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Activités agricoles et perceptions des populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques.


par Kadjo RaphaàƒÂ«l KOBENAN
Université Félix HOUPHOUET BOIGNY Abidjan - Cocody - Master de Géographie physique et Environnement (Climatologie) 2018
  

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3.3. Stratégies de résilience: adaptation des paysans aux changements et variabilités climatiques

Dans cette partie, il est question des stratégies d'adaptation développées par les agriculteurs de Nassian pour faire face aux évènements climatiques ces dernières années en fonction des ressources dont ils disposent. En effet, ils ont réagi devant la nouvelle donne climatique pour remodifier leur savoir-faire afin de continuer à tirer de leur milieu l'essentiel de leur subsistance. Ils ont développé diverses stratégies basées sur leurs perceptions du climat dans la pratique agricole et l'élevage des animaux. La diversification des sources de revenu est également une composante des stratégies que développent les populations locales pour assurer leur survie.

3.3.1. Stratégies développées dans la pratique agricole

Les aléas du climat ont conduit les populations rurales à développer une pluralité de réponses adaptatives à partir de leurs connaissances endogènes. Les stratégies notées sont de quatre ordres: celles basées sur la modification du calendrier agricole et option culturale, celles basées sur l'aménagement de l'espace cultivable, celles basées sur l'utilisation des intrants et réduction du temps de travail et celles basées sur l'imploration des dieux pour faire venir la pluie.

3.3.1.1. Modifications du calendrier agricole et des options culturales

Dans la région de Nassian, le calendrier cultural a connu d'importantes modifications voir une certaine évolution. En effet, les paysans identifient les effets du changement climatique au fait que, par le passé, les travaux de préparation des champs commençaient tôt, dès le mois de novembre ou de décembre, suivis par le défrichage en janvier février (77,6% des enquêtés). Cette opération prenait fin avec la mise à feu des parcelles défrichées.

Cette tradition culturale est aujourd'hui perturbée par le retard du début des pluies et la quasi-disparition de l'écosystème forestier. Ainsi, la préparation du sol et le défrichement connaît un prolongement jusqu'à mi-avril, voir la fin de ce mois, repoussant d'autant l'opération des semis.

Aussi, pour ne pas perdre, 67,1% des agriculteurs affirment qu'ils font un deuxième défrichage dans le mois de septembre pour faire des champs à contre saison (Photo 3).

Photo 3: Défrichage d'une parcelle en septembre pour un deuxième champ d'igname (Cliché
KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018
)

En outre, afin de faire face à la récession pluviométrique, les agriculteurs ont fait le choix d'adopter dans leur système de cultures de nouvelles stratégies pour s'adapter et réduire les risques climatiques (Tableau 15). A ces stratégies endogènes, s'ajoutent celles des institutions de recherche et de développement (semences améliorées).

Tableau 15: Stratégies d'adaptation aux effets du changement climatique (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)

Stratégies d'adaptation

Fréquences des réponses (%)

Oui Non Total

Origine

Changement de parcelle et/ou de culture

87,20

12,80

100

Endogène

Changement de technique agricole

39,30

60,70

100

Endogène

Déplacement de la date de semis

86,40

13,60

100

Endogène

Protection des jeunes plantes

10,00

90,00

100

Endogène

Re-labour

49,30

50,70

100

Endogène

Re-semis

52,10

47,90

100

Endogène

Utilisation de semences améliorées

73,60

26,40

100

Exogène

79

80

L'examen du tableau 15 montre que le changement de culture, le déplacement de la date de semis, l'utilisation de semences améliorés et le re-semis étaient les quatre stratégies dont une exogènes occupant plus de la moitié de l'ensemble des stratégies développées dans le cas de la modification du calendrier agricole.

De plus, par crainte de voir mourir leurs semis et pour éviter les opérations multiples de re-semage, les paysans attendent désormais la saison effective des pluies qu'ils situent au mois de mai au lieu d'avril. C'est le cas de l'igname, par exemple, qui pourrit quand elle n'a pas un certain apport pluviométrique après quelques semaines de végétation. A cette stratégie s'ajoute la technique de paillage. Elle consiste à recouvrir les buttes de résidus de récole ou de produits ligneux (Photo 4). Son avantage est de permettre la protection des buttes contre le soleil et de conserver l'humidité du sol par la réduction de l'évaporation, l'amélioration de l'infiltration par l'augmentation de l'activité biologique du sol.

Photo 4: Technique de paillage dans un champ d'igname entre Talahini et Parhadi (Cliché KOBENAN
K. Raphaël, septembre 2018
)

De même, les agriculteurs, pour faire face aux changements climatiques associent plusieurs cultures sur une même parcelle. Ce sont par exemple l'association de l'anacarde à l'igname et au manioc. Son avantage réside dans le faite que les plantes protègent les plantes ; c'est-à-dire de s'échanger divers services (fertilisation, action répulsive sur les insectes et/ou les mauvaises herbes) pour accroitre et diversifier leur production.

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Enfin, il est a noté que, les cultures à cycle long telles que certaines variétés de tubercules (ignames N'za, bertai-bertai, térela, lorbrai et tamlagba) disparaissent progressivement de l'activité agricole de la région au profil de d'autres variétés comme l'igname (kpona), l'igname (florido), l'igname pahinté et l'igname ANADER qui se révèlent être plus adaptées au nouveau calendrier agricole (93,6% des enquêtés).

L'accent est aussi mis sur les cultures à cycle plus court et demandant des travaux agricoles plus hâtifs. Les variétés de plantes cultivées les plus recherchées sont celles qui exposent moins le paysan aux incertitudes des débuts de saison pluvieuse ainsi qu'à ses interruptions brutales.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld