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Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques.


par Kadjo RaphaàƒÂ«l KOBENAN
Université Félix HOUPHOUET BOIGNY Abidjan - Cocody - Master de Géographie physique et Environnement (Climatologie) 2018
  

Disponible en mode multipage

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UFR Sciences de l'Homme et de la Société (SHS) Année académique 2017-2018

Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY Abidjan - Cocody

Institut de Géographie Tropicale

Cote attribuée par la bibliothèque

Centre d'Excellence Africain sur les

Changements Climatiques, la Biodiversité et l'Agriculture durable (CEA-CCBAD)

Mémoire de Master

Parcours: Géographie physique et Environnement

Spécialité: Géographie physique (Climatologie)

Sujet:

Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian
face aux changements et variabilités climatiques

Présenté par:

KOBENAN Kadjo Raphaël

Encadreur:

Mr. SANOGO Souleymane
Maître assistant

Sous la supervision de:

Mme. DIBI-KANGAH Pauline
Maître de conférences

Master pour le grade de Maître en Géographie

Parcours: Géographie physique et Environnement Spécialité: Géographie physique (Climatologie)

Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian
face aux changements et variabilités climatiques

KOBENAN Kadjo Raphaël

Présenté le 28 Décembre 2018 à

L'UNIVERSITE Félix HOUPHOUET-BOIGNY Abidjan - Cocody

UFR SCIENCES DE L'HOMME ET DE LA SOCIETE

Devant le jury composé de :

Président :

M. KONAN Kouadio Eugène, Maître de conférences de Géographie, Institut de Géographie
Tropicale, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY Abidjan

Rapporteur

Mme. DIBI-KANGAH Pauline, Maître de conférences de Géographie, Institut de
Géographie Tropicale, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Abidjan

M. SANOGO Souleymane, Maître-assistant d'Agrophysiologie/ Phytopatologie,
Laboratoire de Physiologie végétale de l'UFR Biosciences, Université Félix
HOUPHOUET-BOIGNY, Abidjan

Examinateur

M. N'GUESSAN Kouassi Fulgence, Maître-assistant de Géographie, Institut de Géographie
Tropicale, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Abidjan

DEDICACE

Nous dédions ce mémoire :

A mon père Feu KOBENAN Boué décédé
le 20 Décembre 2011; paix à son âme,
et
A ma mère KAMENAN Ayah,
pour leurs nombreux sacrifices

I

A mes frères et soeurs, pour leurs soutiens et encouragements.

II

REMERCIEMENTS

Ce mémoire a été réalisé dans le but de l'obtention du Master en option Géographie Physique et Environnement, spécialité climatologie de l'Université Félix Houphouët-Boigny. Il a pu être réalisé grâce à l'appui et aux encouragements de personnes qu'ils convient ici de remercier.

Notre reconnaissance et notre respect vont à Madame DIBI-KANGAH Pauline (Maître de Conférences), notre superviseur de cette recherche. Elle a encadré et suivi l'ensemble de nos travaux en nous faisant bénéficier de son savoir, de son expérience en matière de recherche et de la clairvoyance de ses opinions scientifiques. Qu'elle trouve, dans ces quelques lignes, la marque de notre respect et l'expression de notre admiration. Puisse Dieu vous le rendre au-delà de vos attentes sur tous les plans.

Nous tenons également à manifester notre reconnaissance à Docteur SANOGO Souleymane (Maître assistant), au Laboratoire de Physiologie végétale de l'UFR Biosciences. Il est notre encadreur de mémoire et responsable des Masters au Centre d'Excellence Africain sur les Changements Climatiques, la Biodiversité et l'Agriculture durable (CEA-CCBAD). En plus de nous considérer comme «son fils», lors du démarrage de cette recherche, son soutien et son encadrements inconditionnels qu'il nous a accordés pendant les moments difficiles, nous ont été très utiles et très réconfortants. Nous vous en sommes très infiniment reconnaissants.

Merci énormément à Docteur N'GUESSAN Kouassi Fulgence (Maître assistant) pour sa disponibilité, ses explications, ses conseils et surtout pour l'instruction de notre travail de recherche. Les nombreuses corrections apportées au présent document ont été nécessaires pour l'aboutissement de ce mémoire. Qu'il reçoive en retour notre reconnaissance pour tout ce qu'il a fait pour nous.

Nous exprimons notre haute considération au Docteur KONAN Kouadio Eugène (Maître de Conférences), notre président de jury qui a bien voulu accepter d'évaluer ce travail de recherche

Nos sincères remerciements à tous les enseignant-chercheurs de l'Institut de Géographie Tropicale (IGT) pour leur sens de la pédagogie et leur disponibilité à nous inculquer le savoir depuis la première année.

Nos remerciements les plus chaleureux s'adressent également à Messieurs COULIBALY Alama, NOHO Yali, tous Doctorants à l'Institut de Géographie Tropicale (IGT). Ils ont répondu présents à toutes nos sollicitations dans nos recherches de données pluviométriques et cartographiques.

III

Nous remercions sincèrement Professeur OCHOU Delfin, Docteur N'Da Christophe, Docteur ASSAMOI Eric et Docteur GBOCHO Ohoueu Didier qui, malgré leurs multiples occupations, ont toujours été à l'écoute et disponible tout au long de ce travail, ainsi que pour l'aide et le temps qu'ils ont bien voulu nous consacrer.

Merci également à nos amis du Club d'excellence et du mérite (CLEM) et à KOFFI Agohi Claver, nos condisciples de Master, pour nos nombreuses discussions sur ce travail de recherche. Je leur souhaite bon courage pour la suite.

Nous sommes également très reconnaissants aux différents responsables au sein des institutions visitées et surtout :

- Mme. OKOMA Adjo Jeannette, Préfet Grade I de Nassian, son chef de cabinet M. SILUE Douyeri et son garde rapproché le sergent-chef de la police préfectoral, M. KOE Aristide Bertrand pour leur contribution et leur collaboration dans mes recherches de données,

- M. TOTI K. Moise, Lieutenant des Eaux et Forêts de Nassian, M. OGOU Y. Fabrice, chef secteur de l'OIPR Nassian et M. ESSI Kouamé, Directeur départemental de l'agriculture et du développement rural de Nassian pour m'avoir permis d'obtenir des documents et informations relatives à notre sujet de recherche.

Nous tenons à exprimer notre sincère remerciement aux chefs des villages visités et à tous les acteurs au sein de ses villages pour leur accueil et contribution lors de nos enquêtes de terrain.

Notre sincère reconnaissance à KARIME Kobena, notre guide de terrain et à M. DIOMANDE Adama, notre tuteur à Nassian et à sa famille pour leur accueil pendant notre séjour, leur contribution et leur collaboration dans nos recherches de données. Nous vous en sommes très redevables.

Nous adressons un remerciement tout particulièrement à M. KAMENAN Assoumou, notre père, pour son soutien et ses conseils. Un grand merci à M. N'GUESSAN Alain et M. ATTA Jean Paul, nos tuteurs, pour leur soutien et pour leur contribution à la réalisation de cette étude.

Enfin, nous remercions l'ensemble de nos proches et amis notamment KONIN Edouard, SOH Hervé dont leur présence, leur soutien, leur dynamisme et leur compréhension nous ont stimulés tout au long de ce travail.

Que de personnes sont restées dans l'ombre ! Qu'elles puissent nous en excuser et pardonner cette omission, que je les prie de ne point considérer comme une ingratitude.

IV

TABLE DES MATIERES

DEDICACE I

REMERCIEMENTS II

TABLE DES MATIERES IV

LISTE DES FIGURES VIII

LISTE DES PHOTOS IX

LISTE DES ENCADRES IX

LISTE DES TABLEAUX X

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS XI

DENOMINATION EN LANGUE LOCALE KOULANGO XII

RESUME XIII

ABSTRACT XIV

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE 15

1.1. Contexte et motivations de l'étude 16

1.2. Description physique et humaine de la zone d'étude 18

1.2.1. Formations pédologiques 20

1.2.2. Relief et hydrographie 20

1.2.3. Climat et végétation 21

1.2.4. Peuplement, composition ethnique et croyances religieuses 22

1.3. Revue de la littérature 25

1.3.1. Perception des changements et variabilités climatiques par les populations 25

1.3.2. Savoirs locaux des changements et variabilités climatiques 27

1.3.3. Stratégies d'adaptation aux changements et variabilités climatiques 27

V

1.3.3.1. Risques et incertitudes dans l'environnement agricole 27

1.3.3.2. Impacts des changements et variabilités climatiques sur l'agriculture 28

1.3.3.3. Stratégies paysannes d'adaptation aux changements et variabilités

climatiques 29

1.4. Problème et justification du sujet 30

1.5. Objectifs de la recherche 32

CHAPITRE 2 : DONNEES ET METHODES D'ETUDE. 33

2.1. Données et leur collecte 33

2.1.1. Données climatiques, agricoles et démographiques 33

2.1.2. Données cartographiques et images satellitaires 33

2.1.3. Recherche documentaire 34

2.1.4. Enquêtes de terrain 34

2.1.4.1. Phase exploratoire 35

2.1.4.2. Choix des villages et des populations d'enquête 35

2.1.4.3. Observations et interviews 38

2.2. Méthodes de traitement et analyse des données 39

2.2.1. Traitement et l'analyse des images satellitaires 39

2.2.2. Traitement des données de terrain, climatiques et leur analyse 43

2.2.3. Cadre retenu pour l'étude 45

2.3. Difficultés et limites de l'étude. 46

CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSIONS 48

3.1. Perception des changements climatiques par les paysans et des personnes ressources

48

3.1.1. Perception paysanne des changements pluviométriques 48

3.1.2. Perception paysanne des changements thermiques et solaires 50

3.1.3. Perception paysanne des changements du vent 51

3.1.4. Perception du changement climatique par les personnes ressources 52

VI

3.1.5. Niveau de cohérence entre perceptions paysannes et données sur l'évolution du

climat 54

3.1.5.1. Analyse des tendances pluviométriques à Nassian 54

3.1.5.2. Analyse des anomalies standards 55

3.1.5.3. Analyse des paramètres agro-climatiques 56

3.1.5.4. Analyse des tendances de températures 57

3.2. Causes et conséquences perçues des changements et variabilités climatiques à

Nassian par les populations paysannes. 57

3.2.1. Causes perçues des changements et variabilités climatiques 57

3.2.1.1. Causes liées aux activités anthropiques 58

3.2.1.2. Causes liées aux croyances locales 58

3.2.2. Population engagée dans l'agriculture et système de production 60

3.2.2.1. Population engagée dans le secteur agricole 60

3.2.2.2. Système de production 61

3.2.3. Principales activités 62

3.2.3.1. Agriculture 63

3.2.3.2. Elevage 67

3.2.4. Milieu naturel soumis aux effets néfastes des systèmes de production 68

3.2.4.1. Analyse de l'occupation du sol : un recul des formations végétales

naturelles 68

3.2.4.2. Impact des activités agricoles sur le milieu naturel 70

3.2.5. Perceptions des conséquences environnementales des changements et

variabilités climatiques 72

3.2.5.1. Conséquences sur les activités agricoles 72

3.2.5.2. Effets des changements climatiques sur les animaux 74

3.2.5.3. Conséquences sur les conditions de vie des populations 75

3.2.5.4. Conséquences des changements climatiques sur le milieu naturel 76

VII

3.3. Stratégies de résilience: adaptation des paysans aux changements et variabilités

climatiques 78

3.3.1. Stratégies développées dans la pratique agricole 78

3.3.1.1. Modifications du calendrier agricole et des options culturales 78

3.3.1.2. Aménagement de l'espace cultivable par les paysans 81

3.3.1.3. Utilisation des intrants et réduction du temps de travail 82

3.3.1.4. Invocation des dieux 84

3.3.2. Diversification des activités 84

3.3.3. Stratégies développées pour l'élevage des animaux 86

3.4. Discussions et recommandations pour une meilleure valorisation des savoirs locaux

86

3.4.1. Discussions 86

3.4.1.1. Perceptions paysannes du changement climatique 86

3.4.1.2. Perceptions paysannes des causes du changement climatique 87

3.4.1.3. Perceptions paysannes des conséquences du changement climatique 87

3.4.1.4. Stratégies d'adaptation face aux changements et variabilités climatiques 88

3.4.2. Recommandations pour une meilleure valorisation des savoirs locaux. 89

CONCLUSION 91

BIBLIOGRAPHIE 93

ANNEXES 102

VIII

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Localisation de la Sous-préfecture de Nassian 19

Figure 2 : Proportions des principales communautés ethniques de Nassian 23

Figure 3: Taille et répartition de la population dans la Sous-préfecture de Nassian 24

Figure 4: Genre et âge des agriculteurs enquêtés 34

Figure 5: Localisation géographique des sites enquêtés 36

Figure 6: Cadre d'analyse de l'étude. 46

Figure 7 : Perception paysanne de la date de début et de fin de la saison des pluies 50

Figure 8: Tendance des cumuls pluviométriques annuels de Nassian 54

Figure 9: Variabilité interannuelle des hauteurs de pluie moyenne à Nassian 56

Figure 10: Evolution de la température moyenne annuelle a Nassian de 1986-2016 57

Figure 11: Etendue spatiale des activités agricoles à Nassian 63

Figure 12: Evolution des superficies emblavées pour le maïs et l'igname de 2011- 2017 64

Figure 13: Etat de l'occupation du sol en 1998 69

Figure 14: Etat de l'occupation du sol en 2016 70

Figure 15 : Évaluation paysanne de l'impact du changement climatique sur la culture du maïs

et de l'igname au cours de la première saison culturale 73

IX

LISTE DES PHOTOS

Photo 1: Assèchement des feuilles et tiges d'igname dû aux ruptures et aux manques d'eau 74

Photo 2: Inondation temporaire d'unité de paysage en bas de pente sur une parcelle de riz à

Talahini 77

Photo 3: Défrichage d'une parcelle en septembre pour un deuxième champ d'igname 79

Photo 4: Technique de paillage dans un champ d'igname entre Talahini et Parhadi 80

Photo 5: Culture de riz dans un bas-fond aménagé 81

Photo 6: Champ d'anacarde pulvérisé avec des produits phytosanitaires à Longongara 83

Photo 7: Exemples de nouvelles cultures de rente adoptée à Nassian 84

Photo 8: Exemple de cultures maraichères adoptées 85

LISTE DES ENCADRES

Encadré 1: Perception des changements climatiques par les personnes ressources 53

Encadré 2: Propos d'un paysan sur les causes des changements climatiques 59

Encadré 3: Propos d'un paysan des conséquences du changement climatique sur les animaux

74

X

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Choix de l'échantillon des agriculteurs 37

Tableau 2: Liste des personnes ressources interrogées 38

Tableau 3: Matrice de confusion de l'image de 1998 41

Tableau 4: Matrice de confusion de l'image de 2016 42

Tableau 5: Perceptions paysannes du changement thermique et solaire 51

Tableau 6: Perceptions paysannes du vent 52

Tableau 7: Comparaison des moyennes pluviométriques par le test de Segmentation de

Hubert à Nassian série 1986-2016 55

Tableau 8: Dates de débuts, de fin et durées de la saison des pluies à Nassian 56

Tableau 9: Causes des changements climatiques selon la conception paysanne 59

Tableau 10: Commercialisation de quelques vivriers à Nassian en 2016 67

Tableau 11: Répartition des types d'occupation du sol en 1998 et 2016 68

Tableau 12: Superficies défrichées pour la culture d'anacarde à Nassian de 2013 à 2015 71

Tableau 13: Évaluation paysanne de l'impact du changement climatique sur les activités

agricoles 72

Tableau 14: Perception paysanne des conséquences des changements climatiques 77

Tableau 15: Stratégies d'adaptation aux effets du changement climatique 79

Tableau 16: Types d'aménagement realisé par les agriculteurs 82

Tableau 17: Types de nouvelles activités développées par les agriculteurs 85

XI

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ANADER : Agence Nationale d'Appui au Développement Rural

CEA CCBAD : Centre d'Excellence Africain sur les Changements Climatiques, la

Biodiversité et l'Agriculture durable

CoPABo : Coopérative des Producteurs Agricoles de Bondoukou

DDA : Direction Départementale de l'Agriculture

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

GIEC : Groupe Intergouvernemental d'experts sur l'Evolution du Climat

IGT : Institut de Géographie Tropicale

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

INS : Institut National de Statistique

LAMINAT : Laboratoire d'Etudes et de Recherches sur les Milieux Naturels Tropicaux

OIPR : Office Ivoirien des Parcs et Réserves

PROVINA : Coopérative des Producteurs de Vivriers du Département de Nassian

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SODEXAM : Société de Développement et d'Exploitation Aéroportuaire, Aéronautique et

Météorologique

SCOOPS-CANAS : Société Coopérative Agricole Simplifiée du Département de Nassian USGS: United States Géological Survey

WASCAL: West African Science Service Centre on Climate Change and Adapted Land Use

XII

DENOMINATION EN LANGUE LOCALE KOULANGO

LES ELEMENTS DU CLIMAT

Pluie : yôkô ho hi

Vent : Djewo

Soleil : Gbeko

Chaleur : Bénbankpô

Le passé : Dougou dougou

Actuellement : Hombiyô

Harmattan : Roukô gnin

LES ELEMENTS DU MILIEU NATUREL

Forêt : Trougo.

Savane : Belego

Eau : yôkô

Cours d'eau ou marigot : Côlgô.

Sol : Saakô

Bas-fonds : Mal-gboko

Arbre : Dèkô

LES CULTURES PRATIQUEES

Manioc : Agba

Riz : Mal

Igname : Dôgmô

Anacarde : Anacardï

Maïs : Dogodjo.

Arachide : Kakô

Oignon : Djawa

Aubergine : Hirèyô

Agriculteur : Gbassè

Champ : Hanhïdi

LES ANIMAUX ELEVES

Bovin (boeuf) : Nanh

Caprin (cabri) : Tégué

Ovin (mouton) : Arman

Volaille (poulet) : Zimiyo

XIII

RESUME

L'activité agricole occupe 90% de la population rurale à Nassian dont les pratiques demeurent traditionnelles et la production tributaire des conditions climatiques. Dans le contexte actuel de changement et variabilité climatiques, marqué par des irrégularités pluviométriques et une hausse des températures, le monde rural est le plus exposé aux crises alimentaires malgré la mise en oeuvre des programmes et politiques de développement du secteur agricole en Côte d'Ivoire. Toutefois, la population a toujours su faire face aux différentes perturbations à partir de techniques et savoir-faire qui leur sont propres. La prise en compte et la vulgarisation de ces savoirs locaux dans les politiques agricoles sont indispensables afin de faire face à ces dérèglements climatiques. Aussi, la présente recherche vise-t-elle à analyser la perception des changements et variabilités climatiques vécus par les populations rurales dans leurs pratiques agricoles à Nassian. La méthodologie est basée sur une approche de recherche quantitative et qualitative intégrée en milieu agricole. Les outils de traitement des données utilisées sont entre autres, la statistique descriptive et analytique. Les résultats ont montré que les paramètres climatiques ressentis par les agriculteurs sont la pluviométrie, la température et le vent. En outre, les causes attribuées aux changements et variabilités climatiques sont fonction de leur attachement à la tradition et de leur conception personnelle. Les conséquences environnementales négatives varient en fonction de la topographie des parcelles de cultures et du phénomène en présence. Les excès de pluie se manifestent par des inondations fréquentes des bas-fonds et par des érosions. Les retards/ ruptures de pluie entraînent l'assèchement des cours d'eau, le recul de la nappe phréatique, la dégradation du couvert végétal, la dessiccation des sols et des baisses de rendement. Les indicateurs « culture détruit par le vent » et « température trop forte » sont les conséquences remarquables des effets néfastes du vent et de la température sur les cultures de maïs et d'igname. Les conséquences sur la vie des populations se traduisent par une baisse de revenus agricoles et une dégradation de leur cadre de vie. Au niveau des stratégies, le calendrier agricole est établi par les agriculteurs en fonction des contraintes agro-climatiques de la localité. Il est en perpétuel réaménagement pour s'accommoder à la dynamique du dérèglement climatique. La pauvreté et la rareté des terres arables entrainent une mutation des systèmes de production vers l'aménagement des bas-fonds. Par ailleurs, des mesures de restauration des sols et d'amélioration de la fertilité sont adoptées. L'intégration de l'ensemble de ces pratiques dans l'élaboration des politiques agricoles pourrait contribuer efficacement à la résilience des économies rurales aux risques climatiques.

Mots clés : Perceptions, Changements et variabilités climatiques, Populations, Activités

agricoles, Nassian.

XIV

ABSTRACT

Agricultural activity in Nassian, whose practices remain traditional and production is dependent on climatic conditions, keeps 90% of the rural population busy. In the current context of climate change and variability, marked by irregular rainfall and rising temperatures, the rural world is the most exposed to food crises despite the implementation of programs and policies aiming at developing agricultural sector in Côte d'Ivoire. But, Nassian people always succeed in coping with various disturbances using their own techniques and know-how. Taking into account this local know-how and popularizing it in agricultural policies is essential in order to deal with these climate deregulations. Therefore, this research is about analyzing the perception of climate change and variability faced by Nassian rural populations in their agricultural practices. The methodology is based on quantitative and qualitative research approach applied in agriculture. The data processing tools used are, among others, descriptive and analytical statistics. The results revealed that climatic parameters faced by farmers are rainfall, temperature and wind. However, the causes used to justify climate change and variability are function of their attachment to tradition and personal conception. The negative environmental consequences vary according to the topography of agricultural plots and the phenomenon involved. Rain excess is manifested by frequent flooding of shallows and erosion. The delays / breaks of rain lead to the drying up of the rivers, the drop of the groundwater, the degradation of the vegetal cover, the desiccation of the grounds and the decrease of agricultural productions. Indicators as "culture destroyed by wind" and "temperature too high" are the remarkable consequences of the effects of wind and temperature on corn and yam crops. Then, the consequences on people's lives result in a decrease of agricultural income and a deterioration of their living environment. Coming to the strategies, the farming calendar is developed by farmers considering the agro-climatic constraints of the area. It is constantly being edited to meet the dynamics of climate deregulation. Poverty and the scarcity of arable land lead to shifting in former production systems towards lowland development. However, some measures to restore land and improve fertility are adopted. While making agricultural policies, integrating all these practices could effectively contribute to the resilience of rural economies subject to climate risks.

Key words: Perceptions, Climate Change and Variability, Populations, Agricultural activities, Nassian

15

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE

L'agriculture forme le paysage et le transforme (Noufé, 2011). Depuis la révolution agricole du Néolithique, les hommes n'ont cessé de déboiser, planter, brûler, labourer, couper, etc., modelant leur environnement naturel afin d'en tirer les ressources nécessaires à leur survie (Mazoyer, 1987 ; Mazoyer et Roudart, 2002). Comme le soulignent ces auteurs, l'agriculture faisait déjà partie intégrante des relations de chaque société avec son milieu. Les paysages sont donc le résultat de milliers d'années d'intervention humaine (Fairclough, 2007), parfois soudaine et étendue (exploitation, déboisement), parfois progressive et spécifique (altération de la biodiversité à des fins agricoles, d'élevage, d'abattage sélective, etc.). Mais face à cette longue emprise humaine, la société commence à s'interroger sur les rapports entre l'agriculture et l'environnement. En effet, pour les géographes, comprendre et expliquer les interactions homme/nature, est devenu une priorité au vu de l'état dans lequel se trouvent certaines ressources naturelles (Brou et al., 1998 ; Noufé, 2011 ; N'Guessan, 2012 ;). Aussi, du fait de la place grandissante de la multifonctionnalité de l'agriculture (exploitation des ressources naturelles, durabilité et reproductibilité de l'agriculture, etc.).

En Afrique, le secteur agricole joue un rôle primordial dans le développement de nombreux pays, notamment ceux d'Afrique de l'Ouest. En tant que pilier de l'économie, il touche à la vie de la société, dans la mesure où les économies nationales et les emplois, les revenus et la sécurité alimentaire des populations en dépendent (Zougmoré et al., 2015). Cette agriculture, est hyper-dépendante des aléas climatiques. Les paramètres climatiques comme la sécheresse, les inondations et les températures extrêmes influencent la production agricole depuis les premiers stades de la culture jusqu'à la récolte finale (Doumbia et al., 2013). En effet, on assiste depuis les années 1970 à une modification des régimes pluviométriques dans la sous-région ouest-africaine, signe du changement climatique (Yao et al., 2013). Une des raisons de ce changement réside certainement dans le réchauffement climatique global lié à l'impact des émissions des gaz à effet de serre. En outre, l'action de l'homme sur l'environnement local contribue significativement à travers la déforestation, les feux de brousse, la pollution atmosphérique (Yao et al, 2013). Les productions agricoles subissent alors une importante baisse de rendement.

La Côte d'Ivoire subit également les impacts du changement climatique. Depuis plusieurs années, elle est aux prises avec des conditions climatiques qui se traduisent par une baisse moyenne des pluies de 0,5% par an entre 1965 et 1980, aggravés dans les années 1980 avec une diminution de 4,6% (Boko et al., 2016).

16

Ainsi, le climat influence largement la production alimentaire et l'économie dans son ensemble (Doumbia et al., 2013). De ce fait, les effets potentiels du changement climatique sur la productivité agricole suscitent de nombreuses préoccupations, car les aléas climatiques ont des répercussions immédiates sur les activités et la production agricole. Les institutions internationales du développement et de la recherche, menées par des chercheurs généralement issus du milieu académique, s'attardent à ce problème et tentent d'y trouver des solutions. De l'autre côté, les paysans, perçoivent et développent également des stratégies d'adaptation contre les changements et variabilités climatiques.

A Nassian, comme partout en Côte d'Ivoire, il y a une irrégularité de pluie surtout au moment des périodes culturales où les paysans s'apprêtent pour les activités champêtres. Ces bouleversements constituent un risque important qui laisse naitre, un sentiment d'incertitude au niveau des paysans en matière du respect des calendriers culturaux. Face à cette situation, les agriculteurs développent des stratégies pour assurer leur survie. Ces mesures développées par les agriculteurs sont en fonction de la lecture qu'ils font de l'évolution du climat, de leurs connaissances environnementales traditionnelles et de leurs perceptions des changements et variabilités climatiques en cours (Agossou, 2008).

Dans le cadre de la présente étude intitulé « Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques », il s'agit d'analyser les changements et variabilités climatiques perçus par les populations notamment ses manifestations et ses causes dans leurs pratiques agricoles.

1.1 . Contexte et motivations de l'étude

L'agriculture constitue un des secteurs les plus importants de l'économie ivoirienne (Doumbia et al, 2013). Elle joue un rôle crucial dans le développement de la Côte d'Ivoire et constitue le moteur de l'économie. A ce titre, la Banque mondiale (2015) souligne que l'agriculture génère plus de 50% des recettes d'exportation et constitue également 22% du Produit Intérieur Brut (PIB). Mais les acteurs de ce milieu rencontrent bien des difficultés liées aux changements climatiques car l'agriculture est de type pluvial et donc tributaire du climat (Dibi Kangah, 2004). Les paramètres climatiques comme la sécheresse, les inondations et les températures extrêmes influencent la production agricole (Doumbia et al., 2013). Même si la pluviométrie est relativement importante, son irrégularité et sa rareté peuvent affecter les rendements des cultures.

17

Sans pluie, les rendements agricoles sont médiocres et l'agriculture, pour beaucoup, est la principale activité lucrative. Les changements climatiques font peser sur l'agriculture, secteur vital de l'économie nationale, une menace réelle.

Partant, les impacts des changements et variabilités climatiques sur l'agriculture sont une préoccupation majeure. Depuis plusieurs années, de nouvelles stratégies d'adaptations sont proposées dans l'accompagnement des populations paysannes (Brou, 2005 ; Diouf et al., 2014 ; Kouassi et al., 2015 ; Boko et al., 2016). Mais la majorité de ces travaux ont porté sur l'impact des changements et variabilités climatiques sur les activités agricoles. Dans cette recherche, il ne s'agit pas d'une reprise des travaux déjà effectués, mais d'étudier la perception paysanne du changement climatique telle que vécue dans la pratique agricole. Ainsi, ce travail s'inscrit dans le programme de recherche du Centre d'Excellence Africain sur les Changements Climatiques, la Biodiversité et l'Agriculture Durable (CEA CCBAD), qui vise l'excellence à travers la formation des étudiants. Il met l'accent sur la biodiversité, l'agriculture durable et fait partie d'un réseau régional préexistant de dix institutions axées sur le changement climatique à travers le programme du West African Science Service Centre on Climate Change and Adapted Land Use (WASCAL). Ce programme s'intéresse à plusieurs domaines de l'agriculture.

D'abord, de développer des technologies innovantes pour une résilience surtout les systèmes de culture, les pesticides et autres alternatives aux pesticides. Ensuite, de contribuer au renforcement des capacités des humaines en PHD et Master dans le domaine de l'alimentaire. En outre, de disposer d'une masse critique et compétitive d'enseignant-chercheurs, de chercheurs et d'agents de développement africains de haut niveau dans le but d'informer, former et sensibiliser les populations, les décideurs, sur les causes et les conséquences du changement climatique et les mesures d'atténuation afin de préserver l'environnement pour une agriculture durable. Enfin, de rédiger ou actualiser des ouvrages collectifs sur la biodiversité, l'agriculture et les mécanismes physiologiques d'adaptation au changement climatique.

En choisissant ce sujet : « Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques », le souci est de montrer la perception des paysans et les nouvelles stratégies développées dans leurs relations avec le milieu. Cette recherche est aussi menée dans le but de capitaliser les connaissances des populations paysannes pour mieux quantifier les différentes variations du climat pour une meilleure planification des activités agricoles à partir des savoirs traditionnels. Les réflexions et connaissances locales permettront de proposer des mesures de renforcement des capacités des paysans face aux perturbations climatiques.

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Cette contribution pourrait aider à la prise de conscience des décideurs afin d'améliorer les capacités d'adaptation des agriculteurs face aux aléas climatiques. Pour y arriver, il est nécessaire d'améliorer la gestion des ressources, des connaissances et compétences, et la capacité d'influencer des politiques.

1.2. Description physique et humaine de la zone d'étude

La Sous-préfecture de Nassian est située, dans la région du Bounkani (Nord-est de la Côte d'Ivoire), entre les latitudes 8° et 9° nord et de longitudes 3° et 4° ouest (Figure 1). Elle se compose de limites conventionnelles et de limites naturelles (dont le fleuve Comoé).

Au Nord, elle est limitée par le département Bouna, à proximité du Parc National de la Comoé. Au Nord-est par le département de Bondoukou, sur une distance de 95 kilomètres. Au Sud, par le département de Sandégué. A l'Ouest, par le fleuve Comoé et les Sous-préfectures de Sominassé et de Kakpin.

3°36'0'W

3°25'30"W

7.000°0

3.000°0

5.000°O

4.000°0

0.000°0

6.000°0

5.000°0

6.000°O

3°36'0"W

4.000°0 3.000°0

m 25 50 75 100 Km

BURKINA-FASO

GOLFE DE GUINEE

F

3°25'30'W

z

KAKPIN

KOTOUBA

BONDOUKOU

PARC NATIONAL DE LA COMOE

z

Légende

O Chef-lieu de Sous-Préfecture

· Village

· Campement

Cours d'eau permanent

Route en terre

Piste

Limite de Sous-préfecture

Longongara

19

Figure 1 : Localisation de la Sous-préfecture de Nassian (adapté de OIPR, 2018)

20

1.2.1. Formations pédologiques

Les sols de Nassian sont développés sur les granites du type "baoulé". Ces roches cristallines de la région sont de sous-type métasomatique de granite de cratons parce qu'ils sont non intrusifs et circonscrits (Arnould, 1961). Ces sols proviennent de la décomposition de ces roches (quartz, feldspath potassique et biotite brun vert), qui évoluent sur un matériau originel issu de granite à biotite. La différence du couvert végétal permet de distinguer trois types de sols selon Leroux, (1969).

Les sols sous reliques boisées des plateaux (sols ferralitiques moyennement désaturés issus de granite et de schistes). Ils ont une extension limitée aux reliques boisées dispersées dans le paysage ; ce qui représente une superficie peu importante dans l'ensemble de la région. Leur relation avec les sols voisins sous savane est progressive. Ensuite, les sols sous savane arborée (Sols ferrugineux tropicaux sur matériau ferralitique). Ils sont les plus répandus de la région et se développent en position de plateau et sur pente.

Enfin, les sols des galeries forestières (Sols hydromorphes de profondeur, sableux et argileux), localisés en bordure des marigots. La plupart de ces sols résistent mal à l'érosion et aux phénomènes d'induration, notamment ceux issus des schistes. Leur fertilité et, par conséquent, leurs aptitudes culturales, sont donc médiocres (OIPR, 2015). Ils permettent cependant le maintien d'une végétation de type soudanien, notamment des forêts claires sur les plateaux aux sols plus profonds et relativement riches en argile.

1.2.2. Relief et hydrographie

Nassian occupe un site de plateau où la nature de la roche exerce une influence sur la forme du relief (Leroux, 1969). Il appartient à la région des « plateaux du nord », qui s'installe sur un substratum granitique d'altitude légèrement supérieure à 300 m (Avenard, 1971). Les plateaux sont plus accidentés à cause de l'érosion.

Les reliefs individuels prennent une importance dans le paysage. Cette configuration du relief résulterait d'une pédiplanation contribuant à former des collines aux versants étirés faiblement concaves, d'altitude ne dépassant pas 80 mètres par rapport à la pénéplaine (Leroux, 1969). On observe dans la région quelques inselbergs formés de granites, de dômes granitiques aux sommets arrondis, aux flancs abrupts et dénudés. Cette érosion observée laisse en place des éléments grossiers formés de quartz, de débris de cuirasses démantelées, surtout là où la végétation graminéenne couvre mal le sol.

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Le réseau hydrographique de Nassian est en majorité constitué du fleuve Comoé. On trouve également sous les forêts galeries des cours d'eau (marigots). Soumis au régime tropical de transition, les bassins supérieurs de ces cours d'eau sont caractérisés par une crue unique de mai à octobre, suivie d'une décrue rapide en novembre et décembre, puis d'une longue période de saison sèche (novembre à avril avec les mois de janvier et février rigoureusement secs), ou ils tarissent et se réduisent en chapelet de mares (Tricart et al, 1965). Dans les talwegs s'accumulent des sables qui sont submergées d'eau en saison des pluies. En saison sèche, la nappe phréatique descend dans ces sables à une profondeur de 2 à 3 mètres (Leroux, 1969). Sur les plateaux, des forages de puits ont permis de mettre en évidence l'existence de nappes phréatiques dans l'arène granitique à des profondeurs variant entre 10 et 25, mètres. L'observation du relief montre que les plateaux sont occupés en grande partie par, les habitats et les activités agricoles. Le reste comme les bas-fonds asséchés en saison sèche sont aujourd'hui exploités pour les cultures maraichères.

1.2.3. Climat et végétation

Le climat est l'une des données essentielles en matière de production agricole et animale, en ce sens qu'ils conditionnent le cycle végétatif, la reproduction du bétail et les activités humaines. Il convient de le décrire avec le maximum de précision afin de mieux comprendre ses différents modes d'intervention dans les phénomènes d'évolution du paysage.

De par sa situation géographique, la région de Nassian bénéficie d'un climat du type tropical subhumide aux caractéristiques assez semblables à celles du climat soudano-guinéen. Ce climat est défini par une pluviométrie moyenne annuelle de 1130 à 1160 mm, répartie sur une saison des pluies qui dure six à sept mois avec deux maximas qui se situent en juin et septembre (Leroux, 1969). Il faut compter six mois de saison sèche (novembre à avril avec les mois de décembre, janvier et février rigoureusement secs). Cette saison sèche est accentuée par l'harmattan qui souffle durant deux à cinq mois. Le déficit hydrique cumulé est de 650 mm (OIPR, 2015).

La température moyenne annuelle varie de 26° à 27°C avec une amplitude thermique de 2 à 4°C. Mars est le mois le plus chaud avec 37°C comme maximum journalier moyen et janvier le mois le plus froid avec 15°C de maximum journalier moyen. L'humidité atmosphérique relative moyenne est d'environ 65% et la durée moyenne annuelle d'insolation est de 2 500 à 2 700 heures (OIPR, 2015).

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Le couvert végétal de Nassian est constitué de savane arborée à Panicum phragmitoides (Leroux, 1969), de forêts claires et de forêts denses sèches. Il renferme plusieurs groupements végétaux installés en fonction, du climat, mais aussi de la topographie et de l'édaphisme. La diversité des formations végétales et des différents écosystèmes confère à la zone une importante diversité faunique. Sur les plateaux se trouve des reliques boisées (dense ou dégradée). Ce sont des vestiges de forêts denses semi-décidues de type Tiassalé et qui ont perdu la plupart de leurs espèces hygrophiles selon Leroux (1969), en particulier : Triplochiton scleroxylon.

Les reliques boisées à Anogeissus leiocarpus et Cola cordifolia sont des forêts denses sèches ne renfermant jamais de Triplochiton. Egalement, sur les plateaux, pentes et sur les bas-fonds se trouve des savanes arborées et savanes (à végétation hydrophile). Ces savanes font partie du grand ensemble de savane à Panicum phragmitoides associées de place en place aux forêts claires de toute la région Nord de la Côte d'Ivoire (Adjanohoun, 1964). Dans les bas de pente et bas-fonds, on a des forêts-galeries. Elles occupent généralement les bordures des cours d'eau. Séparées des reliques boisées sur plateaux par la savane arborée, ces forêts-galeries sont composées de plantes pour la plupart adaptées aux conditions de vie en milieu humide.

1.2.4. Peuplement, composition ethnique et croyances religieuses

Les populations de Nassian sont constituées de cinq groupes ethniques : Koulango, Lobi, Baoulé, Agni et Attié. Leur immigration s'est faite par vagues successives aux 16ème et 19ème siècles (OIPR, 2015).

Les Koulango sont considérés comme le premier peuple de cette région en raison d'ordre d'installation historique (descendant des Lorhons) dont leur l'installation remonte à 2000 ans en arrière. Ils représentent le peuple qui exerce plus d'influence et en sont même les chefs de terre. Ensuite, vient les Lobi, deuxième peuple à s'installer dans cette région. Cette installation s'est faite en deux étapes : une première avant l'indépendance et une deuxième après l'indépendance. Ces deux étapes permettent donc de distinguer deux sous communautés lobi à savoir l'une ivoirienne (installée avant 1960) et l'autre burkinabé et ghanéenne (installée après 1960). Les lobi sont connus sous les noms de famille suivants : Kambiré ; Hien ; Kambou ; Palé ; Som ; Noufé ; Sib et Dah. Les Baoulé, les Agni et les Attié sont les derniers peuples qui se sont installés. Ils sont venus pour la recherche de nouvelles terres cultivables et du fait de l'anacarde, une culture plus adaptée aux sols de la région.

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A ces cinq communautés principales, s'ajoutent les nomades Peuhl. Déjà ancienne, leur présence s'est accrue à la suite des sécheresses de 1971-1973 et 1982-1984 dans les régions sahéliennes (passage plus important des troupeaux vers les villes consommatrices du sud du pays et embauchés comme bergers par les autochtones propriétaires de troupeaux) (OIPR, 2015). Ces principales communautés de Nassian sont représentées par la figure 2.

Agni Attié Baoulé Koulango Lobi

14%

1%

1%

83%

1%

Figure 2 : Proportions des principales communautés ethniques de Nassian (adapté de l'INS, 2014)

Nassian est longtemps restée très faiblement peuplée. La population n'était que de 8 600 habitants en 1965 (Duchemin, 1967). A l'accroissement démographique naturel, rendu plus important par les progrès sanitaires, sont venues se combiner deux influences contradictoires (OIPR, 2015). A la fin des années 1960, un exode rural s'est développé vers les régions forestières plus propices à l'agriculture de rente et vers les villes. Aussi, en raison des difficultés agro-climatiques au Burkina-Faso voisin, une immigration, à dominante Lobi, s'est amplifiée vers le milieu des années 1980. Pour beaucoup de ces migrants, la région d'accueil n'a d'ailleurs, souvent, constitué qu'une étape vers le Sud forestier.

Les données du dernier recensement général de la population de 1998, montrent que la région de Nassian, est restée faiblement peuplés à la fin du siècle dernier, avec une population ne dépassant pas 7 000 habitants. Toujours sur la base du recensement de 1998, si l'on considère, cet effectif reconstitué à partir des nouveaux découpages administratifs de 2011- 2014, on note une croissance rapide de la population estimée à 28 295 habitants pour toute la sous-préfecture, soit un taux d'accroissement annuel de 2, 98% (RGPH, 2014).

Le recensement de 2014, montre que cette population a presque doublé de 1998 à 2014. C'est-à-dire 44 528 habitants pour tout le département.

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De façon générale, la population totale de la sous-préfecture de Nassian est de 19 971 habitants pour 14 villages (Figure 3).

Figure 3: Taille et répartition de la population dans la Sous-préfecture de Nassian (adapté de l' INS,

2014)

Il existe plusieurs religions à Nassian : l'Animisme, le Christianisme et l'Islam. L'Animiste est la religion dominante de la région suivit de l'Islam. Il repose sur le culte des ancêtres et surtout l'initiation aux sociétés sécrètes, régissant notamment l'initiation et évoquant les esprits de la nature. L'Islam est réservé aux fractions commerçantes et aux marabouts.

Toutes ces caractéristiques physiques et humaines permettent d'avoir un aperçu du paysage de la région de Nassian. Dans l'ensemble, la région dispose, avec ses vastes étendues savanicoles, de réelles potentialités favorables au développement de l'agriculture et de l'élevage de bétail, mais ces formations ont été surexploitées et profondément modifiées par l'homme qui continue à les cultiver et à les brûler.

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A l'heure actuelle, les forêts claires typiques, en dehors des forêts sacrées (îlots naturels épargnés par l'homme) et des forêts classées, ne se trouvent que, par petits lambeaux développés aux dépens de sites particuliers.

1.3. Revue de la littérature

Pour mieux appréhender les concepts généraux et la littérature qui aborde certains aspects de ce travail, plusieurs mémoires de maîtrise, de DEA, de thèses et des articles scientifiques en numériques comme physiques ont été consultés en rapport avec le sujet qui porte sur les : « Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques ». De nombreuses personnes se sont intéressées et de nombreux travaux ont été entrepris sur la problématique de la perception des changements et variabilités climatiques par les populations paysannes en fonction de certaines réalités propres à ce phénomène. C'est pourquoi, il convient de donner le contenu de certains de ces ouvrages, afin de montrer quelques aspects de ce sujet.

1.3.1. Perception des changements et variabilités climatiques par les populations

Les changements et variabilités climatiques se définissent comme étant la variation de l'état moyen du climat à des échelles temporelles et spatiales. Ce sont des modifications de pluies mais aussi des vents et une augmentation prononcée des températures (Afouda et al., 2004 ; Ogouwalé, 2006). Les populations perçoivent ces changements et variabilités climatiques à travers ces modifications. La perception traduit la compréhension que les populations ont des effets néfastes des changements et variabilités climatiques et de leur vulnérabilité face au phénomène (Agossou, 2008 ; Codjia, 2009). Les recherches sur la perception des populations face aux changements et variabilités climatiques en Afrique et surtout en Afrique de l'ouest vont vers un constat commun : perception de la variation pluviométrique, de la hausse de la température et des vents violents. En effet, dans l'article intitulé : « types de réponses apportées par les paysans face aux contraintes pluviométriques dans le centre de la Côte d'Ivoire : cas du département de Daoukro », Kouassi et al., (2015) ont déterminés la perception paysanne de la variation pluviométrique. Pour eux, les paysans enquêtés affirment que «la bonne terre vient du ciel », « qu'il ne pleut plus comme avant car on pouvait subir des jours et des jours sans sortir de la maison à cause de la pluie » et que maintenant « il est plus difficile de déterminer les dates où vont commencer les pluies ».

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Cette situation constitue un véritable obstacle pour le développement des cultures. Brou et al., (2005) abonde dans le même sens. Pour eux, selon les populations, Il y a une diminution progressive de « l'eau venant du ciel ». Et que, cette diminution est imputable au non-respect de règles divines telles que la pratique de relations sexuelles discrètes en brousse, la profanation des lieux sacrés. Il ajoute que, la saison sèche devient de plus en plus longue (plus de six mois maintenant contre 5 mois avant 1970) finit par assécher les nappes phréatiques et les cours d'eau autrefois permanents.

Haxaire, (2002) effectue le même constat en pays Gouro. Il ressort de ces recherches que les Gouro de Côte d'Ivoire perçoivent les changements climatiques à travers la variabilité saisonnière du réseau hydrographique. Il ajoute que les populations attribuent cette variation au non-respect contemporain des pratiques ancestrales. Ainsi, la variabilité climatique est la manifestation colérique des aïeux. Cette situation a pour corollaire sécheresse et dégradation des ressources biologiques.

Aussi, Yegbemey et al. (2014), mettent en exergue la perception du changement climatique par les producteurs. Pour eux, la quasi-totalité des producteurs interrogés (97%) a perçu des changements de facteurs climatiques de 2002 à 2012. Ces changements concernent la pluviométrie (diminution des pluies), la température (l'augmentation de la chaleur), le vent (vents plus forts) et la disparition de certains arbres (arbres de néré et de karité) et animaux (hippopotames et phacochères) dans le paysage agro-écologique concerné.

Yao et al., (2013) stipulent que les populations paysannes conçoivent le changement climatique comme principalement une diminution de la pluviométrie, un décalage et une réduction de la longueur de la saison pluvieuse associée à une augmentation de la durée de la saison sèche. Selon eux, les premières pluies après l'Harmattan (grande saison sèche) arrivent de plus en plus tardivement.

La perception du changement climatique par les populations est diverse et variée. Les populations enquêtées dans différents pays (Agossou, 2008 ; Codjia, 2009 ; Bambara, 2013 ; Doumbia et al., 2013 ; Dossou-yovo et al., 2017) ont observé que les pluies démarrent tardivement avec une faible intensité. Egalement, la fin de la saison des pluies est plus précoce et le nombre de jours de pluie actuel est en baisse par rapport au passé.

Les vents sont de plus en plus forts. Les séquences sèches sont de plus en plus longues ces dernières années avec une augmentation de la chaleur en intensité et en durée (la grande saison sèche se prolongeant).

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1.3.2. Savoirs locaux des changements et variabilités climatiques

Le savoir local est essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Les expertises traditionnelles doivent être vues comme venant en complément des connaissances scientifiques et des efforts d'adaptation au climat, et non comme un obstacle. De ce fait, de nombreuses recherches (FAO, 2007 ; Boko et al., 2016 ; Dibi Kangah et al., 2016 ; Dipama, 2016), ont montré son importance dans les mesures d'adaptations aux changements climatiques. Ainsi, les informations de prédiction scientifique du climat disponibles ont besoin d'être ajustées aux besoins des paysans en intégrant les pratiques traditionnelles et en incorporant la connaissance locale existante (FAO, 2007).

Howes & Chambers (1979) suggèrent un certain nombre d'usages de savoirs locaux dans le domaine du développement. Il s'agit d'utiliser le système local de classification comme un moyen plus rapide pour compiler et inventorier les ressources du terroir. Aussi, d'utiliser les savoirs locaux comme canal d'information sur les problèmes environnementaux et comme moyen de correction des erreurs externes à la société dans la perception réelle des réalités sociales. Enfin, d'intégrer les savoirs locaux comme sources d'hypothèses préliminaires et comme sources d'inspiration scientifique. Gosselin, (2008) montre que, les paysans connaissent les changements climatiques et appliquent des méthodes de gestion des ressources naturelles. Pour elle, face aux changements, les actions entreprises par les paysans pour lutter contre cette dégradation des ressources naturelles est influencée et dans certains cas limités.

Pour Dipama, (2016), dans le contexte actuel de changement climatique, la population a toujours su faire face aux différentes perturbations à partir de techniques et savoirs-faire qui leur sont propres. Il souligne que, la prise en compte et la vulgarisation de ces savoirs locaux dans les politiques agricoles est indispensable afin de faire face à l'adversité de la nature.

1.3.3. Stratégies d'adaptation aux changements et variabilités climatiques

1.3.3.1. Risques et incertitudes dans l'environnement agricole

Certains auteurs ont tenté de faire l'inventaire des facteurs de risque de l'environnement du paysan.

Brou et Chaléard (2007) font mention des incertitudes du climat et à la réduction des forêts. Pour eux, ces incertitudes sont à l'origine des stratégies conservatoires et régulatrices adoptées par les paysans.

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Dans son rapport d'évaluation concertée de la vulnérabilité aux variations actuelles du climat et aux phénomènes météorologiques extrêmes, Aho (2006) notifie que les principaux risques climatiques dans la commune d'Adjohoun sont les vents violents, la chaleur excessive, les inondations, la sécheresse et les pluies tardives et violentes.

L'influence de ces différents risques climatiques est beaucoup perçue sur les activités agricoles et le milieu de vie des agriculteurs. Ces risques seront donc pris en compte dans le cas de cette recherche.

1.3.3.2. Impacts des changements et variabilités climatiques sur l'agriculture

L'impact est défini comme, « toute modification quantitative, qualitative et fonctionnelle, positive ou négative, subie par tout ou partie d'un système (cible) à la suite d'un choc ou stress externe (d'origine anthropique, artificielle ou naturelle), et dont la magnitude dépend de la valeur et de la vulnérabilité du système cible » (GIEC, 2001). Littéralement, l'impact correspond souvent aux effets négatifs et aux dommages induits.

Ainsi définis, les changements et variabilités climatiques affectent sérieusement la disponibilité des ressources naturelles telles que l'eau qui laisse de graves impacts sur l'agriculture et les populations. Les impacts directs des changements climatiques sur l'agriculture portent sur les comportements des cultures, les modifications pédologiques et les baisses de rendements.

Diomandé et al., (2016) mettent en évidence, l'impact de la variabilité climatique sur la production de l'igname dans la région du Gbêkê. Selon eux, la crise climatique est ressentie à travers un raccourcissement des saisons des pluies au profit d'un rallongement des saisons sèches. Cela s'accompagne d'une baisse de la pluviométrie et une hausse des températures avec pour conséquence, une chute significative de la production de l'igname (de 75000 tonnes en 1980, est passée à 33 635,25 tonnes en 2011 puis à 23 183,35 tonnes en 2013), avec un rendement moyen de 15 t/ha, nettement en dessous du rendement optimal estimé de 20 à 30 t/ha. Il ajoute que cette situation a suscité chez les populations agricoles, une prise de conscience et une amélioration des comportements culturaux.

De plus, Djè, (2007) indique aussi qu'en Côte d'Ivoire les perturbations pluviométriques ont eu un impact significatif sur la production du cacao dont le rendement peut chuter de plus de 20 % pendant les épisodes El Niño par rapport aux campagnes précédentes. Yao et al., (2013) montrent que les impacts du changement climatique sur le secteur agricole en Côte d'Ivoire à travers les séquences sèches.

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Pour eux, les séquences sèches arrivant en période de floraison des cultures pourraient réduire significativement leurs rendements et aussi entrainées des pertes de jeunes plants des cultures de rentes.

1.3.3.3. Stratégies paysannes d'adaptation aux changements et variabilités climatiques

Le changement climatique a d'énormes impacts directs comme indirect sur le secteur agricole. Les paramètres agro-climatiques présentent des particularités contraignantes pour l'agriculture (Brou et al, 1998). Dans ce contexte les populations rurales développent depuis des générations des stratégies pour s'adapter à ce phénomène.

Dibi Kangah et al., (2016) montrent que la tendance générale des pluies est à la baisse de 1950 à 2013 dans le Nord et le Nord-ouest ivoiriens. Mais, face à ce dérèglement avéré de la pluviométrie, des stratégies adaptatives comme les techniques de conservation des eaux de pluies sont recommandées pour atténuer les effets néfastes de la variabilité pluviométrique. Yao et al., (2013), stipulent que la méthode d'adaptation paysanne pour les cultures sont le décalage des planting, l'utilisation des pépinières (plant en sachet), les semis direct, etc. Aussi, contre les vents forts et violents qui accompagnent certaines pluies, les paysans utilisent des rangées de Teck en bordure de parcelles comme brise vents afin de réduire l'effet du vent. Ils continuent en disant que, l'allongement de la saison sèche avec pour conséquence le dessèchement et la dureté du sol, le planting du manioc sur buttes, billons ou sur des sols ayant subi un labour profond est une mesure développer pour faciliter l'arrachage pendant les périodes de sécheresse.

Egalement, les paysans adoptent de nouvelles pratiques agricoles et de nouvelles formes de mise en valeur : utilisation de ressources foncières autrefois délaissées, notamment des bas-fonds, extension de certaines cultures et adoption de nouvelles variétés moins sensibles aux aléas climatiques, etc. (Brou et Chaléard, 2007). L'association de cultures, le conservatisme, la diversification des activités (création d'activités para agricoles) sont les stratégies couramment développées par les paysans pour faire face aux risques climatiques (Senahoun, 1994).

En somme, le processus de développement de technologie a besoin de prendre en compte les incertitudes climatiques, la diversité des écosystèmes, la complexité des processus agricoles ; et de reconnaître l'importance de la connaissance endogène de la population rurale pour développer des options d'agriculture intelligente face au climat qui seront utiles aux différents acteurs à tous les niveaux d'échelle.

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La revue de la littérature a permis d'exposer le contenu de certains ouvrages afin de montrer l'intérêt et l'originalité de cette recherche. Le point de vue de nombreux auteurs a été exploré sur les notions comme perception, changement et variabilité climatique, etc.

Toutefois, très peu de recherches ont porté sur ce sujet à Nassian et toutes celles qui ont été réalisées ne concernent pas les « Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques ». Il est donc nécessaire de se focaliser sur cette problématique dans la région de Nassian afin de pallier ces insuffisances. Ce travail fait suite aux travaux réalisés au Bénin (Agossou, 2008 ; Codjia, 2009) et en Côte d'Ivoire (Doumbia et al., 2013 ; Boko et al., 2016) sur les problématiques de perceptions paysannes de changements climatiques.

1.4. Problème et justification du sujet

Les changements et variabilités climatiques constituent une menace pour l'humanité. Ainsi, ses répercussions récurrentes se traduisent sous formes de cyclones de plus en plus puissants, de sécheresses, d'élévation du niveau de la mer et de la fonte des glaciers et des calottes polaires (Agossou, 2008 ; Diouf et al., 2014). Les principales perturbations pour l'agriculture sont l'irrégularité des pluies, l'augmentation de la température, les sécheresses et les pénuries d'eau. Ces aléas climatiques entrainent une baisse significative des récoltes et une aggravation des crises alimentaires. Ces bouleversements ont pour conséquences une insécurité alimentaire croissante des populations, menaçant ainsi les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté (Diouf et al., 2014).

Dans ce contexte global, l'Afrique subsaharienne apparaît comme la région du monde la plus exposée aux changements climatiques (FAO, 2008). Cette grande vulnérabilité est due à sa forte dépendance à l'agriculture et à sa capacité limitée d'adaptation qui est liée au manque de ressources et de technologies (Daouda, 2007).

Dans cet ensemble continental, la Côte d'Ivoire a connu une baisse de la pluviométrie depuis les années 1970 (Paturel et al.,1998 ; Brou et al., 1998; Bigot, 2004 ; Dibi Kangah, 2004 ; Bigot et al., 2005 ; Dabissi et al., 2011 ; Boko et al., 2016 ; Dibi Kangah et al., 2016). Cela a eu pour impact le déclin de la productivité de certaines cultures (Dibi Kangah, 2004). Ces variations pluviométriques causent une insatisfaction des besoins hydriques des cultures et bouleversent la vie quotidienne des sociétés en agissant sur leurs habitudes alimentaires (Brou et al., 2005).

31

Les effets potentiels de la variabilité des pluies sur la productivité agricole sont multiples et soulèvent des questions importantes pour le développement durable, notamment la disponibilité des ressources en eau et la sécurité alimentaire (Brou, 2005 ; Kouassi et al., 2008 ; Dibi Kangah et al., 2016). Cet impact est particulièrement important en ce sens que l'agriculture emploi près des deux tiers de la population et constitue la principale source de revenus (Banque Mondiale, 2015). De ce fait, le changement climatique impose trois défis majeurs à l'agriculture Ivoirienne.

Il s'agit de nourrir une population estimée à 22.671.331 habitants (RGPH, 2014). Ceci entrainera une augmentation de la demande en nourriture nécessitant l'exploitation de ressources supplémentaires. En outre, de s'adapter au changement climatique. En effet, la hausse des températures, la baisse des pluies, la fréquence accrue des périodes de sécheresse et des inondations, ainsi que la prolifération des parasites consécutives au changement climatique, va entraîner une baisse et une instabilité des rendements ainsi qu'une forte augmentation des prix des principales cultures vivrières. Enfin, de produire tout en réduisant les effets sur l'environnement. L'agriculture constitue la première source mondiale d'émission de méthane et de protoxyde d'azote, une source importante d'émission de carbone et le principal facteur mondial de déforestation (Vandaele et al., 2010 ; De Menech, 2013).

A Nassian comme partout en Côte d'Ivoire, les paramètres agro-climatiques présentent des particularités contraignantes pour l'agriculture et la foresterie, qui connaissent parfois de graves sécheresses. Dans ce contexte déjà difficile pour les populations locales, il nait un sentiment d'incertitude climatique qui fragilisent les systèmes agricoles (Dibi Kangah et al., 2016). Face à ces incertitudes du climat et à la réduction des forêts, les paysans adoptent des stratégies conservatoires et régulatrices (Brou et al., 2007). Si les agriculteurs se sentent impuissants face à la récession pluviométrique, en raison de son caractère aléatoire, leurs perceptions contribuent à de nouvelles pratiques agricoles. Ces pratiquent sont l'utilisation de ressources foncières autrefois délaissées, notamment les bas-fonds et l'adoption de nouvelles variétés de culture moins sensibles aux aléas climatiques, etc., (Brou et al., 2007).

Les nouvelles mises en valeur des ressources et les choix techniques des agriculteurs, se fondent sur la base de leur conception et leur expérience des phénomènes climatiques. Des recherches ont été menées en Afrique sur la perception des populations face aux changements et variabilités climatiques (Brou et al., 2005 ; Aho et al., 2008 ; Agossou, 2008 ; Gnanglè et al., 2009 ; Doumbia et al., 2013 ; Boko et al., 2016 ; Dibi Kangah et al., 2016 ; Dossou-yovo et al., 2017).

32

Ces auteurs révèlent que les paysans perçoivent clairement les effets du changement climatique et mettent au point différentes stratégies d'adaptation. Toutefois, ces mesures sont parfois inefficaces et limitées parce qu'ils disposent de très peu d'économies (Gosselin, 2008). Selon Diouf et al., (2014), ces agriculteurs sont vulnérables parce qu'ils dépendent directement des pluies et des saisons. Les soutiens de la part du gouvernement ou de leurs collectivités locales demeurent insuffisants. Aucune alternative ne s'offre à eux. Ils ont perdu leurs repères saisonniers, les pertes de récoltes s'accroissent et l'insécurité alimentaire menace.

Dans cette perspective, on peut alors se demander : quel est le niveau de perception des populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques dans leurs pratiques agricoles ? De cette question principale, il se dégage trois questions de recherche : Comment les populations perçoivent-elles dans leurs vécus les changements et variabilités climatiques ? Quelles sont les causes et conséquences des changements et variabilités climatiques sur les activités agricoles ? Comment les populations réagissent-elles face à ce phénomène ? Ce sont là autant de questions qui nécessitent des réponses et justifient la nécessité de réaliser la présente recherche.

1.5. Objectifs de la recherche

L'objectif général est d'analyser la perception des changements et variabilités climatiques vécus par les populations rurales dans leurs pratiques agricoles à Nassian. Pour atteindre ce résultat, trois objectifs spécifiques ont été fixés. Il s'agit :

- d'analyser les perceptions des changements et variabilités climatiques des populations locales à Nassian ;

- de déterminer les causes et les conséquences des changements et variabilités climatiques sur les populations et sur les activités agricoles à Nassian;

- d'identifier les stratégies d'adaptation développées par les populations pour faire face aux conséquences des changements et variabilités climatiques.

33

CHAPITRE 2 : DONNEES ET METHODES D'ETUDE.

Cette partie est constituée de l'ensemble des techniques utilisées pour arriver aux résultats de cette étude. Elle s'organise en deux grandes phases que sont : les données d'étude et les méthodes utilisées pour aboutir aux résultats de cette recherche.

2.1. Données et leur collecte

2.1.1. Données climatiques, agricoles et démographiques

Les données climatiques (température et pluviométrie) utilisées sont les données de la Société de Développement et d'Exploitation Aéroportuaire, Aéronautique et Météorologique (SODEXAM), provenant de la station pluviométrique de Bondoukou. Elles couvrent la période 1986-2016. Ces données ont permis à travers leur analyse de vérifier les connaissances empiriques des populations à Nassian.

Quant aux données agricoles, elles ont été obtenues à l'ANADER et la Direction départementale de l'agriculture de Nassian (DDA). Ce sont des statistiques sur la production agricole. Les données démographiques utilisées dans recherche, sont celles qui proviennent du recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) de 1998 et 2014, de l'Institut National de la Statistique (INS). Ce sont des données sur la population de la Sous-préfecture Nassian. Elles contribuent à apprécier l'évolution de la population dans le temps et dans l'espace sur l'ensemble du paysage.

2.1.2. Données cartographiques et images satellitaires

Les données cartographiques sont des représentations cartographiques du contenu de l'espace d'étude (routes, village, toponymie et limites administratives). Ce sont des données vectrices obtenues à l'Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR).

Les images satellitaires ont été acquises sur le site de l'USGS. Il s'agit des images Landsat TM de 1998 et Landsat ETM+ de 2016 de la scène 196-054, de projection UTM 30N/WGS 84 couvrant l'espace d'étude. Il s'agit pour nous de traiter ces images afin de mettre à jour la carte d'occupation de la zone d'étude. Ces images satellitaires permettent de disposer en temps réel, d'un ensemble de données relatives à l'état de l'occupation du sol. Elles offrent en outre, une perception simultanée, dans des conditions sensiblement homogènes, d'une vaste étendue (Kangah, 2006).

34

2.1.3. Recherche documentaire

Cette phase a couvert toutes les étapes de cette recherche et visait dans un premier temps à capitaliser les connaissances théoriques utiles pour l'orientation à donner au travail. Egalement, pour l'élaboration et l'exécution des différentes phases de la recherche, puis dans une seconde phase, à faire le traitement des informations collectées. A cet effet, plusieurs centres de documentations ont été fréquentés au fur et à mesure du déroulement de la recherche. Au nombre de ces centres, nous avons : la Bibliothèque de l'IGT, le centre de documentation de l'IRD, les bibliothèques en ligne, etc. Par ailleurs, la documentation privée de certaines personnes ressources et des sites internet ont été exploités. La consultation d'ouvrages et d'articles divers a permis d'identifier les aspects non encore ou pas suffisamment explorés sur la perception des populations face aux changements et variabilités climatiques, leurs manières d'adaptation dans cet espace d'étude. Aussi, ont-ils permis de mieux appréhender cette recherche pour une utilisation plus facile et judicieuse des résultats en agro-climatologie.

2.1.4. Enquêtes de terrain

Il s'agit de la phase exploratoire suivie du choix des villages et des populations d'enquêtes, des observations, des interviews et des enquêtes par questionnaire effectué. Elles se sont déroulées du 09 au 17 septembre pour la phase exploratoire et du 20 au 30 septembre 2018 pour les enquêtes de terrain proprement dit dans la sous-préfecture de Nassian. Au cours de ces enquêtes, 140 chefs d'exploitation âgés de plus de 40 ans dont 98 Hommes et 42 Femmes ont été interrogés (figure 4). Les personnes ressources interviewées sont au nombre de 18.

Nombre de personne enquêté

100

40

90

80

70

60

50

30

20

10

0

Moins de 40 ans Plus de 40 ans

Age enquêté

Nombre de personne enquêté

100

40

90

80

70

60

50

30

20

10

0

Masculin Féminin

Genre enquêté

Figure 4: Genre et âge des agriculteurs enquêtés (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre

2018)

35

2.1.4.1. Phase exploratoire

La première tâche effectuée a consisté à une visite de reconnaissance et d'intégration dans l'espace de recherche. Au cours de cette visite, des contacts ont été pris avec les autorités aux niveaux communal et local. La visite a durée sept jours. Elle a permis d'échanger et de discuter avec les populations locales, les autorités administratives et locales sur les principaux risques climatiques survenus dans leurs localités. C'est au cours de cette phase qu'une connaissance sur le milieu physique, ses caractéristiques générales et les désignations en langue locale des différentes unités de paysage ont été obtenues en vue de faciliter les entretiens lors de la phase de terrain. Elle a servi à prendre des dispositions pratiques dans la conduite des travaux d'entretiens et à la constitution de l'échantillon a enquêté.

Ces activités ont été utiles pour mieux cerner la problématique et appréhender les perceptions globales des populations des villages d'enquête sur les conséquences des changements climatiques et les stratégies d'adaptation.

2.1.4.2. Choix des villages et des populations d'enquête

La grande taille de la population cible à enquêter conduit à constituer un échantillon. La méthode utilisée est la méthode à choix raisonnée, qui conduit au choix des villages d'enquête et des populations agricoles à interroger.

Choix des villages d'enquête

La visite de terrain et les informations collectées auprès de la direction départementale de l'agriculture et du développement rural, ont orienté le choix des villages étudiés dans la région de Nassian concernées par la recherche. Ainsi, le critère retenu dans le choix de ces villages est la fragmentation de l'espace d'étude par un zonage, c'est-à-dire par une stratification du milieu, en fonction des conditions qui sont sensés influer sur son exploitation.

La mise en application de cette exigence préalable a conduit au choix d'un échantillon de cinq localités d'enquêtes ou « villages-témoins ». Suivant le gradient sud/nord et l'ouest, les choix ont respectivement portée sur une localité (wassidé) suivi d'un autre au centre (Nassian).

Les localités de Dépingo et Toungbo-Yaga, ont en outre été choisies dans la zone nord de la Sous-préfecture. Enfin le village de Talahini à l'ouest a été choisi (Figure 5).

36

Outre, le critère relatif à la fragmentation, les critères liés à l'accessibilité des sites, à la taille des exploitations agricoles et à la taille démographique des localités (choix des villages les plus peuplés) ont été privilégiés.

Figure 5: Localisation géographique des sites enquêtés (adapté de l'OIPR, 2018)

..Choix de la population d'enquête

La population cible concernée dans cette recherche, n'est rien d'autre que les agriculteurs ou les paysans. Les villages ayant été choisis, l'INS et l'ANADER ont été consultés pour avoir un aperçu de la taille des agriculteurs et des activités agricoles pratiquées dans ces villages retenus afin de pouvoir dégager l'échantillon d'enquête. Ainsi, les critères sociodémographiques comme l'âge et le sexe des exploitants nous ont guidés dans la phase de l'échantillonnage.

L'unité d'observation retenue est le chef d'exploitation. Le choix du chef d'exploitation se justifie donc pour la raison qu'il est le plus expérimenté et susceptible de fournir un maximum d'informations afin de mieux appréhender le degré d'exposition des activités agricoles aux risques climatiques et leurs stratégies développées pour y faire face.

37

Par ailleurs, les moyens matériels et le temps ne nous permettant pas de faire les enquêtes exhaustives, nous avons opté pour des enquêtes légères, auprès de 140 chefs d'exploitation, constitués de façon aléatoire et comportant donc les différentes catégories de producteurs (jeunes agriculteurs, adultes, hommes et femmes, petits exploitants, etc.). Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 1.

Tableau 1: Choix de l'échantillon des agriculteurs (adapté de l' INS, 2014)

Villages retenus

Population
totale

Population paysanne
pratiquant l'agriculture

Taille de
l'échantillon

Pourcentage des
enquêtés

Nassian

4785

161

20

14

Dépingo

808

120

15

11

Talahini

2609

668

85

61

Toungbo-Yaga

523

83

11

8

Wassidé

120

70

9

6

Total

8845

1102

140

100%

Les personnes ressources enquêtées ont fourni des informations qualitatives pour infirmer ou confirmer certains propos des paysans. Ces enquêtes se sont déroulées sous forme d'entretiens et adressées à un certain nombre d'individus qui ont des relations fréquentes et privilégiées ou même de fois impliquées avec les personnes concernées dans la pratique agricole. Dans ce contexte, ces personnes ressources en contact avec les producteurs agricoles sont d'abord les agents et spécialistes de l'agriculture, du développement rural, les chefs de terres, les responsables de coopératives, etc.

Le tableau 2, résume le nombre de personnes questionnés dans ces services précités. Ces personnes ont été choisies parmi les premiers responsables de ces structures. De ces personnes, nous avons établir un échantillon.

38

Tableau 2: Liste des personnes ressources interrogées (adapté de la DDA Nassian et enquête de terrain
KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018
)

Structures et organismes Personnes à interroger

ANADER 2

Direction départementale de l'agriculture 2

Direction départementale des ressources animales et 1

halieutiques

5

Les gestionnaires de terres

4

Les groupements informels ou Associations

2

Les coopératives d'achat

1

Direction des eaux et forêt

1

OIPR

18

Total

Le nombre total des personnes ressources consultées est de 18 personnes. Ces personnes nous ont révélés les vérités qui sont soient cachées ou soient mal comprises par les paysans.

2.1.4.3. Observations et interviews

En dehors des documents consultés, plusieurs visites de terrain ont été effectuées dans la localité d'étude pour avoir un aperçu des différentes activités agricoles pratiquées par les populations. Ces observations directes sur le terrain ont permis de caractériser cette activité à travers les outils de travail et d'identifier la chaine de production mise en place par les agriculteurs.

Elles ont permis également de connaitre les effets néfastes des évènements climatiques sur les activités agricoles. Enfin, de voir les stratégies misent en place par les populations pour faire face aux conséquences des changements et variabilités climatiques. Aussi, ces visites ont consisté à identifier les espèces végétales et à repérer les indices de l'action des populations dans la localité de Nassian. Le repérage de tous les éléments a été possible grâce à l'utilisation de l'application OSM Tracker comme GPS.

Les interviews sont des discussions libres qui ont lieu avec les autorités locales et les agents des services publics de la zone étudiée. Nous en avons effectué 18 dans les cinq villages sélectionnés (Tableau 2).

39

Afin d'appréhender le volet changement et variabilité climatique, les activités agricoles pratiquées et les stratégies développées, un guide d'entretien pré-élaboré (annexe 1) a été utilisé. Les prises de notes et les enregistrements ont été les techniques de collectes des données obtenues en cette phase qui reste une phase de recherche qualitative.

2.1.4.4. Enquêtes par questionnaire

Ce sont des entretiens effectués avec des agriculteurs de façon individuels à base de questionnaire préétabli (annexe 2). C'est purement une phase de recherche quantitative comportant des questions fermées et quelques questions ouvertes afin de permettre les analyses statistiques. Il s'agit d'un ensemble de questions permettant d'évaluer la perception des évènements climatiques par les populations locales, les effets de ces changements sur les ressources naturelles et agricoles. Mais aussi, les stratégies qu'elles développent pour faire face aux risques climatiques. Pour y arriver, la technique d'échantillonnage a été utilisée dans cette enquête (Tableau 1).

En outre, un appareil photo numérique pour les prises d'images des dégâts des changements et variabilités climatiques a été utilisé. Ce matériel a permis de prendre les images des cultures pratiquées citées par les agriculteurs ; ce qui a facilité leur identification une fois de retours du terrain.

2.2. Méthodes de traitement et analyse des données

Il s'agit des techniques d'étude, de l'analyse des différentes données utilisées dans cette recherche. Elles concernent aussi les traitements et l'analyse des données du travail pour aboutir aux différents résultats.

2.2.1. Traitement et l'analyse des images satellitaires

Le traitement et l'analyse des satellitaires, après leurs acquisitions s'est faite selon les étapes suivantes :

Le prétraitement des images satellitaires

Le prétraitement consiste à faire une calibration de l'image avant l'analyse principale et l'extraction de l'information. Il s'agit essentiellement de faire une correction atmosphérique (nettoyer les effets atmosphériques) et d'une correction radiométrique (appliquer une équation de normalisation afin de ramener le compte numérique entre 0 et 1 pour une interprétation de

40

l'image). C'est en effet la conversion des luminances en réflectance. Ces opérations améliorent la qualité des images brutes, respectivement par l'étirement des contrastes pour augmenter les distinctions des tons entre les différents éléments d'une scène, par la correction des images à cause des bruits et des effets atmosphériques.

Le traitement des images satellitaires

Le traitement et analyse des images satellitaires ont porté essentiellement sur le traitement des images dans le logiciel Envi 5.1, et leur intégration dans un environnement SIG pour leur exploitation. De ce fait, une composition colorée « images fausses couleurs » (O'Neill et al, 1996), pour mieux discriminer les différents types d'occupation du sol et un choix des parcelles d'entrainement basé sur les indices collectés par le GPS ont été faites dans un premier temps.

Ensuite, une classification supervisée à travers l'algorithme de « maximum de vraisemblance » (Bonn et al., 1992), a été utilisé pour classifier les images dans cette recherche. A travers cet algorithme, la distribution des pixels au sein de chaque classe suit une loi normale (Konan et al., 2016). En effet, les pixels sont affectés aux échantillons les plus proches selon la distance bayésienne, qui calcule la probabilité qu'a un pixel d'appartenir à une classe donnée. Le pixel est affecté à la classe pour laquelle la probabilité est la plus forte. Cette méthode classe tous les pixels sauf si on pratique un seuil de probabilité en dessous duquel les pixels n'ont pas d'affectation. Enfin, une élimination des pixels isolés par applications des filtres 3x3 a été faite afin d'homogénéiser les différentes classes.

A la suite de ces traitements, deux grands thèmes sont identifiés dans l'analyse de l'occupation du sol. Il s'agit des espaces naturels et des espaces humanisés suivie de l'identification des objets au sein de chaque grand thème. Au niveau des espaces naturels, six niveaux de discrimination (forêt dense sèche, forêt galerie, savane arbustive, savane herbeuse, plan d'eau et bas-fonds) ont été obtenus. S'agissant des espaces occupés par l'homme, deux niveaux ont été ressortis (culture / jachère et habitat / sol nu). Au total, ce sont huit thèmes qui sont retenus dans l'analyse et la cartographie de l'occupation du sol. La combinaison de ces huit thèmes a permis de réaliser les cartes d'occupation du sol de 1998, et 2016.

D'autres analyses sont appliquées aux images issues de la classification. Il s'agit de l'estimation de la qualité de la classification. Ces analyses portent sur la matrice de confusion pour estimer la qualité de la classification mais, surtout pour vérifier la fiabilité de la méthode utilisée (Konan et al., 2016).

41

L'analyse de la matrice de confusion consiste à déterminer la précision globale (pourcentages des pixels correctement classés) et le coefficient de Kappa (réduction proportionnelle de l'erreur obtenue par une classification comparée à l'erreur obtenue avec une classification pseudo-aléatoire et donne une estimation plus précise de la qualité de la classification). Ils désignent le rapport entre le nombre de pixels bien classés et le nombre total de pixels de référence.

Sur l'image de 1998, la précision globale de classification est de 93, 42 % et le coefficient Kappa de cette image est de 0,92 soit 92 % (Tableau 3).

Concernant l'image de 2016, la précision globale de classification est de 92, 88 % et le coefficient Kappa de cette image est de 0,9147 soit 91, 47 % (Tableau 4).

Tableau 3: Matrice de confusion de l'image de 1998 (classification de l'image Landsat TM, 1998)

Types

d'occupation du sol

Forêt
Dense
sèche

Forêt galerie

Savane arbustive

Savane herbeuse

Plan d'eau

Bas-
fonds

Habitat/ Sol nu

Culture
/jachère

Forêt

dense sèche

82.39

14.77

0.23

0.00

0.00

0.00

0.00

2.61

Forêt galerie

2.58

96.74

0.00

0.00

0.00

0.00

0.00

0.68

Savane arbustive

0.00

0.00

94.60

4.94

0.00

0.00

0.00

0.45

Savane herbeuse

0.00

0.00

2.53

94.96

0.00

0.00

2.79

2.51

Plan d'eau

0.66

0.48

0.00

0.00

97.53

1.99

0.00

0.00

Bas-fonds

0.00

0.22

0.00

0.00

0.94

98.50

0.00

0.34

Habitat/ Sol nu

0.00

0.00

0.00

2.11

0.00

0.00

97.49

0.40

Culture/jachère

4.58

0.00

0.96

3.57

0.00

0.00

0.00

90.89

42

Tableau 4: Matrice de confusion de l'image de 2016 (classification de l'image Landsat ETM+, 2016)

Types

d'occupation du sol

Forêt
Dense
sèche

Forêt galerie

Savane arbustive

Savane herbeuse

Plan d'eau

Bas-fonds

Habitat/ Sol nu

Culture
/jachère

Forêt

93.98

3.56

0.96

0.00

0.00

0.00

0.00

1.10

Dense sèche

 
 
 
 
 
 
 
 

Forêt galerie

1.73

98.21

0.00

0.00

0.00

0.00

0.00

0.00

Savane arbustive

2.54

0.00

93.06

3.90

0.00

0.00

0.00

0.46

Savane herbeuse

0.00

0.00

3.47

93.37

0.00

0.00

2.79

0.33

Plan d'eau

0.66

1.20

0.00

0.00

96.34

1.80

0.00

0.00

Bas-fonds

0.00

8.92

0.00

0.00

18.04

70.00

0.00

3.01

Habitat/ Sol nu

0.00

0.00

0.00

4.26

0.00

0.00

95.58

0.00

Culture/jachère

0.97

0.00

0.00

2.01

0.00

0.00

0.00

97.10

L'examen des tableaux 3 et 4 montrent que les pixels issus des classes de référence ont entièrement été affectés à plus de 90 %. Cependant, on constate que ce sont les pixels des classes des secteurs de forêt dense sèche (Tableau 3) et de bas-fonds (Tableau 4) qui enregistrent les faibles taux (82.39 et 70).

Les résultats statistiques obtenus par le calcul de la précision globale, du coefficient de Kappa et de la matrice de confusion, montrent qu'il existe des erreurs, voire des imperfections dans les produits cartographiques obtenus. L'opération finale consiste à exploiter les données issues du traitement des images satellitaires dans un environnement SIG pour corrigés ces erreurs dans la table attributaire afin d'être conforme à la réalité. Tous les traitements effectués et les informations recueillies ont permis de mettre en place une base de données fiable pour l'élaboration d'un SIG. A la fin donc du processus de classification, on a obtenu deux cartes d'occupation du sol des années 1998 et 2016 de la sous-préfecture de Nassian.

43

Ainsi, le croisement des données d'occupation du sol de 1998 et de 2016 a permis d'analyser les facteurs de la dégradation de la diversité végétale.

2.2.2. Traitement des données de terrain, climatiques et leur analyse

Les données collectées sur les fiches d'enquête ont été saisie dans le logiciel SphinxV5. Le traitement de la base de données a permis de dégager des statistiques, de réaliser les tableaux et les figures. Les outils d'analyse seront présentés par objectif :

Le premier objectif émit sur la perception du changement climatique par les populations locales a été déterminé selon une démarche participative à l'aide de questionnaires destinés aux agriculteurs dans cinq communautés rurales sélectionnées et aux personnes ressources évoluant dans le secteur de l'agriculture. Le questionnaire de collecte des données structurées semi-ouvert a porté sur les points suivants : la perception du changement climatique inspiré de leurs savoirs locaux (Annexe 2). Chaque question a été codée pour faciliter l'analyse statistique à l'aide du logiciel Sphinx.

Toutefois, pour corroborer ces résultats présentés sous forme qualitative, une synthèse de proportions relatives aux éléments indiquant un certain changement du climat ont été faite selon les populations, à partir des données contenues dans les fiches d'enquête individuelle. Pour évaluer le niveau de cohérence entre les perceptions paysannes et les données (statistiques) sur l'évolution du climat, une évaluation de l'impact des changements et variabilités climatiques sur les caractéristiques des saisons de pluies ont été faite.

Cette démarche se justifie par le fait que les perceptions paysannes des changements et variabilités climatiques sont construites sur les modifications survenues par rapport aux caractéristiques des saisons pluvieuses.

Les données pluviométriques de la SODEXAM et des informations contenues dans le guide d'entretien ont permis de confirmer les perceptions des paysans du changement climatique. En effet, l'élaboration d'un calendrier agricole est définie entièrement si l'on connaît le début et la fin de la saison des pluies. Cependant, il existe plusieurs définitions du début de la saison des pluies selon Balme et al., (2005), ce qui n'est pas sans répercussions sur le choix de la méthode. A ce sujet, un météorologue considérera comme début des pluies les premières pluies liées à la mise en place de la première convection organisée. Pour l'hydrologue, ce même critère sera déterminé par la première pluie générant du ruissellement.

44

Enfin, pour l'agronome, le début de la saison pluvieuse ne peut pas être suivi d'épisodes secs trop longs pouvant porter préjudice aux cultures. Ainsi, le point de vue agronomique adopté dans le cas de cette étude, Sivakumar (1988) donne, le démarrage de la saison des pluies dans les régions sahéliennes et soudanienne comme la date à partir du 1er Mai, au moins 20 mm de pluie sur 3 jours, sans épisode sec excédant 7 jours dans les 30 jours qui suivent (pour éviter les faux départs) et, comme date de fin de saison après le 1er septembre, 20 jours consécutifs sans pluie. Nous avons ainsi calculé les caractéristiques de la saison (date de début, de fin, durée), cumul annuel, nombre de jours de pluie de l'année pour chaque année concernant cette étude (1986 à 2016). Les moyennes de ces caractéristiques ont été calculées et comparées entre elles avec le test de Scheffé (segmentation de Hubert).

Quant aux indices pluviométriques annuels, ils ont été calculés avec les totaux annuels des pluies au moyen de la méthode du Filtre Passe-bas de Hanning d'ordre deux. Cette méthode permet d'obtenir des "moyennes mobiles pondérées". Son application se fait en deux étapes. La première consiste à estimer chaque total pluviométrique au moyen des équations de Tyson :

Avec X(t), le total pluviométrique pondéré à l'année t ; X(t-2) et X(t-1), les totaux pluviométriques observés des deux années qui précèdent immédiatement l'année t ; X(t+2) et X(t+1), les totaux pluviométriques observés de deux années qui suivent immédiatement l'année t.

Dans la seconde étape, les totaux pluviométriques annuels pondérés obtenue sont centrés et réduits au moyen de la formule suivante :

??(t) =

X(t) - X

??

Avec I(t) : l'indice pluviométrique de l'année t ; X(t) : le total pluviométrique pondéré de

l'année t ; X: la pluviométrie moyenne interannuelle sur la période de référence (1986-2016) et ó : l'écart-type de la pluviométrie interannuelle sur la période de référence (1986-2016).

Les résultats obtenus peuvent être interprétés de trois manières. Lorsque la valeur de l'indice est inférieure à zéro (< 0) on dit que la pluviométrie de l'année portant cet indice est déficitaire.

45

Quand cette valeur est supérieure à zéro (>0), on dit que la pluviométrie est excédentaire. Quand l'indice est égal à zéro, on parle de pluviométrie normale.

Pour ce qui est de l'objectif 2 : « les causes attribuées aux changements et variabilités climatiques », nous avons procédé par un calcul de proportion des différentes causes évoquées par les producteurs suivants leur croyance locale. Ensuite, les différentes proportions obtenues ont été comparées et analysées. Au niveau des conséquences des changements et variabilités climatiques sur les principales cultures pratiquées. Nous avons procédé par un calcul de fréquences des causes qui expliquent les pertes de récolte car les principaux phénomènes qui impactent l'agriculture sont l'irrégularité des pluies ainsi que la progression de la sécheresse, les vents violents et les fortes températures.

Quant à l'objectif 3: « Les stratégies d'adaptation développées par les populations agricoles face aux changements climatiques ». Les options d'adaptations sont déterminées en fonction des stratégies et méthodes adoptées ou exprimées par la population enquêtée. Elle passe par l'ensemble des croyances, des valeurs et perceptions que les populations ont des changements et variabilités climatiques. Ainsi, les fréquences des mesures d'adaptations répertoriées ont été d'abord calculées pour l'ensemble des exploitations enquêtées puis analysés.

2.2.3. Cadre retenu pour l'étude

Concernant le cadre retenu pour cette étude, il est important de rappeler le thème « Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques ». Ce sujet inclut non seulement, les savoirs et les stratégies d'adaptation contre les changements et variabilités climatiques. Ainsi donc, une approche unique basée soit sur la perception ou soit sur les stratégies d'adaptation ne pouvait permettre d'atteindre les objectifs fixés. D'où l'élaboration d'un cadre d'analyse de cette étude (Figure 6), propre aux deux items (celles de la perception et des stratégies d'adaptation). De ce fait, le commentaire du cadre montre que :

Les changements et variabilités climatiques sont perçus par les populations à travers les facteurs du climat (température, pluviométrie, vents, insolation.). L'annonce des phénomènes climatiques (sécheresse, pluies précoces et tardives, pluies abondantes ou faibles, etc.) sont signalés par des indicateurs qui existent dans le milieu (déplacement des bergers, migration d'oiseau, comportement de certaines plantes, etc.) qui proviennent des savoirs locaux des populations et qui déterminent leur perception de l'état du climat.

46

A partir de la perception et des savoirs locaux qu'ils ont du climat dans le milieu, les agriculteurs développent de nouvelles stratégies en réponse aux nouvelles conditions climatiques (nouvelles cultures agricoles, utilisation des bas-fonds, etc.).

Savoirs endogènes Capital agriculteur

Changements climatiques :
manifestations et conséquences

Stratégies d'adaptation

Perception paysanne des effets climatiques

Figure 6: Cadre d'analyse de l'étude

2.3. Difficultés et limites de l'étude.

Le phénomène du changement climatique et en particulier celui de la perception paysanne de ces évènements semble nouveau dans les institutions universitaires et étatiques ivoiriennes malgré la médiatisation de ce phénomène.

47

De ce fait, il est difficile de trouver des écrits, mémoires et thèses sur cette thématique en ce qui concerne l'espace d'étude car très peu de recherche scientifique ont été réalisées dans cette localité. Le manque de données sur la pluviométrie et la température constitue également une difficulté de cette recherche.

Au niveau des limites de cette recherche, la méthode de cette étude s'est basée sur la capacité des enquêtés à se rappeler le passé. En effet, la méthode de collecte des données sur la perception et les estimations des pertes moyennes de récolte, faisant appel à la mémoire des agriculteurs constituent la principale limite de cette étude.

Aussi, il y a la réticence des enquêtés face aux questions. Cette réticence s'est renforcée suite à des lois imposées aux agriculteurs étrangers par les autochtones qui entrainent souvent des conflits. Elle l'est aussi en raison des récents événements politiques que le pays a connus.

Néanmoins, nous avons été satisfaits de l'approche utilisée pour plusieurs raisons. D'abord, plusieurs méthodes permettent de vérifier la véracité des réponses. De même, conscient que les questions faisant appel à la mémoire, ne peuvent pas toujours avoir de réponses, nous avons introduit la modalité « ne sait pas ». Cette modalité a été utile dans les cas où l'enquêté révélait qu'il n'avait pas de réponse pour la question posée ou qu'il n'était pas convaincu de sa propre réponse.

Une autre limite de cette étude est le désintéressement des populations des localités d'enquête suite aux enquêtes répétitives qui ne leur apportent rien. De ce fait, la majorité des enquêtés était convaincue que l'enquête n'aboutirait pas immédiatement à la résolution de leurs problèmes actuels. Ils avaient donc tendance à répondre hâtivement aux questions ou à les omettre. Néanmoins, des explications ont démontré l'intérêt d'une telle étude non seulement pour eux mais aussi pour les générations futures. Ainsi, malgré quelques limites, cette recherche a obtenu des résultats intéressants présentés dans le chapitre qui suit.

48

CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSIONS

3.1. Perception des changements climatiques par les paysans et des personnes ressources

En général, les populations paysannes définissent le climat en se référant à leur environnement et surtout à leurs activités agricoles. Pour elles, le climat s'identifie aux paramètres météorologiques courants à savoir la pluie, la température et, dans une moindre mesure, le vent. La perception paysanne du changement climatique est appréhendée dans cette étude à travers l'analyse de ces trois facteurs comparativement à la situation qu'il y avait 25 à 30 ans auparavant dans la sous-préfecture de Nassian.

3.1.1. Perception paysanne des changements pluviométriques

La pluie est un facteur important du climat qui conditionne l'exercice de la profession agricole des agriculteurs en Côte d'Ivoire notamment ceux de la région du Nord-Est. En effet, les conditions climatiques déterminent celles de l'agriculture, principale activité des populations.

Les populations paysannes entretenant des liens étroits avec leur milieu environnant possèdent une parfaite connaissance du climat, de ses manifestations et des modifications intervenues. De ce fait, il existe de nombreux concepts relatifs au climat en général et à la pluie en particulier pour désigner les différentes manifestations pluvieuses clés dont les survenances déterminent des périodes spécifiques dans l'année. Ces déviances de la normale, des manifestations pluvieuses obtenues lors de la séance de clarification conceptuelle sont exprimées par les agriculteurs de l'échantillon de recherche dans la perception qu'ils ont des changements et variabilités climatiques. Cette perception se traduit par des péjorations pluviométriques telles que résumées :

Pour 54,28% des paysans, la saison des pluies démarrait au mois d'Avril, il y a trente ans alors que 32,14% pensent que c'est au mois de Mars (Figure 7a). Seuls 3,57% situent ce démarrage beaucoup plus précoce, au mois de Mai tandis que 10% d'entre eux disent ne pas savoir dans quel mois ces pluies démarraient à cette période. Actuellement, plus de la moitié (58,57%) des paysans interrogés affirment que le démarrage de la saison des pluies a lieu en Mai alors que 22,14% le situe en Juin et seulement 8,57% en Avril (Figure 7c). Aussi, 10,71% de ces agriculteurs affirment également ne pas savoir quand elle commence actuellement.

49

En ce qui concerne la fin de la saison des pluies il y a 30 ans, plus des 2/3 des agriculteurs enquêtés (67,14%) indiquent qu'elle intervenait en Novembre, 17,85% en Décembre, 10,71% en Octobre et 4,28% disent qu'ils ne savent pas quand elle prenait fin (Figure 7b). Pratiquement les mêmes proportions d'agriculteurs affirment que cette fin de saison intervient actuellement mais de façon plus précoce, avec un mois d'avance : Octobre (62,14%), Novembre (7,14%) et Septembre (25%) (Figure 7d). A cette proportion s'ajoute, celle n'ayant aucune idée de la fin actuelle de la saison des pluies (5,71%). Cette situation entraine la non-opérationnalisation du calendrier agricole empirique.

Aussi, pour la quasi-totalité des enquêtés (89,3%), la saison pluvieuse est devenue plus courte (3 mois de pluies au lieu de 4 ou 5 mois comme auparavant). Selon eux, les pluies démarrent tardivement. Ce qui conduit à l'abandon de certaines variétés de cultures à cycle long comme l'igname N'za et Bertai-bertai.

Par ailleurs, 87,9% des enquêtés affirment que ces trente dernières années, les hauteurs pluviométriques sont en baisse comparativement aux trente années précédentes. Pour eux, cette baisse s'observe au fil des ans notamment pendant la période de la saison des pluies. La plupart des agriculteurs (70,7%) affirment même que, le nombre de jours de pluies au cours des trente dernières années est en diminution.

Les pluies se concentrent sur un temps court et du coup, les cultures ne tirent pas profit de toutes les quantités d'eau tombées au cours de la saison pluvieuse. Ceci, pressent énormément les agriculteurs quant à l'installation des cultures.

De même, on assiste une rupture de pluie de 1 à 2 mois après le démarrage au cours de la saison d'une année à l'autre pour 69,3% d'entre eux. Ceux-ci perturbent la bonne installation des cultures et induit des pertes de récolte selon les personnes enquêtées.

Au niveau de la répartition des pluies au cours de la saison, 82,9% des enquêtés estiment qu'elle est devenue plus variable. Quant aux poches de sécheresse, 97,2% des paysans sont unanimes qu'elles sont de plus en plus fréquentes. Pour les 2/3 des paysans, il y a une occurrence des pluies qui sont très fortes et violentes ces dernières années accompagnées de grands vents ayant pour conséquence le démolissage des maisons et la destruction des plantes de maïs.

a

4%

Mars Avril Mai Ne sais pas

54%

10%

32%

b

Octobre Novembre Décembre Ne sais pas

18%

4%

67%

11%

50

a. Début de la saison il y a 30 ans b. Fin de la saison il y a 30 ans

C

avril Mai Juin Ne sais pas

11%

22%

9%

58%

d

Septembre octobre Novembre Ne sais pas

7%

62%

6%

25%

c. Début actuel de la saison d. Fin actuel de la saison

Figure 7 : Perception paysanne de la date de début et de fin de la saison des pluies (enquête de terrain
KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018
)

Les agriculteurs se sont également prononcés sur la longueur de la saison sèche. Pour 85,6%, elles deviennent de plus en plus longues avec de fortes chaleurs dans la journée. Aussi, les agriculteurs montrent clairement que l'eau dans les marigots débordait pendant la période de pluies (juin-août). Ainsi, l'eau restait jusqu'en saison sèche pour abreuver les animaux. Ce qui n'est plus le cas à cause du tarissement des marigots selon les paysans.

3.1.2. Perception paysanne des changements thermiques et solaires

Les agriculteurs perçoivent également les effets des bouleversements de la température. En effet, elles remarquent l'excès de chaleur par le raccourcissement de la durée de la chaleur et l'augmentation de son intensité. Cette chaleur intense s'accompagne de soleil ardent avec une augmentation du nombre de jours ensoleillé par rapport à ceux nuageux qui est en diminution selon les paysans interrogés (Tableau 5).

En outre, l'indicatrice « température de plus en plus chaude », a été perçu par au moins 78,57% des interviewés dans la Sous-préfecture de Nassian.

51

Cette hausse de température influence négativement aussi bien les cultures que les animaux domestiques (caprins, volailles, etc.). Les deux autres indicateurs de changements de température tels que « fraicheur en début de saison pluvieuse, fraicheur la nuit en début de saison sèche » ont été signalés par plus de 50% des personnes enquêtées (Tableau 5).

Tableau 5: Perceptions paysannes du changement thermique et solaire (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Perceptions paysannes du changement thermique et solaire

Fréquences des réponses (%)

Oui Non Total

Types de facteurs

Température de plus en plus chaudes

78,57

21,43

100

Naturel

Fraicheur en début de saison pluvieuse

57,14

42,86

100

Naturel

Fraicheur la nuit en début de saison sèche

85,71

14,29

100

Naturel

Plus de soleil

82,85

17,15

100

Naturel

Augmentation du nombre de jours ensoleillé

75,71

24,29

100

Naturel

Diminution du nombre de jours nuageux

62,14

37,86

100

Naturel

3.1.3. Perception paysanne des changements du vent

Le vent, après la pluie et la température est l'un des facteurs climatiques dont les manifestations retiennent la mémoire collective des populations à cause de ces nombreux dégâts sur les cultures et le cadre de vie des producteurs notamment leurs habitations.

En effet, 81,42% des agriculteurs interviewés ont perçu l'indicateur « vents de plus en plus violents » dans la région de Nassian. 88 à 94% des paysans interrogés ont signalé « l'augmentation des tourbillons et la fréquence de brouillard de poussière » dans la localité. L'indicateur « apparition de tourbillons en saison pluvieuse » a été signalé par 63,60% des enquêtés (Tableau 6). Hormis ces indicateurs du vent, les populations ont également remarqué le déplacement de la période d'apparition de l'harmattan et la variation de son intensité d'une année à l'autre, signes du changement climatique (Tableau 6).

Quant au raccourcissement du délai d'apparition de l'harmattan, les populations ont plutôt soulignées un allongement de sa période.

52

Tableau 6: Perceptions paysannes du vent (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Perceptions paysannes du vent

Oui

Non

Total opinion

Vents de plus en plus violents

114 (81,42%)

26

140

Augmentation de tourbillons

124 (88,57%)

16

140

Fréquence de poussière

132 (94,28%)

8

140

Apparition de tourbillons

89 (63,60%)

51

140

Déplacement de la période d'apparition

85 (60,71%)

55

140

Raccourcissement des délais de l'harmattan

34 (24,29%)

106

140

Variation de l'intensité de l'harmattan

105 (75%)

35

140

3.1.4. Perception du changement climatique par les personnes ressources

Les 18 personnes ressources enquêtées sont des agents et spécialistes de l'agriculture, du développement rural, des gestionnaires de terres, des responsables de coopératives en contact avec les agriculteurs. La majorité de ces enquêtés disent avoir quelques connaissances sur le changement climatique.

Cependant, bon nombre d'entre eux n'ont jamais assisté à un colloque ou à un séminaire dans le cadre de sensibilisation et d'information sur le changement climatique. Mais tous les enquêtés (100%) disent avoir remarqué un changement au cours de ces dernières années. Pour avoir une vision claire de ces changements, l'encadré ci-contre présente quelques expressions qui rendent compte de cette sensation des personnes ressources.

53

Encadré 1: Perception des changements climatiques par les personnes ressources (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Avant il y avait la grande saison des pluies et la petite saison des pluies mais actuellement toute a changé car ces dernières années les saisons sont devenues un peu tardive avec des décalages de 1 mois voire 2 mois souvent. Les pluies commencent en Mai-Juin et prennent fin en Septembre ou en Octobre en fonction des années avec souvent des ruptures de 1 mois.

Il fait beaucoup chaud la journée par rapport au passé et la chaleur est devenue ardant et atroce ; même le vent qui circule est devenue très violent, accompagné de tourbillon qui entraine d'énorme dégâts (décoiffent les maisons, déracinent des arbres dans les champs ...).Même les plantes et les arbres en souffrent jusqu'à desséchés et à perdre leurs feuilles.

La sècheresse est très longue. Elle commence début Octobre jusqu'à la fin du 3ème mois de l'année et souvent plus que ça (4 à 5ème mois de l'année). Durant cette période, les puits et les marigots deviennent sèchent.

De ces informations contenues dans cet encadré, il ressort que les populations ressources ont remarqué un certain déréglage quant aux indicateurs du climat, tel que connu autrefois. Ce sont: une baisse de la pluviométrie, l'augmentation de la longueur de la saison sèche, une réduction de la durée de la saison des pluies, des températures de plus en plus élevées au cours de la journée et très basse la nuit pendant la saison sèche, des poches de sécheresse pendant la saison des pluies, des arrêts prématurée de la pluie avant la fin des récoltes, des vents de plus en plus fréquents et violents surtout au début et à la fin de la saison pluvieuse, etc.

Ces résultats des personnes ressources en donne la preuve du changement climatique et sont en accord à ceux des agriculteurs qui confirment les perceptions paysannes selon lesquelles les changements et variabilités climatiques sont manifestes à travers le démarrage tardif et/ou une mauvaise répartition et la baisse des hauteurs de pluies ; la diminution du nombre de jours de pluies; la rareté ou disparition assez rapide des périodes de crue, une chaleur plus intense et accablante et plus de vents violents.

Il faut ainsi conclure que cet objectif formulé sur la perception des populations des changements et variabilités climatiques est donc vérifiée et retenir que les populations locales ont effectivement perçus, un changement dans les manifestations de la pluie, de la température, de l'insolation et du vent, donc du climat.

54

Néanmoins, ces résultats ne sont que des perceptions paysannes fondées sur l'observation empirique du climat. Donc leurs perceptions seules du phénomène ne peuvent suffire pour conclure à un changement du climat ; une démarche scientifique fondée sur l'analyse des données statistiques s'impose pour confronter ces perceptions aux tendances dégagées par ces données.

3.1.5. Niveau de cohérence entre perceptions paysannes et données sur l'évolution du climat

Le climat est l'une des données essentielles en matière de production agricole et animale, en ce sens qu'ils conditionnent non seulement le cycle végétatif mais aussi la reproduction du bétail et les activités humaines. Les perceptions paysannes notées étant essentiellement liées au déroulement des pluies (hauteurs et nombre de jours de pluies) et des températures (maximales et minimales), il convient de le décrire avec le maximum de précision afin de mieux comprendre ses différents modes d'intervention dans les phénomènes d'évolution du paysage. Nous ne possédons que très peu d'informations météorologiques enregistrées à Nassian. Cela nous amène à utiliser les données climatiques de la station de Bondoukou (situé à 95 Km de Nassian) où des relevés climatiques (pluies et température) ont été effectués.

3.1.5.1. Analyse des tendances pluviométriques à Nassian

Le climat de Nassian peut être définit correctement en fonction de la pluie que si l'on possède des données pluviométriques portant sur plusieurs années d'observation ; ce qui permet de connaître les périodes favorables aux activités agricoles, surtout la période sèche au cours de laquelle les paysans préparent les parcelles par brûlis ou par défrichement. La courbe ci-dessous réalisée à partir des données pluviométriques présente l'évolution des hauteurs annuelles de pluies enregistrées sur une période de 30 ans au moins par la SODEXAM.

Pluie en mm

1800

1600

1400

1200

1000

400

800

600

1986

1988

1990

1992

Cumuls annuelles Tendance linéaire

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

y = 9,6643x + 1237,9 R2 = 0,1462

2010

2012

2014

2016

Figure 8: Tendance des cumuls pluviométriques annuels de Nassian (adapté de la SODEXAM)

55

L'examen de la figure ci-dessus montre que les cumuls pluviométriques annuels de Nassian relèvent une baisse de 1986 à 2016, car la pente de la tendance est -9,664 (Figure 8).

Par ailleurs l'application du test de segmentation de Hubert a détecté une rupture en 2000 dans la série des cumuls pluviométriques (Tableau 7). Le test de comparaison des moyennes des sous-séries pluviométriques homogènes avant et après les points de ruptures met en exergue l'ampleur de la transition brutale qui caractérise la modification de la pluviosité.

La période 1986-2000 présente une particularité d'avoir une pluviométrie abondante : 1206,76 mm d'eau en moyenne par an ; l'après 2000 enregistre une pluviométrie moyenne de 967,4 mm.

Près de 239,3 mm de pluie séparent les deux moyennes pluviométriques, soit une baisse significative de l'ordre de -19,83% de la pluviométrie moyenne de 1986-1916 (Tableau 7).

Tableau 7: Comparaison des moyennes pluviométriques par le test de Segmentation de Hubert à Nassian série 1986-2016 (adapté de la SODEXAM)

Comparaison des moyennes

Années de rupture

Moyenne avant
la rupture

Moyenne après
la rupture

Différence

Significativité du
test de Scheffé

Pluviométries 2000 1206,76 mm 967,40 mm -19,83% 1%

Pour apprécier l'existence de poche de sécheresse, le test de Scheffé réalisé montre que le nombre de jours de pluie est en diminution. Les affirmations des agriculteurs selon lesquelles ces trente (30) dernières années, il y a une baisse de la pluviométrie et une diminution du nombre de jours de pluies sont confirmées.

3.1.5.2. Analyse des anomalies standards

Les totaux pluviométriques annuels présentent de fortes variabilités par rapport à la normale 1986-2016. Les années humides et sèches s'alternent parfois sans qu'aucune périodicité n'apparaisse (Figure 9).

Indice pluviométrique

-0,5

-1,0

-1,5

-2,0

0,5

0,0

1,5

1,0

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Période de déficit Période d'excédent

56

Figure 9: Variabilité interannuelle des hauteurs de pluie moyenne à Nassian (adapté de la SODEXAM)

De l'observation de la figure 9, nous pouvons noter deux principales périodes : une période humide ou excédentaire entre 1986 et 1999 et une période sèche entre 2000 et 2016. Elle caractérise la sécheresse suivie d'une petite période excédentaire entre 2009- 2011 avec l'alternance des années pluvieuses. Ces constats sont faits également par plus de 80 % des agriculteurs enquêtés.

3.1.5.3. Analyse des paramètres agro-climatiques

L'analyse des paramètres agro-climatiques montre un raccourcissement de la durée de la saison des pluies due à un début tardif et une fin précoce de la saison des pluies. Les dates de début et de fins de la saison des pluies ont des caractères très aléatoires. La date de démarrage se situe entre avril et juin. Quant à la fin, elle se situe entre octobre et novembre (Tableau 8). Ce constat est fait par plus de la moitié des agriculteurs.

Tableau 8: Dates de débuts, de fin et durées de la saison des pluies à Nassian (adapté de la SODEXAM)

 

Période

Paramètres de la saison agricole

1986-2000

2001-2016

Début de la saison

Moyenne

20 Avril

24 Avril

Plus précoce

03 Avril

01 Avril

Plus tardif

08 Mai

15 Mai

Fin de la saison

Moyenne

02 Novembre

04 Novembre

Plus précoce

11 Octobre

02 Octobre

Plus tardif

25 Novembre

16 Novembre

Durée de la saison en jours

Moyenne

197

193

Courte

165

160

Longue

217

213

57

3.1.5.4. Analyse des tendances de températures

En dehors de la pluviométrie, la température est un paramètre climatique qui affecte le cadre de vie aussi bien des hommes que des animaux et végétaux. Ayant aussi marqué les populations par son évolution, nous présentons ici l'évolution de la température ces trente (30) dernières années. En effet, l'analyse tendancielle de la température annuelle montre qu'il y a une augmentation moyenne annuelle des températures depuis 1986 avec une hausse de + 1,1°C (Figure 10). Ce constat est fait par plus de 78,57 % des agriculteurs.

Température moyenne annuelle Tendance linéaire

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Température en °C

27,5

27,3

27,1

26,9

26,7

26,5

26,3

26,1

25,9

25,7

25,5

Figure 10: Evolution de la température moyenne annuelle a Nassian de 1986-2016 (adapté de la

SODEXAM)

3.2. Causes et conséquences perçues des changements et variabilités climatiques à Nassian par les populations paysannes.

3.2.1. Causes perçues des changements et variabilités climatiques

Les changements climatiques en cours sont largement reconnus par toute la population paysanne. Mais la conception paysanne des causes des changements climatiques différent largement au sein des communautés rurales et tiennent compte fortement des croyances de chacun, même si certaines semblent faire l'unanimité dans les points de vue. Les causes attribuées par les populations à ces changements rendent l'homme responsable de par ces actions et son comportement mais également font état d'une évolution intrinsèque de la nature elle-même. En effet, différents points ont été évoqués par les populations rurales comme causes des changements climatiques. L'analyse des résultats d'enquête dévoile deux types de causes : les causes liées aux activités anthropiques et les causes liées aux croyances locales.

58

3.2.1.1. Causes liées aux activités anthropiques

Les actions de l'homme ont été citées par moins d'un 1/ 3 des personnes interrogées. Ces causes sont : l'utilisation du bois de chauffe ; les feux de brousse ; l'agriculture itinérante sur brûlis (Tableau 9). Seule la déforestation qui a été citée par 51,42% des enquêtés. De plus, d'autres raisons comme l'augmentation des surfaces cultivées et le déboisement ont été cité par les agriculteurs. En effet, pour accroitre le rendement des cultures dans le but d'avoir plus de revenu, les populations sont obligées de couper et de bruler de grandes surfaces pour augmenter les superficies cultivées, ce qui a pour conséquence une réduction de la forêt et une émission importante de gaz à effet de serre. Pour étayer ces points énumérés, les populations utilisent plusieurs argumentaires et brandissent de nombreuses preuves. Ainsi, face à la cherté sans cesse de la vie, la pratique de l'agriculture extensive est devenue une monnaie courante occasionnant une destruction drastique des forêts. La disparition des forêts `'devant favoriser la pluie» explique, selon les agriculteurs, les phénomènes climatiques enregistrées, notamment les retards de pluie, la baisse de la pluviométrie, les nombreuses poches de sécheresses et les irrégularités spatio-temporelles dans les manifestations pluvieuses. A cette liste qui n'est pas exhaustive s'ajoute la chaleur excessive observée ces dernières années. En outre, d'autres paysans ont affirmé n'ayant pas connaissance des causes liées aux activités humaines (33,57%).

Ceci pourrait expliquer la faible proportion des agriculteurs qui ont remarqué les activités humaines comme causes des changements en cours.

Toutefois, les activités anthropiques comme cause des changements climatiques ne sont pas partagées par tous en ce qui concerne certaines causes attribuées au phénomène. Il convient donc de les énumérées.

3.2.1.2. Causes liées aux croyances locales

Concernant ces causes, l'examen du tableau 9 et de l'encadré 2 évoquant les propos d'un paysan traduisent l'unanimité au sein des agriculteurs. Ainsi, pour les cent quarante autres agriculteurs interrogés (100%), les causes de la variabilité climatique se résument au non-respect des pratiques ancestrales, des fétiches, des relations sexuelles discrètes en brousse, la profanation des lieux sacrés, des crimes commis et des interdits liés à la nature. Aussi, la non-fréquentation des lieux d'adoration ; le manque de coordination des rituels et sacrifices expiatoires aux génies de la terre, la multiplicité des religions, la dégradation des valeurs traditionnelles, le bouleversement des règles de la société (non-respect des personnes âgées), les totems (sobo et souper) et enfin les saletés ont provoqué la colère des dieux qui se manifeste par l'arrêt des

pluies. Cette situation a pour corollaire sécheresse et dégradation des récoltes. Il en résulte l'organisation de rituels d'imploration du pardon de Dieu pour faire revenir la pluie car les pactes sellés ne sont plus respectés comme jadis.

Tableau 9: Causes des changements climatiques selon la conception paysanne (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Causes perçues du changement climatique par les paysans

Fréquences des réponses (%)

Oui Nom Total

Agriculture sur brûlis

7,10

92,90

100

Déforestation

51,42

48,58

100

Feux de brousse

30,00

70,00

100

Utilisation du bois de chauffe

3,57

96,43

100

Industries/ engins motorisés

0,00

100,00

100

Crimes

70,00

30,00

100

Fétiches

50,00

50,00

100

Pratique ancestrale

91,42

8,58

100

Profanation des lieux sacrés

85,00

15,00

100

Relation sexuelle en brousse

67,85

32,15

100

Autres causes

4,30

95,70

100

. Types de

facteurs

Anthropique

Anthropique

Anthropique

Anthropique

Anthropique croyance locale croyance locale croyance locale croyance locale croyance locale croyance locale

59

Encadré 2: Propos d'un paysan sur les causes des changements climatiques (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Les causes de ces changements sont naturelles. Ce sont les interdis, les totems, les saletés et le fait de jurer qui font qu'il ne pleut plus. Par exemple, le Chef a interdit aux femmes d'envoyer les marmites noires dans les forêts sacrées les jours de la terre « Souper et Sobo »et lorsqu'elles ne respectent pas ses jours, il ne pleut plus.

Aussi, les génies vivent dans les arbres et lorsque ces arbres sont abattus, les génies fuirent ou meurt donc la pluie ne vient plus car ce sont eux qui sont l'intermédiaire entre nous et Dieu pour faire venir la pluie.

Dans ce cas, nous en tant qu'Africain, ils nous arrivent de solliciter nos mânes ; c'est-à-dire de faire des prières pour demander pardon à Dieu et aux génies pour que la pluie revient.

60

En résumé, tous les agriculteurs attribuent plusieurs causes aux changements climatiques en fonction de leur attachement à la tradition et de leur conception personnelle.

On peut donc dire que l'objectif formulé sur les causes attribuées aux changements et variabilités climatiques est vérifiée.

Somme tous, certains des causes attribuées aux changements climatiques par les paysans font l'unanimité. Par ailleurs, une des causes non évoquées par les agriculteurs, mais qui demeure la cause scientifique est l'émission des gaz à effet de serre. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que les agriculteurs des villages enquêtés, ne sont pas familiers à ce phénomène et ne saurait donc le lier aux perturbations climatiques actuelles. Ceci peut aussi s'expliquer par le fait qu'il n'y a jamais eu des actions de sensibilisation à leur endroit pour attirer leur attention sur le fait.

Si les causes des changements climatiques ne font pas doute, alors les conséquences de ces changements du climat n'épargnent aucune activité des agriculteurs. Il est donc nécessaire de voir les principales activités sur lesquelles ces changements agissent.

3.2.2. Population engagée dans l'agriculture et système de production

3.2.2.1. Population engagée dans le secteur agricole

Dans la localité de Nassian, la production agricole évolue en fonction de la croissance de la main d'oeuvre. Dans les exploitations villageoises, on remarque un lien entre les superficies mises en valeurs et la main d'oeuvre disponible.

En conséquence, la population active agricole est organisée de façon à mettre au service de la production, la communauté des forces actives à travers différents procédés.

Ainsi, les formes d'entraide dans le travail telles que le travail d'ensemble et les sollicitations sont des associations temporaires en vue de l'exécution des travaux champêtres qui donnent lieu à de vastes superficies ensemencées. Ces dernières années, l'organisation du monde rural à Nassian est caractérisée par une responsabilisation démesurée des groupements de producteurs tels que : les Groupements informels et associations. A ce jour la sous-préfecture de Nassian compte 6 groupements informels et 18 associations, intervenant tous dans la production et vente de vivriers (Tableau 3 en annexe 3).

Parmi cette population active dans l'agriculture, on y rencontre également une population féminine très engagée dans ce secteur d'activité. La totalité des femmes interrogées dans le cadre de cette recherche travaille dans l'agriculture (100%).

61

Elles sont dans les travaux agricoles proprement dits, en payant une main d'oeuvre à cet effet ou dans la transformation et la commercialisation des produits agricoles. Dans les travaux champêtres, les femmes de Nassian sont toutes aussi actives que les hommes mais ne disposent pas souvent de plantations propres à elles. Cependant, les quelques femmes propriétaires de plantations interrogées ont affirmé la difficulté pour une femme de posséder un chef d'exploitation dans la localité. En effet, les femmes sont appelées à travailler dans les champs de leur mari. Seules les femmes qui ont fini les obligations maritales peuvent, avec l'aide de leurs enfants travaillées à leurs propres comptes.

En outre, l'encadrement des populations agricoles est assuré par les agents de l'ANADER et souvent par les présidents des groupements et associations pour les membres de leur organisation. Ces différents agents sont chargés de vulgariser les nouvelles techniques nécessaires à l'amélioration de la production et de la productivité agricole, mais les résultats au plan environnemental sont encore loin d'être satisfaisants. Le constat fait sur le terrain permet d'affirmer que les spécialistes en encadrement paysanne, chargés de conseiller les paysans n'arrivent pas à parcourir tous les villages par manque de personnel, de moyens financiers et d'engins roulants (motos et voitures). Cependant, Nassian, reste une localité fortement agricole avec une population engagée dans le travail de la terre.

3.2.2.2. Système de production

De façon générale, le système de production agricole est la gestion dans le temps et dans l'espace des facteurs de production de manière à satisfaire le mieux possible les critères de l'unité de production. Cela se fait en respectant les contraintes imposées, en l'occurrence les contraintes climatiques, économiques, sociales et foncières.

Le système de production procède d'abord de l'affectation des terres puis à l'aménagement du calendrier agricole. L'affectation des terres aux différentes spéculations se fait suivant leur potentiel agronomique (nature du sol, sa saveur et les espèces qu'il comporte). A Nassian, par exemple, les sols argileux fertiles sont affectés aux cultures vivrières tandis que les sols gravillonnaires sont destinés aux cultures de rente.

Une fois le terrain identifié, le calendrier agricole est établi par les exploitants en fonction des contraintes pédoclimatiques de la localité. Par le passé à Nassian, la campagne agricole débute en Décembre-Janvier par les défrichements ou les feux de brousse selon 77,6% des enquêtés. Le défrichement consiste à débarrasser le sol du tapis herbacé.

62

Les herbes déterrées sont laissées étalées par terre tandis que les bois secs sont coupés et entassés autour des arbres à abattre pour les calciner sur pieds. Le feu de brousse est une technique qui consiste à faire un pare-feu autour d'une parcelle qui sera soumise à la culture. Le brûlis a généralement lieu en février - mars. Pour les paysans, les avantages de cette pratique sont multiples : économie de force de travail et fertilisation appréciable du sol par apport d'éléments minéraux fournis par les cendres, d'où les rendements élevés. De plus pendant cette période les herbes mortes se décomposent et humidifient le sol. Ces deux techniques prennent le pas sur les autres et permettent de mettre en place les buttes destinées à recevoir les têtes d'igname coupées qui servent de semis. Elles sont faites aussi pour recevoir la semence des graines d'anacardier. Après cela, les travaux de préparation des champs interviennent en avril.

A partir du mois de Mai, c'est le labour et les semis (pour les céréales) qui se pratiquent jusqu'en Août en fonction des spéculations dans toute la localité. Au cours de la période de Juin à Juillet, les agriculteurs s'attellent au buttage pour l'igname et le manioc. Dès la fin du mois d'Août, certaines variétés, notamment le maïs, est à maturité. Les premières récoltes s'organisent en ce moment jusqu'en Octobre ou Novembre. La saison sèche demeure la période consacrée aux activités sociales et aux cérémonies coutumières. En outre, compte tenu du bouleversement du calendrier agricoles, les paysans fond des champs à contre saison pour accroitre leurs rendements. En effet, ils font aussi des défrichements dans le mois de septembre pour préparer les champs à recevoir les nouvelles boutures d'igname (Kpona par exemple) puis attendre la pluie pour les mettre dans les buttes (67,1% des enquêtés).

Par ailleurs ces techniques utilisées par des paysans pour la mise en valeur des parcelles ne garantissent pas une grande productivité. Aussi, elles ne sont pas respectueuses de l'environnement.

Par exemples, à chaque saison, les paysans font des feux tardifs de végétation, coupent ou incinèrent les arbustes qui devraient reconstituer le couvert végétal. C'est aussi le cas des labours dont leurs inconvénients résident dans le fait qu'ils favorisent l'ablation du sol.

L'exploitation d'une terre devrait être soumise à des normes qui permettent au paysan de tirer le maximum de profit sur le plan du rendement et la conservation du sol.

3.2.3. Principales activités

Dans la localité de Nassian, l'agriculture et l'élevage consacrent l'essentiel des activités des populations.

63

3.2.3.1. Agriculture

L'agriculture représente la principale activité avec une importance qui varie d'un secteur à un autre (Figure 11).

Figure 11: Etendue spatiale des activités agricoles à Nassian (adapté de l'OIPR, 2013)

L'agriculture constitue la principale source de revenu des populations et occupe plus de 90% de la population active. Elle est dominée par les exploitations familiales de type traditionnel. C'est une agriculture itinérante utilisant les outils archaïques et les feux pour le défrichement des parcelles. Cette agriculture est dominée par les cultures vivrières. Ainsi, trois zones (Faible, moyenne et forte) se partagent la localité selon l'intensité des activités agricoles. En effet, toutes les parties de la sous-préfecture sont considérées comme étant de fortes zones agricoles à l'exception des espaces qualifiés de moyennes et faibles zones agricoles qui se rencontrent au sud et au centre de la localité. Deux types de cultures, à savoir les cultures vivrières et les cultures industrielles sont observées à Nassian. D'année en année une augmentation des superficies s'observe dans l'intensification de ces cultures comme on le verra plus bas.

64

Les cultures vivrières

Les cultures vivrières sont pratiquement identiques à celles pratiquées partout sur le territoire ivoirien. Elle porte sur les céréales (maïs, riz, haricot) et les tubercules (manioc, igname etc.). Ces différentes cultures sont associées à d'autres telles que les oléagineux (arachide) et les potagers (piment, gombo, tomate). Les cultures vivrières sont généralement pratiquées dans les grandes exploitations familiales et selon les règles coutumières. Aujourd'hui avec l'augmentation du nombre d'actifs agricoles, on assiste à l'éclatement de ces grands ensembles en de petites exploitations individuelles, grandes consommatrices de terre. La production vivrière était pour la plupart autoconsommée. Mais aujourd'hui, les paysans mettent en culture de vastes espaces afin de pouvoir assurer la consommation familiale et vendre l'excédent sur le marché local. La figure suivante réalisée à partir des données du tableau 1 en annexe 3 présente l'évolution de quelques cultures vivrières dans le temps de certains producteurs encadrés par les services déconcentrés car les chiffres inscrits dans le tableau ne sont pas exhaustifs et sont en dessous de la réalité.

Superficie (en ha)

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0

2011 2013 2014 2015 2016 2017

Années

Igname MaÏs

Figure 12: Evolution des superficies emblavées pour le maïs et l'igname de 2011- 2017 (adapté de la

DDA Nassian)

Parmi les produits qui sont consommés par les producteurs, l'igname occupe la première place à la lecture de la figure 12 car supportant mieux que les autres cultures les irrégularités inter annuelles des pluies dans la localité. C'est par excellence un tubercule alimentaire de la localité de Nassian. Cette situation s'explique par le faite que l'igname est l'aliment de base des populations autochtones de cette localité. Chaque année, de nouvelles terres sont défrichées pour la culture de l'igname. Les superficies emblavées pour l'igname sont passées de 2456 hectares en 2011 à 3080 en 2017 soit un accroissement de 25,40% en six ans. Au cours de la même période, la production passe de 15912 tonnes à 47040 tonnes soit un accroissement de 195,62%.

65

Pour le manioc, les superficies consacrées à sa culture ont baissé de 2011 à 2017. Elle passe de 3204 hectares à 2136 hectares (Tableau 1 en annexe 3). Cette baisse s'explique par le fait que, le manioc est surtout cultivé en association avec l'igname. Le maïs et le riz sont souvent cultivés également en association. On observe aussi une décroissance continue des surfaces emblavées de maïs et les rendements ne répondent pas aux normes requises pour les céréales. Ainsi, la production du maïs a connu une décroissance assez spectaculaire entre 2011 et 2017 passant respectivement de 2249 tonnes à 250 tonnes (DDA, 2018). Cette faiblesse de la production du maïs s'explique par une réponse de plus en plus défavorable des différents sols à cette culture. Elle s'explique également par le faite que le maïs n'est pas un aliment de base des populations de cette localité.

Quant à la culture de riz, sa production est en forte régression par manque de bas-fonds aménagés et par son abandon progressive. Cette régression s'explique aussi par le manque de nouvelles variétés de semence moins sensible aux aléas climatiques. Les projets d'aménagements rizicoles des bas-fonds de Nassian (10 ha) et Parhadi (8 ha) pourraient favoriser la production en riz.

Les cultures industrielles

L'agriculture industrielle porte prioritairement sur l'anacarde, la cola et le palmier à huile. Ces cultures sont intégrées dans une économie internationale de marché. Les paysans apprécient les cultures de rente dans la mesure où elles apportent l'argent nécessaire pour leur besoin. Le palmier à huile (très risquée sur le plan agro-climatique) est moins cultivé. L'anacardier (Anacardium occidentale), de la famille des anacardiacées est la culture industrielle la plus importante au regard des tonnages et des superficies emblavées chaque année. C'est une plante qui demande peu de soins, s'adapte à tous les climats et fructifie au bout de 2 à 3 ans.

Elle supporte les fortes chaleurs mais est sensible aux basses températures. Cette culture, grande consommatrice d'espace a enregistré de grands progrès depuis la dernière décennie où elle domine entièrement le paysage agricole réduisant, de ce fait, la disponibilité en terre cultivable au détriment des cultures vivrières. L'évolution des superficies consacrées à l'anacarde rend entièrement compte de l'importance qu'a cette culture dans la zone rurale. En effet, l'anacarde connaît aujourd'hui, un engouement extraordinaire auprès des populations au point de s'accaparer les meilleures terres et les grandes superficies, entrainant un profond bouleversement dans les pratiques agricoles locales. Dans l'ensemble l'extension des surfaces consacrées aux cultures commerciales est notable.

66

Cependant, l'anacarde étant la principale culture commerciale, il importe de noter que, sa superficie ne cesse de grimper au point de ne plus en resté des espaces cultivables d'ici quelques années.

Pour la campagne 2016-2017, les nouvelles superficies consacrées à la culture d'anacarde est de 7020 hectares pour une production estimée à 5887 tonnes (Tableau 2 en annexe 3). Pendant la même campagne, la superficie emblavée pour l'igname fait environ la moitié de celle de l'anacarde et est estimée à 3080 hectares. Au niveau de la production, la culture d'igname a enregistré 47040 tonnes et fait ainsi huit (8) fois la production d'anacarde. Cette comparaison était nécessaire pour montrer que l'anacarde est une nouvelle culture en pleine expansion dans cette localité.

Commercialisation des produits agricoles

La commercialisation des produits agricoles constitue la principale source de revenu du paysan à Nassian. Le transport et les stratégies commerciales sont deux facteurs importants dans le système commercial qui lie les régions excédentaires aux régions déficitaires. Ainsi le réseau routier constitue l'élément primordial de l'accès aux différents marchés.

Situé à 95 km de Bondoukou la sous-préfecture de Nassian est d'accès difficile parce qu'elle est enclavée. Toutes les voies ne sont pas bitumées et sont en très mauvaise état de praticabilité surtout pendant les saisons pluvieuses. De ce fait, certains villages importants du fait de leur potentiel productif, sont isolés du reste du marché dès les premières pluies. Ce réseau mal entretenu relie les différents marchés de toute la sous-préfecture. En effet, l'économie de la sous-préfecture se matérialise par un réseau à deux niveaux d'organisation. Au premier niveau, se trouvent de nombreux petits marchés d'impact villageois qui sont largement informels ; où les échanges sont animés presque exclusivement par les produits agricoles transformés pour l'alimentation.

Aussi, les paysans font des ventes à bord champ ou à domicile qui souffre de l'instabilité des prix. Au deuxième niveau, viennent les coopératives (COPABO, SCOOPS. CANAS, ...) pour l'achat de certaines cultures de rente comme l'anacarde. Mis à part pour l'anacarde, le degré régional d'intégration aux filières agro-industrielles reste donc encore faible. Les produits les plus commercialisés sur les marchés locaux sont surtout les vivriers. Ces produits maraîchers peuvent être récoltés en contre-saison, ce qui les rend dans certains cas plus intéressants que l'anacarde qui fournit des revenus par hectare très inférieurs et parfois même des revenus par journée de travail plus bas.

67

Le tableau suivant présente certains produits vivriers commercialisés par quelques groupements informels avec leurs superficies en 2016.

Tableau 10: Commercialisation de quelques vivriers à Nassian en 2016 (adapté de PROVINA)

Production

Superficie (en ha)

Rendement
(en t)

Vente
(en t)

Prix en saison
(F CFA/kg)

Valeur (F CFA)

Oignon

7

17, 449

12, 450

400

4 980 000

Manioc

11

16

10, 50

75

787 500

Maïs

37,25

60, 195

33, 952

150

5 092 800

Arachide

2

5, 040

3

200

600 000

La commercialisation de ces produits agricoles sur les marchés permet de comprendre leur importance dans économie des populations locales. En effet, suivant les informations du tableau ci-dessus, la valorisation des vivriers pourraient améliorer les conditions de vie des populations face à la fluctuation des coûts et au problème d'achat que rencontre l'anacarde.

3.2.3.2. Elevage

A Nassian, l'élevage de case traditionnel de bovins, d'ovins, caprins et volailles est largement répandu. Pendant la saison sèche, les éleveurs nomades Peuhl en quête de pâturage et de points d'eau, traversent la région avec leurs troupeaux. Ces divers passages sont périodiquement à l'origine de conflits en raison des dégâts causés aux cultures et des taxes exigés par certains paysans qui ont des barrages dans leur plantation. Comme ailleurs dans les régions de savane, des citadins, cadres ou retraités, possèdent des petits troupeaux confiés à des bergers Peuhl. Quelques améliorations sont tentées en aviculture : lutte contre la peste aviaire, amélioration de l'hygiène, introduction de reproducteurs sélectionnés pour améliorer la productivité.

Le manque d'eau est un obstacle certain au développement de l'élevage intensif. Egalement, l'élevage de porc est une activité qui se pratique peu à peu dans la région. Un développement de cette activité pourrait aidée les populations à améliorer leurs conditions de vie.

68

3.2.4. Milieu naturel soumis aux effets néfastes des systèmes de production

3.2.4.1. Analyse de l'occupation du sol : un recul des formations végétales naturelles

Les pratiques paysannes conduisent à la destruction non seulement du couvert végétal mais également à la destruction de la fertilité initiale des sols déjà fragiles, donc à la perte de leur potentiel productif. Les agriculteurs de Nassian dans la pratique des travaux agricoles exploitent les produits ligneux sous différentes formes. En effet, il y a moins de trente (30) ans, l'exploitation du couvert végétal pour l'agriculture était encore négligeable. Mais avec l'accroissement de la population et surtout l'arrivée de l'anacarde comme un espoir pour les populations, ils se sont engagés dans l'exploitation abusive des ressources forestières dans le but de développer cette culture pour faire face à la pauvreté dont souffraient les populations.

Au rythme actuel de la dégradation du couvert végétal, les sols de Nassian ne tarderont pas à devenir nus comme présente les résultats issus du traitement permettent d'avoir une approche statistique de l'occupation du sol (Tableau 11). Cette situation pourrait causer des problèmes environnementaux graves.

Tableau 11: Répartition des types d'occupation du sol en 1998 et 2016 (classification des images Landsat TM, 1998 et ETM+, 2016)

 

Superficie 1998

Superficie 2016

Types d'occupation du sol

ha

%

ha

%

Forêt dense sèche

28519

23

22039

18

Forêt galerie

30696

26

21037

17

Savane arbustive

5975

5

4460

4

Savane herbeuse

21805

18

14603

12

Plan d'eau

14

0

5

0

Bas-fonds

5183

4

993

1

Habitat/ Sol nu

1174

1

5568

5

Culture/jachère

28125

23

52786

43

Total

121491

100

121491

100

69

En 1998 (Figure 13), la superficie occupée par les formations végétales naturelles à Nassian est dominée par les surfaces forestières qui couvrent environ 49 % de l'espace total. Elle est plus importante que la savane qui avec 23 % de couverture, ne se rencontre que dans certains secteurs de la localité. Les espaces humanisés (cultures/jachère, habitats et sols nus) occupent 24 % de l'espace.

Figure 13: Etat de l'occupation du sol en 1998 (USGS : image Landsat TM, 1998/ scène 196-054)

La situation a totalement changé en 2016 (Figure 14). En effet, on constate une régression des formations végétales naturelles (51%) au profit des surfaces humanisées. Car on assiste à la reconquête de l'espace par les activités humaines (48 %) qui ont doublé durant cette période. Les formations végétales naturelles se caractérisent par une forte régression des superficies soit 21% de l'espace total. Cette situation traduit la pauvreté des sols laissés en jachère d'une part et d'autre part de la destruction des formations végétales naturelles par une population qui s'accroît au fil des ans.

70

Figure 14: Etat de l'occupation du sol en 2016 (USGS : image Landsat ETM+, 2016/ scène 196-054)

3.2.4.2. Impact des activités agricoles sur le milieu naturel

La pression humaine est très forte sur le paysage naturel à Nassian. En effet, pour répondre à l'accroissement démographique et pallier la pauvreté de la localité, les surfaces cultivées s'étendent. On aboutit ainsi à une diminution des formations végétales naturelles au profil des activités agricoles donc une saturation de l'espace. A ce stade de l'analyse des faits spatiaux, on peut constater que le risque d'atteintes aux espaces naturels et à sa diversité écologique, voire à son intégrité est important. Car les défrichements pour la mise en culture des terres ôtent toute la couverture végétale (herbacée et ligneux) et bien souvent la croissance des cultures est trop faible pour assurer la protection du sol contre l'érosion pluviale. Aussi, la pratique du labour nécessite en effet, la destruction presque totale des ligneux préexistants. Le tableau 12 résume les superficies emblavées de la culture d'anacarde sur 3 ans de quelques agriculteurs encadrés dans la sous-préfecture de Nassian.

71

Tableau 12: Superficies défrichées pour la culture d'anacarde à Nassian de 2013 à 2015 (adapté de la DDA Nassian)

Année

 
 
 

Superficies défrichées pour la culture d'anacarde

Nbre. de paysans

Formations végétales
défrichées

Superficie (en ha)

2013 2014 2015 Total

3202 3952 4702 11856

Végétation exploitée
(forêt dense sèche,
savane herbeuse)

16113 21529 26945 64 587

L'examen du tableau ci-dessus appel à quelques remarques.

Sur la période de 2013 à 2015 (soit en 3 ans), les paysans ont défriché 64 587 hectares de formations végétales naturelles, pour la seule culture d'anacarde. Une projection sur l'ensemble des actifs agricoles de la sous-préfecture et suivant le rythme de croissance, donne une idée sur la vitesse d'exploitation des espaces naturels dans la localité. Il se crée alors une situation de dégradation des ressources naturelles. C'est ce qui justifie la nécessité de l'analyse des systèmes de production agricole et pastorale afin d'apporter des approches de solution pour leur amélioration. Pour y parvenir, il faut que les acteurs ; responsables locaux et paysans soient informés des inquiétudes qu'engendre l'accroissement de la population sur un territoire dont les dimensions ne varient pas dans le temps et dont les ressources s'amenuisent de jour en jour.

L'analyse diachronique de l'occupation du sol, permet de faire une analyse multi dates couplée aux données cartographiques, pour mettre en évidence l'évolution du couvert végétal entre 1998 et 2016 dans la sous-préfecture de Nassian. L'analyse de la situation montre une forte régression du couvert végétal au profil des activités agricoles.

Si les activités agricoles impactent énormément le couvert végétal, il est donc important de noter qu'elles n'échappent pas aux conséquences des changements du climat.

72

3.2.5. Perceptions des conséquences environnementales des changements et variabilités climatiques

3.2.5.1. Conséquences sur les activités agricoles

De façon générale, les changements climatiques ont des conséquences néfastes sur toutes les cultures. Mais ces conséquences diffèrent selon les manifestations du facteur climatique considéré. Il importe d'évaluer l'impact des modifications de ces facteurs climatiques sur les activités agricoles dans la sous-préfecture de Nassian.

Les résultats du tableau 13 ci-dessous indiquent la perception qu'ont les agriculteurs de l'impact du changement climatique sur la culture vivrière et de rentes. La plupart des agriculteurs (94, 28%) estiment que le changement climatique a un effet négatif sur la production agricole par la baisse des rendements qu'il occasionne. En effet, cette baisse drastique du rendement est due au manque d'eau des plantes, les soumettant à un stress hydrique pendant la période la plus critique de sa croissance. En outre, la quasi-totalité des populations enquêtes ont souligné que les changements climatiques ont occasionné la destruction de leurs cultures par les animaux sauvages. Selon eux, avec l'assèchement du couvert végétal et des cours eaux, les animaux n'ont plus d'autres solutions que de manger leurs cultures dans lesquelles ils trouvent également de l'eau.

Tableau 13: Évaluation paysanne de l'impact du changement climatique sur les activités agricoles (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Fort impact négatif Impact négatif moyen à

faible

Total opinion

Activités agricoles 132 (94,28%) 8 (5,71%) 140

Les agriculteurs estiment par ailleurs que les perturbations d'ordre climatique n'impactent pas de la même manière les différentes cultures. Pour le maïs par exemple (Figure 15), les facteurs tels que manque d'eau, culture détruit par le vent, retards/ruptures de pluie, attaques des insectes et bouleversement du calendrier agricole ont été cités par au moins 66% des enquêtés. Les indicateurs de changements comme température trop forte, excès de pluie, apparition/recrudescence de certaines maladies ont été perçus par 18 à 25% des enquêtés.

Ces indicateurs induisent des pertes de rendement, de récolte et favorisent également la mauvaise qualité des récoltes.

73

En ce qui concerne la culture d'igname, les changements climatiques entrainent de profondes modifications dans l'itinéraire technique de la production. En effet, il ressort des résultats de la figure 15 que pour plus de 70% des agriculteurs l'impact des perturbations climatiques, notamment manque d'eau ; retard/ rupture de pluie, température trop forte et bouleversement du calendrier agricole sont les plus négatifs sur la culture de l'igname. Pour eux, ces impacts sont à l'origine de certaines maladies sur les feuilles avec pour conséquence, l'assèchement des feuilles mais également la pourriture des ignames dans les buttes après quelques semaines de végétation (Photo 1). Cette situation oblige d'ailleurs certains paysans à déplacer cette culture vers les zones plus humides (bas-fonds).

100

90

80

20

10

0

 

Manque
d'eau

Culture
détruit par
le vent

Retard/
rupture de
pluie

Températur e trop forte

Excès de
pluie

Attaque
des
insectes

Apparition/
recrudesce
nce de
certaines
maladies

Bouleverse ment du calendrier agricole

Maïs

90,6

82,7

79,3

18,6

20,1

66,1

25,6

68,9

Igname

95,3

33,6

85,9

77,6

14,3

41,8

8,6

70,7

70

60

50

40

30

Taux de perception (%J

Figure 15 : Évaluation paysanne de l'impact du changement climatique sur la culture du maïs et de l'igname au cours de la première saison culturale (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

74

Photo 1: Assèchement des feuilles et tiges d'igname dû aux ruptures et aux manques d'eau (Cliché
KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018
)

Aussi, les changements climatiques ont entraîné une sorte de pluie dans les installations des cultures, pluviométrie due au décalage de la grande saison des pluies et aux concentrations des pluies en une courte période.

3.2.5.2. Effets des changements climatiques sur les animaux

Tout comme les cultures, les animaux subissent les effets des variations climatiques actuelles. Les périodes de sécheresse prolongée et de manifestation de vents violents ne sont pas sans conséquences sur la santé animale (Encadre 3). Aussi, l'analyse des données de terrain ont montré que les indicateurs de changements climatiques tels que l'apparition et la recrudescence de certaines maladies ont été perçus par 92,1% des enquêtés.

Encadré 3: Propos d'un paysan des conséquences du changement climatique sur les animaux (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Les changements climatiques ont d'énormes conséquences sur les animaux. Par exemple l'an dernier, il y a un monsieur qui a perdu 30 boeufs à cause de la saison sèche qui durait. Aussi le chef à a perdu 12 boeufs. Ils sont morts parce qu'il ne gagnait pas des herbes a mangés et de l'eau à boire. On constate également des maladies respiratoires à cause de la poussière et d'autres maladies dues aux parasites dans les flaques d'eau (peste, grippe aviaire, diarrhée...). Les chiens deviennent très nerveux en période de saison sèche car on observe un peu partout des morsures.

75

Comme l'ont remarqué les populations locales, la recrudescence et l'apparition de certaines maladies (peste, grippe aviaire) fragilise la santé des animaux d'élevage qui paient de lourds tributs aux bouleversements climatiques. De plus, il ressort de l'encadré que l'assèchement du couvert végétal et des cours d'eau entrainent des difficultés de pâture et l'alimentation en eau des animaux. Cette situation a pour corolaire, une baisse de leur performance entrainant la disparition de certaines espèces animale selon 69,7% des enquêtés.

3.2.5.3. Conséquences sur les conditions de vie des populations

Les changements climatiques actuels perturbent énormément les conditions de vie des populations locales qui se fragilisent davantage.

Conséquences sur l'agriculture comme activité économique

L'agriculture est pour 90% des populations, la principale activité génératrice de revenu. Elle est de type pluvial donc fortement touchée par les effets des changements climatiques. Les conséquences en sont : les baisses de rendement, les mauvaises qualités des produits de récolte entraînant une dépréciation de leurs valeurs marchandes. Ce qui a pour conséquence une baisse des revenus des agriculteurs.

A cela s'ajoute, la recrudescence de certaines maladies des animaux d'élevage aggravant ainsi leur situation déjà difficile. Cette baisse constante de revenu laisse un effet négatif sur les conditions de vie des ménages ruraux et la pauvreté, loin de diminuer, augmente. Cette situation de précarité dans laquelle vivent ces ménages se manifestent de plusieurs manières au sein de la famille : difficulté de consommation alimentaire, maintien difficile des enfants à l'école, difficulté d'accès aux services de santé, incapacité de s'offrir un cadre décent d'habitation, etc.

Conséquences sur la santé et les habitations des populations

Les changements climatiques ont également des répercussions sur la santé des agriculteurs à Nassian. . Ces répercussions se traduisent, selon 70 à 85 % des enquêtés, par l'apparition et la recrudescence des maladies comme le paludisme, l'ulcère de buruli, les infections respiratoires, l'ulcère et les maladies diarrhéiques. Cela se justifie par le fait que, les vecteurs de ces maladies sont favorisés par les facteurs du climat ; vent pour les infections respiratoires et pluie pour le paludisme. Les maladies diarrhéiques et l'ulcère de buruli sont favorisés par la mauvaise qualité des eaux. En effet, plus 90% des enquêtés n'ont pas accès à de l'eau potable et, dans la situation d'une persistance de la sécheresse, les puits, points de pompage d'eau et marres qui servent à l'approvisionnement en eau, tarissent plus vite.

76

Ces populations déjà vulnérables sont davantage exposées aux pluies torrentielles ou aux vents violents destructeurs. Ainsi, 75 % des enquêtés ont observé ces dernières années des dégâts dû fortes pluies et aux vents violents sur les habitations. Ils ajoutent que, les dégâts se manifestent par des démolissages et des décoiffements des maisons.

3.2.5.4. Conséquences des changements climatiques sur le milieu naturel

Les activités agricoles telles que nous venons de les décrire précédemment laissent inévitablement des conséquences sur le milieu naturel. S'il est vrai que ce milieu subit déjà la pression humaine, les changements climatiques constituent un nouvel élément qui vient en addition contribués à l'aggravation de la situation générée par ces facteurs déjà existants. Le milieu naturel n'étant pas homogène, les conséquences sur le milieu varient en fonction des unités de paysage et la vulnérabilité de chaque unité de paysage dépend de son degré d'exposition aux aléas climatiques. Les parcelles en haut des pentes s'assèchent très rapidement en cas de rupture ou de retard de pluie et durant les périodes de sécheresse, réduisant ainsi la disponibilité en eau des plantes, les soumettant à un stress hydrique et aboutissant à la baisse de la production fruitière des ligneux sauvages et domestiques.

Cette situation entraine également la chute et/ou la disparition de certaines espèces végétales selon 65% des populations enquêtés (Tableau 14). Par ailleurs, sur ces mêmes parcelles situées en haut de pente, les excès de pluies n'entraînent pas de cas d'inondations car le sol étant filtrant ou favorise l'écoulement des eaux de pluie. Mais la conséquence remarquable est, selon la situation topographique de la parcelle et le type de sol, l'érosion des terres accompagnée d'un fort lessivage des éléments nutritifs du sol (ceux existant dans le sol et ceux apportés sous forme de fumure minérale) occasionnant non seulement l'appauvrissement de ces sols et un ensablement des bas-fonds mais également la dégradation des pistes de desserte rurales et l'effondrement des habitations selon 78% des enquêtés (Tableau 14).

Le même phénomène s'observe avec les unités de paysage en milieu de pente mais à un degré moindre. Pour l'unité de paysage de bas de pente (plaine d'inondation et bas-fonds) ce sont plutôt l'augmentation du niveau des eaux dans les bas -fonds pendant les saisons pluvieuses qui occasionnent des dégâts d'inondation précoces enregistrés sur certaines parcelles de cultures (Photos 2). Les indicateurs de changements écologiques tels que le recul de la nappe phréatique, la dégradation du couvert végétal, le tarissement des marigots, l'appauvrissement du sol, la dégradation des pistes et l'ensablement des bas-fonds ont été cités par 46 à 100% des enquêtés (Tableau 14).

Pour la plupart de ces populations, les excès de pluies dues aux variations des changements climatiques en absence du couvert végétal ont fortement accentué l'érosion des sols dénudés.

Photo 2: Inondation temporaire d'unité de paysage en bas de pente sur une parcelle de riz à Talahini

(Cliché KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Tableau 14: Perception paysanne des conséquences des changements climatiques (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Perceptions paysannes des conséquences environnementales négatives

Fréquences des réponses (%)

Oui Non

Total

Types de
facteurs

Tarissement des marigots

100

00,00

100

Naturel

Recul de la nappe phréatique

67,90

32,10

100

Naturel

Erosion des terres

78,00

22,00

100

Naturel

Appauvrissement du sol

46,90

51,10

100

Naturel

Ensablement des bas-fonds

66,40

33,60

100

Naturel

Dégradation des pistes

97,20

2,80

100

Naturel

Extension des superficies dénudés

10,50

89,50

100

Naturel

Dégradation

53,60

46, 40

100

Naturel

Chute/dessèchement d'espèces ligneuses

72,30

27,70

100

Naturel

Baisse de la production fruitière des ligneux sauvages et domestiques

83, 40

16,60

100

Naturel

Disparition de certaines espèces végétales

65,00

35,00

100

Naturel

77

78

Le constat est bien net. Le changement climatique a des effets négatifs sur le milieu naturel, les activités agricoles et le quotidien des populations à Nassian. Pour faire face à ces conséquences, ils ont développé des mesures variées pour s'assurer un mieux-être et améliorer leurs conditions de vie.

3.3. Stratégies de résilience: adaptation des paysans aux changements et variabilités climatiques

Dans cette partie, il est question des stratégies d'adaptation développées par les agriculteurs de Nassian pour faire face aux évènements climatiques ces dernières années en fonction des ressources dont ils disposent. En effet, ils ont réagi devant la nouvelle donne climatique pour remodifier leur savoir-faire afin de continuer à tirer de leur milieu l'essentiel de leur subsistance. Ils ont développé diverses stratégies basées sur leurs perceptions du climat dans la pratique agricole et l'élevage des animaux. La diversification des sources de revenu est également une composante des stratégies que développent les populations locales pour assurer leur survie.

3.3.1. Stratégies développées dans la pratique agricole

Les aléas du climat ont conduit les populations rurales à développer une pluralité de réponses adaptatives à partir de leurs connaissances endogènes. Les stratégies notées sont de quatre ordres: celles basées sur la modification du calendrier agricole et option culturale, celles basées sur l'aménagement de l'espace cultivable, celles basées sur l'utilisation des intrants et réduction du temps de travail et celles basées sur l'imploration des dieux pour faire venir la pluie.

3.3.1.1. Modifications du calendrier agricole et des options culturales

Dans la région de Nassian, le calendrier cultural a connu d'importantes modifications voir une certaine évolution. En effet, les paysans identifient les effets du changement climatique au fait que, par le passé, les travaux de préparation des champs commençaient tôt, dès le mois de novembre ou de décembre, suivis par le défrichage en janvier février (77,6% des enquêtés). Cette opération prenait fin avec la mise à feu des parcelles défrichées.

Cette tradition culturale est aujourd'hui perturbée par le retard du début des pluies et la quasi-disparition de l'écosystème forestier. Ainsi, la préparation du sol et le défrichement connaît un prolongement jusqu'à mi-avril, voir la fin de ce mois, repoussant d'autant l'opération des semis.

Aussi, pour ne pas perdre, 67,1% des agriculteurs affirment qu'ils font un deuxième défrichage dans le mois de septembre pour faire des champs à contre saison (Photo 3).

Photo 3: Défrichage d'une parcelle en septembre pour un deuxième champ d'igname (Cliché
KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018
)

En outre, afin de faire face à la récession pluviométrique, les agriculteurs ont fait le choix d'adopter dans leur système de cultures de nouvelles stratégies pour s'adapter et réduire les risques climatiques (Tableau 15). A ces stratégies endogènes, s'ajoutent celles des institutions de recherche et de développement (semences améliorées).

Tableau 15: Stratégies d'adaptation aux effets du changement climatique (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Stratégies d'adaptation

Fréquences des réponses (%)

Oui Non Total

Origine

Changement de parcelle et/ou de culture

87,20

12,80

100

Endogène

Changement de technique agricole

39,30

60,70

100

Endogène

Déplacement de la date de semis

86,40

13,60

100

Endogène

Protection des jeunes plantes

10,00

90,00

100

Endogène

Re-labour

49,30

50,70

100

Endogène

Re-semis

52,10

47,90

100

Endogène

Utilisation de semences améliorées

73,60

26,40

100

Exogène

79

80

L'examen du tableau 15 montre que le changement de culture, le déplacement de la date de semis, l'utilisation de semences améliorés et le re-semis étaient les quatre stratégies dont une exogènes occupant plus de la moitié de l'ensemble des stratégies développées dans le cas de la modification du calendrier agricole.

De plus, par crainte de voir mourir leurs semis et pour éviter les opérations multiples de re-semage, les paysans attendent désormais la saison effective des pluies qu'ils situent au mois de mai au lieu d'avril. C'est le cas de l'igname, par exemple, qui pourrit quand elle n'a pas un certain apport pluviométrique après quelques semaines de végétation. A cette stratégie s'ajoute la technique de paillage. Elle consiste à recouvrir les buttes de résidus de récole ou de produits ligneux (Photo 4). Son avantage est de permettre la protection des buttes contre le soleil et de conserver l'humidité du sol par la réduction de l'évaporation, l'amélioration de l'infiltration par l'augmentation de l'activité biologique du sol.

Photo 4: Technique de paillage dans un champ d'igname entre Talahini et Parhadi (Cliché KOBENAN
K. Raphaël, septembre 2018
)

De même, les agriculteurs, pour faire face aux changements climatiques associent plusieurs cultures sur une même parcelle. Ce sont par exemple l'association de l'anacarde à l'igname et au manioc. Son avantage réside dans le faite que les plantes protègent les plantes ; c'est-à-dire de s'échanger divers services (fertilisation, action répulsive sur les insectes et/ou les mauvaises herbes) pour accroitre et diversifier leur production.

81

Enfin, il est a noté que, les cultures à cycle long telles que certaines variétés de tubercules (ignames N'za, bertai-bertai, térela, lorbrai et tamlagba) disparaissent progressivement de l'activité agricole de la région au profil de d'autres variétés comme l'igname (kpona), l'igname (florido), l'igname pahinté et l'igname ANADER qui se révèlent être plus adaptées au nouveau calendrier agricole (93,6% des enquêtés).

L'accent est aussi mis sur les cultures à cycle plus court et demandant des travaux agricoles plus hâtifs. Les variétés de plantes cultivées les plus recherchées sont celles qui exposent moins le paysan aux incertitudes des débuts de saison pluvieuse ainsi qu'à ses interruptions brutales.

3.3.1.2. Aménagement de l'espace cultivable par les paysans

La rareté de plus en plus prononcée de l'espace cultivable, conduit à des tentatives de réorientation du système de production vers l'intensification à travers l'aménagement des bas-fonds, et des périmètres irrigués en aval des retenues d'eau. C'est le cas des bas-fonds aménagés pour la production rizicole dans la région de Nassian, avec un appui de l'ANADER dont les rendements s'élèvent à plus de 21 tonnes pour les 6 hectares de riz cultivé en 2017. Il n'est donc pas rare d'observer que, dans la sous-préfecture, les populations qui pratiquent traditionnellement la culture du riz sur les plateaux, exploitent de plus en plus les bas de pentes et surtout les bas-fonds (généralement humides) à des fins rizicoles (Photo 5).

Photo 5: Culture de riz dans un bas-fond aménagé (Cliché KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

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Les bas-fonds et les points d'eau sont également utilisés pour la production des cultures maraîchères (tomate, choux, salade, oignon, etc.). Le recours à ces espaces permet de réduire la dépendance de ces cultures vis-à-vis de la pluviosité, grâce à l'irrigation à l'arrosoir. Aussi, les produits maraîchers peuvent être récoltés en contre-saison, ce qui les rend dans certains cas plus intéressants que l'anacarde qui fournit des revenus par hectare très inférieurs et parfois même des revenus par journée de travail plus bas.

Au cours des enquêtes, l'observation de plusieurs localités à Nassian, montre que les cultures pérennes (igname, anacarde) occupent toujours les plateaux et les versants alors que les rizières et les maraichères descendent progressivement vers les bas-fonds humides. Le tableau 16 ci-dessous fait le point sur les différents aménagements fait par les paysans avec leurs proportions respectives. Mais ces aménagements sont encore nouveaux dans la région car 66,4% des agriculteurs disent qu'ils ne réalisent pas d'aménagement dans le cas de leurs activités agricoles.

Tableau 16: Types d'aménagement realisé par les agriculteurs (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Types d'aménagement

Fréquences relatives des réponses (%)

Oui Non

Total

Valorisation des bas-fonds

20,40

79,60

100

Réalisation de drain

12,10

87,90

100

Arrosage des plantes

3,57

96,43

100

Irrigation

17,70

82,30

100

Aucun aménagement

66,40

33,60

100

Il ressort de ce tableau que les bas-fonds aménagés sont exploités par plus de 20,40% des agriculteurs enquêtés. L'irrigation arrive en deuxième position avec une proportion de 17,70%, suivi de réalisation de drain avec une proportion de 12,10% des paysans. Quant à l'arrosage des plantes, il représente 3,57% des proportions paysannes interrogés.

3.3.1.3. Utilisation des intrants et réduction du temps de travail

Dans le nord-est, par exemple, pour faire face aux risques climatiques, les paysans, en plus de la culture d'igname privilégient les cultures de manioc, d'anacarde et de maïs pour lesquelles les techniques de production se sont améliorées.

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Ainsi, du fait du passage de la culture traditionnelle à la culture mécanisée, on assiste d'année en année à une augmentation considérable des superficies cultivées. A Nassian, les superficies d'anacarde ont été multipliées par 2 entre 2011 et 2015. Au nombre des causes de l'augmentation des productions de l'anacarde, du manioc et de maïs, on mentionne aussi l'utilisation croissante de produits phytosanitaires comme «Kalah » appelé communément par les paysans, pour pulvériser dans les plantations dans le but neutraliser et/tuer tous les herbes (Photo 6). Après les semis et les grains ayant poussés, les paysans utilisent d'autres types de produit qui ralentissent la croissance des mauvaises herbes et donnent la force aux plants. Chaque type de champ dispose de son produit. Les produits comme Elvextra, Erbextra, et Herbextra sont utilisés par les paysans.

A ces stratégies, s'ajoutent l'utilisation croissante de fertilisants industriels (engrais) dans le but de réduire la baisse de rendement induit par les retards des pluies et le raccourcissement de la durée des saisons pluvieuses. L'application de ces fertilisants nécessitent un minimum de précaution en ce qui concerne leurs usages et l'intérêt agronomique surtout si l'on considère les cas où elles s'appliquent aux cultures légumineuses telles que la tomate, le chou, etc.

Photo 6: Champ d'anacarde pulvérisé avec des produits phytosanitaires à Longongara (Cliché
KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018
)

Pour l'échantillon de recherche, environ 68% des agriculteurs appliquent ces stratégies exogènes vulgarisés par les institutions de recherche et de développement du monde rural. Ce qui leur permet non seulement de faciliter les travaux champêtres mais également de réduire le temps de travail.

84

L'usage des fertilisants et la réduction du temps de travail oblige les paysans à une diversification des activités qui se traduit par le développement de d'autres activités parallèles à la production agricole afin de faire face à la baisse constante de rendement des culture et l'évolution sans cesse croissante des incertitudes et risques climatiques.

3.3.1.4. Invocation des dieux

Elles se fondent sur organisation de rituels d'imploration du pardon de Dieu pour faire revenir la pluie. Pour les 2/3 des paysans enquêtés, le non-respect des pratiques ancestrales ont terni et sali l'image ancestrale. Alors, la variabilité climatique est la manifestation colérique des ancêtres. Cette situation entraine la sécheresse et la baisse de leur production. Donc pour faire revenir la pluie, ils implorent le pardon des ancêtres afin d'apaiser leur coeur pour qu'ils donnent la pluie.

3.3.2. Diversification des activités

A Nassian, la diversification des activités économiques est utilisée comme stratégie de sécurisation des revenus par les paysans. Ainsi, certains ont opté pour le commerce, l'élevage et l'orpaillage (Tableau 17). D'autres se sont tournés vers de nouvelles cultures de rente comme le tec, le bixa orellana ou roucou (Photo 7b), la cola et le palmier à huile (Photo 7a) qui commencent à être une alternative économique.

a b

Photo 7: Exemples de nouvelles cultures de rente adoptée à Nassian (Cliché KOBENAN K. Raphaël,

septembre 2018)

Aussi, pour contourner la faiblesse des revenus, mais aussi leurs instabilités liées à la baisse des rendements de l'anacarde, la solution trouvée par certains agriculteurs a été de développer les cultures maraîchères (Photo 8).

85

Photo 8: Exemple de cultures maraichères adoptées (Cliché KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Tableau 17: Types de nouvelles activités développées par les agriculteurs (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Types d'activité

Fréquences relatives des réponses (%)

Oui Non Total

Commerce

43,50

56,50

100

Elevage

77,80

22,20

100

Orpaillage

2,14

97,86

100

Autre (s)

15,70

84,30

100

Aucune activité

48,60

51,40

100

Après lecture de ce tableau, il faut noter qu'environ deux tiers des agriculteurs de l'échantillon ont développé au moins une activité pour diversifier leur source de revenu. De ce fait, le commerce cité dans 43,50 % des cas, l'élevage cité dans 77,80 % des cas, et les activités comme la maçonnerie, la menuiserie, la ferronnerie et la sculpture représentent 15,70% des cas de diversification. Egalement, il est important de noter que 48,60% des agriculteurs stipulent qu'ils ne pratiquent aucune autre activité. Une dernière stratégie consiste de la part des agriculteurs, compte tenu des aléas climatiques, à abandonner les activités agricoles et à ne pratiquer que l'activité d'orpaillage. Cette option extrême n'est envisagée que par 2,14% des agriculteurs de l'échantillon.

86

3.3.3. Stratégies développées pour l'élevage des animaux

Les pratiques anciennes d'élevage traditionnel n'ont pas encore connu de modifications profondes. La forme de production traditionnelle est basée sur le pâturage naturel qui était disponible dans le passé (plus de 30 ans de cela). Actuellement les éleveurs se plaignent de la rareté de plus en plus préoccupante du pâturage lié à l'évolution des conditions climatiques.

D'après les témoignages des enquêtés (70%), la capacité de résilience du pâturage était plus élevée qu'elle ne l'est actuellement. Les plantes qui servaient de nourriture aux animaux avaient une forte capacité de régénération naturelle, ce qui n'est pas le cas actuellement. Il y a donc une diminution et surtout irréversible des plantes à tel point que les transhumances sont les formes de pratiques en cours actuellement, à la recherche de meilleurs pâturages vers les zones plus humide.

Par ailleurs, pour limiter les cas de conflits fréquents entre agriculteurs et éleveurs en raison des dégâts perpétrés sur les cultures à cause de la raréfaction des aires de pâture, la stabulation du bétail est une technique que pratiquent les éleveurs. Cependant, celle-ci est encore nouvelle et nécessite un investissement supplémentaire dans la prise en charge des animaux surtout à travers la vaccination, les compléments alimentaires ainsi que l'alimentation en eau.

3.4. Discussions et recommandations pour une meilleure valorisation des savoirs locaux

3.4.1. Discussions

3.4.1.1. Perceptions paysannes du changement climatique

Les agriculteurs mettent en exergue plusieurs perceptions du changement climatique. En effet, plus de 60% des agriculteurs de chaque village enquêté ont perçu les changements pluviométriques à travers les indicateurs tels que « la baisse de la pluviosité », « les poches de sécheresse», « le raccourcissement de la durée de la saison pluvieuse », « rupture des pluies».

Ces observations corroborent les résultats de recherches scientifiques telles que celles de Doumbia et al (2013), Beavogui (2012), Bambara et al. (2013), Agossou (2008), Codjia (2009), Gnanglè et al. (2009) menées dans la zone sahélienne africaine et relative aux perceptions paysannes des indicateurs de changements pluviométriques.

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Les études de Pierre et al (2012) au Sud-est du Benin ont montré également que plus de la moitié des agriculteurs ont perçu le changement climatique à travers la diminution du nombre de jours de pluies, l'occurrence des pluies violents et le démarrage tardif des pluies. Ces résultats s'inscrivent dans le même ordre d'idée que ceux des agriculteurs de la localité étudiée.

L'analyse des résultats de l'enquête montre que les taux de perceptions pour l'augmentation de la température et la violence du vent font unanimités au sein des agriculteurs. En effet, les agriculteurs se souviennent des phénomènes climatiques tels que la hausse de température et la violence du vent qui entraînent de nombreux dégâts matériels : décoiffement des toitures, démolissage des murs, destruction des cultures, déracinement des arbres, plasmolyse et flétrissement des cultures, etc. Des taux de perception similaires pour les hausses de température et la violence du vent ont été rapportés par Ouédraogo et al., (2010) au Burkina Faso, par Agossou et al., (2012) et Gnanglè et al., (2012) au Bénin.

3.4.1.2. Perceptions paysannes des causes du changement climatique

En Côte d'Ivoire, les causes de la variabilité climatique est la manifestation colérique des aïeux. C'est à dire que les populations attribuent cette variation au non-respect des pratiques ancestrales qui provoque la colère des dieux.

Brou et al., (2005), Haxaire, (2002) et Boko et al (2016) ont révélé le non-respect des règles divines comme perception du changement climatique à travers la pratique de relations sexuelles discrètes en brousse, la profanation des lieux sacrés, les fétiches, les crimes, les interdits liés à la nature, etc. Les mêmes observations sont faites par les agriculteurs à Nassian.

3.4.1.3. Perceptions paysannes des conséquences du changement climatique

Plus d'une dizaine de conséquences dues essentiellement à la baisse de la pluviométrie ont été énumérés par les agriculteurs dans le site étudié. Ce sont par exemple l'assèchement des cours d'eau, disparition de certaines espèces végétales, le recul de la nappe phréatique, la dégradation du couvert végétal, la baisse de la production fruitière des ligneux sauvages et domestiques, le dessèchement et/ou chute d'espèces ligneuses, la baisse des rendements agricoles, apparition de certaines maladies, etc.

Selon Heinrigs et al. (2006) et Weisrock (2006) ces changements dans les paysages sahéliens semblent liés au processus historique d'aridification du climat lié sans doute au réchauffement global.

88

Le raccourcissement de la durée de la saison pluvieuse empêche la croissance normale des cultures, car elle influence le développement de la plante à n'importe quelle phase de celle-ci, depuis les premiers stades de la culture jusqu'à la récolte finale (Doumbia, 2013).

Les conséquences de l'excès des pluies entrainent l'érosion des sols et la dégradation des pistes. Dans les bas-fonds, elles occasionnent des inondations temporaires des parcelles de cultures (Agossou, 2008). Les poches de sécheresse provoquent le vieillissement des plantes, l'assèchement des sols et des plantes situés en haut et milieu de pente. Toutefois, à ces causes climatiques de dégradation de l'environnement, il faut ajouter les causes liées aux activités anthropiques. Selon le World Rainforest Movement (2008), Le déboisement est causé à 90% par les pratiques agricoles non durables, tandis que l'exploitation et la plantation forestière contribuent surtout à la dégradation des forêts.

Des pratiques paysannes telles que les feux de brousse, le déboisement, l'agriculture itinérante sur brulis, la déforestation et le surpâturage contribuent plus ou moins rapidement à la dégradation des couvertures végétales favorisant l'effet de serre par la libération de CH4 (élevage, riziculture) et de CO2 (déstockage du carbone des sols à cause de certaines pratiques agricoles ou du changement d'utilisation des sols) dans l'atmosphère (Vandaele et al, 2010).

3.4.1.4. Stratégies d'adaptation face aux changements et variabilités climatiques

Conscients de la réalité du changement climatique, les agriculteurs ont développé diverses stratégies d'adaptation qui vont de l'observation d'un nouveau calendrier agricole par la pratique des semis tardifs en utilisant des variétés de cycle moyen à court, à l'abandon pure et simple de certaines variétés de culture en passant par la diversification des activités. La même remarque a été faite par Doumbia et al., (2013) qui ont montrer que l'ampleur des aléas climatiques avec le risque élevé de rendement faible sur le riz pluvial emmène certains riziculteurs à abandonner la culture. Aussi, des méthodes d'amélioration de la fertilité des sols, le choix des variétés plus résistantes à la sécheresse et le développement des cultures irriguées, le changement de parcelle, les re-semis, l'utilisation des intrants, déplacement des dates de semis, l'utilisation des semences améliorées, à la valorisation des bas-fonds sont entre autres les stratégies utilisées par les agriculteurs de Nassian pour faire face aux changements climatiques. Ceci vient confirmer l'assertion de Brou et al. (2007) selon laquelle les paysans adoptent de nouvelles pratiques agricoles et de nouvelles formes de mise en valeur : utilisation de ressources foncières autrefois délaissées, notamment des bas-fonds, extension de certaines cultures et adoption de nouvelles variétés moins sensibles aux aléas climatiques, etc.

89

Les paysans en Côte d'Ivoire organisent également de rituels d'imploration du pardon de Dieu pour faire revenir la pluie (Brou et al., 2005). Cette stratégie a été élucidée à travers cette étude. Les mêmes résultats ont été trouvés par Haxaire, (2002), en pays Gouro où les populations locales ont développé des stratégies fondées sur des pratiques rituelles et culturelles pour apaiser la colère des Dieux manquant de rationalité scientifique et qui ne peuvent pas être ignorées.

Dans le cadre de la diversification des activités économiques, certaines populations pratiquent le commerce et l'élevage (Agossou, 2008). D'autres se sont tournés vers de nouvelles cultures de rente (palmier à huile, le roucou), vivrière et maraichère (manioc, oignon, gombo, etc...) (Brou, 2005 ; Doumbia, 2013). Les mêmes résultats ont été trouvés dans cette recherche.

Ainsi, l'adaptation au changement climatique ressort de la traduction des perceptions du changement climatique en des décisions agricoles (Bryant et al., 2000). Cette assertion est vérifiée dans cette étude puisque les producteurs de la zone d'étudiée mettent au point des stratégies d'adaptation à partir de leurs perceptions sur le changement climatique.

3.4.2. Recommandations pour une meilleure valorisation des savoirs locaux.

La promotion et la valorisation des savoirs locaux telle que l'envisage la présente recherche passe par l'implication de plusieurs acteurs notamment les chercheurs, les populations rurales, les organisations paysannes, les Organisations Non Gouvernementales, les collectivités territoriales et les services techniques déconcentrés de l'Etat qui oeuvrent dans le cadre du développement. Cette valorisation, si elle s'appuie sur les expériences des populations en matière de changements climatiques, pourrait contribuer énormément à l'amélioration de leur capacité d'adaptation et de résilience.

Cependant, il est nécessaire de renforcer les capacités des services techniques en ressources humaines, en compétences et en matière de changement climatique pour accompagner davantage les agriculteurs dans leur capacité de résilience. Cela passe par une formation des paysans en langue locale en prenant en compte les connaissances traditionnelles à travers l'élaboration d'un nouveau calendrier prévisionnel de semis basé sur la collecte et la transmission des données météorologiques, hydrologiques, agronomiques et phytosanitaires plus adapter aux conditions climatiques actuelles.

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Dans la sous-préfecture de Nassian, par exemple, tous les villages ne bénéficient pas de l'assistance d'agents techniques d'agriculture sur place. Certains villages comme Wassidé ne reçoivent plus l'assistance des agents techniques depuis plusieurs années.

Des initiatives sont déjà prises par le GIZ avec l'ONG Chigata (Femme et développement) pour la production de l'oignon pluviale. Ce projet est financé par la Banque mondiale pour accompagner les populations locales à une diversification de leurs activités mais également pour la gestion du Parc National de la Comoé. Sur cet acquis, il serait indiqué de procéder à une mise à jour des documents portant sur le changement climatique publié en Côte d'Ivoire en y intégrant les savoirs locaux et les possibilités de leurs améliorations. Mieux, les sessions de formation devront être élargies aux agents techniques des autres ministères, notamment les ressources animales et l'environnement. Il est bien établi que tous les acteurs (chercheurs, décideurs politiques et partenaire) s'accordent sur le rôle important des savoirs locaux dans le paradigme de développement du secteur agricole (Dipama, 2016).

En outre, l'accompagnement des agriculteurs financièrement et dans le développement d'une agriculture mécanisée promouvant l'utilisation de charrues ou de tracteurs pourront leur permettre de tenir dans le temps de l'installation des cultures, devenu désormais court. Aussi, la vulgarisation des systèmes d'agroforesterie pourront permettre aux agriculteurs de pouvoir limiter les dégâts observés sur les cultures et l'amenuisement de leur revenu. La sensibilisation à collaboration entre agriculteurs peut permettre au partage des expériences d'adaptation dans le but de réduire les risques climatiques.

Enfin, convient-il de mettre en place une véritable stratégie de communication sur la portée des approches endogènes en matière de gestion des ressources naturelles afin de s'assurer que les messages pourront atteindre les cibles désignés (Dipama, 2016). Il existe déjà sur le terrain plusieurs canaux de diffusion et de relais de l'information (media locaux, groupements de producteurs). Mais il revient surtout à l'Etat ivoirien de prendre en compte les savoirs locaux dans la définition de ses politiques et programmes de développement du secteur agricole.

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CONCLUSION

La présente recherche réalisée dans le cadre du programme CEA-CCBAD s'intitule : «Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques» et fait suite aux travaux réalisés au Bénin (Agossou, 2008 ; Codjia, 2009) et en Côte d'Ivoire (Doumbia et al., 2013 ; Boko et al., 2016). Elle a eu pour objectif d'analyser la perception des changements et variabilités climatiques vécus par les populations rurales dans leurs pratiques agricoles à Nassian. La synthèse des principaux résultats obtenus ont permis d'atteindre les objectifs spécifiques fixés. Aussi, des recommandations ont été faites à l'endroit des différents acteurs du développement local. Fort d'une méthodologie éprouvée dans plusieurs études précédentes (Analyse statistique), ce travail a été structuré en trois parties.

Premièrement, le travail fait le point des perceptions paysannes des changements et variabilités climatiques et confronte ces perceptions à celles des personnes ressources et des tendances générées par les données climatiques collectées dans les stations synoptiques et pluviométriques. L'analyse des perceptions paysannes révèlent que le changement climatique se perçoit à travers l'appréciation du total pluviométrique, sa répartition, la température et le vent comparativement à la situation de 25 à 30 ans auparavant. Ces perceptions varient suivant les niveaux de prospérité et les classes d'âge. L'analyse des perceptions des personnes ressources, des tendances thermométriques et pluviométriques aboutissent aux mêmes conclusions que celles des populations locales.

Deuxièmement, la description des causes et conséquences des changements et variabilités climatiques a décelé que la conception paysanne de ces évènements est homogène. Toutes les causes (déforestation, relation sexuelle en brousse, profanation des lieux sacrés, etc...) évoquées par les agriculteurs font l'unanimité au sein des communautés rurales. Cependant, ces causes identifiées montrent clairement que les agriculteurs ont une connaissance partielle du phénomène car l'une des causes non évoquée, mais qui demeure la cause scientifique est l'émission des gaz à effet de serre.

Au niveau des conséquences des changements climatiques sur les activités agricoles, le milieu physique et le cadre de vie des agriculteurs, les analyses ont montré que les cultures, les sols et le couvert végétal sont fortement impactés par les modifications climatiques du milieu local. Sur la santé humaine, des cas de recrudescences de certaines maladies sont également enregistrées avec les changements climatiques actuels.

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Il s'agit des maladies telles que le paludisme, les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires ainsi que l'ulcère de buruli qui sont le plus souvent observées chez les enfants et les personnes âgés.

Dans le domaine de l'élevage, les conséquences des changements climatiques se manifestent essentiellement par l'apparition et la recrudescence de certaines maladies notamment la peste, la grippe et les maladies parasitaires.

Troisièmement, l'identification des stratégies d'adaptation a permis de répertorier différentes mesures développées par les agriculteurs pour faire face aux changements en cours. Dans la pratique agricole, il s'agit de la pratique de semis tardifs et contre saison avec utilisation de variétés de cycle court, l'abandon et l'adoption de certaines variétés cultures, la valorisation des bas-fonds et l'utilisation des intrants. Aussi, les agriculteurs développent des mesures basées sur invocation des dieux consistant surtout à la provocation de la pluie face à la poche de sécheresse. Par conséquent, ces stratégies méritent d'être testées au plan scientifique afin d'évaluer leur performance. Ainsi, une fois confirmées et révélées efficaces, elles peuvent contribuer à la réduction de la vulnérabilité, à l'adaptation des sociétés et des écosystèmes aux changements climatiques.

D'autres mesures mises en oeuvre concernent non seulement la diversification des cultures en adoptant des espèces résistant aux aléas climatiques, mais aussi la diversification à travers les activités comme le commerce, l'élevage, etc.

Enfin, des stratégies ont été également développées par les agriculteurs dans le domaine de l'élevage. Elles concernent la vaccination, la stabulation et la transhumance.

A l'issue de cette recherche, l'aspect socio-économique qui prendra en compte l'évaluation de la durabilité des stratégies développées par les agriculteurs pourrait aussi servir de piste pour de nouvelles recherches.

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Yegbemey N. R., Yabi A. J., Aïhoutou B. G. et Praïso A., 2014 : Modelisation simultanée de la perception et de l'adaptation aux changements climatiques : Cas des producteurs de maïs du Nord Bénin (Afrique de l'ouest), Cah Agric, vol. 23, n°3, pp 177-187.

Zougmoré R., Traoré A.S. et Mbodj Y., (Eds.)., 2015 : Paysage scientifique, politique et financier de l'Agriculture Intelligente face au Climat en Afrique de l'Ouest. Document de Travail No. 118. Programme de recherche du CGIAR sur le Changement Climatique, l'Agriculture et la Sécurité Alimentaire, 96p. Disponible en ligne sur : www.ccafs.cgiar.org.

102

ANNEXES

Annexe 1: Guide d'entretien

Groupe cible : Institutions intervenant dans le secteur agricole (Responsables des coopératives, ANADER, chefs de village ou de terre...).

Bonjour/bonsoir à toute l'assemblée. Merci d'avoir répondu présents à notre invitation. Je m'appelle... et je suis étudiant en fin de formation dans le domaine de la climatologie à l'Université Félix Houphouët Boigny. Ma présence parmi vous se justifie par la volonté de consacrer mes recherches à la compréhension des changements climatiques dans votre localité et comment ces changements affectent vos activités agricoles. Je dois vous avouer que je n'ai pas encore une maîtrise de votre langue, ce qui justifie la présence d'un fils de votre localité, à mes côtés, pour me servir de guide et d'interprète. Je veux respectueusement solliciter votre accord pour l'enregistrement de la présente séance. Je vous remercie d'avance pour votre compréhension.

I. PERCEPTIONS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Selon vos observations, quelles sont les modifications au niveau de la pluviométrie ?

Quels sont les mois où il pleut le plus et cela dure combien de temps?

Pouvez-vous comparer les pluies de maintenant à celles d'avant ?

Pensez-vous qu'il est possible d'agir pour qu'il pleuve ?

Si oui, comment ?

Avez-vous constaté un changement au niveau de la température, du vent et de l'ensoleillement?

Fait-il plus chaud ou plus froid et cela dure combien de temps ?

Avez-vous connu de sécheresses, d'inondations, de grands vents, de fortes chaleurs, quelles sont

les années et comment sont-ils intervenus ?

Ont-elles duré combien de temps ?

Parmi ces événements, lesquels vous-ont le plus marqué et comment ?

II. LES CAUSES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Vous venez de m'entretenir sur les changements climatiques que vous constatez dans votre localité, quelles sont selon vous les origines de ces changements climatiques ? (Recueillir l'avis des vieux, des jeunes, des femmes, des migrants)

III. CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE MILIEU

Dans votre localité, quelles sont les conséquences de ces événements climatiques sur :

- le sol et l'eau?

- la végétation ?

- les habitations ?

IV. CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES ACTIVITES

AGRICOLES.

Quelles sont les conséquences des changements climatiques sur :

- les activités agricoles ?

- les cultures ?

- les animaux d'élevage ?

V. ACTIVITES AGICOLES

Dans quel mois commencez-vous les préparatifs des travails champêtres par le passé ?

Dans quel mois commencez-vous les préparatifs des travails champêtres actuellement ?

Quelles sont les cultures pratiquées dans votre localité par le passé et actuellement ?

Y'a-t-il de nouvelles cultures que vous pratiquées ?

Si oui, pourquoi ?

Avez-vous une idée des superficies cultivées ?

Faites-vous la mise en culture avant la pluie ou après la pluie ?

Cultivez-vous sur les sommets, les versants ou dans les bas-fonds ?

Pourquoi cultivez-vous à ces endroits et pas ailleurs ?

Quelles difficultés rencontrez-vous dans l'exercice de vos activités agricoles ?

VI. STRATEGIES D'ADAPTATIONS AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUE

Aux vues de toutes ces conséquences que vous avez exposées, dites-moi quelles sont les stratégies que vous développez pour y faire face dans :

1- la pratique des activités agricoles ?

2- l'élevage des animaux ?

Mot de remerciement

Je vous remercie pour votre collaboration. Nous sommes pratiquement à la fin de notre entretien. Je voudrais vous laisser la parole si vous désirez revenir sur certains aspects de notre entretien. Je vous remercie une fois encore d'avoir répondu présents à mon invitation.

Annexe 2: Questionnaire

PERCEPTIONS DES POPULATIONS FACE AUX CHANGEMENTS ET VARIABILITES
CLIMATIQUES ET ACTIVITES AGRICOLES DANS LA REGION DE NASSIAN

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Numéro du questionnaire : /__

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Date de l'enquête : /__

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Lieu de l'enquête :

Questions

Modalités

Réponses

1. IDENTIFICATION DE L'ENQUETE

Q1

Sexe

1.Masculin 2. Féminin

/__/

Q2

Age

1. 15-40 ans 4. Plus de 40 ans

/__/

Q3

Profession

1. Agriculteur 2. Eleveur

3. Agro-éleveur

/__/

2. PERCEPTION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

A. Pour la pluviométrie

Q4

Quelle est la tendance des pluies ces 30 dernières années ?

1. Plus de pluie

2. Moins de pluie

3. Pas de changement

4. Ne sais pas

/__/

Q5

Comment se présente les saisons de pluies ?

1. Plus longue 2. Plus courte

3. Plus tardive 4. Plus précoce

5. Pas de changement

6. Ne sais pas

/__/

 

Q6

En quel mois la saison des pluies démarraient-elle il y a 30 ans ?

1. Février 2. Mars 3. Avril

4. Mai 5. Ne sais pas 7. Autre

/__/

Q7

En quel mois démarre-t-elle actuellement ?

1. Février 2. Mars 3. Avril

4. Mai 5. Ne sais pas 7. Autre

/__/

Q8

En quel mois la saison des pluies prenait-elle fin il y a 30 ans

1. Septembre 2. Octobre

3. Novembre 4. Décembre

5. Ne sais pas 7. Autre

/__/

Q9

En quel mois prend-elle fin actuellement ?

1. Septembre 2. Octobre

3. Novembre 4. Décembre

5. Ne sais pas 7. Autre

/__/

Q10

Comment se présente les saisons sèches ?

1. Plus longue 2. Plus courte

3. Plus tardive 4. Plus précoce

5. Pas de changement

6. Ne sais pas

/__/

Q11

Les nombres de jours de pluies

1. Augmentation

2. Diminution

3. Pas de changement

4. Ne sais pas

/__/

Q12

Les pluies ont tendance à être

1. Plus forte 2. Moins forte

3. Pas de changement

4. Ne sais pas

/__/

Q13

La répartition des pluies au cours de la saison est-elle

1. Plus variable ?

2. Plus régulière ?

3. Pas de changement

4. Ne sais pas

/__/

Q14

Les poches de sècheresse sont-elles de plus en plus fréquentes ?

1. Oui

2. Non

/__/

B. Pour la température

Q15

Fait-il de plus en plus chaud ?

1. Oui 2. Non

/__/

Q16

Il y a-t-il plus de fraicheur en début de saison pluvieuse ?

1. Oui 2. Non

/__/

Q17

Fait-il de plus en plus froid la nuit au début de la saison sèche ?

1. Oui

2. Non

/__/

C. Pour le vent

Q18

Les vents sont-ils de plus en plus violents, ces 30 ans dernières années ?

1. Oui

2. Non

/__/

Q19

Il y a-t-il une augmentation des tourbillons en période de vent?

1. Oui

2. Non

/__/

Q20

Il y a-t-il une fréquence de poussière en période de vent ?

1. Oui

2. Non

/__/

Q21

Il y a-t-il une apparition de tourbillons en saison pluvieuse ?

1. Oui

2. Non

/__/

Q22

Il y a-t-il un déplacement de la période d'apparition de l'harmattan ?

1. Oui

2. Non

/__/

Q23

Il y a-t-il un raccourcissement des délais de l'harmattan ?

1. Oui

2. Non

/__/

Q24

Il y a-t-il une variation de l'intensité de l'harmattan d'une année à l'autre ?

1. Oui

2. Non

/__/

D. Pour l'insolation

Q25

Il y a-t-il plus de soleil

1. Oui

2. Non

/__/

Q26

Le nombre de jours ensoleillés est-il

1. Augmentation ?

2. Diminution,

3. Pas de changement

4. Ne sais pas

/__/

Q27

Le nombre de jours nuageux est-il

1. Augmentation ?

2. Diminution ?

3. Pas de changement

4. Ne sais pas

/__/

3. CAUSES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Q28

Les causes des changements climatiques sont-elles liées aux activités anthropiques ?

1. Feux de brousse

2. L'agriculture sur brulis

3. La déforestation

4. Utilisation du bois de chauffe

/__/

 
 

5. Industries/ engins motorisés

6. Autre

 

Q29

Les causes des changements climatiques sont-elles liées aux croyances locales?

1. Pratique ancestrale

2. Relation sexuelle en brousse

3. Profanation des lieux sacrés

4. Crimes

5. Les fétiches

6. Autre

/__/

4. ACTIVITES AGRICOLES

A. L'agriculture

Q30

Dans quel mois commencez-vous les préparatifs des travaux champêtres par le passé ?

1. Novembre 2. Décembre

3. Janvier 4. Février 5. Mars

6. Ne sais pas 7. Autre

/__/

Q31

Dans quel mois commencez-vous les préparatifs des travaux champêtres actuellement ?

1. Décembre 2. Janvier

3. Février 4. Mars 5. Avril

6. Ne sais pas 7. Autre

/__/

Q32

Quand faites-vous la mise en culture ?

1. Avant la pluie

2. Après la pluie

/__/

Q33

Quels sont les principales cultures que vous pratiquiez dans le passé ?

1. Igname 2. Manioc

3. Maïs 4. Riz 5. Anacarde

6. Cultures maraichères

7. Palmier à huile 8. Autre

/__/

Q34

Quels sont les principales cultures que vous pratiquiez actuellement?

1. Igname 2. Manioc

3. Maïs 4. Riz 5. Anacarde

6. Cultures maraichères

7. Palmier à huile 8. Autre

/__/

Q35

Quelles sont les superficies cultivées

1. Moins de 5 hectares

2. Plus de 5 hectares

/__/

Q36

Quel est lieu topographique des champs ?

1. Sommet

2. Versant

3. Bas-fonds

/__/

Q37

Pourquoi cultivez-vous à ces endroits ?

1. Condition climatique

2. La qualité des sols

3. Faible rendement

4. Autre

/__/

B. L'élevage

Q38

Quels sont les animaux que vous élevez ?

1. Bovin 2. Ovin

3. Caprin 4. Porcin

5. Volaille 6. Autre

/__/

5. CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

A. Impacts sur les éléments du système de culture

Q39

L'impact du changement climatique sur les activités agricoles sont-ils plus:

1. Fort ?

2. Faible ?

/__/

Q40

Les changements climatiques

entrainent-ils des baisses de rendement agricoles ?

1. Oui

2. Non

/__/

Q41

Quelles sont les conséquences des changements climatiques sur la culture du maïs ?

1. Manque d'eau

2. Culture détruit par le vent

3. Retard/ rupture de pluie

4. Température trop forte

5. Excès de pluie

6. Attaques des insectes

7. Apparition/recrudescence de certaines maladies

8. Bouleversement du calendrier agricole

/__/

Q42

Quelles sont les conséquences des changements climatiques sur la culture d'igname ?

1. Manque d'eau

2. Culture détruit par le vent

3. Retard/ rupture de pluie

4. Température trop forte

5. Excès de pluie

6. Attaques des insectes

7. Apparition/recrudescence de certaines maladies

8. Bouleversement du calendrier agricole

/__/

B. Impacts sur les animaux

Q43

Quelles sont les problèmes causés par les changements climatiques ces 30 dernières sur vos animaux ?

1. Apparition/recrudescence de certaines maladies

2. Disparition/raréfaction des espèces animales

/__/

C. conséquences sur les conditions de vie des populations

Q44

Quelles sont les problèmes causés par les changements climatiques ces 30 dernières sur votre santé?

1. Maladie diarrhéique

2. Infection respiratoire

3. Le paludisme

4. L'ulcère de buruli

5. Autre

/__/

Q45

Quelles sont les problèmes causés par les changements climatiques ces 30 dernières sur vos activités économiques ?

1. Baisse de revenu

2. Augmentation de revenu

/__/

Q46

Quelles sont les problèmes causés par les changements climatiques ces 30 dernières sur l'approvisionnement en eau?

1. Tarissement des marigots

2. Recul de la nappe phréatique

/__/

Q47

Quelles sont les problèmes causés par les changements climatiques ces 30 dernières sur vos habitations ?

1. Décoiffement des toitures

2. Démolissage des murs

/__/

D. Impacts sur les ressources en eaux et les sols

Q48

Quelles sont les problèmes causés par les changements climatiques ces 30 dernières sur les sols?

1. Erosion des terres

2. Appauvrissement du sol

3. Ensablement des bas-fonds

4. Dégradation des pistes

/__/

 
 

5. Extension des superficies dénudées

 

E. Impacts sur la végétation

Q49

Quel est l'état de la couverture végétale ?

1. Dégradation

2. Chute/ dessèchement d'espèces ligneuses

3. Baisse de la production fruitière des ligneux sauvages et domestiques

4. Disparition de certaines espèces végétales

/__/

6. STRATEGIES D'ADAPTATIONS AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

A. Stratégies pour la pratique des cultures

Q50

Abandonnez-vous certaines variétés d'igname ?

1. N'za 2. Bertai-bertai

3. Autre

/__/

Q51

Adoptez-vous de nouvelles variétés d'igname?

1. Igname (kpona )

2. Igname (florido) 3. Autre

/__/

Q52

Quelles stratégies avez-vous adopté pour faire face aux changements climatiques 30 dernières années?

1. Re-semis

2. Utilisation des semences améliorées

3. Déplacement de la date de semis

4. Changement de parcelle et/ ou de culture

5. Protection des jeunes plantes

6. Re-labour

7. Changement de techniques agricoles

8. Imploration des dieux pour faire pour faire venir la pluie

/__/

B. Aménagement de l'espace cultivable comme stratégie

Q53

Quel aménagement avez-vous faire pour lutter contre les aléas climatiques ?

1. Valorisation des bas-fonds

2. Réalisation de drain

3. Irrigation

4. Arrosage des plantes

5. Aucun aménagement

/__/

C. Utilisation des intrants comme stratégie

Q54

Utilisez -vous les engrais ?

1. Oui 2. Non

/__/

Q55

Utilisez -vous les produits

phytosanitaires (Kalah, Herbextra...) ?

1. Oui

2. Non

/__/

D. Diversification des activités comme stratégie

Q56

Développez- vous d'autres activités ?

1. Elevage 2. Commerce

3. Orpaillage 4. Autre

5. Aucune activité

/__/

E. Stratégies développées pour l'élevage des animaux

Q57

Quelles stratégies avez-vous développées pour l'élevage de vos animaux ?

1. Transhumance

2. Stabulation 3. Vaccination

/__/

Merci pour votre collaboration.

Sources : DDA.

Annexe 3: Tableaux de quelques cutures vivrières, de rente et des organisations paysannes du Département de Nassian

Tableau 1: Superficies et productions de l'igname, du maïs et du manioc de 2011 à 2017

 

Igname

Maïs

Manioc

ANNEE

Superficie
(en ha)

Production
(en T)

Superficie
(en ha)

Production
(en T)

Superficie
(en ha)

Production
(en T)

2011

2456

15912

1368

2249

3204

19611

2012

ND

ND

ND

ND

ND

ND

2013

3311

26172

ND

ND

4325

21627

2014

3311

26172

340

540

10

105

2015

2456

15912

166

250

ND

ND

2016

3311

52753

140

210

1500

9000

2017

3080

47040

166

250

2136

12816

Sources : ANADER Nassian et Rapport DDA. ND : non disponible

Tableau 2: Superficies et productions d'anacarde de 2011 à 2017

 

ANACARDE

ANNEE

Superficie (en ha)

Production (en T)

2011

16113

8583

2012

ND

ND

2013

16113

8583

2014

21529

2087

2015

26945

8238

2016

6120

8238

2017

7020

5887

Sources : ANADER Nassian et Rapport DDA. ND : non disponible

Tableau 3 : Récapitulatif des organisations paysannes du Département de Nassian

Sous-préfectures

Sociétés coopératives

Associations

Groupements informels

Total

Nassian

02

18

06

26

Kotouba

00

09

05

14

Sominassé

00

09

06

15

Total

02

36

17

55

REGION DU BOUNKANI REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE

Union-Discipline-Travail

DEPARTEMENT DE NASSIAN

PREFECTURE DE NASSIAN

Nassian, le 25 septembre 2018

CIRCULAIRE N°22QP-NAS/CAB

A

Messieurs :

Les Sous-préfets ;

Le Maire de la commune;

Le Directeur Départemental de l'Agriculture et du

Développement Rural ;

Le Directeur Départemental des Ressources Animales et

Halieutiques ;

Le Chef secteur OIPR

Le Chef de poste des Eaux et Forêts ;

Le Responsable de l'ANADER ;

Les Chefs de village ;

Les Chefs de terre ;

Les Responsables des coopératives agricoles,

de NASSIAN

Dans le cadre de sa formation, Monsieur KOBENAN Kadjo Raphael, étudiant inscrit en 2è année de Master de Géographie, option Climatologie, de l'Institut de Géographie Tropicale (IGT) de l'Université Félix Houphouët Boigny, fait des recherches sur le sujet suivant : « PERCEPTIONS DES POPULATIONS FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET ACTIVITES AGRICOLES DANS LA REGION DE NASSIAN», sous la direction de Monsieur SANOGO Souleymane (Maitre-assistant) et sous la supervision de Madame DIBI Kangah Pauline (Maître de conférences),

Par conséquent, je vous saurais gré des dispositions que vous voudrez bien prendre en vue de lui réserver un accueil chaleureux pour le succès de ses recherches.


·

.-

OMA Adjojennette Préfet Grade I






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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon