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Le Gabon face à  la cybercriminalité: enjeux et défis


par Larry Warren DIYEMBOU BOUMAM'HA
Université Omar Bongo - Master Géosciences Politiques du Monde Contemporain 2019
  

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II - Problématique et hypothèses de la recherche

Les cybercriminels ont envahi le web, les réseaux sociaux et autres réseaux numériques. Assurément, « chaque seconde dans le monde, 18 personnes sont victimes d'une escroquerie sur internet »10(*). Les conséquences de la cybercriminalité sont assez fâcheuses et selon un rapport de la société Norton Symantec Corporation sur la cybercriminalité, « à l'échelle mondiale, la cybercriminalité rapporterait environ 388 milliards de dollars par an à ses auteurs, ce qui la rend plus lucrative que le marché mondial du cannabis, de la cocaïne et de l'héroïne confondus »11(*). Ces chiffres démontrent le caractère assez épineux de la question de la cybercriminalité. Au Gabon, les NTIC ont fait une entrée remarquée avec l'arrivée de l'Internet en 1997 (MAKANGA BALA, 2010). Depuis cette date, le pays s'est lancé dans une conquête effrénée du numérique, avec des projets porteurs tels que les connexions SAT-3 12(*)(carte 2), ACE, CAB-4 etc. En parallèle avec cette entrée précoce dans la société dite de l'information, le pays doit désormais prendre en compte les conséquences (sociales, politiques, économiques et sécuritaires), liées à une trop forte numérisation de son espace social.

Carte 2 : La connexion du Gabon au câble sous-marin SAT-3 en 2002

La lecture de cette carte, présente le déploiement d'«une liaison internationale à fibres optiques en Afrique reliant huit pays sur la côte ouest du continent vers l'Europe et l'Asie orientale ».13(*)La place du Gabon par rapport à ce câble sous-marin SAT-3, permet de relever que très tôt déjà, le pays s'était positionné comme un pionnier en Afrique dans le cadre de l'acquisition d'un réseau Internet à haut débit. Cette acquisition d'un Internet à haut débit va nécessairement de pair avec le déploiement d'activités économiques, des usages variés et constitue un terreau favorisant une montée en puissance de la cybercriminalité à l'échelle du pays.

Une

En d'autres termes, dans le contexte actuel d'une insertion durable des TIC au Gabon et donc d'une présence notable dans le cyberespace, avec une économie numérique en gestation, la cybercriminalité est une réalité avec ses différentes formes.

A titre d'exemple, sur la seule période de 2018-2019, 45% des gabonais interrogésconfient avoir subi une attaque cybercriminelle, et la plupart d'entre elles sont connectées aux réseaux sociaux (figure 1). Hormis cela, on note aussi les multiples tentatives d'intrusion dans les systèmes d'information de l'Etat, ainsi qu'une nette augmentation de la fraude à la Simbox14(*). Cette dernière constitue aujourd'hui un véritable cauchemar pour les opérateurs de téléphonie mobile.

Figure 2 : Victimes de cybercriminalité et nature de l'acte

Figure 2 : Victimes de cybercriminalité et nature de l'acte

Personnes victimes de cybercriminalité

Personnes victimes de cybercriminalité

Nature de l'acte

LA CYBERCRIMINALITE : ESSAI DE REFLEXION THEORIQUE ET EXEMPLES OPERATOIRES A L'ECHELLE MONDIALENature de l'acte

Ainsi, au regard de toutes ces différentes observations, nous nous posons les questions suivantes :

Source : Enquêtes de terrain, décembre 2018- février 2019.

Ces éléments ci-dessus développés, justifient notre problématique qui comprend une question principale, et un lot de questions secondaires :

Ø Question principale : Quels sont les enjeux qui sous-tendent la cybercriminalité au Gabon ?

Ø Série d'interrogations : A quoi peut correspondre un aperçu de la cybercriminalité au Gabon ? Etant donné que la cybercriminalité est une menace que le Gabon percevrait à distance, dispose-t-il d'un cadre juridique pour lutter contre ce phénomène ? Par ailleurs, le Gabon possède-t-il en l'état actuel des connaissances, les moyens techniques et humains de se protéger et de surcroît, réagir face à des attaques cybercriminelles ? Aussi, sur la base des indicateurs susmentionnés caractérisant une cybercriminalité ambiante, la conception d'une vision cybersécuritaire nouvelle avec mise en oeuvre des projets et programmes, ne constitue-t-elle pas un ensemble de défis à relever pour espérer tirer le meilleur profit du cyberespace ?

Dans le but de mieux cerner la situation du Gabon, en essayant d'une part d'identifier les différents enjeux relatifs à la cybercriminalité et d'autre part d'en énumérer les futurs défis, l'étude s'organise autour des hypothèses suivantes :

Ø Hypothèse principale :, « L'insertion des TIC au Gabon, surtout depuis les années 1990 a permis à ce pays de se construire une présence significative dans le cyberespace»15(*). Celle-ci est aujourd'hui mise à mal au regard de l'excroissance de la cybercriminalité. Et pour garantir la pérennité des efforts déjà accomplis et des bénéfices notables, le Gabon est obligé, face à la cybercriminalité, de penser une stratégie cybersécuritaire appropriée, et qui constitue à la fois un ensemble d'enjeux et de défis. Il s'agit d'enjeux politiques ; en favorisant l'utilisation accrue des TIC à tous les niveaux, le Gabon a créé des contenus locaux attractifs mais qui sont très exposés à la cybercriminalité. Les enjeux territoriaux ; à travers sa capacité à revaloriser et dynamiser ses territoires à l'aide de projets d'interconnectivité par fibre optique, le pays est susceptible de créer ce que nous avons qualifiédans cette recherche, « d'appel d'air » pour les cybercriminels de toute part. Les enjeux de sécurité ; dans sa quête d'appropriation stratégique des TIC comme motrices d'une économie des services, le Gabon a peu (ou n'a pas) mis l'accent sur les aspects sécuritaires globaux liés à la cybercriminalité.

Ø Hypothèse secondaire : au Gabon, un certain nombre d'indicateurs permettent d'affirmer qu'il y aurait de la part des décideurs publics un début de prise de conscience du danger réel que représente la cybercriminalité. Toutefois, la prise de conscience collective reste assez timorée, car la chaîne des acteurs autour de la problématique de la cybercriminalité n'est pas très élargie. Et il faut dire aussi que la législation contre la cybercriminalité peine à se mettre en place, car les enjeux ne sont pas clairement identifiés par le grand nombre. Et par conséquent, l'Etat gabonais n'aurait pas actuellement suffisamment de moyens techniques et humains pour faire face à la montée de la cybercriminalité sur l'ensemble du territoire national.

Le pays étant devenu un enjeu, il se pourrait que sur le long terme, il puisse constituer un vivier pour la cybercriminalité de façon générale. Afin de vérifier cette hypothèse, nous allons confectionner des scénarios car, il va sans dire que la « géopolitique va de pair avec l'approche prospective »16(*). Celle-ci renvoie à « une situation ou une séquence d'évènements hypothétiques qui peut être située dans le présent, le passé, le futur ou même, seulement dans l'imagination du scénariste »17(*). Etdes deux types de scénarios existants dans l'analyse géopolitique prospective, nous opterons pour le scénario de type projectif18(*), car il nous permettra en se basant sur les tendances actuelles de la cybercriminalité au Gabon, de chercher à identifier les tendances lourdes et ainsi aboutir à la construction de l'univers des possibles19(*).

* 10 Olivier MATHIEU, «  Cybercriminalité : arnaques, crimes et internet », Jeune Afrique, Mis en ligne le 18 Février 2013.URL: https://www.jeuneafrique.com/138332/societe/cybercriminalit-arnaques-crimes-et-internet/ . (Consulté le 27 mai 2018).

* 11 Norton Symantec Corporation, « Etude Norton 2012 : coût de la cybercriminalité en France », Mis en ligne en 2012. URL: http://www.symantec.com/fr/fr/about/news/release/article.jsp?prid=20120917_01, (Consulté le 15 juillet 2018).

* 12 SAT-3/WASC est l'abréviation de South Atlantic3/West Africa Submarine Cable, qui se traduit par câble sous-marin de l'Atlantique sud 3/Afrique de l'ouest. Il s'agit du premier grand projet de fibre internationale en Afrique subsaharienne composé de deux segments. Le premier segment fait la jonction entre le Portugal à Sesimbra et le Cap en Afrique du Sud, reliant au passage le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Nigéria, le Cameroun, le Gabon et l'Angola. Le second segment dénommé SAFE (South Africa and Far East) relie l'Afrique du Sud la Malaisie en passant par l'Ile Maurice et l'Inde.

* 13 Martial Pépin MAKANGA BALA, Le Gabon et la question de la société de l'information. Approche spatiale des réseaux et de enjeux géopolitiques des technologies de l'information et de la communication, Thèse de doctorat en Géographie, Université Michel Montaigne-Bordeaux III, 2 tomes, 2010, p. 499.

* 14Fraude d'un genre nouveau, elle consiste à faire apparaître les appels en provenance de l'étranger sous la forme d'un appel local via Internet. (Cf. annexe 2).

* 15 MAKANGA BALA Martial Pépin, op.cit., p. 813.

* 16 Marc-Louis ROPIVIA, Géopolitique de l'intégration en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, 1994, p.30.

* 17 Kimon VALASKAKIS, Le Québec et son destin international, les enjeux géopolitiques, Montréal, Editions Quinze, 1980, p.14.

* 18 Marc-Louis ROPIVIA, Ibid.

* 19 Ibid.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle