REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
UNIVERSITE CATHOLIQUE DE BUKAVU
B.P. 285/BUKAVU
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES
« ROLE DE LA SOCIETE CIVILE ET DE LA BARZA
INTERCOMMUNAUTAIRE DU SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS
INTERCOMMUNAUTAIRES : CAS DES CONFLITS ENTRE LES BABEMBE ET LES
BANYAMULENGE A FIZI »
OPTION :CONFLITS ET MEDIATION
Mémoire présenté par
KYALANGALILWA NGABILE Bonheur en vue de l'obtention du diplôme de
licencié en Sciences Sociales Option : Conflits et
Médiation.
Promotion : Deuxième année de
Licence
Dirigé par : Prof. Paul KADUNDU
KARHAMIKIRE
Codirigé par : Ass. MANGO KUBOTA
Alliance
ANNEE ACADEMIQUE: 2019-2020EPIGRAPHE
« Il faut
construire la paix de la base vers le sommet, du sommet vers la base et du
centre vers la périphérie »
John Paul LEDERACH, (1955)
« Il ne suffit pas de parler de paix. Il faut croire en
elle.
Et il ne suffit pas d'y croire. Il faut la construire
».
Eleanor ROOSEVELT, (1884-1962)
IN MEMORIAM
A mon très aimable regretté Papa NGABILE
LUNANGA Bertin, tu nous as quitté si tôt à lors
qu'on avait encore largement besoin de tes orientations, de tes conseils, de
ton soutien et surtout de ta préséance.
Que ton âme repose éternellement en paix et que
la terre de nos ancêtres te soit douce et très
légère.
DEDICACE
A toutes les personnes victimes des conflits et des violences
intercommunautaires dans le territoire de Fizi.
A tous les artisans de la paix qui oeuvrent jour et nuit pour
que les violences intercommunautaires cessent entre les Banyamulenge et les
autres communautés à Fizi.
A mes très chers parentsfeuNGABILE LUNANGA
Bertin et MBONE-BUCHE NSHOMBOJeannette ; Vous
nous apprenez souvent que « la véritable arme pour faire
face aux réalités de la vie c'est la science ». Cette
étude vous est dédiée pour avoir façonné son
auteur ainsi que ses connaissances.
KYALANGALILWA NGABILE Bonheur
REMERCIEMENTS
A l'éternel Dieu Tout Puissant pour nous avoir
protégé pendant toute la période de la réalisation
de cette recherche et de nos études à la Faculté des
Sciences Sociales à l'UCB, que la gloire lui revienne à
jamais!
A tous ceux qui ont participé de près ou de
loin à la réalisation de cette oeuvre scientifique. Plus
particulièrement à nos très chers parentsNGABILE
LUNANGA Bertind'heureuse mémoire etMBONEBUCHE NSHOMBO
Jeannettede nous avoir soutenu sur tous les plans, que le Dieu Tout
Puissant leurs comble de bénédictions financières afin de
faire de mêmepour nos frères et soeurs qui viennent juste
après nous.
A l'équipe de direction de ce mémoire,
particulièrement à son directeur Monsieur le Professeur
Paul KADUNDU KARHAMIKIREet à la codirectrice Madame
l'Assistante MANGO KUBOTA Alliancepour tout le travail fait,
pour toutes les orientations, les remarques, les conseils, les sacrifices du
temps, de moyens, de l'énergie, etc. Toujours dans le simple but de nous
amener à produire un travail de qualité; vraiment chers
directeurs, nous ne pouvons pas trouver des mots pour exprimer la satisfaction
que nous avons par rapport au travail que vous nous avait fourni.
A tout le corps scientifique et administratif de
l'Université Catholique de Bukavu en général et de la
faculté des Sciences Sociales en particulier, pour nous avoir
façonné à devenir un outil digne sur le plan scientifique
afin de servir l'humanité en général et la RDC en
particulier en tant qu'un expert en gestion des conflits et médiation.
Nous ne pouvons pas passer sans dire un mot de remerciement
à tous nos enquêtés qui ont sacrifié leur temps,
leur travail et certaines de leurs obligations pour nous fournir des
informations dont on avait besoin pour réaliser ce travail de
recherche.
A mes très chers frères Salomon
NGABILE et Don MASILYA et soeursNathalie
NGABILE, Alice FARAJA, Dorcas FADHILI NGABILE et Merveille
NGABILEet tous mes camarades de la Deuxième année de
Licence à la Faculté des Sciences Sociales en
général et plus particulièrement ceux de l'option conflits
et médiation : Anshuza LUSHULI NIGEL, ASSUMANI KISHIBAGAYA
Josué, BACHISHOGA NABINTU Véronique, BISIMWA BUSHENYULA
Christian, CIRHUZA NECI Prisca, KAMUKINDE Samuel, MUGISHO BURHALIKE Carlos,
Christelle MULINGANYA et SHUKURU LUSUMBA Benjamin pour leurs conseils
et la collaboration, que Dieu vous bénisses et pourvoie à vos
besoins.
A nos oncles et tantes, cousins et cousines, neveux et
nièces, beau-frère et grands-parents, et à tous ceux qui
n'ont pas été cité ici, mais qui ont contribué
d'une manière ou d'une autre à la réalisation de ce
travail ;
Trouvez ici mes remerciements.
KYALANGALILWA NGABILE Bonheur
SIGLES ET ABREVIATIONS
- ADEPAE :Action pour le
Développement et la Paix Endogène
- APC : Action pour la Paix et
la Concorde
- APARECO:Alliance des Patriotes pour la
Refondation du Congo
- BCNUDH : Bureau Conjoint des Nations
Unies aux Droits de l'Homme
- CCI : Cadre de Concertation
Intercommunautaire
- CDM : Cadre de Dialogue et de
Médiation
- COMUSKI :Coordination des Mutuelles du
Sud-Kivu
- FARDC :Forces Armées de la
République Démocratique du Congo
- MONUC :Mission d'Observation des Nations
Unies au Congo
- MONUSCO:Mission de l'Organisation des Nations
Unies pour la Stabilisation du Congo
- N° : Numéro
- OCHA : Bureau de Coordination des
Affaires Humanitaires
- ONG : Organisation Non
Gouvernementale
- PNC : Police Nationale
Congolaise
- RDC : République
Démocratique du Congo
- STAREC : Programme de Stabilisation et
de Reconstruction de l'Est de la RDC
- UCB : Université
Catholique de Bukavu
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Présentation des
enquêtés suivant leurs identités
Tableau 2 : Conception de la population sur les
facteurs des conflits à Fizi
Tableau 3 : Conception de la population sur
les conséquences des conflits inter com-
munautaires à Fizi
Tableau 4 : Conception de l a population sur les
acteurs indirects des conflits intercom- .
munautaires à Fizi
Tableau 5 : Conception de la population sur le
rôle du Barza intercommunautaire dans .
latransformation des conflits intercommunautaires à Fizi
Tableau 6 : Conception de la population sur le
rôle du Bureau de coordination de la so- cciétécivile sur
la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi
Tableau 7 : Conception de la population sur les
limites des approches de transformationd des conflits au
Sud-Kivu
LISTE DES FIGURES
Figure 1:Gamme de traitement des mécanismes des
conflits
Figure 2 : La pyramide de transformation des
conflits de John Paul Lederach
Figure 3 :Pyramide de transformation des conflits
appliquée à l'approche du Barza
Figure 4 :Pyramide de transformation des conflits
appliquée à l'approche de la société
civile
Figure 5 :Carte géographique de la province
du Sud-Kivu
Figure 6 :Carte géographique du territoire de
Fizi
TABLE DES
MATIERES
EPIGRAPHE
I
IN MEMORIAM
II
DEDICACE
III
REMERCIEMENTS
IV
SIGLES ET ABREVIATIONS
V
LISTE DES TABLEAUX
VI
LISTE DES FIGURES
VII
TABLE DES MATIERES
VIII
RESUME
X
INTRODUCTION
1
1.
CONTEXTE
1
2. PROBLEMATIQUE
2
4. HYPOTHESES DU
TRAVAIL
7
5. CHOIX ET INTERET
DU SUJET
8
6. DELIMITATION DU
SUJET
8
7. SUBDIVISION DU
TRAVAIL
9
CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE
10
I.1. REVUE DE LA LITTERATURE
10
I.2. CONCEPTUALISATION
18
2.1. Le
conflit
18
2.2. Le conflit
intracommunautaire
19
2.3. Le conflit
intercommunautaire
20
2.4. La
violence
20
2.5. La
médiation
21
2.6. La
négociation
21
2.7. La
société civile et le Bureau de coordination de la
société civile
22
2.8. La
Barza
23
I.3. APPROCHES DE RESOLUTION DES CONFLITS
24
I.4. THEORIE
25
La théorie de transformation des conflits de
John Paul LEDRACH
25
CHAPITRE II. MATERIELS ET METHODES
30
2.1. TYPE D'ETUDE
30
2.2. METHODOLOGIE
30
2.2.1.
Méthodes
30
2.2.2. Techniques
30
2.3. SITE
32
2.4. ECHANTILLONNAGE
32
a. Taille de
l'échantillon
32
b. Critères
d'inclusion
33
2.5. VARIABLES A
ETUDIER
34
2.6. DIFFICULTES
RENCONTREES
34
2.7. CONSIDERATIONS ETHIQUES
35
CHAPITRE III. PRESENTATION DES RESULTATS
36
Section I. GENERALITES SUR LES CONFLITS
INTERCOMMUNAUTAIRES A FIZI
37
Section II. ROLE DE LA BARZA INTERCOMMUNAUTAIRE DU
SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES
43
Section III. ROLE DU BUREAU DE COORDINATION DE LA
SOCIETE CIVILE DU SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS
INTERCOMMUNAUTAIRES
47
Section IV. LIMITES DES APPROCHES DE TRANSFORMATION
DES CONFLITS AU SUD-KIVU
54
CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS
57
Section I. Facteurs des Conflits et acteurs
indirects
57
Section II. Analyse comparative du rôle de la
société civile et de la Barza intercommunautaire dans la
transformation des conflits.
58
CONCLUSION
61
BIBLIOGRAPHIE
64
ANNEXES
67
RESUME
Les conflits intercommunautaires entre les Babembe et les
Banyamulenge dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu ont été
ancrés il y a des décennies dans le vécu quotidien de la
population de cette zone, au coeur de cette zone s'enregistre des violences
intercommunautaires atroces. C'est dans cette dynamique des conflits que la
présente recherche vient répondre à une question centrale,
celle de comprendre le rôle que jouent le Bureau de coordination de
la société civile et laBarza intercommunautaire du Sud-Kivu dans
la transformation de ces conflits intercommunautaires. Nous avons
également cherché à savoir quels sont les acteurs
indirects (invisibles) dans l'alimentation des conflits intercommunautaires
à Fizi ?, et aux quelles limites se sont heurtées les
stratégies (approches) de transformation des conflits
précédentes dans la mise en oeuvre et le suivi de leurs
solutions ?
Pour ce faire, nous avons eu à mobiliser un arsenal
méthodologique développant une étude à la fois
descriptive et analytique, recourant à une méthodologie mixte,
à la fois qualitative et quantitative, quia fait recours à des
méthodes historique et comparative et les techniques d'analyse
documentaire, d'entretien, d'enquête par questionnaire et de l'analyse du
contenu.Les recherches empiriques ont conduit aux résultats
suivants : (i) des facteurs comme la transhumance, l'identité, la
revendication territoriale et la manipulation politique, parmi lesquels
l'inacceptation mutuelle constitue un facteur important dans l'alimentation des
conflits à Fizi avec un taux de 27.5%; (ii) Les
résultatsdémontrent aussi que les acteurs comme : la
diaspora, les leaders coutumiers etreligieux, les dirigeants des pays voisins,
les leaders politiques, etc., jouent également un grand rôle comme
acteurs indirects dans la dynamique de ces conflits, avec une participation
prédominante des leaders politiques comme principale classe d'acteurs
indirects avec un taux de 60% à l'issue de nos enquêtes ;
(iii) Il est également ressorti de notre recherche que laBarza
intercommunautaire joue pour sa part, le rôle de lanceur d'alerte, de
conciliateur, de prévention des conflits et de leur résurgence,
au-delà du rôle de partie tierce et d'observateur. Pour sa part,
le Bureau de coordination de la société civile joue directement
(au-delà de son rôle joué indirectement à travers
ses organisations membres : ADEPAE, APC et RIO) le rôle de
coordination, de représentation, de lobbying et de plaidoyer ; (iv)
Finalement, comme limites aux différentes approches
précédemment développées en vue de la
transformation de ces conflits à Fizi, l'on note ici : les limites
liées à l'insécurité, aux finances, à la
coordination de ces approches et de l'incohérence entre les solutions
proposées et les problèmes constatés.
Mots clés : Transformation des conflits,
Conflits, Conflits intercommunautaires.
INTRODUCTION
1. CONTEXTE
Les conflits intra et intercommunautaires paraissent à
nos jours étroitement liés au quotidien de la population
Sud-Kivutienne en particulier et de toute la République
Démocratique du Congo en générale.
Il s'observe actuellement dans plusieurs territoires de la
RDC, des conflits intercommunautaires intenses, se manifestant
généralement par des formes de violence de tout genre,
marquées par la volonté des belligérants d'anéantir
l'adversaire en face, comme c'est le cas actuellement à Yumbi dans
l'ancienne province de Bandundu et la nouvelle province de Maindombe où
des violents combats interethniques ont opposé durant plusieurs mois la
communauté Batende et la communauté Banunu suite à la
gestion de cette nouvelle province issue du découpage territorial, avec
comme conséquences des tueries, des déplacements massifs de la
population, des pillages et incendies des villages, la non-organisation des
élections dans ce contrait, etc.; c'est également le cas en Ituri
dans l'ancienne province orientale où des violents conflits
intercommunautaires opposent pendant des années les communautés
Hema et Lendu au tour de l'identité.
Au Sud-Kivu, ces conflits opposent depuis l'époque
coloniale dans la partie Sud-Est de la province les présumés
« non-originaires » (Barundi, Banyamulenge) aux
présumés « originaires » avec toutes les
conséquences humanitaires, sociales, économiques,
sécuritaires, culturelles y relatives, contribuant ainsi au
sous-développement de ces milieux affectés par les conflits.
C'est dans ce contexte que le présent travail vient
analyser le rôle joué par la Société Civile et la
Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi.
2. PROBLEMATIQUE
Les conflits intercommunautaires émergent depuis ces
six dernières décennies en République Démocratique
du Congo, géopolitiquement ils vont du Nord (entre les éleveurs
Mbororo et les populations autochtones) au Sud (entre les bantous et les Twa),
et de l'Est (entre les populations autochtones et allochtones au Nord et
Sud-Kivu, entre les Hema et les Lendu en Ituri) à l'Ouest ( entre les
Batende et les Banunu au Bandundu, les Mbundu dia kongo au Kongo central), en
passant par le centre (avec les KamwinaNsapu). Ces conflits intercommunautaires
se manifestent par des violents combats intercommunautaires à la suite
des quels s'enregistrent des dégâts humains, culturels et
matériels importants.
Dans un contexte un peu plus global, Baptiste (1998) montre
que, « les conflits intercommunautaires violents font partie des
principales caractéristiques de la fin du 20iéme siècle.
De ce fait, il dénombre entre les années 1945 et 1975 plus de 161
conflits communautaires dans le monde dont 65 internationaux parmi lesquels,
les conflits intra-étatiques étaient donc les plus nombreux. Il
poursuit dans ce sens en montrant que les conflits actuels dans le monde sont
d'origine ethnique, se traduisent fréquemment par des violentes guerres
civiles, et ont provoqué le déplacement de près de 100
millions d'êtres humains devenus des réfugiés dans leur
propre pays.»1(*)
Revenant sur la problématique des conflits
intercommunautaires dans la province du Sud-Kivu, l'ONG internationaleSearchFor
Common Ground, montre que « Compte tenu de la fragilité et des
tendances de conflits violents, de l'opportunité et de la
faisabilité de transformer les conflits et de consolider la paix, l'une
des premières zones pertinentes pour l'analyse des conflits
intercommunautaires dans la province du Sud-Kivu est celle des « Hauts
Plateaux de Mwenga- Plaine de la Ruzizi ».2(*)
Les conflits intercommunautaires qui secouent la partie
Sud-Est de la province du Sud-Kivu opposent essentiellement dans (i) la plaine
de la Ruzizi « Les Bafulero/Bafuliru, considérés comme
la communauté « autochtone » représentant environ 80%
de la population de la plaine de la Ruzizi contre les Barundi, d'origine
burundaise, représentant 20%. Les Barundi se sont installés dans
la zone pendant la première moitié du XIXème
siècle, et les Bafulero sont arrivés à la fin du
XIXème siècle. Le conflit le plus récurrent dans cette
chefferie est entre ces deux communautés. » 3(*), dans (ii) les hauts plateaux de
Fizi et Mwenga la communauté « autochtone », les Babembe,
contre les Banyamulenge qui sont des Tutsis, d'origines rwandaise et
burundaise. Les Banyamulenge se trouvent également dans les Hauts
plateaux d'Uvira et de Fizi et constituent une communauté relativement
petite, estimée entre 50 000 et 400 000 personnes. Les premiers
Banyamulenge sont arrivés dans les Hauts plateaux de Minembwe et
d'Itombwe en plusieurs vagues pendant le XIXème
siècle.»4(*)
Revenant sur le bilan de ces conflits dans les hauts plateaux
du Sud-Kivu, le rapport du 10 août 2020 du BCNUDH en RDC donne une
projection du bilan colossal de cette crise en documentant « la
destruction d'au moins 95 villages, 128 décès dû à
des exécutions sommaires et extrajudiciaires, 47 victimes de violences
sexuelles, et le pillage et l'abattage de milliers de têtes de
bétail. Cette violence a conduit à une situation humanitaire
désastreuse, avec plus de 110000 personnes
déplacées.»5(*)
De la portée des conflits intercommunautaires, B.
Muchukiwa et M. Kasagwe, notent que, « Les conflits
intercommunautaires sont des synonymes des conflits de pouvoir coutumier. Tous
deux ont les mêmes racines qui les escaladent après la
colonisation belge. Ils opposent les ethnies dénommées Babembe,
Bavira, Bafuliiru, Banyindu, Banyamulenge et Batwa sur un fond identitaire dans
les moyens et les hauts plateaux des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira dans
la Province du Sud-Kivu. Certains auteurs situent ces conflits identitaires
à l'époque coloniale. D'autres, par contre, réfutent cette
version et s'accordent que les conflits intercommunautaires sont nés
avec la fragilité des Etats en Afrique après la
colonisation. »6(*)
Cela étant, la cohabitation entre ces
différentes communautés est toujours traversée par des
luttes de positionnement fondées principalement sur des
faits/événements antérieurs liés à des
enjeux politiques et économiques, se traduisant par des épisodes
cycliques de violences. Ces violences ont généralement pour
soubassement des antagonismes individuels et des problèmes liées
à la gestion de la transhumance.7(*)
En ce qui concerne les natures et l'enracinement de ces
conflits dans le chef des Babembe et de Banyamulenge, Muchukiwa et M.Kasagwe,
reviennent en soulignant que, « ces conflits trouvent des
explications dans les antécédents historiques et dans la
spécialisation économique qui s'accentue par la
compétition entre l'agriculture, l'élevage et l'exploitation
artisanale des minerais. Les populations dites autochtones pratiquent dans
l'ensemble l'agriculture. En revanche, les populations dites allochtones
pratiquent l'élevage de gros bétail. Par ailleurs, les
Banyamulenge dénoncent la discrimination et réclament la
création de nouvelles entités territoriales et administratives
pour corriger les irrégularités créées par les
colonisateurs belges.Cette thèse n'est pas acceptée par les
groupes ethniques autochtones, d'où la persistance des conflits
intercommunautaires dans les territoires de Fizi, Mwenga et Uvira, dans les
moyens et les hauts plateaux d'Itombwe. »8(*), Ce qui prouve à
suffisance que, au-delà de l'identité, le foncier et la
transhumance restent des enjeux de taille dans la dynamique de ces conflits
intercommunautaire, ce qui explique la complexité de ce conflit.
Préoccupé par la dimension identitaire dans la
dynamique de ces conflits intercommunautaires à Fizi, Pole
Institute,trouve quant à ce que, « la Communauté Bembe
quasi majoritaire en territoire de Fizi, dans sa perception continue à
penser que la communauté Banyamulenge a un plan d'expansion politique,
un plan régional ayant ses racines à partir du Rwanda et de
l'Ouganda. Selon cette perception ce plan pour se matérialiser partirait
de l'érection du territoire de Minembwe, avec comme alliés les
Babuyu et les Babwari. »9(*) Et selon Pole Institute, cette perception est soutenue
et entretenue par des leaders intellectuels de la communauté au pays et
à l'étranger. Par contre, la communauté Banyamulenge pense
que les attaquer sur l'angle de la transhumance c'est les affaiblir de
manière ciblée, c'est affecter leur source principale de
l'économie des ménages, ce qui leur parait inacceptable. Cette
position est soutenue par des leaders intellectuels de la communauté au
pays et à l'étranger.
Ces conflits revêtent une dimension ethnique
car« la plupart des agriculteurs sont membres des communautés
« autochtones » tandis que les éleveurs sont majoritairement
d'origine rwandaise et burundaise, ce qui constitue une source de tension
très importante dans la zone. Souvent, les conflits de pouvoir ou
fonciers sont envenimés par l'élément ethnique. Ils en
deviennent plus graves, explosifs et la cohabitation pacifique devient aussi de
plus en plus difficile.»10(*)
Inscrits dans le long terme, les conflits opposant les
communautés de Fizi et Uvira constituent des cas exemplaires de
sociétés fragilisées et recourant
régulièrement à la violence comme mode de revendication.
Cette violence s'illustre particulièrement par la persistance de
nombreux « groupes armés » dont certains se
présentent comme « porteurs de revendications
communautaires ». C'est en ce sens que Life and Peace et al.
Affirment que, « La présence de ces milices met en exergue un
criant déficit de cohabitation entre les communautés locales
déjà déchirées par des conflits complexes au tour
de l'identité, de la gestion foncière et de l'exercice des droits
politiques. »11(*)
Ainsi donc, suite à cette insécurité
récurrente les passants commencent à éviter le
tronçon Minembwe-Itombwe et préfèrent prendre la voie de
la brousse à cinq heures de marche de Minembwe àMulima parce que
couverte par cinq barrières payantes de FARDC et de PNC soit 500 FC par
passant.12(*)
Pour OCHA, la crise dans la région de Fizi et Itombwe a
commencé en février 2019. L'événement
déclencheur de la crise semble être des actes de violences ou
d'agression sexuelle perpétrés sur une femme Bafuliru au
début de février 2019 par des présumés miliciens
Banyamulenge. Cet incident a été à l'origine de la
montée des tensions communautaires qui ont finalement basculé en
des affrontements entre les communautés par milices
interposées.13(*)
Cette crise latente non négligeable passe souvent
inédite dans la plupart des concertations locales consacrées
à la recherche de la paix sociale et à l'établissement de
la cohésion intercommunautaire.14(*)
La recherche des solutions à cet important
problème intercommunautaire a été à la base de
plusieurs initiatives, qui jusqu'ici ont manifesté un déficit
important dans la conception, la mise en oeuvre et le suivi, impliquant souvent
les acteurs étatiques, non-étatiques, les leaders des
communautés locales et à un niveau moyen des acteurs de la
société civile, mais ce pendant comme parties prenantes oubliant
le rôle important qu'ils peuvent jouer comme tierce partie dans la
transformation de ces conflits.
Pour ce faire, International Crisis Group trouve que, le
conflit dans la plaine de la Ruzizi n'a pas manqué de « faiseurs de
paix » qui ont été inefficaces pour des raisons diverses,
dont la principale est le manque de connaissance du milieu et des enjeux
locaux. 15(*)
De ce fait, plusieurs processus de dialogue ont
été amorcés pour aborder ces conflits ; c'est le
cas : du dialogue intercommunautaire organisé en février
2010 à Baraka par la MONUC et l'Association
« LubungaLwilonji » sous la participation de plus de 200
représentants des communautés en conflits (allochtones et
autochtones)16(*) ;
du dialogue social entre les Babembe et les Banyamulenge du Sud-Kivu
organisé à Uvira, le 10 novembre 2016 entre les leaders locaux et
les chefs coutumiers, les chefs de secteurs, les acteurs de la
société civile, les députés provinciaux d'Uvira et
de Fizi et les autorités territoriales et administratives, sous la
facilitation de la MONUSCO17(*);du pré-dialogue intercommunautaire entre les
leaders de Fizi vivant à Bukavu, organisé à Bukavu du 03
au 04 juin 2019 par la Société Civile du Sud-Kivu et laBarza
intercommunautaire sur la cohabitation pacifique entre les communautés
de Fizi18(*) ; du
dialogue intercommunautaire pour la sécurité et la paix dans les
Hauts Plateaux d'Uvira, Fizi et Mwenga, à Uvira le 25 juin 2019,
organisé par l'ONG International Alert avec les représentants des
communautés en conflit, les autorités locales et Etatiques et la
société civile.19(*)
A côté de ces initiatives, plusieurs autres
approches de transformations de ces conflits peuvent être
répertoriées axées sur les interventions communautaires
des ONG ; pour ce faire, des organisations et associations non
gouvernementales, liées aux sages des communautés initient des
dialogues entre ces communautés pour tenter de pacifier cette zone et
assurer une cohabitation aisée.20(*)
Compte tenu de l'ampleur que prenait cette question tant dans
le chef du pouvoir en place et des théoriciens et praticiens de ce
domaine, des solutions ont émergé de partout pour tenter d'y
faire face :
C'est le cas du législateur congolais qui
d'après B. Muchukiwa et M. Kasagwe,propose de les résoudre par la
création d'une commission consultative qui serait installée aux
niveaux du ministère national des affaires coutumières, de la
province, de la chefferie ou du secteur. Le ministre national en charge des
affaires coutumières, le gouverneur de province, le chef de chefferie ou
de secteur y seraient des médiateurs attitrés qui doivront
s'appuyer sur les administrateurs des territoires, les chefs de groupements ou
de villages pour le règlement des conflits de pouvoir
coutumier.21(*)
International Crisis Group, de sa part, trouve que, la
réduction des communautés à leurs représentants
officiels est une des causes de l'échec des initiatives de paix. Les
actions de promotion de la paix et de dialogue intercommunautaire doivent non
seulement viser les notables et autorités coutumières mais aussi
inclure les niveaux inférieurs d'autorité, c'est-à-dire
les leaders d'opinion, dirigeants informels et meneurs locaux. Toute reprise
des discussions intercommunautaires devrait être plus inclusive.22(*)
Revenant sur la nécessité de la participation
des acteurs de la société civile dans ce processus,Pole Institute
trouve que toute action de stabilisation doit par définition
établir la confiance entre les différents acteurs et renforcer
les capacités des acteurs locaux qui seuls peuvent assurer la
pérennité de l'action. Il s'ensuit que la stabilisation en RDC ne
peut se faire de façon durable et efficace sans la participation de tous
les acteurs-clé, notamment la société civile basée
dans les différentes zones de stabilisation.23(*)
Ainsi développée, la question des conflits
intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge gravite autour de 4
facteurs principaux, dont : l'identité, la transhumance, le foncier et
la nationalité controversée. A ceux-ci s'ajoute une multitude
d'autres facteurs qu'il convient d'analyser et d'intégrer dans une
approche holistique de transformation de ces conflits en vue d'aboutir à
une paix durable.
La persistance de ces conflits et l'inefficacité des
mécanismes disponibles pour leur transformation plongent ces
communautés dans un cycle de violence réciproque causant beaucoup
de dégâts de part et d'autres, ce qui constitue un problème
important auquel la présente recherche va se focaliser.
Cela étant, dans le but de comprendre le rôle de
la société civile et de la Barza intercommunautaire dans la
transformation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les
Banyamulenge à Fizi, la présente recherche va s'articuler autour
des questions suivantes :
ü Quels sont les acteurs indirects (invisibles) qui
alimentent les conflits intercommunautaires à Fizi ?
ü Quel rôle joue la société civile du
Sud-Kivu et la Barza intercommunautaire dans la résolution de ces
conflits ?
ü Aux quelles limites se sont heurtées les
stratégies (approches) de transformation des conflits
précédentes dans la mise en oeuvre et le suivi de leurs
solutions ?
3. BUT ET
OBJECTIFS
3.1. But de la recherche
Le but de la présente recherche est de comprendre ce
conflit et d'expliquer l'impact de l'intervention de la société
civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la résolution
des conflits intercommunautaires entre Babembe et Banyamulenge à Fizi.
3.2. Objectifs
Le présent travail de recherche poursuit la
réalisation des trois objectifs particuliers :
ü Celui de dresser un aperçu général
sur les conflits intercommunautaires à Fizi, et sur les facteurs et les
acteurs indirects des conflits intercommunautaires à Fizi ;
ü Celui de comprendre le rôle joué par le
bureau de coordination de la société civile et la Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits entre les
Banyamulenge et les Babembe à Fizi ;
ü Celui de comprendre et expliquer les limites des
approches précédentes de transformation des conflits
intercommunautairesentre la communauté Banyamulenge etla
communauté Babembe à Fizi.
4. HYPOTHESES DU TRAVAIL
Etant de manière générale une
réponse provisoire à une question posée,
conformément à la situation problématisée ci-haut,
les hypothèses suivantes peuvent être adaptées à nos
questions :
ü Parmi les acteurs indirects dans ces conflits on
trouverait : certains politiciens, les leaders religieux, les leaders de
la diaspora, les dirigeants de pays voisins, les officiers de la police et des
forces armées de la RDC et des pays voisins, la MONUSCO, les ONGs,
etc.
ü Dans la résolution des conflits
intercommunautaires au Sud-Kivu, la société civile et la Barza
intercommunautaires du Sud-Kivu joueraient trois principaux rôles :
(i) lorsqu'elles participent comme tierce partie (facilitateurs,
médiateur, arbitre, etc.) elles accompagnent les parties en toute
neutralité àtrouver des solutions durables à leurs
problèmes en vue de se réconcilier ; (ii) lorsqu'elles y
participent en tant parties prenantes aux conflits, elles jouent le rôle
de la défense des intérêts communautaires ; (iii)
lorsqu'elles participent en tant que observateur, ellesjouent un rôle
très passif se limitant seulement à des propositions et
l'observation de la bonne marche du processus.
ü Les différentes approches de transformation et
de résolution des conflits développées comme
réponse aux conflits intercommunautaires à Fizi se serraient
heurtées à un certain nombre des limites parmi lesquelles :
le manque de la volonté pour mettre en pratique les accords et
conventions signés, la manipulation des membres de la communauté
et desleaders communautaires de base par les acteurs politiques nationaux et de
la diaspora, les problèmes récurrents d'insécurités
perpétrées par les groupes armés dont les
intérêts sont menacés par le rétablissement de la
paix, l'absence de l'autorité de l'Etat et l'insuffisances des
éléments des forces de sécurité, le manque des
moyens financier pour mettre en oeuvre ces politiques, etc.
5. CHOIX ET INTERET DU SUJET
5.1. Choix du sujet
Le présent travail porte sur : « Le
rôle de la société civile et de la Barza intercommunautaire
du Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires : Cas
des conflits entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi»
Ce choix trouve sa justification et sa pertinence dans la
pérennité de la rupture du lien social entre les
communautés dites autochtones à Fizi et la communauté dite
allochtone, à la suite de laquelle les violences intercommunautaires
trouvent leur place, et dont les mécanismes mis en place pour faire face
à cette situation
se trouvent dépassés.
5.2. Intérêt du sujet
a. Sur le plan théoriqueou
scientifique
Cette étude va apporter un plus sur les supports
d'analyse déjà existants dans le domaine d'étude de paix
et des conflits pouvant servir aux futurs chercheurs de base d'analyse dans le
cadre d'action ou de mise en place des actions en vue de participer à la
transformation sociale des sociétés en conflit.
b. Sur le plan pratique ou social
Ce travail constitue un outil d'appui et d'orientation des
actions des populations et des acteurs sociaux de paix en vue de la
transformation positive de leur milieu, de leur environnement social, de leur
relation et de leurs attitudes.
6. DELIMITATION DU SUJET
6.1. Délimitation spatiale
Notre sujet s'est intéressé ici à
l'analyse du rôle joué par le Bureau de coordination de
lasociété civile et la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans
les conflits entre les Babembe et les Banyamulenge en se focalisant plus sur le
territoire de Fizi.
6.2. Délimitation temporelle
Notre étude va s'intéresser aux faits ayant
marqué les conflits qui ont opposé la communauté
Banyamulenge à la communauté Babembe depuis 1996 jusqu'à
nos jours.
7. SUBDIVISION DU
TRAVAIL
Ce travail est subdivisé en quatre principaux
chapitres mis à part son introduction et sa conclusion :
Chapitre I : Cadre
théorique
Chapitre II : Matériels
et méthodes
Chapitre III :
Présentation des résultats
Chapitre IV : Discussion des
résultats
CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE
I.1.
REVUE DE LA LITTERATURE
La question au tour des conflits intercommunautaires dans la
partie Sud-Est de la province du Sud-Kivu a été abordée
différemment, mais de manière un peu complémentaire par
les théoriciens et les experts dans le domaine d'étude de paix et
des conflits, la plupart d'entre eux dans leurs analyses reviennent sur les
facteurs (les causes) les plus profonds de ces conflits (Nicaise MUZINGA
LOLA ;International Alert ; APARECO ; International Crisis
Group ; ADEPAE, Arche d'alliance et Life and Peace Institute ;
Inter-cluster Régional et OCHA; Saerch For Common Ground ; Bosco
Muchukiwa; etc.), d'autres sur le mécanismes ayant été
développés par les structures de la société civile
pour en faire face (LabanaLasay'abar ; KAYSER ; Flaubert
DJATANG;International Alert ;KAKULE PILIPILI Didier; etc.) et d'autres
encore sur leur histoire
1. L'histoire des confits intercommunautaires à
Fizi
Les auteurs (Life and Peaceet Al., Bosco Muchukiwa, Search For
Common Ground, Pool Institute, etc.) sont ici presque unanime que les conflits
intercommunautaires entre autochtones et allochtones à l'Est de la RDC
et plus particulièrement dans les territoires de Fizi et d'Uvira
remontent des mouvements migratoires des populations hutus et tutsi des pays
voisins de l'Est de la RDC(le Rwanda et le Burundi) vers les territoires
voisins de ces deux pays dans le Kivu ;ils soutiennent en plus que ces
conflits ont été amplifiés par les guerres internes, le
génocide Rwandais, et les guerres civiles et politiques au Burundi avec
les poursuites de ces guerres sur les terres congolaises ; ils montrent en
fin que ces conflits se radicalisent historiquement à travers les
différentes décisions et actes administratifs sur la
nationalité, l'accès à la terre et la gestion des
entités administratives par les peuples dit allochtones.
2. Les facteurs ou causes des conflits
Les travaux identifiés précédemment
soulignent un lien de causalité entre les causes des conflits
intercommunautaires tel que vécu dans différentes provinces de la
RDC et dans différents pays de la sous-région des grands lacs.
International Alert (2010)24(*), revenant sur les sources de la récurrence des
conflits intercommunautaires et communautaires opposant les Banyamulenge et
les autres communautés dans la région de Fizi et de la plaine de
la Ruzizi, montre d'emblée que les principaux facteurs de conflits dans
cette région sont : l'identité, le foncier et le pouvoir
coutumier prenant de l'ampleur depuis la rébellion du RCD de
1998.Complétant cette étudeLife and Peace Institute et Al.
(2011)25(*), trouvent
qu'au-delà du foncier, de l'identité et du pouvoir coutumier, les
conflits intercommunautaires à Minembwe et dans la collectivité
chefferie de la plaine de la Ruzizi opposant : pour le premier les
Banyamulenge aux Babembe et pour le second les Bavira, Bafuliru aux Barundi,
ont comme racines la gestion de la transhumance et la question
d'érection de Minembwe en territoire.Surencherant les idées des
études précédentes, International Crisis Group
(2013)26(*), affirme pour sa part que
la conflictualité dans la région Est de la RDC s'inscrit dans une
compétition foncière et économique locale entre
différentes communautés de cette région ;
Revenant sur les causes des conflits intercommunautaires entre
autochtones et allochtones, Search For Common Ground (2014)27(*), trouve dans son rapport
réalisé dans les hauts plateaux d'Itombwe et dans la plaine de la
Ruzizi que les causes de ces conflits paraissent interconnectées et
tournent au tour de la mobilisation de l'identité ethnique,
l'accès aux ressources économiques, le foncier, le pouvoir et la
transhumance.
L'APARECO(2019)28(*), montre pour sa part qu'il est impossible de
comprendre la dynamique au tour des conflits entre les Banyamulenge et les
autres communautés particulièrement les Babembe à Minembwe
sans pour autant mettre en cause la vision impérialiste de Paul Kagame
dans les conflits à l'Est de la RDC, ainsi qu'une analyse approfondie
sur la question de la manipulation de l'identité des Banyamulenge. Par
contre, Inter-cluster Régional et l'OCHA (2019)29(*), se focalisant sur l'aspect
interactionnel des conflits intercommunautaires entre allochtones et
autochtones, trouvent que la cohabitation entre ces communautés est
marquée par des luttes de positionnement basées sur les faits
passés des enjeux politiques et économiques, se manifestant par
des cycles de violence atroces, trouvant leur base dans les oppositions
individuelles et la gestion de la transhumance. D'autres facteurs comme :
la lutte pour le contrôle des ressources économiques, les
alliances avec les groupes armés étranger, la faible
présence de l'autorité de l'Etat, l'enclavement de cette
région, ainsi que le découpage élevant Minembwe en statut
de commune rurale, sont vus comme déclencheurs de ces conflits.
En plus, l'étude d'Interpeace
(2013)30(*) dans leur rapport sur la manipulation des
identités et stéréotypes dans l'alimentation des conflits
intercommunautaires dans la région des grands lacs, confirme la non
exclusivité de la dimension ethnique dans les conflits
intercommunautaires dans les grands lacs, tout en se focalisant sur le
rôle de l'identité comme moteur des conflits dans les grands lacs,
Interpeace trouve en accord avec les études précédentes
que les conflits intercommunautaires sont due à des manipulations des
identités telles que : les identités ``allochtones'' versus
``autochtones'' et les identités linguistiques au Nord-Kivu, à
cela s'ajoute les identités professionnelles entre agriculteurs et
éleveurs au Sud-Kivu ; les identités liées à
la double nationalité et identités ethniques au Rwanda et
finalement les identités d'appartenance politique et les
identités ethniques au Burundi.
Complétant cette étude, Bosco MUCHUKIWA et
Marcellin KASAGWE (2019)31(*)montrent que les conflits intercommunautaires au tour
des questions identitaires, divisent dans les hauts et moyens plateaux de Fizi,
Mwenga et Uvira les ethnies Bembe, Bavira, Bafuliru, Banyindu, Banyamulenge et
Batwa se mobilisant au tour du pouvoir coutumier et connaissant la
participation des coalitions de groupes armés nationaux et
extérieurs de la sous-région, ils notent que la notion des
conflits intercommunautaires est un fourre-tout et désigne à la
fois les antagonismes entre ethnies qui se battent au sujet de leur
identité culturelle, de pâturages, de la reproduction des
activités économiques, du contrôle des facteurs de
production et de gestion des entités modernes crées par
l'administration coloniale. Revenant sur les types et enjeux des conflits dans
leur milieu d'étude, Muchukiwa et Kasagwe soutiennent à la
lumière de ces précédents auteurs, que les enjeux des
conflits intercommunautaires dans ces espaces gravitent autour des
pâturages, du pouvoir, du territoire, de l'argent et de l'aide au
développement, cela étant, la monopolisation de ces enjeux par
une ethnie provoque les conflits intercommunautaires.
C'est dans la suite de ces analyses que Justine Brabant et
Jean Louis K. Nzweve (2013)32(*) dans leur article: « la houe, la
vache et le fusil ;conflits liés à la transhumance en
territoires de Fiziet Uvira (Sud-Kivu, RDC) : Etat des lieux et
leçons tirées de l'expérience de LPI »
partant du cas où durant les saisons sèches un déplacement
fréquent des vaches et des taureaux guidés par leurs bergers est
constaté dans les hauts et moyens plateaux d'Itombwe vers la plaine et
le littoral du lac Tanganyika à la recherche du pâturage, ce
mouvement cause le ravage par le troupeau des champs des cultivateurs
contribuant ainsi à l'alimentation des conflits au tour de la
transhumance entre les cultivateurs (Babembe et Bavira) d'une part et
éleveurs (Banyamulenge et Fuliro) d'autre part. Ces auteurs montrent par
la suite que la transhumance participe à la mobilisation des dynamiques
locales de la violence ainsi qu'à l'émergence des conflits
intercommunautaires à travers l'accentuation des tensions sur la
perception de droit de pacage, les barrières de mai-mai, les vols des
bétails, l'organisation des banyamulenge en milices
d'autodéfense, etc., ce qui conduit à des attaques de vengeance
des agriculteurs sur les bétails dévastateurs des cultures des
éleveurs conduisant à la manifestation des besoins
d'autoprotection de part et d'autres.
Revenant sur les conflits intercommunautaires qui ravagent la
province du Sud-Kivu en général, Bosco Muchukiwa (2016)33(*), montre que dans cette
province, durant des années, des violents conflits intercommunautaires
opposent au tour de la terre les Babambe et les Babuyu à Fizi, au tour
du contrôle administratif les non originaires (Batutsi) et les
originaires à Kalehe et aussi dans le territoire d'Uvira, ces conflits
opposent les non originaires (Barundi et Banyamulenge) aux originaires
(Bafuliru et Bavira) au tour de la nationalité, de la création
des nouvelles entités administratives et de l'identité. Il montre
par la suite que cette répartition de l'espace va aboutir à la
production des nouvelles entités territoriales et administratives et
que l'oubli des écarts entre le territoire ethnique et Etatique d'une
part et entre le peuple autochtones et allochtones d'autre part est un facteur
non négligeable de conflictualité; et propose par la fin quelques
pistes d'orientation des actions en vue de la paix sociale allant à
l'exigence de la reconnaissance réciproque des organisations
territoriales, de l'histoires des peuples, jusqu'à la prise en compte
des règles de droit.
Au-delà des facteurs sus évoqués, le Pool
d'Appui à la Stabilisation des experts de la société
civile congolaise (2017)34(*), partant de l'analyse des conflits dans la zone de
Fizi, trouve que les conflits intercommunautaires dans cette zone demeurent
encrés dans les facteurs comme l'activisme des groupes armés,
ainsi que dans l'instrumentalisation des acteurs étatiques pour la
défense des intérêts économiques et le trafic des
ressources naturelles. Dans la dynamique des conflits à Fizi, le Pool
d'Appui à la Stabilisation trouve deux types d'acteurs du processus des
conflits que sont les acteurs des conflits incluant les groupes
armés, les manipulateurs politiques, certains leaders religieux,
certains chefs coutumiers et certains jeunes leaders ; par contre, un
autre type d'acteurs est constitué des acteurs de paix
comprenant les initiatives locales de paix, les dialogues intercommunautaires,
interreligieux, inter jeunes. Ainsi donc, ce conflit se trouve renforcé
par l'appui matériel et financier que reçoivent les groupes
armés de ces différentes communautés ; c'est dans ce
cadre qu'il confirme dans cet article que les conflits intercommunautaires
à Fizi ont une certaine connexion sous-régionale à travers
l'activisme des groupes armés étrangers Rwandais et Burundais.
Pour sa part, Nicaise MUZINGA LOLA (2001)35(*) par contre oriente ses
analyses sur l'origine des conflits intercommunautaires au tour des
l'identité entre les Banyamulenge et les autochtones, il trouve de ce
fait que les causes des conflits au Kivu trouvent leur fondement dans quatre
facteurs dont les facteurs ethniques, parmi lesquels nous trouvons :
l'héritage colonial et les préjugés ethniques ; en
suite il trouve les facteurs politiques dont : la politique ``mobutiste''
consistant à créer des conflits ethniques dont il était le
seul capable à résoudre, la guerre civile rwandaise, la loi
congolaise de 1981 sur la nationalité et les conclusions de Vangu ;
les facteurs économiques contenant la dépossession des terres aux
autochtones au Kivu, ainsi que la ``zaïrianisation'' ; finalement il
trouve les facteurs idéologiques tels que l'apport des
réfugiés Rwandais et les milices hutus. Suite à
l'identification de ces facteurs de conflits au Kivu, il propose quelques
solutions pour sortir de cette crise dont : le dialogue inter congolais,
l'élargissement de la notion de nationalité et de
citoyenneté, la mise en place des lois et institutions
démocratiques et la mise en place des mesures d'encadrement et
d'éducation intellectuelle.
3. Larésolution des conflits par les structures
de la société civile
En ce qui concerne les mécanismes de résolution,
de gestion ou de transformations de ces conflits, les théoriciens
exploités dans ce travail insistent sur le rôle et les actions des
structures de la société civile face à des conflits
préoccupant leur société.
C'est en ce sens que les participants au Colloque
Régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique
centrale (2007)36(*)soutiennent que la société
civile joue un rôle très important dans un processus de
transformation des conflits mais à différents niveaux des
conflits, c'est ainsi que dans laprévention des conflits, elle joue
le rôle de veille et d'alerte, de bons offices et de
plaidoyer ; dans la résolution des conflits par contre,
elle joue le rôle de négociateur et de dénonciateur ;
et finalement dans le processus de renforcement de la paix durable,
elle joue le rôle d'appui au renforcement de la confiance, d'appui
à la réhabilitation des communautés et de la mise en
oeuvre des politiques de réconciliation. Pour être efficace,
il nous revient dans ce travail de vérifier sur le terrain l'application
de ces différents rôles de la société civile dans la
transformation des conflits et en dégager les difficultés
d'application, les limites et les défis en s'appuyant
particulièrement sur le cas de la société civile du
Sud-Kivu. Abordant dans un sens presque similaire du précédent,
Berchmans LABANA LASAY'ABAR(2011)37(*) dans son article
sur : « Le rôle des sociétés
civiles dans la résolution des conflits et le maintien de la paix :
cas de la société civile congolaise », part du
constat de l'apparition d'un nouveau type d'acteur en matière de
construction de la paix en RDC, qu'est la société civile, qu'il
qualifie à la fois de victime, actrice et
partieprenante dans les conflits. C'est dans cette suite que LABANA
évoque trois arguments pour justifier l'implication de la
société civile dans la résolution des conflits : le
premier se base sur l'hypothèse selon laquelle, accepter le
rôle d'actrice joué par la société civile dans un
conflit, conduit à accepter sa participation au processus de
résolution des conflits ; le deuxième argument est que
la durabilité des solutions dépend de leur acceptation, de
leur intégration et de leurs portées par la population, et
enfin le troisième est que compte tenu du fait que la
majorité des conflits ont pour cause le déficit de la
légitimité de l'Etat, la participation de la
société civile dans un processus politique conduit à
accroitre cette légitimité et pari cochet à participer au
règlement du conflit. Cela étant, sous un angle purement
politique, LABANA, se propose d'étudier le rôle des
sociétés civiles congolaises dans la résolution des
conflits et le maintien de la paix en se focalisant sur les conflits de nature
politique, oubliant le rôle que peut jouer cet acteur dans la
résolution des conflits intercommunautaires compte tenu de la
pluralité identitaire des acteurs qui l'anime. Ce à quoi nous
nous proposons de s'intéresser dans le présent travail.
Mais, loin de là,Christiane KAYSER et Flaubert DJATANG
(2018)38(*) en citant Catherine BARNES en contradiction
avec les deux premiers ci-haut, montrent que la société civile
joue un double rôle dans les conflits et la recherche pour la paix, ils
appuient que tant cette dernière peut apporter un soutien de taille
aux forces qui font la guerre, tant elle constitue à la fois
une énergie très puissante dans la construction de la
paix et de cela elle joue un rôle très capital à tous
les niveaux de l'évolution de la résolution des conflits en
accord avec le colloque régional sur la paix et la résolution des
conflits en Afrique centrale ; Catherine poursuit en montrant que la
société civile participe à l'émergence d'un conflit
et permet son éclosion de manière non-violente dans un soucis de
susciter un changement nécessaire, il conclut en cela que le conflit
dans une société est un moyen pour aboutir aux objectifs du
changement social. Ainsi donc dans la consolidation de la paix les auteurs
montrent que la société civile joue la fonction de plaidoyer aux
côtés d'autres actions comme l'observation des droits de l'homme
et d'autres activités conjointes faisant le pont entre les
sociétés divisées. Ainsi donc,
(NicaisesMuzinga, 2001; la Commission Justice et Paix Belge, 2010 ;
International Alert, 2010; Arche d'Alliance et All, 2011 ; Search For
Comon Ground,2014 et Bosco Muchukiwa,2016)soutiennent que dans les
territoires d'Uvira et de Fizi des structures comme les Barza communautaires,
les CCI (Cadres de Concertation Intercommunautaires), des structures
féminines, des jeunes et coutumières ont été mis en
place par les communautés soutenues par des ONG et le gouvernement en
vue de s'impliquer dans la gestion quotidienne des conflits dans leurs
communautés et discuter de la paix.
A cote de ces auteurs abordant la société civile
comme acteur direct dans les processus de résolution de conflits et de
la construction de la paix, beaucoup d'autres recherches ont été
menées dans ce sens mais abordant la société civile comme
une structure de plusieurs composantes d'acteurs et d'organisation oeuvrant
dans un domaine particulier, mettant au premier plan les causes et les
intérêts sociaux des communautés.Dans le cas
d'espèce, il s'agira des structures de la société civile
qui oeuvrent dans la résolution, la transformation, la gestion des
conflits et la consolidation de la paix.
C'est ainsi que International Alert (2010)39(*)dans son article : «
La Paix à petits pas ; Inventaire et Analyse des pratiques
locales de paix à l'Est de la République Démocratique du
Congo : cas du Nord et du Sud-Kivu » se focalise sur les
initiatives locales de paix ayant été mises en place dans les
deux provinces par les acteurs de la société civile pour
gérer les conflits afin de faire face à la crise de justice et
à l'augmentation des conflits. C'est dans ce sens qu'International Alert
explique les initiatives locales de paix en collaboration avec certaines
structures de la société civile dans la résolution des
conflits sociaux et la promotion de la paix.
Dans ce même angle d'idée KAKULE PILIPILI
Didier (2012)40(*)analyse
les mécanismes de résolution des conflits fonciers dans le
territoire de Masisi au Nord-Kivu dans le cadre informel et extrajudiciaire, et
démontre que le niveau de participation de la population locale à
la production du droit réglementant la résolution des conflits
fonciers de leur zone est consistant et assure que ``les associations de
structures locales dans la résolution des conflits fonciers,...sont
d'importance capitale'' ; analysant les facteurs qui expliquent la
récurrence dans le recours à des mécanismes
extrajudiciaires et de quelle façon la résolution extrajudiciaire
peut agir sur l'issue des conflits fonciers, Kakule aboutit à des
résultats tels que : le recours récurent à ces
méthodes est due à la création du programme STAREC
facilitant la cohabitation pacifique entre population, l'implication des ONG
oeuvrant dans le domaine de la résolution des conflits, les
solutions gagnant-gagnant que proposent ces mécanismes, les
discrédits et l'éloignement des structures
judiciaires ; il démontre en suite que la réussite des
actions de ces structures dépend de deux conditions dont le
crédit accordé aux médiateurs et la
volonté des parties en conflit. Ces résultats de Kakule
prouvent à suffisance combien le recours à des mécanismes
alternatifs de gestion des conflits est important et efficaces dans la
résolution des conflits entre communautés comparativement au
recours à des mécanismes juridiques, ce qui nous pousse à
orienter notre réflexion sur le rôle que peut jouer des tels
mécanismes dans des conflits si délicats que sont les conflits
intercommunautaires.
Dans leur suite, Niagalé BAGAYOKO et Fahiraman Rodrigue
KONE41(*)rentrent plus
loin et cherchent à comprendre l'implication des
« Mécanismes traditionnels dans la gestion des conflits en
Afrique Subsaharienne », ils trouvent en cela que ces
mécanismes sont efficaces et constituent par ce fait des alternatives
importants aux dispositifs nationaux et internationaux faisant face aux
dynamiques conflictuelles en Afrique ; leur analyse parait très
capital en ce sens qu'elle offre les clés de compréhension des
principes de base et des acteurs animant le fonctionnement de ces
mécanismes traditionnels en Afrique de l'Ouest, ils s'intéressent
par la suite aux mécanismes participant à la gestion de cinq
types de conflits, parmi lesquels : les conflits de proximité, les
conflits de leadership, les conflits fonciers, les conflits intercommunautaires
et les conflits intracommunautaires ; en questionnant sur la
neutralité et la crédibilité des acteurs intervenant dans
la régulation de ces conflits, etc.
En ce qui concerne la société civile et la
transformation des conflits, il convient de noter que les auteurs ci-haut
émergés parlent du rôle que jouent plutôt les
structures ou composantes membres de la société civile de
manière générale reprenant les actions entreprises dans ce
sens par différentes ONG membres, laissant un flou sur la
circonscription de la société civile comme acteur pris
singulièrement. C'est dans ce flou conceptuel que la présente
recherche trouve son originalité, en se focalisant sur le bureau de
coordination de la société civile comme acteur de transformation
des conflits, ce qui n'a pas été abordé par les
différents chercheurs exploités.
L'analyse de la littérature exploitée ci-dessous
revient également sur l'histoire des conflits intercommunautaires
à Fizi, dans la province du Sud-Kivu et plus généralement
en RDC en démontrant les facteurs ayant concourus à la dynamique
de ces conflits, les acteurs surtout visibles ou directs de parts et d'autres,
les initiatives entreprises pour apporter une solution à ces conflits et
la manière dont s'est investie la société civile prise de
manière générale, Barza intercommunautaire comprise dans
la recherche de solution à ce conflit. Mais, certaines zones d'ombre
méritentégalement un éclaircissement notamment : sur
les acteurs indirects et leurs rôles dans l'alimentation de ces conflits
intercommunautaires, sur le rôle que joue le bureau de coordination de
la société civile pris singulièrement et la Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation de ces conflits et sur
les limites des initiatives précédentes de transformation des
conflits ayant été entreprises par différents acteurs pour
faire face à ces conflits. Voilà en quelques sortes, des
préoccupations sur lesquelles se fonde notre recherche, et auxquelles
nous porterons notre analyse tout au long de ce processus de recherche.
I.2.
CONCEPTUALISATION
2.1. Le conflit
Pour Jean-Luc Marret cité par Patrice Kreidi, Le
conflit peut se définir comme la « poursuite des buts incompatibles
par différents groupes »42(*) Cette définition reste très
limitée en ce sens qu'il ne tient compte que d'un seul
élément de la définition qu'est l'incompatibilité
des buts.
DiakonieKatastrophenhille et Brot fur
dlewelt trouvent aussi que le terme « conflit » au sens
large, désigne une mésentente entre des individus ou des groupes
au sujet d'objectifs prétendument incompatibles. Ils poursuivent en
disant que le conflit ne signifie pas nécessairement la violence, car
dans sa forme constructive, le conflit est un moteur de changement,
inévitable et créatif. Cependant, lorsque les conflits
s'intensifient et les protagonistes en viennent à faire usage de la
violence, c'est le potentiel destructif des conflits qui se
déploie.43(*) Leur
conception de conflit ne s'écarte pas tellement de la conception de
Jean-Luc Marret en ce sens qu'ils reviennent aussi sur la poursuite par les
parties des objectifs incompatibles, mais ils s'écartent du premier par
le fait d'opposer les conflits à la violence en soulignant leur
caractère constructif.
Jean-BatptisteDurosselle44(*) dans sa conception des conflits, revient sur trois
définitions complémentaires de ces derniers, mais sous un angle
international, qu'il convient de contextualiser :
1°) Le conflit désigne : Le choc entre des
volontés opposées quels que soient les moyens envisagés ou
utilisés par les adversaires pour assurer le triomphe de leurs
ambitions.
Cette première définition de Durosselle
s'intéresse beaucoup plus sur les sujets du conflit.
2°) Le conflit désigne : Les situations
successives dans lesquelles deux ou plusieurs partenaires considèrent
un objet comme un enjeu dont la possession (à conquérir ou
à garder) mérite que l'on coure des risques.
Cette deuxième définition du conflit vient
intégrer la notion de l'objet du conflit qui se transforme souvent en
enjeu (qui est l'objet que l'on veut acquérir, ne le possédant
pas et dont celui qui le possède veut par tous les moyens
conserver.) ; cette deuxième définition se trouve aussi
limitée en ce sens qu'elle ne tient pas compte des motifs qui poussent
les acteurs à entrer en conflit. Ce qui donne sens à une
troisième définition.
3°) Le conflit désigne : un ensemble complexe
des tensions où l'action de l'homme d'Etat (d'une partie) qui
s'accompagne des réactions émotionnelles collectives (de l'autre
partie, peuple)
Ces définitions du conflit de Duroselle,
combinées avec les deux précédentes nous permettent
d'envisager le conflit dans la présente recherche comme : une
divergence des points de vue, d'intérêts, d'objectifs,...entre
deux ou plusieurs personnes, au sein d'une (conflit intracommunautaire) ou
plusieurs (conflits intercommunautaires)communautés, au tour d'un objet
(enjeu) biendéterminé, dans un espace, et à un moment
donné.
2.2. Le conflit
intracommunautaire
Il désigne une divergence de points de vue,
d'intérêts, d'objectifs,...entre deux ou plusieurs personnes ou
groupes de personnes au sein d'une même communauté, au tour d'un
objet bien précis, dans un espace, et à un moment donné.
2.3. Le conflit
intercommunautaire
Pour Bosco Muchukiwa, la notion des conflits
intercommunautaires est un fourre-tout et désigne les antagonismes entre
ethnies qui se battent au sujet de leur identité culturelle, des
pâturages, de la reproduction des activités économiques, du
contrôle des facteurs de production et de la gestion des entités
modernes créées par l'administration coloniale.45(*)
Dans ce travail, ce concept sera employé pour
désigner une divergence de points de vue, d'intérêts,
d'objectifs,... entre deux ou plusieurs communautés, au tour d'un objet
bien précis dans un espace et à un moment donné de
l'histoire et se manifestant sous diverses formes.
2.4. La violence
DiakonieKatastrophenhilfe et Brot fur dlewelt montrent dans
leur article sur la transformation des conflits et la construction de la paix
que :
« Au sens large, la violence englobe des actes,
des paroles, mais aussi des structures et des systèmes qui provoquent
des dommages physiques, psychiques, sociaux ou écologiques, et
empêchent les hommes d'atteindre leur potentiel intégral. Ce n'est
pas seulement la violence ouverte des parties en conflit, mais aussi la
violence cachée des structures oppressives qui entraînent beaucoup
de souffrances et des destructions. Vaincre la violence et construire la
paixsignifie alors modifier ces structures négatives qui se manifestent
par exemple dans la discrimination, la privation de droits et de
libertés, l'empêchement des chances. »46(*)
Contrairement à cette première définition
de la violence, Herbert cité parMark Goodale nous donne une autre
définition de la violence, un peu plus incomplète car tenant
compte seulement de sa dimension physique, il montre que la violence
est « l'exercice de la force physique de manière à
causer des blessures à des personnes ou endommager des biens ; une
action ou une conduite caractérisées par cela ; un traitement ou
un usage qui tend à causer des blessures corporelles ou à
interférer avec la liberté personnelle »47(*), en optant pour cette
définition, Herbert oubli que la violence peut aussi être morale
ou psychologique, spirituelle, conjoncturelle, structurelle, etc.,ce qui est
aussi le cas de la plupart des violences intercommunautaires, parmi lesquelles
on trouve celles entre les Babembe et les Banyamulenge.
2.5. La
médiation
La médiation se définit comme l'action de mettre
en relation, par un tiers appelé médiateur, deux personnes
physiques ou morales appelées médiées, sur base des
règles et des moyens librement acceptés par elles, en vue soit de
la prévention d'un différend ou de sa résolution, soit de
l'établissement ou du rétablissement d'une relation
sociale.48(*)
Cette définition de la médiation permet de
distinguer deux types ou modèles de médiation pratiqués
à travers le monde : la médiation-facilitation et la
médiation-évaluation
Dans la médiation-facilitation, le médiateur
s'efforce de faciliter le dialogue entre les parties et d'aider chacune d'elles
à comprendre le point de vue, la position et les intérêts
de l'autre par rapport au différend.
Dans la médiation-évaluation, le
médiateur émet sur le différend un avis non contraignant
que les parties sont libres d'accepter ou de rejeter. C'est à elles de
choisir le modèle de médiation qui sera suivi.
2.6. La
négociation
Josée Latendresse49(*) définit la négociation comme
étant un mode de résolution des conflits qui suppose que les
personnes impliquées discutent de leurs besoins et de leurs
intérêts en fonction d'atteindre une solution mutuellement
acceptable. Ainsi comprise, elle consiste à traiter les litiges «
sur le fond » plutôt que sur l'argumentation et prend comme
prémisse que la meilleure option de la gestion d'un conflit est de
déterminer l'intérêt commun où chacun est gagnant.
Pour Latendresse, la négociation permet de mettre
l'emphase sur les intérêts et les objectifs communs des parties en
conflit plutôt que de les polariser sur leurs positions initiales, elle
permet aussi de mettre au premier plan la coopération à la place
du compromis et de la compétition.
Ainsi comprise, dans la présente étude, ce terme
sera utilisé pour insinuer un mécanisme de transformation des
conflits auquel fait recours le bureau de coordination de la
société civile et le Barza intercommunautaire sous le rôle
de négociateur pour amener les parties au conflit à trouver une
solution négociée à leurs problèmes.
La figure qui suit met en relation les différentes
techniques du processus de traitement des conflits aux résultats des
différentes approches de résolution des conflits.
Source :Josée
Latendresse : « Faire face aux
conflits »
Figure 1 : Gamme de traitement des mécanismes des
conflits
Se basant sur cette gamme de traitement des conflits, notre
analyse va s'appuyer sur le quatrième niveau de la gamme :
prévention et transformation des conflits, comprenant des
mécanismes proactifs dont la négociation, la médiation et
la réconciliation qui sont aussi réactives face à une
situation de conflit.
2.7. La
société civile / Bureau de coordination de la
société civile
Reiner FORSTER et Mark MATTNER soutiennent que la
société civile peut se définir comme un large
éventail d'organisations non gouvernementales et non lucratives qui ont
une présence dans la vie publique et qui expriment les
intérêts et les valeurs de leurs membres ou d'autres basés
sur des considérations ethniques, culturelles, politiques,
scientifiques, religieuses ou philanthropiques.50(*)
La société civile est un concept très
complexe, qui revêt différentes significations selon les auteurs,
le contexte, les approches, l'espace et le temps dans lequel il est
utilisé.
Se basant sur les diverses conceptions de la
société civile par les auteurs comme : Renaud SAINSAULIEU,
qui constate que la société civile postule deux espaces :
public et privé, où au quotidien, les acteurs déploient
leurs actions en vue de concourir à la transformation de leur
société ; Claude Abé, qui d'un survol historique,
trouve que la naissance de la société civile coïnciderait
avec celle de l'Etat vers le XVIIèmesiècle, sous
l'impulsion des philosophes comme Thomas Hobbes, pour qui la
société civile est une totalité sociale qui inclue l'Etat
avec lequel il se confond pour entrer en opposition avec la
société naturelle, et John Locke, pour qui la
société civile regroupe les personnes vivant ensemble, formant un
même corps, soumises à une loi commune et d'un organe judiciaire
auquel elles font recours.51(*) Paul Kadundu trouve que, « Ces diverses
conceptions de la société civile illustrent bien la raison pour
laquelle le concept de société civile ne peut pas mieux se
comprendre au travers d'un prisme normatif avec des critères ou des
conditions normatives.»52(*), conscient de ce constat, nous avons circonscrit
opérationnellement dans la présente étude ce concept de
société civile au Bureau de coordination de la
société civile comme acteur.
Dans cette étude nos analyses s'intéresseront
seulement sur le Bureau de Coordination de la Société civile du
Sud-Kivu, sans pour autant considérer la société civile
dans son angle le plus global comprenant toutes les structures qui la
compose : ONGs, Confessions religieuses, Groupes de pression, etc. y
compris la Barza intercommunautaire.
Ainsi compris, le bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu est abordé dans cette recherche
comme étant un ensemble composé des représentants de
différentes organisations membres, regroupés en des composantes
et groupes thématiques, coordonné par un bureau composé
d'un président, d'un vice-président, d'un rapporteur titulaire,
d'un rapporteur adjoint, d'un trésorier et des membres élus par
ses différentes structures pour un mandat de 3 ans.
2.8. La Barza
intercommunautaire
Jean ChrisostomeKiyala (2016)53(*) trouve que le mot Barza ou Baraza signifie une
véranda en langue locale kiswahili de l'Est de la République
Démocratique du Congo, et représente une structure traditionnelle
locale de consolidation de la paix et de résolution des conflits.
S'appuyant sur le cas des Baraza du Nord-Kivu, il montre que
la Baraza se compose du Baraza local opérant au niveaudes villages, des
chefferies et du Baraza intercommunautaire regroupant les anciens au niveau
provincial.
Kiyala poursuit en disant que le Baraza traditionnel
fonctionnait comme une jurisprudence coutumière où les personnes
qui violaient les normes et les coutumes ancestrales étaient
convoquées par les anciens pour faire des réparations et se
réconcilier avec les ancêtres. C'est ainsi qu'il trouve
qu'à l'heure actuelle, laBaraza intercommunautaire du Nord-Kivu sert
d'organe de consultation entre diverses communautés de cette province,
parmi lesquelles il cite : les Hutu, les Kano, les Kumu, les Nande, les
Nyanga, les Tembo, les Tutsi, etc.
Dans cette étude nous allons essayer de faire une
petite rupture entre la barza intercommunautaire comme structure membre de la
société civile pris de manière générale,
avec le bureau de la coordination de la société civile, pris avec
la barza comme acteurs intervenants dans la transformation des conflits entre
communautés.
Il convient aussi de souligner que le terme « Barza
intercommunautaire » d'après certains ouvrages
consultés revêt le genre féminin, alors que les praticiens
des activités de cette structure montrent que ce terme s'emploi toujours
au masculin, ce qui montre une petite confusion dans l'emploi de ce terme. Dans
la présente étude nous l'utiliserons parfois au masculin, parfois
au féminin selon le contexte.
I.3.
APPROCHES DE RESOLUTION DES CONFLITS
Patrice Kreidi note que, l'étude sur les conflits s'est
trouvée abordée par plusieurs approches et écoles de
pensées dans le but de les atténuer, de les gérer ou
encore de les terminer.54(*) C'est ainsi qu'il note que trois approches
principales de résolution des conflits peuvent être
mobilisées dans les études sur les conflits. Il s'agit entre
autres de :
- L'approche de la gestion des conflits ou de
règlement des conflits : C'est une approche qui se
focalise sur la gestion à court terme d'un conflit armé en
identifiant les parties clés au conflit et en négociant ou en
servant de médiateur aux accords de paix, mais peut aussi fournir une
stabilité à long terme en mettant en place les bases
nécessaires pour effectuer un travail dans la prévention des
conflits.
- L'approche de la résolution des conflits :
C'est une approche quis'emploie à s'attaquer aux causes du conflit
en réparant le tissu social des communautés affectées par
le conflit en améliorant les communications et les relations
intergroupes.
- L'approche de la transformation
desconflits :s'occupe de combiner la gestion des conflits à
court terme avec la résolution des conflits à long terme et de
transformer ainsi les causes du conflit. Cette dernière se veut plus
complète, et prend en compte une plus grande variété
d'acteurs.
Dans la présente étude nous nous focaliserons
cependant sur l'approche de la transformation des conflits, une approche sur
laquelle nous allons baser nos analyses tout en s'appuyant sur la
théorie de transformation des conflits de John Paul LEDERACH
appliquée dans le cadre de la résolution des conflits par le
bureau de la coordination provinciale de la société civile du
Sud-Kivu et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu entre les Banyamulenge
et le Babembe.
I.4.
THEORIE
La
théorie de transformation des conflits de John Paul LEDRACH
D'entrée de jeu, il convient de noter qu'à
travers cette théorie, John Paul LEDERACH se trouve être le
premier inventeur et utilisateur du concept de transformation des conflits et
cela depuis les années 1980, suite aux études effectuées
par ce dernier en Amérique du nord, centrale et latine, en Afrique et en
Asie. Dans cette théorie l'auteur capitalise son expérience de
plus de vingt ans de recherche sur les conflits, la réconciliation et la
consolidation de la paix.55(*)
Il convient de noter ici que cette théorie de
transformation des conflits a pour but de déclencher le changement
constructif dans un milieu affecté par les conflits, ce qui constitue le
coeur de toute action de transformation des conflits.
Pour Lederach, « la transformation des conflits
consiste à envisager et à répondre aux flux et reflux [le
mouvement des éléments en arrière qui succèdent
à un mouvement en avant] des conflits comme opportunités vitales
pour créer des processus de changement constructifs qui réduisent
la violence, renforcent la justice dans les interactions directes et les
structures sociales, et répondre aux problèmes de la vie
réelle dans les relations humaines.»56(*)
La définition de Lederach touche à la fois
à plusieurs aspects et notions clés de la transformation des
conflits.
Tout d'abord, le conflit est ici envisagé comme un
phénomène naturel, normal, dynamique et continu au sein des
relations humaines ; il apporte avec lui le potentiel de croissance
constructive. Pour un changement positif, l'engagement avec cette
opportunité est nécessaire.
Deuxièmement, le conflit à un rythme et un
schéma ; il y a escalade et désescalade. Ensuite, les conflits
découlent des relations et y reviennent, faisant des relations le centre
de transformation des conflits.
Dans l'étude de cette théorie nous allons nous
concentrer plus sur son analyse notamment en ce qui concerne son objet, son
champ d'application et les types de capacités à développer
pour induire la transformation des conflits aux niveaux individuel,
relationnel, sociétal et culturel.
En cequi concerne les spécificités de cette
théorie de transformation des conflits de John Paul Lederach, Bosco
Muchukiwa note que :
« Le développement que John Paul Lederach
fait de sa théorie permet de la considérer à la fois comme
une approche pratique et un cadre analytique. Comme cadre analytique,
la théorie de la transformation des conflits est
développée par l'auteur pour contribuer à comprendre le
conflit social, comment ce dernier émerge et produit le changement aux
niveaux personnel, relationnel, structurel et culturel au cours de l'existence
humaine. Pour mieux expliquer le conflit social, il sied de considérer
la théorie de la transformation des conflits comme une grille de lecture
qui adresse à la fois l'épisode du conflit,
l'épicentre duconflit, le pic du conflit, les ondes du conflit et le
dilemme en vue de trouver les plateformes pour atteindre le changement
désiré. »57(*)
Il convient donc dans cette analyse de circonscrire ce que
nous entendons par ces différents concepts constituant les
éléments de cette grille de lecture à la lumière de
John Paul Lederach :
1. L'épicentre du conflit : C'est l'endroit
où l'énergie du conflit est sortie pour la première
fois ;
2. L'énergie du conflit : L'énergie du
conflit dans la relation humaine est déclenchée par
l'épisode du conflit et s'étend sur un espace géographique
donné ;
3. L'épisode du conflit : C'est donc
l'étendue ou l'espace couvert par le conflit. C'est en d'autres termes
la géographie du conflit ;
4. Le pic du conflit : c'est l'étendue couverte
par le conflit dépendamment de son intensité (qui est le seuil ou
le niveau atteint par le conflit).
A ces quatre on ajoute d'autres concepts également
très importants que sont :
ü Le dilemme du conflit : c'est la position
opposée au tour d'un enjeu qui brouille et empêche le conflit
d'être dénoué, de réduire ses dégâts
destructeurs et de trouver une issue constructive ;
ü La communauté : elle désigne la
population touchée ou affectée par le conflit dans le but
d'évaluer ses effets destructeurs et constructifs.
Lederach soutient alors ici que le conflit possède
au-delà d'une force de destruction, un potentiel non négligeable
de croissance pour le changement social. C'est ainsi que B.Muchukiwa affirme
que ce « potentiel constructif est un levier sur lequel les
intervenants dans le domaine de la transformation des conflits doivent
s'appuyer et ainsi développer le dialogue, le plaidoyer, les approches
non-violentes, les unités de transformation, l'analyse de contexte,
l'analyse et la compréhension du conflit, la tolérance, le
pluralisme, la médiation et la création des nouvelles pistes de
base des modèles préexistants. »58(*)
Pour Jean-Paul Lederach, le conflit et le changement sont tous
deux la réalité, et les conflits ont un impact sur les situations
et changent les choses dans ces quatre grandes catégories :
· Personnel : minimiser les effets
destructeurs de conflits sociaux et maximiser le potentiel pour la croissance
et le bien-être de l'individu aux niveaux physique, émotionnel,
intellectuel et niveau spirituel;
· Relationnel : minimiser la mauvaise
communication, maximiser la compréhension et travailler avec les
craintes et les espoirs liés aux émotions et à
l'interdépendance dans la relation ;
· Structurel : comprendre et traiter les
causes profondes et les conditions sociales qui donnent lieu à des
violences et autres expressions néfastes de conflits et promouvoir les
mécanismes de la non-violence ; et
· Culturel : Identifier et comprendre
les modèles culturels qui contribuent à l'essor des expressions
violentes des conflits et s'appuyer sur des ressources pour répondre de
manière constructive et gérer les conflits.
Revenant sur la notion de l'identité dans cette
théorie, John Paul LEDERACH montre qu'il convient d'ajouter le concept
d'identité à ceux développés
précédemment, car cette dernière est au coeur de bon
nombre des conflits à la base de l'épicentre et de
l'épisode des conflits ; par la suite, Lederach montre qu'avant de
passer à la transformation des conflits, l'élément
identitaire qui représente le caractère doit être pris en
considération et après avoir identifié le potentiel de
transformation des conflits, il convient de se fixer l'objectif de
l'intervention, préciser en suite son importance ainsi que ses rapports
en vue de réduire le conflit violent.
John Paul envisage la consolidation de la paix dans cette
théorie comme un processus intégrant différentes
fonctions, rôles et stratégies employés par
différentes personnes à différentes étapes de la
progression de conflit. Il articule cela sous la forme d'une pyramide (voir
figure 2) sur la base d'où les individus (les parties en conflit et les
bâtisseurs de la paix) se trouvent dans un système et les
approches qui fonctionnent le mieux dans un secteur / niveau particulier de la
société.
Source : Syllabus Cours de
Sociétés Pacifiques et Systèmes de Paix
Figure 2 : La pyramide de Transformation des conflits
de John Paul Lederach
La pyramide donne une idée sur la façon dont une
population entière affectée dans un contexte desconflits internes
est représentée par des dirigeants, d'autres acteurs, ainsi que
par les rôles jouéspar ceux-ci dans le traitement de la situation.
Le sommet, ou leadership de haut niveau, représente le moins des
personnes, dans certains cas peut-être seulement une poignée
d'acteurs clés. La base de la pyramide représente le plus grand
nombre de personnes, c'est ici que toute la population est
représentée en générale. Sur le côté
gauche de la pyramide se trouvent les types de dirigeants et les secteurs dans
lesquels ils proviennent à chaque niveau. À droite, les
activités de transformation que les dirigeants à chaque niveau
peuvent entreprendre.Il est difficile pour le plus haut niveau d'arriver
à des solutions créatives car il est souvent bloqué quant
à la prise de position et subit une pression énorme pour
maintenir une « position de force »vis-à-vis des adversaires
et de ses propres circonscriptions. Le leadership de niveau
intermédiaire est connecté à la fois à la base et
à la direction de haut niveau et c'est sa plus grande force.Le
leadership à ce niveau n'est pas nécessairement basé sur
le pouvoir politique ou militaire et cela donne aux intermédiaires une
plus grande flexibilité et une marge de manoeuvre. Ainsi, la plage
moyenne, si correctement intégrée, pourrait fournir la clé
de la création d'une« infrastructure » pour maintenir la paix.
La pyramide a été l'un des premiers modèles à
traiter la consolidation de la paix et a donc été
considérée comme une contribution importante de Jean-Paul dans le
domaine de la transformation des conflits.59(*)
Cette théorie va nous servir dans la présente
étude, au quatrième chapitre dans la comparaison des rôles
joués par différents acteurs à différents niveaux
et les approches qu'ils utilisent en vue de la construction de la paix.
CHAPITRE II. MATERIELS ET
METHODES
2.1.
TYPE D'ETUDE
Dans cette recherche, nous avonsdéveloppé une
étude à la fois descriptive et analytique basée sur des
actions qui ont été menées dans le cadre de la
transformation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les
Banyamulenge par le bureau de coordination de la société civile
du Sud-Kivu et la Barza intercommunautaires du Sud-Kivu
2.2.
METHODOLOGIE
Dans cette recherche, nous avons utilisé une
méthodologie mixte faisant recours à la fois à des
méthodes et des techniques qualitatives d'une part, et d'autre part,
à des méthodes et des techniques quantitatives dans la collecte,
l'analyse et l'interprétationdes données.
2.2.1. Méthodes
La méthode étant un moyen de parvenir à
un aspect de la vérité, de répondre plus
particulièrement à la
question « comment », est liée au
problème de l'explication.60(*)
Dans le cadre d'analyse de ce sujet de recherche, nous avons
fait recours aux méthodes suivantes :
1.1. La méthode historique
Cette méthode nous a facilité dans l'analyse des
faits historiques des conflits intercommunautaires vécus dans la
province du Sud-Kivu et des mécanismes ayant oeuvrés pour tenter
de les maitriser au sein de ces communautés.
1.2. La méthode comparative
Cette méthode, nous a permis de comparer des actions
que la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu et le bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu mettent en place pour faire face aux
différents conflits qui surgissent entre communautés.
2.2.2. Techniques
G. Kuyunsa et S. Shomba, montrent que la technique est
l'ensemble des procédés exploités par le chercheur dans la
phase de collecte des données qui intéressent son
étude.61(*)
G. William de son côté montre que les techniques
sont des outils utilisés dans la collecte des informations
(chiffrées ou non) qui devront plus tard être soumises à
l'interprétation et à l'explication grâce aux
méthodes62(*)
Dans la réalisation de cette étude, nous nous
sommes servis des techniques suivantes :
2.1. La technique de l'interview
L'interview étant selon R. Pinto et M. Grawitz, une
forme de communication établie entre deux personnes qui ne se
connaissent pas, ayant pour but de recueillir certaines informations concernant
un objectif précis. Pour ces auteurs, c'est aussi un
procédé d'investigation scientifique, utilisant un processus de
communication verbale, pour recueillir des informations, en relation avec le
but fixé.63(*)
Cette technique nous a permis d'entrer en contact direct avec
des individus détenant des informations pouvant nous aider à bien
analyser et comprendre cette thématique.
De ce fait, nous avons eu a réalisé 6 interviews
sur les thèmes : généralités sur les conflits
intercommunautaires à Fizi, rôle de la barza intercommunautaire
dans la transformation des conflits, rôle du bureau de coordination de la
société civile dans la transformation des conflits et les limites
des approches précédentes de transformation des conflits.
2.2. La Technique d'enquête par
questionnaire
Cette technique nous a permis de recueillir des informations
importantes cadrant avec notre sujet de recherche, Elle nous a permis de
vérifier les items reçus lors des entretiens pour les mesureret
les comparer avec la conception de la population sur certains points à
travers un questionnaire d'enquête à questions fermées.
2.3. La technique de l'analyse
documentaire
Cette technique nous a permis d'analyser les
différents documents ayant trait avec notre thématique à
fin d'y dégager des éléments importants pouvant contribuer
à l'explication et à la compréhension du
phénomène que nous avons analysé dans ce travail.
2.4. La technique de l'analyse du contenu
D'après Berelson, cité par M. Grawitz, l'analyse
du contenu : « C'est une technique de recherche pour la
description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste
des communications, ayant pour but de les
interpréter »64(*)
Cette technique nous a permis d'analyser le contenu des
entretiens réalisés dans le cadre de cette étude.
2.3.
SITE
Présentation du terrain
Notre terrain de recherche est constitué du bureau de
coordination de la société civile du Sud-Kivu et de la Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu,que nous présentons brièvement
dans le chapitre 3 du présent travail. On présente
également le territoire de Fizi dans ce travailqui constitue notre
milieu d'étude, bien que nousn'y ayons pas effectué une
descente.
a. Présentation conceptuelle
Le territoire de Fizi est situé dans la province du
Sud-Kivu en RDC, il partage administrativement ses frontières avec le
territoire d'Uvira au nord, le territoire de Mwenga et Shabunda à
l'ouest, le territoire de Kalemie (ex Katanga) au sud et borné à
l'est par le Lac Tanganyika au-delà de la presque ile d'Ubwari. Ce
territoire est divisé en quatre secteurs administratifs dont : les
secteurs de Lulenge, Ngandja, Mutambala et Tanganyika.65(*)
Ce territoire est habité par six tribus
considérées comme autochtones dont : les Babembe sont
majoritaires et constitue la principale tribu aux cotés des Bajhoba,
Babwari, Babingya, Bagoma et les Bazimba ; ainsi que les Banyamulenge qui
est un peuple d'origine Rwandaise, qui y sont minoritaires et
considérés comme des allochtones.
b. Présentation physique du territoire de Fizi
(voire annexe 3 et 4)
2.4.
ECHANTILLONNAGE
a. Taille de
l'échantillon
Notre population d'étude était constituée
pour cette recherche de 90 personnes dont : 10 interviewés parmi
lesquels 3 au bureau de coordination, 3 à labarza et 4 des
mutualités de ces communautés, et 80 enquêtés tous
membres des deux communautés d'étude.
Parmi les 3 interviews prévues au bureau de
coordination de la société civile, une seule a été
organisée avec la présidente de l'organisation, les deux membres
représentant les deux communautés dans cette structure n'ont pas
été interviewés, étant inactif dans le bureau
depuis un temps pour l'un (Bembe) etabsent dans la ville pour l'autre
(Munyamulenge).
Toutes les 3 interviewsprévues au bureau de laBarza
intercommunautaire dont celles avec deux membres représentant les
communautés concernées et une avec le président de la
Barza ont été réalisées.
Parmi les 4 interviews prévues avec les leaders de ces
communautés vivant à Bukavu dont 2 des Banyamulenge et 2 des
Babembe, deux ont été réalisées.
Ainsi, parmi les dix entretiens prévues, 6 ont
été réalisées et nous ont parmi d'analyser notre
sujet.
En ce qui concerne les enquêtes, 80 jeunes ont
été enquêtés dont 40 Bembeet 40 Banyamulenge.
Ici l'échantillon a été pris
aléatoirement compte tenu du manque des données statistiques
précises sur le nombre exact des membres de ces communautés
à Bukavu et l'impossibilité d'organiser ces enquêtes avec
tous les membres de ces communautés.
Ainsi donc, l'enquête s'est déroulé
à Bukavu du 15/11, au 21/11/2020, compte tenu des problèmes
d'insécurité, d'exigences sanitaires liées à la
Covid-19, du temps et des difficultés financières, nous n'avons
pas opté pour une décente sur terrain à Fizi, notre milieu
d'Etude.
Tous les 80 questionnaires expédiés ont
été remis et bien complétés par les
enquêtés, donc aucun cas de déperdition de questionnaire
n'a été relevé.
b. Critères
d'inclusion
En ce qui concerne les interviews, il suffisait sauf pour les
présidents des deux structures d'étude, d'être membre de la
communauté deBabembe ou de Banyamulenge et avoir la volonté de
participer à cette recherche. Pour les leaders communautaires, il
suffisait d'appartenir à la mutualité de ces deux
communautés d'étude.
Pour les enquêtes, il suffisait seulement d'être
membre de ces communautés, d'avoir vécu à Fiziau moins une
année de ces 23 dernières années, et d'avoir la
volonté de participer à notre enquête. La plupart de ces
enquêtés était des étudiants rencontrées dans
les Universités et Instituts Supérieurs de la place, d'autres, on
les rencontrait justement dans la route et dans leurs maisons d'habitation.
2.5. VARIABLES A ETUDIER
Dans cette étude nous nous sommes focalisés sur
l'étude de deux variablesclés dont : le conflit
intercommunautaire et la transformation des conflits.
a. Variable explicative : C'est celle
dont la variable expliquée dépende. Dans un sujet ou thème
de recherche, c'est celle qui est à la base de. Dans le cas de notre
recherche ici, il s'agit bel et bien du conflit intercommunautaire qui est
notre variable indépendante.
b. Variable expliquée : C'est
celle dépendante de la variable explicative. C'est la conséquence
donc de la variable explicative. Dans ce travail, la variable expliquée
c'est bien la transformation des conflits entre ces communautés par ces
deux structures.
2.6. ANALYSE DES DONNEES
Cette étude étant à la fois quantitative
et qualitative, nous avions recouru en ce qui concerne le traitement des
données qualitatives à une analyse manuelle (papier-crayon) du
contenu des entretiens et des documents que nous avions utilisé, mais en
ce qui concerne les données quantitatives, nous avions recouru à
Excel et Word pour constituer la base desdonnéeset le traitement des
données.
2.6. DIFFICULTES RENCONTREES
Dans la réalisation du présent travail de
recherche, nous nous sommes heurtés à un certain nombre des
difficultés et qui ont eu un impact sur le temps de la
réalisation de cette oeuvre. Parmi ces difficultés nous
avons :
ü L'insuffisance de moyens financiers pour faire une
décente dans le territoire à Fizi, pour s'enquérir de la
situation des conflits intercommunautaires sur place ;
ü L'insuffisance des ouvrages, des articles, des
rapports, des travaux de fin de cycle et des mémoires cadrant avec notre
thématique de recherche à la bibliothèque centrale de
l'UCB ;
ü L'indisponibilité et les reports des rendez-vous
d'enquête et d'entretien dans certaines organisations de recherche
ciblées ;
ü La longue période de maladie et le
décès de notre Père biologique a eu un impact
négatif sur le plan moral, financier et sur le temps de la
réalisation de ce travail ;
ü Etc.
2.7.
CONSIDERATIONS ETHIQUES
Dans la récolte tout comme dans l'utilisation des
résultats de cette recherche, l'anonymat de nos personnes ressources a
été garantie et respecté tant sur le questionnaire
d'enquête, que sur le guide d'entretien. L'élaboration des outils
de récolte des données a été faite de
manière à ce qu'il y ait une forte sécurité des
identités des enquêtés et des interviewés, car la
question abordée dans cette recherche est aussi sensible de telle sorte
que l'identité de personnes participant à la recherche
méritait une très bonne sécurité.
Nous avons pris le soin de demander aux interviewés
leur autorisation d'enregistrement de l'entretien avant le début de ce
dernier.
2.7. UTILISSATION DES RESULTATS
Comme souligné précédemment les
résultats de cette recherche seront utilisés à deux
niveaux :
a. Sur le plan théorique ou
scientifique
Cette étude va servir aux futurs chercheurs, de base
d'analyse dans le cadre d'action ou de mise en place des actions en vue de
participer à la transformation sociale des sociétés en
conflit.
b. Sur le plan pratique ou social
Ce travail constitue un outil d'appui et d'orientation des
actions des populations et des acteurs sociaux de paix en vue de la
transformation positive de leur milieu, de leur environnement social, de leur
relation et de leurs attitudes.
CHAPITRE III. PRESENTATION DES RESULTATS
Le contenu de ce chapitre, est le résultat d'un long
processus de collecte et d'analyse des données qualitatives et
quantitatives, parmi lesquelles nous trouvons les données issues des
sources documentaires, de l'internet, des enquêtes de terrain et des
entretiens.
Tableau n°1 : Présentationdes
enquêtés suivant leurs identités
Paramètres
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Communauté d'appartenance
|
Babembe
|
40
|
50
|
Banyamulenge
|
40
|
50
|
Age des enquêtés
|
De 18 à 3O ans
|
59
|
73.75
|
De 31 à 45 ans
|
18
|
22.5
|
De 46 à plus
|
3
|
3.75
|
Sexe des enquêtés
|
Masculin
|
64
|
80
|
Féminin
|
16
|
20
|
Etat civil des enquêtés
|
Célibataire
|
59
|
73.75
|
Marié
|
19
|
23.75
|
Veuf (ve)
|
2
|
2.5
|
Niveau d'étude des
enquêtés
|
Certificat
|
3
|
3.75
|
Diplôme d'Etat
|
34
|
42.5
|
Grade
|
29
|
36.25
|
Licence
|
13
|
16.25
|
Autre
|
1
|
1.25
|
Source : Notre enquête à
Bukavu, 2020
Commentaire : il ressort de ce tableau
en ce qui concerne la participation des deux communautés d'étude
que, sur un total de 80 enquêteurs, 40 soit 50 % desenquêtés
sont de la communauté Bembe et les 40 autres, soit 50% sont issus de la
communauté Banyamulenge, ce qui montre un équilibre dans les
informations recueillies ;En ce qui concerne la tranche d'âge,il
ressort de ce tableau que, notre enquête a connu la participation en
majorité de la population dont l'âge varie entre 18 et 30, soit
73.75%, ce qui est dit au fait que la majorité de nos
enquêtésété des étudiants ; Concernant
le sexe, 64 enquêtés du sexe masculin soit 80% ont eu à
participer auxenquêtes contre 16 de sexe féminin, soit 20% ;
A noter aussi que 59 de nos enquêtés étaient des
célibataires soit 73.75% le score le plus élevé de la
variable état civil ; En fin, il ressort de ce tableau que 42.5%
soit 34 de nos enquêtés ont un niveau d'étude de
diplômé d'Etat, soit la majorité de nos
enquêtés.
Section I. GENERALITES SUR LES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES A
FIZI
I.1. Bref aperçu sur le conflit entre les
Babembe et le Banyamulenge à Fizi
Les conflits intercommunautaires opposent dans les territoires
de Fizi, Uvira et Mwenga, respectivement dans leurs hauts et moyens plateaux,
depuis des années les communautés dites autochtones (Babembe,
Bavira, Bafuliru, Balega, Banyindu, etc.), contre les communautés dites
allochtones (Banyamulenge et Barundi).
D'après Bosco Muchukiwa et M. Kasagwe66(*),certains auteurs les situent
à l'époque coloniale, d'autres par contre s'y opposent et
s'accordent plutôt sur le fait que ces conflits intercommunautaires sont
apparus suite à la fragilité des Etatsen Afrique après la
colonisation. Mais il convient de noter que ces deux versions historiques sur
l'origine des conflits intercommunautaires dans les hauts et moyens plateaux de
Fizi, ne suffisent pas à elles seules pour expliquer cette
réalité aussi complexe et dynamiquedu phénomène
conflictuel dans cette zone.
Faisant une rétroprojection dans l'histoire, B.
Muchukiwa trouve que les conflits foncier et de territoire qui opposent ces
deux communautés depuis 1979 sont alimentés par des
éléments comme : les tributs sur les pâturages, le
désir du pouvoir traditionnel et moderne pour la gestion des
entités administratives et le contrôle des recettes issues des
marchés locaux.67(*)
Les banyamulenge dénoncent la discrimination dans la
délimitation des territoires administratifs par les colonisateurs belges
et réclament la création des nouvelles entités
administratives rectifiant les irrégularités discriminatoires et
sans fondement entretenues par les colonisateurs belges. Ce à quoi les
autochtones parmi lesquels les Babembe s'opposent catégoriquement,
soutenant que le processus de délimitation territoriale et
administrative a été totalement achevé par les colons
belges et ne nécessite aucune révision68(*). Cela constitue un
véritable point d'opposition, si pas le principal entre les deux
communautés en conflit à Fizi.
En ce qui concerne ces conflits intercommunautaires à
Fizi, le représentant de la communauté Banyamulenge dans le Barza
note que, «Les Babembe et les Banyamulenge, sont deux
communauté voisines ; qui ont cohabités dans l'harmonie et
dans la cohésion depuis des longues années,...mais avec le temps,
il y aeu des conflits qui sont nés, et qui étaient au
départ sociaux, qui vont dégénérés et
créer des conflits qui vont devenir aujourd'hui politiques, engendrant
des affrontements entre les deux communauté et dont l'objet principal
reste l'inacceptation mutuelle entre les membres des communautés en
question,... »69(*)
De ces propos, on retient que le principal facteur des
conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge c'est tout
d'abord l'inacceptation mutuelle intercommunautaire utilisée par les
politiques pour alimenter les conflits en vue de leur positionnement. Ce qui
est totalement différent, mais complémentaire de l'avis du
représentant de la mutualité de Babembe qui estime
que, « les conflits qui opposent les Babembe, qui sont
majoritairement agriculteurs et les Banyamulenge, qui sont majoritairement
éleveurs, surgissent pendant la transhumance,... au cours de ce
déplacement, leurs vaches entrent dans les champs de Babembe et ravagent
les produits. D'où les Babembe en réaction tuent les vaches, et
après ces actes, les Banyamulenge réagissent et ça
provoque les morts d'hommes de deux cotés »70(*)
De ces propos, on retient que, pour les Babembe,
au-delà d'autres facteurs, la transhumance reste l'un des principaux
facteurs du conflit les opposant aux Ba nyamulenge, contrairement aux
Banyamulenge qui estiment que ça serait l'inacceptation mutuelle.
I.2. Facteurs (causes) et
conséquences
2.1. Facteurs des conflits intercommunautaires
à Fizi
a. La transhumance
La transhumance c'est le déplacement du bétail
d'un lieu vers un autre à la recherche du pâturage. Ce mouvement
constitue cependant un problème dans le territoire de Fizi où,
deux communautés qui sont dans le même territoire et dans le
même pays, mais qui se trouvent différemment adaptées du
point de vue mode de vie. La survie de Babembe dépendant de leurs
activités agricoles entreprises, contrairement aux Banyamulenge dont la
survie dépend de l'élevage qu'ils développent.
Le noeud du problème réside au niveau du
déplacement du bétail par les Banyamulenge à la recherche
du pâturage. Les Bembe étant sédentairement des
agriculteurs, alors queles Banyamulenge sont naturellement des éleveurs,
souvent envahisseursd'espaces et nomades. Ce déplacement du
bétail des banyamulenge conduit leurs vaches à ravager et
détruire les champs des agriculteurs Bembe, ce qui conduit ces derniers
à développer des mécanismes de réponse conduisant
l'extermination du bétail des Banyamulenge, et c'est là le
début d'un cycle de violence entre ces communautés.
b. La revendication territoriale
Ce facteur est parmi les principaux facteurs
évoqués dans l'alimentation des conflits intercommunautaires
à Fizi, a en croire une source de la mutualité Babembe
interviewé lors nos recherches qui a requis l'anonymat, estimant
que « les banyamulenge cherchent un espace car ils ont cette tendance
de dire qu'ils voulaient avoir une partie du sol leur appartenant, en oubliant
que les propriétaires foncier du territoire de Fizi ce sont les Babembe
dans la majorité des groupements »71(*)
L'érection de Minembwe en commune rurale (en 2016), la
récente installation des animateurs de cette commune (en 2020) et les
réactions qui s'en est suivi d'abord au conseil des ministres,
conduisant à la suspension par le président de la
république du procès-verbal de l'installation des animateurs de
cette nouvelle commune rurale ; en suite à l'assemblée
nationale, avec l'interpellation du Ministre de la décentralisation et
des affaires coutumières fils de la commune à problème et
membre de la communauté Banyamulenge, et en fin à
l'assemblée provinciale du Sud-Kivu, avec l'interpellation du ministre
provincial de l'intérieur, montre toute la pertinence de cette question
dans la dynamique de ce conflit.
c. L'identité
Autant que la transhumance, la revendication territoriale ou
le foncier, l'identité constitue également un facteur très
capital dans la dynamique des conflits intercommunautaires entre les
banyamulenge et le Babembe à Fizi. Au tour de leurs identités les
milices se créent, les violences et les massacres se font de part et
d'autres.
Ici, les Babembe ont du mal à accepter les banyamulenge
comme étant des congolais parlant la langue rwandaise, plusieurs d'entre
les Babembe conçoivent les Banyamulenge comme étant des
réfugiés Rwandais vivant au Congo. Dans un entretien
organisé à ce sujet, un membre de la mutualité de Babembe
souligne que : « chez nous à Fizi, il n'y a pas des
Banyamulenge,...le kinyamulenge (Banyamulenge) n'existe pas à Fizi, il
n'y a que le Kinyarwanda (Banyarwanda),...il y a plutôt des
réfugiés rwandais qui sont utilisés par le pouvoir du
Rwanda pour nous déstabiliser »72(*), ces propos prouvent à
suffisance la considération qu'a le problème de l'identité
dans la dynamique de ces conflits, ce qui pousse les Banyamulenge à dire
que l'un des principaux facteurs de ce conflits, c'est l'inacceptation
mutuelle, comme nous le verrons ici-bas.
d. L'inacceptation mutuelle
Tout comme le foncier, la transhumance, l'identité,
l'inacceptation mutuelle constitue également un facteur capital dans la
dynamique des conflits entre les Banyamulenge et lesBabembe à Fizi, ce
qui constitue une menace terrible à la cohabitation entre ces
communautés qui sont désormais appelées à vivre
ensemble pour toujours.
Dans un entretien organisé avec un membre de la
communauté banyamulenge, l'interviewé postule à ce sujet
que : « le principal facteur c'est d'abord l'inacceptation
mutuelle, c'est-à-dire, ils ne s'acceptent pas et vous pouvez même
en guise d'exemple, voir sur les réseaux sociaux comment les Babembe
déclarent, ils n'acceptent pas aussi la cohabitation et c'est de cette
façon que ça crée la violence.»73(*)
e. La manipulation politicienne
En quête du positionnement politique au niveau
provincial, national et international, les leaders politiques de tout bord
utilisent abusivement leurs moyens, leurs pouvoir et leur position pour
manipuler certains jeunes et les leaders communautaires et coutumiers de ces
communautés dans le but de tirer profit dans ces conflits et de
déstabiliser la zone pour des raisons qu'eux-mêmes connaissent.
Toutes les personnes avec lesquelles nous nous sommes
entretenus, soutiennent que les politiciens jouent un rôle très
important dans le financement des milices tribales au travers desquelles ils
tirent des avantages fiscaux et politiques d'une façon directe ou
indirecte.
Tableau n°2 : Conception des
enquêtés sur les facteurs des conflits intercommunautaires
à Fizi.
Paramètres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Identité
|
20
|
25
|
Inacceptation mutuelle
|
22
|
27.5
|
Foncier
|
17
|
21.25
|
Transhumance
|
21
|
26.25
|
Autre
|
0
|
0
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Notre enquête à
Bukavu, 2020
Commentaire : il ressort de ce tableau
que le facteur principal qui alimente les conflits intercommunautaires entre
les Banyamulenge et les Babembe à Fizi, c'est l'inacceptation mutuelle
entre les membres de ces deux communautés soeurs avec un score de
27.5% ; mais il faut noter aussi le rôle important joué par
ces autres facteurs comme la transhumance 26.25%, l'identité 25% et le
foncier 21.25%.
2.2. Conséquences et manifestation des
conflits intercommunautaires à Fizi
Les conflits intercommunautaires à Fizi se manifestent
souvent dans les conséquences humaines, matérielles,
environnementales, sociales et économiques que ces conflits posent.
Sur le plan social, l'on constate une rupture totale de la
cohésion sociale entre les deux communautés se manifestant par la
haine, les violences entre les membres des deux communautés, les guerres
entre les milices elles-mêmes, et entre les milices et l'armée
régulière, les stéréotypes développés
de part et d'autres, l'absence des mariages interethniques, etc. ;
Sur le plan environnemental, l'on constate la destruction et
les incendies provoquées des villages entiers, la destruction des forets
et l'exploitation irrationnelle de leurs ressources, etc. ;
Sur le plan économique, l'on retient les pillages des
villages, la perception des taxes illégales, la destruction des champs,
de bétail quasiment rasié, etc. ;
Sur le plan humanitaire, on note les déplacements des
populations causant des sérieux problèmes de santé suite
au manque des structures sanitaires dans le milieu d'arrivé, les tueries
et les massacres de la population civile, la violation des droits de l'homme,
etc.
Dans son rapport du 10 août 2020, le Bureau Conjoint des
Nations Unies aux Droits de l'Homme en RDC, revenant sur les
conséquences de ces conflits, « documente la destruction d'au
moins 95 villages, 128 décès dû à des
exécutions sommaires et extrajudiciaires, 47 victimes de violences
sexuelles, et le pillage et l'abatage des milliers de têtes de
bétail. Cette violence a conduit à une situation humanitaire
désastreuse, avec plus de 110000 personnes
déplacées.»74(*)
Tableau n°3: Conception des enquêtés
sur les conséquences/manifestations des conflits intercommunautaires
à Fizi.
Paramètres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Violences intercommunautaire
|
46
|
57.5
|
Guerres entre milices
|
25
|
31.25
|
Pillages et incendies
|
9
|
11.25
|
Autre
|
0
|
0
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Notre enquête à
Bukavu, 2020
Commentaire :Il ressort de ce tableau
que la majorité de nos enquêtés soit 57% notent que ces
conflits se manifestent principalement sous forme de violences
réciproques entre les deux communautés, 31.25% pensent par contre
qu'ils se manifestent sous forme des guerres entre les milices, et les 11.25%
restants pensent quant à eux qu'ils se manifestent sous forme de
pillages et incendies.
I.3. Acteurs indirects dans les conflits
intercommunautaires à Fizi
Plusieurs types d'acteurs apparaissent indirectement dans
l'alimentation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les
Banyamulenge à Fizi. Parmi ces acteurs invisibles dans ces conflits, on
peut identifier sur base des résultats d'entretiens
organisés avec les acteurs de ces communautés, les membres du
Barza intercommunautaire et du Bureau de coordination de la
Société Civile : les leaders politiques nationaux et provinciaux
de ces communautés, les autorités coutumières, les
dirigeants des pays voisins, la diaspora,... qui dans l'ombre participent
indirectement et d'une manière invisible au financement des groupes
armés de leurs communautés respectives, à la mobilisation
au tour de l'identité et de l'autodéfense pour convaincre les
jeunes à rejoindre leurs groupes armés en leurs fournissant des
moyens matériels important ; il y a aussi dans cette
catégorie les militaires hauts-gradés de l'armée nationale
congolaise membres de ces communautés, qui apportent un soutien
stratégique important aux groupes armés de leur obédience
identitaire ; etc.
Tableau n°4 : Conception des
enquêtéssur les acteurs invisibles ou indirects dans la dynamique
des conflits intercommunautaires à Fizi.
Paramètres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Leaders religieux
|
2
|
2.5
|
Diaspora
|
3
|
3.75
|
Leaders politiques
|
48
|
60
|
Leaders coutumiers
|
27
|
33.75
|
Autre
|
0
|
0
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Notre enquête à
Bukavu, 2020
Commentaire :Il ressort de ce tableau
que 60% des enquêtés pensent que les leaders politiques sont les
acteurs indirects principaux participant à l'alimentation des conflits
entre les Babembe et les Banyamulenge d'une manière non directive.
Section II. ROLE DE LA BARZA INTERCOMMUNAUTAIRE DU SUD-KIVU
DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES
Dans cette section, nous allons analyser les trois niveaux de
l'approche detransformation des conflits utilisée par le barza
intercommunautaire du Sud-Kivu, en suite nous allons voir les stratégies
d'intervention qu'utilise le Barza intercommunautaire dans la transformation
des conflits, et en fin nous allons analyser les rôles que joue le barza
intercommunautaire dans la transformation des conflits intercommunautaires.
II.1. Approche de transformation des conflits du
Barzaintercommunautaire du Sud-Kivu
Le barza intercommunautaire du Sud-Kivu est une structure
intercommunautaire de la province du Sud-Kivu regroupant en son sein les
représentants des mutualités tribales non seulement de la
province du Sud-Kivu, mais aussi ceux des mutualités des ressortissants
d'autres provinces de la RDC. Au départ COMUSKI75(*) (Coordination des Mutuelles du
Sud-Kivu), cette structure avait comme objectif de paix, celui de régler
les différends entre les membres des différentes
communautés ou mutualités conformément à la
coutume.
Actuellement laBarza intercommunautaire du Sud-Kivu est
composée de plus de 26 associations tribalo-ethniques vivant au
Sud-Kivu, elle est dirigée par un comité de coordination
composé d'un président-coordinateur, de trois vices
présidents-coordinateurs, de trois secrétaires, de deux
trésoriers, de trois commissaires aux comptes et de plusieurs
conseillers.
A en croire le représentant de la communauté
Banyamulenge dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu, « Le barza
a pour mission, le rassemblement des représentants des mutuelles, en vue
de rapprocher les communautés les unes des autres, en vue d'intervenir
ensemble en cas de contentieux pour essayer de transformer les conflits qu'ils
soient intra ou intercommunautaire ».76(*)Il ressort clairement de cette définition de la
composition, des missions et objectifs de cette structure que laBarza
intercommunautaire est un acteur approprié, habileté à
transformer et à gérer les conflits entre les différentes
communautés vu sa composition et son contexte de création qu'est
le constat de la résurgence des conflits entre les communautés
tribales du Sud-Kivu ; d'où l'importance d'analyser les approches
qu'elle utilise dans la transformation des conflits au Sud-Kivu.
En ce qui concerne l'approche utilisée par laBarza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
intercommunautaires, « il convient de souligner que les conflits
intercommunautaires dans la province du Sud-Kivu ont leurs champs dans les
territoires et tirent souvent leurs sources ou sont amplifiés par
d'autres acteurs au niveau provincial, national, régional et même
international par la diaspora.».77(*)De ce fait, le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu
développe une approche de transformation des conflits à trois
principaux niveaux d'intervention :
a. Le Niveau local ou territorial (CCI)
Au niveau local, de base ou territorial, le barza
intercommunautaire du Sud-Kivu travail avec des structures locales de base
appelées des Cadres de Concertation Intercommunautaires (CCI). Ces
structures regroupent des représentants des communautés
tribalo-ethniques au niveau des territoires sous la même configuration du
Barza intercommunautaire provincial dans le but de prévenir, de
résoudre et de transformer les conflits intra et intercommunautaires
identifiés localement, grâce aux différentes
activités qu'ils organisent comme les dialogues intercommunautaires, les
médiations, les réconciliations, les sensibilisations, etc.
Au cas où il y a un problème qui essaie de
dégénérer au niveau local, les membres des CCI peuvent
faire appel au Barza provincial, qui avec leur association, effectue une
mission au niveau local qui peut être selon le cas de médiation,
de sensibilisation ou de dialogue.78(*)
b. Le Niveau Provincial (Barza Intercommunautaire du
Sud-Kivu)
A ce niveau, en cas de manifestation ou d'information sur une
situation de conflit qui essaie d'embraser une ou plusieurs communautés
originaire(s) ou non de la province du Sud-Kivu, le barza intervient et joue le
pont pour essayer de réconcilier les ou la communauté(s) en
conflit. Ici le barza intervient principalement en interpellant les leaders
communautaires politiques, religieux, etc., il analyse la question avec les
représentants des mutualités des toutes les communautés,
convoque les assises, examine la question, écoute les parties en
conflit, propose des solutions à présenter aux communautés
dans la neutralité et signe les accords.
c. Le Niveau National (Barza Intercommunautaire
National)
Au niveau national intervient le Barza intercommunautaire
national, qui regroupe les représentants des mutualités et des
communautés de chaque province du pays et parfois les
représentants des barza intercommunautaires provinciaux. Il a les
mêmes responsabilités que les barza provinciaux, mais ce pendant
au niveau national où il participe activement aux différents
processus de recherche de la paix, de la cohésion sociale entre les
communautés et les leaders communautaires au niveau national ; de
la prévention, de la résolution et la transformation des conflits
intercommunautaires.
II.2. Stratégies d'intervention
Dans l'exercice de sa mission et la poursuite de ses
objectifs, le barza intercommunautaire du Sud-Kivu a adopté une
stratégie d'intervention complexe dans la réalisation de ses
activités.
Parmi ses stratégies, il y a d'abord la sensibilisation
que le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu oriente vers les autorités
politiques, administratives et coutumières au niveau local et
provincial, dans le but de prévenirles conflits et les violences
communautaires, et surtout à caractère tribal et ethnique, et
ainsi faire participer toutes les couches de la population à la gestion
de la province.79(*)
Ainsi fait, cette stratégie contribue à
l'apaisement des tensions et à susciter la cohabitation pacifique entre
les différentes communautés représentées à
tous les niveaux de prise des décisions.
Une autre stratégie d'intervention qu'utilise le Barza
intercommunautaire en vue de la promotion du vivre ensemble et de la paix
intercommunautaire, c'est l'organisation des dialogues intercommunautaires,
autour desquels les communautés en conflit sont invitées a
exposer leurs problèmes pour une résolution durable et amiable en
vue de maintenir la cohésion sociale.
La dernière stratégie d'intervention consiste
à utiliser les leaders communautaires qui collaborent avec la Barza pour
résoudre et transformer les conflits dans leurs communautés et si
ça dégénère, la Barza peut alors intervenir.
II.3. Rôle direct de laBarza intercommunautaire
dans la transformation des conflits
Dans la transformation des conflits intercommunautaires
à Fizi, la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu a eu, et continue
à jouer directement différentsrôles, parmi ces rôles
on peut citer :80(*)
a. Le rôle de lanceur d'alerte :
Ici, lorsqu'il reçoit une information sur un probable
cas de conflit en gestation, il tire la sonnette d'alarme auprès des
autorités politiques, administratives, coutumières et religieuses
à tous les niveaux, des leaders communautaires, des acteurs intervenants
dans le cadre humanitaire et les services de sécurité pour
éviter que le conflit qui se trouvait à un niveau latent ne
puisse éclater.
b. Le rôle de conciliateur
Ici, la Barza intercommunautaire organise des missions de
conciliation dans les zones des communautés affectées par les
conflits, à travers une délégation composée des
membres représentants des différentes communautés et
surtout des communautés en conflit.
c. Le rôle de médiateur
Dans certains conflits intercommunautaires, la Barza joue le
rôle de médiateur pour amener les différentes parties au
conflit à promouvoir un échange constructif pour voir comment
résoudre les conflits qui opposent leurs communautés
respectives.
d. Le rôle dans la prévention des
conflits et de la résurgence des violences
Tableau n°5 : Conception des
enquêtéssur le rôle joué par le Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi.
Paramètres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Tiers
|
62
|
77.5
|
Observateur
|
18
|
22.5
|
Partie défenderesse
|
0
|
0
|
Autre
|
0
|
0
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Notre enquête à
Bukavu, 2020
Commentaire :A partir de ce tableau,
nous dégageons le constat suivant : la conception des membres de
ces communautés sur le rôle joué par le Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi, se présente de la manière
suivante d'après nos enquêtes :rôlede tiers
(médiateur, conciliateur, facilitateur, etc.) 77.5%,
rôled'observateur 22.5%; et selon cette source, ce dernier ne joue que
ces deux rôles car les autres paramètres sont nullement
cotés.
Section III. ROLE DU BUREAU DE COORDINATION DE LA SOCIETE
CIVILE DU SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES
Dans cette section nous allons beaucoup plus nous atteler
d'abord sur les stratégies et les approches que développent les
trois structures membres effectif du bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu oeuvrant dans le domaine de la paix et
de la transformation des conflits telles que citées par la
présidente du bureau de coordination dans un entretien organisé
à son bureau, en suite nous essaierons de voir quel rôle joue
réellement ou directement la société civile du Sud-Kivu
à travers son bureau de coordination dans la transformation de ces
conflits intercommunautaires à Fizi.
III.1. Approche de transformation des conflits et
stratégies d'intervention du Bureau Coordination de la
société civile du Sud-Kivu
La société civile du Sud-Kivu a vu le jour
à la veille de la Conférence Nationale Souveraine sous
l'initiative des ONGs déjà constituées dans un collectif
depuis 1989. Le Bureau de coordination de la société civile du
Sud-Kivu, est l'organecoordonnant les activités des associations de la
société civile du Sud-Kivu. Il est élu par
l'assemblée générale des associations membres pour un
mandat de trois ans, et a coordonné à sa création plus de
200 associations, réparties en 8 composantes dont : La composante
des confessions religieuses ; la composante des associations à
caractère économique ; les associations savantes (groupes de
pression, groupes de réflexion, associations de défense des
droits de l'homme, etc.) ; les corporations ; la composantes des
associations féminines, les syndicats ; la composante des
associations philanthropiques ; les associations culturelles.
A nos jours, le bureau de coordination de la
société civile compte 14 composantes et plusieurs groupes
thématiques.
La société civile du Sud-Kivu, étant une
structure regroupant plusieurs composantes (organisations) oeuvrant dans
différentes domaines de la vie socioéconomique et culturelle, ne
dispose pas au sein de son bureau de coordination d'une structure
spécialisée de gestion des conflits intercommunautaires ou
d'autres types des conflits, mais cependant dans l'exercice de samission, le
bureau de coordination agit indirectement à travers la composante des
ONGsoeuvrant dans le domaine de la paix et de la transformation des conflits en
accompagnant leurs actions dans le cadre de porter plus haut les
résolutions et résultats des actions de paix menées par
ces organisation en vue de leurexécution par les différents
acteurs à tous les niveaux, et dans ce sens il joue principalement le
rôle d'acteur de plaidoyer et de lobbyingauprès des
différents acteurs.
A ce sujet, dans un entretien organisé avec la
présidente du Bureau de coordination de la société civile
du Sud-Kivu sur le rôle de cette structure dans la transformation des
conflits intercommunautaire, elle souligne que : « la
société civile c'est l'ensemble des structures qui oeuvrent dans
différents domaines, qui est structurée au sein du bureau par des
composantes et des groupes thématiques, et de cela, lorsque nous avons
un problème qui porte sur les conflits, nous orientons le dossier aux
organisations qui travaillent dans la transformation des conflits. Et
actuellement nous en avons trois qui sont membres effectifs du bureau
dont : l'APC, le RIO et l'ADEPAE.»81(*). Il convient de retenir ici que le Bureau de
coordination joue rarement un rôle direct dans la transformation des
conflits.
Pour ce faire, le bureau de coordination dans sa composante de
paix et conflit, intervient dans ce domaine par l'entremise de trois
organisations membres qu'elle compte dans cette composante, oeuvrant dans le
groupe thématique traitant des conflits et de la paix, que sont :
ADEPAE, APC et RIO.
Ainsi donc, le bureau de coordination intervient de deux
manières dans la transformation des conflits à Fizi, il
intervient directement par lui-même à travers la coordination des
actions de ses membres, la représentation, les actions de lobbying et de
plaidoyer ; il intervient aussi indirectement à travers ses membres
(ADEPAE, APC et RIO).
Cela étant, comprendre l'approche utilisée par
le bureau de coordination de la société civile,revient à
comprendre également les approches de ces trois organisations dans la
transformation des conflits intercommunautaires à Fizi.
a. L'approche de l'ONG Action pour le
Développement et la Paix Endogène dans la transformation des
conflits.
L'ONG Action pour le Développement et la Paix
Endogène est une organisation non gouvernementale du droit congolais
située sur l'Avenue de la Montagne N° 28, Quartier Nyalukemba,
Commune d'Ibanda, Ville de Bukavu, Province du Sud-Kivu en RDC. Elle a
été créée en 1997 en réaction au climat de
méfiance et de suspicion entre les communautés tribales au
Sud-Kivu, en RDC, et en particulier dans la ville de Bukavu.82(*) C'est une structure
affiliée régulièrement au Bureau de coordination de la
Société Civile du Sud-Kivu et a pour mission d'accompagner la
population dans la transformation positive des conflits et la promotion de la
bonne gouvernance en vue de contribuer à la construction d'une paix
durable à l'Est de la RDC.Dans l'exercice de cette mission l'ADEPAE
poursuit l'idéal de voir la communauté congolaise vivre en
harmonie et dans une cohésion parfaite où les droits et devoirs
des citoyens sont respectés.
Dans le cadre de la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi, ADEPAE intervient à travers
sesdifférentes structures communautaires se trouvant dans
différentes zones dans la province du Sud-Kivu, notamment, dans les
territoires de Kalehe, d'Uvira, de Fizi et dans la ville de Bukavu ; ces
structures sont entre autres:Les Cadres de Concertation Intercommunautaires
(CCI), implantées dans les territoires d'Uvira et de Fizi, à
travers lesquelles elle s'investi beaucoup avec d'autres organisations dans la
transformation des conflits par des séances d'analyse du contexte, des
médiations, des ateliers de renforcement des capacités des
acteurs de ces structures, des dialogues intercommunautaires, etc.,
àcôté de ces CCI, ADEPAE utilise aussi des comités
mixtes des groupes des éleveurs et agriculteurs pour
prévenir et transformer les conflits liés à la
transhumance, des comités de négociateurs, des structures de
femmes et des jeunes artisans de la paix.
En ce qui concerne leurs mise en oeuvre, il est important de
noter que ces structures sont issues des communautés et leurs membres
sont élus par les membres de la communauté, elles sont mises en
place en fonction de besoins manifestés par ces communautés.
Avec la participation de ces structures, ADEPAE utilise deux
stratégies dont : (i) la stratégie de recherche dans le but
de comprendre les enjeux et les intérêts des parties au tour des
conflits, de l'identité des acteurs, du point de vue des victimes sur
les mécanismes de résilience, etc. ; (ii) Après la
recherche, il passe à la validation des résultats et des
données à travers l'implication des victimes et des
représentants des parties en conflits, des politiques, des services de
sécurité et des parties influentes.83(*)
b. Approche de l'ONG Action pour la Paix et la
Concorde dans la transformation des conflits.
L'Action pour la Paix et la Concorde est une organisation non
gouvernementale dont le bureau national est situé sur avenue Kibombo
N° 13, dans le Quartier Ndendere, Commune d'Ibanda, Ville de Bukavu,
Province du Sud-Kivu en RDC. Elle a vu le jour en 2009, dans un contexte social
et politique émaillé des conflits. Cette organisation est venue
d'une part pour renforcer et relayer les efforts déjà fournis
et /ou en cours par les autres acteurs dans la recherche de la paix, et
d'autres part, pour s'engager résolument dans la transformation positive
des conflits au sein des communautés vivant au Sud-Kivu, dans la simple
mission d'inciter et d'accompagner les acteurs dans la transformation positive
de leurs conflits.
Dans le cadre de la transformation des conflits, l'ONG APC
utilise une approche à deux niveaux d'intervention : (i) Au premier
niveau : l'APC utilise une approche d'intervention indirecte, sollicitant
le concours des actions mises en oeuvre par des structures communautaires
notamment : les Cadres de Dialogue et de Médiation(CDM) et les
Noyaux Jeunesse TujengeAmani (NJTA) ; qui sont des structures regroupant
les acteurs au niveau local, ces acteurs sont issus des communautés
vivant dans les villages concernés, ces structures sont composées
de toutes les couches socio-économiques des différents villages
où APC intervient à savoir : les autorités
coutumières, les femmes, les jeunes, les enseignants, etc.
Ces structures font partie intégrante d'une approche
d'intervention visant la résilience communautaire, conformément
à sa mission, celle d'accompagner les acteurs dans la résolution
de leurs conflits, et dans cet angle, APC intervient en assurant un
accompagnement technique, en assurant le renforcement des capacités et
en subvenant aux besoins d'opérationnalisation des aspects logistiques
en vue d'appuyer leurs activités quotidiennes de sensibilisation, de
médiation et de plaidoyer au niveau local.
Au second niveau : APC utilise une approche directe
d'intervention pour des questions qui touchent le niveau provincial, national
et même régional, pour des dialogues qui nécessitent une
forte intervention des autorités politiques au niveau provincial ou
national en les mettant toujours en interaction avec les acteurs du niveau
local.
Il convient de noter ici, qu'en ce qui concerne les conflits
intercommunautaires à Fizi, l'ONG APC intervient de moins à
moins, mais se concentre beaucoup plus sur la transformation de ces conflits
intercommunautaires dans la partie nord-est de la province, notamment dans les
territoires de Kabare, Kalehe et Shabunda.
c. Approches de l'ONG Réseau d'Innovation
Organisationnelle dans la transformation des conflits.
Le Réseau d'Innovation Organisationnelle est une
organisation non gouvernementale dont le siège social est situé
en République Démocratique du Congo, dans la Province du
Sud-Kivu, Ville de Bukavu, dans la Commune d'Ibanda, au quartier Nyalukemba,
Avenue de la montagne, au N°30. Il est un réseau des personnes et
d'organisations qui sont actives dans le développement de leurs
sociétés et de leurs organisations. RIO organise des
activités de différentes formes pour permettre aux leaders, aux
institutions ecclésiastiques et aux organisations de la
société civile de se connaître. Il poursuit l'objectif
d'appuyer et de conseiller un ensemble d'organisations pour qu'elles deviennent
plus pertinentes et plus performantes. Ainsi, dans le cadre de sa contribution
à la réalisation des objectifs de développement, le RIO
contribue au développement des compétences individuelles,
organisationnelles et à la construction de la paix principalement dans
la province du Sud-Kivu à travers les activités qu'il mène
sur le terrain.84(*)
Dans le cadre de la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi, RIO intervient sous une approche à la
fois directe et indirecte, à travers les Cadres de Concertation
Intercommunautaire et d'autres structures communautaires de transformation des
conflits à la base, tout comme le Barza Intercommunautaire et l'ADEPAE
à travers les CCI.
Ainsi donc, dans la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi entre la communauté des Babembe et
celle des Banyamulenge, le Réseau d'Innovations Organisationnelles
organise à travers ses structures pilote des séances de
médiation des conflits, des dialogues intercommunautaires, des
séances d'analyse du contexte pour identifier avec les leaders locaux
des communautés en conflit les problèmes qui fragilisent la paix
et la cohabitation sociale entre les communautés lorsque la situation
essaye de dégénérer, il organise également des
rencontres intercommunautaires qui ont même aboutit avec le concours de
l'ADEPAE et d'autres structures à la création des CCI et des
Comités des Négociateurs ; au-delà de ces
activités, il organise aussi des ateliers de réflexion et de
renforcement des capacités des acteurs oeuvrant dans ces structures.
III.2. Rôle direct du Bureau Coordination de la
société civile du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
En ce qui concerne le bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu, il convient de noter que celle-ci
joue directement quatre principauxrôles en ce qui concerne la
transformation des conflits :
ü Le plaidoyer
A travers ce rôle, le bureau de coordination de la
société civile, analyse ensemble avec ses organisations
partenaires ou membres les résultats de leurs actions, notamment en ce
qui concerne la gestion et la transformations des conflits dans
différentes zones d'intervention de ces dernières dans la
province, et après cette analyse ils ciblent ensemble les acteurs
à différents niveaux auprès de qui orienter le plaidoyer
en fonction du degré d'implication que peut avoir cet acteur dans la
prise de décision.
ü Le lobbying
A travers cette attribution, le bureau de coordination de la
société civile, engage des activités consistant à
faire pression aux différents décideurs politiques à fin
d'influencer les décisions que le bureau de coordination estime avoir un
impact négatif sur la population ou la gestion de la chose publique.
ü La coordination
Ici le bureau de coordination de la société
civile du Sud-Kivu essaie de rassembler les efforts des organisations des
différentes composantes et groupes thématiques du bureau de
coordination de la société civile du Sud-Kivu pour voir comment
ces efforts, une fois réunis peuvent participer à
l'émergence et au développement des actions de ces
dernières sur la vie des citoyens.
ü La représentation
Ici le bureau de coordination de la société
civile du Sud-Kivu représente les citoyens démunis et ses
organisations membres dans les assises de différentes formes
organisées au niveau local, provincial, national et parfois
régional pour porter haut la voix et les désirs de la population.
Ainsi note à ce sujet, la présidente du bureau de coordination de
la société civile du Sud-Kivu : « Dans le cadre
des conflits et de la paix, le bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu a eu à participer à
plusieurs assises, à plusieurs dialogues, concertations, etc. dont les
résultats ont été bénéfiques pour les
citoyens et ont permis le retour progressif de la paix sans la
violence »85(*)affirme la présidente du bureau de coordination
dans un entretien organisé à son bureau dans le cadre de cette
recherche.
A côté de ce rôle, il convient de noter
aussi que le bureau de coordination de la société civile du
Sud-Kivu a joué un rôle important lors de la Conférence
Nationale Souveraine, où il a eu a participé pour défendre
la cause de la population ; et a participé également comme
observateur à plusieurs processus de paix organisés par les ONGs
Nationales comme internationales, par le gouvernement tant au niveau national
que provincial, et a participé aussi en tant que tierce partie
directement dans le pré-dialogue organisé le 4 juin 2018, en
collaboration avec le Barza intercommunautaire sous l'appui de la MONUSCO,
entre les leaders de Fizi à Bukavu86(*)
Tableau n°6 : Conception des
enquêtéssur le rôle du Bureau de coordination de la
société civile dans la transformation des conflits
intercommunautaire à Fizi.
Paramètres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Tiers
|
47
|
58.75
|
Observateur
|
30
|
37.5
|
Partie défenderesse
|
3
|
3.75
|
Autre
|
0
|
0
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Notre enquête à
Bukavu, 2020
Commentaire :A partir de ce tableau,
nous dégageons le constat que la conception des membres de ces
communautés sur le rôle joué par la Société
Civile dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi,
se présente de la manière suivante d'après nos
enquêtes : 58.75% des enquêtés estiment que le
bureau de coordination joue le rôle de tiers (médiateur,
conciliateur, facilitateur, etc.); pat contre 37.5% d'entre eux estiment que ce
dernier joue lerôled'observateur etcontre 3.75% qui montrent qu'il joue
le rôle de partie pour défendre les causes de la population.
Section IV. LIMITES DES APPROCHES DE TRANSFORMATION DES
CONFLITS AU SUD-KIVU
Plusieurs facteurs ont limité les différentes
approches de transformation des conflits développées dans le
cadre de la construction de la paix en RDC et dans la province du Sud-Kivu en
général, et plus particulièrement dans le territoire de
Fizi. Parmi ces facteurs, on peut citer d'après nos sources de terrain
dans l'optique de ce travail :
a. Le manque de la coordination
Les approches de construction de la paix
développées dans la province du Sud-Kivu par différents
acteurs (ONGs locales, nationales et internationales ;
Société Civile ; Barza Intercommunautaire et les structures
Etatiques), souffrent d'un manque d'une structure de coordination des efforts
développées.A ce titre, dans une interview organisée dans
le cadre de cette recherche, un membre représentant la communauté
Babembe dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu
note : « la principale limite à l'endroit de ces
approches est le manque d'une coordination de toutes ces structures pour
canaliser et orienter les actions de ces dernières dans la recherche de
la paix,...»87(*),
cela a conduit à une multiplication des actions avec les mêmes
objectifs, les mêmes missions, implémentées dans les
mêmes zones d'action, avec les mêmes résultats au
préalable mais à zéro impact sur le terrain. C'est dans
cet angle qu'un représentant de la communauté Banyamulenge note
aussi que, «..., malgré l'accroissement en nombre des organisations
qui implémentent les projets de conflits dans cette zone, il n'y a pas
d'impact sur le terrain,...»88(*)
b. Les limites liées aux moyens
financiers
Les moyens financiers constituent, ici un blocage à
plusieurs initiatives et approches développées par les acteurs
dans le but de transformer les conflits intercommunautaires, qui sont
obligés de recourir aux acteurs étrangers pour trouver des moyens
à fin de mettre en oeuvre leurs solutions, cela les conduit à une
dépendance face à ces bailleurs et à
l'implémentation des solutions préconçues et
inadaptées aux problèmes locaux.
c. L'insécurité
Cet élément constitue l'un de facteurs
principaux d'âpres nos investigations de terrain, car selon la
majorité des interviewés, la zone de Fizi parait être l'une
des zones les plus insécurisées de la province, les agents et
acteurs humanitaires, et de développement, ont du mal a orienté
leurs actions dans ce contrait, étant donné que le personnel et
le matériels mobiliers et immobiliers de ceux qui exercent
déjà leurs activités à Fizi font objet des attaques
ciblées, des enlèvement et d'autres actes de vandalisme. Ce qui
limite significativement les actions de ces organisations dans ce
territoire.
d. L'incohérence entre les problèmes
constatés sur terrain et les solutions proposées
Cet élément constitue également un
facteur très capital limitant les impacts des actions
développées par différents acteurs dans le cadre de la
transformation des conflits à Fizi.
Un membre de la communauté banyamulenge note quand
à ce que : « ces acteurs ne s'intéressent plus au
problème constaté, ni aux résultats mais plutôt
à la justification des fonds et la conformité de leurs actions
aux critères des pourvoyeurs des fonds et non aux problèmes de la
population.»89(*)
Tableau n°7 : Conception des
enquêtéssur les limites des approches de transformation des
conflits au Sud-Kivu
Paramètres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Manque de cohérence
|
30
|
37.5
|
Volonté d'appliquer les accords
|
22
|
27.5
|
Moyens financiers
|
10
|
12.5
|
Insécurité
|
18
|
22.5
|
Autre
|
0
|
0
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Notre enquête à
Bukavu, 2020
Commentaire :il se dégage de ce
tableau que la majorité des enquêtés soit 37.5% admettent
que le manque de cohérence entre les problèmes constatés
et les solutions proposées par les différents acteurs intervenant
dans la pacification de Fizi, en constitue la limite principale ;
associé au manque de volonté de la part des parties en conflit
d'appliquer les accords précédemment signés, soit 27.5%
d'enquêtés le relevant ; ensuite le facteur comme
l'insécurité dans la zone, constitue aussi une limite
considérable aux actions de ces acteur avec 22.5% ; et en fin l'on
note la limite financière avec 12.5%.
CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS
Section I. Facteurs des Conflits et acteurs indirects
En ce qui concerne les facteurs des conflits
intercommunautaires entre les populations allochtones et les populations
autochtones à Fizi, il convient de noter que les études
précédentes consultées dans la partie théoriques de
ce travail, montrent complémentairement que les facteurs comme
l'identité, le pouvoir coutumier, la transhumance, la compétition
économique et foncière, l'implication sous régionale,
l'absence de l'autorité de l'Etat, l'enclavement de la zone, la gestion
des entités modernes, la course aux aides au développement, la
manipulation politique, la guerre civile rwandaise, les facteurs
idéologiques ; mis ensemble, constituent les facteurs principaux
des conflits intercommunautaires entre les banyamulenge et le Babembe à
Fizi.
Cependant, ces facteurs tels que mentionnés ci-haut, ne
sont pas exhaustifs, ni exclusifs dans la dynamique des conflits
intercommunautaires à Fizi, c'est dans cet aspect de non
exclusivité et de non exhaustivité des facteurs de conflits
à Fizi, que la présente recherche à travers ses
résultats de terrain est parvenu à identifier un autre type de
facteur dans la dynamique de ces conflits, et cela par rapport aux auteurs
exploités dans notre état de la question. Ce facteur est le non
acceptation ou l'inacceptation mutuelle entre les membres des deux
communautés en conflit à Fizi, ce facteur est intimement
lié au facteur identitaire et à beaucoup d'autres facteurs dans
la dynamique de ces conflits.
En ce qui concerne, les facteurs indirects des conflits
intercommunautaires à Fizi, que sont, au vu des résultats de la
section I.3 :les leaders politiques nationaux et provinciaux de ces
communautés, les autorités coutumières, les dirigeants des
pays voisins, la diaspora, certains militaires hauts-gradés des
FARDC ; ces résultats sont quelque peu semblables et
complémentaires aux résultats trouvés par Pool Institute,
à la seule différence que les nôtres ne prouvent pas une
implication suffisante des acteurs comme les leaders religieux, qui font
beaucoup plus parti d'après nos investigations des acteurs de paix.
Se basant sur les résultats de nos enquêtes sur
le terrain avec les membres de ces deux communautés, tels que
présentés ci-haut, notamment en ce qui concerne la conception de
la population sur le principal facteur de conflits intercommunautaires à
Fizi, l'on note à la différence d'(International Alert,
2010 ; Life and peace Institute et al.,2011; Interpeace,2013 ;
SFCG,2014 ; Muchukiwa B.,20016 ; APARECO,2019 ; etMuchukiwa B.et
Kasagwe M.,2019 qui montrent que l'identité est le facteur
principal alimentant les conflits intercommunautaires à Fizi.)
d'après les résultats de nos enquêtes que l'inacceptation
mutuelle est le facteur principal de ces conflits avec un score de 27.5%, suivi
de la transhumance avec 26.25%, en suite vient alors l'identité avec
25%, et enfin le foncier ou la revendication territoriale avec 21.25%.
Section II. Analyse comparative du rôle de la
société civile et de laBarza intercommunautaire dans la
transformation des conflits.
En se basant sur l'analyse des facteurs de ce que B. Muchukiwa
appel dans la théorie de la transformation des conflits de J-P.
Lederach : ``potentiel constructif'', qui est un levier sur lequel les
intervenants dans le domaine de la transformation des conflits doivent
s'appuyer dans leurs actions ; nous constatons que les approches
développées par la société civile du Sud-Kivu et la
Barza intercommunautaire, s'inscrivent bien dans cette logique en
développant des actions de dialogue, de plaidoyer, des approches
non-violentes, des unités de transformation, l'analyse de contexte,
l'analyse et la compréhension du conflit, la tolérance, le
pluralisme, la médiation et la création des nouvelles pistes de
base des modèles préexistants comme le veut la théorie de
la transformation des conflit.
En ce qui concerne le rôle de la société
civile dans la construction de la paix, nous avons trouvé qu'à un
certain égard, nos résultats dans ce sens sont un peu corollaire
à ceux de Christiane Kayser et Flaubert Djatan, 2018, montrant que dans
les situations de conflit, la société civile joue le rôle
de plaidoyer, ce qui fait parties aussi desrôles directs joué par
le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu tel
que démontré dans la présentation de nos
résultats.
Nos résultats sont aussi conformes à ceux
trouvés à l'issue du Colloque régional sur la paix (2007),
qui démontrent que dans la prévention des conflits la
société civile joue le rôle de veille et d'alerte (Ce qui
est conforme au rôle joué par le Barza), de bons offices et de
plaidoyer ( rôles joués à la fois par le Barza
intercommunautaire et le Bureau de coordination de la société
civile et les Trois ONGs avec lesquelles il collabore dans la transformation
des conflits) ; dans la résolution des conflits, il poursuit en
disant qu'elle joue le rôle de tiers (négociateur,
dénonciateur et réconciliateur) ce que font également nos
deux institutions d'application d'après les résultats tels que
présentés ci-haut ; et finalement dans le processus de
renforcement de la paix durable, elle joue le rôle d'appui à la
réhabilitation des communautés et de la mise en oeuvre des
politiques de réconciliation, ce que font également directement
le barza intercommunautaire et indirectement la société civile
à travers APC, RIO et ADEPAE.
Cela se confirme aussi par les résultats de nos
enquêtes à la suite des quels 58.75% des enquêtés
montrent que la Société civile joue le rôle de tiers
(médiateur, conciliateurs, etc.), contre77.5 % pour le Barza ; par
contre 37.5 % de nos enquêtés montrent que la
société civile joue le rôle d'observateur dans les
conflits, contre 22.5% pour le Barza ; et enfin 3.75% des
enquêtés montrent que la société civile joue le
rôle de défense de la population, contre 0% pour le Barza, ce qui
ne contredit pas totalement les résultats du Colloque Régional
sur la Paix en Afrique Centrale de Kinshasa 2007.
II.1. Application de la pyramide de transformation des
conflits de Lederach à la lumières de l'approche de
transformation des conflits de la barza intercommunautaire
Types d'acteurs
Affected population
Niveau 3 : Local LS
Membres des CCI et leaders locaux
Niveau 1: Top leadership
Membres du Barza nationalet leaders au niveau
national
Niveau 2: Leadership moyen
Membres du barza provincialet leaders communautairesau
niveau provincial
Approches pour la construction de la paix
Approches pour la construction de la paix
Figure 3 : Pyramide de transformation des
conflitsappliquéeà l'approche Barza
Intercommunautaire
Source : Nos analyses
Commentaires : Dans cette figure nous
présentons sur base d'une analyse de la pyramide de transformation des
conflits tirée dans la théorie de la transformation des conflits
de John Paul Lederach où dans sa partie gauche nous reprenons les types
d'acteurs et les différents niveaux de leadership utilisés dans
la construction de la paix selon l'approche de transformation des conflits de
la Barza intercommunautaire ; à droite, nous reprenons les
différentes approches de consolidation de la paix utilisées
à chaque niveau de la pyramide, et en conclusion, nous voyons que, au
niveau 2, le leadership moyen joue un rôle important de pont entre le
haut niveau et le niveau local pour centraliser et légitimer les
résolutions prises à tous les niveaux dans le chef de la
population.
II.2. Application de la pyramide de transformation des
conflits de Lederach à la lumières de l'approche de
transformation des conflits de la société civile.
Types d'acteurs
Approches pour la construction de la paix
Affected population
Niveau 3 : Local LS
Membres des CCI, CDM et Représentants locaux de
la Société civile
Niveau 1: Top leadership
Membres de la société Civile au Niveau
national et les structures nationales membres de la sociv
Niveau 2: Leadership moyen
Membres du Bureau de coordination de la
Société civile et les représentants des ses Structures
membres
Figure 4 : Pyramide de transformation des conflits
appliquée à l'approche de la Société
Civile
Source : Nos analyses
Commentaire :Dans cette figure nous
présentons sur base d'une analyse de la pyramide de transformation des
conflits tirée de la théorie de transformation des conflits de
John Paul Lederach. Dans la partie gauche de la pyramide d'application nous
reprenons les types d'acteurs et les différents niveaux de leadership
utilisés dans la construction de la paix selon l'approche de
transformation des conflits du bureau de coordination de la
Société civile du Sud-Kivu comprenant au niveau le plus haut les
acteurs du cadre de concertation de la société civile au niveau
national et les représentants au niveau national des organisations
membres de la société civile, au niveau moyen nous trouvons les
acteurs du bureau de coordination provinciale de la société
civile et les ONGs membres et au niveau local nous trouvons les structures
communautaires ; à droite, nous reprenons les différentes
approches de consolidation de la paix utilisées à chaque niveau
de la pyramide ; et en conclusion, nous notons que, au niveau 2, le
leadership moyen joue un rôle important de pont entre le haut niveau et
le niveau local pour centraliser et légitimer les résolutions
prises à tous les niveaux dans le chef de la population.
CONCLUSION
Nous voici au terme de notre travail de mémoire dont le
sujet a porté sur « Le rôle de la
Société Civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans
la transformation des conflits intercommunautaires : Cas des conflits
entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi».
L'intérêt de ce travail a été motivé par le
souci de savoircomment se déploient ces deux structures dans le
territoire de Fizi à fin d'apporter des solutions aux problèmes
de cohabitation pacifique entre ces deux communautés et d'identifier les
différents acteurs qui agissent dans l'ombre pour pérenniser ces
conflits.
De ce fait, trois questions principales ont constitué
la problématique qui a soutenu l'analyse de ce travail dont :
ü Quels sont les acteurs indirects (invisibles) dans
l'alimentation des conflits intercommunautaires à Fizi ?
ü Quel rôle joue le bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu et la Barza intercommunautaire dans
la résolution des conflits intercommunautaires à Fizi?
ü Aux quelles limites se sont heurtées les
stratégies (approches) de transformation des conflits
précédentes dans la mise en oeuvre et le suivi de leurs
solutions ?
En réponse à ces questions, trois
hypothèses ont été également émises.
Ainsi, parmi les acteurs indirects participant à
l'alimentation de ces conflits on trouverait : les politiciens, les
leaders religieux, les leaders de la diaspora, les dirigeants de pays voisins,
les officiers de la police et des forces armées de la RDC et des pays
voisins, la MONUSCO, les ONGs, etc.
Dans la résolution des conflits intercommunautaires au
Sud-Kivu, la société civile et la Barza intercommunautaires du
Sud-Kivu joueraient trois principaux rôles : (i) lorsqu'elles
participent comme tierce partie (facilitateurs, médiateur, arbitre,
etc.) elles accompagnent les parties en toute neutralité a trouver des
solutions durables a leurs problèmes en vue de se
réconcilier ; (ii) lorsqu'elles y participent en tant parties
prenantes au conflits, elles jouent le rôle de la défense des
intérêts communautaires ; (iii) lorsqu'elles participent en
tant que observateur et jouent un rôle très passif se militants
seulement à des propositions et l'observation de la bonne marche du
processus.
Les différentes approches de transformations et de
résolution des conflits développée comme réponse
aux conflits intercommunautaires à Fizi se serraient heurtées
à un certain nombre des limites parmi lesquelles : le manque de la
volonté pour mettre en pratique les accords et conventions
signés, la manipulation des membres de la communauté et des
leaders communautaires de base par les acteurs politiques nationaux et de la
diaspora, les problèmes récurrents d'insécurités
perpétrés par les groupes armés dont les
intérêts sont menacés par le rétablissement de la
paix, l'absence de l'autorité de l'Etat et l'insuffisances des
éléments de forces de sécurité, le manque des
moyens financiers pour mettre en oeuvre ces politiques, etc.
Pour ce faire, un arsenal méthodologique mixte a
été mis en placedéveloppant une étude à la
fois descriptive et analytique, recourant à la méthode historique
et comparative, mobilisant les techniques d'entretien, d'enquête par
questionnaire et de l'analyse documentaire dans la collecte des données,
etcelle de l'analyse du contenu dans le traitement des données
qualitatives et quantitatives recueillis.
Du point de vue théorique, ce travail a mobilisé
la théorie de la transformation des conflits de John Paul Lederach, et
est ainsi subdivisé en quatre chapitres mis à part sa partie
introductive et sa conclusion.
A l'issu de nos données recueillies sur terrain et de
nos analyses, il est ressorti que les acteurs indirects intervenants dans
l'alimentation de ces conflits sont entre autres :les leaders politiques,
les autorités coutumières, les leaders religieux, les dirigeants
des pays voisins, la diaspora et les militaires haut gradés des FARDC,
avec comme principal acteur les leaders politiques avec un score de 60%
à l'issue de nos enquêtes.
Ces résultats nous ont permis de confirmer notre
première hypothèse.
En ce qui concernerôle joué par la
société civile et la barza intercommunautaire du Sud-Kivu, il
ressort de notre recherche que, à part ceux d'intervenir dans le
processus de transformation des conflits comme tiers (médiateur,
réconciliateur, négociateur, etc.), comme observateur et comme
partie défendant les causes de la population ; ces deux
organisations jouent d'autres rôles comme ceux de :lanceur d'alerte,
de plaidoyer, de lobbying, de représentation, etc., dans le processus de
recherche de la paix et de la transformation des conflits entre les Babembe et
le Banyamulenge à Fizi.
Cela permet de nuancer notre deuxième
hypothèse.
Comme limite des approches des construction de la paix
développées dans le cadre des conflits entre les Babembe et le
Banyamulenge à Fizi, on s'est aperçu à l'issue de nos
investigations de terrain que les facteurs comme l'incohérence des
solutions proposées par ces acteurs aux problèmes réels
existants, le manque de moyen financier et de la volonté pour la
population d'appliquer les accords de paix signés, avec le facteur comme
l'insécurité dans cette zone en constituent des véritables
obstacles.
Cela permet également de nuancer notre dernière
hypothèse.
Ainsi donc, le présent travail a comme limite le fait
de s'appliquer plus sur les originaires de Fizi habitant à Bukavu, ne
tenant pas ainsi compte de la conception des personnes qui vivent les
conflits ; il traite également avec égard la question de
l'implication de certains acteurs : leaders religieux, coutumières
et politiques dans le processus de recherche de la paix ; et n'aborde pas
avec précision le bilan réel des approches de ces deux structures
sur le terrain.
Comme apport, la présente étude s'inscrit dans
une multitude d'autres études de ce genre, à la seule
différence que cette dernière met l'accent sur le rôle du
Bureau de coordination de la société civile et de la Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu comme acteurs directs dans la transformation des
conflits à Fizi. Un autre apport de taille par rapport aux
résultats trouvés par d'autres chercheurs, est celui d'identifier
un nouveau facteur dans la dynamique des conflits entre les Banyamulenge et les
Babembe, qui est celui de l'inacceptation mutuelle.
En fin, nous n'estimons pas avoir épuisé toutes
les questions relatives à la présente problématique, c'est
ainsi que nous encourageons les futurs chercheurs à continuer leurs
études surl'apport des leaders religieux comme acteurs du processus de
paix et de la transformation sociale de cette crise.
BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages
- Duroselle J-B., 1996, La nature des conflits
internationaux, In: Revue française de science politique, 14?
année, n°2, 1964.pp.295-308; dispinible sur :
https://doi.org/10.3406/rfsp.1964.418407
et
https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1964_num_14_2_418407
- GrawitzM., 2001, Méthodes des sciences
sociales, Paris, éd. Dalloz, 11ème
éd.,1019p
- Kuyunsa G. et Shomba S., 1995, Initiation aux
méthodes de recherche en sciences sociales, Kinshasa, éd.
Presse universitaire du Zaïre, 304p
- Lievre P., 1998, Manuel d'initiation à la
recherche en travail social : construire un mémoire
professionnel, Rennes,éd. ENSP,142p
- Kadundu P., 2015, Société civile et
pauvreté à Bukavu, en RD. Congo : L'Afrique en quête
du compromis entre le local et le global, Paris, Presses
Académiques Francophones, 5018p
II. Articles et rapports
- APARECO, 2019, « Memorandum :
« Vérité sur la guerre de Minembwe », Paris,
août, 32 p
- Brabant J. et NzweveK., 2013, «La houe, la vache
et le fusil ; Conflits liés à la transhumance en territoires
de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) : État des lieux et leçons
tirées de l'expérience de LPI », Bukavu, éd.
Série des Grands lacs, 167p
- Bulletin quotidien d'information de l'Organisation des
Nations Unies en RDC, N°265 du 23 Février 2010
- Colloque Régional sur la paix et la résolution
des conflits en Afrique centrale, 2007, « Paix et
Résolution des conflits en Afrique centrale : Que peut faire la
Société Civile ?», Kinshasa, septembre, 85p
- Conseil pour la Paix et la
Réconciliation, 2016, « Les mutuelles tribales
et la construction de la paix à Bukavu», Bukavu, décembre,
63 p
- DiakonieKatastrophenhilfe et Brot fur dlewelt, 2006,
«Transformation des conflits et construction de la paix : Cadre
d'orientation de la Diaconie oecuménique », Berlin, septembre,
21p
- Goodale M., 2006, « Traduire la paix et la
violence : l'anthropologie entre la critique et l'engagement »,
Cambridge, éd. Anthropologie et société, vol. 30,
n°1, pp 169-178 disponible sur
www.erudit.org
- Inter-Cluster Régional et OCHA, 2019, « Plan de
réponses stratégique et opérationnel face à
l'impact humanitaire de la crise conflit intercommunautaire dans les Moyens et
Hauts Plateaux de Fizi et Mwenga », Bukavu, n°6,
décembre, 18p
- International Alert, 2010, « La paix à
petits pas, Inventaire et analyse des pratiques locales de paix à l'Est
de la République Démocratique du Congo : Cas du Nord et du
Sud-Kivu », Bukavu, décembre, 68p
- International Crisis Group, 2013, « Comprendre les
conflits dans l'est du Congo (I) : la plaine de la Ruzizi »,
Brussels, Rapport Afrique de Crisis Group N°206, juillet, 36p
- Interpeace, 2013, « Manipulation des
identités et stéréotypes : enjeux et défis
pour la paix dans la région des Grands-Lacs », Bukavu,
Gecko Media, octobre, 70p
- Kayser C. et Djatang F., 2018,« Les acteurs civils
et la prévention des conflits », Berlin, éd.
Pain pour le monde, 1ière édition, octobre, 168p
- Kone F., 2016, « Mécanismes
traditionnels dans la gestion des conflits en Afrique Subsaharienne», 87p
- Labana L., 2011, « Le rôle des
sociétés civiles dans la résolution des conflits et le
maintien de la paix : cas de la société civile
congolaise », Kinshasa, UNIKIN, 11p
- Latendresse J., « Faire face aux
conflits », éd. Centre 1,2,3 GO, 11p, disponible en ligne sur
www.centre123go.ca
- Life and Peace Institute et al.,2011,
« Au-delà des groupes armés, conflits locaux et
connexions sous-régionales : l'exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu,
RDC) », Bukavu, éd. Série des Grands lacs, pp160
- Muchukiwa B., 2016, « Identités
territoriales et conflits dans la province du Sud-Kivu en
RDC », Genève, éd. Globethics.net, n°34,
62 p
- Muchukiwa B., 2019, «Transformation des
conflits : orientations théoriques, diversité et
efficacité d'approches », Bukavu, ISDR-Bukavu, avril, 28p
Disponible en ligne sur
https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publications/
- MuchukiwaB. et KasagweM., 2019, « Conflits dans
les moyens et hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : modus operandi des
acteurs et crise politique régionale en perspective », Bukavu,
août,24p disponible en ligne sur «
https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publication/»
- Murhula R., 2019, « Une idée du conflit
entre les Banyamulenge et les autres populations des territoires d'Uvira et
Fizi », Bukavu, disponible en ligne sur
www.sociétécivile.cd/node/5014
- Pole Institute, 2017, « Analyse croisées de
conflits à l'Est de la RDC », Goma, mars, 157p
- Search For Common Ground, 2014, « Analyse de
conflit et évaluation des besoins en stabilisation - hauts plateaux de
Mwenga et plaine de la Ruzizi», Bukavu, octobre, 41p
- VerweijenJ., 2020, « Pourquoi la violence dans les
hauts plateaux du Sud-Kivu n'est pas « ethnique » (et
autres idées reçues sur la crise) »,Kivu Security
Tracker, Disponible en ligne sur «
https://blog.kivusecurity.org/fr/pourquoi-la-violence-dans-les-hauts-plateaux-du-sud-kivu-nest-pas-ethnique-et-autres-idees-recues-sur-la-crise/ »
III. Mémoires
- BonabucyaJ-B., 1998, « Ethnicité
et conflit ethnique, approche théorique : En perspective de
l'analyse du conflit Rwandais », Genève, juillet,
mémoire de licence
- Kakule D., « La résolution
extra-judiciaire des conflits fonciers en territoire de Masisi :
procédures et valeurs juridiques », Mémoire de
licence, Université de Kisangani, 2010-2011 Disponible en ligne sur
www.memoiresoneline.com
- MuzingaN., « Les conflits ethniques et
les problèmes d'identité à l'est de la république
démocratique du Congo : cas des Banyamulenge »,
Mémoire de maitrise, éd., Université de Sherbooke,
2001
- Patrice K., « Le rôle des ONG et de
l'Union européenne dans la résolution de
conflits », Mémoire de master, Université de
Genève, Genève, 2007, p 17
IV. Notes de Cours
- ZihalirwaA., cours de Questions spéciales des
techniques de médiation, L1 cm, Ucbukavu, 2018-2019
- KiyalaJ-C., cours de Sociétés pacifiques
et systèmes de paix, L2 CM, Ucbukavu, 2019-2020
V. Webographie
-
https://www.memoireonline.com
-
https://monusco.unmissions.org/la-monusco-facilite-la-cohabitation-pacifique-et-le-dialogue-social-entre-babembe-et-banyamulenge
-
https://lessentielrdc.info/sud-kivu-le-pre-dialogue-inter-communautaire-entre-les-leaders-de-fizi-fixe-au-03-juin-procain/
-
https://www.politico.cd/actualité/2019/06/25/sud-kivu-le-dialogue-intercommunautaire-pour-la-securite-et-la-paix-dans-les-hauts-plateaux-duvira-fizi-et-mwenga-a-ouvert-ses-portes-ce-mardi.html/44070/
ANNEXES
GUIDE D'ENTRETIEN
Cher (e) Monsieur/ Madame
Bonjour, dans le cadre de la réalisation de notre
travail de mémoire portant sur « le rôle de
la société civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu
dans la transformation des conflits intercommunautaires : cas du conflit
entre les Banyamulenge et les Babembe à Fizi »
nous sollicitons votre collaboration et votre participation pour cette
étude qui vise à mieux comprendre l'impact des actions de ces
deux institutions dans les conflits intercommunautaires à Fizi. Nous
vous promettons que vos renseignements ne seront utilisés que pour des
fins académiques et nous garantissons votre anonymat et la
confidentialité de vos réponses. Veuillez donc répondre
objectivement aux questions ci-dessous.
I. Identité de l'Organisation
Organisation :
Adresse : Province :
Ville/Territoire :
Commune :
Nombre des représentants des
communautés Banyamulenge et Babembe dans l'organisation :
(a) communauté Babembe (b) communauté Banyamulenge
II. Identité de l'enquêté
Poste occupé dans l'organisation :
Communauté d'appartenance :
Age : (1) De 18 à 30 ans (2) De 31 à 45 ans (3) De
46 ans et plus
Sexe : (1) Masculin (2) Féminin
Etat civil :(1) Célibataire(2) Marié (3) Veuf
(ve)
Niveau d'étude : (1) Certificat (2) Diplôme (3)
Grade (4) Licence (5) autre : à préciser
III. Questions d'entretien
N°
|
Questions
|
Observation
|
Entretien avec un responsable (membre) du bureau de
coordination de la société civile
|
1
|
Généralités sur les conflits
intercommunautaires à Fizi
|
|
Parlez-nous des conflits entre la communauté Banyamulenge
et Babembe à Fizi et de ses principaux acteurs
|
|
|
Quelles conséquences ont ces conflits sur la cohabitation
sociale
|
|
|
Sous quelle forme ces conflits se manifestent-t-ils ?
|
|
2
|
Bureau de coordination de la société civile
et transformation des conflits
|
|
Parlez-nous de la société civile du Sud-Kivu, de
son bureau de coordination et leurs rôles dans la transformation des
conflits intercommunautaires
|
|
|
Quels sont les stratégies d'intervention du bureau de
coordination de la société civile dans la transformation des
conflits intercommunautaires à Fizi
|
|
|
Quelle approche utilise le bureau de coordination de la
société civile pour transformer les conflits
|
|
|
Quelle importance accordez-vous à l'implication des
leaders locaux, provinciaux et nationaux dans l'élaboration des
solutions et leur mise en oeuvre
|
|
3
|
Limites des approches de résolution et de
transformation des conflits
|
|
Limites de l'approche de la société civile du
Sud-Kivu et de son bureau de coordination dans la transformation des
conflits
|
|
|
Limite des approches développées par d'autres
structures de la société civile (ONG), des approches
communautaires et Etatiques
|
|
4
|
Rôle du bureau de coordination de la
société civile dans la transformation des conflits à
Fizi
|
|
Quel rôle joue-t-il lorsqu'il participe au processus (de
transformation des conflits) comme tierce partie (médiateur,
conciliateur, arbitre)
|
|
|
Quel rôle joue-t-il lorsqu'il participe comme partie au
conflit (plaidoyer, partie défenderesse ou plaignante)
|
|
|
Quel rôle joue-t-il lorsqu'il y participe comme
observateur
|
|
|
Parlez-nous des actions concrètes que le bureau de
coordination entrevoit mettre en place pour éviter que le conflit ne
puisse dégénérer
|
|
5
|
Acteurs indirects de ces conflits
|
|
Parlez nous des acteurs indirects participant à
l'alimentation du conflit entre le Babembe et le Banyamulenge à Fizi
|
|
Entretien avec un responsable (membre) du bureau de la
barza intercommunautaire
|
1
|
Généralités sur les conflits
à Fizi
|
|
Parlez nous des conflits entre la communauté Banyamulenge
et Babembe à Fizi et de ses principaux acteurs
|
|
|
Quels en sont les facteurs principaux (causes, sources)
|
|
|
Quelles conséquences ont ces conflits sur la cohabitation
sociale
|
|
|
Sous quelle forme ces conflits se manifestent-t-ils ?
|
|
2
|
La barza intercommunautaire du Sud-Kivu et la
transformation des conflits
|
|
Parlez-nous de la barza intercommunautaire du Sud-Kivuet son
rôle dans la transformation des conflits intercommunautaires
|
|
|
Quels sont les stratégies d'intervention de la barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi
|
|
|
Quelle approche utilisela barza intercommunautaire du
Sud-Kivupour transformer les conflits
|
|
|
Quelle importance accordez-vous à l'implication des
leaders locaux, provinciaux et nationaux dans l'élaboration des
solutions et leur mise en oeuvre
|
|
3
|
Limites des approches de résolution et de
transformation des conflits
|
|
Limites de l'approche de la Barza Intracommunautaire dans la
transformation des conflits
|
|
|
Limites des approches développées par d'autres
structures de la société civile (ONG), des approches
communautaires et Etatiques
|
|
4
|
Rôle de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu
dans la transformation des conflits à Fizi
|
|
Quel rôle joue-t-elle lorsqu'elle participe au processus
(de transformation des conflits) comme tierce partie (médiateur,
conciliateur, arbitre)
|
|
|
Quel rôle joue-t-elle lorsqu'il participe comme partie au
conflit (plaidoyer, partie défenderesse ou plaignante)
|
|
|
Quel rôle joue-t-elle lorsqu'elle y participe comme
observateur
|
|
|
Parlez-nous des actions concrètes que la barza
intercommunautaire entrevoit mettre en place pour éviter que le conflit
ne puisse dégénérer
|
|
5
|
Acteurs indirects de ces conflits
|
|
Parlez-nous des acteurs indirects participant à
l'alimentation du conflit entre le Babembe et le Banyamulenge à Fizi
|
|
Entretien avec les leaders communautaires et d'opinion
membres de ces communautés
|
|
Que pensez-vous du rôle du bureau de coordination de la
société civile et de la barza intercommunautaire dans la
transformation des conflits intercommunautaires à Fizi
|
|
|
Quels sont vos attentes vis-à-vis de l'implication de ces
deux organisations dans la crise intercommunautaire entre les Banyamulenge et
les Babembe à Fizi
|
|
|
Quelles sont les limites des interventions et approches
précédentes dans la transformation des conflits à Fizi
|
|
|
Quelles sont les opportunités à saisir en vue de
l'aboutissement d'un processus de transformation de cette crise par le bureau
de coordination de la société civile, la barza intercommunautaire
et d'autres acteurs intervenant dans ce secteur
|
|
|
Quelle légitimité accordez-vousà
l'intervention de ces deux acteurs dans la transformation de ce conflit
|
|
|
Qui sont, d'après votre analyse les acteurs indirects
participants à l'alimentation de ces conflits?
|
|
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE
Cher (e) Monsieur/ Madame
Bonjour, dans le cadre de la réalisation de notre
travail de mémoire portant sur « le rôle de
la société civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu
dans la transformation des conflits intercommunautaires : cas du conflit
entre les Banyamulenge et les Babembe à Fizi »
nous sollicitons votre collaboration et votre participation pour cette
étude qui vise à mieux comprendre l'impact des actions de ces
deux institutions dans les conflits intercommunautaires à Fizi. Nous
vous promettons que vos renseignements ne seront utilisés que pour des
fins académiques et nous garantissons votre anonymat et la
confidentialité de vos réponses. Veuillez donc répondre
objectivement aux questions ci-dessous.
IV. Identité de l'enquêté
Communauté d'appartenance : (1) Babembe (2)
Banyamulenge
Age : (1) De 18 à 30 ans (2) De 31 à 45 ans (3) De
46 ans et plus
Sexe : (1) Masculin (2) Féminin
Etat civil :(1) Célibataire(2) Marié (3) Veuf
(ve)
Niveau d'étude : (1) Certificat (2) Diplôme (3)
Grade (4) Licence (5) autre : à préciser
Modalités de remplissage : veillez
donc cocher au stylo la case qui contient la réponse que vous estimez
convenir a la question.
V. QUESTIONS PROPREMENT DITES
1. Quel est selon vous le facteur (cause) principal des
conflits intercommunautaires entre les babembe et les banyamulenge à
Fizi :
L'identité
L'acceptation mutuelle
Le foncier
La transhumance
Autre, à préciser
2. Parmi les classes des acteurs ci-dessous, la quelle
constitue la principale classe des acteurs indirects (tireurs des ficelles)
dans les conflits entre les banyamulenge et babembe à
Fizi :
Les leaders religieux des deux communautés
La diaspora
La classe politique (leaders politiques)
Les leaders coutumiers
Autre, à préciser
3. Sous quelle forme ces conflits se
manifestent-t-ils ?
Violences intercommunautaires
Guerre entre milices
Pillages et incendies des villages
Autre, à préciser
4. Quelle est d'après vous la principale limite
des différentes approches développées
antérieurement par la société civile et les ONG dans la
transformation des conflits à Fizi :
Le manque de cohérence entre les solutions
proposées et les réalités du terrain
Le manque de volonté des parties au conflit d'appliquer
les solutions proposées
Les moyens financiers limités
L'insécurité dans les zones d'intervention
Autre, à préciser
5. Etes- vous satisfait de la représentation de
votre communauté dans le bureau du Barza intercommunautaire du
Sud-Kivu ?
Très satisfait satisfaitImpeut satisfait
pas satisfait
6. Etes- vous satisfait de la représentation de
votre communauté dans le bureau de bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu ?
7. Très satisfait SatisfaitImpeut satisfait
pas satisfait
7. Pensez-vous que ces deux institutions sont
légitimes dans le chef de membres de votre communauté pour
gérer les conflits intercommunautaires impliquant la votre
OUI NON
8. Quel rôle joue le barza intercommunautaire
actuellement dans la transformation des conflits intercommunautaire à
Fizi ?
Partie tiers (médiateur, Conciliateur)
Partie au conflit
Observateur Autre à
préciser
9. Quel rôle joue le bureau de coordination de la
société civile actuellement dans la transformation des conflits
intercommunautaire à Fizi ?
Partie tiers (médiateur, Conciliateur)
Partie au conflit
Observateur Autre
à préciser
CARTES GEOGRAPHIQUES
Carte géographique de la province du Sud-Kivu
et ses territoires
Source :
www.congo-autrement.com
Carte géographique de la province du
Nord-KivuCarte géographique du territoire deFizi
Source : fizi-itombwe.org
Figure 6 : Carte géographique du
territoire de Fizi
* 1 Jean Baptiste Bonabucya,
1998, « Ethnicité et conflit ethnique, approche
théorique : En perspective de l'analyse du conflit Rwandais
», Genève, juillet, mémoire de licence
* 2Search For Common
Ground,« Analyse de conflit et évaluation des besoins en
stabilisation - hauts plateaux de Mwenga et plaine de la Ruzizi »,
2014, p4
* 3Ibid, p6
* 4Ibid, p6
* 5 Judith
Verweijen, « Pourquoi la violence dans les hauts plateaux du
Sud-Kivu n'est pas « ethnique » (et autres idées
reçues sur la crise) »,Kivu Security Tracker, 2020
Disponible en ligne sur «
https://blog.kivusecurity.org/fr/pourquoi-la-violence-dans-les-hauts-plateaux-du-sud-kivu-nest-pas-ethnique-et-autres-idees-recues-sur-la-crise/ »
* 6B. Muchukiwa et M.
Kasagwe, « Conflits dans les moyens et hauts plateaux de Fizi,
Mwenga et Uvira : modus operandi des acteurs et crise politique
régionale en perspective », Bukavu, 2019, p2 disponible
en ligne sur «
https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publication/»
* 7 Inter-cluster
Régional du Sud-Kivu et OCHA, « Plan de réponses
stratégique et opérationnel face à l'impact humanitaire de
la crise conflit intercommunautaire dans les Moyens et Hauts Plateaux de Fizi
et Mwenga », Bukavu, 2019, p2
* 8B. Muchukiwa et M. Kasagwe,
op. cit., p7
* 9 Pole Institute,
« Analyses croisées de conflits à l'est de la
République Démocratique du Congo », Goma, 2017,
p13
* 10B. Muchukiwa et M.
Kasagwe, op. cit., p13
* 11Life and Peace et
al.,« Au-delà des groupes armés, conflits locaux et
connexions sous-régionales : l'exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu,
RDC) », Bukavu, éd. Série des Grands lacs, 2011,
p13
* 12 Pole Institute, op.
cit., p16
* 13Inter-cluster
Régional du Sud-Kivu et OCHA,op. cit., p1
* 14B. Muchukiwa et M. Kasagwe,
op. cit., p3
* 15 International Crisis
Group, « Comprendre les conflits dans l'est du Congo (I) :
la plaine de la Ruzizi », Brussels, Rapport Afrique de Crisis
Group N°206, 23 juillet 2013, p26
* 16 Bulletin quotidien
d'information de l'Organisation des Nations Unies en RDC, N°265 du 23
Février 2010
* 17
https://monusco.unmissions.org/la-monusco-facilite-la-cohabitation-pacifique-et-le-dialogue-social-entre-babembe-et-banyamulenge
* 18
https://lessentielrdc.info/sud-kivu-le-pre-dialogue-inter-communautaire-entre-les-leaders-de-fizi-fixe-au-03-juin-procain/
* 19
https://www.politico.cd/actualité/2019/06/25/sud-kivu-le-dialogue-intercommunautaire-pour-la-securite-et-la-paix-dans-les-hauts-plateaux-duvira-fizi-et-mwenga-a-ouvert-ses-portes-ce-mardi.html/44070/
* 20 Rémy Murhula,
« une idée du conflit entre les Banyamulenge et les autres
populations des territoires d'Uvira et Fizi », 2019 disponible
en ligne sur
www.sociétécivile.cd/node/5014
* 21B. Muchukiwa et M. Kasagwe,
op. cit., p4
* 22 International Crisis
Group, op. cit., p21
* 23 Pole Institute, op. cit.,
p3
* 24 International Alert
« La paix à petits pas, Inventaire et analyse des
pratiques locales de paix à l'Est de la République
Démocratique du Congo : Cas du Nord et du
Sud-Kivu », 2010, pp68
* 25 Life and Peace Institute
et al.,« Au-delà des groupes armés, conflits locaux
et connexions sous-régionales : l'exemple de Fizi et Uvira
(Sud-Kivu, RDC) », Bukavu, éd. Série des Grands
lacs, 2011, pp160
* 26 International Crisis
Group, « Comprendre les conflits dans l'est du Congo (I) :
la plaine de la Ruzizi, Brussels », Rapport Afrique de Crisis
Group N°206, 23 juillet 2013, pp37
* 27Search For Common Ground,
« Analyse de conflit et évaluation des besoins en
stabilisation - hauts plateaux de Mwenga et plaine de la Ruziz »i,
2014, pp41
* 28 APARECO,
« Memorandum : Vérité sur la guerre de
Minembwe », Paris, 2019, pp32
* 29 Inter-Cluster
Régional et OCHA,«Plan de réponses stratégique et
opérationnel face à l'impact humanitaire de la crise conflit
intercommunautaire dans les Moyens et Hauts Plateaux de Fizi et
Mwenga » Bukavu, 2019, pp18
* 30Interpeace, 2013,
« Manipulation des identités et
stéréotypes : enjeux et défis pour la paix dans la
région des Grands-Lacs », Gecko Media, octobre,
70p
* 31 Bosco Muchukiwa et
Marcellin Kasagwe « Conflits dans les moyens et hauts plateaux de
Fizi, Mwenga et Uvira : modus operandi des acteurs et crise politique
régionale en perspective» Bukavu, 2019, pp24
* 32 Justine Brabant et Jean
Louis K. Nzweve «La houe, la vache et le fusil ; Conflits
liés à la transhumance en territoires de Fizi et Uvira (Sud-Kivu,
RDC) : État des lieux et leçons tirées de
l'expérience de LPI » ,Bukavu, éd. Série
des Grands lacs, 2013, pp167
* 33 Bosco
Muchukiwa« Identités territoriales et conflits dans la
province du Sud-Kivu en RDC »,Genève, éd.
Globethics.net, 2016, pp 62
* 34 Pole Institute
«Analyse croisées de conflits à l'Est de la
RDC », Goma, 2017, pp157
* 35Nicaise Muzinga
Lola, « Les conflits ethniques et les problèmes
d'identité à l'est de la république démocratique du
congo : cas des Banyamulenge », Mémoire de maitrise,
éd., Université de Sherbooke, 2001
* 36 Colloque Régional
sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale,
« Paix et Résolution des conflits en Afrique
centrale : Que peut faire la Société
Civile ?»,Kinshasa, 2007
* 37BerchmansLabana
LASAY'ABAR « Le rôle des sociétés
civiles dans la résolution des conflits et le maintien de la paix :
cas de la société civile congolaise », Kinshasa,
UNIKIN, 2011, 11p
* 38C. KAYSER et Flaubert
DJATANG, « Les acteurs civils et la prévention des
conflits », Berlin, éd. Pain pour le monde,
1ière édition, 2018
* 39 International Alert
«La paix à petits pas ; Inventaire et Analyse des
pratiques locales de paix à l'Est de la République
Démocratique du Congo : cas du Nord et du
Sud-Kivu »
* 40KakulePilipili Didier,
« La résolution extra-judiciaire des conflits fonciers en
territoire de Masisi : procédures et valeurs
juridiques », Mémoire de licence, Université de
Kisangani, 2010-2011 Disponible en ligne sur
www.memoiresoneline.com
* 41Fahiraman Rodrigue KONE
« Mécanismes traditionnels dans la gestion des conflits
en Afrique Subsaharienne», 2016
* 42Jean-Luc Marret cité
par Patrice Kreidi dans : « Le rôle des ONG et de
l'Union européenne dans la résolution de
conflits » p9
* 43DiakonieKatastrophenhilfe
et Brot fur dlewelt, « Transformation des conflits et
construction de la paix : Cadre d'orientation de la Diaconie
oecuménique », p7
* 44Duroselle Jean-Baptiste,
« La nature des conflits internationaux » . In:
Revue française de science politique, 14? année, n°2,
1964.pp.295-308;doi :
https://doi.org/10.3406/rfsp.1964.418407,
https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1964_num_14_2_418407
* 45Bosco Muchukiwa,
«Transforamation des conflits : orientations théoriques,
diversité et efficacité d'approches »,
ISDR-Bukavu, 2019 Disponible en ligne sur
https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publications/
* 46DiakonieKatastrophenhilfe
et Brot fur dlewelt «Transformation des conflits et construction de la
paix : Cadre d'orientation de la Diaconie
oecuménique » p21
* 47Mark Goodale
« Traduire la paix et la violence : l'anthropologie entre la
critique et l'engagement »
* 48 Aline Zihalirwa, cours de
Questions spéciales des techniques de médiation, L1 cm,
Ucbukavu, 2018-2019
* 49Josée
LATENDRESSE « Faire face aux conflits »,
éd. Centre 1,2,3 GO disponible en ligne sur
www.centre123go.ca
* 50Reiner FORSTER et Mark
MATTNER cités par Patrice Kreidi dans : « Le
rôle des ONG et de l'Union européenne dans la résolution de
conflits », Mémoire de master, Université de
Genève, Genève, 2007, p8
* 51Renaud SAINSAULIEU, Claude
Abé, Thomas Hobbes et John Locke, cités par Paul Kadundu dans,
Société civile et pauvreté à Bukavu, en RD.
Congo : L'Afrique en quête du compromis entre le local et le
global, Presses Académiques Francophones, Paris, 2015, p 105
* 52 Paul Kadundu,
Société civile et pauvreté à Bukavu, en RD.
Congo : L'Afrique en quête du compromis entre le local et le
global, Presses Académiques Francophones, Paris, 2015, p 107
* 53Jean ChrisostomeKiyala,
cours de Sociétés pacifiques et systèmes de paix,
L2 CM, Ucbukavu, 2019-2020
* 54 Patrice
Kreidi, « Le rôle des ONG et de l'Union
européenne dans la résolution de conflits »,
Mémoire de master, Université de Genève, Genève,
2007, p 17
* 55 Bosco Muchukiwa,
«Transforamation des conflits : orientations théoriques,
diversité et efficacité d'approches »,
ISDR-Bukavu, 2019 Disponible en ligne sur
https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publications/
* 56 Ibid., p17
* 57 Ibid., p24
* 58 Ibid. p23
* 59 Jean-ChrisostomeKiyala,
Cours de Sociétés Pacifiques et Systèmes de Paix,
(lectures supplémentaires), L2 Conflits et Médiation, UCBukavu,
2019-2020
* 60 Madeleine Grawitz,
méthode des sciences sociales, 11em Edition Dalloz,
paris, 2001, p35
* 61G. KUYUNSA et S. SHOMBA,
Initiation aux méthodes de recherche en sciences sociales, Ed.
Presse universitaire du Zaïre, Kinshasa 1995, p34
* 62Goode WILLIAM, cité
par G. KUYUNSA et S. SHOMBA, inInitiation aux méthodes de recherche
en sciences sociales, Kinshasa, Presses Universitaire du Zaire, 1995,
p58
* 63 R. Pinto et M. Grawitz,
cités par P. Lievre, dans : Manuel d'initiation à la
recherche en travail social : construire un mémoire professionnel,
éd. ENSP, p68
* 64Berelson cité par M.
Grawitz, in Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz
11ème éd., p606
* 65
www.congo-autrement.com et
www.caid.cd
* 66Bosco Muchukiwa et
Marcellin Kasagwe: « Conflits dans les moyens et les hauts
plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : facteurs d'escalade, modus operandi des
acteurs et crise politique régionale en perspective »,
2019, p3
* 67Ibid, p11
* 68 Ibid., p7
* 69 Entretien organisé
avec un membre représentant la mutualité Banyamulenge dans le
Barza intercommunautaire du Sud-Kivu à Bukavu, le 13/11/2020
* 70 Propos du
représentant de la mutualité de Babembe dans le Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu, recueillis lors d'un entretien organisé
à Bukavu, le 13/11/2020
* 71 Propos recueillis lors
d'un entretien organisé avec un membre du mutuel des Babembe à
Bukavu, le 13/11/2020
* 72 Ibidem
* 73 Entretien organisé
avec un membre de la communauté Banyamulenge à Bukavu
* 74 Judith Verweijen :
« Pourquoi la violence dans les hauts plateaux du Sud-Kivu n'est
pas « ethnique » (et autres idées reçues sur
la crise) » Kivu Security Tracker, 2020 Disponible en ligne
sur
https://blog.kivusecurity.org/fr/pourquoi-la-violence-dans-les-hauts-plateaux-du-sud-kivu-nest-pas-ethnique-et-autres-idees-recues-sur-la-crise/
* 75 Conseil pour la Paix et la
Réconciliation, « Les mutuelles tribales et la
construction de la paix à Bukavu», 2016, p36
* 76 Propos du
représentant de la mutualité banyamulenge dans le barza
intercommunautaire du Sud-Kivu, recueillis dans un entretien organisé
à Bukavu le 13/11/202 à 12h°°
* 77 Entretien avec le
président du Barza intercommunautaire du Sud-Kivu, organisé
à Bukavu le 18/11/2020 de 11h 12' à 12h 5'
* 78 Entretien avec le
représentant de la mutualité de Babembe dans le Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu
* 79
COPARE « Les mutuelles tribales et la construction de la
paix à Bukavu », 2006, p40
* 80 Entretiens
organisés avec trois membres du barza intercommunautaire du Sud-Kivu
à Bukavu
* 81 Interview organisée
avec la présidente du bureau de coordination de la société
civile du Sud-Kivu à Bukavu en 2020
* 82
https://www.peaceinsight.org/fr/conflicts/dr.congo/peacebuilding-organisations/adepae/
* 83KyalangalilwaNgabile,
Groupes armés, mécanismes étatiques et
non-étatiques dans la constructions de la paix au Sud-Kivu, 2018,
TFC Inédit, UCBukavu, p36
* 84
www.peaceworkafrica.net/reseau-dinnovatio-organisationnellerio/
* 85 Entretien avec la
présidente du bureau de coordination de la société civile
du Sud-Kivu, réalisé à Bukavu le 18/11/2020 à 15h
20'
* 86
https://lessentielrdc.info/sud-kivu-le-pre-dialogue-inter-communautaire-entre-les-leaders-de-fizi-fixe-au-03-juin-prochain/
* 87 Entretien avec un membre
de la communauté Bembe organisé à Bukavu
* 88 Entretien avec un membre
de la communauté Banyamulenge
* 89 Idem.
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