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Le rôle de la société civile et de la barza intercommunautaire du sud-kivu dans la transformation des conflicts intercommunautaires : cas des conflicts entre les babembe et les banyamulenge à fizi


par Bonheur Kyalangalilwa
Université Catholique de Bukavu  - Licence/ bac +5 2020
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

UNIVERSITE CATHOLIQUE DE BUKAVU

B.P. 285/BUKAVU

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES

« ROLE DE LA SOCIETE CIVILE ET DE LA BARZA INTERCOMMUNAUTAIRE DU SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES : CAS DES CONFLITS ENTRE LES BABEMBE ET LES BANYAMULENGE A FIZI »

OPTION :CONFLITS ET MEDIATION

Mémoire présenté par KYALANGALILWA NGABILE Bonheur en vue de l'obtention du diplôme de licencié en Sciences Sociales Option : Conflits et Médiation.

Promotion : Deuxième année de Licence

Dirigé par : Prof. Paul KADUNDU KARHAMIKIRE

Codirigé par : Ass. MANGO KUBOTA Alliance

ANNEE ACADEMIQUE: 2019-2020EPIGRAPHE

« Il faut construire la paix de la base vers le sommet, du sommet vers la base et du centre vers la périphérie »

John Paul LEDERACH, (1955)

« Il ne suffit pas de parler de paix. Il faut croire en elle.

Et il ne suffit pas d'y croire. Il faut la construire ».

Eleanor ROOSEVELT, (1884-1962)

IN MEMORIAM

A mon très aimable regretté Papa NGABILE LUNANGA Bertin, tu nous as quitté si tôt à lors qu'on avait encore largement besoin de tes orientations, de tes conseils, de ton soutien et surtout de ta préséance.

Que ton âme repose éternellement en paix et que la terre de nos ancêtres te soit douce et très légère.

DEDICACE

A toutes les personnes victimes des conflits et des violences intercommunautaires dans le territoire de Fizi.

A tous les artisans de la paix qui oeuvrent jour et nuit pour que les violences intercommunautaires cessent entre les Banyamulenge et les autres communautés à Fizi.

A mes très chers parentsfeuNGABILE LUNANGA Bertin et MBONE-BUCHE NSHOMBOJeannette ; Vous nous apprenez souvent que « la véritable arme pour faire face aux réalités de la vie c'est la science ». Cette étude vous est dédiée pour avoir façonné son auteur ainsi que ses connaissances.

KYALANGALILWA NGABILE Bonheur

REMERCIEMENTS

A l'éternel Dieu Tout Puissant pour nous avoir protégé pendant toute la période de la réalisation de cette recherche et de nos études à la Faculté des Sciences Sociales à l'UCB, que la gloire lui revienne à jamais!

A tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de cette oeuvre scientifique. Plus particulièrement à nos très chers parentsNGABILE LUNANGA Bertind'heureuse mémoire etMBONEBUCHE NSHOMBO Jeannettede nous avoir soutenu sur tous les plans, que le Dieu Tout Puissant leurs comble de bénédictions financières afin de faire de mêmepour nos frères et soeurs qui viennent juste après nous.

A l'équipe de direction de ce mémoire, particulièrement à son directeur Monsieur le Professeur Paul KADUNDU KARHAMIKIREet à la codirectrice Madame l'Assistante MANGO KUBOTA Alliancepour tout le travail fait, pour toutes les orientations, les remarques, les conseils, les sacrifices du temps, de moyens, de l'énergie, etc. Toujours dans le simple but de nous amener à produire un travail de qualité; vraiment chers directeurs, nous ne pouvons pas trouver des mots pour exprimer la satisfaction que nous avons par rapport au travail que vous nous avait fourni.

A tout le corps scientifique et administratif de l'Université Catholique de Bukavu en général et de la faculté des Sciences Sociales en particulier, pour nous avoir façonné à devenir un outil digne sur le plan scientifique afin de servir l'humanité en général et la RDC en particulier en tant qu'un expert en gestion des conflits et médiation.

Nous ne pouvons pas passer sans dire un mot de remerciement à tous nos enquêtés qui ont sacrifié leur temps, leur travail et certaines de leurs obligations pour nous fournir des informations dont on avait besoin pour réaliser ce travail de recherche.

A mes très chers frères Salomon NGABILE et Don MASILYA et soeursNathalie NGABILE, Alice FARAJA, Dorcas FADHILI NGABILE et Merveille NGABILEet tous mes camarades de la Deuxième année de Licence à la Faculté des Sciences Sociales en général et plus particulièrement ceux de l'option conflits et médiation : Anshuza LUSHULI NIGEL, ASSUMANI KISHIBAGAYA Josué, BACHISHOGA NABINTU Véronique, BISIMWA BUSHENYULA Christian, CIRHUZA NECI Prisca, KAMUKINDE Samuel, MUGISHO BURHALIKE Carlos, Christelle MULINGANYA et SHUKURU LUSUMBA Benjamin pour leurs conseils et la collaboration, que Dieu vous bénisses et pourvoie à vos besoins.

A nos oncles et tantes, cousins et cousines, neveux et nièces, beau-frère et grands-parents, et à tous ceux qui n'ont pas été cité ici, mais qui ont contribué d'une manière ou d'une autre à la réalisation de ce travail ;

Trouvez ici mes remerciements.

KYALANGALILWA NGABILE Bonheur

SIGLES ET ABREVIATIONS

- ADEPAE :Action pour le Développement et la Paix Endogène

- APC  : Action pour la Paix et la Concorde

- APARECO:Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo

- BCNUDH : Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme

- CCI  : Cadre de Concertation Intercommunautaire

- CDM : Cadre de Dialogue et de Médiation

- COMUSKI :Coordination des Mutuelles du Sud-Kivu

- FARDC :Forces Armées de la République Démocratique du Congo

- MONUC :Mission d'Observation des Nations Unies au Congo

- MONUSCO:Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo

- N° : Numéro

- OCHA : Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires

- ONG  : Organisation Non Gouvernementale

- PNC  : Police Nationale Congolaise

- RDC  : République Démocratique du Congo

- STAREC  : Programme de Stabilisation et de Reconstruction de l'Est de la RDC

- UCB  : Université Catholique de Bukavu 

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Présentation des enquêtés suivant leurs identités

Tableau 2 : Conception de la population sur les facteurs des conflits à Fizi

Tableau 3 : Conception de la population sur les conséquences des  conflits  inter com-

munautaires à Fizi

Tableau 4 : Conception de l a population sur les acteurs indirects des conflits intercom- . munautaires à Fizi

Tableau 5 : Conception de la population sur le rôle du Barza intercommunautaire dans . latransformation des conflits intercommunautaires à Fizi

Tableau 6 : Conception de la population sur le rôle du Bureau de coordination de la so- cciétécivile sur la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi

Tableau 7 : Conception de la population sur les limites des approches de transformationd des conflits au Sud-Kivu

LISTE DES FIGURES

Figure 1:Gamme de traitement des mécanismes des conflits

Figure 2 : La pyramide de transformation des conflits de John Paul Lederach

Figure 3 :Pyramide de transformation des conflits appliquée à l'approche du Barza

Figure 4 :Pyramide de transformation des conflits appliquée à l'approche de la société civile

Figure 5 :Carte géographique de la province du Sud-Kivu

Figure 6 :Carte géographique du territoire de Fizi

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE I

IN MEMORIAM II

DEDICACE III

REMERCIEMENTS IV

SIGLES ET ABREVIATIONS V

LISTE DES TABLEAUX VI

LISTE DES FIGURES VII

TABLE DES MATIERES VIII

RESUME X

INTRODUCTION 1

1. CONTEXTE 1

2. PROBLEMATIQUE 2

4. HYPOTHESES DU TRAVAIL 7

5. CHOIX ET INTERET DU SUJET 8

6. DELIMITATION DU SUJET 8

7. SUBDIVISION DU TRAVAIL 9

CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE 10

I.1. REVUE DE LA LITTERATURE 10

I.2. CONCEPTUALISATION 18

2.1. Le conflit 18

2.2. Le conflit intracommunautaire 19

2.3. Le conflit intercommunautaire 20

2.4. La violence 20

2.5. La médiation 21

2.6. La négociation 21

2.7. La société civile et le Bureau de coordination de la société civile 22

2.8. La Barza 23

I.3. APPROCHES DE RESOLUTION DES CONFLITS 24

I.4. THEORIE 25

La théorie de transformation des conflits de John Paul LEDRACH 25

CHAPITRE II. MATERIELS ET METHODES 30

2.1. TYPE D'ETUDE 30

2.2. METHODOLOGIE 30

2.2.1. Méthodes 30

2.2.2. Techniques 30

2.3. SITE 32

2.4. ECHANTILLONNAGE 32

a. Taille de l'échantillon 32

b. Critères d'inclusion 33

2.5. VARIABLES A ETUDIER 34

2.6. DIFFICULTES RENCONTREES 34

2.7. CONSIDERATIONS ETHIQUES 35

CHAPITRE III. PRESENTATION DES RESULTATS 36

Section I. GENERALITES SUR LES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES A FIZI 37

Section II. ROLE DE LA BARZA INTERCOMMUNAUTAIRE DU SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES 43

Section III. ROLE DU BUREAU DE COORDINATION DE LA SOCIETE CIVILE DU SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES 47

Section IV. LIMITES DES APPROCHES DE TRANSFORMATION DES CONFLITS AU SUD-KIVU 54

CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS 57

Section I. Facteurs des Conflits et acteurs indirects 57

Section II. Analyse comparative du rôle de la société civile et de la Barza intercommunautaire dans la transformation des conflits. 58

CONCLUSION 61

BIBLIOGRAPHIE 64

ANNEXES 67

RESUME

Les conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu ont été ancrés il y a des décennies dans le vécu quotidien de la population de cette zone, au coeur de cette zone s'enregistre des violences intercommunautaires atroces. C'est dans cette dynamique des conflits que la présente recherche vient répondre à une question centrale, celle de comprendre le rôle que jouent le Bureau de coordination de la société civile et laBarza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation de ces conflits intercommunautaires. Nous avons également cherché à savoir quels sont les acteurs indirects (invisibles) dans l'alimentation des conflits intercommunautaires à Fizi ?, et aux quelles limites se sont heurtées les stratégies (approches) de transformation des conflits précédentes dans la mise en oeuvre et le suivi de leurs solutions ?

Pour ce faire, nous avons eu à mobiliser un arsenal méthodologique développant une étude à la fois descriptive et analytique, recourant à une méthodologie mixte, à la fois qualitative et quantitative, quia fait recours à des méthodes historique et comparative et les techniques d'analyse documentaire, d'entretien, d'enquête par questionnaire et de l'analyse du contenu.Les recherches empiriques ont conduit aux résultats suivants : (i) des facteurs comme la transhumance, l'identité, la revendication territoriale et la manipulation politique, parmi lesquels l'inacceptation mutuelle constitue un facteur important dans l'alimentation des conflits à Fizi avec un taux de 27.5%; (ii) Les résultatsdémontrent aussi que les acteurs comme : la diaspora, les leaders coutumiers etreligieux, les dirigeants des pays voisins, les leaders politiques, etc., jouent également un grand rôle comme acteurs indirects dans la dynamique de ces conflits, avec une participation prédominante des leaders politiques comme principale classe d'acteurs indirects avec un taux de 60% à l'issue de nos enquêtes ; (iii) Il est également ressorti de notre recherche que laBarza intercommunautaire joue pour sa part, le rôle de lanceur d'alerte, de conciliateur, de prévention des conflits et de leur résurgence, au-delà du rôle de partie tierce et d'observateur. Pour sa part, le Bureau de coordination de la société civile joue directement (au-delà de son rôle joué indirectement à travers ses organisations membres : ADEPAE, APC et RIO) le rôle de coordination, de représentation, de lobbying et de plaidoyer ; (iv) Finalement, comme limites aux différentes approches précédemment développées en vue de la transformation de ces conflits à Fizi, l'on note ici : les limites liées à l'insécurité, aux finances, à la coordination de ces approches et de l'incohérence entre les solutions proposées et les problèmes constatés.

Mots clés : Transformation des conflits, Conflits, Conflits intercommunautaires.

INTRODUCTION

1. CONTEXTE

Les conflits intra et intercommunautaires paraissent à nos jours étroitement liés au quotidien de la population Sud-Kivutienne en particulier et de toute la République Démocratique du Congo en générale.

Il s'observe actuellement dans plusieurs territoires de la RDC, des conflits intercommunautaires intenses, se manifestant généralement par des formes de violence de tout genre, marquées par la volonté des belligérants d'anéantir l'adversaire en face, comme c'est le cas actuellement à Yumbi dans l'ancienne province de Bandundu et la nouvelle province de Maindombe où des violents combats interethniques ont opposé durant plusieurs mois la communauté Batende et la communauté Banunu suite à la gestion de cette nouvelle province issue du découpage territorial, avec comme conséquences des tueries, des déplacements massifs de la population, des pillages et incendies des villages, la non-organisation des élections dans ce contrait, etc.; c'est également le cas en Ituri dans l'ancienne province orientale où des violents conflits intercommunautaires opposent pendant des années les communautés Hema et Lendu au tour de l'identité.

Au Sud-Kivu, ces conflits opposent depuis l'époque coloniale dans la partie Sud-Est de la province les présumés « non-originaires » (Barundi, Banyamulenge) aux présumés « originaires » avec toutes les conséquences humanitaires, sociales, économiques, sécuritaires, culturelles y relatives, contribuant ainsi au sous-développement de ces milieux affectés par les conflits.

C'est dans ce contexte que le présent travail vient analyser le rôle joué par la Société Civile et la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi.

2. PROBLEMATIQUE

Les conflits intercommunautaires émergent depuis ces six dernières décennies en République Démocratique du Congo, géopolitiquement ils vont du Nord (entre les éleveurs Mbororo et les populations autochtones) au Sud (entre les bantous et les Twa), et de l'Est (entre les populations autochtones et allochtones au Nord et Sud-Kivu, entre les Hema et les Lendu en Ituri) à l'Ouest ( entre les Batende et les Banunu au Bandundu, les Mbundu dia kongo au Kongo central), en passant par le centre (avec les KamwinaNsapu). Ces conflits intercommunautaires se manifestent par des violents combats intercommunautaires à la suite des quels s'enregistrent des dégâts humains, culturels et matériels importants.

Dans un contexte un peu plus global, Baptiste (1998) montre que, « les conflits intercommunautaires violents font partie des principales caractéristiques de la fin du 20iéme siècle. De ce fait, il dénombre entre les années 1945 et 1975 plus de 161 conflits communautaires dans le monde dont 65 internationaux parmi lesquels, les conflits intra-étatiques étaient donc les plus nombreux. Il poursuit dans ce sens en montrant que les conflits actuels dans le monde sont d'origine ethnique, se traduisent fréquemment par des violentes guerres civiles, et ont provoqué le déplacement de près de 100 millions d'êtres humains devenus des réfugiés dans leur propre pays.»1(*)

Revenant sur la problématique des conflits intercommunautaires dans la province du Sud-Kivu, l'ONG internationaleSearchFor Common Ground, montre que « Compte tenu de la fragilité et des tendances de conflits violents, de l'opportunité et de la faisabilité de transformer les conflits et de consolider la paix, l'une des premières zones pertinentes pour l'analyse des conflits intercommunautaires dans la province du Sud-Kivu est celle des « Hauts Plateaux de Mwenga- Plaine de la Ruzizi ».2(*)

Les conflits intercommunautaires qui secouent la partie Sud-Est de la province du Sud-Kivu opposent essentiellement dans (i) la plaine de la Ruzizi « Les Bafulero/Bafuliru, considérés comme la communauté « autochtone » représentant environ 80% de la population de la plaine de la Ruzizi contre les Barundi, d'origine burundaise, représentant 20%. Les Barundi se sont installés dans la zone pendant la première moitié du XIXème siècle, et les Bafulero sont arrivés à la fin du XIXème siècle. Le conflit le plus récurrent dans cette chefferie est entre ces deux communautés. » 3(*), dans (ii) les hauts plateaux de Fizi et Mwenga la communauté « autochtone », les Babembe, contre les Banyamulenge qui sont des Tutsis, d'origines rwandaise et burundaise. Les Banyamulenge se trouvent également dans les Hauts plateaux d'Uvira et de Fizi et constituent une communauté relativement petite, estimée entre 50 000 et 400 000 personnes. Les premiers Banyamulenge sont arrivés dans les Hauts plateaux de Minembwe et d'Itombwe en plusieurs vagues pendant le XIXème siècle.»4(*)

Revenant sur le bilan de ces conflits dans les hauts plateaux du Sud-Kivu, le rapport du 10 août 2020 du BCNUDH en RDC donne une projection du bilan colossal de cette crise en documentant « la destruction d'au moins 95 villages, 128 décès dû à des exécutions sommaires et extrajudiciaires, 47 victimes de violences sexuelles, et le pillage et l'abattage de milliers de têtes de bétail. Cette violence a conduit à une situation humanitaire désastreuse, avec plus de 110000 personnes déplacées.»5(*)

De la portée des conflits intercommunautaires, B. Muchukiwa et M. Kasagwe, notent que, « Les conflits intercommunautaires sont des synonymes des conflits de pouvoir coutumier. Tous deux ont les mêmes racines qui les escaladent après la colonisation belge. Ils opposent les ethnies dénommées Babembe, Bavira, Bafuliiru, Banyindu, Banyamulenge et Batwa sur un fond identitaire dans les moyens et les hauts plateaux des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira dans la Province du Sud-Kivu. Certains auteurs situent ces conflits identitaires à l'époque coloniale. D'autres, par contre, réfutent cette version et s'accordent que les conflits intercommunautaires sont nés avec la fragilité des Etats en Afrique après la colonisation. »6(*)

Cela étant, la cohabitation entre ces différentes communautés est toujours traversée par des luttes de positionnement fondées principalement sur des faits/événements antérieurs liés à des enjeux politiques et économiques, se traduisant par des épisodes cycliques de violences. Ces violences ont généralement pour soubassement des antagonismes individuels et des problèmes liées à la gestion de la transhumance.7(*)

En ce qui concerne les natures et l'enracinement de ces conflits dans le chef des Babembe et de Banyamulenge, Muchukiwa et M.Kasagwe, reviennent en soulignant que, « ces conflits trouvent des explications dans les antécédents historiques et dans la spécialisation économique qui s'accentue par la compétition entre l'agriculture, l'élevage et l'exploitation artisanale des minerais. Les populations dites autochtones pratiquent dans l'ensemble l'agriculture. En revanche, les populations dites allochtones pratiquent l'élevage de gros bétail. Par ailleurs, les Banyamulenge dénoncent la discrimination et réclament la création de nouvelles entités territoriales et administratives pour corriger les irrégularités créées par les colonisateurs belges.Cette thèse n'est pas acceptée par les groupes ethniques autochtones, d'où la persistance des conflits intercommunautaires dans les territoires de Fizi, Mwenga et Uvira, dans les moyens et les hauts plateaux d'Itombwe. »8(*), Ce qui prouve à suffisance que, au-delà de l'identité, le foncier et la transhumance restent des enjeux de taille dans la dynamique de ces conflits intercommunautaire, ce qui explique la complexité de ce conflit.

Préoccupé par la dimension identitaire dans la dynamique de ces conflits intercommunautaires à Fizi, Pole Institute,trouve quant à ce que, « la Communauté Bembe quasi majoritaire en territoire de Fizi, dans sa perception continue à penser que la communauté Banyamulenge a un plan d'expansion politique, un plan régional ayant ses racines à partir du Rwanda et de l'Ouganda. Selon cette perception ce plan pour se matérialiser partirait de l'érection du territoire de Minembwe, avec comme alliés les Babuyu et les Babwari. »9(*) Et selon Pole Institute, cette perception est soutenue et entretenue par des leaders intellectuels de la communauté au pays et à l'étranger. Par contre, la communauté Banyamulenge pense que les attaquer sur l'angle de la transhumance c'est les affaiblir de manière ciblée, c'est affecter leur source principale de l'économie des ménages, ce qui leur parait inacceptable. Cette position est soutenue par des leaders intellectuels de la communauté au pays et à l'étranger.

Ces conflits revêtent une dimension ethnique car« la plupart des agriculteurs sont membres des communautés « autochtones » tandis que les éleveurs sont majoritairement d'origine rwandaise et burundaise, ce qui constitue une source de tension très importante dans la zone. Souvent, les conflits de pouvoir ou fonciers sont envenimés par l'élément ethnique. Ils en deviennent plus graves, explosifs et la cohabitation pacifique devient aussi de plus en plus difficile.»10(*)

Inscrits dans le long terme, les conflits opposant les communautés de Fizi et Uvira constituent des cas exemplaires de sociétés fragilisées et recourant régulièrement à la violence comme mode de revendication. Cette violence s'illustre particulièrement par la persistance de nombreux « groupes armés » dont certains se présentent comme « porteurs de revendications communautaires ». C'est en ce sens que Life and Peace et al. Affirment que, « La présence de ces milices met en exergue un criant déficit de cohabitation entre les communautés locales déjà déchirées par des conflits complexes au tour de l'identité, de la gestion foncière et de l'exercice des droits politiques. »11(*)

Ainsi donc, suite à cette insécurité récurrente les passants commencent à éviter le tronçon Minembwe-Itombwe et préfèrent prendre la voie de la brousse à cinq heures de marche de Minembwe àMulima parce que couverte par cinq barrières payantes de FARDC et de PNC soit 500 FC par passant.12(*)

Pour OCHA, la crise dans la région de Fizi et Itombwe a commencé en février 2019. L'événement déclencheur de la crise semble être des actes de violences ou d'agression sexuelle perpétrés sur une femme Bafuliru au début de février 2019 par des présumés miliciens Banyamulenge. Cet incident a été à l'origine de la montée des tensions communautaires qui ont finalement basculé en des affrontements entre les communautés par milices interposées.13(*)

Cette crise latente non négligeable passe souvent inédite dans la plupart des concertations locales consacrées à la recherche de la paix sociale et à l'établissement de la cohésion intercommunautaire.14(*)

La recherche des solutions à cet important problème intercommunautaire a été à la base de plusieurs initiatives, qui jusqu'ici ont manifesté un déficit important dans la conception, la mise en oeuvre et le suivi, impliquant souvent les acteurs étatiques, non-étatiques, les leaders des communautés locales et à un niveau moyen des acteurs de la société civile, mais ce pendant comme parties prenantes oubliant le rôle important qu'ils peuvent jouer comme tierce partie dans la transformation de ces conflits.

Pour ce faire, International Crisis Group trouve que, le conflit dans la plaine de la Ruzizi n'a pas manqué de « faiseurs de paix » qui ont été inefficaces pour des raisons diverses, dont la principale est le manque de connaissance du milieu et des enjeux locaux. 15(*)

De ce fait, plusieurs processus de dialogue ont été amorcés pour aborder ces conflits ; c'est le cas : du dialogue intercommunautaire organisé en février 2010 à Baraka par la MONUC et l'Association « LubungaLwilonji » sous la participation de plus de 200 représentants des communautés en conflits (allochtones et autochtones)16(*) ; du dialogue social entre les Babembe et les Banyamulenge du Sud-Kivu organisé à Uvira, le 10 novembre 2016 entre les leaders locaux et les chefs coutumiers, les chefs de secteurs, les acteurs de la société civile, les députés provinciaux d'Uvira et de Fizi et les autorités territoriales et administratives, sous la facilitation de la MONUSCO17(*);du pré-dialogue intercommunautaire entre les leaders de Fizi vivant à Bukavu, organisé à Bukavu du 03 au 04 juin 2019 par la Société Civile du Sud-Kivu et laBarza intercommunautaire sur la cohabitation pacifique entre les communautés de Fizi18(*) ; du dialogue intercommunautaire pour la sécurité et la paix dans les Hauts Plateaux d'Uvira, Fizi et Mwenga, à Uvira le 25 juin 2019, organisé par l'ONG International Alert avec les représentants des communautés en conflit, les autorités locales et Etatiques et la société civile.19(*)

A côté de ces initiatives, plusieurs autres approches de transformations de ces conflits peuvent être répertoriées axées sur les interventions communautaires des ONG ; pour ce faire, des organisations et associations non gouvernementales, liées aux sages des communautés initient des dialogues entre ces communautés pour tenter de pacifier cette zone et assurer une cohabitation aisée.20(*)

Compte tenu de l'ampleur que prenait cette question tant dans le chef du pouvoir en place et des théoriciens et praticiens de ce domaine, des solutions ont émergé de partout pour tenter d'y faire face :

C'est le cas du législateur congolais qui d'après B. Muchukiwa et M. Kasagwe,propose de les résoudre par la création d'une commission consultative qui serait installée aux niveaux du ministère national des affaires coutumières, de la province, de la chefferie ou du secteur. Le ministre national en charge des affaires coutumières, le gouverneur de province, le chef de chefferie ou de secteur y seraient des médiateurs attitrés qui doivront s'appuyer sur les administrateurs des territoires, les chefs de groupements ou de villages pour le règlement des conflits de pouvoir coutumier.21(*)

International Crisis Group, de sa part, trouve que, la réduction des communautés à leurs représentants officiels est une des causes de l'échec des initiatives de paix. Les actions de promotion de la paix et de dialogue intercommunautaire doivent non seulement viser les notables et autorités coutumières mais aussi inclure les niveaux inférieurs d'autorité, c'est-à-dire les leaders d'opinion, dirigeants informels et meneurs locaux. Toute reprise des discussions intercommunautaires devrait être plus inclusive.22(*)

Revenant sur la nécessité de la participation des acteurs de la société civile dans ce processus,Pole Institute trouve que toute action de stabilisation doit par définition établir la confiance entre les différents acteurs et renforcer les capacités des acteurs locaux qui seuls peuvent assurer la pérennité de l'action. Il s'ensuit que la stabilisation en RDC ne peut se faire de façon durable et efficace sans la participation de tous les acteurs-clé, notamment la société civile basée dans les différentes zones de stabilisation.23(*)

Ainsi développée, la question des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge gravite autour de 4 facteurs principaux, dont : l'identité, la transhumance, le foncier et la nationalité controversée. A ceux-ci s'ajoute une multitude d'autres facteurs qu'il convient d'analyser et d'intégrer dans une approche holistique de transformation de ces conflits en vue d'aboutir à une paix durable.

La persistance de ces conflits et l'inefficacité des mécanismes disponibles pour leur transformation plongent ces communautés dans un cycle de violence réciproque causant beaucoup de dégâts de part et d'autres, ce qui constitue un problème important auquel la présente recherche va se focaliser.

Cela étant, dans le but de comprendre le rôle de la société civile et de la Barza intercommunautaire dans la transformation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi, la présente recherche va s'articuler autour des questions suivantes :

ü Quels sont les acteurs indirects (invisibles) qui alimentent les conflits intercommunautaires à Fizi ?

ü Quel rôle joue la société civile du Sud-Kivu et la Barza intercommunautaire dans la résolution de ces conflits ?

ü Aux quelles limites se sont heurtées les stratégies (approches) de transformation des conflits précédentes dans la mise en oeuvre et le suivi de leurs solutions ?

3. BUT ET OBJECTIFS

3.1. But de la recherche

Le but de la présente recherche est de comprendre ce conflit et d'expliquer l'impact de l'intervention de la société civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la résolution des conflits intercommunautaires entre Babembe et Banyamulenge à Fizi.

3.2. Objectifs

Le présent travail de recherche poursuit la réalisation des trois objectifs particuliers :

ü Celui de dresser un aperçu général sur les conflits intercommunautaires à Fizi, et sur les facteurs et les acteurs indirects des conflits intercommunautaires à Fizi ;

ü Celui de comprendre le rôle joué par le bureau de coordination de la société civile et la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits entre les Banyamulenge et les Babembe à Fizi ;

ü Celui de comprendre et expliquer les limites des approches précédentes de transformation des conflits intercommunautairesentre la communauté Banyamulenge etla communauté Babembe à Fizi.

4. HYPOTHESES DU TRAVAIL

Etant de manière générale une réponse provisoire à une question posée, conformément à la situation problématisée ci-haut, les hypothèses suivantes peuvent être adaptées à nos questions :

ü Parmi les acteurs indirects dans ces conflits on trouverait : certains politiciens, les leaders religieux, les leaders de la diaspora, les dirigeants de pays voisins, les officiers de la police et des forces armées de la RDC et des pays voisins, la MONUSCO, les ONGs, etc.

ü Dans la résolution des conflits intercommunautaires au Sud-Kivu, la société civile et la Barza intercommunautaires du Sud-Kivu joueraient trois principaux rôles : (i) lorsqu'elles participent comme tierce partie (facilitateurs, médiateur, arbitre, etc.) elles accompagnent les parties en toute neutralité àtrouver des solutions durables à leurs problèmes en vue de se réconcilier ; (ii) lorsqu'elles y participent en tant parties prenantes aux conflits, elles jouent le rôle de la défense des intérêts communautaires ; (iii) lorsqu'elles participent en tant que observateur, ellesjouent un rôle très passif se limitant seulement à des propositions et l'observation de la bonne marche du processus.

ü Les différentes approches de transformation et de résolution des conflits développées comme réponse aux conflits intercommunautaires à Fizi se serraient heurtées à un certain nombre des limites parmi lesquelles : le manque de la volonté pour mettre en pratique les accords et conventions signés, la manipulation des membres de la communauté et desleaders communautaires de base par les acteurs politiques nationaux et de la diaspora, les problèmes récurrents d'insécurités perpétrées par les groupes armés dont les intérêts sont menacés par le rétablissement de la paix, l'absence de l'autorité de l'Etat et l'insuffisances des éléments des forces de sécurité, le manque des moyens financier pour mettre en oeuvre ces politiques, etc.

5. CHOIX ET INTERET DU SUJET

5.1. Choix du sujet

Le présent travail porte sur : « Le rôle de la société civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires : Cas des conflits entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi»

Ce choix trouve sa justification et sa pertinence dans la pérennité de la rupture du lien social entre les communautés dites autochtones à Fizi et la communauté dite allochtone, à la suite de laquelle les violences intercommunautaires trouvent leur place, et dont les mécanismes mis en place pour faire face à cette situation se trouvent dépassés.

5.2. Intérêt du sujet

a. Sur le plan théoriqueou scientifique

Cette étude va apporter un plus sur les supports d'analyse déjà existants dans le domaine d'étude de paix et des conflits pouvant servir aux futurs chercheurs de base d'analyse dans le cadre d'action ou de mise en place des actions en vue de participer à la transformation sociale des sociétés en conflit.

b. Sur le plan pratique ou social

Ce travail constitue un outil d'appui et d'orientation des actions des populations et des acteurs sociaux de paix en vue de la transformation positive de leur milieu, de leur environnement social, de leur relation et de leurs attitudes.

6. DELIMITATION DU SUJET

6.1. Délimitation spatiale

Notre sujet s'est intéressé ici à l'analyse du rôle joué par le Bureau de coordination de lasociété civile et la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans les conflits entre les Babembe et les Banyamulenge en se focalisant plus sur le territoire de Fizi.

6.2. Délimitation temporelle

Notre étude va s'intéresser aux faits ayant marqué les conflits qui ont opposé la communauté Banyamulenge à la communauté Babembe depuis 1996 jusqu'à nos jours.

7. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Ce travail est subdivisé en quatre principaux chapitres mis à part son introduction et sa conclusion :

Chapitre I : Cadre théorique

Chapitre II : Matériels et méthodes

Chapitre III : Présentation des résultats

Chapitre IV : Discussion des résultats

CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE

I.1. REVUE DE LA LITTERATURE

La question au tour des conflits intercommunautaires dans la partie Sud-Est de la province du Sud-Kivu a été abordée différemment, mais de manière un peu complémentaire par les théoriciens et les experts dans le domaine d'étude de paix et des conflits, la plupart d'entre eux dans leurs analyses reviennent sur les facteurs (les causes) les plus profonds de ces conflits (Nicaise MUZINGA LOLA ;International Alert ; APARECO ; International Crisis Group ; ADEPAE, Arche d'alliance et Life and Peace Institute ; Inter-cluster Régional et OCHA; Saerch For Common Ground ; Bosco Muchukiwa; etc.), d'autres sur le mécanismes ayant été développés par les structures de la société civile pour en faire face (LabanaLasay'abar ; KAYSER ; Flaubert DJATANG;International Alert ;KAKULE PILIPILI Didier; etc.) et d'autres encore sur leur histoire

1. L'histoire des confits intercommunautaires à Fizi

Les auteurs (Life and Peaceet Al., Bosco Muchukiwa, Search For Common Ground, Pool Institute, etc.) sont ici presque unanime que les conflits intercommunautaires entre autochtones et allochtones à l'Est de la RDC et plus particulièrement dans les territoires de Fizi et d'Uvira remontent des mouvements migratoires des populations hutus et tutsi des pays voisins de l'Est de la RDC(le Rwanda et le Burundi) vers les territoires voisins de ces deux pays dans le Kivu ;ils soutiennent en plus que ces conflits ont été amplifiés par les guerres internes, le génocide Rwandais, et les guerres civiles et politiques au Burundi avec les poursuites de ces guerres sur les terres congolaises ; ils montrent en fin que ces conflits se radicalisent historiquement à travers les différentes décisions et actes administratifs sur la nationalité, l'accès à la terre et la gestion des entités administratives par les peuples dit allochtones.

2. Les facteurs ou causes des conflits

Les travaux identifiés précédemment soulignent un lien de causalité entre les causes des conflits intercommunautaires tel que vécu dans différentes provinces de la RDC et dans différents pays de la sous-région des grands lacs. International Alert (2010)24(*), revenant sur les sources de la récurrence des conflits intercommunautaires et communautaires opposant les Banyamulenge et les autres communautés dans la région de Fizi et de la plaine de la Ruzizi, montre d'emblée que les principaux facteurs de conflits dans cette région sont : l'identité, le foncier et le pouvoir coutumier prenant de l'ampleur depuis la rébellion du RCD de 1998.Complétant cette étudeLife and Peace Institute et Al. (2011)25(*), trouvent qu'au-delà du foncier, de l'identité et du pouvoir coutumier, les conflits intercommunautaires à Minembwe et dans la collectivité chefferie de la plaine de la Ruzizi opposant : pour le premier les Banyamulenge aux Babembe et pour le second les Bavira, Bafuliru aux Barundi, ont comme racines la gestion de la transhumance et la question d'érection de Minembwe en territoire.Surencherant les idées des études précédentes, International Crisis Group (2013)26(*), affirme pour sa part que la conflictualité dans la région Est de la RDC s'inscrit dans une compétition foncière et économique locale entre différentes communautés de cette région ;

Revenant sur les causes des conflits intercommunautaires entre autochtones et allochtones, Search For Common Ground (2014)27(*), trouve dans son rapport réalisé dans les hauts plateaux d'Itombwe et dans la plaine de la Ruzizi que les causes de ces conflits paraissent interconnectées et tournent au tour de la mobilisation de l'identité ethnique, l'accès aux ressources économiques, le foncier, le pouvoir et la transhumance.

L'APARECO(2019)28(*), montre pour sa part qu'il est impossible de comprendre la dynamique au tour des conflits entre les Banyamulenge et les autres communautés particulièrement les Babembe à Minembwe sans pour autant mettre en cause la vision impérialiste de Paul Kagame dans les conflits à l'Est de la RDC, ainsi qu'une analyse approfondie sur la question de la manipulation de l'identité des Banyamulenge. Par contre, Inter-cluster Régional et l'OCHA (2019)29(*), se focalisant sur l'aspect interactionnel des conflits intercommunautaires entre allochtones et autochtones, trouvent que la cohabitation entre ces communautés est marquée par des luttes de positionnement basées sur les faits passés des enjeux politiques et économiques, se manifestant par des cycles de violence atroces, trouvant leur base dans les oppositions individuelles et la gestion de la transhumance. D'autres facteurs comme : la lutte pour le contrôle des ressources économiques, les alliances avec les groupes armés étranger, la faible présence de l'autorité de l'Etat, l'enclavement de cette région, ainsi que le découpage élevant Minembwe en statut de commune rurale, sont vus comme déclencheurs de ces conflits.

En plus, l'étude d'Interpeace (2013)30(*) dans leur rapport sur la manipulation des identités et stéréotypes dans l'alimentation des conflits intercommunautaires dans la région des grands lacs, confirme la non exclusivité de la dimension ethnique dans les conflits intercommunautaires dans les grands lacs, tout en se focalisant sur le rôle de l'identité comme moteur des conflits dans les grands lacs, Interpeace trouve en accord avec les études précédentes que les conflits intercommunautaires sont due à des manipulations des identités telles que : les identités ``allochtones'' versus ``autochtones'' et les identités linguistiques au Nord-Kivu, à cela s'ajoute les identités professionnelles entre agriculteurs et éleveurs au Sud-Kivu ; les identités liées à la double nationalité et identités ethniques au Rwanda et finalement les identités d'appartenance politique et les identités ethniques au Burundi.

Complétant cette étude, Bosco MUCHUKIWA et Marcellin KASAGWE (2019)31(*)montrent que les conflits intercommunautaires au tour des questions identitaires, divisent dans les hauts et moyens plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira les ethnies Bembe, Bavira, Bafuliru, Banyindu, Banyamulenge et Batwa se mobilisant au tour du pouvoir coutumier et connaissant la participation des coalitions de groupes armés nationaux et extérieurs de la sous-région, ils notent que la notion des conflits intercommunautaires est un fourre-tout et désigne à la fois les antagonismes entre ethnies qui se battent au sujet de leur identité culturelle, de pâturages, de la reproduction des activités économiques, du contrôle des facteurs de production et de gestion des entités modernes crées par l'administration coloniale. Revenant sur les types et enjeux des conflits dans leur milieu d'étude, Muchukiwa et Kasagwe soutiennent à la lumière de ces précédents auteurs, que les enjeux des conflits intercommunautaires dans ces espaces gravitent autour des pâturages, du pouvoir, du territoire, de l'argent et de l'aide au développement, cela étant, la monopolisation de ces enjeux par une ethnie provoque les conflits intercommunautaires.

C'est dans la suite de ces analyses que Justine Brabant et Jean Louis K. Nzweve (2013)32(*) dans leur article: « la houe, la vache et le fusil ;conflits liés à la transhumance en territoires de Fiziet Uvira (Sud-Kivu, RDC) : Etat des lieux et leçons tirées de l'expérience de LPI » partant du cas où durant les saisons sèches un déplacement fréquent des vaches et des taureaux guidés par leurs bergers est constaté dans les hauts et moyens plateaux d'Itombwe vers la plaine et le littoral du lac Tanganyika à la recherche du pâturage, ce mouvement cause le ravage par le troupeau des champs des cultivateurs contribuant ainsi à l'alimentation des conflits au tour de la transhumance entre les cultivateurs (Babembe et Bavira) d'une part et éleveurs (Banyamulenge et Fuliro) d'autre part. Ces auteurs montrent par la suite que la transhumance participe à la mobilisation des dynamiques locales de la violence ainsi qu'à l'émergence des conflits intercommunautaires à travers l'accentuation des tensions sur la perception de droit de pacage, les barrières de mai-mai, les vols des bétails, l'organisation des banyamulenge en milices d'autodéfense, etc., ce qui conduit à des attaques de vengeance des agriculteurs sur les bétails dévastateurs des cultures des éleveurs conduisant à la manifestation des besoins d'autoprotection de part et d'autres.

Revenant sur les conflits intercommunautaires qui ravagent la province du Sud-Kivu en général, Bosco Muchukiwa (2016)33(*), montre que dans cette province, durant des années, des violents conflits intercommunautaires opposent au tour de la terre les Babambe et les Babuyu à Fizi, au tour du contrôle administratif les non originaires (Batutsi) et les originaires à Kalehe et aussi dans le territoire d'Uvira, ces conflits opposent les non originaires (Barundi et Banyamulenge) aux originaires (Bafuliru et Bavira) au tour de la nationalité, de la création des nouvelles entités administratives et de l'identité. Il montre par la suite que cette répartition de l'espace va aboutir à la production des nouvelles entités territoriales et administratives et que l'oubli des écarts entre le territoire ethnique et Etatique d'une part et entre le peuple autochtones et allochtones d'autre part est un facteur non négligeable de conflictualité; et propose par la fin quelques pistes d'orientation des actions en vue de la paix sociale allant à l'exigence de la reconnaissance réciproque des organisations territoriales, de l'histoires des peuples, jusqu'à la prise en compte des règles de droit.

Au-delà des facteurs sus évoqués, le Pool d'Appui à la Stabilisation des experts de la société civile congolaise (2017)34(*), partant de l'analyse des conflits dans la zone de Fizi, trouve que les conflits intercommunautaires dans cette zone demeurent encrés dans les facteurs comme l'activisme des groupes armés, ainsi que dans l'instrumentalisation des acteurs étatiques pour la défense des intérêts économiques et le trafic des ressources naturelles. Dans la dynamique des conflits à Fizi, le Pool d'Appui à la Stabilisation trouve deux types d'acteurs du processus des conflits que sont les acteurs des conflits incluant les groupes armés, les manipulateurs politiques, certains leaders religieux, certains chefs coutumiers et certains jeunes leaders ; par contre, un autre type d'acteurs est constitué des acteurs de paix comprenant les initiatives locales de paix, les dialogues intercommunautaires, interreligieux, inter jeunes. Ainsi donc, ce conflit se trouve renforcé par l'appui matériel et financier que reçoivent les groupes armés de ces différentes communautés ; c'est dans ce cadre qu'il confirme dans cet article que les conflits intercommunautaires à Fizi ont une certaine connexion sous-régionale à travers l'activisme des groupes armés étrangers Rwandais et Burundais.

Pour sa part, Nicaise MUZINGA LOLA (2001)35(*) par contre oriente ses analyses sur l'origine des conflits intercommunautaires au tour des l'identité entre les Banyamulenge et les autochtones, il trouve de ce fait que les causes des conflits au Kivu trouvent leur fondement dans quatre facteurs dont les facteurs ethniques, parmi lesquels nous trouvons : l'héritage colonial et les préjugés ethniques ; en suite il trouve les facteurs politiques dont : la politique ``mobutiste'' consistant à créer des conflits ethniques dont il était le seul capable à résoudre, la guerre civile rwandaise, la loi congolaise de 1981 sur la nationalité et les conclusions de Vangu ; les facteurs économiques contenant la dépossession des terres aux autochtones au Kivu, ainsi que la ``zaïrianisation'' ; finalement il trouve les facteurs idéologiques tels que l'apport des réfugiés Rwandais et les milices hutus. Suite à l'identification de ces facteurs de conflits au Kivu, il propose quelques solutions pour sortir de cette crise dont : le dialogue inter congolais, l'élargissement de la notion de nationalité et de citoyenneté, la mise en place des lois et institutions démocratiques et la mise en place des mesures d'encadrement et d'éducation intellectuelle.

3. Larésolution des conflits par les structures de la société civile

En ce qui concerne les mécanismes de résolution, de gestion ou de transformations de ces conflits, les théoriciens exploités dans ce travail insistent sur le rôle et les actions des structures de la société civile face à des conflits préoccupant leur société.

C'est en ce sens que les participants au Colloque Régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale (2007)36(*)soutiennent que la société civile joue un rôle très important dans un processus de transformation des conflits mais à différents niveaux des conflits, c'est ainsi que dans laprévention des conflits, elle joue le rôle de veille et d'alerte, de bons offices et de plaidoyer ; dans la résolution des conflits par contre, elle joue le rôle de négociateur et de dénonciateur ; et finalement dans le processus de renforcement de la paix durable, elle joue le rôle d'appui au renforcement de la confiance, d'appui à la réhabilitation des communautés et de la mise en oeuvre des politiques de réconciliation. Pour être efficace, il nous revient dans ce travail de vérifier sur le terrain l'application de ces différents rôles de la société civile dans la transformation des conflits et en dégager les difficultés d'application, les limites et les défis en s'appuyant particulièrement sur le cas de la société civile du Sud-Kivu. Abordant dans un sens presque similaire du précédent, Berchmans LABANA LASAY'ABAR(2011)37(*)  dans son article sur : « Le rôle des sociétés civiles dans la résolution des conflits et le maintien de la paix : cas de la société civile congolaise », part du constat de l'apparition d'un nouveau type d'acteur en matière de construction de la paix en RDC, qu'est la société civile, qu'il qualifie à la fois de victime, actrice et partieprenante dans les conflits. C'est dans cette suite que LABANA évoque trois arguments pour justifier l'implication de la société civile dans la résolution des conflits : le premier se base sur l'hypothèse selon laquelle, accepter le rôle d'actrice joué par la société civile dans un conflit, conduit à accepter sa participation au processus de résolution des conflits ; le deuxième argument est que la durabilité des solutions dépend de leur acceptation, de leur intégration et de leurs portées par la population, et enfin le troisième est que compte tenu du fait que la majorité des conflits ont pour cause le déficit de la légitimité de l'Etat, la participation de la société civile dans un processus politique conduit à accroitre cette légitimité et pari cochet à participer au règlement du conflit. Cela étant, sous un angle purement politique, LABANA, se propose d'étudier le rôle des sociétés civiles congolaises dans la résolution des conflits et le maintien de la paix en se focalisant sur les conflits de nature politique, oubliant le rôle que peut jouer cet acteur dans la résolution des conflits intercommunautaires compte tenu de la pluralité identitaire des acteurs qui l'anime. Ce à quoi nous nous proposons de s'intéresser dans le présent travail.

Mais, loin de là,Christiane KAYSER et Flaubert DJATANG (2018)38(*) en citant Catherine BARNES en contradiction avec les deux premiers ci-haut, montrent que la société civile joue un double rôle dans les conflits et la recherche pour la paix, ils appuient que tant cette dernière peut apporter un soutien de taille aux forces qui font la guerre, tant elle constitue à la fois une énergie très puissante dans la construction de la paix et de cela elle joue un rôle très capital à tous les niveaux de l'évolution de la résolution des conflits en accord avec le colloque régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale ; Catherine poursuit en montrant que la société civile participe à l'émergence d'un conflit et permet son éclosion de manière non-violente dans un soucis de susciter un changement nécessaire, il conclut en cela que le conflit dans une société est un moyen pour aboutir aux objectifs du changement social. Ainsi donc dans la consolidation de la paix les auteurs montrent que la société civile joue la fonction de plaidoyer aux côtés d'autres actions comme l'observation des droits de l'homme et d'autres activités conjointes faisant le pont entre les sociétés divisées. Ainsi donc, (NicaisesMuzinga, 2001; la Commission Justice et Paix Belge, 2010 ; International Alert, 2010; Arche d'Alliance et All, 2011 ; Search For Comon Ground,2014 et Bosco Muchukiwa,2016)soutiennent que dans les territoires d'Uvira et de Fizi des structures comme les Barza communautaires, les CCI (Cadres de Concertation Intercommunautaires), des structures féminines, des jeunes et coutumières ont été mis en place par les communautés soutenues par des ONG et le gouvernement en vue de s'impliquer dans la gestion quotidienne des conflits dans leurs communautés et discuter de la paix.

A cote de ces auteurs abordant la société civile comme acteur direct dans les processus de résolution de conflits et de la construction de la paix, beaucoup d'autres recherches ont été menées dans ce sens mais abordant la société civile comme une structure de plusieurs composantes d'acteurs et d'organisation oeuvrant dans un domaine particulier, mettant au premier plan les causes et les intérêts sociaux des communautés.Dans le cas d'espèce, il s'agira des structures de la société civile qui oeuvrent dans la résolution, la transformation, la gestion des conflits et la consolidation de la paix.

C'est ainsi que International Alert (2010)39(*)dans son article : « La Paix à petits pas ; Inventaire et Analyse des pratiques locales de paix à l'Est de la République Démocratique du Congo : cas du Nord et du Sud-Kivu » se focalise sur les initiatives locales de paix ayant été mises en place dans les deux provinces par les acteurs de la société civile pour gérer les conflits afin de faire face à la crise de justice et à l'augmentation des conflits. C'est dans ce sens qu'International Alert explique les initiatives locales de paix en collaboration avec certaines structures de la société civile dans la résolution des conflits sociaux et la promotion de la paix.

Dans ce même angle d'idée KAKULE PILIPILI Didier (2012)40(*)analyse les mécanismes de résolution des conflits fonciers dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu dans le cadre informel et extrajudiciaire, et démontre que le niveau de participation de la population locale à la production du droit réglementant la résolution des conflits fonciers de leur zone est consistant et assure que ``les associations de structures locales dans la résolution des conflits fonciers,...sont d'importance capitale'' ; analysant les facteurs qui expliquent la récurrence dans le recours à des mécanismes extrajudiciaires et de quelle façon la résolution extrajudiciaire peut agir sur l'issue des conflits fonciers, Kakule aboutit à des résultats tels que : le recours récurent à ces méthodes est due à la création du programme STAREC facilitant la cohabitation pacifique entre population, l'implication des ONG oeuvrant dans le domaine de la résolution des conflits, les solutions gagnant-gagnant que proposent ces mécanismes, les discrédits et l'éloignement des structures judiciaires ; il démontre en suite que la réussite des actions de ces structures dépend de deux conditions dont le crédit accordé aux médiateurs et la volonté des parties en conflit. Ces résultats de Kakule prouvent à suffisance combien le recours à des mécanismes alternatifs de gestion des conflits est important et efficaces dans la résolution des conflits entre communautés comparativement au recours à des mécanismes juridiques, ce qui nous pousse à orienter notre réflexion sur le rôle que peut jouer des tels mécanismes dans des conflits si délicats que sont les conflits intercommunautaires.

Dans leur suite, Niagalé BAGAYOKO et Fahiraman Rodrigue KONE41(*)rentrent plus loin et cherchent à comprendre l'implication des « Mécanismes traditionnels dans la gestion des conflits en Afrique Subsaharienne », ils trouvent en cela que ces mécanismes sont efficaces et constituent par ce fait des alternatives importants aux dispositifs nationaux et internationaux faisant face aux dynamiques conflictuelles en Afrique ; leur analyse parait très capital en ce sens qu'elle offre les clés de compréhension des principes de base et des acteurs animant le fonctionnement de ces mécanismes traditionnels en Afrique de l'Ouest, ils s'intéressent par la suite aux mécanismes participant à la gestion de cinq types de conflits, parmi lesquels : les conflits de proximité, les conflits de leadership, les conflits fonciers, les conflits intercommunautaires et les conflits intracommunautaires ; en questionnant sur la neutralité et la crédibilité des acteurs intervenant dans la régulation de ces conflits, etc.

En ce qui concerne la société civile et la transformation des conflits, il convient de noter que les auteurs ci-haut émergés parlent du rôle que jouent plutôt les structures ou composantes membres de la société civile de manière générale reprenant les actions entreprises dans ce sens par différentes ONG membres, laissant un flou sur la circonscription de la société civile comme acteur pris singulièrement. C'est dans ce flou conceptuel que la présente recherche trouve son originalité, en se focalisant sur le bureau de coordination de la société civile comme acteur de transformation des conflits, ce qui n'a pas été abordé par les différents chercheurs exploités.

L'analyse de la littérature exploitée ci-dessous revient également sur l'histoire des conflits intercommunautaires à Fizi, dans la province du Sud-Kivu et plus généralement en RDC en démontrant les facteurs ayant concourus à la dynamique de ces conflits, les acteurs surtout visibles ou directs de parts et d'autres, les initiatives entreprises pour apporter une solution à ces conflits et la manière dont s'est investie la société civile prise de manière générale, Barza intercommunautaire comprise dans la recherche de solution à ce conflit. Mais, certaines zones d'ombre méritentégalement un éclaircissement notamment : sur les acteurs indirects et leurs rôles dans l'alimentation de ces conflits intercommunautaires, sur le rôle que joue le bureau de coordination de la société civile pris singulièrement et la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation de ces conflits et sur les limites des initiatives précédentes de transformation des conflits ayant été entreprises par différents acteurs pour faire face à ces conflits. Voilà en quelques sortes, des préoccupations sur lesquelles se fonde notre recherche, et auxquelles nous porterons notre analyse tout au long de ce processus de recherche.

I.2. CONCEPTUALISATION

2.1. Le conflit

Pour Jean-Luc Marret cité par Patrice Kreidi, Le conflit peut se définir comme la « poursuite des buts incompatibles par différents groupes »42(*) Cette définition reste très limitée en ce sens qu'il ne tient compte que d'un seul élément de la définition qu'est l'incompatibilité des buts.

DiakonieKatastrophenhille et Brot fur dlewelt trouvent aussi que le terme « conflit » au sens large, désigne une mésentente entre des individus ou des groupes au sujet d'objectifs prétendument incompatibles. Ils poursuivent en disant que le conflit ne signifie pas nécessairement la violence, car dans sa forme constructive, le conflit est un moteur de changement, inévitable et créatif. Cependant, lorsque les conflits s'intensifient et les protagonistes en viennent à faire usage de la violence, c'est le potentiel destructif des conflits qui se déploie.43(*) Leur conception de conflit ne s'écarte pas tellement de la conception de Jean-Luc Marret en ce sens qu'ils reviennent aussi sur la poursuite par les parties des objectifs incompatibles, mais ils s'écartent du premier par le fait d'opposer les conflits à la violence en soulignant leur caractère constructif.

Jean-BatptisteDurosselle44(*) dans sa conception des conflits, revient sur trois définitions complémentaires de ces derniers, mais sous un angle international, qu'il convient de contextualiser :

1°) Le conflit désigne : Le choc entre des volontés opposées quels que soient les moyens envisagés ou utilisés par les adversaires pour assurer le triomphe de leurs ambitions.

Cette première définition de Durosselle s'intéresse beaucoup plus sur les sujets du conflit.

2°) Le conflit désigne : Les situations successives dans lesquelles deux ou plusieurs partenaires considèrent un objet comme un enjeu dont la possession (à conquérir ou à garder) mérite que l'on coure des risques.

Cette deuxième définition du conflit vient intégrer la notion de l'objet du conflit qui se transforme souvent en enjeu (qui est l'objet que l'on veut acquérir, ne le possédant pas et dont celui qui le possède veut par tous les moyens conserver.) ; cette deuxième définition se trouve aussi limitée en ce sens qu'elle ne tient pas compte des motifs qui poussent les acteurs à entrer en conflit. Ce qui donne sens à une troisième définition.

3°) Le conflit désigne : un ensemble complexe des tensions où l'action de l'homme d'Etat (d'une partie) qui s'accompagne des réactions émotionnelles collectives (de l'autre partie, peuple)

Ces définitions du conflit de Duroselle, combinées avec les deux précédentes nous permettent d'envisager le conflit dans la présente recherche comme : une divergence des points de vue, d'intérêts, d'objectifs,...entre deux ou plusieurs personnes, au sein d'une (conflit intracommunautaire) ou plusieurs (conflits intercommunautaires)communautés, au tour d'un objet (enjeu) biendéterminé, dans un espace, et à un moment donné.

2.2. Le conflit intracommunautaire

Il désigne une divergence de points de vue, d'intérêts, d'objectifs,...entre deux ou plusieurs personnes ou groupes de personnes au sein d'une même communauté, au tour d'un objet bien précis, dans un espace, et à un moment donné.

2.3. Le conflit intercommunautaire

Pour Bosco Muchukiwa, la notion des conflits intercommunautaires est un fourre-tout et désigne les antagonismes entre ethnies qui se battent au sujet de leur identité culturelle, des pâturages, de la reproduction des activités économiques, du contrôle des facteurs de production et de la gestion des entités modernes créées par l'administration coloniale.45(*)

Dans ce travail, ce concept sera employé pour désigner une divergence de points de vue, d'intérêts, d'objectifs,... entre deux ou plusieurs communautés, au tour d'un objet bien précis dans un espace et à un moment donné de l'histoire et se manifestant sous diverses formes.

2.4. La violence

DiakonieKatastrophenhilfe et Brot fur dlewelt montrent dans leur article sur la transformation des conflits et la construction de la paix que :

« Au sens large, la violence englobe des actes, des paroles, mais aussi des structures et des systèmes qui provoquent des dommages physiques, psychiques, sociaux ou écologiques, et empêchent les hommes d'atteindre leur potentiel intégral. Ce n'est pas seulement la violence ouverte des parties en conflit, mais aussi la violence cachée des structures oppressives qui entraînent beaucoup de souffrances et des destructions. Vaincre la violence et construire la paixsignifie alors modifier ces structures négatives qui se manifestent par exemple dans la discrimination, la privation de droits et de libertés, l'empêchement des chances. »46(*)

Contrairement à cette première définition de la violence, Herbert cité parMark Goodale nous donne une autre définition de la violence, un peu plus incomplète car tenant compte seulement de sa dimension physique, il montre que la violence est « l'exercice de la force physique de manière à causer des blessures à des personnes ou endommager des biens ; une action ou une conduite caractérisées par cela ; un traitement ou un usage qui tend à causer des blessures corporelles ou à interférer avec la liberté personnelle »47(*), en optant pour cette définition, Herbert oubli que la violence peut aussi être morale ou psychologique, spirituelle, conjoncturelle, structurelle, etc.,ce qui est aussi le cas de la plupart des violences intercommunautaires, parmi lesquelles on trouve celles entre les Babembe et les Banyamulenge.

2.5. La médiation

La médiation se définit comme l'action de mettre en relation, par un tiers appelé médiateur, deux personnes physiques ou morales appelées médiées, sur base des règles et des moyens librement acceptés par elles, en vue soit de la prévention d'un différend ou de sa résolution, soit de l'établissement ou du rétablissement d'une relation sociale.48(*)

Cette définition de la médiation permet de distinguer deux types ou modèles de médiation pratiqués à travers le monde : la médiation-facilitation et la médiation-évaluation

Dans la médiation-facilitation, le médiateur s'efforce de faciliter le dialogue entre les parties et d'aider chacune d'elles à comprendre le point de vue, la position et les intérêts de l'autre par rapport au différend.

Dans la médiation-évaluation, le médiateur émet sur le différend un avis non contraignant que les parties sont libres d'accepter ou de rejeter. C'est à elles de choisir le modèle de médiation qui sera suivi.

2.6. La négociation

Josée Latendresse49(*) définit la négociation comme étant un mode de résolution des conflits qui suppose que les personnes impliquées discutent de leurs besoins et de leurs intérêts en fonction d'atteindre une solution mutuellement acceptable. Ainsi comprise, elle consiste à traiter les litiges « sur le fond » plutôt que sur l'argumentation et prend comme prémisse que la meilleure option de la gestion d'un conflit est de déterminer l'intérêt commun où chacun est gagnant.

Pour Latendresse, la négociation permet de mettre l'emphase sur les intérêts et les objectifs communs des parties en conflit plutôt que de les polariser sur leurs positions initiales, elle permet aussi de mettre au premier plan la coopération à la place du compromis et de la compétition.

Ainsi comprise, dans la présente étude, ce terme sera utilisé pour insinuer un mécanisme de transformation des conflits auquel fait recours le bureau de coordination de la société civile et le Barza intercommunautaire sous le rôle de négociateur pour amener les parties au conflit à trouver une solution négociée à leurs problèmes.

La figure qui suit met en relation les différentes techniques du processus de traitement des conflits aux résultats des différentes approches de résolution des conflits.

Source :Josée Latendresse : « Faire face aux conflits » 

Figure 1 : Gamme de traitement des mécanismes des conflits

Se basant sur cette gamme de traitement des conflits, notre analyse va s'appuyer sur le quatrième niveau de la gamme : prévention et transformation des conflits, comprenant des mécanismes proactifs dont la négociation, la médiation et la réconciliation qui sont aussi réactives face à une situation de conflit.

2.7. La société civile / Bureau de coordination de la société civile

Reiner FORSTER et Mark MATTNER soutiennent que la société civile peut se définir comme un large éventail d'organisations non gouvernementales et non lucratives qui ont une présence dans la vie publique et qui expriment les intérêts et les valeurs de leurs membres ou d'autres basés sur des considérations ethniques, culturelles, politiques, scientifiques, religieuses ou philanthropiques.50(*)

La société civile est un concept très complexe, qui revêt différentes significations selon les auteurs, le contexte, les approches, l'espace et le temps dans lequel il est utilisé.

Se basant sur les diverses conceptions de la société civile par les auteurs comme : Renaud SAINSAULIEU, qui constate que la société civile postule deux espaces : public et privé, où au quotidien, les acteurs déploient leurs actions en vue de concourir à la transformation de leur société ; Claude Abé, qui d'un survol historique, trouve que la naissance de la société civile coïnciderait avec celle de l'Etat vers le XVIIèmesiècle, sous l'impulsion des philosophes comme Thomas Hobbes, pour qui la société civile est une totalité sociale qui inclue l'Etat avec lequel il se confond pour entrer en opposition avec la société naturelle, et John Locke, pour qui la société civile regroupe les personnes vivant ensemble, formant un même corps, soumises à une loi commune et d'un organe judiciaire auquel elles font recours.51(*) Paul Kadundu trouve que, « Ces diverses conceptions de la société civile illustrent bien la raison pour laquelle le concept de société civile ne peut pas mieux se comprendre au travers d'un prisme normatif avec des critères ou des conditions normatives.»52(*), conscient de ce constat, nous avons circonscrit opérationnellement dans la présente étude ce concept de société civile au Bureau de coordination de la société civile comme acteur.

Dans cette étude nos analyses s'intéresseront seulement sur le Bureau de Coordination de la Société civile du Sud-Kivu, sans pour autant considérer la société civile dans son angle le plus global comprenant toutes les structures qui la compose : ONGs, Confessions religieuses, Groupes de pression, etc. y compris la Barza intercommunautaire.

Ainsi compris, le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu est abordé dans cette recherche comme étant un ensemble composé des représentants de différentes organisations membres, regroupés en des composantes et groupes thématiques, coordonné par un bureau composé d'un président, d'un vice-président, d'un rapporteur titulaire, d'un rapporteur adjoint, d'un trésorier et des membres élus par ses différentes structures pour un mandat de 3 ans.

2.8. La Barza intercommunautaire

Jean ChrisostomeKiyala (2016)53(*) trouve que le mot Barza ou Baraza signifie une véranda en langue locale kiswahili de l'Est de la République Démocratique du Congo, et représente une structure traditionnelle locale de consolidation de la paix et de résolution des conflits.

S'appuyant sur le cas des Baraza du Nord-Kivu, il montre que la Baraza se compose du Baraza local opérant au niveaudes villages, des chefferies et du Baraza intercommunautaire regroupant les anciens au niveau provincial.

Kiyala poursuit en disant que le Baraza traditionnel fonctionnait comme une jurisprudence coutumière où les personnes qui violaient les normes et les coutumes ancestrales étaient convoquées par les anciens pour faire des réparations et se réconcilier avec les ancêtres. C'est ainsi qu'il trouve qu'à l'heure actuelle, laBaraza intercommunautaire du Nord-Kivu sert d'organe de consultation entre diverses communautés de cette province, parmi lesquelles il cite : les Hutu, les Kano, les Kumu, les Nande, les Nyanga, les Tembo, les Tutsi, etc.

Dans cette étude nous allons essayer de faire une petite rupture entre la barza intercommunautaire comme structure membre de la société civile pris de manière générale, avec le bureau de la coordination de la société civile, pris avec la barza comme acteurs intervenants dans la transformation des conflits entre communautés.

Il convient aussi de souligner que le terme « Barza intercommunautaire » d'après certains ouvrages consultés revêt le genre féminin, alors que les praticiens des activités de cette structure montrent que ce terme s'emploi toujours au masculin, ce qui montre une petite confusion dans l'emploi de ce terme. Dans la présente étude nous l'utiliserons parfois au masculin, parfois au féminin selon le contexte.

I.3. APPROCHES DE RESOLUTION DES CONFLITS

Patrice Kreidi note que, l'étude sur les conflits s'est trouvée abordée par plusieurs approches et écoles de pensées dans le but de les atténuer, de les gérer ou encore de les terminer.54(*) C'est ainsi qu'il note que trois approches principales de résolution des conflits peuvent être mobilisées dans les études sur les conflits. Il s'agit entre autres de :

- L'approche de la gestion des conflits ou de règlement des conflits : C'est une approche qui se focalise sur la gestion à court terme d'un conflit armé en identifiant les parties clés au conflit et en négociant ou en servant de médiateur aux accords de paix, mais peut aussi fournir une stabilité à long terme en mettant en place les bases nécessaires pour effectuer un travail dans la prévention des conflits.

- L'approche de la résolution des conflits : C'est une approche quis'emploie à s'attaquer aux causes du conflit en réparant le tissu social des communautés affectées par le conflit en améliorant les communications et les relations intergroupes.

- L'approche de la transformation desconflits :s'occupe de combiner la gestion des conflits à court terme avec la résolution des conflits à long terme et de transformer ainsi les causes du conflit. Cette dernière se veut plus complète, et prend en compte une plus grande variété d'acteurs.

Dans la présente étude nous nous focaliserons cependant sur l'approche de la transformation des conflits, une approche sur laquelle nous allons baser nos analyses tout en s'appuyant sur la théorie de transformation des conflits de John Paul LEDERACH appliquée dans le cadre de la résolution des conflits par le bureau de la coordination provinciale de la société civile du Sud-Kivu et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu entre les Banyamulenge et le Babembe.

I.4. THEORIE

La théorie de transformation des conflits de John Paul LEDRACH

D'entrée de jeu, il convient de noter qu'à travers cette théorie, John Paul LEDERACH se trouve être le premier inventeur et utilisateur du concept de transformation des conflits et cela depuis les années 1980, suite aux études effectuées par ce dernier en Amérique du nord, centrale et latine, en Afrique et en Asie. Dans cette théorie l'auteur capitalise son expérience de plus de vingt ans de recherche sur les conflits, la réconciliation et la consolidation de la paix.55(*)

Il convient de noter ici que cette théorie de transformation des conflits a pour but de déclencher le changement constructif dans un milieu affecté par les conflits, ce qui constitue le coeur de toute action de transformation des conflits.

Pour Lederach, « la transformation des conflits consiste à envisager et à répondre aux flux et reflux [le mouvement des éléments en arrière qui succèdent à un mouvement en avant] des conflits comme opportunités vitales pour créer des processus de changement constructifs qui réduisent la violence, renforcent la justice dans les interactions directes et les structures sociales, et répondre aux problèmes de la vie réelle dans les relations humaines.»56(*)

La définition de Lederach touche à la fois à plusieurs aspects et notions clés de la transformation des conflits.

Tout d'abord, le conflit est ici envisagé comme un phénomène naturel, normal, dynamique et continu au sein des relations humaines ; il apporte avec lui le potentiel de croissance constructive. Pour un changement positif, l'engagement avec cette opportunité est nécessaire.

Deuxièmement, le conflit à un rythme et un schéma ; il y a escalade et désescalade. Ensuite, les conflits découlent des relations et y reviennent, faisant des relations le centre de transformation des conflits.

Dans l'étude de cette théorie nous allons nous concentrer plus sur son analyse notamment en ce qui concerne son objet, son champ d'application et les types de capacités à développer pour induire la transformation des conflits aux niveaux individuel, relationnel, sociétal et culturel.

En cequi concerne les spécificités de cette théorie de transformation des conflits de John Paul Lederach, Bosco Muchukiwa note que :

« Le développement que John Paul Lederach fait de sa théorie permet de la considérer à la fois comme une approche pratique et un cadre analytique. Comme cadre analytique, la théorie de la transformation des conflits est développée par l'auteur pour contribuer à comprendre le conflit social, comment ce dernier émerge et produit le changement aux niveaux personnel, relationnel, structurel et culturel au cours de l'existence humaine. Pour mieux expliquer le conflit social, il sied de considérer la théorie de la transformation des conflits comme une grille de lecture qui adresse à la fois l'épisode du conflit, l'épicentre duconflit, le pic du conflit, les ondes du conflit et le dilemme en vue de trouver les plateformes pour atteindre le changement désiré. »57(*)

Il convient donc dans cette analyse de circonscrire ce que nous entendons par ces différents concepts constituant les éléments de cette grille de lecture à la lumière de John Paul Lederach :

1. L'épicentre du conflit : C'est l'endroit où l'énergie du conflit est sortie pour la première fois ;

2. L'énergie du conflit : L'énergie du conflit dans la relation humaine est déclenchée par l'épisode du conflit et s'étend sur un espace géographique donné ;

3. L'épisode du conflit : C'est donc l'étendue ou l'espace couvert par le conflit. C'est en d'autres termes la géographie du conflit ;

4. Le pic du conflit : c'est l'étendue couverte par le conflit dépendamment de son intensité (qui est le seuil ou le niveau atteint par le conflit).

A ces quatre on ajoute d'autres concepts également très importants que sont :

ü Le dilemme du conflit : c'est la position opposée au tour d'un enjeu qui brouille et empêche le conflit d'être dénoué, de réduire ses dégâts destructeurs et de trouver une issue constructive ;

ü La communauté : elle désigne la population touchée ou affectée par le conflit dans le but d'évaluer ses effets destructeurs et constructifs.

Lederach soutient alors ici que le conflit possède au-delà d'une force de destruction, un potentiel non négligeable de croissance pour le changement social. C'est ainsi que B.Muchukiwa affirme que ce « potentiel constructif est un levier sur lequel les intervenants dans le domaine de la transformation des conflits doivent s'appuyer et ainsi développer le dialogue, le plaidoyer, les approches non-violentes, les unités de transformation, l'analyse de contexte, l'analyse et la compréhension du conflit, la tolérance, le pluralisme, la médiation et la création des nouvelles pistes de base des modèles préexistants. »58(*)

Pour Jean-Paul Lederach, le conflit et le changement sont tous deux la réalité, et les conflits ont un impact sur les situations et changent les choses dans ces quatre grandes catégories :

· Personnel : minimiser les effets destructeurs de conflits sociaux et maximiser le potentiel pour la croissance et le bien-être de l'individu aux niveaux physique, émotionnel, intellectuel et niveau spirituel;

· Relationnel : minimiser la mauvaise communication, maximiser la compréhension et travailler avec les craintes et les espoirs liés aux émotions et à l'interdépendance dans la relation ;

· Structurel : comprendre et traiter les causes profondes et les conditions sociales qui donnent lieu à des violences et autres expressions néfastes de conflits et promouvoir les mécanismes de la non-violence ; et

· Culturel : Identifier et comprendre les modèles culturels qui contribuent à l'essor des expressions violentes des conflits et s'appuyer sur des ressources pour répondre de manière constructive et gérer les conflits.

Revenant sur la notion de l'identité dans cette théorie, John Paul LEDERACH montre qu'il convient d'ajouter le concept d'identité à ceux développés précédemment, car cette dernière est au coeur de bon nombre des conflits à la base de l'épicentre et de l'épisode des conflits ; par la suite, Lederach montre qu'avant de passer à la transformation des conflits, l'élément identitaire qui représente le caractère doit être pris en considération et après avoir identifié le potentiel de transformation des conflits, il convient de se fixer l'objectif de l'intervention, préciser en suite son importance ainsi que ses rapports en vue de réduire le conflit violent.

John Paul envisage la consolidation de la paix dans cette théorie comme un processus intégrant différentes fonctions, rôles et stratégies employés par différentes personnes à différentes étapes de la progression de conflit. Il articule cela sous la forme d'une pyramide (voir figure 2) sur la base d'où les individus (les parties en conflit et les bâtisseurs de la paix) se trouvent dans un système et les approches qui fonctionnent le mieux dans un secteur / niveau particulier de la société.

Source : Syllabus Cours de Sociétés Pacifiques et Systèmes de Paix

Figure 2 : La pyramide de Transformation des conflits de John Paul Lederach

La pyramide donne une idée sur la façon dont une population entière affectée dans un contexte desconflits internes est représentée par des dirigeants, d'autres acteurs, ainsi que par les rôles jouéspar ceux-ci dans le traitement de la situation. Le sommet, ou leadership de haut niveau, représente le moins des personnes, dans certains cas peut-être seulement une poignée d'acteurs clés. La base de la pyramide représente le plus grand nombre de personnes, c'est ici que toute la population est représentée en générale. Sur le côté gauche de la pyramide se trouvent les types de dirigeants et les secteurs dans lesquels ils proviennent à chaque niveau. À droite, les activités de transformation que les dirigeants à chaque niveau peuvent entreprendre.Il est difficile pour le plus haut niveau d'arriver à des solutions créatives car il est souvent bloqué quant à la prise de position et subit une pression énorme pour maintenir une « position de force »vis-à-vis des adversaires et de ses propres circonscriptions. Le leadership de niveau intermédiaire est connecté à la fois à la base et à la direction de haut niveau et c'est sa plus grande force.Le leadership à ce niveau n'est pas nécessairement basé sur le pouvoir politique ou militaire et cela donne aux intermédiaires une plus grande flexibilité et une marge de manoeuvre. Ainsi, la plage moyenne, si correctement intégrée, pourrait fournir la clé de la création d'une« infrastructure » pour maintenir la paix. La pyramide a été l'un des premiers modèles à traiter la consolidation de la paix et a donc été considérée comme une contribution importante de Jean-Paul dans le domaine de la transformation des conflits.59(*)

Cette théorie va nous servir dans la présente étude, au quatrième chapitre dans la comparaison des rôles joués par différents acteurs à différents niveaux et les approches qu'ils utilisent en vue de la construction de la paix.

CHAPITRE II. MATERIELS ET METHODES

2.1. TYPE D'ETUDE

Dans cette recherche, nous avonsdéveloppé une étude à la fois descriptive et analytique basée sur des actions qui ont été menées dans le cadre de la transformation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge par le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu et la Barza intercommunautaires du Sud-Kivu

2.2. METHODOLOGIE

Dans cette recherche, nous avons utilisé une méthodologie mixte faisant recours à la fois à des méthodes et des techniques qualitatives d'une part, et d'autre part, à des méthodes et des techniques quantitatives dans la collecte, l'analyse et l'interprétationdes données.

2.2.1. Méthodes

La méthode étant un moyen de parvenir à un aspect de la vérité, de répondre plus particulièrement à la question « comment », est liée au problème de l'explication.60(*)

Dans le cadre d'analyse de ce sujet de recherche, nous avons fait recours aux méthodes suivantes :

1.1. La méthode historique

Cette méthode nous a facilité dans l'analyse des faits historiques des conflits intercommunautaires vécus dans la province du Sud-Kivu et des mécanismes ayant oeuvrés pour tenter de les maitriser au sein de ces communautés.

1.2. La méthode comparative

Cette méthode, nous a permis de comparer des actions que la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu et le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu mettent en place pour faire face aux différents conflits qui surgissent entre communautés.

2.2.2. Techniques

G. Kuyunsa et S. Shomba, montrent que la technique est l'ensemble des procédés exploités par le chercheur dans la phase de collecte des données qui intéressent son étude.61(*)

G. William de son côté montre que les techniques sont des outils utilisés dans la collecte des informations (chiffrées ou non) qui devront plus tard être soumises à l'interprétation et à l'explication grâce aux méthodes62(*)

Dans la réalisation de cette étude, nous nous sommes servis des techniques suivantes :

2.1. La technique de l'interview

L'interview étant selon R. Pinto et M. Grawitz, une forme de communication établie entre deux personnes qui ne se connaissent pas, ayant pour but de recueillir certaines informations concernant un objectif précis. Pour ces auteurs, c'est aussi un procédé d'investigation scientifique, utilisant un processus de communication verbale, pour recueillir des informations, en relation avec le but fixé.63(*)

Cette technique nous a permis d'entrer en contact direct avec des individus détenant des informations pouvant nous aider à bien analyser et comprendre cette thématique.

De ce fait, nous avons eu a réalisé 6 interviews sur les thèmes : généralités sur les conflits intercommunautaires à Fizi, rôle de la barza intercommunautaire dans la transformation des conflits, rôle du bureau de coordination de la société civile dans la transformation des conflits et les limites des approches précédentes de transformation des conflits.

2.2. La Technique d'enquête par questionnaire

Cette technique nous a permis de recueillir des informations importantes cadrant avec notre sujet de recherche, Elle nous a permis de vérifier les items reçus lors des entretiens pour les mesureret les comparer avec la conception de la population sur certains points à travers un questionnaire d'enquête à questions fermées.

2.3. La technique de l'analyse documentaire

Cette technique nous a permis d'analyser les différents documents ayant trait avec notre thématique à fin d'y dégager des éléments importants pouvant contribuer à l'explication et à la compréhension du phénomène que nous avons analysé dans ce travail.

2.4. La technique de l'analyse du contenu

D'après Berelson, cité par M. Grawitz, l'analyse du contenu : « C'est une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des communications, ayant pour but de les interpréter »64(*)

Cette technique nous a permis d'analyser le contenu des entretiens réalisés dans le cadre de cette étude.

2.3. SITE

Présentation du terrain

Notre terrain de recherche est constitué du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu,que nous présentons brièvement dans le chapitre 3 du présent travail. On présente également le territoire de Fizi dans ce travailqui constitue notre milieu d'étude, bien que nousn'y ayons pas effectué une descente.

a. Présentation conceptuelle

Le territoire de Fizi est situé dans la province du Sud-Kivu en RDC, il partage administrativement ses frontières avec le territoire d'Uvira au nord, le territoire de Mwenga et Shabunda à l'ouest, le territoire de Kalemie (ex Katanga) au sud et borné à l'est par le Lac Tanganyika au-delà de la presque ile d'Ubwari. Ce territoire est divisé en quatre secteurs administratifs dont : les secteurs de Lulenge, Ngandja, Mutambala et Tanganyika.65(*)

Ce territoire est habité par six tribus considérées comme autochtones dont : les Babembe sont majoritaires et constitue la principale tribu aux cotés des Bajhoba, Babwari, Babingya, Bagoma et les Bazimba ; ainsi que les Banyamulenge qui est un peuple d'origine Rwandaise, qui y sont minoritaires et considérés comme des allochtones.

b. Présentation physique du territoire de Fizi (voire annexe 3 et 4)

2.4. ECHANTILLONNAGE

a. Taille de l'échantillon

Notre population d'étude était constituée pour cette recherche de 90 personnes dont : 10 interviewés parmi lesquels 3 au bureau de coordination, 3 à labarza et 4 des mutualités de ces communautés, et 80 enquêtés tous membres des deux communautés d'étude.

Parmi les 3 interviews prévues au bureau de coordination de la société civile, une seule a été organisée avec la présidente de l'organisation, les deux membres représentant les deux communautés dans cette structure n'ont pas été interviewés, étant inactif dans le bureau depuis un temps pour l'un (Bembe) etabsent dans la ville pour l'autre (Munyamulenge).

Toutes les 3 interviewsprévues au bureau de laBarza intercommunautaire dont celles avec deux membres représentant les communautés concernées et une avec le président de la Barza ont été réalisées.

Parmi les 4 interviews prévues avec les leaders de ces communautés vivant à Bukavu dont 2 des Banyamulenge et 2 des Babembe, deux ont été réalisées.

Ainsi, parmi les dix entretiens prévues, 6 ont été réalisées et nous ont parmi d'analyser notre sujet.

En ce qui concerne les enquêtes, 80 jeunes ont été enquêtés dont 40 Bembeet 40 Banyamulenge.

Ici l'échantillon a été pris aléatoirement compte tenu du manque des données statistiques précises sur le nombre exact des membres de ces communautés à Bukavu et l'impossibilité d'organiser ces enquêtes avec tous les membres de ces communautés.

Ainsi donc, l'enquête s'est déroulé à Bukavu du 15/11, au 21/11/2020, compte tenu des problèmes d'insécurité, d'exigences sanitaires liées à la Covid-19, du temps et des difficultés financières, nous n'avons pas opté pour une décente sur terrain à Fizi, notre milieu d'Etude.

Tous les 80 questionnaires expédiés ont été remis et bien complétés par les enquêtés, donc aucun cas de déperdition de questionnaire n'a été relevé.

b. Critères d'inclusion

En ce qui concerne les interviews, il suffisait sauf pour les présidents des deux structures d'étude, d'être membre de la communauté deBabembe ou de Banyamulenge et avoir la volonté de participer à cette recherche. Pour les leaders communautaires, il suffisait d'appartenir à la mutualité de ces deux communautés d'étude.

Pour les enquêtes, il suffisait seulement d'être membre de ces communautés, d'avoir vécu à Fiziau moins une année de ces 23 dernières années, et d'avoir la volonté de participer à notre enquête. La plupart de ces enquêtés était des étudiants rencontrées dans les Universités et Instituts Supérieurs de la place, d'autres, on les rencontrait justement dans la route et dans leurs maisons d'habitation.

2.5. VARIABLES A ETUDIER

Dans cette étude nous nous sommes focalisés sur l'étude de deux variablesclés dont : le conflit intercommunautaire et la transformation des conflits.

a. Variable explicative : C'est celle dont la variable expliquée dépende. Dans un sujet ou thème de recherche, c'est celle qui est à la base de. Dans le cas de notre recherche ici, il s'agit bel et bien du conflit intercommunautaire qui est notre variable indépendante.

b. Variable expliquée : C'est celle dépendante de la variable explicative. C'est la conséquence donc de la variable explicative. Dans ce travail, la variable expliquée c'est bien la transformation des conflits entre ces communautés par ces deux structures.

2.6. ANALYSE DES DONNEES

Cette étude étant à la fois quantitative et qualitative, nous avions recouru en ce qui concerne le traitement des données qualitatives à une analyse manuelle (papier-crayon) du contenu des entretiens et des documents que nous avions utilisé, mais en ce qui concerne les données quantitatives, nous avions recouru à Excel et Word pour constituer la base desdonnéeset le traitement des données.

2.6. DIFFICULTES RENCONTREES

Dans la réalisation du présent travail de recherche, nous nous sommes heurtés à un certain nombre des difficultés et qui ont eu un impact sur le temps de la réalisation de cette oeuvre. Parmi ces difficultés nous avons :

ü L'insuffisance de moyens financiers pour faire une décente dans le territoire à Fizi, pour s'enquérir de la situation des conflits intercommunautaires sur place ;

ü L'insuffisance des ouvrages, des articles, des rapports, des travaux de fin de cycle et des mémoires cadrant avec notre thématique de recherche à la bibliothèque centrale de l'UCB ;

ü L'indisponibilité et les reports des rendez-vous d'enquête et d'entretien dans certaines organisations de recherche ciblées ;

ü La longue période de maladie et le décès de notre Père biologique a eu un impact négatif sur le plan moral, financier et sur le temps de la réalisation de ce travail ;

ü Etc.

2.7. CONSIDERATIONS ETHIQUES

Dans la récolte tout comme dans l'utilisation des résultats de cette recherche, l'anonymat de nos personnes ressources a été garantie et respecté tant sur le questionnaire d'enquête, que sur le guide d'entretien. L'élaboration des outils de récolte des données a été faite de manière à ce qu'il y ait une forte sécurité des identités des enquêtés et des interviewés, car la question abordée dans cette recherche est aussi sensible de telle sorte que l'identité de personnes participant à la recherche méritait une très bonne sécurité.

Nous avons pris le soin de demander aux interviewés leur autorisation d'enregistrement de l'entretien avant le début de ce dernier.

2.7. UTILISSATION DES RESULTATS

Comme souligné précédemment les résultats de cette recherche seront utilisés à deux niveaux :

a. Sur le plan théorique ou scientifique

Cette étude va servir aux futurs chercheurs, de base d'analyse dans le cadre d'action ou de mise en place des actions en vue de participer à la transformation sociale des sociétés en conflit.

b. Sur le plan pratique ou social

Ce travail constitue un outil d'appui et d'orientation des actions des populations et des acteurs sociaux de paix en vue de la transformation positive de leur milieu, de leur environnement social, de leur relation et de leurs attitudes.

CHAPITRE III. PRESENTATION DES RESULTATS

Le contenu de ce chapitre, est le résultat d'un long processus de collecte et d'analyse des données qualitatives et quantitatives, parmi lesquelles nous trouvons les données issues des sources documentaires, de l'internet, des enquêtes de terrain et des entretiens.

Tableau n°1 : Présentationdes enquêtés suivant leurs identités

Paramètres

Effectifs

Pourcentages

Communauté d'appartenance

Babembe

40

50

Banyamulenge

40

50

Age des enquêtés

De 18 à 3O ans

59

73.75

De 31 à 45 ans

18

22.5

De 46 à plus

3

3.75

Sexe des enquêtés

Masculin

64

80

Féminin

16

20

Etat civil des enquêtés

Célibataire

59

73.75

Marié

19

23.75

Veuf (ve)

2

2.5

Niveau d'étude des enquêtés

Certificat

3

3.75

Diplôme d'Etat

34

42.5

Grade

29

36.25

Licence

13

16.25

Autre

1

1.25

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire : il ressort de ce tableau en ce qui concerne la participation des deux communautés d'étude que, sur un total de 80 enquêteurs, 40 soit 50 % desenquêtés sont de la communauté Bembe et les 40 autres, soit 50% sont issus de la communauté Banyamulenge, ce qui montre un équilibre dans les informations recueillies ;En ce qui concerne la tranche d'âge,il ressort de ce tableau que, notre enquête a connu la participation en majorité de la population dont l'âge varie entre 18 et 30, soit 73.75%, ce qui est dit au fait que la majorité de nos enquêtésété des étudiants ; Concernant le sexe, 64 enquêtés du sexe masculin soit 80% ont eu à participer auxenquêtes contre 16 de sexe féminin, soit 20% ; A noter aussi que 59 de nos enquêtés étaient des célibataires soit 73.75% le score le plus élevé de la variable état civil ; En fin, il ressort de ce tableau que 42.5% soit 34 de nos enquêtés ont un niveau d'étude de diplômé d'Etat, soit la majorité de nos enquêtés.

Section I. GENERALITES SUR LES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES A FIZI

I.1. Bref aperçu sur le conflit entre les Babembe et le Banyamulenge à Fizi

Les conflits intercommunautaires opposent dans les territoires de Fizi, Uvira et Mwenga, respectivement dans leurs hauts et moyens plateaux, depuis des années les communautés dites autochtones (Babembe, Bavira, Bafuliru, Balega, Banyindu, etc.), contre les communautés dites allochtones (Banyamulenge et Barundi).

D'après Bosco Muchukiwa et M. Kasagwe66(*),certains auteurs les situent à l'époque coloniale, d'autres par contre s'y opposent et s'accordent plutôt sur le fait que ces conflits intercommunautaires sont apparus suite à la fragilité des Etatsen Afrique après la colonisation. Mais il convient de noter que ces deux versions historiques sur l'origine des conflits intercommunautaires dans les hauts et moyens plateaux de Fizi, ne suffisent pas à elles seules pour expliquer cette réalité aussi complexe et dynamiquedu phénomène conflictuel dans cette zone.

Faisant une rétroprojection dans l'histoire, B. Muchukiwa trouve que les conflits foncier et de territoire qui opposent ces deux communautés depuis 1979 sont alimentés par des éléments comme : les tributs sur les pâturages, le désir du pouvoir traditionnel et moderne pour la gestion des entités administratives et le contrôle des recettes issues des marchés locaux.67(*)

Les banyamulenge dénoncent la discrimination dans la délimitation des territoires administratifs par les colonisateurs belges et réclament la création des nouvelles entités administratives rectifiant les irrégularités discriminatoires et sans fondement entretenues par les colonisateurs belges. Ce à quoi les autochtones parmi lesquels les Babembe s'opposent catégoriquement, soutenant que le processus de délimitation territoriale et administrative a été totalement achevé par les colons belges et ne nécessite aucune révision68(*). Cela constitue un véritable point d'opposition, si pas le principal entre les deux communautés en conflit à Fizi.

En ce qui concerne ces conflits intercommunautaires à Fizi, le représentant de la communauté Banyamulenge dans le Barza note que, «Les Babembe et les Banyamulenge, sont deux communauté voisines ; qui ont cohabités dans l'harmonie et dans la cohésion depuis des longues années,...mais avec le temps, il y aeu des conflits qui sont nés, et qui étaient au départ sociaux, qui vont dégénérés et créer des conflits qui vont devenir aujourd'hui politiques, engendrant des affrontements entre les deux communauté et dont l'objet principal reste l'inacceptation mutuelle entre les membres des communautés en question,... »69(*)

De ces propos, on retient que le principal facteur des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge c'est tout d'abord l'inacceptation mutuelle intercommunautaire utilisée par les politiques pour alimenter les conflits en vue de leur positionnement. Ce qui est totalement différent, mais complémentaire de l'avis du représentant de la mutualité de Babembe qui estime que, « les conflits qui opposent les Babembe, qui sont majoritairement agriculteurs et les Banyamulenge, qui sont majoritairement éleveurs, surgissent pendant la transhumance,... au cours de ce déplacement, leurs vaches entrent dans les champs de Babembe et ravagent les produits. D'où les Babembe en réaction tuent les vaches, et après ces actes, les Banyamulenge réagissent et ça provoque les morts d'hommes de deux cotés »70(*) 

De ces propos, on retient que, pour les Babembe, au-delà d'autres facteurs, la transhumance reste l'un des principaux facteurs du conflit les opposant aux Ba nyamulenge, contrairement aux Banyamulenge qui estiment que ça serait l'inacceptation mutuelle.

I.2. Facteurs (causes) et conséquences

2.1. Facteurs des conflits intercommunautaires à Fizi

a. La transhumance

La transhumance c'est le déplacement du bétail d'un lieu vers un autre à la recherche du pâturage. Ce mouvement constitue cependant un problème dans le territoire de Fizi où, deux communautés qui sont dans le même territoire et dans le même pays, mais qui se trouvent différemment adaptées du point de vue mode de vie. La survie de Babembe dépendant de leurs activités agricoles entreprises, contrairement aux Banyamulenge dont la survie dépend de l'élevage qu'ils développent.

Le noeud du problème réside au niveau du déplacement du bétail par les Banyamulenge à la recherche du pâturage. Les Bembe étant sédentairement des agriculteurs, alors queles Banyamulenge sont naturellement des éleveurs, souvent envahisseursd'espaces et nomades. Ce déplacement du bétail des banyamulenge conduit leurs vaches à ravager et détruire les champs des agriculteurs Bembe, ce qui conduit ces derniers à développer des mécanismes de réponse conduisant l'extermination du bétail des Banyamulenge, et c'est là le début d'un cycle de violence entre ces communautés.

b. La revendication territoriale

Ce facteur est parmi les principaux facteurs évoqués dans l'alimentation des conflits intercommunautaires à Fizi, a en croire une source de la mutualité Babembe interviewé lors nos recherches qui a requis l'anonymat, estimant que « les banyamulenge cherchent un espace car ils ont cette tendance de dire qu'ils voulaient avoir une partie du sol leur appartenant, en oubliant que les propriétaires foncier du territoire de Fizi ce sont les Babembe dans la majorité des groupements »71(*)

L'érection de Minembwe en commune rurale (en 2016), la récente installation des animateurs de cette commune (en 2020) et les réactions qui s'en est suivi d'abord au conseil des ministres, conduisant à la suspension par le président de la république du procès-verbal de l'installation des animateurs de cette nouvelle commune rurale ; en suite à l'assemblée nationale, avec l'interpellation du Ministre de la décentralisation et des affaires coutumières fils de la commune à problème et membre de la communauté Banyamulenge, et en fin à l'assemblée provinciale du Sud-Kivu, avec l'interpellation du ministre provincial de l'intérieur, montre toute la pertinence de cette question dans la dynamique de ce conflit.

c. L'identité

Autant que la transhumance, la revendication territoriale ou le foncier, l'identité constitue également un facteur très capital dans la dynamique des conflits intercommunautaires entre les banyamulenge et le Babembe à Fizi. Au tour de leurs identités les milices se créent, les violences et les massacres se font de part et d'autres.

Ici, les Babembe ont du mal à accepter les banyamulenge comme étant des congolais parlant la langue rwandaise, plusieurs d'entre les Babembe conçoivent les Banyamulenge comme étant des réfugiés Rwandais vivant au Congo. Dans un entretien organisé à ce sujet, un membre de la mutualité de Babembe souligne que : « chez nous à Fizi, il n'y a pas des Banyamulenge,...le kinyamulenge (Banyamulenge) n'existe pas à Fizi, il n'y a que le Kinyarwanda (Banyarwanda),...il y a plutôt des réfugiés rwandais qui sont utilisés par le pouvoir du Rwanda pour nous déstabiliser »72(*), ces propos prouvent à suffisance la considération qu'a le problème de l'identité dans la dynamique de ces conflits, ce qui pousse les Banyamulenge à dire que l'un des principaux facteurs de ce conflits, c'est l'inacceptation mutuelle, comme nous le verrons ici-bas. 

d. L'inacceptation mutuelle

Tout comme le foncier, la transhumance, l'identité, l'inacceptation mutuelle constitue également un facteur capital dans la dynamique des conflits entre les Banyamulenge et lesBabembe à Fizi, ce qui constitue une menace terrible à la cohabitation entre ces communautés qui sont désormais appelées à vivre ensemble pour toujours.

Dans un entretien organisé avec un membre de la communauté banyamulenge, l'interviewé postule à ce sujet que : « le principal facteur c'est d'abord l'inacceptation mutuelle, c'est-à-dire, ils ne s'acceptent pas et vous pouvez même en guise d'exemple, voir sur les réseaux sociaux comment les Babembe déclarent, ils n'acceptent pas aussi la cohabitation et c'est de cette façon que ça crée la violence.»73(*)

e. La manipulation politicienne

En quête du positionnement politique au niveau provincial, national et international, les leaders politiques de tout bord utilisent abusivement leurs moyens, leurs pouvoir et leur position pour manipuler certains jeunes et les leaders communautaires et coutumiers de ces communautés dans le but de tirer profit dans ces conflits et de déstabiliser la zone pour des raisons qu'eux-mêmes connaissent.

Toutes les personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenus, soutiennent que les politiciens jouent un rôle très important dans le financement des milices tribales au travers desquelles ils tirent des avantages fiscaux et politiques d'une façon directe ou indirecte.

Tableau n°2 : Conception des enquêtés sur les facteurs des conflits intercommunautaires à Fizi.

Paramètres

Effectif

Pourcentage

Identité

20

25

Inacceptation mutuelle

22

27.5

Foncier

17

21.25

Transhumance

21

26.25

Autre

0

0

Total

80

100

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire : il ressort de ce tableau que le facteur principal qui alimente les conflits intercommunautaires entre les Banyamulenge et les Babembe à Fizi, c'est l'inacceptation mutuelle entre les membres de ces deux communautés soeurs avec un score de 27.5% ; mais il faut noter aussi le rôle important joué par ces autres facteurs comme la transhumance 26.25%, l'identité 25% et le foncier 21.25%.

2.2. Conséquences et manifestation des conflits intercommunautaires à Fizi

Les conflits intercommunautaires à Fizi se manifestent souvent dans les conséquences humaines, matérielles, environnementales, sociales et économiques que ces conflits posent.

Sur le plan social, l'on constate une rupture totale de la cohésion sociale entre les deux communautés se manifestant par la haine, les violences entre les membres des deux communautés, les guerres entre les milices elles-mêmes, et entre les milices et l'armée régulière, les stéréotypes développés de part et d'autres, l'absence des mariages interethniques, etc. ;

Sur le plan environnemental, l'on constate la destruction et les incendies provoquées des villages entiers, la destruction des forets et l'exploitation irrationnelle de leurs ressources, etc. ;

Sur le plan économique, l'on retient les pillages des villages, la perception des taxes illégales, la destruction des champs, de bétail quasiment rasié, etc. ;

Sur le plan humanitaire, on note les déplacements des populations causant des sérieux problèmes de santé suite au manque des structures sanitaires dans le milieu d'arrivé, les tueries et les massacres de la population civile, la violation des droits de l'homme, etc.

Dans son rapport du 10 août 2020, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme en RDC, revenant sur les conséquences de ces conflits, «  documente la destruction d'au moins 95 villages, 128 décès dû à des exécutions sommaires et extrajudiciaires, 47 victimes de violences sexuelles, et le pillage et l'abatage des milliers de têtes de bétail. Cette violence a conduit à une situation humanitaire désastreuse, avec plus de 110000 personnes déplacées.»74(*)

Tableau n°3: Conception des enquêtés sur les conséquences/manifestations des conflits intercommunautaires à Fizi.

Paramètres

Effectif

Pourcentage

Violences intercommunautaire

46

57.5

Guerres entre milices

25

31.25

Pillages et incendies

9

11.25

Autre

0

0

Total

80

100

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire :Il ressort de ce tableau que la majorité de nos enquêtés soit 57% notent que ces conflits se manifestent principalement sous forme de violences réciproques entre les deux communautés, 31.25% pensent par contre qu'ils se manifestent sous forme des guerres entre les milices, et les 11.25% restants pensent quant à eux qu'ils se manifestent sous forme de pillages et incendies.

I.3. Acteurs indirects dans les conflits intercommunautaires à Fizi

Plusieurs types d'acteurs apparaissent indirectement dans l'alimentation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi. Parmi ces acteurs invisibles dans ces conflits, on peut identifier sur base des résultats d'entretiens organisés avec les acteurs de ces communautés, les membres du Barza intercommunautaire et du Bureau de coordination de la Société Civile : les leaders politiques nationaux et provinciaux de ces communautés, les autorités coutumières, les dirigeants des pays voisins, la diaspora,... qui dans l'ombre participent indirectement et d'une manière invisible au financement des groupes armés de leurs communautés respectives, à la mobilisation au tour de l'identité et de l'autodéfense pour convaincre les jeunes à rejoindre leurs groupes armés en leurs fournissant des moyens matériels important ; il y a aussi dans cette catégorie les militaires hauts-gradés de l'armée nationale congolaise membres de ces communautés, qui apportent un soutien stratégique important aux groupes armés de leur obédience identitaire ; etc.

Tableau n°4 : Conception des enquêtéssur les acteurs invisibles ou indirects dans la dynamique des conflits intercommunautaires à Fizi.

Paramètres

Effectif

Pourcentage

Leaders religieux

2

2.5

Diaspora

3

3.75

Leaders politiques

48

60

Leaders coutumiers

27

33.75

Autre

0

0

Total

80

100

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire :Il ressort de ce tableau que 60% des enquêtés pensent que les leaders politiques sont les acteurs indirects principaux participant à l'alimentation des conflits entre les Babembe et les Banyamulenge d'une manière non directive.

Section II. ROLE DE LA BARZA INTERCOMMUNAUTAIRE DU SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES

Dans cette section, nous allons analyser les trois niveaux de l'approche detransformation des conflits utilisée par le barza intercommunautaire du Sud-Kivu, en suite nous allons voir les stratégies d'intervention qu'utilise le Barza intercommunautaire dans la transformation des conflits, et en fin nous allons analyser les rôles que joue le barza intercommunautaire dans la transformation des conflits intercommunautaires.

II.1. Approche de transformation des conflits du Barzaintercommunautaire du Sud-Kivu

Le barza intercommunautaire du Sud-Kivu est une structure intercommunautaire de la province du Sud-Kivu regroupant en son sein les représentants des mutualités tribales non seulement de la province du Sud-Kivu, mais aussi ceux des mutualités des ressortissants d'autres provinces de la RDC. Au départ COMUSKI75(*) (Coordination des Mutuelles du Sud-Kivu), cette structure avait comme objectif de paix, celui de régler les différends entre les membres des différentes communautés ou mutualités conformément à la coutume.

Actuellement laBarza intercommunautaire du Sud-Kivu est composée de plus de 26 associations tribalo-ethniques vivant au Sud-Kivu, elle est dirigée par un comité de coordination composé d'un président-coordinateur, de trois vices présidents-coordinateurs, de trois secrétaires, de deux trésoriers, de trois commissaires aux comptes et de plusieurs conseillers.

A en croire le représentant de la communauté Banyamulenge dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu, « Le barza a pour mission, le rassemblement des représentants des mutuelles, en vue de rapprocher les communautés les unes des autres, en vue d'intervenir ensemble en cas de contentieux pour essayer de transformer les conflits qu'ils soient intra ou intercommunautaire ».76(*)Il ressort clairement de cette définition de la composition, des missions et objectifs de cette structure que laBarza intercommunautaire est un acteur approprié, habileté à transformer et à gérer les conflits entre les différentes communautés vu sa composition et son contexte de création qu'est le constat de la résurgence des conflits entre les communautés tribales du Sud-Kivu ; d'où l'importance d'analyser les approches qu'elle utilise dans la transformation des conflits au Sud-Kivu.

En ce qui concerne l'approche utilisée par laBarza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires, « il convient de souligner que les conflits intercommunautaires dans la province du Sud-Kivu ont leurs champs dans les territoires et tirent souvent leurs sources ou sont amplifiés par d'autres acteurs au niveau provincial, national, régional et même international par la diaspora.».77(*)De ce fait, le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu développe une approche de transformation des conflits à trois principaux niveaux d'intervention :

a. Le Niveau local ou territorial (CCI)

Au niveau local, de base ou territorial, le barza intercommunautaire du Sud-Kivu travail avec des structures locales de base appelées des Cadres de Concertation Intercommunautaires (CCI). Ces structures regroupent des représentants des communautés tribalo-ethniques au niveau des territoires sous la même configuration du Barza intercommunautaire provincial dans le but de prévenir, de résoudre et de transformer les conflits intra et intercommunautaires identifiés localement, grâce aux différentes activités qu'ils organisent comme les dialogues intercommunautaires, les médiations, les réconciliations, les sensibilisations, etc.

Au cas où il y a un problème qui essaie de dégénérer au niveau local, les membres des CCI peuvent faire appel au Barza provincial, qui avec leur association, effectue une mission au niveau local qui peut être selon le cas de médiation, de sensibilisation ou de dialogue.78(*)

b. Le Niveau Provincial (Barza Intercommunautaire du Sud-Kivu)

A ce niveau, en cas de manifestation ou d'information sur une situation de conflit qui essaie d'embraser une ou plusieurs communautés originaire(s) ou non de la province du Sud-Kivu, le barza intervient et joue le pont pour essayer de réconcilier les ou la communauté(s) en conflit. Ici le barza intervient principalement en interpellant les leaders communautaires politiques, religieux, etc., il analyse la question avec les représentants des mutualités des toutes les communautés, convoque les assises, examine la question, écoute les parties en conflit, propose des solutions à présenter aux communautés dans la neutralité et signe les accords.

c. Le Niveau National (Barza Intercommunautaire National)

Au niveau national intervient le Barza intercommunautaire national, qui regroupe les représentants des mutualités et des communautés de chaque province du pays et parfois les représentants des barza intercommunautaires provinciaux. Il a les mêmes responsabilités que les barza provinciaux, mais ce pendant au niveau national où il participe activement aux différents processus de recherche de la paix, de la cohésion sociale entre les communautés et les leaders communautaires au niveau national ; de la prévention, de la résolution et la transformation des conflits intercommunautaires.

II.2. Stratégies d'intervention

Dans l'exercice de sa mission et la poursuite de ses objectifs, le barza intercommunautaire du Sud-Kivu a adopté une stratégie d'intervention complexe dans la réalisation de ses activités.

Parmi ses stratégies, il y a d'abord la sensibilisation que le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu oriente vers les autorités politiques, administratives et coutumières au niveau local et provincial, dans le but de prévenirles conflits et les violences communautaires, et surtout à caractère tribal et ethnique, et ainsi faire participer toutes les couches de la population à la gestion de la province.79(*)

Ainsi fait, cette stratégie contribue à l'apaisement des tensions et à susciter la cohabitation pacifique entre les différentes communautés représentées à tous les niveaux de prise des décisions.

Une autre stratégie d'intervention qu'utilise le Barza intercommunautaire en vue de la promotion du vivre ensemble et de la paix intercommunautaire, c'est l'organisation des dialogues intercommunautaires, autour desquels les communautés en conflit sont invitées a exposer leurs problèmes pour une résolution durable et amiable en vue de maintenir la cohésion sociale.

La dernière stratégie d'intervention consiste à utiliser les leaders communautaires qui collaborent avec la Barza pour résoudre et transformer les conflits dans leurs communautés et si ça dégénère, la Barza peut alors intervenir.

II.3. Rôle direct de laBarza intercommunautaire dans la transformation des conflits

Dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi, la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu a eu, et continue à jouer directement différentsrôles, parmi ces rôles on peut citer :80(*)

a. Le rôle de lanceur d'alerte :

Ici, lorsqu'il reçoit une information sur un probable cas de conflit en gestation, il tire la sonnette d'alarme auprès des autorités politiques, administratives, coutumières et religieuses à tous les niveaux, des leaders communautaires, des acteurs intervenants dans le cadre humanitaire et les services de sécurité pour éviter que le conflit qui se trouvait à un niveau latent ne puisse éclater.

b. Le rôle de conciliateur

Ici, la Barza intercommunautaire organise des missions de conciliation dans les zones des communautés affectées par les conflits, à travers une délégation composée des membres représentants des différentes communautés et surtout des communautés en conflit.

c. Le rôle de médiateur

Dans certains conflits intercommunautaires, la Barza joue le rôle de médiateur pour amener les différentes parties au conflit à promouvoir un échange constructif pour voir comment résoudre les conflits qui opposent leurs communautés respectives.

d. Le rôle dans la prévention des conflits et de la résurgence des violences

Tableau n°5 : Conception des enquêtéssur le rôle joué par le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi.

Paramètres

Effectif

Pourcentage

Tiers

62

77.5

Observateur

18

22.5

Partie défenderesse

0

0

Autre

0

0

Total

80

100

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire :A partir de ce tableau, nous dégageons le constat suivant : la conception des membres de ces communautés sur le rôle joué par le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi, se présente de la manière suivante d'après nos enquêtes :rôlede tiers (médiateur, conciliateur, facilitateur, etc.) 77.5%, rôled'observateur 22.5%; et selon cette source, ce dernier ne joue que ces deux rôles car les autres paramètres sont nullement cotés.

Section III. ROLE DU BUREAU DE COORDINATION DE LA SOCIETE CIVILE DU SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES

Dans cette section nous allons beaucoup plus nous atteler d'abord sur les stratégies et les approches que développent les trois structures membres effectif du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu oeuvrant dans le domaine de la paix et de la transformation des conflits telles que citées par la présidente du bureau de coordination dans un entretien organisé à son bureau, en suite nous essaierons de voir quel rôle joue réellement ou directement la société civile du Sud-Kivu à travers son bureau de coordination dans la transformation de ces conflits intercommunautaires à Fizi.

III.1. Approche de transformation des conflits et stratégies d'intervention du Bureau Coordination de la société civile du Sud-Kivu

La société civile du Sud-Kivu a vu le jour à la veille de la Conférence Nationale Souveraine sous l'initiative des ONGs déjà constituées dans un collectif depuis 1989. Le Bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, est l'organecoordonnant les activités des associations de la société civile du Sud-Kivu. Il est élu par l'assemblée générale des associations membres pour un mandat de trois ans, et a coordonné à sa création plus de 200 associations, réparties en 8 composantes dont : La composante des confessions religieuses ; la composante des associations à caractère économique ; les associations savantes (groupes de pression, groupes de réflexion, associations de défense des droits de l'homme, etc.) ; les corporations ; la composantes des associations féminines, les syndicats ; la composante des associations philanthropiques ; les associations culturelles.

A nos jours, le bureau de coordination de la société civile compte 14 composantes et plusieurs groupes thématiques.

La société civile du Sud-Kivu, étant une structure regroupant plusieurs composantes (organisations) oeuvrant dans différentes domaines de la vie socioéconomique et culturelle, ne dispose pas au sein de son bureau de coordination d'une structure spécialisée de gestion des conflits intercommunautaires ou d'autres types des conflits, mais cependant dans l'exercice de samission, le bureau de coordination agit indirectement à travers la composante des ONGsoeuvrant dans le domaine de la paix et de la transformation des conflits en accompagnant leurs actions dans le cadre de porter plus haut les résolutions et résultats des actions de paix menées par ces organisation en vue de leurexécution par les différents acteurs à tous les niveaux, et dans ce sens il joue principalement le rôle d'acteur de plaidoyer et de lobbyingauprès des différents acteurs.

A ce sujet, dans un entretien organisé avec la présidente du Bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu sur le rôle de cette structure dans la transformation des conflits intercommunautaire, elle souligne que : « la société civile c'est l'ensemble des structures qui oeuvrent dans différents domaines, qui est structurée au sein du bureau par des composantes et des groupes thématiques, et de cela, lorsque nous avons un problème qui porte sur les conflits, nous orientons le dossier aux organisations qui travaillent dans la transformation des conflits. Et actuellement nous en avons trois qui sont membres effectifs du bureau dont : l'APC, le RIO et l'ADEPAE.»81(*). Il convient de retenir ici que le Bureau de coordination joue rarement un rôle direct dans la transformation des conflits.

Pour ce faire, le bureau de coordination dans sa composante de paix et conflit, intervient dans ce domaine par l'entremise de trois organisations membres qu'elle compte dans cette composante, oeuvrant dans le groupe thématique traitant des conflits et de la paix, que sont : ADEPAE, APC et RIO.

Ainsi donc, le bureau de coordination intervient de deux manières dans la transformation des conflits à Fizi, il intervient directement par lui-même à travers la coordination des actions de ses membres, la représentation, les actions de lobbying et de plaidoyer ; il intervient aussi indirectement à travers ses membres (ADEPAE, APC et RIO).

Cela étant, comprendre l'approche utilisée par le bureau de coordination de la société civile,revient à comprendre également les approches de ces trois organisations dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi.

a. L'approche de l'ONG Action pour le Développement et la Paix Endogène dans la transformation des conflits.

L'ONG Action pour le Développement et la Paix Endogène est une organisation non gouvernementale du droit congolais située sur l'Avenue de la Montagne N° 28, Quartier Nyalukemba, Commune d'Ibanda, Ville de Bukavu, Province du Sud-Kivu en RDC. Elle a été créée en 1997 en réaction au climat de méfiance et de suspicion entre les communautés tribales au Sud-Kivu, en RDC, et en particulier dans la ville de Bukavu.82(*) C'est une structure affiliée régulièrement au Bureau de coordination de la Société Civile du Sud-Kivu et a pour mission d'accompagner la population dans la transformation positive des conflits et la promotion de la bonne gouvernance en vue de contribuer à la construction d'une paix durable à l'Est de la RDC.Dans l'exercice de cette mission l'ADEPAE poursuit l'idéal de voir la communauté congolaise vivre en harmonie et dans une cohésion parfaite où les droits et devoirs des citoyens sont respectés.

Dans le cadre de la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi, ADEPAE intervient à travers sesdifférentes structures communautaires se trouvant dans différentes zones dans la province du Sud-Kivu, notamment, dans les territoires de Kalehe, d'Uvira, de Fizi et dans la ville de Bukavu ; ces structures sont entre autres:Les Cadres de Concertation Intercommunautaires (CCI), implantées dans les territoires d'Uvira et de Fizi, à travers lesquelles elle s'investi beaucoup avec d'autres organisations dans la transformation des conflits par des séances d'analyse du contexte, des médiations, des ateliers de renforcement des capacités des acteurs de ces structures, des dialogues intercommunautaires, etc., àcôté de ces CCI, ADEPAE utilise aussi des comités mixtes des groupes des éleveurs et agriculteurs pour prévenir et transformer les conflits liés à la transhumance, des comités de négociateurs, des structures de femmes et des jeunes artisans de la paix.

En ce qui concerne leurs mise en oeuvre, il est important de noter que ces structures sont issues des communautés et leurs membres sont élus par les membres de la communauté, elles sont mises en place en fonction de besoins manifestés par ces communautés.

Avec la participation de ces structures, ADEPAE utilise deux stratégies dont : (i) la stratégie de recherche dans le but de comprendre les enjeux et les intérêts des parties au tour des conflits, de l'identité des acteurs, du point de vue des victimes sur les mécanismes de résilience, etc. ; (ii) Après la recherche, il passe à la validation des résultats et des données à travers l'implication des victimes et des représentants des parties en conflits, des politiques, des services de sécurité et des parties influentes.83(*)

b. Approche de l'ONG Action pour la Paix et la Concorde dans la transformation des conflits.

L'Action pour la Paix et la Concorde est une organisation non gouvernementale dont le bureau national est situé sur avenue Kibombo N° 13, dans le Quartier Ndendere, Commune d'Ibanda, Ville de Bukavu, Province du Sud-Kivu en RDC. Elle a vu le jour en 2009, dans un contexte social et politique émaillé des conflits. Cette organisation est venue d'une part pour renforcer et relayer les efforts déjà fournis et /ou en cours par les autres acteurs dans la recherche de la paix, et d'autres part, pour s'engager résolument dans la transformation positive des conflits au sein des communautés vivant au Sud-Kivu, dans la simple mission d'inciter et d'accompagner les acteurs dans la transformation positive de leurs conflits.

Dans le cadre de la transformation des conflits, l'ONG APC utilise une approche à deux niveaux d'intervention : (i) Au premier niveau : l'APC utilise une approche d'intervention indirecte, sollicitant le concours des actions mises en oeuvre par des structures communautaires notamment : les Cadres de Dialogue et de Médiation(CDM) et les Noyaux Jeunesse TujengeAmani (NJTA) ; qui sont des structures regroupant les acteurs au niveau local, ces acteurs sont issus des communautés vivant dans les villages concernés, ces structures sont composées de toutes les couches socio-économiques des différents villages où APC intervient à savoir : les autorités coutumières, les femmes, les jeunes, les enseignants, etc.

Ces structures font partie intégrante d'une approche d'intervention visant la résilience communautaire, conformément à sa mission, celle d'accompagner les acteurs dans la résolution de leurs conflits, et dans cet angle, APC intervient en assurant un accompagnement technique, en assurant le renforcement des capacités et en subvenant aux besoins d'opérationnalisation des aspects logistiques en vue d'appuyer leurs activités quotidiennes de sensibilisation, de médiation et de plaidoyer au niveau local.

Au second niveau : APC utilise une approche directe d'intervention pour des questions qui touchent le niveau provincial, national et même régional, pour des dialogues qui nécessitent une forte intervention des autorités politiques au niveau provincial ou national en les mettant toujours en interaction avec les acteurs du niveau local.

Il convient de noter ici, qu'en ce qui concerne les conflits intercommunautaires à Fizi, l'ONG APC intervient de moins à moins, mais se concentre beaucoup plus sur la transformation de ces conflits intercommunautaires dans la partie nord-est de la province, notamment dans les territoires de Kabare, Kalehe et Shabunda.

c. Approches de l'ONG Réseau d'Innovation Organisationnelle dans la transformation des conflits.

Le Réseau d'Innovation Organisationnelle est une organisation non gouvernementale dont le siège social est situé en République Démocratique du Congo, dans la Province du Sud-Kivu, Ville de Bukavu, dans la Commune d'Ibanda, au quartier Nyalukemba, Avenue de la montagne, au N°30. Il est un réseau des personnes et d'organisations qui sont actives dans le développement de leurs sociétés et de leurs organisations. RIO organise des activités de différentes formes pour permettre aux leaders, aux institutions ecclésiastiques et aux organisations de la société civile de se connaître. Il poursuit l'objectif d'appuyer et de conseiller un ensemble d'organisations pour qu'elles deviennent plus pertinentes et plus performantes. Ainsi, dans le cadre de sa contribution à la réalisation des objectifs de développement, le RIO contribue au développement des compétences individuelles, organisationnelles et à la construction de la paix principalement dans la province du Sud-Kivu à travers les activités qu'il mène sur le terrain.84(*)

Dans le cadre de la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi, RIO intervient sous une approche à la fois directe et indirecte, à travers les Cadres de Concertation Intercommunautaire et d'autres structures communautaires de transformation des conflits à la base, tout comme le Barza Intercommunautaire et l'ADEPAE à travers les CCI.

Ainsi donc, dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi entre la communauté des Babembe et celle des Banyamulenge, le Réseau d'Innovations Organisationnelles organise à travers ses structures pilote des séances de médiation des conflits, des dialogues intercommunautaires, des séances d'analyse du contexte pour identifier avec les leaders locaux des communautés en conflit les problèmes qui fragilisent la paix et la cohabitation sociale entre les communautés lorsque la situation essaye de dégénérer, il organise également des rencontres intercommunautaires qui ont même aboutit avec le concours de l'ADEPAE et d'autres structures à la création des CCI et des Comités des Négociateurs ; au-delà de ces activités, il organise aussi des ateliers de réflexion et de renforcement des capacités des acteurs oeuvrant dans ces structures.

III.2. Rôle direct du Bureau Coordination de la société civile du Sud-Kivu dans la transformation des conflits

En ce qui concerne le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, il convient de noter que celle-ci joue directement quatre principauxrôles en ce qui concerne la transformation des conflits :

ü Le plaidoyer

A travers ce rôle, le bureau de coordination de la société civile, analyse ensemble avec ses organisations partenaires ou membres les résultats de leurs actions, notamment en ce qui concerne la gestion et la transformations des conflits dans différentes zones d'intervention de ces dernières dans la province, et après cette analyse ils ciblent ensemble les acteurs à différents niveaux auprès de qui orienter le plaidoyer en fonction du degré d'implication que peut avoir cet acteur dans la prise de décision.

ü Le lobbying

A travers cette attribution, le bureau de coordination de la société civile, engage des activités consistant à faire pression aux différents décideurs politiques à fin d'influencer les décisions que le bureau de coordination estime avoir un impact négatif sur la population ou la gestion de la chose publique.

ü La coordination

Ici le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu essaie de rassembler les efforts des organisations des différentes composantes et groupes thématiques du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu pour voir comment ces efforts, une fois réunis peuvent participer à l'émergence et au développement des actions de ces dernières sur la vie des citoyens.

ü La représentation

Ici le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu représente les citoyens démunis et ses organisations membres dans les assises de différentes formes organisées au niveau local, provincial, national et parfois régional pour porter haut la voix et les désirs de la population. Ainsi note à ce sujet, la présidente du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu : « Dans le cadre des conflits et de la paix, le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu a eu à participer à plusieurs assises, à plusieurs dialogues, concertations, etc. dont les résultats ont été bénéfiques pour les citoyens et ont permis le retour progressif de la paix sans la violence »85(*)affirme la présidente du bureau de coordination dans un entretien organisé à son bureau dans le cadre de cette recherche.

A côté de ce rôle, il convient de noter aussi que le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu a joué un rôle important lors de la Conférence Nationale Souveraine, où il a eu a participé pour défendre la cause de la population ; et a participé également comme observateur à plusieurs processus de paix organisés par les ONGs Nationales comme internationales, par le gouvernement tant au niveau national que provincial, et a participé aussi en tant que tierce partie directement dans le pré-dialogue organisé le 4 juin 2018, en collaboration avec le Barza intercommunautaire sous l'appui de la MONUSCO, entre les leaders de Fizi à Bukavu86(*)

Tableau n°6 : Conception des enquêtéssur le rôle du Bureau de coordination de la société civile dans la transformation des conflits intercommunautaire à Fizi.

Paramètres

Effectif

Pourcentage

Tiers

47

58.75

Observateur

30

37.5

Partie défenderesse

3

3.75

Autre

0

0

Total

80

100

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire :A partir de ce tableau, nous dégageons le constat que la conception des membres de ces communautés sur le rôle joué par la Société Civile dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi, se présente de la manière suivante d'après nos enquêtes : 58.75%  des enquêtés estiment que le bureau de coordination joue le rôle de tiers (médiateur, conciliateur, facilitateur, etc.); pat contre 37.5% d'entre eux estiment que ce dernier joue lerôled'observateur etcontre 3.75% qui montrent qu'il joue le rôle de partie pour défendre les causes de la population.

Section IV. LIMITES DES APPROCHES DE TRANSFORMATION DES CONFLITS AU SUD-KIVU

Plusieurs facteurs ont limité les différentes approches de transformation des conflits développées dans le cadre de la construction de la paix en RDC et dans la province du Sud-Kivu en général, et plus particulièrement dans le territoire de Fizi. Parmi ces facteurs, on peut citer d'après nos sources de terrain dans l'optique de ce travail :

a. Le manque de la coordination

Les approches de construction de la paix développées dans la province du Sud-Kivu par différents acteurs (ONGs locales, nationales et internationales ; Société Civile ; Barza Intercommunautaire et les structures Etatiques), souffrent d'un manque d'une structure de coordination des efforts développées.A ce titre, dans une interview organisée dans le cadre de cette recherche, un membre représentant la communauté Babembe dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu note : « la principale limite à l'endroit de ces approches est le manque d'une coordination de toutes ces structures pour canaliser et orienter les actions de ces dernières dans la recherche de la paix,...»87(*), cela a conduit à une multiplication des actions avec les mêmes objectifs, les mêmes missions, implémentées dans les mêmes zones d'action, avec les mêmes résultats au préalable mais à zéro impact sur le terrain. C'est dans cet angle qu'un représentant de la communauté Banyamulenge note aussi que, «..., malgré l'accroissement en nombre des organisations qui implémentent les projets de conflits dans cette zone, il n'y a pas d'impact sur le terrain,...»88(*)

b. Les limites liées aux moyens financiers

Les moyens financiers constituent, ici un blocage à plusieurs initiatives et approches développées par les acteurs dans le but de transformer les conflits intercommunautaires, qui sont obligés de recourir aux acteurs étrangers pour trouver des moyens à fin de mettre en oeuvre leurs solutions, cela les conduit à une dépendance face à ces bailleurs et à l'implémentation des solutions préconçues et inadaptées aux problèmes locaux.

c. L'insécurité

Cet élément constitue l'un de facteurs principaux d'âpres nos investigations de terrain, car selon la majorité des interviewés, la zone de Fizi parait être l'une des zones les plus insécurisées de la province, les agents et acteurs humanitaires, et de développement, ont du mal a orienté leurs actions dans ce contrait, étant donné que le personnel et le matériels mobiliers et immobiliers de ceux qui exercent déjà leurs activités à Fizi font objet des attaques ciblées, des enlèvement et d'autres actes de vandalisme. Ce qui limite significativement les actions de ces organisations dans ce territoire.

d. L'incohérence entre les problèmes constatés sur terrain et les solutions proposées

Cet élément constitue également un facteur très capital limitant les impacts des actions développées par différents acteurs dans le cadre de la transformation des conflits à Fizi.

Un membre de la communauté banyamulenge note quand à ce que : « ces acteurs ne s'intéressent plus au problème constaté, ni aux résultats mais plutôt à la justification des fonds et la conformité de leurs actions aux critères des pourvoyeurs des fonds et non aux problèmes de la population.»89(*)

Tableau n°7 : Conception des enquêtéssur les limites des approches de transformation des conflits au Sud-Kivu

Paramètres

Effectif

Pourcentage

Manque de cohérence

30

37.5

Volonté d'appliquer les accords

22

27.5

Moyens financiers

10

12.5

Insécurité

18

22.5

Autre

0

0

Total

80

100

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire :il se dégage de ce tableau que la majorité des enquêtés soit 37.5% admettent que le manque de cohérence entre les problèmes constatés et les solutions proposées par les différents acteurs intervenant dans la pacification de Fizi, en constitue la limite principale ; associé au manque de volonté de la part des parties en conflit d'appliquer les accords précédemment signés, soit 27.5% d'enquêtés le relevant ; ensuite le facteur comme l'insécurité dans la zone, constitue aussi une limite considérable aux actions de ces acteur avec 22.5% ; et en fin l'on note la limite financière avec 12.5%.

CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS

Section I. Facteurs des Conflits et acteurs indirects

En ce qui concerne les facteurs des conflits intercommunautaires entre les populations allochtones et les populations autochtones à Fizi, il convient de noter que les études précédentes consultées dans la partie théoriques de ce travail, montrent complémentairement que les facteurs comme l'identité, le pouvoir coutumier, la transhumance, la compétition économique et foncière, l'implication sous régionale, l'absence de l'autorité de l'Etat, l'enclavement de la zone, la gestion des entités modernes, la course aux aides au développement, la manipulation politique, la guerre civile rwandaise, les facteurs idéologiques ; mis ensemble, constituent les facteurs principaux des conflits intercommunautaires entre les banyamulenge et le Babembe à Fizi.

Cependant, ces facteurs tels que mentionnés ci-haut, ne sont pas exhaustifs, ni exclusifs dans la dynamique des conflits intercommunautaires à Fizi, c'est dans cet aspect de non exclusivité et de non exhaustivité des facteurs de conflits à Fizi, que la présente recherche à travers ses résultats de terrain est parvenu à identifier un autre type de facteur dans la dynamique de ces conflits, et cela par rapport aux auteurs exploités dans notre état de la question. Ce facteur est le non acceptation ou l'inacceptation mutuelle entre les membres des deux communautés en conflit à Fizi, ce facteur est intimement lié au facteur identitaire et à beaucoup d'autres facteurs dans la dynamique de ces conflits.

En ce qui concerne, les facteurs indirects des conflits intercommunautaires à Fizi, que sont, au vu des résultats de la section I.3 :les leaders politiques nationaux et provinciaux de ces communautés, les autorités coutumières, les dirigeants des pays voisins, la diaspora, certains militaires hauts-gradés des FARDC ; ces résultats sont quelque peu semblables et complémentaires aux résultats trouvés par Pool Institute, à la seule différence que les nôtres ne prouvent pas une implication suffisante des acteurs comme les leaders religieux, qui font beaucoup plus parti d'après nos investigations des acteurs de paix.

Se basant sur les résultats de nos enquêtes sur le terrain avec les membres de ces deux communautés, tels que présentés ci-haut, notamment en ce qui concerne la conception de la population sur le principal facteur de conflits intercommunautaires à Fizi, l'on note à la différence d'(International Alert, 2010 ; Life and peace Institute et al.,2011; Interpeace,2013 ; SFCG,2014 ; Muchukiwa B.,20016 ; APARECO,2019 ; etMuchukiwa B.et Kasagwe M.,2019  qui montrent que l'identité est le facteur principal alimentant les conflits intercommunautaires à Fizi.) d'après les résultats de nos enquêtes que l'inacceptation mutuelle est le facteur principal de ces conflits avec un score de 27.5%, suivi de la transhumance avec 26.25%, en suite vient alors l'identité avec 25%, et enfin le foncier ou la revendication territoriale avec 21.25%.

Section II. Analyse comparative du rôle de la société civile et de laBarza intercommunautaire dans la transformation des conflits.

En se basant sur l'analyse des facteurs de ce que B. Muchukiwa appel dans la théorie de la transformation des conflits de J-P. Lederach : ``potentiel constructif'', qui est un levier sur lequel les intervenants dans le domaine de la transformation des conflits doivent s'appuyer dans leurs actions ; nous constatons que les approches développées par la société civile du Sud-Kivu et la Barza intercommunautaire, s'inscrivent bien dans cette logique en développant des actions de dialogue, de plaidoyer, des approches non-violentes, des unités de transformation, l'analyse de contexte, l'analyse et la compréhension du conflit, la tolérance, le pluralisme, la médiation et la création des nouvelles pistes de base des modèles préexistants comme le veut la théorie de la transformation des conflit.

En ce qui concerne le rôle de la société civile dans la construction de la paix, nous avons trouvé qu'à un certain égard, nos résultats dans ce sens sont un peu corollaire à ceux de Christiane Kayser et Flaubert Djatan, 2018, montrant que dans les situations de conflit, la société civile joue le rôle de plaidoyer, ce qui fait parties aussi desrôles directs joué par le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu tel que démontré dans la présentation de nos résultats.

Nos résultats sont aussi conformes à ceux trouvés à l'issue du Colloque régional sur la paix (2007), qui démontrent que dans la prévention des conflits la société civile joue le rôle de veille et d'alerte (Ce qui est conforme au rôle joué par le Barza), de bons offices et de plaidoyer ( rôles joués à la fois par le Barza intercommunautaire et le Bureau de coordination de la société civile et les Trois ONGs avec lesquelles il collabore dans la transformation des conflits) ; dans la résolution des conflits, il poursuit en disant qu'elle joue le rôle de tiers (négociateur, dénonciateur et réconciliateur) ce que font également nos deux institutions d'application d'après les résultats tels que présentés ci-haut ; et finalement dans le processus de renforcement de la paix durable, elle joue le rôle d'appui à la réhabilitation des communautés et de la mise en oeuvre des politiques de réconciliation, ce que font également directement le barza intercommunautaire et indirectement la société civile à travers APC, RIO et ADEPAE.

Cela se confirme aussi par les résultats de nos enquêtes à la suite des quels 58.75% des enquêtés montrent que la Société civile joue le rôle de tiers (médiateur, conciliateurs, etc.), contre77.5 % pour le Barza ; par contre 37.5 % de nos enquêtés montrent que la société civile joue le rôle d'observateur dans les conflits, contre 22.5% pour le Barza ; et enfin 3.75% des enquêtés montrent que la société civile joue le rôle de défense de la population, contre 0% pour le Barza, ce qui ne contredit pas totalement les résultats du Colloque Régional sur la Paix en Afrique Centrale de Kinshasa 2007.

II.1. Application de la pyramide de transformation des conflits de Lederach à la lumières de l'approche de transformation des conflits de la barza intercommunautaire

Types d'acteurs

Affected population

Niveau 3 : Local LS

Membres des CCI et leaders locaux

Niveau 1: Top leadership

Membres du Barza nationalet leaders au niveau national

Niveau 2: Leadership moyen

Membres du barza provincialet leaders communautairesau niveau provincial

Approches pour la construction de la paix

Approches pour la construction de la paix

Figure 3 : Pyramide de transformation des conflitsappliquéeà l'approche Barza Intercommunautaire

Source : Nos analyses

Commentaires : Dans cette figure nous présentons sur base d'une analyse de la pyramide de transformation des conflits tirée dans la théorie de la transformation des conflits de John Paul Lederach où dans sa partie gauche nous reprenons les types d'acteurs et les différents niveaux de leadership utilisés dans la construction de la paix selon l'approche de transformation des conflits de la Barza intercommunautaire ; à droite, nous reprenons les différentes approches de consolidation de la paix utilisées à chaque niveau de la pyramide, et en conclusion, nous voyons que, au niveau 2, le leadership moyen joue un rôle important de pont entre le haut niveau et le niveau local pour centraliser et légitimer les résolutions prises à tous les niveaux dans le chef de la population.

II.2. Application de la pyramide de transformation des conflits de Lederach à la lumières de l'approche de transformation des conflits de la société civile.

Types d'acteurs

Approches pour la construction de la paix

Affected population

Niveau 3 : Local LS

Membres des CCI, CDM et Représentants locaux de la Société civile

Niveau 1: Top leadership

Membres de la société Civile au Niveau national et les structures nationales membres de la sociv

Niveau 2: Leadership moyen

Membres du Bureau de coordination de la Société civile et les représentants des ses Structures membres

Figure 4 : Pyramide de transformation des conflits appliquée à l'approche de la Société Civile

Source : Nos analyses

Commentaire :Dans cette figure nous présentons sur base d'une analyse de la pyramide de transformation des conflits tirée de la théorie de transformation des conflits de John Paul Lederach. Dans la partie gauche de la pyramide d'application nous reprenons les types d'acteurs et les différents niveaux de leadership utilisés dans la construction de la paix selon l'approche de transformation des conflits du bureau de coordination de la Société civile du Sud-Kivu comprenant au niveau le plus haut les acteurs du cadre de concertation de la société civile au niveau national et les représentants au niveau national des organisations membres de la société civile, au niveau moyen nous trouvons les acteurs du bureau de coordination provinciale de la société civile et les ONGs membres et au niveau local nous trouvons les structures communautaires ; à droite, nous reprenons les différentes approches de consolidation de la paix utilisées à chaque niveau de la pyramide ; et en conclusion, nous notons que, au niveau 2, le leadership moyen joue un rôle important de pont entre le haut niveau et le niveau local pour centraliser et légitimer les résolutions prises à tous les niveaux dans le chef de la population.

CONCLUSION

Nous voici au terme de notre travail de mémoire dont le sujet a porté sur « Le rôle de la Société Civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires : Cas des conflits entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi». L'intérêt de ce travail a été motivé par le souci de savoircomment se déploient ces deux structures dans le territoire de Fizi à fin d'apporter des solutions aux problèmes de cohabitation pacifique entre ces deux communautés et d'identifier les différents acteurs qui agissent dans l'ombre pour pérenniser ces conflits.

De ce fait, trois questions principales ont constitué la problématique qui a soutenu l'analyse de ce travail dont :

ü Quels sont les acteurs indirects (invisibles) dans l'alimentation des conflits intercommunautaires à Fizi ?

ü Quel rôle joue le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu et la Barza intercommunautaire dans la résolution des conflits intercommunautaires à Fizi?

ü Aux quelles limites se sont heurtées les stratégies (approches) de transformation des conflits précédentes dans la mise en oeuvre et le suivi de leurs solutions ?

En réponse à ces questions, trois hypothèses ont été également émises.

Ainsi, parmi les acteurs indirects participant à l'alimentation de ces conflits on trouverait : les politiciens, les leaders religieux, les leaders de la diaspora, les dirigeants de pays voisins, les officiers de la police et des forces armées de la RDC et des pays voisins, la MONUSCO, les ONGs, etc.

Dans la résolution des conflits intercommunautaires au Sud-Kivu, la société civile et la Barza intercommunautaires du Sud-Kivu joueraient trois principaux rôles : (i) lorsqu'elles participent comme tierce partie (facilitateurs, médiateur, arbitre, etc.) elles accompagnent les parties en toute neutralité a trouver des solutions durables a leurs problèmes en vue de se réconcilier ; (ii) lorsqu'elles y participent en tant parties prenantes au conflits, elles jouent le rôle de la défense des intérêts communautaires ; (iii) lorsqu'elles participent en tant que observateur et jouent un rôle très passif se militants seulement à des propositions et l'observation de la bonne marche du processus.

Les différentes approches de transformations et de résolution des conflits développée comme réponse aux conflits intercommunautaires à Fizi se serraient heurtées à un certain nombre des limites parmi lesquelles : le manque de la volonté pour mettre en pratique les accords et conventions signés, la manipulation des membres de la communauté et des leaders communautaires de base par les acteurs politiques nationaux et de la diaspora, les problèmes récurrents d'insécurités perpétrés par les groupes armés dont les intérêts sont menacés par le rétablissement de la paix, l'absence de l'autorité de l'Etat et l'insuffisances des éléments de forces de sécurité, le manque des moyens financiers pour mettre en oeuvre ces politiques, etc.

Pour ce faire, un arsenal méthodologique mixte a été mis en placedéveloppant une étude à la fois descriptive et analytique, recourant à la méthode historique et comparative, mobilisant les techniques d'entretien, d'enquête par questionnaire et de l'analyse documentaire dans la collecte des données, etcelle de l'analyse du contenu dans le traitement des données qualitatives et quantitatives recueillis.

Du point de vue théorique, ce travail a mobilisé la théorie de la transformation des conflits de John Paul Lederach, et est ainsi subdivisé en quatre chapitres mis à part sa partie introductive et sa conclusion.

A l'issu de nos données recueillies sur terrain et de nos analyses, il est ressorti que les acteurs indirects intervenants dans l'alimentation de ces conflits sont entre autres :les leaders politiques, les autorités coutumières, les leaders religieux, les dirigeants des pays voisins, la diaspora et les militaires haut gradés des FARDC, avec comme principal acteur les leaders politiques avec un score de 60% à l'issue de nos enquêtes.

Ces résultats nous ont permis de confirmer notre première hypothèse.

En ce qui concernerôle joué par la société civile et la barza intercommunautaire du Sud-Kivu, il ressort de notre recherche que, à part ceux d'intervenir dans le processus de transformation des conflits comme tiers (médiateur, réconciliateur, négociateur, etc.), comme observateur et comme partie défendant les causes de la population ; ces deux organisations jouent d'autres rôles comme ceux de :lanceur d'alerte, de plaidoyer, de lobbying, de représentation, etc., dans le processus de recherche de la paix et de la transformation des conflits entre les Babembe et le Banyamulenge à Fizi.

Cela permet de nuancer notre deuxième hypothèse.

Comme limite des approches des construction de la paix développées dans le cadre des conflits entre les Babembe et le Banyamulenge à Fizi, on s'est aperçu à l'issue de nos investigations de terrain que les facteurs comme l'incohérence des solutions proposées par ces acteurs aux problèmes réels existants, le manque de moyen financier et de la volonté pour la population d'appliquer les accords de paix signés, avec le facteur comme l'insécurité dans cette zone en constituent des véritables obstacles.

Cela permet également de nuancer notre dernière hypothèse.

Ainsi donc, le présent travail a comme limite le fait de s'appliquer plus sur les originaires de Fizi habitant à Bukavu, ne tenant pas ainsi compte de la conception des personnes qui vivent les conflits ; il traite également avec égard la question de l'implication de certains acteurs : leaders religieux, coutumières et politiques dans le processus de recherche de la paix ; et n'aborde pas avec précision le bilan réel des approches de ces deux structures sur le terrain.

Comme apport, la présente étude s'inscrit dans une multitude d'autres études de ce genre, à la seule différence que cette dernière met l'accent sur le rôle du Bureau de coordination de la société civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu comme acteurs directs dans la transformation des conflits à Fizi. Un autre apport de taille par rapport aux résultats trouvés par d'autres chercheurs, est celui d'identifier un nouveau facteur dans la dynamique des conflits entre les Banyamulenge et les Babembe, qui est celui de l'inacceptation mutuelle.

En fin, nous n'estimons pas avoir épuisé toutes les questions relatives à la présente problématique, c'est ainsi que nous encourageons les futurs chercheurs à continuer leurs études surl'apport des leaders religieux comme acteurs du processus de paix et de la transformation sociale de cette crise.

BIBLIOGRAPHIE

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II. Articles et rapports

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- Bulletin quotidien d'information de l'Organisation des Nations Unies en RDC, N°265 du 23 Février 2010

- Colloque Régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale, 2007, « Paix et Résolution des conflits en Afrique centrale : Que peut faire la Société Civile ?», Kinshasa, septembre, 85p

- Conseil pour la Paix et la Réconciliation, 2016, « Les mutuelles tribales et la construction de la paix à Bukavu», Bukavu, décembre, 63 p

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- International Alert, 2010, « La paix à petits pas, Inventaire et analyse des pratiques locales de paix à l'Est de la République Démocratique du Congo : Cas du Nord et du Sud-Kivu », Bukavu, décembre, 68p

- International Crisis Group, 2013, « Comprendre les conflits dans l'est du Congo (I) : la plaine de la Ruzizi », Brussels, Rapport Afrique de Crisis Group N°206, juillet, 36p

- Interpeace, 2013, « Manipulation des identités et stéréotypes : enjeux et défis pour la paix dans la région des Grands-Lacs », Bukavu, Gecko Media, octobre, 70p

- Kayser C. et Djatang F., 2018,« Les acteurs civils et la prévention des conflits », Berlin, éd. Pain pour le monde, 1ière édition, octobre, 168p

- Kone F., 2016, « Mécanismes traditionnels dans la gestion des conflits en Afrique Subsaharienne», 87p

- Labana L., 2011, « Le rôle des sociétés civiles dans la résolution des conflits et le maintien de la paix : cas de la société civile congolaise », Kinshasa, UNIKIN, 11p

- Latendresse J., « Faire face aux conflits », éd. Centre 1,2,3 GO, 11p, disponible en ligne sur www.centre123go.ca

- Life and Peace Institute et al.,2011, « Au-delà des groupes armés, conflits locaux et connexions sous-régionales : l'exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) », Bukavu, éd. Série des Grands lacs, pp160

- Muchukiwa B., 2016, « Identités territoriales et conflits dans la province du Sud-Kivu en RDC », Genève, éd. Globethics.net, n°34, 62 p

- Muchukiwa B., 2019, «Transformation des conflits : orientations théoriques, diversité et efficacité d'approches », Bukavu, ISDR-Bukavu, avril, 28p Disponible en ligne sur https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publications/

- MuchukiwaB. et KasagweM., 2019, « Conflits dans les moyens et hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : modus operandi des acteurs et crise politique régionale en perspective », Bukavu, août,24p disponible en ligne sur «  https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publication/»

- Murhula R., 2019, « Une idée du conflit entre les Banyamulenge et les autres populations des territoires d'Uvira et Fizi », Bukavu, disponible en ligne sur www.sociétécivile.cd/node/5014

- Pole Institute, 2017, « Analyse croisées de conflits à l'Est de la RDC », Goma, mars, 157p

- Search For Common Ground, 2014, « Analyse de conflit et évaluation des besoins en stabilisation - hauts plateaux de Mwenga et plaine de la Ruzizi», Bukavu, octobre, 41p

- VerweijenJ., 2020, « Pourquoi la violence dans les hauts plateaux du Sud-Kivu n'est pas « ethnique » (et autres idées reçues sur la crise) »,Kivu Security Tracker, Disponible en ligne sur «  https://blog.kivusecurity.org/fr/pourquoi-la-violence-dans-les-hauts-plateaux-du-sud-kivu-nest-pas-ethnique-et-autres-idees-recues-sur-la-crise/ »

III. Mémoires

- BonabucyaJ-B., 1998, « Ethnicité et conflit ethnique, approche théorique : En perspective de l'analyse du conflit Rwandais », Genève, juillet, mémoire de licence

- Kakule D., « La résolution extra-judiciaire des conflits fonciers en territoire de Masisi : procédures et valeurs juridiques », Mémoire de licence, Université de Kisangani, 2010-2011 Disponible en ligne sur www.memoiresoneline.com

- MuzingaN., « Les conflits ethniques et les problèmes d'identité à l'est de la république démocratique du Congo : cas des Banyamulenge », Mémoire de maitrise, éd., Université de Sherbooke, 2001

- Patrice K., « Le rôle des ONG et de l'Union européenne dans la résolution de conflits », Mémoire de master, Université de Genève, Genève, 2007, p 17

IV. Notes de Cours

- ZihalirwaA., cours de Questions spéciales des techniques de médiation, L1 cm, Ucbukavu, 2018-2019

- KiyalaJ-C., cours de Sociétés pacifiques et systèmes de paix, L2 CM, Ucbukavu, 2019-2020

V. Webographie

- https://www.memoireonline.com

- https://monusco.unmissions.org/la-monusco-facilite-la-cohabitation-pacifique-et-le-dialogue-social-entre-babembe-et-banyamulenge

- https://lessentielrdc.info/sud-kivu-le-pre-dialogue-inter-communautaire-entre-les-leaders-de-fizi-fixe-au-03-juin-procain/

- https://www.politico.cd/actualité/2019/06/25/sud-kivu-le-dialogue-intercommunautaire-pour-la-securite-et-la-paix-dans-les-hauts-plateaux-duvira-fizi-et-mwenga-a-ouvert-ses-portes-ce-mardi.html/44070/   

ANNEXES

GUIDE D'ENTRETIEN

Cher (e) Monsieur/ Madame

Bonjour, dans le cadre de la réalisation de notre travail de mémoire portant sur « le rôle de la société civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires : cas du conflit entre les Banyamulenge et les Babembe à Fizi » nous sollicitons votre collaboration et votre participation pour cette étude qui vise à mieux comprendre l'impact des actions de ces deux institutions dans les conflits intercommunautaires à Fizi. Nous vous promettons que vos renseignements ne seront utilisés que pour des fins académiques et nous garantissons votre anonymat et la confidentialité de vos réponses. Veuillez donc répondre objectivement aux questions ci-dessous.

I. Identité de l'Organisation

Organisation :

Adresse : Province :

Ville/Territoire :

Commune :

Nombre des représentants des communautés Banyamulenge et Babembe dans l'organisation : (a) communauté Babembe (b) communauté Banyamulenge

II. Identité de l'enquêté

Poste occupé dans l'organisation :

Communauté d'appartenance :

Age : (1) De 18 à 30 ans (2) De 31 à 45 ans (3) De 46 ans et plus

Sexe : (1) Masculin (2) Féminin

Etat civil :(1) Célibataire(2) Marié (3) Veuf (ve)

Niveau d'étude : (1) Certificat (2) Diplôme (3) Grade (4) Licence (5) autre : à préciser

III. Questions d'entretien

Questions

Observation

Entretien avec un responsable (membre) du bureau de coordination de la société civile

1

Généralités sur les conflits intercommunautaires à Fizi

 

Parlez-nous des conflits entre la communauté Banyamulenge et Babembe à Fizi et de ses principaux acteurs

 
 

Quelles conséquences ont ces conflits sur la cohabitation sociale

 
 

Sous quelle forme ces conflits se manifestent-t-ils ?

 

2

Bureau de coordination de la société civile et transformation des conflits

 

Parlez-nous de la société civile du Sud-Kivu, de son bureau de coordination et leurs rôles dans la transformation des conflits intercommunautaires

 
 

Quels sont les stratégies d'intervention du bureau de coordination de la société civile dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi

 
 

Quelle approche utilise le bureau de coordination de la société civile pour transformer les conflits

 
 

Quelle importance accordez-vous à l'implication des leaders locaux, provinciaux et nationaux dans l'élaboration des solutions et leur mise en oeuvre

 

3

Limites des approches de résolution et de transformation des conflits

 

Limites de l'approche de la société civile du Sud-Kivu et de son bureau de coordination dans la transformation des conflits

 
 

Limite des approches développées par d'autres structures de la société civile (ONG), des approches communautaires et Etatiques

 

4

Rôle du bureau de coordination de la société civile dans la transformation des conflits à Fizi

 

Quel rôle joue-t-il lorsqu'il participe au processus (de transformation des conflits) comme tierce partie (médiateur, conciliateur, arbitre)

 
 

Quel rôle joue-t-il lorsqu'il participe comme partie au conflit (plaidoyer, partie défenderesse ou plaignante)

 
 

Quel rôle joue-t-il lorsqu'il y participe comme observateur

 
 

Parlez-nous des actions concrètes que le bureau de coordination entrevoit mettre en place pour éviter que le conflit ne puisse dégénérer

 

5

Acteurs indirects de ces conflits

 

Parlez nous des acteurs indirects participant à l'alimentation du conflit entre le Babembe et le Banyamulenge à Fizi

 

Entretien avec un responsable (membre) du bureau de la barza intercommunautaire

1

Généralités sur les conflits à Fizi

 

Parlez nous des conflits entre la communauté Banyamulenge et Babembe à Fizi et de ses principaux acteurs

 
 

Quels en sont les facteurs principaux (causes, sources)

 
 

Quelles conséquences ont ces conflits sur la cohabitation sociale

 
 

Sous quelle forme ces conflits se manifestent-t-ils ?

 

2

La barza intercommunautaire du Sud-Kivu et la transformation des conflits

 

Parlez-nous de la barza intercommunautaire du Sud-Kivuet son rôle dans la transformation des conflits intercommunautaires

 
 

Quels sont les stratégies d'intervention de la barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi

 
 

Quelle approche utilisela barza intercommunautaire du Sud-Kivupour transformer les conflits

 
 

Quelle importance accordez-vous à l'implication des leaders locaux, provinciaux et nationaux dans l'élaboration des solutions et leur mise en oeuvre

 

3

Limites des approches de résolution et de transformation des conflits

 

Limites de l'approche de la Barza Intracommunautaire dans la transformation des conflits

 
 

Limites des approches développées par d'autres structures de la société civile (ONG), des approches communautaires et Etatiques

 

4

Rôle de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits à Fizi

 

Quel rôle joue-t-elle lorsqu'elle participe au processus (de transformation des conflits) comme tierce partie (médiateur, conciliateur, arbitre)

 
 

Quel rôle joue-t-elle lorsqu'il participe comme partie au conflit (plaidoyer, partie défenderesse ou plaignante)

 
 

Quel rôle joue-t-elle lorsqu'elle y participe comme observateur

 
 

Parlez-nous des actions concrètes que la barza intercommunautaire entrevoit mettre en place pour éviter que le conflit ne puisse dégénérer

 

5

Acteurs indirects de ces conflits

 

Parlez-nous des acteurs indirects participant à l'alimentation du conflit entre le Babembe et le Banyamulenge à Fizi

 

Entretien avec les leaders communautaires et d'opinion membres de ces communautés

 

Que pensez-vous du rôle du bureau de coordination de la société civile et de la barza intercommunautaire dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi

 
 

Quels sont vos attentes vis-à-vis de l'implication de ces deux organisations dans la crise intercommunautaire entre les Banyamulenge et les Babembe à Fizi

 
 

Quelles sont les limites des interventions et approches précédentes dans la transformation des conflits à Fizi

 
 

Quelles sont les opportunités à saisir en vue de l'aboutissement d'un processus de transformation de cette crise par le bureau de coordination de la société civile, la barza intercommunautaire et d'autres acteurs intervenant dans ce secteur

 
 

Quelle légitimité accordez-vousà l'intervention de ces deux acteurs dans la transformation de ce conflit

 
 

Qui sont, d'après votre analyse les acteurs indirects participants à l'alimentation de ces conflits?

 

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE

Cher (e) Monsieur/ Madame

Bonjour, dans le cadre de la réalisation de notre travail de mémoire portant sur « le rôle de la société civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires : cas du conflit entre les Banyamulenge et les Babembe à Fizi » nous sollicitons votre collaboration et votre participation pour cette étude qui vise à mieux comprendre l'impact des actions de ces deux institutions dans les conflits intercommunautaires à Fizi. Nous vous promettons que vos renseignements ne seront utilisés que pour des fins académiques et nous garantissons votre anonymat et la confidentialité de vos réponses. Veuillez donc répondre objectivement aux questions ci-dessous.

IV. Identité de l'enquêté

Communauté d'appartenance : (1) Babembe (2) Banyamulenge

Age : (1) De 18 à 30 ans (2) De 31 à 45 ans (3) De 46 ans et plus

Sexe : (1) Masculin (2) Féminin

Etat civil :(1) Célibataire(2) Marié (3) Veuf (ve)

Niveau d'étude : (1) Certificat (2) Diplôme (3) Grade (4) Licence (5) autre : à préciser

Modalités de remplissage : veillez donc cocher au stylo la case qui contient la réponse que vous estimez convenir a la question.

V. QUESTIONS PROPREMENT DITES

1. Quel est selon vous le facteur (cause) principal des conflits intercommunautaires entre les babembe et les banyamulenge à Fizi :

L'identité

L'acceptation mutuelle

Le foncier

La transhumance

Autre, à préciser

2. Parmi les classes des acteurs ci-dessous, la quelle constitue la principale classe des acteurs indirects (tireurs des ficelles) dans les conflits entre les banyamulenge et babembe à Fizi :

Les leaders religieux des deux communautés

La diaspora

La classe politique (leaders politiques)

Les leaders coutumiers

Autre, à préciser

3. Sous quelle forme ces conflits se manifestent-t-ils ?

Violences intercommunautaires

Guerre entre milices

Pillages et incendies des villages

Autre, à préciser

4. Quelle est d'après vous la principale limite des différentes approches développées antérieurement par la société civile et les ONG dans la transformation des conflits à Fizi :

Le manque de cohérence entre les solutions proposées et les réalités du terrain

Le manque de volonté des parties au conflit d'appliquer les solutions proposées

Les moyens financiers limités

L'insécurité dans les zones d'intervention

Autre, à préciser

5. Etes- vous satisfait de la représentation de votre communauté dans le bureau du Barza intercommunautaire du Sud-Kivu ?

Très satisfait satisfaitImpeut satisfait pas satisfait

6. Etes- vous satisfait de la représentation de votre communauté dans le bureau de bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu ?

7. Très satisfait SatisfaitImpeut satisfait pas satisfait

7. Pensez-vous que ces deux institutions sont légitimes dans le chef de membres de votre communauté pour gérer les conflits intercommunautaires impliquant la votre

OUI NON

8. Quel rôle joue le barza intercommunautaire actuellement dans la transformation des conflits intercommunautaire à Fizi ?

Partie tiers (médiateur, Conciliateur) Partie au conflit

Observateur Autre à préciser

9. Quel rôle joue le bureau de coordination de la société civile actuellement dans la transformation des conflits intercommunautaire à Fizi ?

Partie tiers (médiateur, Conciliateur) Partie au conflit

Observateur Autre à préciser

CARTES GEOGRAPHIQUES

Carte géographique de la province du Sud-Kivu et ses territoires

Source : www.congo-autrement.com

Carte géographique de la province du Nord-KivuCarte géographique du territoire deFizi

Source : fizi-itombwe.org

Figure 6 : Carte géographique du territoire de Fizi

* 1 Jean Baptiste Bonabucya, 1998, « Ethnicité et conflit ethnique, approche théorique : En perspective de l'analyse du conflit Rwandais », Genève, juillet, mémoire de licence

* 2Search For Common Ground,« Analyse de conflit et évaluation des besoins en stabilisation - hauts plateaux de Mwenga et plaine de la Ruzizi », 2014, p4

* 3Ibid, p6

* 4Ibid, p6

* 5 Judith Verweijen, « Pourquoi la violence dans les hauts plateaux du Sud-Kivu n'est pas « ethnique » (et autres idées reçues sur la crise) »,Kivu Security Tracker, 2020 Disponible en ligne sur «  https://blog.kivusecurity.org/fr/pourquoi-la-violence-dans-les-hauts-plateaux-du-sud-kivu-nest-pas-ethnique-et-autres-idees-recues-sur-la-crise/ »

* 6B. Muchukiwa et M. Kasagwe, « Conflits dans les moyens et hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : modus operandi des acteurs et crise politique régionale en perspective », Bukavu, 2019, p2 disponible en ligne sur «  https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publication/»

* 7 Inter-cluster Régional du Sud-Kivu et OCHA, « Plan de réponses stratégique et opérationnel face à l'impact humanitaire de la crise conflit intercommunautaire dans les Moyens et Hauts Plateaux de Fizi et Mwenga », Bukavu, 2019, p2

* 8B. Muchukiwa et M. Kasagwe, op. cit., p7

* 9 Pole Institute, « Analyses croisées de conflits à l'est de la République Démocratique du Congo », Goma, 2017, p13

* 10B. Muchukiwa et M. Kasagwe, op. cit., p13

* 11Life and Peace et al.,« Au-delà des groupes armés, conflits locaux et connexions sous-régionales : l'exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) », Bukavu, éd. Série des Grands lacs, 2011, p13

* 12 Pole Institute, op. cit., p16

* 13Inter-cluster Régional du Sud-Kivu et OCHA,op. cit., p1

* 14B. Muchukiwa et M. Kasagwe, op. cit., p3

* 15 International Crisis Group, « Comprendre les conflits dans l'est du Congo (I) : la plaine de la Ruzizi », Brussels, Rapport Afrique de Crisis Group N°206, 23 juillet 2013, p26

* 16 Bulletin quotidien d'information de l'Organisation des Nations Unies en RDC, N°265 du 23 Février 2010

* 17 https://monusco.unmissions.org/la-monusco-facilite-la-cohabitation-pacifique-et-le-dialogue-social-entre-babembe-et-banyamulenge

* 18 https://lessentielrdc.info/sud-kivu-le-pre-dialogue-inter-communautaire-entre-les-leaders-de-fizi-fixe-au-03-juin-procain/

* 19 https://www.politico.cd/actualité/2019/06/25/sud-kivu-le-dialogue-intercommunautaire-pour-la-securite-et-la-paix-dans-les-hauts-plateaux-duvira-fizi-et-mwenga-a-ouvert-ses-portes-ce-mardi.html/44070/

* 20 Rémy Murhula, « une idée du conflit entre les Banyamulenge et les autres populations des territoires d'Uvira et Fizi », 2019 disponible en ligne sur www.sociétécivile.cd/node/5014

* 21B. Muchukiwa et M. Kasagwe, op. cit., p4

* 22 International Crisis Group, op. cit., p21

* 23 Pole Institute, op. cit., p3

* 24 International Alert « La paix à petits pas, Inventaire et analyse des pratiques locales de paix à l'Est de la République Démocratique du Congo : Cas du Nord et du Sud-Kivu », 2010, pp68

* 25 Life and Peace Institute et al.,« Au-delà des groupes armés, conflits locaux et connexions sous-régionales : l'exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) », Bukavu, éd. Série des Grands lacs, 2011, pp160

* 26 International Crisis Group, « Comprendre les conflits dans l'est du Congo (I) : la plaine de la Ruzizi, Brussels », Rapport Afrique de Crisis Group N°206, 23 juillet 2013, pp37

* 27Search For Common Ground, « Analyse de conflit et évaluation des besoins en stabilisation - hauts plateaux de Mwenga et plaine de la Ruziz »i, 2014, pp41

* 28 APARECO, « Memorandum : Vérité sur la guerre de Minembwe », Paris, 2019, pp32

* 29 Inter-Cluster Régional et OCHA,«Plan de réponses stratégique et opérationnel face à l'impact humanitaire de la crise conflit intercommunautaire dans les Moyens et Hauts Plateaux de Fizi et Mwenga » Bukavu, 2019, pp18

* 30Interpeace, 2013, « Manipulation des identités et stéréotypes : enjeux et défis pour la paix dans la région des Grands-Lacs », Gecko Media, octobre, 70p

* 31 Bosco Muchukiwa et Marcellin Kasagwe « Conflits dans les moyens et hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : modus operandi des acteurs et crise politique régionale en perspective» Bukavu, 2019, pp24

* 32 Justine Brabant et Jean Louis K. Nzweve «La houe, la vache et le fusil ; Conflits liés à la transhumance en territoires de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) : État des lieux et leçons tirées de l'expérience de LPI » ,Bukavu, éd. Série des Grands lacs, 2013, pp167

* 33 Bosco Muchukiwa« Identités territoriales et conflits dans la province du Sud-Kivu en RDC »,Genève, éd. Globethics.net, 2016, pp 62

* 34 Pole Institute «Analyse croisées de conflits à l'Est de la RDC », Goma, 2017, pp157

* 35Nicaise Muzinga Lola, « Les conflits ethniques et les problèmes d'identité à l'est de la république démocratique du congo : cas des Banyamulenge », Mémoire de maitrise, éd., Université de Sherbooke, 2001

* 36 Colloque Régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale, « Paix et Résolution des conflits en Afrique centrale : Que peut faire la Société Civile ?»,Kinshasa, 2007

* 37BerchmansLabana LASAY'ABAR « Le rôle des sociétés civiles dans la résolution des conflits et le maintien de la paix : cas de la société civile congolaise », Kinshasa, UNIKIN, 2011, 11p

* 38C. KAYSER et Flaubert DJATANG, « Les acteurs civils et la prévention des conflits », Berlin, éd. Pain pour le monde, 1ière édition, 2018

* 39 International Alert «La paix à petits pas ; Inventaire et Analyse des pratiques locales de paix à l'Est de la République Démocratique du Congo : cas du Nord et du Sud-Kivu »

* 40KakulePilipili Didier, « La résolution extra-judiciaire des conflits fonciers en territoire de Masisi : procédures et valeurs juridiques », Mémoire de licence, Université de Kisangani, 2010-2011 Disponible en ligne sur www.memoiresoneline.com

* 41Fahiraman Rodrigue KONE « Mécanismes traditionnels dans la gestion des conflits en Afrique Subsaharienne», 2016

* 42Jean-Luc Marret cité par Patrice Kreidi dans : « Le rôle des ONG et de l'Union européenne dans la résolution de conflits » p9

* 43DiakonieKatastrophenhilfe et Brot fur dlewelt, « Transformation des conflits et construction de la paix : Cadre d'orientation de la Diaconie oecuménique », p7

* 44Duroselle Jean-Baptiste, « La nature des conflits internationaux » . In: Revue française de science politique, 14? année, n°2, 1964.pp.295-308;doi : https://doi.org/10.3406/rfsp.1964.418407, https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1964_num_14_2_418407

* 45Bosco Muchukiwa, «Transforamation des conflits : orientations théoriques, diversité et efficacité d'approches », ISDR-Bukavu, 2019 Disponible en ligne sur https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publications/   

* 46DiakonieKatastrophenhilfe et Brot fur dlewelt «Transformation des conflits et construction de la paix : Cadre d'orientation de la Diaconie oecuménique » p21

* 47Mark Goodale « Traduire la paix et la violence : l'anthropologie entre la critique et l'engagement »

* 48 Aline Zihalirwa, cours de Questions spéciales des techniques de médiation, L1 cm, Ucbukavu, 2018-2019

* 49Josée LATENDRESSE « Faire face aux conflits », éd. Centre 1,2,3 GO disponible en ligne sur www.centre123go.ca

* 50Reiner FORSTER et Mark MATTNER cités par Patrice Kreidi dans : « Le rôle des ONG et de l'Union européenne dans la résolution de conflits », Mémoire de master, Université de Genève, Genève, 2007, p8

* 51Renaud SAINSAULIEU, Claude Abé, Thomas Hobbes et John Locke, cités par Paul Kadundu dans, Société civile et pauvreté à Bukavu, en RD. Congo : L'Afrique en quête du compromis entre le local et le global, Presses Académiques Francophones, Paris, 2015, p 105

* 52 Paul Kadundu, Société civile et pauvreté à Bukavu, en RD. Congo : L'Afrique en quête du compromis entre le local et le global, Presses Académiques Francophones, Paris, 2015, p 107

* 53Jean ChrisostomeKiyala, cours de Sociétés pacifiques et systèmes de paix, L2 CM, Ucbukavu, 2019-2020

* 54 Patrice Kreidi, « Le rôle des ONG et de l'Union européenne dans la résolution de conflits », Mémoire de master, Université de Genève, Genève, 2007, p 17

* 55 Bosco Muchukiwa, «Transforamation des conflits : orientations théoriques, diversité et efficacité d'approches », ISDR-Bukavu, 2019 Disponible en ligne sur https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publications/  

* 56 Ibid., p17

* 57 Ibid., p24

* 58 Ibid. p23

* 59 Jean-ChrisostomeKiyala, Cours de Sociétés Pacifiques et Systèmes de Paix, (lectures supplémentaires), L2 Conflits et Médiation, UCBukavu, 2019-2020

* 60 Madeleine Grawitz, méthode des sciences sociales, 11em Edition Dalloz, paris, 2001, p35

* 61G. KUYUNSA et S. SHOMBA, Initiation aux méthodes de recherche en sciences sociales, Ed. Presse universitaire du Zaïre, Kinshasa 1995, p34

* 62Goode WILLIAM, cité par G. KUYUNSA et S. SHOMBA, inInitiation aux méthodes de recherche en sciences sociales, Kinshasa, Presses Universitaire du Zaire, 1995, p58

* 63 R. Pinto et M. Grawitz, cités par P. Lievre, dans : Manuel d'initiation à la recherche en travail social : construire un mémoire professionnel, éd. ENSP, p68

* 64Berelson cité par M. Grawitz, in Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz 11ème éd., p606

* 65 www.congo-autrement.com et www.caid.cd

* 66Bosco Muchukiwa et Marcellin Kasagwe: « Conflits dans les moyens et les hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : facteurs d'escalade, modus operandi des acteurs et crise politique régionale en perspective », 2019, p3

* 67Ibid, p11

* 68 Ibid., p7

* 69 Entretien organisé avec un membre représentant la mutualité Banyamulenge dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu à Bukavu, le 13/11/2020

* 70 Propos du représentant de la mutualité de Babembe dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu, recueillis lors d'un entretien organisé à Bukavu, le 13/11/2020

* 71 Propos recueillis lors d'un entretien organisé avec un membre du mutuel des Babembe à Bukavu, le 13/11/2020

* 72 Ibidem

* 73 Entretien organisé avec un membre de la communauté Banyamulenge à Bukavu

* 74 Judith Verweijen : « Pourquoi la violence dans les hauts plateaux du Sud-Kivu n'est pas « ethnique » (et autres idées reçues sur la crise) » Kivu Security Tracker, 2020 Disponible en ligne sur  https://blog.kivusecurity.org/fr/pourquoi-la-violence-dans-les-hauts-plateaux-du-sud-kivu-nest-pas-ethnique-et-autres-idees-recues-sur-la-crise/ 

* 75 Conseil pour la Paix et la Réconciliation, « Les mutuelles tribales et la construction de la paix à Bukavu», 2016, p36

* 76 Propos du représentant de la mutualité banyamulenge dans le barza intercommunautaire du Sud-Kivu, recueillis dans un entretien organisé à Bukavu le 13/11/202 à 12h°°

* 77 Entretien avec le président du Barza intercommunautaire du Sud-Kivu, organisé à Bukavu le 18/11/2020 de 11h 12' à 12h 5'

* 78 Entretien avec le représentant de la mutualité de Babembe dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu

* 79 COPARE « Les mutuelles tribales et la construction de la paix à Bukavu », 2006, p40

* 80 Entretiens organisés avec trois membres du barza intercommunautaire du Sud-Kivu à Bukavu

* 81 Interview organisée avec la présidente du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu à Bukavu en 2020

* 82 https://www.peaceinsight.org/fr/conflicts/dr.congo/peacebuilding-organisations/adepae/

* 83KyalangalilwaNgabile, Groupes armés, mécanismes étatiques et non-étatiques dans la constructions de la paix au Sud-Kivu, 2018, TFC Inédit, UCBukavu, p36

* 84 www.peaceworkafrica.net/reseau-dinnovatio-organisationnellerio/

* 85 Entretien avec la présidente du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, réalisé à Bukavu le 18/11/2020 à 15h 20'

* 86 https://lessentielrdc.info/sud-kivu-le-pre-dialogue-inter-communautaire-entre-les-leaders-de-fizi-fixe-au-03-juin-prochain/

* 87 Entretien avec un membre de la communauté Bembe organisé à Bukavu

* 88 Entretien avec un membre de la communauté Banyamulenge

* 89 Idem.






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon