuel sur la nature de la peur de l'échec ainsi qu'une mesure valide du construit.

I.3. PEUR DE L'ECHEC ET INTENTION ENTREPRENEURIALE

Etablir le sens de la peur de l'échec est le premier pas vers une conceptualisation rigoureuse de ce phénomène en entrepreneuriat. La peur de l'échec est un facteur qui relève de la psychologie et peut influencer négativement l'atteinte des objectifs.

De ce fait, il parait impérieux d'explorer les évidences empiriques sur le lien qui existerait entre la peur de l'échec et l'intention entrepreneuriale des étudiants.

La peur de l'échec est une réaction émotionnelle associée à la décision de créer une entreprise. Une grande partie de recherche entrepreneuriale a examiné l'influence que peut avoir la peur de l'échec sur le comportement entrepreneurial (Caciotti et Hayton, 2014). Dans la littérature existante, cette variable a été décrite comme une émotion négative (Palzelt et Shepherd, 2011), une expérience de honte ou d'humiliation résultant de l'échec (Wood et al. 2013). La peur de l'échec est une force négative qui inhibe l'intention entrepreneuriale menant à un éventuel acte. Etant donné que l'entrepreneuriat est intimement lié à l'incertitude et à la prise de risqué, la peur de l'échec est un facteur puissant qui empêcherait l'aboutissement de l'intention à l'acte de création d'entreprise (Caliendo, Fossen et Kritikos, 2009). Se référant aux recherches psychologiques, la peur de l'échec est perçue comme un cadre d'évaluation autonome qui influe sur la façon dont elle définit, oriente et expérimente les échecs dans des situations d'exécution (Heckhausen, 1991). Elle a une influence déterminante sur la motivation des individus à réussir et sur leurs aspirations professionnelles (Burnstein, 1963), y compris la décision d'exploiter une opportunité commerciale ou non (Welpe et al. 2012). La peur de l'échec d'une personne sera négativement reliée à son intention d'exploiter une opportunité d'affaire dont elle a identifié. Selon le Global Entrepreneurship Monitor, la peur de l'échec est la principale raison invoquée par les aspirants entrepreneurs pour ne pas créer leurs propres entreprises (Bosma et alii, 2007),

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c'est aussi la plus grande raison qui pousse la majorité de gens à ne pas se lancer dans les affaires (Business Venture Advice, 2007).

Conroy (2002) a rapporté que les conséquences de la peur de l'échec et de l'anxiété étaient à l'origine d'une série d'effets psychologiques qui étoufferaient l'intention de s'engager dans n'importe quelle affaire.

Les travaux de Li (2011) menés sur les étudiants des universités des Belgique, de Chine et des Etats Unis montrent une différence significative entre le genre dans l'importance perçue de la barrière de la peur de l'échec sur l'intention entrepreneuriale. Aux Etats Unis tout comme en Belgique, les hommes perçoivent ces barrières comme moins importantes que les femmes mais pas en chine. De plus le genre n'a pas d'effets modérateurs sur la relation entre peur de l'échec et intention entrepreneuriale.

Les études de Wood, McKinley et Engstrom (2013) menées auprès de chômeurs prouvent que le licenciement et la durée de chômage sont des incitations a une grande intention entrepreneuriale et que la source qui poussent à ne pas exploiter les opportunités est modérée par la peur de l'échec et la propension au risque.

Selon les recherches de Michel et Shephered (2011), la peur de l'échec entrave (interaction entre capital humain spécifique et la peur de se dévaluer soi-même et l'interaction pour l'efficacité personnelle et la peur d'avoir un avenir incertain), de même que les motivations (interaction entre l'efficacité personnelle et la peur de la dévalorisation).

Les études antérieures se sont beaucoup focalisées sur les effets inhibiteurs de la peur de l'échec ignorant la force de la motivation que le construit peut exercer sur l'intention entrepreneuriale.

Au regard de ces développements, nous formulons notre hypothèse de recherche de la façon suivante : la peur de l'échec des étudiants influencerait négativement l'intention entrepreneuriale de ceux-ci.

Les variables sont évaluées sur une échelle de mesure à 5 points allant de 1 «pas du tout d'accord» à 5 «totalement d'accord », tel que recommandés dans les travaux d'Emin (2003).

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CHAPITRE DEUXIEME : APPROCHE METHODOLOGIQUE

Ce chapitre va se focaliser sur les techniques utilisées pour la collecte des données ainsi que les méthodes pour l'analyse et le traitement des données collectées sur terrain.

II.1. TECHNIQUE DE COLLECTE DE DONNEES

Ce point présente la population à enquêter, et montre les différentes étapes qui vont nous permettre de collecter des données.

II.1.1. Population cible

La base de sondage de notre étude est constituée d'étudiants de la faculté d'économie et de gestion de l'Université Officielle de Bukavu allant de première année de graduat jusqu'en deuxième année de licence pour l'année académique 2018-2019.

Pour la détermination de notre échantillon, nous nous sommes servis de la table de Morgan (Krejcie et Morgan, 2006). La population totale d'étudiants inscrits à la faculté d'économie de l'UOB est de 1078. La valeur de la loi normale au seuil á égale à 1,96 et la marge d'erreur choisie de 5%, nous ont permis de tirer l'échantillon de 283 étudiants. L'auto administration de questionnaire a été choisie pour optimiser le taux de réponse.

II.1.2. Questionnaire et mesure des variables

Dans le cadre de cette étude, un questionnaire d'enquête sera utilisé pour la collecte des données. Il est articulé sur trois parties essentielles : la première partie concerne les questions sociodémographiques de l'enquêté, la deuxième partie cherche à capter la variable dépendante « intention entrepreneuriale» de l'étudiant à enquêter et en fin la troisième partie présente les questions relatives à la « peur de l'échec » de l'étudiant à enquêter.

Ainsi, nous pour mesurer les variables sociodémographiques, nous avons procédé de la manière suivante : pour le sexe, nous avons utilisé le code 0 pour les hommes et 1 pour les femmes. Concernant la promotion, les codes allant de 1 à 5 ont été utilisé, notamment de G1 à L2. De même, nous avons utilisé les chiffres allant de 1 à 4 pour codifier la classe sociale, soit des étudiants issus des familles modeste aux étudiants issus des familles très riches et enfin, aucun code n'a été utilisé pour l'âge des enquêtés.

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La méthode de Churchill (1979) est particulièrement appropriée pour élaborer avec rigueur ces instruments de mesure (Igalens, Roussel, 1998). L'utilisation de ces derniers diminue les erreurs de fiabilités (Krueger, Reilly, Carsrud, 2000).

L'intention entrepreneuriale sera mesurée par une échelle comportant 14 items au total portant sur l'intention. Ces items trouvent leur origine dans différents travaux (Emin, 2003 ; Tournes, 2006 ; Saleh, 2011). La peur de l'échec de l'étudiant sera mesurée à l'aide de 10 items tirés de travaux de Conroy et al. (2002) et de Shepherd et al. (2011). Toutefois, quelques-uns de ces items ont été modifiés afin de les adapter au contexte de notre étude.

II.2. TECHNIQUE DE TRAITEMENT DES DONNEES

Les données empiriques récoltées sur le terrain seront soumises aux tests appropriés et les résultats qui vont en découler, vont nous aider soit à confirmer ou soit à infirmer notre hypothèse de recherche. Il s'agira de l'analyse des composantes principales (ACP), du test de fiabilité et de validité de l'échelle de mesure de l'intention entrepreneuriale, du test de la corrélation entre les deux variables du sujet d'étude ainsi que de la régression linéaire simple (Gower, 1996 ; Legendre, 1998).

Présenter synthétiquement un grand ensemble de données résultant d'une étude de plusieurs caractères quantitatifs ou qualitatifs sur une population n'est pas facile. De ce fait, l'analyse en composantes principales et l'analyse factorielle vont nous permettre de révéler les corrélations entre les caractères et de proposer une structure de la population. Un des intérêts majeures de ces analyses est de fournir une méthode de représentation d'une population décrite par un ensemble de caractères dont les modalités sont quantitatives (mesures continues), pour une ACP ou qualitatif pour une analyse factorielle (Igalens et Roussel, 1998).

L'analyse en composante principales (ACP) est une méthode destinée à analyser les relations entre les données quantitatives. C'est la méthode la plus utilisée parmi les méthodes descriptives pour l'épuration et la validation des échelles (Evrard et al. 2000, Igalens et Roussel, 1998). Elle analyse uniquement les relations linéaires pouvant exister entre les variables (Evrard et al. 2000).

Nous allons recourir à l'analyse factorielle (AF) étant donné qu'elle nous permettra de passer d'un grand nombre d'items à un nombre plus réduit par regroupement d'items mesurant la même dimension appelée « composante » (Gianneloni et Vernette, 2001).

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Avant de procéder à l'analyse factorielle, nous devons nous rassurer, que les données sont factorisables. Pour ce faire, un test statistique nous permet de vérifier l'hypothèse (nulle) selon laquelle notre matrice des corrélations est déterminée à partir d'une population dont la matrice est identité : c'est le test de sphéricité de Bartlett.

Test de sphéricité de Bartlett

L'idée sous-jacente à ces indicateurs est la suivante : est-il possible d'obtenir un bon résumé? En effet, on peut considérer l'ACP (Analyse en Composante Principale) comme une méthode de compression de l'information. Il n'est pas possible que si les données présentent une certaine redondance. Si les variables sont parfaitement corrélées, un seul axe factoriel suffit, il restituera 100% de l'information disponible (Carricano et al, 2009).

Ce test vérifie si l'hypothèse nulle selon laquelle toutes les corrélations seraient égales à zéro, c'est-à-dire que les items ne seraient pas corrélés entre eux et, par conséquent, seraient parfaitement indépendants les uns des autres. Dans la mesure où l'hypothèse nulle est acceptée, il sera difficile d'effectuer une analyse factorielle. Le test doit donc être significatif, avec une valeur de significativité inférieure à 0.05 pour permettre de rejeter l'hypothèse nulle. Cette validité est donc établie lorsque les réponses obtenues par différents indicateurs mesurant un même construit sont fortement corrélées entre elles (Carricano et Poujol, 2009).

Les chances de rejet de l'hypothèse nulle s'accroissent d'autant plus que la taille de l'échantillon s'accroit, ce qui ne nous garantit pas forcement des résultants excellents pour l'ACP.

Par ailleurs, il peut être utile d'écarter de l'analyse, les variables qui n'ont de corrélation avec aucune autre. Pour ce cas, nous faisons recours à l'outil supplémentaire très intéressant : la mesure d'adéquation de l'échantillonnage de Kaiser-Meyer-Olkin.

Indices Kaiser-Meyer-Olkin (KMO)

Parfois appelé MSA (Measure of Sampling Adequacy) dans le logiciel anglo-saxon, il s'agit d'une mesure de compressibilité de données. L'indice KMO s'inscrit dans le même ordre d'idée que le test de sphéricité. Telle est la question qu'on se pose : est ce qu'il est possible de trouver une factorisation intéressante de données ?

Cet indice vérifie dans quelle proportion les variables retenues forment un ensemble cohérent. L'indice KMO varie entre 0 et 1. S'il est proche de 0, les corrélations sont identiques aux corrélations brutes. Dans ce cas, une compression efficace n'est pas possible. S'il est proche de

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1, nous aurons un excellent résumé de l'information sur les premiers axes factoriels. Une variable pertinente pour l'analyse devrait obtenir un KMO supérieur à 0.5. Kaiser (1974) propose une impressionnante échelle de valeur pour le KMO : inacceptable en dessous de 0.5 ; médiocre entre 0.5 et 0,6 ; moyen entre 0.6 et 0.7 ; bien entre 0.7 et 0.8 ; très bien entre 0.8 et 0.9 et en fin excellent au-delà de 0.9. L'indice KMO est un indice d'adéquation de solution factorielle. Une fois toutes ces analyses effectuées et leur ajustement fait, l'ACP devrait donner les résultats concluants.

Epuration de l'échelle de mesure

La procédure exige que l'on puisse commencer d'abord par les coefficients structurels, qui sont fonction de la taille de l'échantillon. Le coefficient structure lest fixé à 0.41. On procède par élimination de l'échelle de tout item dont le poids factoriel est supérieur au coefficient structurel sur plusieurs facteurs et celui qui n'a aucune contribution supérieure ou égale à 0,50 sur l'une des composantes principales identifiées. Ensuite par la Communalité : la qualité de représentation d'un item, devrait être supérieure ou égale à 0.5 (Foucart, 2006).

La fiabilité de l'échelle va être testée à partir du coefficient alpha de Cronbach. Ce dernier est un indicateur de la cohérence interne d'une échelle de mesure. Une échelle est d'autant plus fiable que son alpha de Cronbach s'approche de 1. Un alpha de Cronbach inférieur à 0,6 est considéré comme insuffisant, un alpha compris entre 0.6 et 0.65 est considéré comme faible, l'intervalle de 0.65 à 0.7 est considéré comme le minimum acceptable. Au-delà de 0.7 l'alpha de Cronbach serait élevé (Carricano et al. 2009).

II.3. Tests explicatifs

Nous allons procéder par la corrélation entre les variables et en suite par la régression linéaire simple. L'analyse de corrélation sera effectuée pour vérifier la liaison entre les deux variables, et le test de la régression linaire donnera la pertinence de cette liaison.

Pour ce qui est de test de corrélation, il sera fait dans le but de déterminer la significativité de la relation entre la peur de l'échec et l'intention entrepreneuriale des étudiants de la faculté d'économie de l'UOB. La corrélation prouve qu'il y a ou non une association entre variables sans préciser quelle variable est la cause de l'autre. A cet effet, pour combler le gap laissé par la corrélation, celle-ci sera complétée par la régression linéaire simple.

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La régression simple étudie la relation qui existe entre une seule variable explicative et la variable à expliquer (Foucart, 2006). L'intention entrepreneuriale sera régressée sur la variable indépendante « peur de l'échec ».

Pour calculer la régression linéaire simple, on notera y, la variable aléatoire à expliquer (variable endogène, dépendante ou réponse) et x la variable explicative ou effet fixe (exogène). Le modèle suppose implicitement une notion préalable de causalité dans le sens ou Y dépend de X car le modèle n'est pas symétrique.

On se sert de l'équation Y = I + I??x + E pour la régression linéaire où y est la variable dépendante, I et I?? sont des coefficients (ordonnée à l'origine et pente), x est la variable indépendante ou explicative et E est une erreur aléatoire.

Le calcul du déterminant se fait automatiquement sous SPSS. Il suffit, lorsque nous voulons faire une ACP, de le préciser dans l'option « descriptive ». Il est de même pour le test de sphéricité de Bartlett et les KMO. Les KMO des variables se lisent sur la diagonale de l'anti image de la matrice des corrélations (Foucart, 2006).

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CHAPITRE TROISIEME: PRESENTATION ET DISCUSSION DES

RESULTATS

Ce chapitre va s'articuler autour de quatre sections principales entre autre la présentation des données des statistiques descriptives, l'analyse factorielle exploratoire et les résultats du test de corrélation et de la régression linéaire simple et enfin la discussion de résultats.

On a pu collecter 272 questionnaires sur les 283 distribués. Ce qui nous a permis de dégager un taux de réponse de 96,11%.

III.1. description générale des données sociodémographiques

Avant toute analyse, nous avons souhaité étudier les caractéristiques sociodémographiques de l'échantillon par le biais des variables suivantes : le sexe, le niveau d'étude, la classe sociale ainsi que l'âge moyen. Ces informations sont synthétisées dans le tableau ci-dessous :

Tableau 1 : sexe, niveau d'étude, classe sociale et âge moyen des enquêtés

 

Effectifs

pourcentage

sexe

Féminin

116

42,6

masculin

156

57,4

total

 

272

100

Promotion (Niveau d'étude)

G1

75

27,6

G2

62

22,8

G3

60

22,1

L1

40

14,7

L2

35

12,9

total

 

272

100

Classe sociale

modeste

51

18,8

Moyenne

157

57,7

Riche

43

15,8

Très riche

21

7,7

total

 

272

100

Age moyen

21,48

Source : nos analyses avec SPSS 2O

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L'échantillon interrogé est composé de 272 répondants. Il ressort de ce tableau un effectif masculin de 156 étudiants soit 57,4% et celui féminin de 116 étudiantes soit 42,6%. La plupart de répondants sont des étudiants de la première année de Graduat car leur nombre est important par rapport à d'autres promotions. La répartition de notre échantillon montre que plus de la moitié des répondants, soit 57,7% sont issus de la classe sociale moyenne. Enfin, on constate que l'âge moyen des étudiants enquêtés est de 21,48 ans.

III.2. Résultat de l'analyse factorielle exploratoire

Cette étude a utilisé l'analyse factorielle exploratoire (AFE) dans le but de réduire les items de notre échelle de mesure. A travers l'analyse, tous les critères ont justifié l'usage de l'AFE. Il s'agit de l'indice Kaiser-Meyer-Olkin et le test de sphéricité de Bartlett. Le tableau ci-dessous reprend les résultats de l'analyse factorielle exploratoire.

Tableau 2 : résultats de l'indice KMO et test de sphéricité

 
 

Intention

entrepreneuriale

Peur de l'échec

Kaiser-Meyer-Olkin (KMO)

,782

,912

Test de sphéricité de Bartlett

Khi-deux approximé

388,767

966,641

Ddl

6

21

Sign.

,000

,000

Source : nos analyses SPSS

En se basant aux travaux de Kaiser (1974) qui montre que le KMO doit être supérieur à 0,7, nous pouvons dire que les variables de notre recherche sont toutes factorisables. Ces résultats de notre analyse signifient que les items utilisés pour chaque variable sont corrélés entre eux.

En outre, pour ce qui est de la peur de l'échec, 7 items ont été retenus. Trois items ont été supprimés à cause de leur faible Communalité (<0,5). L'alpha de Cronbach est de 0,9 qui est

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Tableau 3 : structure factorielle des items retenus (intention entrepreneuriale et peur de l'échec

Qualité de représentation des items retenus pour l'intention entrepreneuriale (IE)

Codes

La carrière entrepreneuriale m'intéresse

Communalité

%Variance expliquée

IE10

Je crois que je me sentirais mieux comme entrepreneur que comme employé

,540

65,396%

IE12

Je suis prêt à faire d'importants sacrifices personnels pour devenir entrepreneur

,660

IE13

Parmi toutes les options professionnelles, je choisirais celui d'entrepreneur

,718

IE14

La carrière entrepreneuriale m'intéresse

,698

Qualité de représentation des items retenus pour la peur de l'échec (PE)

PE1

J'ai peur de l'échec

,596

62,696%

PE2

J'ai peur de faire quelque chose qui ne va pas réussir

,673

PE3

Je crains souvent d'être ridiculisé en cas d'échec

,651

PE4

L'échec me frustre

,629

PE5

J'ai peur de ne pas rentabiliser les efforts fournis

,640

PE6

J'ai peur d'être critiqué en cas d'échec

,637

PE9

Quand j'échoue, je m'inquiète de ce que les autres pourront penser de moi

,563

Méthode Varimax (maximum de variance)

Pour pouvoir interpréter l'intention entrepreneuriale, l'analyse factorielle a fait ressortir 4 items. 10 autres items ont été supprimés dont 5 pour leur faible Communalité (<0,5) et 5 autres pour leurs poids factoriels supérieurs à 0,3 dans plus d'une composante ou inférieur à 0,4 sur toutes les composantes à la fois. Les 4 items de l'IE retenus, explique 65,396% de la variance de celle-ci. Cette valeur est très satisfaisante. La fiabilité de l'échelle a été mesurée par l'alpha de Cronbach qui est égal à 0,823. L'alpha obtenu après élimination des items est considéré comme bon (>0,8).

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élevé. On trouve également que la variance est expliquée par les 7 items retenus pour la PE est de 62,696%. Donc, nos items sont fiables.

Tableau 4 : Niveau de l'intention entrepreneuriale et de la peur de l'échec

Variables

Moyenne

Ecart type

Variance

Indice IE

3,8006

0,87502

0,766

Indice FE

3,2604167

1,0400968

1,082

Source: nos compilations à partir du traitement sur SPSS

Pour ce qui est de l'IE, les résultats font ressortir un indice de 3,8006. Cette cote peut être convertie en pourcentage se basant sur la logique de mesure de la variable sur l'échelle de Likert selon laquelle 1 (correspond à 0%) à 5 (correspond à 100%). A cet égard, le niveau de l'intention entrepreneuriale des étudiants enquêtés est de 70%. Ce résultat témoigne que l'intention entrepreneuriale des étudiants est élevée.

Concernant, la PE, le résultat ressort un indice de 3,26571429 est ressorti par le résultat. En convertissant cet indice en pourcentage ; on trouve que le niveau de peur de l'échec des étudiants enquêtés est de 56,51%. Ce résultat témoigne que la peur de l'échec des étudiants est modérément élevée.

Ces résultats nous permettent de répondre aux objectifs de notre recherche visant à déterminer le niveau de l'intention entrepreneuriale et de la peur de l'échec.

Tableau 5 : les variables sociodémographiques et l'intention entrepreneuriale

Modèle

Coefficients non standardisés

Coefficients standardisés

t

Sig.

 

A

Erreur standard

Bêta

 
 

(Constante)

2,523

,686

 

3,678

,000

sexe

-,030

,108

-,017

-,274

,0784

prom

-,036

,065

-,056

-,557

,0578

Age

,052

,036

,144

1,424

,039

Classoc

,142

,067

,130

2,129

,034

Source : nos compilations SPSS

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Pour ce qui est du sexe de nos enquêtés, nous constatons que les hommes ont plus de l'intention entrepreneuriale que les femmes bien que la différence ne soit pas significative. De même pour la promotion, plus l'étudiant monte la promotion, plus son intention entrepreneuriale diminue. Par contre, les résultats de l'âge et classe sociale sont significatifs. Lorsque l'âge de l'étudiant augmente, il y a l'intention entrepreneuriale qui augmente également. Concernant la classe sociale, les étudiants issus de familles riches ont plus de l'intention entrepreneuriale que ceux issus des autres rangs sociaux.

Les résultats de la régression multiple montrent une corrélation faible entre les variables sociodémographiques et l'intention entrepreneuriale (coefficient de détermination=30%). Les résultats suggèrent donc que 30% de l'intention entrepreneuriale est expliquée par la combinaison de ces dites variables.

III.3. influence de la peur de l'échec (PE) sur l'intention entrepreneuriale (IE) des étudiants

1. Test de corrélation entre la peur de l'échec et l'intention entrepreneuriale

Tableau n°6 : corrélations de Pearson entre la peur de l'échec et l'intention entrepreneuriale

Corrélation de Pearson

Indice PE

Indice IE

 

Indice PE

1

-,160

Indice IE

 

1

Sig. (bilatérale)

 

,001

Source : nos compilations SPSS

La lecture du tableau nous donne un coefficient de corrélations de Pearson de -0,160 entre la peur de l'échec et l'intention entrepreneuriale. Ce coefficient est significatif au seuil á=1%. Ce qui confirme l'association négative entre ces deux variables. Ceci confirme l'hypothèse selon laquelle la peur de l'échec influencerait négativement l'intention entrepreneuriale.

Il convient à présent d'effectuer le test de significativité à travers l'analyse de la régression pour éclairer cette relation.

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1. Test de la régression entre peur de l'échec et l'intention entrepreneuriale

Afin de pouvoir vérifier l'influence de la peur de l'échec des étudiants de la faculté d'économie de l'UOB sur leur intention entrepreneuriale, nous avons fait recourt à la régression linéaire simple. Les résultats sont repris dans le tableau ci-dessous :

Tableau 7 : Test de régression entre peur de l'échec (PE) et intention entrepreneuriale (IE)

Modèle

Coefficients non standardisés

Coefficients
standardisés

t

Sig.

A

Erreur standard

Bêta

(Constante) Indice PE

4,239

-,134

,173

,051

-,160

24,511

-2,660

,000

,008

Variable dépendante : indice IE

Source: nos compilations à partir du traitement sur SPSS

Notre modèle de régression entre peur de l'échec et l'intention entrepreneuriale des étudiants se présente par l'équation suivante :

l'intention entrepreneuriale = 4,239 - 160XindicePE

La valeur absolue de la statistique T est supérieure à 1.96. Ceci signifie que l'estimateur est significatif au seuil de 5%, ce qui montre que la peur de l'échec explique bien l'intention entrepreneuriale des étudiants. Le signe négatif du coefficient de la variable explicative témoigne bien le sens négatif de la relation. Cela va dans le sens de la formulation de notre hypothèse. De ce fait, on peut en déduire que l'intention entrepreneuriale est une fonction décroissante de la peur de l'échec des étudiants de la faculté d'économie de l'UOB. Cela nous pousse sans nul doute à valider notre hypothèse de recherche. Autrement dit, la peur de l'échec influence négativement l'intention entrepreneuriale des étudiants de la faculté d'économie de l'UOB. Plus l'étudiant a peur d'échouer, moins il a l'intention de se lancer dans la carrière entrepreneuriale.

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III.4. Discussion des résultats

Les résultats statistiques montrent une corrélation faible entre la peur de l'échec et l'intention entrepreneuriale (coefficient de détermination =2,2%). Les résultats de la recherche ont confirmé notre hypothèse.

Se basant sur les résultats de notre analyse, nous avons remarqué que les étudiants ont une intention à entreprendre de 70%. Ce qui nous pousse à réfuter les résultats des recherches de Basubi (2014) et celle de Chokola, (2013) prouvant qu'une faible intention entrepreneuriale se fait remarquer chez les étudiants de la ville de Bukavu. Même s'il existe une forte intention entrepreneuriale chez les étudiants de la faculté de l'UOB, l'entrepreneuriat en général et la création d'entreprise en particulier, reste encore modeste dans cette population. D'où il faut chercher à encourager ces étudiants à concrétiser leur forte intention en passant à l'acte de création d'entreprise.

La peur de l'échec peut venir bloquer l'identification d'une bonne opportunité et la matérialisation d'un projet de carrière entrepreneuriale, d'où son importance pour l'analyse. Le niveau de la peur de l'échec chez les étudiants enquêtés est élevé (56,51%) et cela peut étouffer l'intention des étudiants à vouloir entreprendre. Ce qui n'est pas du tout étonnant car les rapports GEM (2017) prouve que les africains ont un niveau élevé de la peur de l'échec soit un score de 39,1%. En 2016, 40,3% de Français ont affirmé que la peur de l'échec pourrait les empêcher à créer une entreprise alors qu'on constate un pourcentage de 54,4% aux Emirats Arabes Unis (GEM, 2016). De ce fait, on devra chercher à réduire ce niveau de peur de l'échec pour permettre aux étudiants de passer à l'acte. Pour faire face à la peur de l'échec, les étudiants devraient accepter le risque et parier sur l'avenir. Etant entrepreneurs novices, ils ne prendront pas toujours les meilleures décisions à chaque coup ; c'est pour cela que s'impose la notion de planification. De même, ces planifications peuvent aboutir à l'échec mais un entrepreneur avisé ne renoncera pas, car de l'échec, on apprend plus.

En outre le test de régression fait ressortir un coefficient de détermination de 2,2% qui est faible. Ce résultat signifie que d'autres variables entrent en ligne de compte pour expliquer le différentiel de l'intention entrepreneuriale des étudiants. Il peut s'agir d'une faible faisabilité perçue et de manque de sensibilisation à l'entrepreneuriat (Guenoun et al. 2018), de normes sociales (Battistelli, 2006 ; Saleh, 2011), du manque de succès par les autres et de l'anxiété (Cacciotti, 2014), la perception d'aptitude (Tournes, 2006) ainsi que l'intention de devenir salarié (Hikkerova, 2013).

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Conclusion

Cette étude a porté sur « la peur de l'échec et l'intention entrepreneuriale des étudiants de la faculté d'économie de l'UOB ». L'objectif qu'on s'est assigné dans le cadre de ce travail était de vérifier la relation qui pourrait être entre la peur de l'échec et l'intention entrepreneuriale ainsi que le niveau de l'intention entrepreneuriale et de la peur de l'échec des étudiants. Pour y parvenir, nous avons axé notre étude sur trois chapitres.

Le premier chapitre a porté sur la revue de la littérature. Il a été question de passer en revue la littérature existante sur l'intention entrepreneuriale et sur la peur de l'échec, ainsi que sur le lien qui existe entre ces deux concepts à travers les recherches qui ont précédé la nôtre.

Le deuxième chapitre s'est borné sur l'approche méthodologique du travail. Dans ce chapitre, nous avons fait recours à certaines techniques, à des méthodes et test pour déterminer la manière dont les données ont été collectées, traitées et analysées. Pour ce qui est de la collecte de données, on a eu à utiliser un questionnaire d'enquête. Cette enquête a concerné tous les étudiants de la faculté de sciences économiques et de gestion de l'UOB pour l'année académique 2018-2019. Les données ainsi collectées ont été soumises à l'analyse factorielle exploratoire. Ensuite, on a procéder à la corrélation ainsi qu'à la régression linéaire simple pour tester la relation entre variables et pour tester l'hypothèse de recherche, grâce au logiciel de traitement de données « SPSS 21 ».

Enfin, le troisième chapitre présente et discute les résultats trouvés. La structure finale de notre solution factorielle présente pour l'ensemble des items qui mesurent l'intention entrepreneuriale, 4 items qui expliquent 65,396 % de la variance et 7 items pour la peur de l'échec avec 62,696% de la variance expliquée. Les résultats des analyses ont dégagé un niveau de l'intention entrepreneuriale de 70% qui prouve que les étudiants ont intention à entreprendre et celui de la peur de l'échec s'élève à 56,51%. L'intention entrepreneuriale sera sans effet si les étudiants perçoivent des obstacles insurmontables. D'où, il faudra chercher les mécanismes qui permettront d'éradiquer ladite peur. L'analyse de la corrélation et de la régression linéaire simple, nous ont poussé à confirmer notre hypothèse de recherche en montrant que la peur de l'échec influence négativement l'intention entrepreneuriale des étudiants.

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Comme contribution, cette étude se caractérise par la couverture du gap qui se fait montrer dans la littérature sur l'intention entrepreneuriale. En considérant que la création d'entreprise est un acte volontaire donc intentionnel, notre travail cherche à identifier les facteurs qui influencent le processus décisionnel d'engagement dans l'acte d'entreprendre. A notre connaissance, notre étude qui s'appuie sur le contexte des étudiants de Bukavu, est la seule à étudier l'effet de la peur de l'échec sur l'intention entrepreneuriale des étudiants. En outre, notre étude a le mérite d'avoir essayé d'opérationnaliser un concept très important en entrepreneuriat, la peur de l'échec, qui, malgré sa relation avec la carrière entrepreneuriale, n'a pas encore bénéficié de l'attention des chercheurs. Nous avons très particulièrement été étonnés de constater la quasi-absence d'échelle de mesure de la peur de l'échec dans la littérature.

Un certain nombre de limites sont à souligner dans le cadre de cette recherche. D'abord, cette recherche ne s'inscrit pas dans une perspective longitudinale, qui aurait permis de mieux comprendre la dynamique du changement et l'évolution de l'effet de la peur d'échec sur l'intention entrepreneuriale. Cette limite doit être prise au sérieux étant donné que l'intention entrepreneuriale et la peur de l'échec ne sont pas constantes. Elles sont évolutives selon les circonstances, des facteurs contingents sont susceptibles de les modifier, et par là même, d'agir sur la séquence intention-acte. Ensuite, cette étude souffre d'une limite liée à sa nature quantitative, précisément le questionnaire. Beaucoup moins d'attention a été portée à des données qualitatives pourtant nécessaire à notre étude et pourraient améliorer nos résultats trouvés. Enfin, le fait de limiter l'échantillon à la faculté des sciences économiques et de gestion pourrait également affecter la généralisabilité de nos résultats. En Droit ou en sociologie, les résultats seront-ils les mêmes ? Le choix de notre échantillon a été limitatif.

Cependant, une chose reste immuable : la création d'une entreprise est la résultante de plusieurs facteurs causaux. Chaque approche prise isolément, par souci de concision, ne peut pas tout expliquer. Il serait intéressant de prendre en considération d'autres approches théoriques ou tests de nouveaux modèles en matière d'intention entrepreneuriale.

Des nouvelles études empiriques pourront élargir le champ d'investigation sur l'université toute entière et intégrer de nouvelles méthodes d'analyse de données afin d'améliorer la fiabilité de résultats. Ainsi, nous pouvons espérer, améliorer la validité externe pour la généralisation des résultats de la présente étude.

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Recommandations

Les universités de la place devraient :

? développer des mécanismes incitatifs et des aides favorables aux étudiants enclins à l'entrepreneuriat en améliorant l'environnement universitaire ;

? favoriser l'épanouissement d'une culture entrepreneuriale dans le milieu universitaire afin de réduire la peur de l'échec ;

? créer en amont des formations à l'entrepreneuriat afin d'améliorer les perceptions de désirabilité et de faisabilité de la création par les étudiantes.

Au gouvernement, nous lui recommandons d'instaurer les structures d'encadrement et d'appui aux étudiants ayant une intention entrepreneuriale, ainsi qu'encourager les initiatives entrepreneuriale prises par les étudiants en les accompagnant dans leur processus. Ensuite, il est nécessaire d'instituer un fonds spécial de soutien à l'entrepreneuriat de jeunes pour tirer profit du niveau élevé de leur intention entrepreneuriale.

Il n'est pas vrai que toute intention, même si forte, peut servir de garantie que l'acte correspondant sera bien réalisé (Gauthier, 997) ; de ce fait les étudiants devraient être alerte aux opportunités de leur environnement qui est toujours turbulent et concentrés a la matérialisation rapide de leurs idées entrepreneuriales.

Il est toutefois impossible d'entreprendre sans pour autant s'attendre aux risques. En revanche, il est possible de décider de la façon dont il sera perçu. Véritable leçon sur soi-même, l'échec peut être une vraie source de motivation et de changements inattendus pour réussir. Pour minimiser la peur de l'échec, il est préférable d'envisager tous les résultats possibles, d'avoir un plan en cas d'échec, de penser aux regrets qu'on peut avoir si on essaye pas et d'établir les objectifs atteignables. Prendre conscience qu'il y a un risque d'échec dans tout ce que l'on entreprend permet de relativiser ce risque et d'en tirer des opportunités positives et constructives pour soi et pour les autres. D'où, il faut parier sur l'avenir.

Aux futurs chercheurs : des analyses de données plus poussées devraient donc être incluses dans les recherches futures afin d'apporter de nouveaux éclairages sur les interactions entre variables.

27

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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28

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30

Table des matières

REMERCIEMENTS II

EPIGRAPHE III

SIGLES ET ABBREVIATIONS IV

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE PREMIER: REVUE DE LA LITTERATURE 5

I.1. INTENTION ENTREPRENEURIALE 5

I.2. PEUR D'ECHEC 9

I.3. PEUR DE L'ECHEC ET INTENTION ENTREPRENEURIALE 10

CHAPITRE DEUXIEME : APPROCHE METHODOLOGIQUE 12

II.1. TECHNIQUE DE COLLECTE DE DONNEES 12

II.2. TECHNIQUE DE TRAITEMENT DES DONNEES 13

II.3. Tests explicatifs 15

CHAPITRE TROISIEME: PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS 17

III.1. description générale des données socioéconomiques 17

III.2. Résultat de l'analyse factorielle exploratoire 18

III.3. influence de la peur de l'échec (PE) sur l'intention entrepreneuriale (IE) des étudiants 21

III.4. Discussion des résultats 23

Conclusion 24

Recommandations 26

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 27

ANNEXES

ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE D'ENQUETE

Partie 1 : CARACTERISTIQUES SOCIO ECONOMIQUE DES ENQUETES

1. Sexe : a. Masculin b. Féminin

2. Promotion : a. G1 b. G2 c. G3 d. L1 e. L2

3. Age :

4. De quelle classe sociale appartenez-vous : a. modeste b. moyenne c.
riche

d. très riche

Partie 2 : ECHELLES DE MESURES DE VARIABLE DEPENDANTE DE L'ETUDE

Nous vous prions d'apprécier chaque proposition sur une échelle de 1 à 5, en cochant le chiffre qui correspond le mieux à votre appréciation (1=pas du tout d'accord, 2= pas d'accord, 3= quelque peu d'accord, 4=d'accord, 5=tout à fait d'accord).

NO

INTENTION ENTREPRENEURIALE

1

2

3

4

5

IE1

J'ai la ferme intention de créer ma propre entreprise après mes études universitaires

 
 
 
 
 

IE2

Je suis enthousiasmé à l'idée de créer une entreprise

 
 
 
 
 
 

Mon objectif professionnel est de devenir entrepreneur

 
 
 
 
 

IE3

Je ferai tout ce qui est nécessaire pour devenir entrepreneur

 
 
 
 
 

IE5

L'idée de créer une entreprise me semble plus attractive

 
 
 
 
 
 

J'ai la ferme volonté de créer une entreprise dans le futur

 
 
 
 
 

IE4

La carrière entrepreneuriale me passionne

 
 
 
 
 

IE5

Je suis favorable au fait de m'engager dans un processus de création d'entreprise

 
 
 
 
 

IE6

J'ai le désir de créer une entreprise

 
 
 
 
 

IE7

La carrière entrepreneuriale m'intéresse

 
 
 
 
 

IE8

Je crois que j'assumerais mieux le rôle d'entrepreneur même si le travail devient très complexe

 
 
 
 
 

IE9

Je crois que je me sentirais mieux comme entrepreneur que comme employé

 
 
 
 
 

IE10

Je suis prêt à faire d'importants sacrifices personnels pour devenir entrepreneur

 
 
 
 
 

IE11

Parmi toutes les options professionnelles possibles, je choisirais celui d'entrepreneur

 
 
 
 
 

Mesure de précision de l'échantillonnage de Kaiser-Meyer-Olkin.

Test de sphéricité de Bartlett

Khi-deux approximé

ddl

Signification de Bartlett

966,641

,912

,000

21

Partie 3 : ECHELLE DE MESURE DE LA VARIABLE INDEPENDANTE: «PEUR DE L'ECHEC»

No

PEUR DE L'ECHEC

1

2

3

4

5

PE1

J'ai peur d'échouer

 
 
 
 
 

PE2

J'ai peur de faire quelque chose qui ne va pas réussir

 
 
 
 
 

PE3

Je crains souvent d'être ridiculisé en cas d'échec

 
 
 
 
 

PE4

L'échec me frustre

 
 
 
 
 

PE5

J'ai souvent peur de ne pas rentabiliser les efforts fournis

 
 
 
 
 

PE6

J'ai peur d'être critiqué par mes proches en cas d'échec

 
 
 
 
 

PE7

L'échec me fait perdre beaucoup de chose

 
 
 
 
 

PE8

Quand je ne réussis pas, je me vois moins utile que quand je réussis

 
 
 
 
 

PE9

Quand j'échoue, je m'inquiète de ce que les autres pourront penser de moi

 
 
 
 
 

PE10

J'apprends moins de l'échec

 
 
 
 
 

ANNEXE 2: RESULTATS DES ANAMYSES STATISTIQUE

I. ANALYSES FACTORIELLE INTENTION ENTREPRENEURIALE

Indice KMO et test de Bartlett

Mesure de précision de l'échantillonnage de Kaiser-Meyer-Olkin.

Test de sphéricité de Bartlett

Khi-deux approximé

ddl

Signification de Bartlett

388,767

,782

,000

6

Statistiques de fiabilité

Alpha de
Cronbach

Nombre
d'éléments

 

,823

 

4

 

II. ANALYSE FACTORIELLE PEUR DE L'ECHEC

Indice KMO et test de Bartlett

Statistiques de fiabilité

Alpha de
Cronbach

Nombre
d'éléments

 

,900

 

7

Statistiques descriptives

 

Moyenne

Ecart-type

N

indiceP

3,260416666

1,040096087

272

E

666770

355678

 

indiceIE

3,8006

,87502

272

III. REGRESSION SIMPLE ENTRE PEUR DE L'ECHEC ET INTENTION ENTREPRENEURIALE

Coefficientsa

Modèle

Coefficients non
standardisés

Coefficients
standardisés

t

Sig.

A

Erreur
standard

Bêta

(Constante

1 )

indicePE

4,239

-,134

,173

,051

-,160

24,511

-2,660

,000

,008

a. Variable dépendante : indiceIE

IV. CORRELATION ENTRE PEUR DE L'ECHEC ET INTENTION ENTREPRENEURIALE

Corrélations

 

indiceP

E

indiceIE

Corrélation de

1

-,160**

Pearson

 
 

indicePE Sig. (bilatérale)

 

,008

N

272

272

Corrélation de

-,160**

1

Pearson

 
 

indiceIE Sig. (bilatérale)

,008

 

N

272

272

**. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).

I. REGRESSION MULTIPLE ENTRE LES VARIABLES SOCIOECONOMIQUES

ET L'INTENTION ENTREPRENEURIALE

Coefficientsa

Modèle

Coefficients non
standardisés

Coefficients
standardisés

t

Sig.

A

Erreur
standard

Bêta

(Constante )

sexe

1 prom

age classoc

2,523

-,030

-,036

,052

,142

,686

,108

,065

,036

,067

-,017

-,056

,144

,130

3,678

-,274

-,557

1,424

2,129

,000

,0784

,0578

,039

,034






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