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De la diversité culturelle, linguistique et migratoire à  l'établissement du locuteur en langue franà§aise. Cas d'adultes migrants à  Bruxelles.


par Stéphanie NASS
Université de Bourgogne - Master 2 Recherche didactique du franà§ais 2014
  

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CONCLUSION CIRCONSTANCIÉE ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE

Nous avons tenté, au travers de ce mémoire de Master 2 Recherche, de caractériser les rapports mentaux que cinq locuteurs adultes migrants de Saint-Josse entretiennent avec la langue française. Pour cela, notre travail s'est souscrit à une dualité logique reposant sur les paradigmes de la linguistique-didactique et de la socio-ethnographie. Nous avons proposé, en premier lieu, une vision générale des énonciateurs non confirmés du terrain bruxellois au travers notamment de l'Histoire contemporaine et de ses mouvements migratoires. Puis, nous avons ciblé la Région de Bruxelles-Capitale en matière de mobilité, pour démontrer en quoi elle constituait le point d'ancrage de notre étude. En second lieu, nous avons attiré l'attention sur les concepts philosophiques et psychologiques sur lesquels repose notre étude de cas. Au travers de la nature de la linguistique-didactique, nous avons réalisé que la seule observation « externe » du corpus ne pouvait répondre à notre problématique : c'est pourquoi, les comportements psycho-discursifs nous ont largement orienté (Partie 1). Par ailleurs, nous avons mis en perspective la conception d'un objet de recherche dont les objectifs et les hypothèses sont hérités d'une étude antérieure subordonnée au rapport de stage de Master 1 DiL-FLE. Puis, nous nous sommes penchée sur la « contextualisation » institutionnelle avec les profils particuliers des locuteurs migrants qui composent notre terrain d'enquête au coeur de l'ASBL Avenir. Enfin, nous avons explicité le recueil de données hétéroclites formées et justifié leur conversion en corpus (Partie 2).

La première partie consacrée au cadre de nos investigations ainsi qu'aux enjeux socioculturels et psycholinguistiques de l'idiome français, a favorisé la compréhension de l'établissement du locuteur en langue in posse grâce en l'occurrence, à la connaissance de la structuration de l'immigration au sein de la zone sociolinguistique bruxelloise. Les sujets parlant migrants sont apparus comme tout individu : de petites histoires personnifiées attachées à la grande Histoire (Ch.1). Si l'idiome est un « espace d'appropriation symbolique » (Hagège, 1985 : 386), son intériorisation rend compte également des bouleversements identitaires. La pluralité

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originelle, taxinomique et sociétale des idiomes met en évidence la richesse des rencontres d'ordre langagier et comportemental qui se profilent dans la langue in fieri. Voilà pourquoi, il nous a semblé opportun d'insister sur la notion de représentation linguistique et sociale. Il nous semble que le processus psychique in posse ne relève pas aisément de l'interprétation de deux univers sinon de la perspective d'une création de soi (Ch.2). En conséquence, l'analyse des comportements psycho-discursifs du locuteur adulte a favorisé l'accès aux manières d'exister en français. Finalement, la première partie de notre mémoire s'est dédiée, de prime abord, à esquisser un cadre ethnologique précieux pour l'intelligibilité de l'établissement en langue in fieri des sujets parlant de Saint-Josse. Ensuite, elle a éprouvé de mettre en lumière, les tiraillements cognitifs qui résident entre les langues qui constituent le répertoire langagier et la structure de l'idiome à acquérir.

Quant à la seconde partie de l'étude, elle s'est focalisée sur la problématique de recherche et la méthodologie employée pour réaliser nos investigations. Nous y admettons que la genèse de notre projet de recherche est due à un travail universitaire précédent, qui nous a amenée à définir la matière de nos investigations. Soit, comprendre, dans une perspective sociolinguistique, la construction de soi en tant que locuteur de langue française. Cependant, c'est avec notre sujet actuel que nous affirmons être entrée dans une détermination, catégorisation et explicitation des phénomènes d'alternance linguistique. De fait, nous nous sommes proposée de répondre aux questions suivantes :

- Quels signes linguistico-cognitifs marquent les périodes temporelles de la construction identitaire du locuteur non confirmé en langue française ?

- Quel est le modus operandi qui crée l'installation du sujet parlant en idiome in posse ? - Quelles techniques didactiques privilégier dans le domaine des sciences du langage ?

Pour ce faire, nous avons justifié l'importance particulière accordée aux signes et aux comportements linguistiques dans l'examen du corpus. Nous avons déclaré que les opérations mentales telles que le « monitor », l'erreur et le « vouloir-dire » ainsi que les composantes de l'identité (l'ontologie, la dynamique et l'anomie) ont servi à l'analyse des entretiens (Ch. 1).

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En outre, nous avons contextualisé notre travail d'étude à l'aide de trois paramètres essentiels : social, situationnel, temporel (Blanchet, 2011 : 18) et relationnel. La définition du paradigme ethnographique de Blanchet (2011 : 18) est venue confirmer notre ligne de conduite heuristique :

- une orientation constitutive du réel car nos travaux s'appuient sur des questionnaires et enregistrements ordonnés ;

- une orientation empirique réflexive qui rend compte, sous la forme d'un « corpus restitutif » (Blanchet, 2011 : 10-12) des phénomènes langagiers par les informateurs : journal de terrain, sources écrites et échanges non dirigés.

Par ailleurs, l'organisation du travail de recherche de Master en sciences du langage impliquant certaines déterminations d'ordre personnel, situationnel et éthique, il nous a semblé judicieux d'incorporer au corps de l'actuelle étude la démarche de rencontre. Cette dernière a concerné les premiers contacts établis avec Madame D., directrice de l'association (Ch. 2). In fine, nous avons justifié la collecte des données par le concept de l'association, qui comme symbole de l'exil, requiert une expérimentation nouvelle de notre part. Aussi, avec l'objectif d'encourager la polyphonie des discours, nous avons opté pour une diversité de procédés dans la collecte des données :

- le questionnaire exploratoire, qui se veut instaurer des relations de confiance avec les acteurs du terrain ;

- l'échange « naturel », qui telle une narration libre, autorise des entrées affranchies de contrainte dans l'espace discursif des informateurs (Traverso, 1996 : 131-132) ;

- les sources écrites, qui représentent une passerelle transitoire vers les entretiens. En cela, ils recueillent la façon originale dont les énonciateurs se figurent le moment in posse ;

les entretiens qui permettent d'acquérir une certaine représentativité du sujet traité, ont été de deux sortes : collectifs et individuels. Les premiers ont facilité le développement spontané des interactions verbales au travers d'un thème psychosocial, pour observer et relever les énoncés in fieri dans un autre cadre que celui du récit de vie. Les seconds relèvent eux, de la

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cartographie des transpositions intellectives possibles effectuées par l'énonciateur adulte en idiome in fieri (Ch.3). En définitive, cette deuxième partie de mémoire a fait preuve de clarté méthodologique face au terrain sociolinguistique ciblé tout en explicitant et justifiant l'élaboration du corpus (Ch. 4).

Alors même que les deux approches sont, dans le corps de notre travail, distinctes, il n'en demeure pas moins qu'elles s'avèrent étroitement liées. De fait, le parcours de recherche réalisé a démontré le relevant d'une méthodologie dirigée par la sociologie et la linguistique. Ceci apparaît comme une démarche encourageante pour nos futures recherches éventuelles autant en Belgique qu'ailleurs. Le premier chapitre de notre ultime partie a laissé place à la dimension « concrète » de notre travail. Nous nous sommes immergée dans la réalité physique, et bien entendu linguistique, de notre cas d'étude. Notre dessein a consisté à parcourir les données matérielles provenant de nos outils méthodologiques afin de rendre compte de l'orientation cognitive des énonciateurs. Ce cheminement s'est efforcé de démontrer la « trajectoire » temporelle et linguistique mis en jeu. Là, nous avons reconnu le caractère inexploitable des sources écrites prélevées. Nous avons alors expliqué les avoir écarté sous leur forme matérielle pour les retranscrire par le biais des entretiens collectifs. De fait, ces derniers à thématique interculturelle concernaient les activités autour de ces écrits. Outil de «guide et d'orientation »95 dans notre recherche, le questionnaire exploratoire nous a procurée, dans un premier temps, la possibilité de dresser un portrait introductif des locuteurs non confirmés (cf. § 1.1.). Ensuite, la présentation des résultats provenant des entretiens collectifs a permis d'observer et de relever les représentations in esse dans un autre cadre que celui du récit de vie (§1. 2.). Enfin, c'est au travers des discours de nos informateurs migrants que nous avons tenté de saisir des « clés » c'est-à-dire des positions essentielles complémentaires dans la mise en mots du soi in fieri. Par souci de recevabilité des résultats, nous avons procédé à une analyse par confrontation thématique des cinq « portraits » disponibles. Leur examen individuel a été réalisé grâce à notre outil ethnologique, ledit « canevas investigatif » (cf. Ch. 2). Le troisième chapitre invite à une réflexion linguistique

95 Source électronique : Page officielle du « Trésor de la Langue Française » :

http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/saveregass.exe?122;s=2456656995 ; r=1 ;

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autour de propositions didactiques qui vise une certaine homogénéité entre les considérations relatives à la recherche en science du langage et le terrain contextualisé de l'association Avenir. En dernier lieu, nous avons tenu à contextualiser notre travail dans une perspective sociale (cf. Ch. 4).

Au terme de ce travail d'étude, nous réalisons que le terrain associatif bruxellois nous a aidée à positionner la société linguistique belge grâce à un répertoire d'évènements et d'individus historiques. Réfléchir au modus operandi in langagier in fieri à partir des productions de sujets anonymes, a élargi notre conception de l'identité. Le quartier actuel de Saint-Josse est constitué de cultures et d'idiomes hybrides, fils à la fois des traditions et de la globalisation. De la même manière, les sujets parlant évoluent à travers une constante bipolarité linguistique, comme si celle-ci était partie intégrante de leur « Être » immanent.

Cette expérience de recherche, aux côtés de l'Histoire et des histoires quotidiennes, s'est convertie en un voyage entre les paradoxes vécus sur la trajectoire de l'établissement en langue nouvelle. Nous pensons y avoir reconnu le maintien d'une frontière linguistique engendrée par le statut fédérateur de l'idiome in esse. Voilà pourquoi, nous envisageons un prochain objet d'enquête autour de l'appropriation du français en contexte communautaire.

Pour soulever un poids si lourd,

Sisyphe, il faudrait ton courage !

Bien qu'on ait du coeur à l'ouvrage,

L'Art et long et le Temps est court.

[...] Baudelaire C., 2010, Las flores del mal, «Le Guignon» p. 116.

« Sauf à parfaire »96

96 « Quel être humain raisonnable peut prétendre à la perfection ? » (Orsenna, 2003 :456).

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle