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Le Gabon face à  la cybercriminalité: enjeux et défis


par Larry Warren DIYEMBOU BOUMAM'HA
Université Omar Bongo - Master Géosciences Politiques du Monde Contemporain 2019
  

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1.2.3 - Géopolitique de l'insertion des TIC et cybercriminalité

Comme nous avons pu le constater quelques lignes auparavant, la cybercriminalité n'est que l'émanation négative de représentations subjectives dans le cyberspace. Ce dernier devient alors le théâtre de rapports de force entre acteurs aux projets essentiellement contradictoires. A travers ce point, nous verrons comment l'insertion des TIC peut s'avérer être un instrument de puissance (politique ou économique), mais que la cybercriminalité viendrait à ébranler les principaux attributs qui autorisent cette puissance.

Ainsi, « Avec les autoroutes de l'information qui ont donné lieu à de nombreux rapports au sein des pays et des organisations internationales, les plans d'entrée dans la société de l'information, les sommets mondiaux sur la société de l'information, on a assisté surtout depuis les années 1990, à une mise en ordre, une ruée sur les TIC »56(*).Ces développements de MAKANGA BALA, ont été repris in extenso, pour appuyer notre démarche théorique sur le paradigme de la géographie de la société de l'information et l'objet avatar TIC, comme facteurs de la cybercriminalité. Et on retient que cet engouement est dû au fait que certains acteurs ont pris conscience de ce que l'objet TIC en général et le cyberespace en particulier, pourraient être des ressources incontournables à l'avenir. Cependant, l'insertion des TIC a accentué encore plus la présence d'un espace profondément différencié entre les pays du Nord et ceux du Sud.

En d'autres mots, si dans les premiers, les TIC ont pris valeur de ressources stratégiques et ont de ce fait, accéléré le développement dans tous les domaines, il semblerait par contre que dans les seconds pays, cette insertion fasse l'objet de nombreuses résistances aux changements impulsés par le numérique et ses multiples déclinaisons. Les causes de ces résistances sont, une certaine rugosité territoriale mais aussi, la faible perception liée à l'importance de s'approprier l'objet avatar TIC dans cette partie du monde, comme élément concourant au développement économique. Pour Annie CHENEAU-LOQUAY, « entre la situation des pays développés et celle des pays en voie de développement, il ne s'agit pas seulement d'une différence de niveau de développement des réseaux, mais d'une différence de nature dans les formes de modernisation »57(*).

Le constat que nous nous permettons d'établir à la lecture de ces éléments d'analyse est le suivant : non seulement l'objet TIC en vient à redessiner la carte du monde en mettant plus en relief les disparités de développement technologiques entre le Nord et le Sud, mais en plus de cela, plusieurs acteurs ont compris dès lors qu'il y avait à travers le phénomène des TIC, la perspective de développer et donc de donner un sens nouveau à la notion de puissance. Certains Etats en ont véritablement pris la mesure du phénomène depuis déjà plusieurs décennies. C'est le cas par exemple des Etats-Unis d'Amérique (USA), qui ont très tôt mis en place une doctrine numérique visant à considérer le monde tel un problème de politique interne. C'est là, une certaine approche géopolitique mondiale dont les TIC en sont le noyau. MAKANGA BALA Martial Pépin résume ainsi cette conception géopolitique des américains sur les TIC, « la puissance mondiale et les relations internationales sont de plus en plus déterminées par les réseaux d'information et de communication au point que la ``diplomatie des « réseaux » se substitue à celle de la « canonnière » pour faire de la planète, une société globale dans laquelle les USA constituent la tête de pont »58(*).

Cette posture politique des USA, laisse à voir un esprit de compétition qui comme nous le savons tous, les a toujours caractérisés, notamment pour ce qui est d'être au-devant de la scène internationale dans tous les domaines, et plus encore aujourd'hui, en tant que leader dans le cyberespace avec la montée en puissance de l'extrémisme musulman sur les réseaux sociaux et le la concurrence avec la Chine.

Cette posture des USA est illustrée ici par le fait que « les GAFA (Google Apple Facebook Amazon) sont des entreprises de première grandeur, leader dans le cyberespace, toutes américaines. Apple est la troisième entreprise américaine par le chiffre d'affaires avec 234 milliards de dollars, juste derrière le géant de la grande distribution Walmartt et le pétrolier Exxon-Mobil. Google est à 75 milliards de dollars, Amazon 107 »59(*).

Les principales recettes de ces entreprises proviennent majoritairement de la commercialisation des métadonnées (identité des interlocuteurs, adresses réseaux, origine et destination des communications, date et heure etc.), que les internautes laissent sur leurs sites. Pour ce qui est de Facebook en cette même année, cette dernière a réalisé un chiffre d'affaires de 40 milliards de dollars60(*). Ces différents chiffres démontrent clairement que ces entreprises dont le coeur de métier est l'information numérique, constituent aujourd'hui cette hégémonie économique des Etats-Unis dans le cyberespace(et ces entreprises d'ailleurs, n'ont rien à envier à des multinationales telles que Boeing ou Total par exemple) sur l'échiquier mondial.

Mais hélas, l'utilisation des nouvelles technologies dont l'Internet aujourd'hui en est le porte-étendard, n'est plus du seul ressort de ces entreprises ou organisations qui exerceraient dans le secteur formel. Assurément, l'accès au haut débit à travers l'ensemble de la planète ouvrant sans aucun doute de nouvelles opportunités de développement pour les utilisateurs d'Internet, il favorise d'un autre côté la montée en puissance d'un certain nombre de menaces. C'est ainsi que le cyberespace est aussi perçu par les acteurs exerçant principalement dans l'illicite, comme une ressource stratégique.

En d'autres termes, les anciens criminels de tout genre ont su s'arrimer à la donne des TIC pour continuer à faire marcher leurs activités classiques. L'absence de frontière géographique de l'Internet, fournit à ces nouveaux criminels informatiques une certaine ubiquité qui rendrait très difficile leur identification en cas de cyberattaque par exemple. Aussi, le défaut de législation en matière de cybercriminalité dans certains Etats, ajouté à cette absence de territoire physique à proprement parler de l'Internet, octroient encore plus cette occasion aux cyberdélinquants de profiter au maximum de leurs actes.

La situation actuelle de la cybercriminalité relève d'une très grande pénétration de l'objet avatar TIC dans l'espace social. Cette insertion des TIC dessine sur son passage une infinité de possibilités dont plusieurs acteurs cherchent à tirer profit par tous les moyens. Pour parler autrement, la forte vulgarisation de l'Internet a construit le cyberespace et de plus, elle permet aujourd'hui aux organisations criminelles classiques (mafias, gangs etc.), de progressivement s'implanter dans ce dernier.

De telle façon qu' « on observe depuis ces dernières années que les organisations criminelles qui ont connu le plus de succès, s'appuieraient sur des partenariats entre des personnes au savoir-faire technique »61(*). Cette association se traduirait dans les faits par un financement, voire, un recrutement de cracks en informatique (parfois des élèves ou étudiants) à travers le monde, par des gangs criminels, afin qu'ils exécutent des basses besognes sur la toile.

Conclusion du chapitre 1

Ce chapitre nous a donné l'occasion de démontrer comment à travers le paradigme de la SDI, la géographie arrive à élaborer un discours conquérant visant notamment à s'approprier le concept de cybercriminalitécomme un nouveau domaine de son champ d'étude. Cette appropriation passe par une mise en relief des éléments caractéristiques du cyberespace (nouvel outil de la conflictualité mondiale), dans sa dimension géopolitique. Toutefois, étant donné que le cyberespace est désormais source d'antagonismes entre acteurs aux représentations divergentes, comment se présente le phénomène de la cybercriminalité à l'échelle mondiale ?

* 56 Martial Pépin MAKANGA BALA, op.cit, p. 258.

* 57 Annie CHENEAU-LOQUAY, « Quelle géographie des TIC dans les espaces ``en développement `` ? », in Christian BOUQUET (dir.), Les géographes et le développement : discours et actions, Bordeaux, 2010, p. 4.

* 58 Martial Pépin MAKANGA BALA, op.cit., p. 261.

* 59 Laurent BLOC, L'Internet, vecteur de puissance des Etats-Unis ? Paris, Diploweb, 2017, p. 32. Aujourd'hui, nous sommes passés de GAFA à GAFAM. Le M ici est mis pour le groupe Microsoft.

* 60 https://fr.statista.com/statistiques/570540/facebook-chiffre-d-affaires-annuel-2017/

* 61 Alexis BAUTZMANN, op.cit., p. 26.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore