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Le rôle de la société civile et de la barza intercommunautaire du sud-kivu dans la transformation des conflicts intercommunautaires : cas des conflicts entre les babembe et les banyamulenge à fizi


par Bonheur Kyalangalilwa
Université Catholique de Bukavu  - Licence/ bac +5 2020
  

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CHAPITRE III. PRESENTATION DES RESULTATS

Le contenu de ce chapitre, est le résultat d'un long processus de collecte et d'analyse des données qualitatives et quantitatives, parmi lesquelles nous trouvons les données issues des sources documentaires, de l'internet, des enquêtes de terrain et des entretiens.

Tableau n°1 : Présentationdes enquêtés suivant leurs identités

Paramètres

Effectifs

Pourcentages

Communauté d'appartenance

Babembe

40

50

Banyamulenge

40

50

Age des enquêtés

De 18 à 3O ans

59

73.75

De 31 à 45 ans

18

22.5

De 46 à plus

3

3.75

Sexe des enquêtés

Masculin

64

80

Féminin

16

20

Etat civil des enquêtés

Célibataire

59

73.75

Marié

19

23.75

Veuf (ve)

2

2.5

Niveau d'étude des enquêtés

Certificat

3

3.75

Diplôme d'Etat

34

42.5

Grade

29

36.25

Licence

13

16.25

Autre

1

1.25

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire : il ressort de ce tableau en ce qui concerne la participation des deux communautés d'étude que, sur un total de 80 enquêteurs, 40 soit 50 % desenquêtés sont de la communauté Bembe et les 40 autres, soit 50% sont issus de la communauté Banyamulenge, ce qui montre un équilibre dans les informations recueillies ;En ce qui concerne la tranche d'âge,il ressort de ce tableau que, notre enquête a connu la participation en majorité de la population dont l'âge varie entre 18 et 30, soit 73.75%, ce qui est dit au fait que la majorité de nos enquêtésété des étudiants ; Concernant le sexe, 64 enquêtés du sexe masculin soit 80% ont eu à participer auxenquêtes contre 16 de sexe féminin, soit 20% ; A noter aussi que 59 de nos enquêtés étaient des célibataires soit 73.75% le score le plus élevé de la variable état civil ; En fin, il ressort de ce tableau que 42.5% soit 34 de nos enquêtés ont un niveau d'étude de diplômé d'Etat, soit la majorité de nos enquêtés.

Section I. GENERALITES SUR LES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES A FIZI

I.1. Bref aperçu sur le conflit entre les Babembe et le Banyamulenge à Fizi

Les conflits intercommunautaires opposent dans les territoires de Fizi, Uvira et Mwenga, respectivement dans leurs hauts et moyens plateaux, depuis des années les communautés dites autochtones (Babembe, Bavira, Bafuliru, Balega, Banyindu, etc.), contre les communautés dites allochtones (Banyamulenge et Barundi).

D'après Bosco Muchukiwa et M. Kasagwe66(*),certains auteurs les situent à l'époque coloniale, d'autres par contre s'y opposent et s'accordent plutôt sur le fait que ces conflits intercommunautaires sont apparus suite à la fragilité des Etatsen Afrique après la colonisation. Mais il convient de noter que ces deux versions historiques sur l'origine des conflits intercommunautaires dans les hauts et moyens plateaux de Fizi, ne suffisent pas à elles seules pour expliquer cette réalité aussi complexe et dynamiquedu phénomène conflictuel dans cette zone.

Faisant une rétroprojection dans l'histoire, B. Muchukiwa trouve que les conflits foncier et de territoire qui opposent ces deux communautés depuis 1979 sont alimentés par des éléments comme : les tributs sur les pâturages, le désir du pouvoir traditionnel et moderne pour la gestion des entités administratives et le contrôle des recettes issues des marchés locaux.67(*)

Les banyamulenge dénoncent la discrimination dans la délimitation des territoires administratifs par les colonisateurs belges et réclament la création des nouvelles entités administratives rectifiant les irrégularités discriminatoires et sans fondement entretenues par les colonisateurs belges. Ce à quoi les autochtones parmi lesquels les Babembe s'opposent catégoriquement, soutenant que le processus de délimitation territoriale et administrative a été totalement achevé par les colons belges et ne nécessite aucune révision68(*). Cela constitue un véritable point d'opposition, si pas le principal entre les deux communautés en conflit à Fizi.

En ce qui concerne ces conflits intercommunautaires à Fizi, le représentant de la communauté Banyamulenge dans le Barza note que, «Les Babembe et les Banyamulenge, sont deux communauté voisines ; qui ont cohabités dans l'harmonie et dans la cohésion depuis des longues années,...mais avec le temps, il y aeu des conflits qui sont nés, et qui étaient au départ sociaux, qui vont dégénérés et créer des conflits qui vont devenir aujourd'hui politiques, engendrant des affrontements entre les deux communauté et dont l'objet principal reste l'inacceptation mutuelle entre les membres des communautés en question,... »69(*)

De ces propos, on retient que le principal facteur des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge c'est tout d'abord l'inacceptation mutuelle intercommunautaire utilisée par les politiques pour alimenter les conflits en vue de leur positionnement. Ce qui est totalement différent, mais complémentaire de l'avis du représentant de la mutualité de Babembe qui estime que, « les conflits qui opposent les Babembe, qui sont majoritairement agriculteurs et les Banyamulenge, qui sont majoritairement éleveurs, surgissent pendant la transhumance,... au cours de ce déplacement, leurs vaches entrent dans les champs de Babembe et ravagent les produits. D'où les Babembe en réaction tuent les vaches, et après ces actes, les Banyamulenge réagissent et ça provoque les morts d'hommes de deux cotés »70(*) 

De ces propos, on retient que, pour les Babembe, au-delà d'autres facteurs, la transhumance reste l'un des principaux facteurs du conflit les opposant aux Ba nyamulenge, contrairement aux Banyamulenge qui estiment que ça serait l'inacceptation mutuelle.

I.2. Facteurs (causes) et conséquences

2.1. Facteurs des conflits intercommunautaires à Fizi

a. La transhumance

La transhumance c'est le déplacement du bétail d'un lieu vers un autre à la recherche du pâturage. Ce mouvement constitue cependant un problème dans le territoire de Fizi où, deux communautés qui sont dans le même territoire et dans le même pays, mais qui se trouvent différemment adaptées du point de vue mode de vie. La survie de Babembe dépendant de leurs activités agricoles entreprises, contrairement aux Banyamulenge dont la survie dépend de l'élevage qu'ils développent.

Le noeud du problème réside au niveau du déplacement du bétail par les Banyamulenge à la recherche du pâturage. Les Bembe étant sédentairement des agriculteurs, alors queles Banyamulenge sont naturellement des éleveurs, souvent envahisseursd'espaces et nomades. Ce déplacement du bétail des banyamulenge conduit leurs vaches à ravager et détruire les champs des agriculteurs Bembe, ce qui conduit ces derniers à développer des mécanismes de réponse conduisant l'extermination du bétail des Banyamulenge, et c'est là le début d'un cycle de violence entre ces communautés.

b. La revendication territoriale

Ce facteur est parmi les principaux facteurs évoqués dans l'alimentation des conflits intercommunautaires à Fizi, a en croire une source de la mutualité Babembe interviewé lors nos recherches qui a requis l'anonymat, estimant que « les banyamulenge cherchent un espace car ils ont cette tendance de dire qu'ils voulaient avoir une partie du sol leur appartenant, en oubliant que les propriétaires foncier du territoire de Fizi ce sont les Babembe dans la majorité des groupements »71(*)

L'érection de Minembwe en commune rurale (en 2016), la récente installation des animateurs de cette commune (en 2020) et les réactions qui s'en est suivi d'abord au conseil des ministres, conduisant à la suspension par le président de la république du procès-verbal de l'installation des animateurs de cette nouvelle commune rurale ; en suite à l'assemblée nationale, avec l'interpellation du Ministre de la décentralisation et des affaires coutumières fils de la commune à problème et membre de la communauté Banyamulenge, et en fin à l'assemblée provinciale du Sud-Kivu, avec l'interpellation du ministre provincial de l'intérieur, montre toute la pertinence de cette question dans la dynamique de ce conflit.

c. L'identité

Autant que la transhumance, la revendication territoriale ou le foncier, l'identité constitue également un facteur très capital dans la dynamique des conflits intercommunautaires entre les banyamulenge et le Babembe à Fizi. Au tour de leurs identités les milices se créent, les violences et les massacres se font de part et d'autres.

Ici, les Babembe ont du mal à accepter les banyamulenge comme étant des congolais parlant la langue rwandaise, plusieurs d'entre les Babembe conçoivent les Banyamulenge comme étant des réfugiés Rwandais vivant au Congo. Dans un entretien organisé à ce sujet, un membre de la mutualité de Babembe souligne que : « chez nous à Fizi, il n'y a pas des Banyamulenge,...le kinyamulenge (Banyamulenge) n'existe pas à Fizi, il n'y a que le Kinyarwanda (Banyarwanda),...il y a plutôt des réfugiés rwandais qui sont utilisés par le pouvoir du Rwanda pour nous déstabiliser »72(*), ces propos prouvent à suffisance la considération qu'a le problème de l'identité dans la dynamique de ces conflits, ce qui pousse les Banyamulenge à dire que l'un des principaux facteurs de ce conflits, c'est l'inacceptation mutuelle, comme nous le verrons ici-bas. 

d. L'inacceptation mutuelle

Tout comme le foncier, la transhumance, l'identité, l'inacceptation mutuelle constitue également un facteur capital dans la dynamique des conflits entre les Banyamulenge et lesBabembe à Fizi, ce qui constitue une menace terrible à la cohabitation entre ces communautés qui sont désormais appelées à vivre ensemble pour toujours.

Dans un entretien organisé avec un membre de la communauté banyamulenge, l'interviewé postule à ce sujet que : « le principal facteur c'est d'abord l'inacceptation mutuelle, c'est-à-dire, ils ne s'acceptent pas et vous pouvez même en guise d'exemple, voir sur les réseaux sociaux comment les Babembe déclarent, ils n'acceptent pas aussi la cohabitation et c'est de cette façon que ça crée la violence.»73(*)

e. La manipulation politicienne

En quête du positionnement politique au niveau provincial, national et international, les leaders politiques de tout bord utilisent abusivement leurs moyens, leurs pouvoir et leur position pour manipuler certains jeunes et les leaders communautaires et coutumiers de ces communautés dans le but de tirer profit dans ces conflits et de déstabiliser la zone pour des raisons qu'eux-mêmes connaissent.

Toutes les personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenus, soutiennent que les politiciens jouent un rôle très important dans le financement des milices tribales au travers desquelles ils tirent des avantages fiscaux et politiques d'une façon directe ou indirecte.

Tableau n°2 : Conception des enquêtés sur les facteurs des conflits intercommunautaires à Fizi.

Paramètres

Effectif

Pourcentage

Identité

20

25

Inacceptation mutuelle

22

27.5

Foncier

17

21.25

Transhumance

21

26.25

Autre

0

0

Total

80

100

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire : il ressort de ce tableau que le facteur principal qui alimente les conflits intercommunautaires entre les Banyamulenge et les Babembe à Fizi, c'est l'inacceptation mutuelle entre les membres de ces deux communautés soeurs avec un score de 27.5% ; mais il faut noter aussi le rôle important joué par ces autres facteurs comme la transhumance 26.25%, l'identité 25% et le foncier 21.25%.

2.2. Conséquences et manifestation des conflits intercommunautaires à Fizi

Les conflits intercommunautaires à Fizi se manifestent souvent dans les conséquences humaines, matérielles, environnementales, sociales et économiques que ces conflits posent.

Sur le plan social, l'on constate une rupture totale de la cohésion sociale entre les deux communautés se manifestant par la haine, les violences entre les membres des deux communautés, les guerres entre les milices elles-mêmes, et entre les milices et l'armée régulière, les stéréotypes développés de part et d'autres, l'absence des mariages interethniques, etc. ;

Sur le plan environnemental, l'on constate la destruction et les incendies provoquées des villages entiers, la destruction des forets et l'exploitation irrationnelle de leurs ressources, etc. ;

Sur le plan économique, l'on retient les pillages des villages, la perception des taxes illégales, la destruction des champs, de bétail quasiment rasié, etc. ;

Sur le plan humanitaire, on note les déplacements des populations causant des sérieux problèmes de santé suite au manque des structures sanitaires dans le milieu d'arrivé, les tueries et les massacres de la population civile, la violation des droits de l'homme, etc.

Dans son rapport du 10 août 2020, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme en RDC, revenant sur les conséquences de ces conflits, «  documente la destruction d'au moins 95 villages, 128 décès dû à des exécutions sommaires et extrajudiciaires, 47 victimes de violences sexuelles, et le pillage et l'abatage des milliers de têtes de bétail. Cette violence a conduit à une situation humanitaire désastreuse, avec plus de 110000 personnes déplacées.»74(*)

Tableau n°3: Conception des enquêtés sur les conséquences/manifestations des conflits intercommunautaires à Fizi.

Paramètres

Effectif

Pourcentage

Violences intercommunautaire

46

57.5

Guerres entre milices

25

31.25

Pillages et incendies

9

11.25

Autre

0

0

Total

80

100

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire :Il ressort de ce tableau que la majorité de nos enquêtés soit 57% notent que ces conflits se manifestent principalement sous forme de violences réciproques entre les deux communautés, 31.25% pensent par contre qu'ils se manifestent sous forme des guerres entre les milices, et les 11.25% restants pensent quant à eux qu'ils se manifestent sous forme de pillages et incendies.

I.3. Acteurs indirects dans les conflits intercommunautaires à Fizi

Plusieurs types d'acteurs apparaissent indirectement dans l'alimentation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi. Parmi ces acteurs invisibles dans ces conflits, on peut identifier sur base des résultats d'entretiens organisés avec les acteurs de ces communautés, les membres du Barza intercommunautaire et du Bureau de coordination de la Société Civile : les leaders politiques nationaux et provinciaux de ces communautés, les autorités coutumières, les dirigeants des pays voisins, la diaspora,... qui dans l'ombre participent indirectement et d'une manière invisible au financement des groupes armés de leurs communautés respectives, à la mobilisation au tour de l'identité et de l'autodéfense pour convaincre les jeunes à rejoindre leurs groupes armés en leurs fournissant des moyens matériels important ; il y a aussi dans cette catégorie les militaires hauts-gradés de l'armée nationale congolaise membres de ces communautés, qui apportent un soutien stratégique important aux groupes armés de leur obédience identitaire ; etc.

Tableau n°4 : Conception des enquêtéssur les acteurs invisibles ou indirects dans la dynamique des conflits intercommunautaires à Fizi.

Paramètres

Effectif

Pourcentage

Leaders religieux

2

2.5

Diaspora

3

3.75

Leaders politiques

48

60

Leaders coutumiers

27

33.75

Autre

0

0

Total

80

100

Source : Notre enquête à Bukavu, 2020

Commentaire :Il ressort de ce tableau que 60% des enquêtés pensent que les leaders politiques sont les acteurs indirects principaux participant à l'alimentation des conflits entre les Babembe et les Banyamulenge d'une manière non directive.

* 66Bosco Muchukiwa et Marcellin Kasagwe: « Conflits dans les moyens et les hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : facteurs d'escalade, modus operandi des acteurs et crise politique régionale en perspective », 2019, p3

* 67Ibid, p11

* 68 Ibid., p7

* 69 Entretien organisé avec un membre représentant la mutualité Banyamulenge dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu à Bukavu, le 13/11/2020

* 70 Propos du représentant de la mutualité de Babembe dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu, recueillis lors d'un entretien organisé à Bukavu, le 13/11/2020

* 71 Propos recueillis lors d'un entretien organisé avec un membre du mutuel des Babembe à Bukavu, le 13/11/2020

* 72 Ibidem

* 73 Entretien organisé avec un membre de la communauté Banyamulenge à Bukavu

* 74 Judith Verweijen : « Pourquoi la violence dans les hauts plateaux du Sud-Kivu n'est pas « ethnique » (et autres idées reçues sur la crise) » Kivu Security Tracker, 2020 Disponible en ligne sur  https://blog.kivusecurity.org/fr/pourquoi-la-violence-dans-les-hauts-plateaux-du-sud-kivu-nest-pas-ethnique-et-autres-idees-recues-sur-la-crise/ 

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard